soviétique Andreï Jdanov fait approuver par les participants à la réunion
constitutive la thèse selon laquelle le monde est désormais divisé en deux
camps, «l’impérialisme qui prépare la guerre contre l’U.R.S.S. et celle-ci, avec
les pays pacifiques qui lui sont alliés». Des grèves violentes éclatent dans les
pays d’Europe occidentale où les communistes ont été partout chassés du
gouvernement. Les troubles révolutionnaires, latents dans le Sud-Est asiatique
depuis la capitulation du Japon, s’intensifient rapidement.
Le « coup de Prague » et le pacte atlantique
Un événement dramatique, au début de 1948, fait monter la tension à son
comble. Encouragés par la chute de la popularité des communistes, qui
partageaient le pouvoir avec eux depuis la Libération, les partis «bourgeois»
tchécoslovaques essayent de desserrer le contrôle que l’extrême gauche exerce
sur la police. Mais ils perdent la partie, et, le 25 février, le président Edvard
Benes se résigne à mettre en place un gouvernement communiste homogène.
Le «coup de Prague», qui fait croire qu’une nouvelle guerre mondiale est
inévitable, répand un début de panique. Le 17 mars, la Grande-Bretagne, la
France et les pays du Benelux concluent un traité d’assistance mutuelle: c’est
le premier de l’après-guerre qui soit dirigé non pas contre l’Allemagne, mais
«contre tout agresseur», ce qui était une façon de désigner l’U.R.S.S. Déjà des
pourparlers étaient engagés avec les États-Unis pour conclure le «pacte
atlantique» (traité de l’Atlantique Nord) qui sera signé le 4 avril 1949 et
rapidement ratifié par ses douze signataires, malgré l’opposition violente de
l’U.R.S.S., des communistes, des «neutralistes» européens et des isolationnistes
américains.
L’aboutissement des négociations, qui remettaient en cause les traditions
séculaires de la diplomatie américaine, avait été grandement facilité par deux
événements de première importance: la rupture soviéto-yougoslave et le blocus
de Berlin.
Le 28 juin 1948, le Kominform proclamait, à la surprise générale, que le
maréchal Tito et son parti, par leur ligne «fausse, révisionniste, et leur
politique de diffamation envers l’U.R.S.S. (s’étaient) mis en dehors de la
famille communiste». Ainsi éclatait au grand jour un conflit qui remontait en
fait à l’époque de la guerre et résultait du refus du maréchal yougoslave de se
faire purement et simplement l’exécutant des volontés soviétiques. Des
campagnes d’une violence inouïe furent déclenchées contre Tito, que Moscou
chercha à renverser de l’intérieur. Mais très vite la Yougoslavie obtint le
soutien du monde occidental, allant jusqu’à conclure un pacte défensif avec la