LANGUEDOC
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jeudi 23 janvier 2014 La Marseillaise L’Hérault du Jour
101A
Santé. La Pasquière accueille chaque année à Montpellier 1 700 familles de
patients. Les portes seront ouvertes au public toute la journée.
Accompagner un proche
hospitalisé, comme à la maison
n Il y a longtemps, les chrétiens
de Montpellier se rendaient sur
les terres de l’évêché au nord de
la ville pour partager l’omelette
pascale. Il en est resté un nom : la
Pasquière. Et une bâtisse, utili-
sée depuis 36 ans pour accueillir
les familles des personnes hos-
pitalisées. « J’aime aussi me dire
que Pâques, en hébreu, ça signifie
le passage. Et ici, à la Pasquière,
les gens ne sont que de passage »,
souligne Anne Séquier-Blanc, la
présidente de l’association qui
gère l’établissement depuis 15 ans.
Pour une nuit, ou pour un an
Et du passage, il y en a. Les 50 lits
de la Pasquière, ce qui en fait la
2ème maison d’accueil de France
en terme de capacité, enregistrent
14 000 nuitées par an. 1 700 familles
y trouvent refuge. La moitié sont
originaires de la région, l’autre
du reste de la France, voire de
l’étranger. « Il y a à Montpellier
des médecins importants qui ont
une réputation nationale ou in-
ternationale. On a donc des gens
qui viennent de partout », confie la
présidente. Quasiment toujours
plein, l’établissement bénéficie
grandement du bouche à oreille
lancé par ses résidents. Il faut dire
qu’il n’existe à Montpellier qu’une
seule autre maison daccueil et
que ses sept places sont réservées
aux mères d’enfants souffrant de
leucémie.
Pour une nuit, pour un an, en
moyenne pour trois jours, à un
prix fort raisonnable*, la famille
et les proches de malades peuvent
donc s’installer à la Pasquière
comme à la maison. Ils bénéfi-
cient d’une chambre individuelle
et partagent cuisine, salon et salle-
à-manger. Ils ont également accès
à une buanderie et à un grand
jardin. « Il se crée une véritable
osmose et convivialité », remarque
Anne Séquier-Blanc. De 8h à 21h,
ils sont accueillis par une équipe
de 7 salariés et 19 bénévoles. « La
présence de l’entourage au cours
de l’hospitalisation d’un patient,
ça le sécurise. Quant à la famille,
elle trouve ici un soutien moral
et logistique. Elle peut laver son
linge, apporter un repas fabriqué à
la Pasquière pour améliorer le quo-
tidien de l’hôpital », détaille la pré-
sidente, qui envisage de s’associer
avec l’université de Montpellier
pour lancer une étude sur le rôle
des proches dans l’accompagne-
ment des malades.
La formule a fait ses preuves.
L’association a même essaimé son
concept à travers le monde : deux
maisons ont vu le jour à Ankara
(Turquie) et Rabat (Maroc), avec
le soutien de la Pasquière. Deux
autres sont en construction à Mar-
rakech (Maroc) et Annaba (Algé-
rie), et un projet se développe à Ca-
yenne. Fédérée avec une quaran-
taine d’autres maisons en France,
l’association, qui ne vit que sur les
revenus de ses nuitées et ne reçoit
aucune subvention, milite aussi
auprès des élus et du ministère
pour sensibiliser sur l’importance
de ces maisons dans le schéma des
soin. « On reçoit aussi des malades
en ambulatoire, et ils ne sont pas
remboursés... », se désole Anne Sé-
quier-Blanc.
MARINE DESSEIGNE
w *22 euros pour une chambre
individuelle, 35 euros pour une
chambre double.
w L’association organise
aujourd’hui une journée portes
ouvertes de 10h30 à 18h. 7 av. du
Dr Pezet à Montpellier.
La Pasquière est un lieu de passage pour les familles, qui restent proches de leur parent malade. RA
En bref
Journées
mondiales des
zones humides
C'est à partir de samedi et
jusqu'au 2 février que se tiendront
les 10èmes journées mondiales
des zones humides en Méditer-
ranée. 2014 étant consacrée « An-
née internationale de l’agricul-
ture familiale » par les Nations
Unies, la Convention de Ramsar
a choisi « Les zones humides et
l’agriculture » comme thème pour
cette édition. Cela met l’accent
sur l’importance d’un travail de
concert avec les agriculteurs pour
préserver ces milieux et en tirer
profit pour la société. Des sorties,
ateliers, expositions, conférences,
journées portes ouvertes, actions
culturelles, visites de chantiers,
dégustations, sont proposés, pour
la plupart, gratuitement, à des-
tination de tous : grand public,
familles, élus, socioprofession-
nels, scolaires, etc. Près d'une cen-
taine d'animations organisées en
Languedoc-Roussillon, Provence-
Alpes-Côte d'Azur et Corse, orga-
nisées par environ 60 structures.
Tout le programme est disponible
sur le site www.pole-lagunes.org.
Laputée
F. Dombre-Coste
dévoile ses aides
Comme l'an dernier, la députée
de la 3ème circonscription de
l'Hérault Fanny Dombre-Coste a
rendu publique la répartition de
sa réserve parlementaire. « J’ai
veillé par souci d’équité à aider des
communes et des associations que
je n’avais pas subventionnées l’an
dernier », explique-t-elle. Ainsi,
83 000 euros ont été distribués à
six communes (Saussines, Cas-
tries, Sussargues, Montaud, Assas
et Saint-Géniès des Mourguies)
et 43 000 euros ont été attribués à
sept associations.
Point de vue. Présidente du Centre régional d’enseignement
de l’occitan, M-J Verny sexprime sur la Chartebattue hier.
Richesse des langues régionales
Marie-Jeanne Verny : « L’important est que ce débat ait lieu ». PHOTO R.A
nC’est un véritable feuilleton.
Hier, l’Assemblée nationale a
débattu de la ratification par la
France de la Charte européenne
des langues régionales ou mino-
ritaires*. Le PCF s’est prononcé
pour.
Il en avait déjà été question il y a
quelques années. Mais en 1996, le
Conseil d’Etat juge cette Charte
« incompatible avec la Constitu-
tion. » Saisi par Jacques Chirac, le
Conseil constitutionnel, en 1999,
sera sur la même ligne, invoquant
l’article 2 de la Constitution selon
lequel « la langue de la République
est le français. »
« Idéologiquement, la France a du
mal à se concevoir une et diverse »,
commentait, hier, Marie-Jeanne
Verny, présidente du CREO,
Centre régional d’enseignement
de l’occitan. « Elle confond la lan-
gue commune et la langue unique.
On peut avoir une langue com-
mune, par exemple le français, et
d’autres langues. Parler une autre
langue permet une lecture plurielle
du monde. Or la France intègre
en assimilant : en rendant sem-
blable », critique Marie-Jeanne
Verny.
Si cette charte était adoptée
- comme elle l’a été à ce jour dans
une vingtaine de pays européens -,
cela ne se traduirait pas, loin de
là, par une révolution, reconnaît-
elle. Mais ce serait - et c’est déjà
ça -, « une reconnaissance ». Un
nouveau socle, également, pour
demander davantage de moyens
pour l’enseignement des lan-
gues régionales dans le public,
de l’école maternelle à l’univer-
sité. A ce jour, note Marie-Jeanne
Verny, seules deux écoles pu-
bliques dites de bilinguisme, avec
parité horaire en français et en
occitan, existent dans l’Hérault.
L’une est située à Mireval, l’autre
à Clermont-l’Hérault. « Nous en
demandons sur Montpellier »,
dit-elle. Les calendretas, écoles
enseignant l’occitan, sont le fait
d’associations, donc privées. Pour
l’heure cependant, « l’important
est que ce débat ait lieu. On souffre
aujourd’hui plus je pense d’igno-
rance vis à vis de ces cultures que
d’hostilité véritable. Les langues
régionales font partie de la ri-
chesse culturelle », défend avec ar-
deur Marie-Jeanne Verny.
C.V.
w * Langue minoritaire : par
exemple l’allemand en Italie.
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