Arrivé en France à la suite du cardinal Luigi d’Este, neveu d’Hippolyte II, l’illustre poète
italien Torquato Tasso dit le Tasse passa l’hiver 1570-1571 à Chaalis.
L’abbaye après la Révolution française
Au cours de la première moitié du XVIII
e
siècle, de nombreuses abbayes furent reconstruites ;
c’est ainsi qu’en 1737, Louis de Bourbon, comte de Clermont, décida que les bâtiments médiévaux de
Chaalis devaient céder la place à un palais abbatial dessiné par Jean Aubert, architecte des Grandes
Écuries de Chantilly. Las ! Le projet ne put être mené à terme pour cause de faillite ; ne fut construite
que la première aile du cloître prévu. En 1793 l’abbaye et son domaine furent vendus comme biens
nationaux. Un acquéreur, Pierre-Étienne-Joseph Paris, s’installa avec sa famille dans le bâtiment neuf
puis racheta le domaine par morceaux. À sa mort en 1824, l’ensemble fut vendu à Philippe-Louis-
Armand, marquis de La Briffe, qui en resta propriétaire jusqu’à son décès en 1846. En 1850, une
« grande dame venue de Paris », Rose-Paméla Hainguerlot, épouse d’Alphée Bourdon de Vatry,
acheta à son tour le domaine de Chaalis. Madame de Vatry fit installer un bélier hydraulique pour
approvisionner le domaine en eau potable et transforma Chaalis en une résidence de campagne digne
des plus belles propriétés de l’aristocratie anglaise. Les réunions mondaines s’y succèdent. Des
artistes : Adolphe Sax, Jakob Meyerbeer, Adolphe-Charles Adam ou Daniel Auber, des hommes
politiques comme Adolphe Thiers, des aristocrates, tels le duc de Chartres ou le duc d’Aumale,
princes de la maison d’Orléans venus de Chantilly, se retrouvent à Chaalis pendant la période de la
chasse à courre en forêt d’Ermenonville. C’est lors de l’installation de madame de Vatry que Gérard
de Nerval revient à Chaalis, un Chaalis qu’il décrit à de nombreuses reprises dans son Valois
recomposé.
Dans l’entourage de madame de Vatry, une jeune artiste peintre, Nélie Jacquemart, rencontrait
le Tout-Paris, dans l’hôtel parisien des Vatry ou bien à Chaalis. Mariée au très riche banquier Édouard
André, Nélie Jacquemart, en 1902, acquit à son tour Chaalis qu’elle modernisa dans le style de vie
germanopratin proche de celui de Marcel Proust ; en particulier elle fit installer dans l’ancien moulin
une turbine américaine destinée à produire de l’électricité. Nélie Jacquemart décida d’installer à
Chaalis une partie de l’étonnante collection d’œuvres d’art rapportées de ses nombreux et lointains
voyages. En 1912, par testament, elle légua l’ensemble de sa fortune à l’Institut de France, à charge
pour ce dernier d’ouvrir les collections au public. À son ouverture en 1913, le musée Jacquemart-
André présentait plus de 4 000 œuvres et objets d’art. En 1924 il s’enrichit du fonds du comte Fernand
de Girardin, fonds essentiellement consacré à J.-J. Rousseau.
Depuis la Grande Guerre
D’illustres conservateurs se sont succédé à Chaalis : le grand historien d’art Louis Gillet,
l’historien de peinture religieuse Émile Mâle, le peintre Jean-Gabriel Domergue, les historiens Paul