Si l'on retient comme hypothèse que le niveau de risque attaché aux dettes de l'entreprise est extrêmement
faible, se traduisant par un bêta proche de zéro, le bêta de l'activité est égal au bêta des actions multiplié par la
quote-part de fonds propres (exprimé en valeur de marché) au sein des capitaux permanents. Prenons
l'exemple d'une entreprise dont les actions ont un bêta de 0,6 et dont les capitaux permanents sont composés à
hauteur de 83 % de fonds propres et à hauteur de 17 % de dettes. Le bêta de l'activité sera égal au bêta des
actions multiplié par le pourcentage de fonds propres sur le total des capitaux permanents, soit 0,5 (0,6 x 0,83).
Ce bêta de 0,5 est appelé « bêta des actifs ». Pour estimer le coût des fonds propres de l'entreprise, il convient
d'utiliser le bêta des actions, mais pour évaluer le coût du capital de l'activité sous-jacente, le bêta des actifs
doit être retenu.
Pour les projets sans risque, donc, les flux de trésorerie devraient être actualisés en retenant le taux d'intérêt
des placements sans risque. Si l'on considère que la prime de risque exigée à l'avenir sera similaire à la prime
moyenne observée par le passé pour les projets dont le niveau de risque est équivalent à celui d'un placement
en actions, le taux d'actualisation appliqué aux flux de trésorerie devrait être égal au taux d'intérêt sans risque
majoré de 8 points (par exemple). Selon la même logique, pour les projets comportant un niveau de risque
intermédiaire, un taux d'actualisation intermédiaire doit être utilisé.
Modèle de valorisation
Afin de mettre en oeuvre cette approche, il est nécessaire de convenir de la méthode à utiliser pour évaluer le
niveau de risque représenté par un investissement. Cela aurait été difficile avant les années 60, décennie au
cours de laquelle la théorie financière a considérablement progressé.
En effet, au début des années 60, en se basant sur les travaux de Harry Markowitz et James Tobin, Bill Sharpe
a mis au point le Capital Asset Pricing Model (CAPM), un modèle simple mais performant permettant d'établir
une corrélation entre le rendement attendu d'un actif et le risque correspondant, tout en définissant de façon
précise à quoi correspond le risque.
Le CAPM repose sur un principe fondamental, à savoir que les investisseurs peuvent s'attendre à être
rémunérés pour la part du risque associé au portefeuille qu'ils doivent assumer en contrepartie de leur
placement. En revanche, ils ne peuvent pas espérer une telle rémunération, au titre de leur exposition aux
risques, si celle-ci a été atténuée au moyen d'une diversification des valeurs détenues dans le portefeuille.
Ainsi, le taux de rendement exigé sera plus élevé pour les placements comportant une part plus importante de
risques non susceptibles d'être diversifiés.
Deux types de risques
Un portefeuille composé de titres d'un seul émetteur sera nettement plus volatil qu'un portefeuille diversifié. La
détention d'un nombre important de titres diversifiés permettra donc aux investisseurs d'éliminer les risques
spécifiques à une entreprise. Cependant, la diversification connaît des limites en tant que technique de maîtrise
des risques. En supposant que l'investisseur détienne des titres de toutes les entreprises cotées en Bourse, le
portefeuille continuera néanmoins de comporter un niveau de risque assez élevé. Ainsi, la diversification permet
d'éliminer les risques spécifiques à une entreprise mais non le risque de marché actions.
Le cours d'une action fluctue sous l'influence de deux facteurs de risque. Le premier est le risque de marché
actions, qui est dû au fait que le cours d'une action a tendance à suivre le mouvement général observé sur le
marché. Le second est le risque spécifique, correspondant à l'ensemble des événements qui sont propres à
une entreprise donnée et sans lien avec les facteurs ayant un impact sur le marché boursier dans son
ensemble.
Les investisseurs n'aiment pas prendre de risque et n'en prendront pas à moins d'être rémunérés en
conséquence. Devant l'impossibilité d'éliminer le risque de marché en diversifiant leur portefeuille, ils exigent
donc un taux de rendement plus élevé sur leurs placements en actions. Dans le CAPM, le risque de marché
actions est représenté par le bêta.
Le cours d'une action ayant un bêta de 1,0 a tendance à suivre les fluctuations du marché. Pour une action
ayant un bêta de 1,5, le cours augmentera ou baissera de 1,5 point à chaque fluctuation d'un point observée
sur le marché dans son ensemble.
La figure 3 présente les bêtas déterminés récemment pour un échantillon d'entreprises très connues. Certaines
de ces entreprises ont un bêta de 1,5 voire plus et constituent des placements boursiers offensifs. Si le marché
est en hausse, les cours de ces actions augmenteront encore plus vite et si le marché baisse, ils enregistreront