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1!
Le jihad sur le chemin
d'Allah!
Le jihad sur le chemin
d'Allah!
Le jihad sur le chemin
d'Allah!
L’infinie complexité de la théorie
jihadiste
!
2!
(622-632)
J’ai reçu l’ordre de combattre les hommes
jusqu’à ce qu’ils disent:
point de dieu sinon Allah.
(Muslim, Sahih 1/200).1
Le prophète disait:
Je suis le prophète de la clémence,
je suis le prophète du carnage.
Je suis un rieur2 sanglant.
(ibn Taimiya, Traité de droit 8-9).
A répéter trois fois, selon l'habitude païenne et mohammédienne, qui croit dans sa
naïveté païenne, que tout ce qui se dit trois fois se réalise, sous le règne de la
magie.
1
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1 Hadith de Omar.
2 DIHK.
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3!
Les fondements
1
Rhétorique sanglante
Le monothéisme (mais il faudrait dire surtout sa part d'exclusivisme) a comporté, comporte
et comportera toujours une dimension violente, dans le rapport à l'autre. Personne ne peut
avoir deux maîtres, deux pères, deux dieux. Plus que deux, peut-être, mais pas deux. La
violence ne peut être masquée que par le mensonge, retardée par le mensonge, atténuée par
le mensonge. Certains ont parlé d'Horreur Monothéiste, pour insister, parce qu'il faut
insister, puisque le mensonge est si séducteur et rassurant.
L'islamisme, si on le replace dans le mouvement des sectes et des hérésies qui surgissent
partout en Orient à la fin de l'Antiquité, se distingue de toutes les autres par l'usage massif
et réglémenté, dans le sens de la férocité, de la violence. Une violence politique et religieuse,
car elle a pour but de transformer la réalité sociale, économique, politique, démographique
d'un territoire et d'une population. Cela ne s'est pas fait d'un coup, sans hésitation, si l'on
suit le texte coranique.
Le jihad sur le chemin (SABIL) d'Allah! Le jihad sur le chemin d'Allah! Le jihad sur le
chemin d'Allah! Voilà ce qui, selon l'enseignement de Muhammad, correspond à l'acte de
foi le plus important pour un musulman, aux origines mêmes de ce mouvement. Il apparaît
que le guerre n'est pas seulement un moyen d'arriver à ses fins; elle est constitutive, intégrée
au système, pour le faire vivre. Elle est présentée comme un exutoire à la colère: celle de
Muhammad de ne pouvoir être compris et accepté à sa juste valeur, celle de ses troupes, celle
de ceux qui inventent toutes ces histoires et qui faute d'une belle théologie bien huilée nous
servent des scènes de western. 3
Que ce soit la réalité ou une fiction, peu importe pour l’instant. L'essentiel est que les
choses, sur des dizaines milliers de pages, dans des milliers de livres soient présentées ainsi,
et que des centaines de milliers de personnes l'entendent de même. Encore plus nombreux
sont les textes et commentaires et articles et débats sur le sujet, polémique entre tous.
La théorisation du jihad, et sa cohorte monstrueuse de textes qui la développe, n'a pas pu
dater du vivant de Muhammad. La guerre est encore de type ancien, arabe de caractère, et
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3 Muslim, Sahih 20/ 4645. Les hadiths sont nombreux et unanimes sur ce point.
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4!
le butin, et la vengeance pouvaient encore suffire comme motivation. Il est notable que les
textes archaïques, qui ne sont guère tributaires du Coran, présentent encore la guerre
comme un duel héroïque.4
Les exhortations ne sont utiles qu'au moment les autres motivations ne suffisent plus.
C'est ce qu'avait montré l'expédition pénible de Tabuk. La période de la ridda, de
l'apostasie générale des tribus, fournit une bonne occasion de commencer à penser
autrement la façon de faire la guerre, le pourquoi et le comment de la guerre. A ce
moment, le conflit est continu et non saisonnier, et oblige à des déplacements importants.
Comme tout le reste, le jihad comme notion, a été inventé a posteriori, et il est devenu une
légende, qui a son tour, est devenue réalité, par la vertu de l'exemplarité. Parfois, à force
de lire les récits détaillant les combats, d'une complaisance rare à l'égard de la violence, le
lecteur se prend à douter, à imaginer que la violence y est en fait d'opérette et de pacotille, à
l'exemple de celle qu'on peut lire dans l'Iliade.
L'illusion doit être dépassée, et l'évidence doit s'imposer: aucun de ces récits n'a été écrit par
ceux qui ont vécu, connu, été témoin des faits qu'ils prétendent décrire. Il faut parier même
que ceux qui ont usé leurs plumes et leurs encres n'ont jamais posé leurs fesses sur des selles.
Les personnalités qui se veulent charismatiques, ou que l’on veut présenter comme telles, se
distinguent mieux de toutes les autres par l’exercice de la violence, en menant la guerre.
Tous les rois le savent, et celui du Hejaz en a eu l’intuition. Autrefois, les chefs de tribus
restaient dans les mémoires, à travers les récits de leurs hauts faits, qui étaient
essentiellement des combats. Ainsi se constituait leur tradition à eux, la sunna de chaque
chef tribal. A ce point de vue, Muhammad ne change guère des autres chefs qui l’ont
précédé, exception faite de la taille prodigieuse qui sera accordée à sa tradition.5
La violence est au centre du système islamique. Elle est certainement aussi ce qui a créé
l'islamisme en tant que nouvelle doctrine. Monothéisme? Bof Récupération des prophéties
précédentes? Bof. Un livre qui guide les croyants? Bof. Rien de nouveau sous le soleil. Le
hanifisme était déjà tout cela chez les Arabes. La nouveauté marquante, qui change tout est
que le hanifisme comme vague monothéisme syncrétique, judéo-chrétien, était non-violent,
et là, soudain, au coeur de l'Arabie, le hanifisme mode muhammédienne devient violent,
ultra-violent, féroce, sans pitié. Il se distingue par un degré de violence permise absolument
nouveau dans ces contrées. Ce que nous disons a aussi comme mérite d'expliquer une autre
énigme, celle de la rapidité de l'expansion islamique, et du succès des armées arabes.
Violence divine, violence rhétorique du livre de référence, et violence humaine, celle des
journaux télévisés. Ajoutons la violence de la théologie, qui synthétise tout cela, sans
vergogne. L'islamisme ne s'exprime que dans la lutte: lutte dans l'affirmation de
l'islamisme, lutte contre la résistance à l'islamisme.
Pour fini, lutte entre soi, entre frères, voisins et amis, parce que le système présente l'autre
comme un faux ami, sinon un ennemi, du fait de l'invention terrible de catégories
d'opposants nombreuses, et vagues, qui peuvent désigner n'mporte qui. Jusqu'aux derniers
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
4 Cf. les extraits de Wahb ibn Munnabih.
5 Cf. A.J. Wensick, « Sunna », EI1.
!
5!
feux de l'actualité, l'Histoire islamique a été, en plus de la succession d'agression au-delà
des frontières, une même succession de révoltes, répression, complots, conjurations,
épurations.Aujourd'hui la Syrie d'Assad, autrefois, l'Irak d'Al Hajjaj ibn Yusuf. Le grand
scandale est seulement que ces sanglantes soient si mal connues de nous. Là-bas, se tapissent
dans l'ombre de nos ignorances, tant et tant de Saint Barthélémy.
2
Enquête sur les racines du mal
D’où provient ce degré de violence inusité?La question mérite d’être posée, et elle a peu
suscité d’intérêt parmi les historiens. Les Arabes d’avant l’islamisme, conscients de la rareté
des hommes en Arabie, parlaient très fort de hauts faits, sanglants et guerriers, mais ils
évitaient les grands massacres: fondamentalement, leur conception de la guerre n’est pas
idéologique; ils en restent à la pratique.6
Le jihad ne vient donc pas d'Arabie: il ne correspond en rien aux usages et à la mentalité
des Arabes d'avant l'islamisme, qui ne juraient que par la valeur individuelle (HAMASA),
ou l’endurance face à l’adversité (SABR). Aucun effort à l’horizon.
Non seulement la jihad ne vient pas de (mais d’ailleurs) mais il arrive, tout en étant neuf,
très vite, comme s’il était miraculeux, tout à fait entier, complet, parfait. Ainsi, dans les
inscriptions d’Arabie du Sud, nombreuses et détaillées, les opérations militaires sont
décrites, mais elles ne correspondent en rien à la forme de violence qu va suivre. Il y est fait
mention de petits combats, dûment décrit, de butins enregistrés, jamais de massacres ou de
longues campagnes inexpiables.7
Cependant, les guerres entre juifs et chrétiens qui se sont déroulées en Arabie du sud, au
VIème siècle, ont commencé à changer les mentalités, et à pousser les hostilités jusqu’à un
degré inédit:le recours aux Ethiopiens, et aux Perses complique encore les choses, et mêle
politique, violence et religion. Le mélange a certainement marqué les esprits et s’est appuyé
sur le souvenir du terrible Dhu Nuwas.8
La nouveauté est l’ajoût dans la motivation de ceux qui se battent et ceux qui les
commandent d’une idéologique puissante.
La violence chrétienne de l'époque précédente ne peut pas être négligée, sous-estimée: la
lecture des sources chrétiennes enseigne beaucoup de la haîne qui agitait les différentes
factions ou fractions chrétiennes entre elles. Mais la haîne était surtout rhétorique, ou bien
elle se traduisait par des actions brutales de la part de l'Empire romain, puis des Etats: ce
que nous pourrions appeler des persécutions. Des émeutes localisées se sont produites aussi,
mais la capacité de nuisance de ces initiatives est restée limitée. Quand l'empire byzantin
s'installe, il instaure aussi un nouveau type de comportement, et des relations entre Etats
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6 R. Firestone, Jihad, The origin of Holy War in islam, Oxford 1999, p. 91.
7 R. Firestone, The origin of Holy War in islam, Oxford 1999, p. 23-4.
8 R. Firestone, The origin of Holy War in islam, Oxford 1999, p.37.
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