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APPROCHE SOCIOLOGIQUE
DU DEVELOPPEMENT LOCAL
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APPROCHE SOCIOLOGIQUE
DU DEVELOPPEMENT LOCAL
SOMMAIRE
INTRODUCTION.....................................................................................................................3
1-HISTOIRE DES POLITIQUES DU DEVELOPPEMENT LOCAL ..................................... 7
2-LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE LOCAL ENDOGENE ..................................... 20
3-LE DEVELOPPEMENT LOCAL AU PLAN POLITIQUE ................................................. 37
4-LE DEVELOPPEMENT LOCAL AU PLAN AGRICOLE .................................................. 53
5-DÉVELOPPEMENT LOCAL AU PLAN GEOGRAPHIQUE :
LAMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ................................................................................. 57
6-MENER UN PROJET DE DÉVELOPPEMENT LOCAL .................................................. 66
7-LES CONFLITS THEORIQUES AUTOUR DU DEVELOPPEMENT LOCAL ............... 84
CONCLUSION GENERALE ............................................................................................... 103
BIBLIOGRAPHIE.....................................................................................................107
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APPROCHE SOCIOLOGIQUE
DU DEVELOPPEMENT LOCAL
INTRODUCTION
L’histoire des politiques du veloppement local est un long chemin qui débute
à la fin des années 70, une riode la perception du monde et de ses rapports
de forces, en termes économique et politique, est basée sur le constat de la
dépendance des pays de l’ancienne aire coloniale.
Le modèle dominant est celui d’un centre (les pays développés du Nord)
entravant le veloppement à la riphérie (les pays du Sud). Au plan doctrinal et
des pratiques, la réponse de la gauche marxisante, c’est le protectionnisme, la
substitution de la production locale aux importations et la théorie des pôles de
développement. Celle-ci prône la construction en un lieu donné d’une plate-forme
d’industries lourdes de base, par exemple sidérurgique et pétrochimique, qui doit
mécaniquement engendrer de l’activité alentours. Or toutes ces recettes sont alors
en échec, de l’Argentine à l’Algérie.
Au contraire, on s’aperçoit que l’autonomie de petites et moyennes entreprises
locales est de nature à engendrer à terme de nouvelles dynamiques locales de
développement, y compris orientées vers l’exportation. Au début des années 80,
les économistes emploient alors les mots de développement « endogène » ou «
local » et parlent d’« industrialisation diffuse»
1
.
Le développement local naît d’expériences, à la fin des années 1970, dans des
espaces ruraux, ou des acteurs, associatifs, individus, chefs d’entreprises
s’organisent pour résister au processus de marginalisation économique de ces
espaces.
La crise du modèle de développement fordiste et des rapports internationaux
renforce une conception de l’espace rural, antagonique de celle mise en avant par
l’idéologie libérale qui tend à ignorer tout espace qui n’est pas polarisé et
compétitif.
Au cours des années 1980, le local, assimilé au départ au rural, est pensé
comme un lieu alternatif à la crise. Peu à peu, le discours sur le local s’est étendu
à tous les types d’espaces, les quartiers urbains et surtout les bassins d’emploi
2
.
Dans les années 1990, tout un courant de pensée, notamment autour des
Italiens et des radicaux américains (pas nécessairement marxistes), affirme que le
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LIEPIETZ Alain, « Du développement local au développement durable : Limites d’une pratique, perspectives
de deux idéologies », Territoires n°431, octobre 2002.
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Yves JEAN, Du développement local au développement durable : la nécessaire mutation culturelle de l’état
et des élus, p. 22-31, in "Emigrés - immigrés dans le développement local", sous la direction de Mohamed
CHAREF et Patrick GONIN. - Agadir : Editions Sud-Contact, 2005, 361 p.
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modèle du développement local devient la forme typique du post-fordisme
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. On
serait passé à un modèle de développement « flexible », dans lequel des
communautés locales de travailleurs qualifiés vont représenter les nouveaux pôles
de développement; le développement local deviendrait la forme «normale» du
développement.
Les marxistes de la vieille école, qui s’appuient aussi sur des études
empiriques, contestent fortement cette approche. Les transnationales se portent
bien, soulignent-ils, constatant que, pour quelques cas de développement local
authentiquement endogènes qui parviennent, avec l’aide d’administrations
publiques locales, à s’élever jusqu’à la compétitivité internationale, la géographie
économique est en fait majoritairement déterminée par le jeu des transnationales
qui délocalisent où et quand elles le veulent leurs unités de production. Mais
certains des membres de l’école de la régulation, tel Liepietz (qui est aussi
marxiste) critiquent ces thèses qu’ils considèrent comme trop structuralistes
4
et
trop déterministe
5
.
L’historien Fernand Braudel a dit que « l’Histoire, c’est 95 % de déterminisme
et 5 % de liberté». Liepietz estime que ces 5 %, c’est le développement local, c’est
la possibilité, par un "volontarisme local", de renverser une situation de
dépendance ou de marginalité. Ce qui suppose une claire conscience des
déterminants structuraux qu’il faut surmonter ou contourner
6
.
Mais qu’est ce qui caractérise le développement local et comment est-il mis en
oeuvre? C’est à cette question que nous chercherons à répondre et nous verrons
que le développement local, prend des formes multiples, il est tour à tour, social,
économique, politique, écologique, géographique... en perpétuelles interactions. Il
suppose donc une approche pluridisciplinaire et une vision suffisamment
synthétique.
Mais dans un premier voici deux définitions significatives du développement
local :
- A partir d'initiatives africaines, les centres Concept de Dakar et Djoliba de
Bamako définissent ainsi le développement local : « Une volonté politique de
certains acteurs de changer la situation du territoire sur lequel ils vivent, en
entamant un processus et des actions en vue de construire, par leurs efforts
conjoints avec le reste de la population, un projet d'avenir à ce territoire, en
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Postfordisme : Le modèle de développement fordiste (qui a dominé de 1945 à 1975) était fondé sur la grande
entreprise, le taylorisme et les contrats rigides. D’où le mythe d’un "post-fordisme" qui serait, point par point,
l’inverse : réseaux flexibles de PME qualifiées
4
Structuraliste : qui pense que la place d’un élément dans un structure détermine irrévocablement son destin.
Par exemple, un pays périphérique (dominé) serait condamné à le rester.
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LIEPIETZ Alain, BENKO Georges « Les régions qui gagnent » P.U.F, en 1992.
6
LIEPIETZ Alain, « Du développement local au développement durable, 2002.
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intégrant les différentes composantes économique, sociale et culturelle, en
articulation constante avec les autres niveaux de décision
- De manière plus institutionnelle, en France, pour la DATAR, « le développe-
ment local est la mise en oeuvre, le plus souvent dans un cadre de coopération
intercommunale, d'un projet global associant les aspects économiques, sociaux et
culturels du développement. Généralement lancée par les élus locaux une
opération de développement local s'élabore à partir d'une concertation locale de
l'ensemble des citoyens et des partenaires concernés et trouve sa traduction dans
une maîtrise d'ouvrage commun ».
La « Déclaration de Sherbrooke » énonce la vision du développement local que
partagent les réseaux concernés. «Le développement local constitue une
référence, une base pour aborder autrement la mondialisation. Il s'agit, non pas de
construire un modèle alternatif replié sur lui-même, mais de se réapproprier la
mondialisation d'une autre manière, de lui donner du sens au travers des
démarches locales. » Ce développement repose sur :
- l’importance pour chacun et chacune de devenir auteur et acteur du
développement de son territoire,
- une approche globale de la réalité des individus, intégrant les préoccupations
de la solidarité, du développement économique, de la lutte contre l'exclusion, de la
préservation de l'environnement,
- l'articulation, à l'échelle du territoire de proximité, de l'indispensable capacité
d'initiative locale et de la nécessaire cohérence des politiques nationales,
- la reconnaissance de la contribution spécifique des femmes, notamment de
leur travail souvent invisible pour le bien-être de leurs proches et de leur
communauté. Le développement local contribue à l'émergence de nouvelles
façons de produire et de partager les richesses, de vivifier la participation
citoyenne, de faire grandir la démocratie, pour que chacun ait à la fois de quoi
vivre et des raisons de vivre.
Ces différentes définitions du développement local, sont intéressantes,
cependant, nous retiendrons la définition plus large proposée par Houée : « le
développement local est une démarche globale de mise en mouvement et de
synergie des acteurs locaux pour la mise en valeur des ressources humaines et
matérielles d'un territoire donné, en relation négociée avec les centres de décision
des ensembles économiques, sociaux, culturels et politiques dans lesquels ils
s'inscrivent »
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.
7
HOUEE Paul, Le développement local au défi de la mondialisation, L’Harmattan, 2001,
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