www.Boursorama.com février 2013
"Euro fort ?" - Le débat de la semaine avec le Cercle des
économistes (Jean-Paul Betbèze):
L'euro monte par rapport au dollar et la zone euro est en
récession, les Etats-Unis se sortent d’affaire et le dollar baisse :
cherchons à comprendre. Et nous avons besoin, ici, de plus de croissance
pour lutter contre le déficit budgétaire et le chômage, autrement le
risque de spirale récessive peut renaître, un risque qui peut mettre de
nouveau la zone euro en danger. Faut-il baisser les bras devant cette
anomalie, ou bien attendre que les marchés financiers corrigent d’eux-
mêmes, ou plutôt réagir ? Et comment faire ?
D'abord il faut réagir, car la zone euro n'a pas de croissance et le temps presse.
Attendre que les marchés se rendent compte de leurs excès ou de leurs erreurs
n’est pas tenable, car ils poussent et pousseront automatiquement à un ajustement par
la baisse des salaires. Pour eux en effet, la zone euro ne peut se sortir d’affaire que par
l’exportation, ce qui implique une modération salariale au moins, des baisses si l’on veut
aller plus vite. Cette baisse des salaires diminue la demande interne et permet de
retrouver de la compétitivité coût. La concurrence se renforce donc, au sein de la zone
euro et sur les marchés extérieurs. Si l’euro est faible, les marchés hors zone euro
sont plus accessibles. Si l’euro est fort, les marchés le sont moins, donc la
baisse des salaires internes doit être plus forte. Regardons ce qui se passe en
Irlande, au Portugal, en Espagne, en Italie, et pas seulement en Grèce - avec les effets
que ceci entraîne sur la demande au sens large, sur les entreprises, sur l’emploi, donc
sur les rentrées fiscales. Donc, l’euro à 1,35 n’aide pas la zone euro. Il nous faut un euro
faible.
Mais comment l’obtenir ? En parlant aux marchés financiers. Aux Etats-Unis, c’est Jack
Lew, après Timothy Geithner qui s’en occupe. C’est à lui de parler du dollar, le Président
de la Banque centrale, la Fed, Ben Bernanke, étant en charge de lutter contre l’inflation
et le chômage. Que se passe-t-il aux Etats-Unis ? C’est très simple : Ben Bernanke a fait
en sorte de faire baisser la rémunération du dollar à court, moyen et long terme, donc de
faire baisser le dollar. Contre la monnaie chinoise, c’était l’idée - avouée. Monsieur dollar
veut donc faire baisser le dollar contre le Yuan. Mais il se trouve que le Yuan ne se laisse
pas faire et monte graduellement. Comment donc s’ajuste le système ? Par la montée de
la monnaie « libre », l’euro, cette monnaie qui ne parle pas. L’euro doit s’exprimer,
Monsieur euro doit dire que ce taux de change ne convient pas à la zone euro.
Mais qui est donc « Monsieur (ou Madame) euro » ? Il fut un temps où on savait qui
c’était : Jean-Claude Trichet, le Président de la Banque centrale européenne.
Aujourd’hui, son successeur ne parle pas du change, comme si ce n’était pas un
problème, le Président de l’Eurogroupe (Jean-Claude Juncker et maintenant Jeroen
Dijsselbloem) n’en dit rien, et aucun des Présidents de la zone ! Pourquoi donc, alors, se
gêner ? Le dollar baisse par rapport au Yuan et à l’euro, la monnaie japonaise s’effondre,
et la livre sterling s’accroche au dollar ! Moralité, l’euro devient la monnaie des pays
industrialisés qui monte !
Pour en sortir, il faut donc que la BCE publie le taux de change effectif réel de l’euro et
que Monsieur Euro sorte de son silence.
Jean-Paul Betbèze
1 / 1 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !