très bonne présentation ici :
http://sites.univ-lyon2.fr/lettres/nte3/03-04/Faust/etapes/lestroisetapes.html
Le Mythe de Faust
La genèse d'un mythe
Les origines
On suppose un Faust entre 1466 et1539, en Allemagne du Sud, instruit en médecine, astrologie et philosophie. En 1513, un humaniste
signale l’arrivée à Erfurt d’un chiromancien, Georg Faustus, qu’il décrit comme " un simple vantard, imbécile qui déblatère dans une auberge et
qui ne convainc que des ignorants ". Enfin, en 1532, les dernières traces connues à ce jour viennent des autorités de Nuremberg qui auraient
refusé un sauf-conduit au " Docteur Faustus, grand sodomite et nécromant ".
D’autre part, beaucoup d’anecdotes circulent à cette époque, qui augmentent les rumeurs, concentrées sur ce seul et unique nom que
celui de " Faustus ". Le mythe est en train de naître.
Popularisation du mythe
En 1580, ou en 1587 (les affirmations divergent) paraît donc une biographie de Faust.
Das Faustbuch comporte trois parties : premièrement, le récit va décrire la signature de Faust pour un pacte avec le Diable. Ensuite, il
relatera le récit ses voyages, plus développées dans la version originale qu’en anglais, ainsi que ses exploits de magicien, enfin la transcription
pathétique de ses derniers moments marqués par le désespoir et l’horreur de sa damnation.
Faust est représenté dans des foires et dans des théâtres de marionnettes. La farce prend le pas sur le drame mais garde au dénouement
une morale : le bouffon de la pièce s’en sort et Faust est voué à la damnation.
A la fin du XVI° siècle, Christopher Marlowe adapte l’histoire au théâtre.
Les autres thèmes d’inspiration
Le drame de Faust est, au départ, le récit du non à Dieu, commun à de nombreux grands récits archétypaux où ce type d’attitude, le défi
lancé aux dieux ou à Dieu, se voit constamment conclu de façon tragique (châtiments ou chute du héros). Tout d’abord le fait que, d’un certain
point de vue, le docteur Faust se compromet face au Suprême dans le but d’acquérir la connaissance qu’il ne parvenait plus à obtenir :
" Il faut restreindre tes recherches, Faust, et sonder
La profondeur de toutes tes connaissances "
La tragique histoire du Docteur Faust, Christopher Marlowe (I, 1)
Cela le rapproche fortement du récit d’Adam et Eve dans la Bible, où en mordant dans la pomme de l’Arbre de la Connaissance, sous
l’influence du serpent maléfique, la distinction entre le Bien et le Mal leur apparaît et leur ferme les portes du Paradis.
On peut aussi rapprocher le texte des mythes de Prométhée où on retrouve l’affirmation de l’être humain face au Divin. Marlowe va
faire allusion à Icare dans sa reprise du mythe de Faust et à l’histoire de la chute de l’ange lumière, Lucifer.
N’est-ce pas un témoignage, quelque part, du synchrétisme de la Renaissance, qui consister à mettre en relation les mythes païens des
textes religieux ? Si, bien sûr. Autant de thèmes qui vont produire à la fois une histoire moraliste luthérienne trop évidente et un mythe populaire
bientôt célèbre.
Les trois étapes temporelles du mythe
Au vu des différences qui existent entre chaque visage de Faust, on aurait parfois pu penser qu’il s’agissait de trois mythes successifs.
Au XVI° siècle, Faust représente un magicien aux ambitions dénuées de tout sens, effrayé devant la damnation. D’un certain point de
vue, il est victime de son époque, la Renaissance, époque de la motivation pour la connaissance, la culture, le plaisir. Il conclut un pacte avec le
démon, par là même renie sa fidélité envers Dieu pour se soumettre à son adversaire éternel. Mais au lieu d’affirmer sa liberté, il l’aliène.
(Faust, film de Murnau, Allemagne, 1926)
Comme on l’a vu précédemment, le romantisme va changer toute la perception que l’on avait de Faust dans
le passé : les désirs très bruts, spontanés du Faust originel se sont mués en des désirs quasi-métaphysiques d’infini. La
récurrence romantique de l’aspiration à l’idéal, à la connaissance et à l’amour le mène de toutes façons à la ruine, l’échec
et le désespoir, ces termes assez lyriques, tandis que chez Marlowe on parlerait plus crûment de déchéance. Chez
Goethe, le héros va mesurer les limites de la liberté, tout en jouissant des avantages de son pacte : c’est ce qui va le
tirailler sans cesse. Chez les romantiques, que la fin soit heureuse ou non, le héros va acquérir une dimension plus
humaine à laquelle il n’avait pas droit précédemment.
L’idéalisation sera amplifiée par la suite, le pacte arrive en arrière plan, parfois même il sera supprimé. Faust
devient l’incarnation de l’homme moderne, jetant toutes les représentations anciennes, touchant sans problème la
connaissance, le pouvoir et le bonheur. " L’homme faustien " chez Spengler ne symbolise plus que l’ambition de
puissance et de désir de vivre caractéristique chez l’homme moderne du XX° siècle. Alors qu’il était un personnage
réaliste d’une situation dramatique qui l’écrasait, il va devenir protagoniste d’une vie rêvée.
Il est important de noter que le personnage, déjà depuis Goethe, mais surtout au XX° siècle, va recouvrer sa
dimension mythique et même la dépasser par la suite, car on peut affirmer que le héros n’a jamais été autant d’actualité que dans le siècle
précédent. Notamment avec les drames des deux guerres mondiales qui ont sévi dans la première moitié de cette période : la bombe atomique, la "
guerre scientifique " -comme on l’appelle volontiers aujourd’hui- ont montré le vrai danger de connaître la science, de maîtriser les éléments ou
d’avoir la sensation de les maîtriser ; cet enthousiasme " faustien " pour la science et la puissance cache toujours quelque chose de diabolique. "
D’une certaine façon, le message de Faust est que l’homme arrive à un moment donné, ou à plusieurs moments, à être confronté à
l’obligation de devoir choisir entre le Bien et le Mal.
Le Mythe de Faust
Johann Wolfgang von Goethe
Goethe est né en Allemagne, patrie de Faust, le 22 août 1749. Il étudie le droit à Leipzig pendant trois ans et à Strasbourg pendant un an
sana réelle ambition. Faust l’obsède de sa jeunesse jusqu’à la fin de sa vie. Il a probablement fait sa connaissance à Francfort dans les spectacles de
marionnettes où Faust était un personnage récurrent.
Goethe rédige l’Urfaust ou le " Faust primitif " de 1773 à 1775. Ce texte contient le tiers du texte définitif : en 1790 sort le Premier
Fragment de Faust, quinze ans plus tard paraît enfin la première partie de sa tragédie définitive. Il n’achèvera sa pièce que quelques jours avant sa
mort en 1832 à l’âge de 83 ans.
Il intègre aussi, et c’est ce qui est innovant, le drame de Marguerite, nouveau personnage dont Faust va s’éprendre aux côtés de
Méphistophélès.