LE MESSAGER ÉVANGÉLIQUE Feuille d'édification chrétienne Que le Seigneur incline vos cœurs à l'amour de Dieu et à la patience du Christ! 2 Thessaloniciens 3, 5. _______________________ CENTIÈME ANNÉE 1959 LE MESSAGER ÉVANGÉLIQUE «JE VIENS BIENTÔT; TIENS FERME CE QUE TU AS...» (Apocalypse 3, 11) E n présentant à nos lecteurs le premier numéro de la centième année du Messager Évangélique, nous rappelons que, lorsque cette œuvre a été entreprise, son but a été défini en ces termes: « nous désirons présenter aux brebis du troupeau de Christ une nourriture spirituelle qui, bénie de Dieu, puisse contribuer à leur instruction dans la vérité, à leur édification, à leur consolation ». Pendant tant d'années, le Messager Évangélique, « exposant justement la parole de la vérité », a enseigné avec exactitude les vérités du commencement, dont plusieurs venaient alors d'être remises en lumière. Les générations qui ont été avant nous et ont bénéficié en leur temps de ce solide enseignement ont été fermement établies dans la vérité, dont le prix était connu, beaucoup ayant dû combattre pour «l'acheter ». Par la grâce de Dieu, ce ministère écrit nous a été conservé; si nous savions mieux puiser dans de telles richesses, nous serions sans aucun doute plus solidement fondés dans la saine doctrine et mieux à même de discerner les pièges de l'adversaire. L'ennemi déploie d'autant plus d'efforts qu'il nous voit souvent, hélas! Hésitants et chancelants. C'est avec reconnaissance envers Dieu que nous évoquons le souvenir de nos devanciers, rendant grâces pour le précieux héritage que le Seigneur nous a conservé d'eux. Mais ce n'est pas parce que des frères vénérés et hautement respectables nous ont transmis un enseignement, que nous avons à le considérer comme étant celui qu'il faut maintenir aujourd'hui, tenant ferme ce qu eux ont eu à conquérir, car ce serait là, proprement, recueillir et observer une tradition, c'est parce que ces conducteurs se sont attachés à la seule vérité scripturaire. Leur autorité découle du fait que le Saint Esprit leur a donné de transmettre avec fidélité « Ce qui est dès le commencement », non pas leur commencement mais celui du christianisme; ils ont été, en vérité, «des hommes fidèles capables d'instruire aussi les autres» (2 Timothée 2, 2). C'est pour cela que nous sommes responsables de les écouter, de les suivre: on le faisait, nous écoutons l'enseignement de l'Écriture, nous suivons le Seigneur. Maintenir ce que nous avons reçu d'eux, c'est maintenir non leur propre doctrine mais la doctrine de Christ non leur vérité mais la vérité de tous les temps. Et nous bénissons d'autant plus Dieu de les avoir suscités et de nous avoir conservé leur si riche ministère écrit! Au siècle dernier nos devanciers ont dû lutter et vaincre pour « sortir vers Christ hors du camp» et connaître l'inestimable privilège des « deux ou trois» réunis «au nom du Seigneur », dans la séparation que requiert l'Écriture. La plupart d'entre nous avons été placés là sans lutte aucune, mais ce n'est pas pour autant que tout combat nous est épargné celui que nous avons à livrer aujourd'hui n'est pas le même que celui qu’ont connu les générations du Réveil et de la période qui a immédiatement suivi, Il est cependant tout aussi difficile car l'ennemi est toujours le même et il est plus actif que jamais. Il s'agit de tenir ferme ce que nous avons. Et nous risquons de faillir dans la pratique, tout en affirmant notre désir sincère de ne céder en rien. Au début de cette nouvelle année, peut-être le dernier an de grâce, alors que tant de dangers menacent le témoignage ; et les plus sérieux sont parfois les moins apparents ; demandons à notre Dieu qu'Il veuille nous accorder l'énergie nécessaire pour nous réveiller du sommeil spirituel qui nous gagne et à la faveur duquel l'ennemi opère pour essayer de nous ravir le « dépôt» que nous sommes responsables de « garder» ! * * * « Tiens ferme ce que tu as...» (Apocalypse 3, 11), telle est l'exhortation adressée à Philadelphie, la seule qui lui soit présentée, et cela suffirait à en souligner l'importance. Elle est effectivement capitale; la méconnaître conduirait à la perte du témoignage confié et de la récompense promise au fidèle. Que nous ayons à nous arrêter de manière particulière sur une telle exhortation, la considérant bien comme s'adressant à nous, ne veut pas dire pour autant que nous nous estimions être Philadelphie! Si nous en avions la prétention, nous ne serions que Laodicée. Mais quoi qu'il en soit de notre état, nous demeurons responsables de manifester les caractères Philadelphiens et nous devons nous appliquer, avec tout le secours de la grâce de Dieu opérant en nous, à tendre vers ce but. Nous ne prétendons nullement être Philadelphie, nous devons l'être, gardant la Parole, ne reniant pas le nom du Saint et du Véritable, maintenus dans le sentiment profond d'une faiblesse reconnue et confessée. Dieu veuille nous accorder de sentir toujours plus la responsabilité d'avoir et de garder un esprit philadelphien, laissant au Seigneur le soin de reconnaître ses témoins et son témoignage. Notre privilège est de nous joindre à ceux qu'Il nous fait reconnaître, «ceux qui invoquent le Seigneur d'un cœur pur» (2 Timothée 2, 22), et de rendre témoignage avec eux. De cette position de témoignage découle une responsabilité à laquelle nous avons besoin d'être rendus attentifs. Dans la lettre adressée à Philadelphie, comme dans toutes celles qui sont écrites aux autres assemblées dont il est question dans les chapitres 2 et 3 de l'Apocalypse, une promesse est faite au vainqueur; bien qu'aucun reproche ne soit présenté à cette assemblée, il y a cependant un combat à livrer, une victoire à remporter. Ces deux chapitres nous le montrent, il y a eu et il y aura des combats à livrer durant tout le temps de l'histoire de l'Église responsable dans ce monde ; ils nous enseignent aussi que même si l'état du témoignage ou celui d'une assemblée sont satisfaisants (Smyrne, Philadelphie), il y a pourtant toujours à lutter et à vaincre. Le combat n'est pas aujourd'hui pour la recherche de la vérité mais pour son maintien; il faut «tenir ferme », c'est ce que le Seigneur nous demande, ce à quoi Il attache un prix particulier. Une exhortation est toujours donnée en raison d'un danger couru. Si, par exemple, nous sommes invités à veiller c'est parce que nous risquons de nous laisser gagner par le sommeil spirituel; si nous sommes pressés de rechercher les choses qui sont en haut », c'est parce que nos cœurs sont naturellement occupés de celles qui sont en bas. Si nous sommes exhortés à « tenir ferme», c'est bien parce que le danger existe que nous ne le fassions pas. L'ennemi déploie tous ses efforts, dans ces derniers temps de l'histoire du témoignage sur la terre, pour amener ceux qui ont le privilège, mais aussi la responsabilité d'en assurer le maintien, à oublier la seule exhortation adressée au témoignage philadelphien. Pour «tenir ferme », il faut lutter, combattre. Cela, qu'il s'agisse du combat de la foi et pour la foi, du combat dans la lice ou du combat d'Éphésiens 6. Le croyant est appelé à livrer le combat « contre les principautés, contre les autorité, contre les dominateurs de ces ténèbres, contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans le lieux célestes». Tel est le véritable combat chrétien; la victoire remportée permet au croyant de jouir de la part qui est la sienne, de sa position «dans les lieux célestes dans le Christ Jésus». Seuls peuvent vaincre ceux qui suivent l'exhortation de l'apôtre : « Au reste, mes frères, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de sa force; revêtez-vous de l'armure complète de Dieu, afin que vous puissiez tenir ferme contre les artifices du diable... C'est pourquoi prenez l'armure complète de Dieu, afin que, au mauvais jour, vous puissiez résister, et, après avoir tout surmonté, tenir ferme. Tenez donc ferme...» (Éphésiens 6, 10 à 18). Cet enseignement correspond à celui que nous donne, dans l'Ancien Testament, le livre de Josué, le combat dont il y est question étant le type de celui d'Éphésiens 6 : « Fortifie-toi et sois ferme... Seulement fortifie-toi et sois très ferme...» (Josué 1, 6-9). Dans les derniers jours de la chrétienté, dont nous occupe spécialement l'Épître de Jude, il y a de saints combats à livrer «pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints», des combats que l'on est parfois dans la nécessité de soutenir alors que l'on préférerait avoir à s'occuper «de notre commun salut» (Jude 3), L'ennemi voudrait nous en empêcher et il a bien des moyens à sa disposition pour atteindre ce but. Il fera valoir, par exemple, l'importance de ce «commun salut» pour nous inciter à ne nous occuper que de cela, quand pourtant il faudrait combattre. Ou encore, il présentera les combats à livrer comme querelles qu'il faut fuir. Mettant en avant le désir de paix qui est dans le cœur renouvelé, il essaiera alors de nous égarer en nous laissant croire que la paix ne peut être obtenue qu'au prix d'un abandon plus ou moins marqué de la vérité. De la même manière, il nous assure que pour nous aimer les uns les autres, ainsi que nous y sommes exhortés, il faut avoir un esprit suffisamment large et il voudrait nous persuader que maintenir la vérité conduit inéluctablement à manquer d'amour. Or, la paix et l'amour sont, l'un aussi bien que l'autre, inséparables de la vérité. Dans son inlassable activité pour affaiblir le témoignage, l'adversaire, menteur et trompeur, se présente comme celui qui voudrait sa prospérité, c'est pourquoi il trouve parfois des instruments involontaires jusque parmi ceux qui en font partie. Que de choses considérées comme étant pour le bien du témoignage, qui mériteraient d'être examinées de très près et qu'un peu de discernement spirituel nous conduirait, dans bien des cas, à rejeter résolument! Les buts proposés par l'ennemi sont parfois très louables; ce qu'il désire, au fond, c'est pouvoir occuper les saints à cela afin de les distraire de responsabilités majeures qui leur incombent pour le maintien du témoignage. Son activité, lorsqu'elle s'exerce de cette manière, est beaucoup plus dangereuse que celle qu'il déploie pour nous offrir tout ce que peut convoiter le cœur naturel: dans ce dernier cas, nous avons plus ou moins conscience de faire le mal, tandis que dans le premier, nous pouvons croire agir avec fidélité. Alors qu'il faudrait combattre, « tenir ferme », l'adversaire « se transformant en ange de lumière» (2 Corinthiens 11, 14), essaie de nous en dissuader et vient prêcher la paix, cherchant des instruments pour l'aider dans ce travail. Que quelqu'un se laisse séduire par ses ruses et agisse selon ses desseins, il présentera comme sans importance d'inacceptables concessions ou encore, proposera des abandons semblant n'avoir que peu de portée tandis que la gravité de leurs conséquences ne sera manifestée que plus tard. Sans doute un croyant agissant ainsi sera-t-il considéré par certains comme un homme de paix. C'est un beau titre que celui d'homme de paix, et Dieu veuille qu'il y en ait beaucoup qui le soient en vérité! Mais il n'en est effectivement pas un, il n'en a que l'apparence trompeuse, celui qui, dépourvu de l'énergie nécessaire pour combattre, est prêt à des concessions qu'il ne faudrait jamais faire et s'engage, y engageant aussi les autres sur la pente glissante des abandons, au lieu de « tenir ferme». Peut-être l'honorera-t-on de ce titre d'homme de paix, peut-être même s'en glorifiera-t-il, mais en fait un tel croyant travaille de ses propres mains à l'affaiblissement du témoignage, sinon à sa ruine, alors qu'il est convaincu d'œuvrer pour sa prospérité. Trompé par l'ennemi, il se trompe lui-même et trompe les autres. Il n'est pas de service fidèle sans fermeté. Est-il un véritable esclave de Christ, celui qui cherche à. plaire aux hommes ? Attitude coupable que celle qui conduit à parler d'une certaine manière à l'un et de manière différente à l'autre parce qu'on veut être agréable à l'un et à l'autre, ne contrarier personne. C'est en vue de la paix et du bon accord entre frères, dira-t-on pour s'excuser. Quelle erreur! Il y a là, en fait, un manque de droiture et de fermeté, plus ou moins conscient peut-être, dont les funestes effets seront manifestés tôt ou tard. Essayer de complaire aux hommes, dans l'administration de l'assemblée aussi bien que dans l'enseignement, au lieu de maintenir fermement la vérité de Dieu, n'est pas le propre d'un serviteur fidèle. Jamais l'apôtre ne s'est comporté d'une telle manière: « Car maintenant, est-ce que je m'applique à satisfaire des hommes, ou Dieu? Ou est-ce que je cherche à complaire à des hommes? Si je complaisais encore à des hommes, je ne serais pas esclave de Christ» (Galates 1, 10 ; voir aussi 1 Thessaloniciens 2, 3 à 6). Dans la généralité des cas, pour jouir d'une vraie paix il faut d'abord avoir combattu et triomphé. Livrer le combat pour la vérité de Dieu implique, en premier lieu, que la vérité a été saisie, comprise et que l'on en connaît la valeur; c'est le « demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu» de 2 Timothée 3, 14. Car, en effet, on ne combat pas pour ce à quoi on n'attache que peu de prix. Quiconque a « acheté la vérité» sera prêt à combattre pour elle, tandis que ne le fera pas celui qui est disposé à la «vendre» (Proverbes 23, 23). Ajoutons que la position prise ne doit jamais être au delà de la vérité saisie, mais toujours y correspondre; s'il veut être droit devant Dieu, il doit abandonner la position où il se trouve, celui qui se rend compte un jour qu'elle dépasse ce qu'il a compris de la vérité. En second lieu, il est indispensable que le croyant soit dans un bon état moral: pour « combattre le hon combat », Timothée était exhorté par l'apôtre à « garder la foi et une bonne conscience », les deux devant toujours aller de pair; d'autre par, l'un des critères du serviteur dans la maison de Dieu est celuici : « gardant le mystère de la foi dans une conscience pure» (1 Timothée 1, 18, 18; 8, 8). La vérité reçue doit être mise en pratique: elle ne saurait demeurer à l’état de simple connaissance, mais doit opérer dans le cœur et la conscience. Il faut que chacune des pièces de l'armure soit revêtue, alors seulement le combattant pourra résister à l'adversaire et « après avoir tant surmonté, tenir ferme ». Le prix de la vérité doit être connu par la manifestation des résultats qu’elle produit dans la vie pratique. Il y a toute une formation nécessaire, une préparation morale, comparable à celle des athlètes combattant dans l’arène (1 Corinthiens 9, 25) ; voir aussi 2 Timothée 2, 3 à 5). Un athlète a soin de son corps, se soumet à un régime, vit sobrement, s'impose des privations; une troupe subit également une préparation au combat, et l'une de ses principales forces réside dans l'observation d'une discipline, dans la soumission à l'autorité d'un chef. Ce ne sont que des exemples, que la Parole nous autorise à prendre et qui illustrent la préparation morale qui doit être celle des croyants en vue des combats qu'ils auront tôt ou tard à livrer. Attendre le jour de la bataille pour se préparer, ou encore s'y rendre sans préparation aucune, e'est aller au devant, d'une défaite certaine. * * * Dans les jours actuels, l'exhortation d'Apocalypse 3, 11 s'impose à chacun de ceux qui connaissent la valeur et la saveur des privilèges Philadelphiens, la promesse du verset 12 étant la part précieuse de « celui qui vaincra». Le temps est court. «Je viens bientôt» nous assure Celui qui tient les sept étoiles dans sa droite et marche au milieu des sept lampes d'or. Serons-nous manifestés fidèles à sa venue? Aurons-nous tenu ferme? « Tiens ferme ce que tu as... » Dieu nous garde de nous glorifier de ce que « nous avons» ! « Car qui est-ce qui met de la différence entre toi et un autre? Et qu'as-tu, que tu n'aies reçu? Et si aussi tu l'as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l'avais pas reçu?» (1 Corinthiens 4, 7). Mais l'ayant reçu, nous en sommes responsables. Nos devanciers ont combattu pour recouvrer des vérités précieuses, laissées dans l'ombre pendant des siècles, celles concernant l'Église corps de Christ, le rassemblement des saints autour du Seigneur sur le terrain de l'unité du corps, à sa table, dans la séparation qu'enseigne et requiert 2 Timothée 2, 19 à 26, la libre action de l'Esprit de Dieu dans l'assemblée, l'adoration «en esprit et en vérité », le retour du Seigneur pour enlever son Église et tous les saints ayant part à la première résurrection. Ces vérités, d'autres encore qui s'y rattachent, ont-elles été saisies par chacun de ceux qui ont pris place dans le témoignage ? Ont-elles assez de prix pour nos cœurs? L'ennemi travaille avec persévérance pour battre en brèche des vérités de pareille valeur et il sait le faire avec ruse, mettant presque toujours en avant un but que l'on p'eut certes désirer mais qu'il voudrait nous faire atteindre en abandonnant, sinon en bloc tout au moins insensiblement, ce qui constitue l’essentiel du témoignage que nous sommes responsables de maintenir. En nombre de cas, il y réussit d'autant mieux qu'il n'y a chez ceux auxquels il s'adresse qu'une connaissance superficielle de la vérité, des doutes peut-être sur certains points, ce qui conduit généralement à accepter, à la première occasion, des enseignements venant d’autres sources, tandis que l'on abandonne le «sain enseignement ». Sommes-nous dans l'état moral et spirituel qui nous permettra de « garder la foi », de « garder le bon dépôt par l'Esprit Saint qui habite en nous », de « combattre pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints », en un mot, de « tenir ferme» ? (1 Timothée 1, 18, 19 ; 2 Timothée 1, 14 ; Jude 3 ; Apocalypse 8, 11). Craignons que nos mains languissantes ne soient prêtes, par manque d'énergie spirituelle et de fermeté, à abandonner, le laissant s'effriter, le « dépôt» que nous avons reçu et dont nous sommes responsables. Un relâchement nous amenant à des associations plus ou moins étroites avec des « vases» dont la Parole nous enjoint de nous séparer ; ces associations peuvent revêtir des formes multiples et c'est un des plus graves dangers qui nous menacent aujourd'hui ; nous conduirait graduellement à l'abandon du terrain sur lequel la grâce de Dieu nous a placés pour y manifester le caractère de «l'assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité» (1 Timothée 3, 15). Et si l'ennemi vient nous dire que ce relâchement n'en est pas un, qu'en tout cas il est nécessaire pour que les âmes soient attirées, n'ayons aucune hésitation pour reconnaître la voix de celui que le Seigneur appelle «le père du mensonge» (Jean 8, 44). Ce n'est pas avec des principes relâchés, en manifestant une faiblesse coupable, que nous pourrons accomplir le travail de Dieu. Tout au contraire, Dieu encourage et récompense toujours la fermeté, il y en a eu des exemples dans tous les temps, il y en a encore aujourd'hui. Qu'Il nous donne, dans ces jours si difficiles à tant d'égards, assez de force morale et d'énergie spirituelle pour que nous puissions demeurer « fermes, inébranlables, abondant toujours dans l'œuvre du Seigneur» (1 Corinthiens 15, 58 ; voir aussi 16, 13-14). En terminant, nous désirons rappeler ce qu'écrivait, il y a déjà une trentaine d'années, l'un de nos devanciers: « Combien nous eussions préféré nous entretenir avec nos chers lecteurs de « notre commun salut» ; mais nous sommes convaincus que l'avertissement de l'apôtre Jude est d'une pressante actualité: « Je me suis trouvé dans la nécessité de vous écrire afin de vous exhorter à combattre pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints» (Jude 3). Le relâchement général, l'affaiblissement spirituel et la conformité au monde qui nous envahissent de plus en plus, ont ouvert la porte aux attaques réitérées de l'adversaire contre le témoignage que le Seigneur nous appelle à rendre aux vérités de l'Assemblée dans ces derniers jours... Frères, prenons garde. Que nos reins soient ceints et nos lampes allumées, et soyons nous-mêmes «semblables à des hommes qui attendent leur Maître» (Luc 12, 35-36). Revêtonsnous de l'armure complète de Dieu, afin que nous puissions «tenir ferme contre les artifices du diable» (Éphésiens 6, 11). À la veille même du moment où nous verrons face à face notre adorable Seigneur et Sauveur, puissions-nous entendre sa voix consolante qui nous dit: « Je viens bientôt; tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne» (Apocalypse 3, 11). P. F. ________________________________ INTRODUCTION À L'ÉTUDE DES ÉVANGILES Jean 3 (Suite de la page 303 de 1958) Les versets suivants continuent ce sujet, en y ajoutant un trait nouveau, c'est que l'état moral de l'homme se trouve dévoilé d'une manière plus terrible que jamais par le fait même de la grâce de Dieu et de la sainteté de Celui qu'il a donné: « Car Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde afin qu'il jugeât le monde, mais afin que le monde fût sauvé par lui». Voilà ce qui décide de tout avant l'exécution du jugement; le sort de chacun est manifesté d'avance par l'attitude qu'il prend vis-à-vis de ce témoignage rendu par Dieu à l'égard de son Fils: « Celui qui croit en lui n'est pas jugé, mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. » D'autres choses, même des bagatelles, peuvent servir il indiquer l'état d'une personne; mais une responsabilité toute nouvelle surgit de cette manifestation merveilleuse de la bonté divine en Christ, et le jugement dépend de l'attitude de l'homme vis-à-vis de la grâce de Dieu en la personne de son Fils; par la manière dont il reçoit cette grâce, l'homme découvre le fond de son cœur : « Or c'est ici le jugement, que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises; car quiconque fait des eh oses mauvaises, hait la lumière, et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient reprises; mais celui qui pratique la vérité, vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, qu'elles sont faites en Dieu.» Si l'homme préfère les ténèbres, c'est afin de pouvoir demeurer dans le péché. Après cela, Jésus quitte Jérusalem et se rend avec ses disciples dans le pays de Judée, non loin de l'endroit où Jean baptisait. Les disciples de ce dernier ont une discussion avec un Juif au sujet de la purification, et racontent à leur maître que Jésus lui-même baptise aussi et que tous viennent à Lui. Jean commence par leur rappeler ce qu'il a dit précédemment touchant sa mission, et témoigne que sa joie est accomplie en entendant. L'époux, sachant d'avance que c'est Lui qui doit croître. Position bénie du serviteur qui connaît la valeur infinie de son Maître. Ensuite il parle de la personne de Jésus, en contraste avec lui-même et tous les autres, puis du témoignage de Jésus et des conséquences qui en résultent, à cause de sa gloire, par rapport aux hommes qui le reçoivent ou le rejettent. Jésus, venu du ciel, était par cela même au-dessus de tous; naturellement aussi, son témoignage était supérieur à tous les autres, puisqu'il se rattachait à ce qu'il avait vu et entendu; le fait d'être rejeté des hommes n'y changeait rien. «Celui qui a reçu son témoignage, a scellé que Dieu est vrai; car celui que Dieu a envoyé parle les paroles de Dieu, car Dieu ne donne pas l'Esprit par mesure. » Telle est la conséquence admirable pour quiconque le reçoit: non seulement Jésus a reçu l'Esprit de Dieu sans mesure, mais encore le fait est ici déclaré, d'une manière générale, que Dieu ne donne pas l'Esprit par mesure. Au commencement de ce chapitre, il est question d'une œuvre indispensable et essentielle du Saint Esprit, mais ici du privilège qui consiste dans le don de l'Esprit. Sans doute, Jésus lui-même reçu le Saint Esprit, parce qu'il était convenable qu'en toutes choses il occupât le premier rang; mais la gloire personnelle de Christ et l'efficace de son œuvre ressortent ici encore davantage, par le fait même qu’il communique ce même Esprit à ceux qui ont reçu son témoignage et ont ainsi scellé que Dieu est vrai. La gloire du Seigneur est envisagée à ce point de vue tout particulier, qu'il est investi du témoignage de Dieu et de ce qui en est la couronne. La preuve admirable du don du Saint. Esprit lui-même, non point seulement de quelque puissance définie et limitée, c'est que Dieu ne donne pas l'Esprit par mesure! Le témoignage que Jean-Baptiste rend ici à Jésus se termine par la déclaration positive de ses rapports comme Fils avec le Père: «Le Père aime le Fils, et a mis toutes choses entre ses mains ». Telles sont, et la gloire personnelle de Jésus, et le caractère de son témoignage dans le monde, et les conseils du Père à son égard. Les conséquences de la présence ici-bas d'une personne telle que Jésus, sont donc éternelles pour quiconque le reçoit ou le rejette éternelles comme Lui est éternel: «Qui croit au Fils, a la vie éternelle; mais qui désobéit au Fils (qui ne lui est pas soumis) ne verra pas la vie mais la colère de Dieu demeure sur lui. » (À suivre) ________________________ PENSÉE Là où est la volonté, du Seigneur, il y a du bonheur. Christ est ma joie, mais c'est dans le chemin de sa volonté que je trouve la jouissance de son amour. C'est là que je découvre en Lui une source de joie profonde et ineffable. Lui-même est mon trésor. J. N. D. __________________________ CONSIDÉRATIONS SUR LE MINISTÈRE DE L'APÔTRE PAUL « Une lumière pour la révélation des nations », c'était là une partie de ce que le vieillard Siméon annonça dans l'enceinte sacrée du temple (Luc 2, 32). Pendant un instant, il tint dans ses bras cet enfant dont les prophètes avaient depuis longtemps annoncé la venue. Il vit le salut de Dieu et fut satisfait, mais des années devaient cependant passer avant que la prophétie reçût son plein accomplissement. L'enfant grandit, crût en sagesse et en stature, et en faveur auprès de Dieu et des hommes. Il rassembla le peuple autour de lui, mangea avec des pécheurs, envoya des ouvriers pour prêcher, mais seulement aux brebis perdues de la maison d'Israël. Il y avait, en effet, entre Israël et les Gentils, une ligne de démarcation qu'ils ne devaient franchir en aucun cas. Il avait péremptoirement commandé à ses messagers: « ne vous en allez pas sur le chemin des nations» (Matthieu 10, 5), ils étaient seulement envoyés vers les brebis perdues de la maison d'Israël (Matthieu 15, 24). Combien la femme Syrophénicienne dut sentir pleinement la barrière dispensationnelle qui existait entre elle qui faisait partie de la race de Canaan, et les enfants d'Israël, les anciens conquérants du pays! De même, le centurion, bien que probablement de la race conquérante de cette époque, officier dans l'armée romaine qui tenait garnison dans le pays, reconnut qu'il ne pouvait avoir aucune part aux privilèges appartenant par droit de naissance au peuple d'Israël. C'est pourquoi il envoya les anciens de la synagogue pour demander au Seigneur de guérir son serviteur malade (Luc 7, 2-3). Aucun messager ne fut envoyé aux Gentils avant la croix. Cependant, après sa résurrection, le Seigneur annonça à ses disciples que les Gentils ne devaient pas être exclus des bénédictions qu'ils avaient la charge de proclamer (Marc 16, 15). Quand vint le jour de la Pentecôte, Juifs et prosélytes entendirent la Parole, et trois mille furent convertis et scellés. Aucun Gentil ne fut encore évangélisé alors, bien que ce jour-là Dieu fît annoncer par Pierre, d'une façon peut-être un peu voilée, sa détermination d'accorder aux Gentils, une bénédiction égale à celle de la maison d'Israël. « Car à vous est la promesse, dit Pierre, et à vos enfants, et à tous ceux qui sont loin, autant que le Seigneur notre Dieu en appellera à Lui» (Actes 2, 39). Cependant ce propos divin attendait toujours son accomplissement. Le temps de cet accomplissement approchait. Pierre qui l'avait annoncé en citant la prophétie de Joël qui corroborait sa prédication, et qui avait reçu du Seigneur les clefs du royaume, employa ces clefs pour ouvrir la porte aux Gentils, dans la maison de Corneille. Jusqu'alors cependant, l'apôtre des Gentils était inconnu du collège apostolique. Mais l'heure était venue tant pour le salut des Gentils, que pour publier qu'ils étaient faits un avec ceux qui avaient été autrefois .Juifs, et c'est à ce moment que le serviteur spécialement appelé à ce service fut introduit: C'était Paul, jusqu'alors très zélé pour la loi et adversaire déterminé du Seigneur Jésus et de ses disciples. Il devint un exemple remarquable de la grâce et fut un vaisseau choisi pour porter le nom de Christ devant les Gentils, les rois et les fils d'Israël (Actes 9, 15). En vue de ce travail, Paul avait été mis à part dès le ventre de sa mère (Galates 1, 15-16) ; il fut mis en présence de Christ Lui-même sur le chemin de Damas et reçut le service spécial auquel il était destiné (Actes 26, 16-17). Cependant, l'heure d'entrer dans son service n'était pas encore venue pour lui. Plus tard, dans le temple de Jérusalem, il reçut, étant en extase, l'ordre de partir vers les Gentils (Actes 22, 17, 21). Depuis, il fut connu comme leur apôtre (Romains 11, 13). De quelle mission s'agissait-il ? Les Gentils formaient la sphère spéciale de son activité, une sphère limitée seulement par les confins de la terre habitée dans la plus exacte et la plus large acception. Partout où il y aurait quelqu'un de la race humaine n'appartenant pas à la semence de Jacob, il y aurait une âme à laquelle Paul avait mission de présenter les richesses insondables du Christ. Quel champ de travail et quel message! La grâce fut alors déployée d'une double façon, et Paul en était un exemple merveilleux. Le persécuteur de l'église, si zélé pour la loi, devint le plus ardent champion de la grâce et le défenseur de la liberté de ceux qui venaient des Gentils (Galates 5, 1). Sans doute, de même que les douze, Paul pouvait s'adresser aussi aux Juifs, mais son travail spécial s'exerçait parmi les Gentils; ceux-ci désormais n'étaient plus dans les ténèbres de dehors, mais amenés dans le cercle de la faveur divine. Paul s'était vu confier un autre genre de service, service qui s'étendait à tous les véritables saints de Dieu sur tonte la terre. « Cette grâce m'a été donnée... de mettre en lumière devant tous quelle est l'administration du mystère caché dès les siècles en Dieu qui a créé toutes choses» (Éphésiens 3, 9). Ainsi, pour ce qui concernait l'évangélisation, les Gentils constituaient le champ de travail spécial de Paul, mais pour ce qui touchait l'administration il s'adressait à tous les saints. Paul était, en même temps qu'un serviteur de l'évangile, un serviteur de l'Église (Colossiens 1, 23-25). Partout où était un gentil, il y avait quelqu'un à qui Paul pouvait annoncer les richesses insondables du Christ. Partout où il y avait un saint, il y avait quelqu'un devant qui il devait mettre en lumière l'administration du mystère caché dès les siècles en Dieu qui a créé toutes choses. Les Gentils entendirent la bonne nouvelle et se réjouirent (Actes 13, 48). Les saints de tous les temps doivent aussi avoir reçu avec intérêt la révélation du mystère caché dès les siècles en Dieu. Est-ce que chaque chrétien qui lit ces lignes est entré en quelque manière dans ce qu'était réellement cette seconde partie du ministère de Paul? Il y avait un mystère, maintenant révélé, concernant également tous les saints de Dieu; désirons-nous le connaître et en être instruits? Mais est-ce seulement les hommes qui sont intéressés par ce mystère? Il est bien vrai qu'eux seuls ont une part dans les bénédictions se rapportant à ce mystère, mais il y a, cependant, un autre ordre de créatures qui éprouvent un puissant intérêt dans le déploiement de ces choses; il s'agit des puissances angéliques dans les lieux célestes, qui apprennent par l'Église la sagesse si diverse de Dieu. De quelles scènes n'ont-ils pas été témoins? Ils ont vu la terre émerger du chaos à la parole du Tout Puissant et préparée par Lui en vue de l'introduction sur cette scène d'une créature entièrement nouvelle, l'homme, qui fut créé le sixième jour. Ils furent témoins du don de la loi (Actes 7, 53) ; les chœurs célestes louèrent Dieu à la naissance du Seigneur Jésus ; ils le servirent dans le désert; l'un d'eux le fortifia dans le jardin ; Il a été vu des anges durant sa vie; sa tombe fut gardée par eux après sa résurrection; Celui qu'ils adoraient et à qui ils obéissaient comme Dieu, ils le virent prenant la forme d'un homme et furent témoins de sa mort sur la croix. La création de l'homme, l'incarnation du Fils de Dieu, sa vie de dépendance, sa mort ignominieuse et ses souffrances, étaient autant de choses qui leur étaient familières. Maintenant quelque chose de nouveau était déployée devant eux par le moyen de l'église. Christ, comme homme, était la tête dans le ciel d'un corps existant sur la terre, lequel lui était étroitement uni. Cette vérité merveilleuse, les anges l'apprirent par l'Église de Christ. Il était monté au ciel, anges, autorités et puissances lui étant soumis, et ces mêmes pouvoirs angéliques apprirent que, comme homme, Il n'était pas complet sans son corps. Lui est la tête dans le ciel, et les saints sur la terre: son corps. Quel ministère que celui qui fut ainsi confié à Paul concernant les Gentils, tous les saints et tous les anges! Nul autre ne reçut une grâce pareille. Paul ressentit pleinement cette grâce; puissions-nous, nous aussi, comprendre ces choses et y entrer. C.E.S. ______________________________ PENSÉE C'est en fixant nos ?eux sur Jésus que nous pouvons abandonner quoi que ce soit pour Lui. J. N. D. ______________________________ EXTRAIT D’UNE LETTRE ... 1882. ...Combien il est vrai qu'en dehors de Lui nous ne pouvons rien faire! Ne manquons-nous pas trop d'une vraie dépendance? Au lieu de poursuivre l'humble sentier qu'Il à suivi, Lui qui pouvait dire: « Je suis un ver et non point un homme», nous pensons plutôt être quelque chose et nous nous élevons nous-même, mais, pour être bientôt heureusement abaissés. Quelle grâce qu'Il nous abaisse ainsi maintenant, plutôt que de permettre que nous persévérions dans l'orgueil de notre moi. Il nous abaisse afin de pouvoir nous élever, dans le sentiment de sa merveilleuse grâce. J'ai pensé que peut-être beaucoup parmi nous n'ont pas suffisamment réalisé la ruine complète de tout ce qui a été confié à la responsabilité de l'homme. Nous parlons fréquemment de la ruine de l'Église ; mais ne nous enorgueillissons-nous pas en même temps bien souvent dans le secret de nos cœurs de ce qu'il y a au moins un petit cercle, dans lequel nous nous trouvons, où tout est en ordre? C'est là le propre d'un esprit sectaire. Naturellement, la Parole de Dieu qui est la vérité ne change pas, et il demeure toujours vrai que là où deux ou trois sont assemblés au nom de Christ, Il est là au milieu d'eux. La vérité et le chemin sont aussi simples que jamais, de sorte qu'il y a toujours une ressource pour la foi. Mais si l'orgueil se cache dans nos cœurs, si nous pensons que tout va bien et que «les frères» sont une espèce d'asile dans lequel peuvent se rassembler les enfants de Dieu pour y être gardés et abrités jusqu'à la venue du Seigneur, certainement ce n'est pas là avoir appris la vérité touchant la ruine de l'Église. Peut-être y a-t-il beaucoup plus de cela que nous ne pensons. Cependant Dieu permet que, même au milieu de nous, nous apprenions quelque chose de la ruine de l'Église. Puissions-nous apprendre si bien cette leçon, que Christ devienne tout pour nous, non seulement un objet pour nos cœurs individuellement, mais aussi le seul centre de notre rassemblement. Celui qui ne peut jamais manquer, et qui, en dépit de la ruine de l'Église et même devant les menaces de l'apostasie, «peut nous garder sans que nous bronchions et nous placer irréprochables devant sa gloire avec abondance de joie. » La façon dont nous devons apprendre ces choses est bien humiliante à cause de notre orgueil et de notre folie. Nous pouvons bien répéter avec David: « Comment les hommes forts sont-ils tombés ! Ne le racontez pas dans Gath, n'en portez pas la nouvelle dans les rues d'Askalon, de peur que les filles des Philistins ne se réjouissent, de peur que les filles des incirconcis ne tressaillent de joie» (2 Samuel 1, 10). Le mieux est d'apprendre la leçon à n'importe quel prix; si grande que soit l'humiliation ce sera certainement pour notre bénédiction. Nous pouvons avoir confiance Celui dont la grâce ne peut manquer et qui aime t out son peuple d'un amour impérissable. Puissions-nous être gardés en l'attendant aussi bien qu'en gardant la Parole de sa patience. A. H. R. _________________________________ ATTENTE Actes 1 L'attitude prise par les disciples au moment où le Seigneur «s'en va au ciel» est remarquable. C'était pour les disciples un changement complet. « Il fut élevé de la terre comme ils regardaient, et une nuée le reçut et l'emporta de devant leurs yeux.» Christ n'était plus maintenant un objet pour la vue, et cela est à remarquer comme étant de grande importance pour l’âme. Ils regardaient fixement vers le ciel, c'est-à-dire vers l'endroit où Jésus était allé, et telle doit bien être aussi notre attitude en esprit; mais il regardaient avec leur vue naturelle et c'est pourquoi ils reçoivent une communication angélique qui avait pour but de mettre un terme aux regards de la chair. La Galilée était pour Israël une contrée méprisée et l'ange s'adresse à eux comme il, des Galiléens: « Hommes galiléens, pourquoi vous tenez-vous ici, regardant vers le ciel ? » Celui qui venait de partir, reviendrait de la même manière, et ils devaient l’attendre. Ils étaient ainsi introduits dans une nouvelle position. Nous devons nous souvenir que le Saint Esprit n'avait pas été donné; ils se tenaient néanmoins dans l'attitude qui convenait, car ils avaient été conduits jusqu'au terme d'une économie et n'avaient pas encore été introduits dans la nouvelle. Que pouvaient-ils faire d'autre ? C'est, ou plutôt ce devrait être l'histoire d'une âme dans le temps présent: Dieu ayant jugé bon de la convertir, elle attend et compte sur Lui pour faire un pas de plus. Mais combien peu font ainsi. Il faut que l'âme ait un refuge quelque part; les disciples avaient cet instinct béni qui leur faisait penser: nous attendrons jusqu'à ce que nous voyions ce que nous devons faire. Ils durent attendre ainsi jusqu'à ce qu'ils eussent la force nécessaire et elle leur fût donnée à la Pentecôte. La communication angélique met un sceau sur le passé, le livre était fermé, ils n'en avaient que faire désormais. Ils firent donc la seule chose qui convenait, ils retournèrent à Jérusalem, demeurèrent à l'écart et attendirent. C'est une leçon qui nous est donnée par ceux que nous supposerions moins sages que nous, car le Saint Esprit n'était pas descendu. Ils ne bougèrent pas jusqu'à ce qu'ils eussent été enseignés sur ce qu'ils devaient faire. Nous sommes lents de cœur à nous soumettre à une telle règle de vie, mais c'est en aban- donnant à Dieu le prochain mouvement que nous devons faire, que nous sommes sûrs de ne pas nous tromper. Une autre chose digne de remarque, c'est que ces disciples demeuraient ensemble dans un même lieu. Ils sont mentionnés par nom, ils étaient tous là ainsi que les femmes, une merveilleuse compagnie. Il est bon pour nous de le remarquer et de méditer là-dessus : il n'y en eut aucun qui fût laissé dehors. Il y a en Jean 20 une autre compagnie en contraste avec celle-là. Ils étaient tous rassemblés, sauf l'un d'entre eux qui était absent. Ils étaient dans le même esprit et la même attitude, mais le Seigneur n'était pas encore monté en haut. Il était toujours sur la terre, et cependant pas comme Il était avant sa mort. Il leur annonça des choses merveilleuses qui demeurent avec toute leur valeur jusqu'à aujourd'hui: « Paix vous soit », et Il leur montra le fondement de leur paix, les blessures qu'Il portera durant l'éternité. Cependant c'est sa présence personnelle qui les occupe: «les disciples se réjouirent donc quand ils virent le Seigneur.» Il n'est pas dit que les disciples furent heureux quand ils virent ses blessures, mais qu'ils furent heureux quand ils le virent Lui-même ; c'était une joie résultant de sa présence. L'intelligence, aussi bien que les affections sinon davantage, est ici en exercice; plus que de la paix, si bénie qu'elle soit, ils jouissent effectivement de la présence de Celui qu'ils connaissent et qu'ils aiment. Il était là, et ils étaient satisfaits; cependant ce rassemblement, si béni qu'il fût, était marqué par une absence: Thomas n'était pas là. N'était-ce pas une chose triste que cette absence dans un tel rassemblement ? Il en est de même de l'Église, elle est en ruine du fait de l'homme, et ce qui pèse sur l'âme dans un rassemblement de saints, c'est qu'il y a des absents. Thomas dut réaliser par la suite ce qu'était cette absence ; les disciples avaient été rassemblés, mais il n'était pas là et, nous voyons toutes les conséquences de son incrédulité d'esprit. Ici, en Actes 1, il n'y avait aucun absent sauf Judas qui naturellement ne pouvait être là. Ce petit rassemblement était caractérisé par les affections du cœur pour Christ plus que par l'intelligence de la vérité donnée par le Saint Esprit. Le cœur dit: Je ne puis aller où Christ n'est pas. Ils ne pouvaient rien faire, ils étaient dans l'attente. Ce qui nous empêche de nous établir ici-bas, n'est-ce pas le fait que nous n'attendons rien sinon le retour du Seigneur? C'est cela seul qui nous garde de nous établir en ce monde. Nous attendons le retour de notre Seigneur; les saints endormis l'attendent aussi; quand le Seigneur viendra, tous seront présents, non seulement ceux qui sont sur la terre, mais tous les morts en Christ. Au chapitre suivant, il est répondu à cette attente, car le Saint Esprit descend et c'est le point de départ d'un nouvel ordre de choses; s'il n'en avait pas été ainsi, où auraient-ils pu aller? Sans aucun doute ils auraient été dispersés çà et là, mais nous les trouvons rassemblés tous ensemble d'un même accord et dans un même lieu, le jour de la Pentecôte. L'Esprit Saint descend sur tous, sur chacun d'eux, et de plus remplit la maison. À la fin du chapitre 2 des Actes, nous trouvons de nouveau ce que nous avons dans le chapitre 1, mais c'est maintenant dans la puissance du Saint Esprit. «Ils persévéraient dans la doctrine et la communion des apôtres (il n'y a pas d'autre doctrine ni d'autre communion), dans la fraction du pain et les prières.» Cela n'altérait nullement l'espérance de sa venue. Quand Dieu intervient et permet qu'un nouveau pas soit fait, cela ne change nullement ce qui précède mais le confirme, au contraire. Ils avaient le Saint Esprit, ils persévéraient dans la doctrine et la communion des apôtres, dans la fraction du pain et les prières; c'est là que nous en sommes dans le temps présent. Rien d'autre ne subsiste, il n'y a pas d'autre communion. Que le Seigneur veuille dans sa grâce faire peser cela sur chacune de nos âmes afin que nous ne restions pas au-dessous de ce qu'Il a voulu pour nous, pour notre consolation et notre bénédiction. W. F. B. ……………………………………………… LA POSITION, LA MARCHE ET LA FOI 1. «Devant Dieu en Christ» «Le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ... nous as élus en lui avant la fondation du monde, pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour» (Éphésiens 1, 4). Les croyants sont donc les objets d'un libre et souverain choix de Dieu, fait dans l'éternité et pour l'éternité. Il nous a voulus revêtus de caractères qui reflètent les siens: la sainteté, qui exclut et repousse tout ce qui n'est pas la volonté divine, l"irréprochabilité qui est le propre de voies parfaitement conformes à cette volonté, et cela dans ce qu'Il est en Lui-même, c'est-à-dire «en amour ». Ces caractères sont ceux de Christ, en qui Dieu trouve ses délices et à qui il nous asseoir dans ses conseils éternels. Nous ne pouvions être saints et irréprochables autrement qu'en Christ. Notre caractère est lié à notre position en Lui, en qui nous avons été «bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes» (v. 3). En dehors de Lui nous n'aurions été que des créatures, tombées de l'innocence dans le péché, souillées et coupables. Mais tel Il est, tels Dieu nous voit en Lui, et tels nous serons effectivement et, exclusivement un jour. Le croyant peut parler avec assurance d'une telle position et d’un tel caractère. La base sur laquelle ils sont inébranlablement fondés, c'est l'intention de Dieu. Il n'y a là aucune incertitude, nulle condition n'est posée, nulle réserve n’est faite. Dieu fait connaître sa volonté; n'aurait-il pas les moyens d'accomplir, dans le temps, le plan conçu par Lui seul dans l'éternité? Rien ne saurait Lui faire obstacle, ou plutôt le triomphe de tous les obstacles est impliqué dans le conseil divin lui-même, qui a Christ pour agent : « Je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté». L'exécution de ce plan divin comporte notre adoption « pour lui, par Jésus Christ» (v. 5), et cette adoption est rendue possible par la rédemption (v. 7). Tout est accompli maintenant, l'œuvre est parfaite, Christ paraît pour nous devant la face de Dieu, « Il nous a rendus agréables dans le Bien-aimé », tout est « à la louange de la gloire de sa grâce»; nous sommes « assis dans les lieux célestes dans le Christ Jésus» (2. 6) et nous attendons d'être là avec Lui. Mais le caractère mis sur nous est en Lui, il l'était avant que nous fussions, de toute éternité, comme il 1'est pour l'éternité. 2. «Au milieu d'une génération tortue et perverse». (Philippiens 2,15). Ce caractère est mis sur les croyants ici-bas par l'Esprit saint qui leur a été donné. Ils sont placés, nouvelle création au sein de l'ancienne à laquelle ils appartiennent encore corporellement, « au milieu d'une génération tortue et perverse», parmi laquelle, leur est-il dit, « vous reluisez comme des luminaires ». Leur position en Christ, leur relation avec Dieu comme Père « des enfants de Dieu» sont immuables, mais ils se trouvent sur la terre comme des preuves vivantes de l'œuvre de Dieu parmi les œuvres des hommes, comme les porteurs de la lumière que Christ a apportée dans les ténèbres de ce monde; leur présence démontre les effets de la parole de vie dans des hommes. Sommes-nous cela de façon effective et visible? Ce témoignage est-il clairement rendu? La même parole, par le même Esprit, enseigne le nouvel homme, l'avertit, le réveille, pour que toute activité de l'ancien soit immédiatement jugée, car le péché demeure en nous tant que nous sommes dans ces corps. Mais rien ne peut changer quoi que ce soit à notre vocation présente, qui est d'être «sans reproche et purs, des enfants de Dieu irréprochables ». Dieu nous revêt, devant le monde, de ce titre sans égal, ses enfants. Nous l'avons reçu par grâce, par la foi au nom du Verbe fait chair. Si nous avons le privilège de prendre un tel nom, notre responsabilité est de le porter un enfant de Dieu doit être sans tache s'il veut revendiquer son titre sans se condamner lui-même, aux yeux même de ce monde, qui voit parfois mieux que nous à quoi notre noblesse nous oblige. Un chrétien dont la conduite justifie des reproches, qui mêle à la corruption, ternit son caractère, en même temps qu'il « attriste le Saint l'Esprit de Dieu, par lequel [il] a été scellé pour le jour de la rédemption ». C'est dans le sentiment que nous sommes sans cesse exposés, dans la pratique, à renier notre caractère, que nous avons à nous conduire avec crainte, et à « travailler à notre propre salut avec crainte et tremblement ». Non que nous puissions être en aucune manière nos propres sauveurs, ni que notre Sauveur puisse perdre aucun des siens, mais la marche que nous sommes appelés à poursuivre est celle de sauvés, et de sauvés par Lui seul. La crainte sanctifiante qui remplit un cœur lorsqu'il a pris quelque peu conscience de la valeur d'une telle personne est de ne pas garder le contact avec elle, de lâcher sa main et d'être entraîné loin de Lui. Nous allons trouver le secret pour être ainsi gardés, dans un troisième passage qui nous parle, lui aussi, de gens «saints, irréprochables et irrépréhensibles ». 3. «Si du moins »... (Colossiens 1, 23) Dans l'épître aux Colossiens, les chrétiens sont considérés comme des gens qui étaient «autrefois étrangers et ennemis quant à leur entendement, dans les mauvaises œuvres », donc non seulement éloignés de Dieu mais éloignés par leur faute, et opposés à Lui, et qui sont maintenant placés, en vertu de la mort de Christ, sur le terrain tout nouveau de la réconciliation. Nous trouvons le même but divin qu'en Éphésiens 1, 4, savoir de les «présenter saints et irréprochables et irrépréhensibles devant Lui », mais alors que dans les Éphésiens ce but est énoncé en rapport avec le propos de Dieu, l'élection avant la fondation du monde, il l'est ici en rapport avec le moyen par lequel nous avons été réconciliés, c'est- à-dire « le corps de la chair» de Christ, dans lequel Il est mort pour nous, à la gloire de Dieu. Le moyen est aussi parfait que le propos. Notre présentation comme saints et irréprochables est aussi sûre, de par l'efficacité de ce moyen, qu'elle l'est de par la souveraineté du conseil éternel dont elle procède. Elle ne dépend pas de nous, mais de Dieu, manifesté et agissant en Christ. Tout ce que réclamait notre condition a été fait, et rien ne peut être ajouté à une telle œuvre. Christ aura les siens avec Lui en gloire, parfaits comme Lui-même. C'est Lui qui les présentera. Tandis qu'ils sont encore sur la terre, morts avec Lui, ressuscités avec Lui, leur vie est cachée avec Lui en Dieu, et quand Il sera manifesté ils seront alors, eux aussi, manifestés avec Lui en gloire. Mais à quel titre ont-ils part à des réalités si hautes? Au titre de croyants, et ils les possèdent en espérance. La seule chose pour eux, mais c'est là leur responsabilité, est do ne pas abandonner la foi et l'espérance chrétiennes, sinon il ne leur reste rien. Ils ne peuvent saisir quelque chose de leur part qu'en « demeurant dans la foi, fondés et fermes, et ne [se] laissent pas détourner de l'espérance de l'évangile» qu'ils ont ouï et cru lorsqu’ils ont reçu la parole de vérité (v. 5-6). La vie pratique du chrétien sur la terre procédera tout naturellement de cette foi et de cette espérance ferme. L'une et l'autre se nourrissent des choses d'en haut, et de rien d'autre. Les choses de la terre leur sont funestes. C'est pour cela que nous trouvons: « Si du moins... » Salutaire mise en garde, précieuse et non point troublante. Ce serait un non-sens que de dire à un incrédule qu'il est réconcilié et qu'il sera présenté saint et irréprochable. C'en serait un, tout autant, que de dire cela à quelqu'un qui se serait détourné de la foi, soit qu'il apostasie ce qu'il avait confessé, prouvant par là qu'il n'avait pas la foi du cœur, soit qu'il écoute un autre évangile présentant un autre Christ, et qu'il se trouve « déchu de la grâce ». L'apôtre ne pouvait tenir ce langage aux Galates. Les certitudes et les promesses n'appartiennent qu'à la foi. Et celle-ci se montre par ses œuvres. Il faut soigneusement prendre garde, à ce propos, que ce n'est jamais la marche qui produit la foi et l'espérance, mais la foi et l'espérance qui produisent une marche conforme à ce que l'œuvre de Christ a fait de nous et qui sera bientôt manifesté. C'est en pensant aux choses d'en haut que nous ne penserons pas à celles qui sont sur la terre, et que nous aurons et le discernement et l'énergie nécessaires pour «mortifier [nos] membres qui sont sur la terre ». Quelles sont donc ces choses d'en haut dont la foi s'occupe et qui nourrissent l'espérance ? Celles qui concernent Christ. Elles comportent tout ce que les versets précédents du chap. 1 nous disent de Lui, de ses primautés, de ses gloires, de son œuvre, et des résultats de son œuvre. Nous avons besoin de progresser dans cette connaissance, par le cœur et par l'esprit. Ce ne sont pas des choses qu'il suffit d'avoir entendues une fois, auxquelles on a, cru une fois pour ne plus y revenir. Il faut au contraire y revenir sans cesse. Il faut que nos racines plongent dans le sol, ferme et nutritif à la fois (2, 7), de façon à croître dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur Jésus Christ. C'est toujours la même personne, mais mieux et plus intimement connue. Nous n'avons pas à apprendre une leçon morne et morte, mais à vivre, et à vivre de la « plénitude» elle-même. Ainsi l'enseignement donné aux Colossiens, vient, par le «si du moins» de notre responsabilité, incorporer à la vie chrétienne pratique, dont s'occupe l'épître aux Philippiens, notre position en Christ dont nous entretient celle aux Éphésiens. Nous ne serons tels que Paul désirait voir les Philippiens, « sans reproche et purs, des enfants de Dieu irréprochables », que dans la mesure où nous ferons ce qu'il enjoint aux Colossiens, savoir retenir, par la foi et dans l'espérance, la bienheureuse réalité posée par Dieu comme immuable, voulue par Lui avant la fondation du monde et acquise par l'œuvre de Christ, celle d'être « saints et irréprochables devant lui, en amour.» La foi et l'espérance sont en Lui, qui opère en nous «le vouloir et le faire, selon son bon plaisir». « Or, à celui qui a le pouvoir de vous garder sans que vous bronchiez, et de vous placer irréprochables devant sa gloire avec abondance de joie, ... au seul Dieu, notre Sauveur, par notre seigneur Jésus Christ, gloire, majesté, force, et pouvoir, dès avant tout siècle, et maintenant, et, pour tons les siècles. Amen» (Jude 24-25). A.G. _______________________________________ « AVEC CEUX QUI INVOQUENT LE SEIGNEUR D'UN CŒUR PUR» (2 Timothée 2, 22) Qu’il soit nécessaire de revenir sur les enseignements de 2 Timothée 2, 19-22, présentés si souvent déjà, et qui devraient être bien connus de nous tous, peut paraître surprenant. Mais d'une manière générale, les enseignements des Écritures doivent nous être sans cesse rappelés, nos cœurs étaient oublieux; c'est pourquoi, par exemple, l’apôtre écrivait aux Philippiens : «Vous écrire les mêmes choses n'est pas pénible pour moi, et c’est votre sûreté » (Philippiens 3, 1 : voir aussi 2 Pierre 12, 12 à 15). Si aujourd'hui il semble opportun de remettre en mémoire, plus particulièrement ceux de la 2ème Épître à Timothée, c'est bien parce que l'adversaire poursuit avec plus d'ardeur encore les efforts qu'il déployait déjà lorsqu'un de nos devanciers était conduit à écrire: « Le maintien de la vérité et de la sainteté est une condition essentielle du témoignage rendu au Seigneur. L'ennemi fait son possible pour nous faire passer légèrement sur des choses aussi importantes. Tons admettent cependant que la vérité doit être maintenue, mais le désir d'union parmi les chrétiens, l'œuvre de l'évangélisation, l’amour entre tous, la font considérer comme chose secondaire. Aujourd’hui, le grand but de l'ennemi est d'affaiblir le faible témoignage que le Seigneur s’est suscité jusqu'à son retour prochain. Hélas! Nous rendons à l'adversaire son œuvre facile, par notre mondanité, notre affaiblissement spirituel, l'indifférence qui nous fait traiter d'étroitesse et de manque d'amour le maintien de la vérité. Après avoir affaibli le témoignage par de nombreuses divisions, il veut le ruiner davantage encore; c'est pourquoi il cherche à réunir ceux qu'il a divisés, non pas sur le terrain de la vérité, ce qui certes serait à désirer, mais en niant ou en atténuant les erreurs qui ont causé ces divisions, erreurs avec lesquelles nr peuvent marcher ceux qui désirent être fidèles au Seigneur en gardant sa Parole et en ne reniant pas son nom. Pour réunir des chrétiens hors du terrain de la vérité, l'ennemi insinue qu’il faut revenir en arrière et revoir si les erreurs étaient telles qu'il ait fallu s’en séparer. Hélas ! Dans bien des cas, cette séparation n'aurait pas été nécessaire avec plus de patience et moins de volonté propre. Mais sommes-nous plus spirituels que ceux qui étaient alors à la brèche et qui avaient un jugement plus sûr que le nôtre, parce qu'ils vivaient plus que nous dans la séparation du mal et du monde? Au contraire, en vertu de notre affaiblissement, nous nous laissons influencer par les circonstances ; ce n'est qu’avec des mains tremblantes que nous retenons la vérité qui nous a été enseigné par ceux qui nous ont précédés, et qui étaient doués d'une manière toute spéciale pour remettre en lumière les vérités fondamentales de l'Assemblée, méconnues durant des siècles. Mais si nous n'avons pas qualité pour juger de nouveau ce que de plus spirituels que nous ont fait sous le regard du Seigneur, nous avons la responsabilité d'agir selon les principes scripturaires dans les circonstances où nous nous trouvons aujourd’hui» (M.E. année 1923, page 320 ; voir spécialement les pages 327 et 328). Dieu veuille nous donner pleine conscience des dangers qui menacent le témoignage, amis encore nous accorder de demeurer fermes et nous communiquer l'énergie nécessaire pour « combattre pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints» (Jude 3). Cette sainte énergie doit se manifester non seulement dans le combat pour la foi mais aussi dans toutes les actions qu'il peut être utile d'exercer pour le jugement du mal. Soyons gardés d'imiter l'exemple d'Éli qui fut un sacrificateur infidèle parce qu'il se contenta de reprendre alors qu'il était responsable d'agir! * * * Au sein de la chrétienté, comparée à «une grande maison », « quiconque prononce le nom du Seigneur », reconnaissant son autorité comme Chef de l'Assemblée et désireux d'y être soumis, est responsable de « se retirer de l'iniquité ». Pour affaiblir la portée de cette injonction, certains veulent donner au terme « iniquité» le même sens que celui qu'il a dans un passage comme 1 Jean 3, 4, où il signifie «une marche sans loi, sans frein» (anomia) (note en bas de page, dans la Bible, version Darby) et caractérise l'état de l'homme naturel, n’ayant pas la vie de Dieu. S'il en était ainsi, «se retirer de l'iniquité» n'impliquerait pas autre chose que la séparation d'avec les incrédules. Mais dans le verset 19 du chapitre 2 de la 2ème Épître à Timothée, le mot « iniquité» (adikia) a. le sens d'injustice (voir, en opposition, «la justice », justice pratique, dont il est question au verset 22). «Se retirer de l'iniquité », c'est se séparer non seulement de ceux qui n'ont pas la vie de Dieu mais encore de ceux qui, dans la pratique, ne marchent pas selon la vérité de Dieu, lorsque cette «iniquité» (ou injustice, ou faute, tort ou erreur) est retenue comme doctrine. Ce dernier point est important: en effet, deux actes, bien qu'identiques en apparence, sont différents l'un de l'autre si le premier est accompli par suite d'un manquement occasionnel il une saine doctrine, tandis que le second résulte de l’obéissance à un faux en- seignement. Le fidèle doit se séparer et de la fausse doctrine et de ceux qui l'enseignent, comme aussi de ceux qui acceptent, volontairement ou tacitement, cet enseignement; il manifestera ainsi les caractères d'un «vase à honneur », tels qu'ils sont définis en 2 Timothée 2, 20, 21. Son cœur doit être « pur », selon l'expression employée dans le verset qui suit. Enfin, il est exhorté à « poursuivre la justice, la foi, l’amour, la paix». Mais « poursuivre» avec qui ? Avec tous ceux qui, extérieurement, se réclament de Christ et portent le nom de chrétien? Non, nous dit l'Écriture inspirée de Dieu, mais seulement «avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un cœur pur». Que le fidèle ait à se séparer, qu'il ne puisse marcher avec tous ceux qui font partie de la maison de Dieu, ressort (la manière évidente de l'enseignement contenu dans les versets 19 à 22 du chapitre 2 de la seconde Épître à Timothée. La question est aussitôt posée: qu'est-ce donc qu'avoir «un cœur pur» ? Pour être «pur », le cœur doit être « purifié» et il n'est pas d'autre moyen pour cela que « l'obéissance à la vérité », et pour le salut et pour la marche (1 Pierre 1 22). Un cœur « pur» lorsque la vérité de Dieu y fait loi, mettant de côté toutes les pensées, même les meilleures, que chacun peut avoir. La vérité obéie rend le cœur pur. La première responsabilité du croyant qui désire être fidèle au Seigneur dans sa marche ecclésiastique est donc d'abord à l'égard de lui-même: avant de regarder autour de soi, il faut considérer l'état de son propre cœur, regarder en soi. Comme tout deviendrait plus facile, dans le témoignage collectif, si chacun commençait par là, si chacun se soumettait avec simplicité de cœur et sans raisonnements, l'autorité de la Parole de Dieu, la laissant d'abord agir en lui, afin qu'elle gouverne son cœur et forme ses pensées! L'action découlant de la pensée, le croyant serait ainsi conduit à obéir à la vérité, non seulement dans sa marche individuelle, mais encore pour la marche collective, il aurait «un cœur pur », purifié « par l'obéissance à la vérité ». Un «cœur pur », c'est celui qui «se retirant de l'iniquité », « invoque le Seigneur ». 2 Timothée 2, 22 lie étroitement les deux expressions: « d'un cœur pur» - c'est la séparation - et «invoquer le Seigneur» c'est l'attachement à Christ. Christ doit être l'objet des affections; s'il en est ainsi, le cœur, rempli de Lui tel que la Parole le présente, sera vraiment un «cœur pur », qui jamais ne voudrait associer à l'iniquité un Nom qui a pour lui un tel prix. Pour un « cœur pur », le nom ou Seigneur est précieux, aussi son autorité est-elle reconnue et obéie. En d'autres termes: l'obéissance à la vérité est facile pour le cœur attaché à Christ. C'est donc en fait l'attachement à sa Personne qui doit être le point de départ. Et c'est bien ce celui caractérise le témoignage philadelphien : la Parole de Christ est gardée, le Nom du Saint et du Véritable n'est pas renié parce que Christ est précieux au cœur du fidèle témoin. Le cœur dirigé vers Lui, l'âme nourrie de Lui. Les affections liées à sa personne, la séparation de toute iniquité est, alors réalisée de la manière où elle doit l'être: pour le Seigneur et comme fruit de l'attachement à sa personne. C'est là le point capital et nous avons besoin d’y être attentifs si nous voulons éviter le danger qui constituerait une séparation, surtout extérieure, froide et desséchante parce qu’observée comme une stricte obéissance à un principe légal. Tandis qu'au contraire, elle permettra le développent de l'épanouissement de la vie nouvelle reçue par la foi, si elle découle de l'attachement à Christ, au Christ des Écritures et d’une vraie communication avec Lui. « L'obéissance à la vérité» est alors réalisée tout naturellement car la nouvelle nature se plait à obéir, c’est là la joie. L'obéissance à la vérité se traduit dans la vie pratique, par la séparation du mal, du mal doctrinal tout autant que du mal moral. Il faut y insister, car bien croyants pieux dans leur marche personnelle, mais demeurant associés à un milieu chrétiens où enseignements de la Parole de Dieu sont méconnus sur des points fondamentaux ; bien qu'observés peut-être sur d’autres, se refusent à admettre qu'ils ne sont pas dans un chemin d'obéissance à la vérité. Il est d'ailleurs fréquent qu'au lieu d'être utile à de tels croyants en leur montrant ce qu'est le rassemblement des enfants de Dieu selon la Parole dans la séparation, on les induise en erreur en s'associant à eux de manière plus ou moins étroite: leur piété personnelle attire, peut-être aussi leur zèle dans un service chrétien, on met en avant les différentes vérités maintenues dans le milieu où ils se trouvent et l'on s’en autorise pour marcher avec eux, leur laissant supposer de la sorte qu'ils sont dans le vrai chemin. On aura vite dit: il n'y a que des nuances qui nous séparent... C'est proprement tromper les âmes, consciemment ou la plupart du temps, inconsciemment. Si à peu près tous les croyants faisaient face à la première responsabilité qui leur incombe, il serait facile de suivre l'exhortation de 2 Timothée 2, 22. Hélas ! Il n’en est pas ainsi. Se pose donc une deuxième question : comment discerner, afin de «poursuivre» avec eux, «ceux qui invoquent le Seigneur d'un cœur pur ». Certains prétendent qu’il est impossible de les reconnaître au sein de la chrétienté. Mais la Parole de Dieu nous adresserait-elle une exhortation que nous ne pourrions mettre en pratique ? La grâce divine saura guider et éclairer celui qui craint Dieu et vit dans la communion de ses pensées, humblement soumis à sa Parole ; elle lui donnera discernement et sagesse, lui montrera quels sont ceux avec lesquels il peut marcher et se rassembler. « Qui est l'homme qui craint l'Éternel? Il lui enseignera le chemin qu'il doit choisir... Le secret de l'Éternel est pour ceux qui le craignent, pour leur faire connaître son alliance» (Psaume 25, 12 et 14). L'intelligence spirituelle est communiquée par l'opération de la Parole et de l'Esprit de Dieu agissant dans le cœur du racheté, et ne peut être communiquée que par ce moyen. C'est alors, et alors seulement, que sera connu et goûté l'amour fraternel, non pas la manifestation de certains sentiments que l'on appelle volontiers amour et qui sont tout autre chose que l'amour selon Dieu, mais un amour vrai, un amour lié à la, vérité de Dieu. C'est ce que nous enseigne la fin du verset 22 de 1 Pierre 1, dont nous avons déjà cité la première partie : « ayant purifié vos âmes par l'obéissance à la vérité, pour que vous ayez une affection fraternelle sans hypocrisie, aimez-vous l’un l'autre ardemment d'un cœur pur ». Ce n’est pas en abandonnent la vérité que les croyants peuvent s’aimer « l'un l’autre ardemment d’un cœur pur» : la Parole nous enseigne, au contraire, que c'est en la maintenant et en y obéissant. L’obéissance à la vérité ne peut nous conduire sous prétexte d'amour fraternel large, à marcher avec tous et à aller en tout lieu où se rassemblent les chrétiens. Elle nous tiendra dans la séparation. L'enseignement des passages déjà considérés rend évident, pour tout esprit non prévenu et soumis à l'autorité des Écritures, le fait que la position des fidèles doit être dans la séparation. Non dans l'isolement, 2 Timothée 2, 22 nous le montre avec autant de clarté. Il en est, dans la maison de Dieu, dont le croyant doit se séparer, d'autres avec lesquels il est exhorté à « poursuivre la justice, la foi, l'amour, la paix ». L'ennemi a sans doute réussi à susciter, au sein de la chrétienté, bien des divisions qui sont à notre honte parce que nous avons été trop souvent ses instruments dans l'accomplissement de cette œuvre de destruction, mais aussi la grâce de Dieu a, opéré pour maintenir dans la séparation, en obéissance à sa Parole, ceux qui désirent, malgré bien des faiblesses dont ils se sentent coupables, «poursuivre la justice, la foi, l'amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un cœur pur ». Que cette même grâce agisse pour les garder fidèles jusqu'au bout, séparé intérieurement et extérieurement! Ont-ils la prétention, qu'on leur attribue gratuitement, d'être les sens enfants de Dieu ? Accusation cent fois repoussée et réfutée, pourtant sans cesse renouvelée... Ils savent bien qu'il y a des enfants de Dieu dans maintes dénominations chrétiennes, nous voulons espérer dans toutes. Le même passage cité, du chapitre 2 de la 2ème Épître à Timothée, nous dit que «Le Seigneur connaît ceux qui sont siens ». Tous ceux« qui sont siens », sans qu'il soit question ici de degré de connaissance ou même de fidélité dans la marche pratique, ont leur place préparée la maison du Père, Tous les croyants, nés de nouveau, y seront rassemblés pour l’éternité. Mais de cela on tire argument : puisque nous serons tous ensemble dans le ciel, pourquoi ne pas être tous ensemble sur la terre ? Sans doute in serait beau de voir les enfants que Dieu tous réunis, ne formant qu’un, anticipation ici-bas de ce qui sera goûté là-haut! N'en serait-il pas ainsi d'ailleurs si chacun d’eux avait « un cœur pur» ? Le ciel sera le lien de la pureté parfaite, tout y sera lumière comme aussi tout y sera amour; aucune souillure n'y pénétrera jamais et ne peut y pénétrer, car ce ne serait plus le ciel. De sorte que l'on ne peut connaître quelque chose du ciel sur la terre, dans le rassemblement des enfants de Dieu, que dans la mesure où s'y trouvent maintenus inséparablement sainteté, vérité, amour. C'est là précisément le témoignage qu'ont à rendre ici-bas les enfants de Dieu. Tous ceux qui l'ont compris sont responsables devant. Dieu de maintenir, avec tout l'indispensable secours de sa patience et de sa grâce, un tel témoignage rendu à Celui qui est « le saint, le véritable» (Apocalypse 3, 7), le «témoignage de notre Seigneur », un témoignage dont il convient de ne pas avoir honte (2 Timothée 1, 8). N'en aurait-il pas honte peut-être, au fond de son cœur, celui qui désire être considéré comme esprit large et tolérant, prêt à marcher avec tous les chrétiens, dans la méconnaissance des enseignements de 2 Timothée 2, 19 à 22 et 1 Pierre 1, 22 ? En écrivant cela, nous n'oublions pas que le Seigneur seul connaît ses témoins, son témoignage. Notre privilège, et notre responsabilité en même temps, est de pouvoir nous joindre à ceux qu’il nous fait reconnaître comme l’invoquant « d’un cœur pur», afin de rendre témoignage avec eux. Les vérités que nous venons de rappeler sont très simples à saisir. Elles peuvent provoquer, nous l'avons vu, certaines questions, auxquelles d'ailleurs la Parole répond elle-même; mais elles soulèveront aussi parfois des questions d'un autre caractère, provenant d'un manque de simplicité et de soumission à l'Écriture, dénotant un esprit porté à raisonner: en fait, c'est toujours le «Quoi, Dieu a dit?» De Genèse 3, 1. Sans doute en était-il déjà à même aux jours de l'apôtre. Et il est assez remarquable que, dans la même phrase où il présente d'abord l'exhortation à « fuir les convoitises de la jeunesse» et à «poursuivre la justice, la foi, l'amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un cœur pur », il dise ensuite et aussitôt: « mais évite les questions folles et insensées, sachant qu'elles engendrent des contestations» (2 Timothée 2, 23). Sans doute s'agit-il de toutes les questions suscep- tibles d'être mises en avant à propos de la marche du fidèle dans des jours de ruine et de déclin; mais, plus particulièrement peut-être, de celles qui sont en relation avec l'enseignement donné dans les versets l à 22, puisque l'exhortation du verset 23 y fait immédiatement suite. De tout temps, il y eu des « opposants» à la vérité de Dieu et d'autres qui les appuient. N'y en eut-il pas aux jours d’Esdras, lorsque ce sacrificateur fidèle enjoignit au peuple de se « séparer des peuples du pays et des femmes étrangères ? » Il nous est dit : «Jonathan, fils d’Asçaël, et Jakhzia, fils de Thikva, s’opposèrent à cela ; et Meshullam, et Shabthaï, le lévite les appuyèrent » (Esdras 10, 10-11, 15). Ceux dont parle ici l’apôtre ne pourraient être ramenés, et c’est là un principe général, que si Dieu leur donnait « la repentance pour connaître la vérité », les réveillant ainsi « du piège du diable, par qui ils ont été pris ». Ce travail de la grâce de Dieu accompli en eux, ils seraient alors conduits « à faire sa volonté », n’est pas le cœur « purifié » par « l’obéissance à la vérité ? » et non, par la leur propre (2 Timothée 2, 25-26). Le verset 25 nous montre que « les opposants » méconnaissent la vérité, c’est au fond à elle, c’est-à-dire à Dieu lui-même qu’ils s’opposent ; seule la grâce de Dieu peut leur accorder de s’en repentir. Le verset 26 fait ressortir la gravité de leur condition : ils ont été pris dans « piège du diable » : s’opposant à Dieu ils sont des instruments entre les mains de l’adversaire. Pour s'opposer au témoignage, pour essayer de le ruiner, l'ennemi emploie mille ruse, tend des pièges dans lesquels nous risquons de nous laisser prendre si nous ne vrillons pas, si nous ne demeurons pas très près du Seigneur, notre seule ressource. C'est bien l'un de ses pièges les plus dangereux que de mettre en avant l'amour de Dieu, de chercher à l’exalter au dessus de tout, mais en laissant entièrement de côté vérités qui se rattachent, au fait que Dieu est Lumière. Ce n'est plus alors ni l'amour selon Dieu ni la vérité de Dieu! L'adversaire essaie de persuader les chrétiens, les croyants même, que Dieu est tellement Amour qu'Il n'est pas toujours Lumière. Dans le ciel, suggère-t-il, tous les croyants seront rassemblés pour jouir de l'amour de Dieu; puisque ce sera leur incessante occupation pour l'éternité, n'est-ce pas de cela, et de cela seulement, qu'ils doivent être occupés ici-bas? En apparence, c'est excellent que l’on comprenne que le cœur de plusieurs soit séduit. Comme l'ennemi est rusé, comme il sait bien tromper les âmes! Il est « menteur, et le père du mensonge» et « il n'y a pas de vérité en lui» (Jean 8, 44). Ce qu'il ne dit pas, nous l'avons remarqué déjà, c'est que dans le ciel, tout sera amour mais aussi lumière; tout resplendira de la gloire divine en amour et lumière. Les rachetés ne jouiront de l'amour, en perfection, que parce qu'ils seront dans le séjour de la pure lumière, dans le lieu de la sainteté parfaite. Déjà ici-bas, nous ne pouvons goûter l'amour de Dieu que dans la mesure où nous demeurons dans la lumière. Répétons-le, c'est l'objet du témoignage qu’est appelée à rendre dans ce monde « l'assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité» (1 Timothée 3, 15) : elle doit faire connaître Dieu, Lumière et Amour (1 Jean 1, 5 ; 4, 8), le Dieu qui s'est pleinement révélé dans la personne et par l'œuvre de son Fils. «Et sans contredit, le mystère de la piété est grand: Dieu a été manifesté en chair, a été justifié en Esprit, a été vu des anges, a été prêché parmi les nations, a été cru au monde, a été élevé dans la gloire» (1 Timothée 3, 16). Une vie de piété, de fidélité dans le témoignage que nous sommes responsables de maintenir dans les « temps fâcheux» des « derniers jours », nous procurera l'approbation de Dieu la joie de sa communion. Mais aussi, elle nous conduira à souffrir : « Et tous ceux aussi qui veulent vivre pieusement dans le christ Jésus, seront persécutés» (2 Timothée 3, 1, 12). Autrefois, ces persécutions ont amené bien des fidèles à subir le martyre ; aujourd'hui, dans nos pays tout au moins, ces souffrances sont plutôt morales et elles doivent être supportées surtout, quelque surprenant que cela paraisse, de la part de ceux qui se trou vent dans la maison de Dieu. Dans le verset précédent, l'apôtre, parlant de « ses persécutions, ses souffrances », mentionne uniquement celles endurées de la part des Juifs, peuple terrestre de Dieu, peuple dont il faisait lui-même partie; ne se borne-t-il pas à rappeler celles-là pour montrer que, dans un temps de ruine, le fidèle aura à supporter des souffrances de la part de ceux qui, extérieurement, constituent le peuple de Dieu, la maison de Dieu au sein de laquelle se trouvent aussi «ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus » ? Il s'agit là, est-il besoin de le préciser, des souffrances que nous avons à endurer si nous sommes fidèles; bien différentes sont celles que nous pouvons avoir à subir en raison de nos infidélités. Dans le premier cas, nous connaissons quelque chose de l'opprobre de Christ; dans le second, nous jetons de l'opprobre sur son nom et son témoignage. Notre paresse spirituelle, allant d'ailleurs souvent de pair avec une grande activité dans le domaine des choses matérielles, l'intérêt que nous manifestons pour tout ce qui est nouveau et qui croît généralement en raison inverse de celui que nous portons à la Parole, un manque de dépendance de Dieu qui nous conduit à nous laisser guider par nos propres pensées, nos sentiments, tout cela nous amène à dé- sirer et à rechercher autre chose que ce que Dieu nous propose, et explique bien des associations ; par mariage dans le service ou de toute autre manière, plus ou moins étroite sous les motifs les plus divers, excellents en apparence, avec ceux dont la Parole nous enjoint de nous séparer. Et notre faiblesse spirituelle est si grande que non seulement nous n’avons pas, bien souvent, la force nécessaire pour juger le mal, mais encore, en tant de circonstances, nous n’avons même pas le discernement ! En d’autres temps, alors que des alliances profanes avaient conduits le peuple de Dieu à abandonner la position de séparation qui devait être la sienne, un Esdras s’humiliait, confessait le péché du peuple et puis se levait pour agie, exhortant tout les hommes de Juda et Benjamin à « faire confession devant l’Éternel » d’abord, à « faire ce qui lui est agréable » ensuite, enfin réaliser une entière séparation « des peuples du pays et des femmes étrangères » (Esdras 10, 11 : lire les chapitres 9 et 10). Dieu veille susciter aujourd’hui un même esprit d’humiliation et de confession, une même énergie pour agir ! Puisse-t-il réveiller le zèle de ceux auxquels, par grâce, Il a voulu confier son témoignage, afin qu’il soient rendus capables de la maintenir dans une sainte séparation selon les enseignements de 2 Timothée 2, 19 à 26 et 1 Pierre 1, 22, ne perdant pas de vue que cette séparation ne doit pas être extérieure seulement, une sorte de pharisaïsme, mais avant tout intérieure, pour le Seigneur, de telle manière que nous remplissions fidèlement e service auquel nous sommes exhortés: «Si donc quelqu'un se purifie de ceux-ci des vases à déshonneur », il sera un vase à honneur, sanctifié, utile au maître, préparé pour tonte bonne œuvre». P. F. ________________________________ INTRODUCTION À L’ÉTUDE DES ÉVANGILES Jean 3-4 (Suite de la page 17) En récapitulant le contenu des trois premiers chapitres, on voit clairement qu’ils servent d’introduction du reste de l'Évangile : Dieu s’est révélé non seulement en la Parole, mais encore en la Parole faite chair, dans le Fils qui nous a fait connaître le Père. L’œuvre du Fils, comme Agneau de Dieu, est pour le monde ; sa puissance est communiquée à l’homme par le Saint Esprit. Il a, sur la terre, les anges à son service, non point seulement comme étant Fils de Dieu et le Roi d’Israël, mais aussi en sa qualité de Fils de l’homme, objet des conseils de Dieu, dont l’accomplissement glorieux et visible pour tous aura lieu au millénium, lors de l’exécution du jugement et de la célébration des noces avec Israël. Alors Jérusalem et son temple préalablement mis de côté, parce que le peuple Juif a méconnu Jésus comme Roi et comme Fils de Dieu, formeront le centre de la gloire terrestre. Bien que jésus soit rejeté, ses droits sont prouvés d’avance, et d’une nouvelle manière, par sa mort et par sa résurrection, fait capital ce qui explique et le jugement et la bénédiction futurs. En liaison avec la mort et la résurrection de Christ, une autre vérité apparaît devant nos yeux ; c’est l’état de l’homme. La présence de Dieu lui-même sur la terre, son incarnation, ne suffit pas ; le mal de l’homme est sans remède ; l’homme est moralement jugé. Pour atteindre le royaume de Dieu, promis au Juif, il faut être né de nouveau ; même pour le royaume, la nouvelle naissance est nécessaire. Mais l'Esprit ne se borne pas à son œuvre à ceux seuls auxquels les promesses ont été faites. Semblable au vent, il souffle où il veut; et, si Christ, le Fils de l'homme, a été mis en croix au lieu de s'asseoir sur le trône de David, les conséquences de sa mort, loin d'être restreintes aux bénédictions temporelles prédites au peuple juif, ne sont rien moins que la vie éternelle pour tous ceux qui croient, vie éternelle, qui exprime, en même temps, la grâce complète de Dieu, puisqu'il a donné son Fils unique afin que les hommes y eussent part. Enfin, les paroles que Jean-Baptiste adresse à ses disciples rendent également témoignage à la personne glorieuse de Jésus, à son propre témoignage divin et aux conséquences éternelles qui en résultent, soit pour la foi, soit pour l'incrédulité. Le chapitre 4 nous montre Jésus, en dehors de Jérusalem et du peuple de la promesse, au milieu des Samaritains. Quittant la Judée à cause de la jalousie des pharisiens, le Seigneur, lassé du chemin, se tenait assis sur le bord d'un puits près de la ville de Sichar. Quel contraste avec la gloire du Fils, et quelle humiliation! Mais pour que la grâce se manifeste, il faut que la gloire s'abaisse. C'est Jésus qui adresse la parole à la femme étrangère, et celle-ci s'en étonne ; à juste titre, puisque les Juifs n'avaient point de relations avec les Samaritains; mais qu'eût-elle dit, cette femme, si elle avait su que c'était le Fils de Dieu qui lui demandait à boire? Jésus lui répond: «Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est celui qui te dit: Donne-moi à boire, toi, tu lui eusses demandé, et il t'eût donné de l'eau vive. » Voilà la grâce quant à l'homme, la vérité quant à Dieu. Jésus connaissait l'état de cette pécheresse ; mais la grâce ne fait pas de reproche ; il ne s’agit point de ce qu’est la Samaritaine. Celui qui, manifestation vivante de Dieu son Père, était là pour gagner l’affection de cette femme et de la bénir, Lui, le Dieu de toute grâce, s’était abaissé jusqu’à demander de l’eau à la Samaritaine, afin de lui ouvrir ses trésors : « quiconque boit de cette eau-ci aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, moi, n’aura plus soif, à jamais ; mais l’eau que je lui donnerai, sera en lui une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle. Cette eau dont parle Jésus, c’était le Saint Esprit donné par le fils, non pas sur le pied de la loi, mais selon la grâce de l’évangile. La Samaritaine, bien que désireuse de recevoir ce don, ne comprenait naturellement point de quoi il s’agissait, et le Seigneur saisit cette occasion pour montrer que tout d'abord, la conscience doit être atteinte le sentiment du péché mis en éveil, avant que l'homme puisse comprendre la grâce et que celle-ci produise des fruits. Jésus dévoile à cette femme sa vie passée et présente, et elle s'écrie: « Seigneur je vois que tu es un prophète ». Reconnaissant que Dieu lui-même s'adressait à elle dans les paroles qu’elle venait d'entendre ; toutefois comme pour échapper à cette épreuve de son propre cœur, et pour éclaircir en même temps une difficulté qu'elle n'avait pu résoudre la Samaritaine ajoute : « Nos pères ont adoré sur cette montagne-ci, et vous, vous, vous dites qu'à Jérusalem est le lieu où il faut adorer. Jésus lui répond sur ce même terrain, en lui révélant que toute espèce d'adoration terrestre est jugée, et que désormais c’est le Père, non plus un inconnu, que l'on doit adorer. Il ne méconnaît pas les privilèges juifs: «Nous, nous savons ce que nous adorons, car le salut vient des Juifs », mais il ajoute : «L'heure vient, et elle est maintenant, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité: car aussi le Père en cherche de tels qui l'adorent. Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l'adorent en esprit et en vérité.» Ces paroles amènent le dénouement. La Samaritaine répond : « Je sais que le Messie, qui est appelé le Christ, vient. Quand celui-là sera venu, il nous fera connaître toute choses.» Jésus répliqua : «Je le suis, moi qui te parle ». Sur ces entrefaites arrivent les disciples, et la femme se rend à la ville, laissant sa cruche, mais emportant dans son cœur le don de Dieu. Son témoignage est empreint de ce qui a pénétré son cœur : « Venez, voyez un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait : celui-ci n'est-il point le Christ ? » - « Quiconque croit que Jésus est le Christ est né de Dieu» (1 Jean 5, 1). Bien que peu de chose, comparé avec tonte la gloire de Jésus, ce témoignage était véritable et réel ; or à celui qui a il sera donné. Les disciples s'étonnent que Jésus ait parlé avec une femme; ils étaient incapables de se figurer ce qui venait d'avoir lieu, et leurs pensées, comme auparavant celles de la Samaritaine, n'étaient qu'aux choses de la terre. «Rabbi, mange», disent-ils, mais Jésus leur répond: «J'ai de la viande à. manger flue vous, vous ne connaissez pas.» Ils comprennent le sens de ses paroles, aussi peu que sa grâce, et le Seigneur continue: « Ma viande est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé, et d'accomplir son œuvre. Ne dites-vous pas, vous: Il y a encore quatre mois, et la moisson vient ? Voici je vous dis: Levez vos yeux et regardez les campagnes, car elles sont déjà blanches pour la moisson. Celui qui moissonne, reçoit un salaire, et assemble du fruit en vie éternelle; afin que et celui qui sème et celui qui moissonne se réjouissent ensemble ; car en ceci est vérifiée la vraie parole : L’un sème et un autre moissonne. Moi je vous ai envoyé moissonner ce à quoi vous n’avez pas travaillé ; d’autres ont travaillé, et vous, vous êtes entrés dans leur travail ». (À suivre) _____________________________ DEMEURE DANS LES CHOSES QUE TU AS APPRISES (2 Timothée 3, 14 et 4, 1, 5) Le Seigneur nous parle par sa Parole et c’est une chose merveilleuse. Dans ces versets, il nous dit deux choses auxquelles nous devons prêter la plus grande attention, car les avertissements que nom; trouvons dans ces passages se rapportent particulièrement aux circonstances que nous traversons clans ces derniers jours. Le mal est pleinement manifesté, et il nous est dit: «mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises ». Le Seigneur nous dit de demeurer dans les choses alors que Satan insinue que c’est bien inutile maintenant, que tout est fini, que le mal abonde tellement qu'il ne reste plus rien, cherchant ainsi à remplir nos cœurs de ténèbres et d'incrédulité. C'est dans de tels moments que la voix du Seigneur se fait entendre pour noud dire : «demeure dans les choses que tu as apprise ». Si Timothée avait appris par renseignement de Paul les choses dans lesquelles il devait demeurer, nous les avons apprises, en ce qui nous concerne, par le même Esprit, dans la Parole. Il ne s'agit pas de théories humaines, mais nous avons été rassemblés par le Saint Esprit autour de la personne du Seigneur Jésus. N'avons-nous pas été séparés de toute organisation humaine pour reconnaître la présence et l'autorité du Seigneur Jésus dans l'Assemblée ? Ne savons-nous pas qui nous a enseigné ce qu'est l'Église, c’està-dire son Corps? Les années ont passé, marquées de notre côté par bien des manquements depuis le moment où le Seigneur a ouvert nos yeux pour discerner, par la foi, sa présence au milieu des quelques-uns rassemblés à son nom, et cependant nous pouvons dire que sa présence au milieu de ses saints a été toujours plus précieuse à notre âme. Voudrions-nous abandonner tout cela, tout ce que nous avons appris et dont nous avons joui pendant tant d’années? Les mots que nous venons d'entendre sont doux à nos âmes: « demeure dans les choses que tu as apprises ». Notre Seigneur Lui-même nous le dit, et cette exhortation, encore une fois, nous est adressée au milieu de tout le mal des derniers jours. Cette parole du Seigneur nous suffit entièrement, nous n'avons rien à abandonner de tout ce que nous avons appris de Lui car Il nous dit: « Tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne» (Apocalypse 3, 11). C'est après que ces mauvais jours eurent été décrits et annoncés dans ces deux épîtres à Timothée que le Saint Esprit fit écrire par Jean le merveilleux chap. 17 de son évangile. Nous y trouvons les paroles que le Seigneur prononça avant son départ, elles nous montrent ce qu'Il désirait pour ceux que le Père Lui avait donné. Sans aucun doute, les désirs pleins de tendresse de Christ pour nous s'expriment aussi dans ces mots: « demeure dans les choses que tu as apprises ». Plus nous connaîtrons l'amour invariable de son cœur, plus nous désirerons demeurer dans les choses que nous avons apprises. Ces désirs de Christ pour nous, pourraient-ils nous donner la pensée que, puisque le mal et la ruine ont été introduits, nous n'avons plus qu'à nous replier sur nous-mêmes et cesser de proclamer devant le monde notre unité avec Lui et avec nos frères? La fidélité individuelle de même que la responsabilité de chacun au sein du mal et du désordre résident en ceci: « demeure dans les choses que tu as apprises». Remarquons maintenant l'ordre de ces versets en 2 Timothée. Premièrement l'instruction de demeurer dans les choses apprises, secondement de faire l'œuvre d'un évangéliste, accomplir pleinement son service... etc. Il ne nous appartient pas d'inverser cet ordre. Si pauvres et faibles que nous savons, le Seigneur nous a donné une responsabilité dans l'Assemblée de Dieu. Quel temps pour la foi! Malgré les efforts de Satan dans le temps présent, sachons élever nos cœurs au niveau de l'amour de Christ pour son Église. Il coule, comme un fleuve. L'amour de Dieu coulera aussi par nous dans l'évangile, envers le monde entier. Demeurons dans les choses que nous avons apprises, n'abandonnons pas un iota de ces précieux enseignements; nous aurons alors un champ plus vaste pour prêcher la Parole et faire l'œuvre d'un évangéliste. Nous voyons en Jean 1, comment le cœur du Seigneur prend tous ceux que le Père lui a donnés et si, après tout, le mal s'est introduit dans l'Église professante, ne prendrions-nous pas dans nos cœurs l’amour de Christ, tous ceux qui sont siens ? Il nous montrera alors comment, tout en nous purifiant des vases à déshonneur, nous pouvons en même temps exercer un service d’amour envers tous les siens. Mais au milieu de la confusion présente et devant les efforts incessants de l’ennemi, écoutons ce que le Seigneur nous dit : « Demeure dans les choses que tu as apprises ». Que cette parole reste gravée dans nos cœurs ! C.S. ______________________________ PENSÉE Ce n’est pas toujours en corrigeant les manquements portés à notre connaissance, que sont guéries les sources de nos misères ; celles-ci disparaissent lorsque les âmes sont nourries des choses qui sont de Christ. Nous devons y penser. Tout en nous nourrissant nous-mêmes de Christ, et il nous donne de la faire sans y poser de limites, notre propre devoir est d’amener d’autres âmes à respirer une nouvelle atmosphère remplie de Lui. J.N.D. ………………………………………… LA LÈPRE (Lévitique 13) Parce que Dieu habitait au milieu du camp d'Israël, rien ne devait y subsister qui fût incompatible avec sa présence. «Tout lépreux» devait être mis «hors du camp» : «Et l'Éternel parla à Moïse, disant: Commande aux fils d'Israël qu'ils mettent hors du camp tout lépreux... Tant homme que femme, vous les mettrez dehors; vous les mettrez hors du camp, afin qu'ils ne rendent pas impurs leurs camps, au milieu desquels j'habite» (Nombres 5, 1 à 4). Pour obéir à ce commandement de l'Éternel, il convenait donc de déterminer, de façon certaine, le caractère du mal; en effet, si aucun lépreux n'avait place dans le camp, par contre nul ne devait en être exclu s'il n'était prouvé d'indubitable manière qu'il avait une plaie de lèpre. Qui était qualifié pour procéder à l'examen d'un présumé lépreux et prononcer ensuite? Le sacrificateur seul. Remplissant son service dans le sanctuaire, il avait l'intelligence de ce qui convient à la présence de Dieu et savait ce qui est incompatible avec elle. Par ailleurs, la communion avec Dieu, réalisée dans le sanctuaire, est indispensable pour être gardé, d'abord de ses propres pensées (susceptibles de nous conduire, tantôt à des jugements hâtifs, à des exclusions précipitées, tantôt au contraire à tolérer le mal, ensuite de toutes les influences pouvant s'exercer soit pour faire maintenir dans le camp celui qui pourtant est souillé, soit pour faire déclarer lépreux celui que l'on voudrait «hors du camp» bien que, selon Dieu, il y ait sa place. Vivant dans le sanctuaire, le sacrificateur avait donc un jugement moral qui lui permettait de discerner le véritable caractère du mal chez celui qui lui était amené; mais encore, il possédait un guide sûr: ce que l'Éternel avait dit à Moïse et Aaron. Il lui suffisait donc de connaître les enseignements divins et de les mettre en pratique avec l'intelligence spirituelle que seule peut donner la communion avec le Seigneur. Comme l'Éternel habitait autrefois au milieu du camp d'Israël, Dieu est aujourd'hui, par son Esprit, présent dans l'Assemblée et il est également vrai que le Saint Esprit habite dans le croyant (1 Corinthiens 3, 16 et 6, 19): Par conséquent, aussi bien chez le croyant que dans l'assemblée, rien ne doit être de nature à attrister le Saint Esprit (Éphésiens 4, 30), toute, souillure doit être ôtée si elle y a pris place. La souillure du péché, dont la lèpre est l'emblème, est incompatible avec la présence de Celui qui a «les yeux trop purs pour voir le mal» (Habakuk 1, 13). Puissions-nous, habiter le sanctuaire pour comprendre toujours ce qui convient à la présence de Dieu et être ainsi préservés nous-mêmes de toute plaie de lèpre, comme aussi pour être rendus capables de remplir un service de sacrificateurs, ne perdant pas de vue que ce service ne se limite pas à la présentation de «sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ ». Disons même que nous ne réaliserons le caractère de « sainte sacrificature» de 1 Pierre 2, 5 que dans la mesure où nous aurons rempli, chaque fois que cela est nécessaire, le service de sacrificateur de Lévitique 13. Soulignons le fait que si les enseignements de ce chapitre peuvent s'appliquer à une âme encore dans son état de péché, ils nous sont plus spécialement donnés comme concernant directement l'un de ceux qui faisaient partie du camp d'Israël, aujourd'hui de l'assemblée de Dieu. Encore une remarque: une accusation portant sur un fait précis et la dénonciation d'un mal moral, existant ou supposé, sont deux choses différentes; dans le premier cas, l'accusation doit être prouvée par « deux ou trois témoins» (cf. Nombres 35, 30 ; Deutéronome 17, 2 à 7 et 19, 15; Matthieu 18, 16; Jean 8, 17 ; 2 Corinthiens 13, 1 ; 1 Timothée 5, 19 et Hébreux 10, 28), dans le second, il s'agit de discerner un état en procédant à l'examen, patient et scrupuleux, de certains signes et cela est sans doute beaucoup plus difficile que de recueillir la déposition de «deux ou trois témoins» pour établir le bien-fondé, ou faire apparaître la vanité, d'une accusation. Cela nous fait comprendre l'importance du service de sacrificateur tel qu'il nous est présenté dans le chapitre 13 du Lévitique. Dans ce chapitre, il est question de la lèpre d'abord dans un homme, ensuite dans ses habitudes. 1. La lèpre, mal moral chez un individu (v. 1 à 46) Le jugement que le sacrificateur sera appelé à formuler au sujet du présumé lépreux qui lui est amené ne doit pas être basé sur ce que l'on a. pu lui dire ; « le sacrificateur verra la plaie ». L'examen dont il est question au verset 3 lui permet de faire deux constatations: a) «Le poil dans la plaie est devenu blanc.» C'est un signe que le mal opère: il produit le dépérissement de ce qui manifestait l'énergie de la vie (comparez Cant. des Cantiques 5, 11 avec Osée 7, 9). b) «La plaie paraît plus enfoncée que la peau de sa chair. » Il y a donc non pas seulement certaines manifestations extérieures (le poil devenu blanc) mais un mal intérieur que l'œil du sacrificateur a discerné. Ces deux signes suffisent; s'ils sont manifestés, « c'est une plaie de lèpre» et le sacrificateur doit déclarer «impur» celui chez lequel il les a vus. Au verset 4, il s'agit d'un cas différent car on ne voit aucun des deux signes dont il est parlé dans le verset précédent. Cependant, le sacrificateur ne peut se, prononcer immédiatement et déclarer pur celui qu'il a examiné, car «la tache, dans la peau de sa chair est blanche ». Afin de voir comment évoluera cette «tache », il le fait « enfermer pendant sept jours» ; c'est une situation provisoire, celle d'une personne à l'égard de laquelle aucune décision définitive ne peut encore être prise mais qui, en attendant, doit être tenue à l'écart. La sainteté doit être gardée dans le camp d'Israël, l'Éternel y habite; or le sacrificateur a vu une tache blanche, peut-être y a-t-il là une plaie de lèpre? En dehors des indications qu'elle fournira au sacrificateur, cette mise à l'écart répond à un double but: en premier lieu, placer celui qui en est l'objet en dehors de l'influence de tout ce qui pourrait être, pour lui, une occasion de développement du mal; deuxièmement, empêcher que d'autres soient atteints. Au terme de ces «sept jours », le sacrificateur constate que «la plaie est demeurée à ses yeux au même état, la plaie ne s'est pas étendue dans la peau» (v. 5). Va-t-il donc déclarer pur celui qui est l'objet de son observation? Rien ne paraît s'y opposer. Mais quel souci de ce qui est incompatible avec la présence de Dieu et quelle défiance de soi-même : c'est « à ses yeux» que la plaie est demeurée au même état et peut-être a-t-il mal discerné? Aussi fait-il « enfermer pendant sept autres jours» celui à l'égard duquel il ne peut encore se prononcer (v. 5). Après ce nouveau temps d'attente, il examine une fois de plus: « et voici, la plaie s'efface, et la plaie ne s'est pas étendue dans la peau », aussi « le sacrificateur le déclarera pur» (v. 6). Mais si, par contre, ce nouvel examen permettait de constater que «la dartre s'est beaucoup étendue dans la peau »; « alors le sacrificateur le déclarera impur: c'est une lèpre» (v. 7 et 8). Faisons ici une remarque importante: dans chaque cas où la plaie présente des caractères tels qu'il faut attendre une fois ou même deux fois «sept jours », il n'est question, lors de l'examen qui permettra de prononcer, que d'un seul indice sur lequel se base le sacrificateur pour déclarer qu'il s'agit d'une «plaie de lèpre» : la plaie «s'est étendue» ou encore, «s'est beaucoup étendue ». Citons les passages à l'appui: v. 7 et 8, 22, 27, 35 et 36, 51 (au chap. 14, voir les versets 39 à 41 et 44-45). Dans les versets 9 à 11, il s'agit, comme au verset 3, d'un cas ne laissant aucun doute au sacrificateur chargé de l'examiner. «Il y a une tumeur blanche dans la peau », signe d'un mauvais état manifesté en ce que la tumeur « a fait devenir blanc le poil» : il est visible que, la tumeur est active, que le mal opère. Enfin, «il y a une trace de chair vive dans la tumeur» : la chair est en pleine activité et Galates 5, 19 à 21 nous dit ce que sont « les œuvres de la chair ». Lorsque le sacrificateur a fait ces trois constatations, il n'a pas besoin de «faire enfermer pendant sept jours» celui qu'i a examiné: « c'est une lèpre invétérée dans la peau de sa chair », «alors le sacrificateur le déclarera impur; il ne le fera pas enfermer, car il est impur ». Le principe qui conduit à attendre patiemment une fois et même deux fois sept jours si c'est nécessaire, n'implique pas que l'on doive tolérer le mal quand il a été clairement mis en évidence. Le lépreux ne peut être déclaré pur que lorsque « la lèpre couvre toute la peau» (v. 12 et 13). Il n'y a là aucun paradoxe. C'est seulement quand un pécheur a pris sa vraie place devant Dieu, reconnaissant son état et le confessant avec humiliation, qu'il peut être déclaré pur ; tant qu'il estime voir en lui une place non couverte par la lèpre, il n'en a pas fini avec lui-même. Naaman en est un exemple; lorsqu'il disait: «il promènera sa main sur la place malade et délivrera le lépreux », il n'avait pas encore compris que c'est le corps tout entier qui est malade! (2 Rois 5, 11). « Et le jour où l'on verra en lui de la chair vive, il sera impur» (v. 14 et 15). Chaque fois que la chair est en action il y a impureté, car elle ne peut faire autre chose que pécher; «mais si la chair vive change et devient blanche...» (v. 16 et 17) : il ne s'agit en aucune façon d'une amélioration de la vieille nature, chose impossible; c'est la preuve que la chair ne se manifeste plus, bien qu'elle soit toujours là, Romains 6, 11 étant réalisé. Dans les versets 18 à 28, nous avons deux cas différents d'éruption de lèpre, le premier se référant à une cause intérieure, le second à une cause extérieure. En fait, toutes les plaies de lèpre, quelles qu'elles soient, ne peuvent avoir que l'une ou l'autre de ces deux causes. a) versets 18 à 23. Il y a eu, dans la peau, « un ulcère» maintenant guéri, mais «à l'endroit de l'ulcère» apparaît «une tumeur blanche, ou une tache blanche, roussâtre». Notre cœur naturel peut se manifester de bien des manières qui montrent que nous n'avons pas su mettre en pratique Romains 6, 11: «Tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus ». Une manifestation semblable, si passagère qu'elle soit, peut être l'occasion d'une véritable souillure, d'une lèpre. Un exemple: nous éprouvons à l'égard d'un de nos frères un mauvais sentiment, traduit par un acte que Dieu ne pourrait approuver; bien que cela soit tout à fait occasionnel, ce peut être, si la chose n'a pas été jugée à fond, le point de départ d'une véritable haine (comparer la progression dans les passages suivants: 1 Jean 3, 17, 2, 9 à 11 et 3, 15), alors que pourtant nous croyions avoir tout oublié. Dieu permettra sans doute que l'état de notre cœur soit manifesté afin que le mal puisse être jugé jusqu'à la racine; nous pensions que l'ulcère était complètement guéri, mails cependant il demeurait « à l'endroit de l'ulcère, une tumeur blanche, ou une tache blanche roussâtre ». L'intervention du sacrificateur est alors nécessaire et les différents cas dont il a été question dans les versets 3 à 8 nous sont présentés dans les versets 20 à 23. b) versets 24 à 28. Ici, ce n'est pas un ulcère guéri, c'est «une brûlure de feu », dont la marque est «une tache d'un blanc roussâtre ou blanche ». Tandis que l'ulcère est un mal d'origine intérieure, la brûlure a une cause extérieure. Alors que les versets 18 à 23 nous donnent un enseignement s'appliquant à des sentiments de nos cœurs naturels, susceptibles de provoquer l'éruption d'une plaie de lèpre, le verset 24 nous présente cette même plaie de lèpre comme pouvant survenir à la suite de circonstances par lesquelles nous sommes passés et qui ont donné occasion à la chair de se manifester. « Tout arrive également à tous: un même événement au juste et au méchant...» (Ecclésiaste 9, 2) ; des circonstances peuvent survenir dans la vie d'un croyant, semblables à celles qui affectent les incrédules, mais que Dieu permet pour éprouver l'état de nos cœurs. C'est la «brûlure de feu». Ces circonstances, permises ou même ordonnées par Dieu pour nous mettre à l'épreuve, produiront des résultats complètement opposés suivant qu'elles feront agir en nous le nouvel homme, ou, au contraire, la chair. Proverbes 30, 33 nous parle de ces différents résultats : « Car la pression du lait produit le beurre, et la pression du nez fait sortir le sang, et la pression de la colère excite la querelle ». Là encore, nous avons les divers cas dont il a déjà été parlé dans les versets 3 à 8. (À suivre) ______________________________________ LETTRE À UN FRÈRE ¹ Sur les Relations des chrétiens entre eux ¹ Cette lettre, qui a déjà paru en 1914, a fait l'objet d'un tirage à part qui est actuellement épuisé, c'est pourquoi, étant donné son intérêt actuel, nous avons estimé utile de la publier à nouveau. Tout en sentant mon incapacité pour répondre à vos questions d'une manière satisfaisante, j'essaierai de le faire avec le secours du Seigneur. Pour plus de clarté, je résume vos questions de la manière suivante: 1. Puis-je aller écouter les prédicateurs de l'Évangile, lors même qu'ils se rattachent à tel ou tel système religieux de la chrétienté ? 2. Puis-je m'associer à eux dans leur œuvre? 3. Quels rapports dois-je avoir avec les enfants de Dieu appartenant aux diverses dénominations de la chrétienté? Quant au premier point, la parole de Dieu ne donne pas de règles à suivre, ou (Les textes formels, pour tel ou tel cas. Elle s'adresse à l'intelligence spirituelle, et l'éclaire par des faits et des enseignements qui établissent les principes selon lesquels le chrétien doit agir. Pour que nous soyons en mesure d'appliquer ces principes à notre marche, il faut que l'amour pour Christ remplisse notre cœur, 'et qu'il soit le motif qui nous fasse agir. L'apôtre Paul dit aux Philippiens : « Et je demande ceci dans mes prières, que votre amour abonde encore de plus en plus en connaissance et toute intelligence, pour que vous discerniez les choses excellentes, afin que vous soyez purs et que vous ne bronchiez pas jusqu'au jour de Christ, étant remplis du fruit de la justice, qui est par Jésus Christ, à la gloire et à la louange de Dieu» (Philippiens 1, 9-11). L'amour que nous avons pour une personne est le guide le plus perspicace pour nous enseigner ce qui lui est non seulement agréable, mais le plus agréable. C'est une chose bonne d'aller entendre une prédication de l'Évangile, mais ce sera peut-être une chose excellente de n'y pas aller. Pour comprendre ce que j'ai à faire dans un cas semblable, il ne me faut, pas chercher ce qui m'est agréable, mais ce qui est agréable au Seigneur. Un grand nombre de chrétiens affirment, sans hésiter, que la chose est agréable au Seigneur, parce qu'ils ne prennent en considération que le but poursuivi, le salut des pécheurs; et cela est évidemment une bonne chose, mais s'il s'agit de notre conduite comme chrétiens, ce qui doit avant tout la gouverner, c'est la fidélité au Seigneur. Cette fidélité nous amène à nous séparer de ce qui n'est pas conforme aux enseignements de sa Parole. C'est au prix d'exercices de cœur et de conscience, parfois très pénibles, que le fidèle a dû souvent se séparer d'un grand nombre de chers enfants de Dieu, alors que, s'il n'eût écouté que son affection fraternelle, il serait demeuré avec eux. Mais la fidélité à Christ primait toute autre question et rendait la séparation nécessaire. Cette séparation pour Christ s'est montrée en tout premier lieu par la réunion des enfants de Dieu à la table du Seigneur, car c'est là que la communion trouve son expression la plus élevée et la plus précieuse au cœur du Seigneur et de ses rachetés. Devront-ils la réaliser par des actes de moindre importance, par une association quelconque avec des croyants, dont l'insoumission à la Parole a rendu la communion à la table du Seigneur irréalisable? On objectera qu'en agissant ainsi, nous paraissons juger comme une chose mauvaise leur prédication de l'Évangile. Nullement: le chrétien fidèle ne juge pas autre chose que la position prise par eux, et dans laquelle ils persistent. Je les aime, je me réjouis de ce que l'Évangile est annoncé ; mais je le répète, ma conduite envers ces frères est gouvernée, par la fidélité envers Christ, et non par des sentiments fraternels, ni même par le désir, tout grand et précieux qu'il soit, que Christ soit annoncé dans le monde. Souvenons-nous encore que, si nous ne devons pas être gouvernés par ce qui nous est agréable (et qu'y a-t-il de plus agréable pour un cœur chrétien que d'entendre annoncer l'Évangile?) Mais par ce qui est agréable au Seigneur, nous devons aussi prendre en considération les intérêts de nos frères. Au lieu de regarder à ce que font des frères, pour nous autoriser à faire comme eux, ou, peut-être plus mal qu’eux, nous devons penser que d'autres observent notre conduite pour se diriger d'après elle, surtout ceux qui sont jeunes dans la foi, et ils ne peuvent être blâmés, si nous les avons précédés dans la carrière chrétienne. Les Thessaloniciens étaient devenus des modèles pour tous ceux qui croyaient, dans l'Achaïe. Voyez aussi Philippiens 3, 17, et tant d'autres passages. La Parole ne nous enseigne-t-elle pas que notre marche a son influence sur d'autres, soit en bien, soit en mal? « Faites des sentiers droits à vos pieds, afin que ce qui est boiteux ne se dévoie pas, mais plutôt se guérisse» (Hébreux 12, 13). Nous retrouvons un principe semblable en Romains 14, 13-23, et en 1 Corinthiens 10, 23-33. Nous sommes appelés à renoncer à bien des choses qui, lors même qu'elles seraient permises, peuvent devenir un piège pour des frères faibles. En appliquant ce principe au sujet qui nous occupe, nous comprenons, et nous en avons fait l'expérience que des chrétiens peu exercés au sujet de la séparation qui doit caractériser un témoignage fidèle, et voyant les frères plus avancés qu'eux en expérience chrétienne, courir aux prédications, aux conférences religieuses, etc., s'en autoriseront et s'accorderont la même liberté, et malheureusement, une liberté plus grande encore, pour satisfaire leurs goûts et leurs désirs charnels. Cette tendance les conduit finalement dans le monde, ou, chose pire, hélas! Ils introduisent le monde dans l'assemblée, et ce cas n'est que trop fréquent. Il est donc nécessaire que nous considérions toujours la portée de nos actes pour nos frères, avant de les accomplir. Il y a des limites scripturaires dont nous avons a tenir compte, en toutes choses, comme il y avait des limites pour le pays de Canaan, qui pouvaient être atteintes, mais ne devaient pas être dépassées (Josué 1, 4). Pour nous, ces limites ne sont pas déterminées par un code de lois; elles se discernent spirituellement, quand le cœur est attaché à Christ et nourri de sa Parole, comme les saints de Philadelphie qui, dans leur amour pour le Seigneur, l'avaient gardée et n'avaient pas renié son Nom. C'est dans c'et amour que nous avons à progresser, afin de pouvoir discerner « les choses excellentes». Ce que nous venons de dire sert à la fois de réponse à votre première et à votre seconde question. Quant à cette dernière: «Puis-je m'associer à eux dans leur œuvre?» Je tiens à ajouter une chose de toute importance : Notre intérêt pour le salut des pécheurs doit nous porter à demander au Seigneur qu'il bénisse l'Évangile en tous les lieux où il est prêché, et quels que soient ceux qui le prêchent en vérité. Et cette bénédiction ne manquera pas: grâces à Dieu, il y a beaucoup d'âmes sauvées par la prédi- cation de l'Évangile, en dépit de l'opposition de l'ennemi. Dieu est souverain ; il se sert de qui il veut pour faire entendre le message de grâce aux pécheurs. C'est par sa Parole qu'il opère. Cette Parole, prêchée par n'importe qui, produit du fruit. Le prédicateur n'est qu'un semeur: s'il jette en terre, non de l'ivraie, mais une bonne semence, des résultats seront produits selon le terrain qui la reçoit et que Dieu a préparé; et c'est Dieu, non pas le prédicateur, qui les enregistre. L'infidélité de l'Église, la ruine qui 'en est la conséquence, et qui caractérise même les vrais croyants au milieu de la chrétienté, ne peuvent empêcher Dieu de sauver des pécheurs. Il accomplira son œuvre, Christ bâtira son Assemblée, la salle des noces sera remplie, et Dieu récompensera chacun de ses serviteurs pour son dévouement. Mais ce qui doit gouverner ma conduite, c'est l'obéissance à la parole de Dieu, et non le bien que Dieu accomplit dans ce monde par les instruments qu'il lui plaît d'employer, ni la bénédiction qu'il fait reposer sur leurs travaux. Je puis, quels qu'en puissent être les motifs, m'en réjouir à l'exemple de Paul (Philippiens 1, 18). J'arrive à votre troisième question: «Quels rapports dois-je avoir avec les enfants de Dieu, appartenant aux diverses dénominations de la chrétienté?» Je réponds que je ne dois jamais voir un croyant, ni penser à lui, sans le considérer comme un membre de Christ, comme un membre de son corps, qui a coûté au Sauveur le même sacrifice et a été racheté au même prix que moi-même; le plus faible racheté étant l'objet du même amour que le plus fidèle. L'amour pour tous les croyants, inséparable de l'amour pour Christ, doit nous diriger dans les rapports que nous avons avec des chrétiens, de la communion desquels nous sommes privés à la table du Seigneur. Réunis à cette table, sur le principe de l'unité du corps de Christ, nos cœurs embrassent tous les membres de ce corps, représentés par le seul pain, expression du seul corps. Notre amour pour Christ et pour eux, souffre de ne pas les y voir. S'il en est ainsi, nous sommes gardés de la pensée sectaire qui tendrait à considérer ceux qui entourent cette table, comme étant à eux seuls, l'Assemblée de Dieu. Un amour actif et souffrant de cet état de choses, nous conduira à engager nos frères et sœurs à marcher dans le chemin de l'obéissance, et à réaliser les précieuses bénédictions que la soumission à la parole de Dieu procure. Nous ne perdrons aucune occasion de leur faire du bien de cette manière; nous chercherons leur développement spirituel en leur parlant de Christ, avec la grâce, la bienveillance et la vérité qui ont caractérisé leur Sauveur et le nôtre; mais nous éviterons, dans nos rapports avec eux, tout ce qui pourrait leur faire croire que nous sommes indifférents à la position qu'ils ont prise, et nous ne les oublierons jamais dans nos prières. Si nous cherchons leurs vrais intérêts dans l'amour selon Dieu, nous serons gardés et dirigés dans tous les détails de nos rapports avec eux, sans nous exposer à être inconséquents avec la position de séparation où l'obéissance à la Parole nous a placés. Mais, cher frère, une question bien autrement importante se présente à nous. Sommes-nous vraiment capables d'être utiles à nos frères selon la pensée de Dieu? Pouvons-nous, comme nous le disions plus haut, étant nous-mêmes suffisamment nourris de Christ, les entretenir de Lui ? Notre piété est-elle en proportion de nos connaissances doctrinales? N'avons-nous pas beaucoup à apprendre par la piété de chers enfants de Dieu, auxquels nous pourrions enseigner des vérités qu'ils ignorent, mais qui nous dépassent dans la pratique des choses qu'ils connaissent? Notre amour abonde-t-il en connaissance et toute intelligence, pour discerner les choses excellentes? Toutes ces considérations, et tant d'autres, qui se présentent à notre âme, si nous nous plaçons devant le Seigneur et devant sa Parole, doivent nous engager à user des lumières que nous possédons, avec beaucoup de grâce vis-à-vis de nos frères, et à ne pas faire parade de ces vérités, tout en ayant des cœurs qui échappent à leurs effets, cœurs souvent affaiblis par «les choses qui sont dans le monde». Si notre état pratique ne répond pas à nos connaissances, nous serons en scandale à nos frères, au lieu de leur être en bénédiction. Ah! Si nos cœurs étaient mieux nourris de Christ, nous serions plus intelligents pour résoudre tant de questions qui se posent parmi nous, dans ces jours de faiblesse, et ces questions ne se présenteraient même pas, si notre niveau spirituel était plus élevé. Que le Seigneur veuille nous accorder, avant tout, d'être plus exercés au sujet de notre propre marche, afin de la mettre en harmonie avec la pensée du Seigneur. Puissions-nous l'honorer par une vie fidèle, en marchant à part de tout ce qui caractérise, soit le monde, soit le « camp». Alors nous pourrons être véritablement utiles à tous nos frères dans l'amour selon Dieu, inséparable de la vérité. Votre frère en Christ, S.P. _______________________________________ À PROPOS DE LA PRIÈRE D'ACTES 4, 24-30 Bien que la prière ne fût pas une chose nouvelle, c'est le premier exemple que nous avons d'une prière présentée au sein du nouveau rassemblement formé à Jérusalem le jour de la Pentecôte. Dès les temps les plus anciens, l'homme s'était approché de Dieu pour obtenir aide et faveur. Lors de sa mission si délicate en Mésopotamie, le serviteur d'Abraham s'adresse à Dieu dans une prière simple, afin d'être guidé dans le choix d'une épouse pour l'héritier des promesses faites à Abraham, celui par le moyen de qui les bénédictions devaient se répandre jusqu'aux extrémités de la terre. Sa prière était à peine finie qu'il fut exaucé. Plus tard, lorsque le peuple, appelé à être un témoin permanent, en contraste avec l'idolâtrie, combattait contre Amalek à Rephidim, la victoire fut gagnée grâce à l'intercession de Moïse. (Exode 17, 812.) Dans la vallée, Josué conduisait les troupes à la victoire, car au sommet de la montagne les mains de Moïse étaient élevées en prière vers l'Éternel. La puissance de l'intercession fut ainsi affirmée dès le début aux yeux du peuple d'Israël, parce qu'il y avait au milieu d'eux quelqu'un qui pouvait rassembler dans son cœur les désirs et les besoins du peuple et les présenter devant Jéhovah. La prière devait caractériser la vie nationale d'Israël. Lors de la dédicace du temple, Salomon exprima une prière que nous lisons encore aujourd'hui avec émerveillement. Le temple était un bel édifice, mais c'était aussi une maison de prière pour le peuple d'Israël, et selon le propos de Dieu, pour toutes les nations. Ézéchias déployant devant Jéhovah la lettre d'outrage des Assyriens (2 Rois 19, 14) Néhémie et Daniel, sont d'autres exemples de ceux qui parlèrent à Dieu en faveur du peuple. Ici, en Actes 4, les choses sont différentes. Les croyants nouvellement rassemblés sur la terre, unis par la puissance du Saint Esprit à la Tête exaltée et glorifiée dans le ciel, ne prient pas les uns pour les autres, mais ils prient tous ensemble. L'un d'entre eux parle sans doute, mais sa voix est celle de tous. Chaque cœur vibre en sympathie avec la voix qui s'élève. C'est une nouvelle forme de prière: la prière en Assemblée. Cette réunion de prière est motivée par une crise dans l'histoire des témoins du Seigneur. Le jour de la Pentecôte, par la puissance du Saint Esprit, Pierre avait rendu témoignage à Jérusalem, que Dieu avait exalté Jésus à sa droite et l'avait fait Seigneur et Christ. Les effets de cette prédication avaient été manifestes: trois mille âmes avaient été convaincues, converties, baptisées au nom du Seigneur Jésus et ajoutées à ce nouveau rassemblement. C'est alors que se produisit ce qui est rapporté en Actes 3 et 4. Un boiteux, âgé de plus de quarante ans, qui mendiait chaque jour à la porte du temple appelé la Belle, avait disparu de sa place habituelle. On le retrouva au temple, sautant et louant Dieu. Il y eut une grande agitation, chacun désirant savoir ce qui était arrivé. Les apôtres vendirent témoignage que c'était par le nom de Jésus que cet homme avait été guéri et était devenu un témoin de la puissance de ce nom. Cet évènement mit en lumière ce qu'il y avait dans le cœur du souverain sacrificateur, un sadducéen qui niait la résurrection (Matthieu 22, 23). Quand Jésus Christ fut crucifié puis enfermé dans la tombe avec toute sûreté, les principaux du peuple pensèrent bien que ce nom méprisé était effacé de la terre et qu'ils en avaient fini avec celui qu'ils appelaient le séducteur. Mais voici que se dresse une preuve de la résurrection: le nom d'une personne morte n'aurait produit aucun effet, mais le nom de Jésus avait guéri le boiteux. Donc Jésus était vivant, il y avait là au milieu d'eux un témoin de, l'incrédulité de la nation et de celle du souverain sacrificateur qui était le gardien de l'enseignement religieux. Le conseil des chefs, des anciens et des scribes s'assembla à Jérusalem. Anne, le souverain sacrificateur, était là, ainsi que tous ceux de la race souveraine sacerdotale et ils firent comparaître devant eux les témoins du Seigneur, les questionnant. Le désarroi de ces principaux se trahit par leurs paroles. Ils ne pouvaient rien répondre, au fait que le boiteux connu depuis tant d'années à la porte du temple se tenait maintenant devant eux, plein de force et de santé, parfaitement guéri par le nom de Jésus Christ. « Ils n'avaient rien à opposer. » Mais ils avaient pour eux la force et l'autorité : le souverain sacrificateur, appuyé par le conseil, défendit aux apôtres de parler ni d'enseigner en aucune manière au nom de Jésus. Les apôtres ne promirent pas d'obéir. Leur position était simple, aussi répondirent-ils : «Jugez s'il est juste devant Dieu de vous écouter plutôt que Dieu.» Le souverain sacrificateur, avec toute sa sagesse, n'avait rien à répondre, et après les avoir menacés il les fit relâcher. Pierre et Jean rejoignirent les autres disciples et leur rapportèrent tout ce qui était arrivé et comment on leur avait enjoint de ne plus parler ni enseigner au nom de Jésus. Les autres apôtres ne dirent pas que Pierre et Jean étaient en danger d'être jetés en prison ou mis à mort; ces hommes ne craignaient pas pour leur vie, ils ne craignaient pas «ceux qui peuvent tuer le corps », mais ils voyaient que les autorités de Jérusalem avaient décidé de supprimer le témoignage rendu au nom du Seigneur Jésus Christ. Or, ils devaient rendre témoignage, malgré tout ce que le souverain sacrificateur avait dit. Il s'agissait de l'honneur du nom de Jésus qui leur était en quelque sorte confié. Ils étaient troublés, car les autorités que chacun respectait à Jérusalem ; tout l'ancien Testament montrait quel pouvoir et quelle autorité Dieu avait mis dans les mains du souverain sacrificateur, avaient défendu de parler et d'enseigner en quelque manière que ce fût au nom de Jésus. Aussi Pierre et Jean rendirent-ils compte de ce qui s'était passé, non comme recherchant la sympathie mais demandant plutôt les prières. Ces deux disciples avaient passé la nuit dans un cachot, et sans aucun doute avaient-ils prié ensemble. Maintenant ils rejoignaient les leurs qui déclarèrent en quelque sorte : le pouvoir qui est contre Pierre et Jean est contre toute l'assemblée et nous devons tous ensemble apporter l'affaire devant Dieu en demandant son secours. Aussi «ils élevèrent d'un commun accord leur voix à Dieu». Que dirent-ils? D'abord, ils reconnurent Dieu Lui-même et sa souveraineté : « 0 Souverain! Toi tu es Dieu» ; ils connaissaient ainsi qu'Il a pouvoir sur toute chose. Pierre et Jean venaient justement d'avoir à faire à une autorité établie par Jéhovah Lui-même, mais ils se tournent vers Celui qui est au-dessus de tout, en reconnaissant sa grandeur. « 0 Souverain! Toi, tu es le Dieu qui a fait le ciel et la terre, et la mer, et toutes les choses qui y sont. » Il ne s'agissait pas de réciter une formule, mais il y avait dans chaque cœur un sentiment profond de la puissance infinie de Dieu. D'autres écritures nous font sentir la grandeur et la grâce de Dieu, et cela est doux et encourageant, mais ici c'est une question de puissance; car que pouvait opposer cette petite assemblée à tout le pouvoir du monde? Ils fléchissent les genoux en prière devant Celui qui a fait toute chose et dont la puissance s'exerce en leur faveur. Nous voyons d'abord un emploi intelligent des écritures, sous l'enseignement du Saint Esprit. Ils avaient les écritures dans leur cœur, mais maintenant le Saint Esprit les rendait capables de citer ce qui était approprié à l'occasion en appliquant la lumière de la Parole à leurs circonstances. Leur prière était donc fondée sur la parole écrite de Dieu. Ils n'auraient pas voulu mettre de côté l'autorité du souverain sacrificateur sans y être autorisés par la Parole de Dieu, aussi appuyèrent-ils leur requête sur ce que Dieu Lui-même avait dit. Ils citèrent les deux premiers versets du Psaume 2 qui s'appliquaient spécialement à leur position. À Jérusalem ils étaient un petit groupe, et tout, autour d'eux, jusqu'aux extrémités de la terre, était contre. Dieu et contre son Christ. Le passage cité avait en vue la haine du cœur humain contre Dieu et Celui qu'Il se plaît à honorer; ils pouvaient par le Saint Esprit l'appliquer à son accomplissement historique. C'est ainsi qu'en la présence de Dieu se tient une nouvelle assemblée en contraste avec celle des méchants qui avait crucifié le Messie sur la croix. C'était le même esprit d'opposition, de haine et de meurtre qui enjoignait maintenant à Pierre et à Jean « de ne plus parler ni enseigner en aucune manière au nom de Jésus ». Ces quelques-uns à Jérusalem avaient la pensée de Dieu, tandis que le Grand Prêtre, avec toute sa connaissance et les traditions des anciens derrière lui, était connue le Seigneur. Il y avait encore une chose que savaient les disciples, c'est que l'assemblée des méchants, en accablant le Seigneur Jésus, ne faisait que ce que la main et le conseil de Dieu avaient à l'avance déterminés devoir être fait. Ils considéraient les terribles évènements du Calvaire du point de vue de Dieu ; tout était arrêté à l'avance et Dieu était au-dessus de tout. C'est une grande grâce d'avoir les enseignements de la Parole et de pouvoir considérer les évènements confus de ce monde comme Dieu les voit. Il nous a donné sa Parole afin que nous ayons sa pensée et que nous puissions venir à Lui non comme des ignorants, mais comme ses enfants à qui Il a révélé ses propos. Les disciples exposent donc leur requête: «Et maintenant Seigneur, regarde à leurs menaces », ils nous défendent de faire ce que Tu nous as commandé, comment pouvons-nous résister à ce grand conseil des Juifs? Tu connais leur puissance et notre faiblesse: «donne à tes esclaves d'annoncer ta parole avec toute hardiesse ». La première partie de ce chapitre rappelle (4, 13) que le conseil était étonné en « voyant la hardiesse de Pierre et de Jean ». Ils avaient eu de la hardiesse aujourd'hui, pourquoi en demander pour demain? C'est qu'il s'agit d'un besoin journalier; ceux qui ont été forts dans le passé ne le seront pas nécessairement aujourd'hui. Dans les Écritures la hardiesse signifie que nous pouvons mesurer toute la puissance qui est contre nous et cependant être hardis parce que Dieu est pour nous. Connaissant parfaitement la méchanceté et la subtilité de la puissance du monde, ceux qui connaissent leur Dieu peuvent être vraiment hardis. « Étendant ta main pour guérir et pour qu'il se fasse des miracles et des prodiges par le nom de ton saint serviteur Jésus ». Ils désiraient que le nom de Jésus soit honoré, que Dieu guérisse, non pas seulement les malades à Jérusalem, mais tous ceux qui avaient besoin d'une guérison spirituelle; qu'Il guérisse le peuple de cette apostasie dont les prophètes avaient parlé (Osée 14, 4). Ils ne demandent pas la déposition du souverain sacrificateur, ou que son pouvoir lui soit ôté, mais qu'il puisse être gagné, son âme sauvée et qu'il confesse le nom de Jésus. Y a-t-il quelque chose d'impossible quand Dieu étend la main? «Et comme ils faisaient leur supplication, le lieu où ils étaient assemblés fut ébranlé.» Il y eut, comme à la Pentecôte, un ,signe visible donné pour leur assurance et pour la nôtre, que la prière de ceux qui sont rassemblés au nom du Seigneur Jésus Christ, est entendue dans le ciel et que Dieu donne sa réponse comme Il lui plaît. Les temps peuvent être mauvais et difficiles, mais Dieu est toujours le même et Il honore le nom du Seigneur Jésus Christ. Ce n'était pas que Dieu eût envoyé alors le Saint Esprit en réponse à leur prière, c'est ce qu'Il avait fait à la Pentecôte une fois pour toutes. Ces disciples ne demandèrent pas à être remplis du Saint Esprit, mais ce qui apparaît clairement c'est que les cœurs et les regards étaient tournés vers Christ. Sa gloire était l'objet principal, et le Saint Esprit ne pouvait que remplir chacun, de telle sorte qu'il n'y avait aucune recherche de soi-même. Nous souhaiterions parfois d'avoir vécu cette époque de façon à avoir notre part dans la requête unanime qui suscita une si puissante réponse : Croyons-nous à la prière telle qu'elle nous est présentée dans ce passage, et allons-nous à la réunion de prière avec la Parole de Dieu dans nos cœurs? Quel bonheur quand une réunion de prière s'ouvre par la lecture de la Parole de Dieu, de telle sorte que nous pouvons présenter nos requêtes, encouragés par cette Parole. Ce qui caractérisait ces hommes en Actes 4, c'était d'avoir des cœurs entièrement et uniquement dévoués au Seigneur Jésus Christ. Ils étaient absolument unis, s'inclinant devant le trône de la grâce avec des cœurs pleins d'amour et de ferveur pour le Seigneur Jésus Christ et leur requête eut une prompte réponse. Cette réponse était d'abord dans leur cœur. Dieu commence par là. « Ils annonçaient la parole de Dieu avec hardiesse. » Aussi « la multitude de ceux qui avaient cru était un cœur et une âme; et nul ne disait d"aucune des choses qu'il possédait, qu'elle fût à lui; mais toutes choses étaient communes entre eux ». L'esprit d'unité qui avait animé la réunion de prière n'était pas laissé à la porte, ils l'emportaient avec eux de telle sorte qu'ils partageaient leurs biens l'un avec l'autre. Une grande grâce accompagnait une grande puissance. La puissance sans la grâce serait une chose terrible à posséder. Ils obtinrent une grande grâce en réponse à leur prière; ils étaient, allés au trône de la grâce, là où la puissance de Dieu s'exerce en grâce. La puissance leur avait été donnée non pour détruire leurs ennemis mais pour prier pour eux, pour prêcher, pour témoigner et pour manifester la douceur et la bonté rue Christ. C'est de cela que nous avons besoin. Si nous prions parce que nos cœurs ont été dirigés et enseignés par le Saint Esprit au moyen de la Parole, nous viendrons devant Lui, non avec des mots, des requêtes, des désirs qui proviennent de nos cœurs et de leurs penchants, mais avec des désirs fondés sur sa Parole, et si nous sommes d'un seul cœur, Dieu répondra et bénira. Il y a beaucoup de requêtes placées devant nous pour des personnes dans les difficultés, pour ceux qui sont persécutés, etc. Tout cela est très bon, mais ce dont il nous est parlé ici est quelque chose fondé sur la sainte Parole de Dieu. Nous devons recevoir l'instruction que Dieu nous donne par le moyen de sa Parole, de telle sorte que nous puissions présenter nos requêtes d'une façon juste. Si nous sommes d'un seul cœur et cherchons la pensée du Seigneur telle qu'elle est dans les Écritures, si nos cœurs s'élèvent vers le trône, de la grâce, alors nous pouvons nous attendre à une grande puissance agissant en notre faveur, de même aussi qu'à une grande grâce. W.J.H. _____________________________ INTRODUCTION À L'ÉTUDE DES ÉVANGILES Jean 4 (Suite de la page 53) Le Christ méprisé n'apparaît plus, dans ce chapitre, seulement comme le Fils de l'homme crucifié et le Fils de Dieu donné aux hommes, mais comme étant Lui-même celui qui, en communion avec le Père, donne le Saint Esprit aux croyants, comme puissance de vie et source de l'adoration qui s'adresse à leur Dieu et à leur Père (le Fils naturellement n'en est pas exclu, voir Hébreux 1). Dieu est révélé, et le Père, dans sa grâce, cherche de vrais adorateurs (quels qu'ils soient). Il n'est pas question précisé- ment de la manière dont la vie est communiquée, mais plutôt de la pleine bénédiction de la grâce, de la communion avec le Père et avec son Fils, par le Saint Esprit en qui nous sommes bénis. La révélation de cette bénédiction est faite par le Fils, et c'est Lui qui, selon la grâce de Dieu le Père, donne le Saint Esprit, la vie éternelle dans la puissance de l'Esprit. C'est plus que la nouvelle naissance, bien qu'elle soit nécessaire pour qu'il existe des relations de vie entre l'homme et Dieu. Les circonstances présentées dans ce chapitre, de telle manière qu'elles ne laissent aucun doute à l'égard des pensées et des voies de Dieu, font ressortir la grâce souveraine, illimitée, en rapport avec l'amour et la gloire personnelle de Christ. Celui qui s'adressait à la Samaritaine était plus que Jacob, c'était le Fils de Dieu qui, rejeté en principe par le judaïsme, dévoile avec une beauté et une profondeur incomparables, non pas aux docteurs d'Israël, mais à une pécheresse d'entre un peuple méprisé, la source, la puissance, le caractère de cette nouvelle adoration, qui dépasse ce que le judaïsme avait de plus excellent et le refoule à jamais dans l'ombre. C'est l'adoration chrétienne, résultat de la manifestation de Dieu, de la connaissance du Père selon la grâce. L'adoration est envisagée au point de vue de son caractère moral et au point de vue de la joie de la communion. D'abord, impossible d'adorer sinon en esprit et en vérité, parce que Dieu est esprit; puis l'amour de Dieu se révèle en ce que le Père rassemble des enfants autour de Lui, et cherche des adorateurs. Les richesses de la grâce divine sont présentées ici en rapport avec la gloire du Fils, et selon la puissance du Saint Esprit. Aussi Jésus, bien que reconnaissant l'œuvre de tous ceux qui ont travaillé jusque-là, entrevoit, étalées à ses regards, les vastes moissons de la grâce, que les apôtres devaient un jour récolter, anticipation frappante du résultat glorieux à la fin du siècle. Pour le moment, l'heure de l'adoration chrétienne était arrivée en principe, puisque Jésus était là, prouvant Lui-même que si le salut venait en réalité des Juifs, il existait désormais pour les Samaritains et pour quiconque croirait à cause de sa parole. Nul miracle ici, nul prodige; toutefois, dans ce village de la Samarie, Jésus est écouté et reconnu comme étant véritablement le Sauveur du monde. Ce sont donc les Juifs qui deviennent étrangers, malgré tous leurs privilèges; s'ils savaient ce qu'ils adoraient, ils ignoraient cependant le Père, et ils n'étaient pas vrais devant Dieu. Durant le court séjour du Fils de Dieu dans leur ville, les Samaritains entendirent des paroles inconnues en Israël, parce que la grâce ne se conforme point à l'attente des hommes, et surtout qu'elle dépasse toutes les pensées de ceux dont la religion se limite à de vaines cérémonies. La fin du chapitre nous annonce le départ de Jésus pour la Galilée. Au chap. 2 son séjour dans ce pays fut un type de ce qui aura lieu au millénium, tandis que la guérison racontée ici nous montre le travail du Seigneur au milieu des méprisés d'Israël. C'est en Galilée que Jésus, selon les autres Evangiles, commence et accomplit son ministère ; Jean aborde cette période de la vie de Jésus par un miracle particulier. Si les noces de Cana étaient un type de la gloire et de la joie futures sur la t'erre, le fait qui caractérise le temps actuel, c'est la mort; mais pour la vaincre, il suffit d'une parole de la bouche du Seigneur. Malgré des points de ressemblance, le contraste entre cet incident et la guérison du serviteur du centurion, en Matthieu 8, Luc 7, est trop frappant pour qu'il soit possible de confondre ces deux miracles, ainsi que l'ont fait des auteurs, tant anciens que modernes, selon l'opinion desquels aussi la pécheresse qui oignit les pieds du Seigneur, en Luc 7, ne serait autre que la sœur de Lazare (Jean 12, 3) ! Une des particularités de cet Évangile consiste en ce qu'il s'occupe principalement de l'activité de Jésus, soit autour de Jérusalem, soit dans cette ville même, chose d'autant plus frappante, que Jésus y est considéré, dès l'abord, comme rejeté du monde et d'Israël; mais il s'agit de manifester sa gloire indépendamment des hommes et des circonstances. (À suivre) __________________________ QUE VOYONS-NOUS EN CHRIST ? Dans un Christ promis nous voyons la pensée qu'avait Dieu de se glorifier en la personne d'un homme, de triompher de l'impiété de l'homme et de le sauver. Dans un Christ devenu chair nous voyons pour la première fois un homme saint sur la terre, un homme sans péché dont les délices étaient de faire la volonté de Dieu jusqu'à la mort. Dieu trouva en lui joie accomplie et satisfaction pour son cœur. «Certainement, celui-ci était Fils de Dieu. » Dans un Christ crucifié nous voyons Dieu glorifié là même où Il avait été déshonoré. C'est là que la « faiblesse de Dieu» triompha de la puissance de Satan. C'est là également que le jugement complet du péché fut exécuté une fois pour toutes. La mesure de nos iniquités était comble, mais « le sang de Jésus Christ, son Fils, nous purine de tout péché ». Dans un Christ enseveli nous voyons Celui qui accomplit les conseils éternels de Dieu. Il est descendu pour un instant dans «les lieux bas de la terre» afin d'ôter au tombeau sa terreur et de vaincre celui qui avait la puissance de la mort. Dans un Christ ressuscité nous voyons vaincue toute la puissance de l'ennemi, dont la plus grande victoire a été transformée en la plus grande défaite. Le croyant voit également en Lui l'assurance de sa justification, sa réconciliation. Dans un Christ glorifié nous avons la réponse de Dieu au sacrifice de son Fils. L'élévation dans la gloire céleste de l'Homme Christ Jésus montre en effet à toute la création de quelle manière Dieu considère sa personne et son œuvre. En Christ assis à la droite de Dieu couronné de gloire et d'honneur, nous avons la preuve que l'œuvre qu'Il a accomplie l'a été une fois pour toutes. Il ne lui reste plus, en aucune manière, la moindre chose à y ajouter, car c'est une œuvre parfaite qui est éternellement valable. En Christ prêt à revenir bientôt pour chercher les siens, nous voyons la réalisation de la bienheureuse espérance du croyant ainsi que l'accomplissement des pensées éternelles de Dieu en Christ et de ses grandes et précieuses promesses. En Christ qui sera manifesté en gloire comme Rois des rois et Seigneur des seigneurs, nous voyons l'accomplissement de ses promesses relatives au royaume de Dieu sur la terre. Nous voyons également en Lui l'accomplissement de la bénédiction de toute la création, aussi bien des êtres responsables que des irresponsables, anges, hommes ou toute autre créature qui sera délivrée de l'esclavage du mal. En Christ qui remet à la fin le royaume à Dieu, le Père, bous voyons le glorieux accomplissement de tous les conseils inchangeables et insondables de Dieu et de ses plans et pensées manifestés ou cachés. Justice et bonheur éternel pour les hommes qui habiteront là où Dieu a trouvé son éternel repos. « Grâces à Dieu pour son don inexprimable!» (2 Corinthiens 9, 15.) « Au Dieu qui seul est sage, par Jésus Christ, auquel soit la gloire éternellement! Amen. » (Romains 16, 27.) W. E.E. ……………………………………………….. BAPTÊMES D'EAU ET RÉMISSION DES PÉCHÉS Le baptême de Jean et le baptême chrétien sont l'un et l'autre un baptême d'eau « en rémission des péchés» (Luc 3, 3 ; Actes 2, 38), mais ils diffèrent entièrement en ce qu'ils appartiennent à des dispensations différentes, l'une où les péchés étaient supportés sans être encore expiés, l'autre qui succède à l’expiation accomplie. L'un était seulement « pour la repentance », l'autre est «pour la mort». Mais la rémission des péchés, dont ils parlent l'un et l'autre, est fondée pour tous deux sur la même œuvre, bien qu'aucun d'eux n'effectue cette rémission: ils sont des signes, aussi bien l'un que l'autre. Jean baptisait « immédiatement avant l'arrivée de Jésus» (Actes 13, 24). Son baptême se liait au message: «Repentez-vous, car le royaume des cieux s'est approché ». Il était appliqué à ceux qui, à l'ouïe de ce message, sortaient vers le prophète, déclaraient se repentir et confessaient leurs péchés. Le baptême d'eau ne constituait évidemment pas en lui-même cette repentance, il était le signe que l'on se repentait. Ce signe était nouveau dans l'histoire du peuple et de l'humanité, puisqu'il se rapportait à l'imminence de la venue du Messie, longtemps prédite, en vue de laquelle il fallait sans retard se repentir. Il n'apportait pas davantage, par lui-même, la rémission des péchés. Comme signification générale, le baptême indique le rattachement d'un individu à. un ordre de choses déterminé, il le met en association avec d'autres personnes, et tous ensemble avec quelqu'un dont dépend cet ordre de choses : les baptisés sont mis à part en vue de ce quelqu'un, ou à cause de lui. Les Israélites avaient «tous été baptisés pour Moïse» (1 Corinthiens 10, 2), c'est-à-dire pour l'ordre de choses instauré par le moyen de Moïse; ils étaient placés en association avec lui, dans le chemin où il les conduisait. Jean baptisait pour la repentance, c'est-à-dire en vue de l'état dans lequel devait se trouver le peuple pour recevoir le Messie devant qui Jean, comme messager, préparait le chemin. Cette repentance était indispensable: le Messie ne pouvait être manifesté en gloire qu'à un peuple qui aurait rompu avec son passé coupable, et attendrait avec crainte, en condamnant ses voies d'égarement, Celui qui allait venir tenant son van en sa main pour nettoyer entièrement son aire. «Afin qu'Il fût manifesté à Israël, à cause de cela je suis venu baptiser d'eau» (Jean 1, 31). Mais la même prophétie qui annon- çait le messager disait de Celui qu'il précéderait: «Qui supportera le jour de sa venue et qui subsistera lorsqu'il se manifestera ?» (Malachie 3, 1, 2). Ces pécheurs repentants attendaient donc, à la fois tremblants et confiants. Le signe mis sur eux parlait d'une purification à accomplir «Il purifiera les fils de Lévi et les affinera comme l'or et comme l'argent» (v. 3). Ils le reconnaissaient en confessant leurs péchés. Jean n'ôtait pas ces péchés, il ne le pouvait pas, et il n'avait pas été suscité pour cela, mais cette purification était nécessaire préalablement au royaume messianique. Le baptême marquait, la rupture avec l'état de souillure et de péché propre à un passé qui, par la grâce de Dieu et la fidélité à ses promesses, prenait fin pour la délivrance et la bénédiction d'un peuple renouvelé. C'est là ce que célèbre Marie (Luc 1, 54) ; et Zacharie prophétise «la connaissance du salut» donnée «à son peuple dans la rémission de leurs péchés» (v. 77). Dieu annonçait le salut à son peuple pécheur et digne de mort. Celui-ci avait à reconnaître et à confesser cet état, laissant Dieu faire le reste. Présentement, Il replaçait les fidèles dans ces eaux du Jourdain à travers lesquelles Il avait autrefois introduit le peuple en Canaan. Comme autrefois elles étaient la figure de la mort, salaire du péché, mais Dieu en même temps assurait la rémission des péchés. Baptisés, ils n'avaient qu'à attendre le Roi. À travers le chant des complaintes, la voix de la grâce se faisait entendre. «Consolez, Consolez mon peuple» (Ésaïe 40, 1). «Voici ton Dieu», lui était-il crié; et sans doute ce peuple était comme l'herbe périssable, mais la Parole de l'Éternel, permanente et vivante, était celle de Sa promesse. «Préparez le chemin» (v. 1-11). Jean recevait, l'un après l'autre, ceux qui se déclaraient prêts, quoique indignes et pleurant leurs péchés, à recevoir le Roi; il les faisait entrer dans le groupe peu à peu grossi qui déclarait vouloir l'accueillir. Encore une fois, ce baptême n'était qu'un signe. Leurs péchés éta1ent confessés, non effacés. Si lieur rémission était assurée, Jean ne disait pas comment elle serait obtenue, cela ne faisait pas partie de son message. Dieu agirait. Mais en se repentant et en confessant leurs péchés, les fidèles montraient qu'ils recevaient avec foi les paroles de Jean. Or ces paroles dirigeaient leur foi vers un autre, Celui qui devait venir. Ces croyants prenaient la suite de tous ceux qui avaient « à l'avance espéré dans le Christ ». Ils se plaçaient tout à la fin de cette file bénie, dont la confiance avait toujours été que «Dieu se pourvoirait d'un agneau pour l'holocauste ». De tous temps, en effet, la rémission des péchés était restée subordonnée à l'effusion du sang rédempteur, prédit, figuré par le sang des sacrifices, mais non encore offert (Hébreux 9, 22 ; 10, 18). Non qu'il n'y eût, pas eu jusque là des péchés remis: les croyants de l'Ancien Testament avaient bien été mis en relation avec Dieu comme pardonnés, il y avait eu bien des rémissions dans l'exercice du gouvernement de Dieu, mais toujours sur la base de l'œuvre future à accomplir au moment voulu par Dieu. Il y avait, dans tous les sacrifices offerts, à la fois «un acte remémoratif de péchés», et l'affirmation que Dieu interviendrait pour leur expiation. En attendant, les péchés étaient «supportés », dans une justice qui serait démontrée plus tard (Romains 3, 25). Le baptême dans l'eau du Jourdain exprimait en somme la même, chose d'une autre manière. Le moment arrivait où Dieu allait intervenir. Jean, le dernier et le plus grand des prophètes, annonçait quelque chose de nouveau, de plus élevé, quelque chose de solennel et d'heureux à la fois, un autre baptême, qu'effectuerait le Messie lui-même, baptême «de l'Esprit Saint et de feu», donc en puissance de bénédiction et de purification définitives. Le Messie apparaît. « Jésus vient de Galilée au Jourdain auprès de Jean, pour être baptisé par lui» (Matthieu 3, 13). Il se tient avec les baptisés, ces «excellents de la terre». Le chemin préparé par Jean était celui de leur repentance, Lui allait ouvrir celui de leur salut. Lui n'avait pas de péchés à confesser, et Il n'était pas encore chargé de ceux du peuple, mais en s'associant à eux Il s'associait au travail de Dieu, dont l'Esprit poussait ce peuple à se repentir et agissait en grâce dans des cœurs. «Il nous est convenable d'accomplir toute justice », dit-Il à Jean. Tu es là pour rendre témoignage de la lumière et signifier à ce peuple ce qui convient à son état dans cette lumière qui se lève pour lui; et moi, la lumière en qui est la vie, je prends place parmi les miens devant Dieu qui s'occupe d'eux dans une grâce et une vérité jamais révélées encore. . C'est alors que Jean déclare: «Voilà l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde », désigne Jésus comme «un homme qui prend place avant moi, car il était avant moi», et enfin « rend témoignage que Celui-ci est le Fils de Dieu ». Ces déclarations allaient bien au delà de ce que les fidèles les plus pieux pouvaient comprendre. Que dire de l'autre côté de ces scènes merveilleuses, le Saint Esprit descendant sur Jésus, la voix du Père se faisant entendre, et désignant son Fils bien-aimé! Une chose du moins était certaine pour eux, c'est que, si la repentance était sincère et générale, les péchés ne feraient plus obstacle à la délivrance nationale, prélude à une bénédiction universelle. Le signe constitué par le baptême de Jean ne va pas plus loin, Il suffit pour mettre en évidence, à la gloire de Dieu, ce travail de grâce qui s'opérait «dans le support des péchés précédents », remis en vertu d'une expiation à venir sans doute mais pour laquelle la foi comptait sur Dieu. «L'Orient d'en haut» était là; les cœurs tournés vers Lui pouvaient s'en remettre à Lui. «Tu appelleras son nom Jésus, car c'est Lui qui sauvera son peuple de leurs péchés» (Matthieu 1, 21). Mais ce signe pouvait être pris, hélas, et il le fut, par des gens qui ne croyaient pas. Leur repentance était feinte, et ne portait pas de fruits. Les uns venaient par l'effet du phénomène bien connu de l'entraînement des foules; les autres, savoir les conducteurs religieux, selon la tactique permanente de Cieux qui ont l'air de suivre les foules afin de s'en faire suivre. Il en a toujours été ainsi lorsque Dieu fait une promesse ou accorde une bénédiction: la chair prétend s'en emparer. Elle peut donner le change aux hommes, mais non à Dieu. Dans quelle mesure y avait-il un travail de conscience réel et une foi véritable, cela devait se montrer quand Jésus fut manifesté: « Jean disait au peuple de croire en Celui qui venait après lui, c'est-à-dire en Jésus» (Actes 19, 4). Jésus vint, prêchant à son tour: «Repentez-vous, car le royaume de Dieu s'est approché ». Jean n'aura été l'Élie annoncé par les prophètes que « si vous voulez recevoir ce que je dis» (Matthieu 11, 14). D'entre tous ceux qui avaient été baptisés par 1 Jean, les vrais croyants, si ignorants qu'ils fussent, et si pécheurs qu'ils eussent été, se réjouissaient de croire en Jésus, et ils devinrent ses disciples; mais les autres, même après avoir professé croire, se, détournèrent de Lui, et la masse finit par suivre les chefs incrédules, «les pharisiens et les docteurs de la loi [qui] rejetaient contre euxmêmes le conseil de Dieu, n'ayant pas, été baptisés par Jean» (Luc 7, 29, 30). « Il vint chez soi, et les siens ne l'ont pas reçu.» Jésus jouant de la flûte ne fut pas plus écouté que Jean chantant des complaintes. Dès lors le royaume ne peut s'établir. Le baptême de Jean tombe, non point certes par quelque infirmité du signe, mais par manque de la chose signifiée, savoir une repentance à salut. Une fois de plus l'homme montrait son incapacité, totale parce qu'il est ruiné totalement. Il allait montrer toute 'Son inimitié contre Dieu en crucifiant Jésus. Qu'en sera-t-il donc de ceux qui «ont reçu» avec foi le Verbe, la Parole faite chair, de ce petit troupeau partageant la réjection de son Berger? « À tous ceux qui l'ont reçu Il leur a donné lie droit d'être enfants de Dieu» ; ceux-là « sont nés, non pas de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu.» La vie est acquise à tous ceux qui « croient en son nom». Mais cette vie ne peut leur être donnée que si l'Agneau de Dieu est offert et le Fils de l'homme élevé. Jésus aura à être baptisé d'un autre baptême que celui qu'il avait reçu avec eux, et cet autre baptême est pour Lui seul. Ce n'est plus un signe, mais la mort même. Le Messie doit souffrir et mourir, sans quoi il n'y a ni gloire ni salut. Il est mort, portant nos péchés en son corps sur le bois. Ce que les eaux du Jourdain ne pouvaient faire, sa mort le fait, dans la réalité terrible de l'expiation. Autrement dit, l'entrée dans le royaume aura lieu dorénavant sur la base de la réception d'un Christ mort et ressuscité. Le baptême de Jean était administré, au contraire, comme signe d'une repentance qui préparait à accueillir le Messie vivant, bien loin de le rejeter et de le mettre à mort. Le baptême d'eau en rémission des péchés change totalement de sens désormais, parce que cette rémission des péchés est maintenant prêchée comme obtenue, «par son sang», et non pas comme devant l'être. Les péchés d'autrefois avaient été remis dans l'attente de cette « effusion de sang» indispensable; Jésus lui-même, au cours de son ministère, avait remis expressément les péchés à plus d'un, toujours dans ce même ordre de choses du « support des péchés précédents », parce que Lui venait pour accomplir l'œuvre. Mais aussitôt après sa résurrection, soufflant en ses disciples pour qu'ils reçoivent l'Esprit saint, il leur dit: « À quiconque vous remettrez les péchés, ils sont remis ». Et c'est ce que les apôtres proclament aux Juifs saisis de componction en entendant annoncer Jésus comme le Christ vivant, alors qu'ils l'avaient mis à mort. « Que ferons-nous ?» disent-ils. «Repentez-vous, et soyez baptisés, en rémission des, péchés. » Toujours un baptême d'eau en rémission des péchés, toujours la repentance, premier fruit de la foi dans les paroles entendues, mais le signe se rapporte à la mort de Celui qui a été mort et qui maintenant est vivant et glorifié. Ce baptême, est «pour la mort» (Romains 6, 3). Il place qui le reçoit dans l'ensemble de ceux qui sont mis à part pour le Christ Jésus du fait de sa mort: «nous tous qui avons été baptisés pour le Christ Jésus, nous avons été baptisés pour sa mort» (Romains 6, 3). Aussi ce baptême est-il conféré «au nom de Jésus Christ », «au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit», «pour le nom du Seigneur Jésus». Il l'est selon la seigneurie de Ce1ui qui a reçu «toute autorité dans les cieux et sur la terre» en vertu de sa mort. Il n'est plus question de nous, sinon pour exprimer que « notre vieil homme a été crucifié avec lui ». Nous n'en restons pas à l'étape, si nécessaire soit-elle, de la repentance s'attendant à Dieu pour l'avenir, mais nous entrons dans la vie, par la mort de, Christ. Notre vie est née à Christ glorifié, le Saint Esprit l'atteste; c’est pour cela que, bien que Jésus ressuscité mais non encore monté au ciel ait, dès ce moment ordonné à ses disciples d'aller et de baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, ils ne commencent de le faire qu'après la Pentecôte qui inaugure leur nouveau ministère exercé dans la puissance de ce Saint Esprit (Luc 24, 49 ; Actes 1, 4). Remarquons enfin que le baptême de Jean était à ce point différent du baptême chrétien que ceux qui l'avaient reçu avaient à être baptisés de nouveau« pour le nom du Seigneur Jésus» (Actes 19, 4, 5). Mais, de même que des hypocrites ou des formalistes sans foi venaient au baptême de Jean, de même le baptême chrétien ne s'accompagne pas nécessairement de la nouvelle naissance, et il n'en est nullement l'expression. Il n'implique pas que l'on ait déjà réellement part à la mort et à la résurrection de Christ. Il est toujours, certes, le signe de la mort de Christ, et met sur le baptisé la marque du Seigneur qui, glorifié, attend le moment où toutes choses lui seront assujetties (Éphésiens 4, 5). Mais il ne constitue, quoi qu'il en soit, qu'un signe extérieur. Il implique la profession du christianisme, mais non la foi du cœur, celle qui sauve (Romains 10, 9). De fait, quantité de non-croyants ont reçu le baptême, dès le temps des apôtres, et l'on ne voit pas que ceux-ci aient demandé à des candidats au baptême s'ils croyaient. Simon le magicien a été baptisé (Actes 8, 13), et pourtant on ne peut guère tenir pour réelle la foi qu'il professa. Ainsi le baptême introduit dans la profession chrétienne, la maison de Dieu visible sur la terre, laquelle on le sait, est devenue promptement la «grande maison». Le croyant, lui, participe à la réalité de la mort et de la résurrection de son Seigneur. Il appartient à la nouvelle création, il est membre d'une famille céleste (Éphésiens 1, 2), sa communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ, par l'action du Saint Esprit. Il en est ainsi de par le baptême de ce Saint Esprit, dont Jean avait dit qu'il remplacerait son baptême d'eau. Il ne s'agit plus, cette fois, d'un signe. Le baptême du Saint Esprit n'est point un signe, mais un fait qui a eu lieu le jour de la Pentecôte, et dont l'effet demeure ininterrompu, immense, commun à l'ensemble des croyants: ce jour-là en effet l'Esprit Saint a pris sa place ici-bas, pour y former le corps de Christ par son action propre, fondée sur le sacrifice accompli et l'exaltation glorieuse de Jésus Christ, Seigneur et Tête de ce corps. «Nous avons tous été baptisés d'un seul Esprit pour être un seul corps» (1 Corinthiens 12, 13), baptisés non pour le Saint Esprit, ou en vue de recevoir le Saint Esprit, ou au nom du Saint Esprit, ni par Lui, mais de Lui. Et ce baptême là n'est point conféré par des intermédiaires humains, comme l'est le baptême d'eau, ces intermédiaires fussent-ils le plus grand des prophètes ou les apôtres, mais le chapitre 2 des Actes nous fait voir (v. 33) «un plus puissant que Jean », Christ Lui-même, baptiser les siens, son Église naissante, de cet Esprit Saint dont l'office béni est de Le glorifier. A. G. ______________________________ LA LÈPRE (Lévitique 13) (Suite de la page 64) Faisant suite aux deux sujets développés dans les versets 1 à 17 (les caractères de la lèpre) et 18 à 28 (les causes possibles d'éruption d'une plaie de lèpre), un troisième est présenté dans les versets 29 à 37 : les endroits où la lèpre peut se manifester, «à la tête ou à la barbe ». La tête est le siège des pensées, la barbe nous parle plutôt de force et de gloire (cf. Psaume 133, 2 : «C'est comme l'huile précieuse, répandue sur la tête, qui descendait sur la barbe, la barbe d'Aaron, qui descendait sur le bord de ses vêtements ». Là où précisément devait être vue la dignité du sacrificateur, le mal était en activité! Comment exercer des fonctions sacerdotales avec « une plaie à la tête ou à la barbe» ? Le cas visé dans le paragraphe qui nous occupe du chapitre 13 du Lévitique est celui d'« un homme ou une femme », par conséquent il est aussi général que possible. « Et si un homme ou une femme a une plaie à la tête ou à la barbe, le sacrificateur verra la plaie» (v. 29-30). Deux signes peuvent être décelés: la plaie «paraît plus enfoncée que la peau», ce qui est toujours, dans ce chapitre, l'indice d'un mal intérieur et profond; ensuite, elle a « en elle du poil jaunâtre et fin ». Dans les cas précédents, nous l'avons vu, l'action du mal était discernée notamment en ce que le poil devenait blanc : ce qui eût dû manifester la puissance de la vie dépérissait. Ici, c'est « du poil jaunâtre» qui apparaît: ce qui porte la marque de la corruption se développe là où l'on devrait voir ce qui dénote la puissance de la vie; la tête ou la barbe ne sont plus le terrain où croît ce qui est bon, le signe de la force et de la virilité, c'est ce qui est mauvais qui y paraît: « c'est la teigne, c'est une lèpre de la tête ou de la barbe ». Au verset 31, nous avons un cas différent qui amène le sacrificateur à faire deux: constatations: en premier lieu, la plaie de la teigne « ne paraît pas plus enfoncée que la peau », il ne semble donc pas y avoir un mal prof tond, une action intérieure ; par contre, « elle n'a pas de poil noir» : aucune manifestation du bien ne peut être discernée, rien n'indique la puissance et l'énergie de la vie. En présence de ces deux signes, «le sacrificateur fera enfermer pendant sept jours celui qui a la plaie de la teigne ». Après quoi, il procède à un nouvel examen: a) « La teigne ne s'est pas étendue.» C'est une observation essentielle car, nous l'avons remarqué, une plaie qui s'étend est toujours une plaie de lèpre. b) «Elle n'a pas de poil jaunâtre ». Précédemment (v. 31), il n'y avait pas de poil noir, c'est-à-dire que lie sacrificateur constatait l'absence de manifestations du bien. Or, si un croyant est en mauvais état, l'absence des fruits de la vie divine est généralement suivie, à brève échéance, de la manifestation du mal. Ici, le sacrificateur constate qu'il n'en est rien: il n'y avait pas de bien, «pas de poil noir », il n'y a cependant pas de mal, «pas de poil jaunâtre ». c) «La teigne ne paraît pas plus enfoncée que la peau », confirmation de la constatation déjà faite au cours du premier examen (comparez v. 31 et 32). Un état semblable, caractérisé tout à la fois par l'absence de bien et de mal, n'est pas un état normal; on ne peut pas dire qu'il soit bon, on ne peut pas dire non plus qu'il soit mauvais. Nous comprenons donc ce qui est prescrit au verset 33 : «le sacrificateur fera enfermer pendant sept autres jours celui qui a la teigne ». Puis, le septième jour, «le sacrificateur verra la teigne» ; ce troisième examen permet de discerner la persistance des signes favorables: « et voici, la teigne ne s'est pas étendue dans la peau, et elle ne paraît pas plus enfoncée que la peau », cela suffit alors pour que le sacrificateur déclare pur celui dont il s'est ainsi occupé. Par contre si, le troisième examen ayant conduit le sacrificateur à le déclarer pur, «la teigne s'est beaucoup étendue dans la peau, après sa purification », «le sacrificateur ne cherchera pas de poil jaunâtre », l'état est mauvais: «il est impur» ; la plaie est maintenant manifestée comme une plaie de lèpre, car «la teigne s'est étendue dans la peau» (v. 36). Lorsqu'une plaie s'étend, il n'est pas nécessaire de chercher d'autres indices, à coup sûr c'est une plaie de lèpre. Après la déclaration du sacrificateur faite au verset 34, deux cas peuvent se produire: celui que nous venons de considérer dans les versets 35 et 36, l'extension de la teigne et celui dont il est question au verset. 37. Ici, «la teigne est demeurée au même état, à ses yeux », ce qui est déjà un signe favorable, mais il y a davantage encore; du poil noir a poussé. Il y a maintenant une énergie manifeste qui a produit du bien; aussi, plus de doute possible, « la teigne est guérie: il est pur, et le sacrificateur le déclarera pur». Ce paragraphe tout particulièrement nous montre avec quelle patience le sacrificateur devait examiner celui qui était atteint d'une plaie, quels soins il devait apporter à cet examen, combien il avait à se conformer aux prescriptions données par l'Éternel à Moïse et Aaron en vue du maintien de la sainteté dans le camp d'Israël. Puissions-nous saisir la portée de ces enseignements pour ce qui concerne aujourd'hui les actions que nous pouvons avoir à exercer dans assemblée ! Que nous ayons à remplir le service si important du sacrificateur, afin que le mal soit jugé, ne doit pas nous conduire à voir du mal partout autour de nous! N'oublions jamais l'infirmité qui nous caractérise les uns et les autres: il peut y avoir « une simple tache qui a fait éruption dans la peau» ; bien que ce, soit une tache «blanche, terne », celui en qui elle se trouve est pur. Un homme a perdu les cheveux de sa tête, les poils de sa barbe, cependant il est pur (v. 38 à 41). Ce sont là des cas dans lesquels il est possible de dire immédiatement: «il est pur», tandis que, dans la première partie de ce chapitre, le sacrificateur ne se prononce tout de suite que lorsqu'il s'agit d'une plaie de lèpre nettement caractérisée et ne déclare pur celui qui lui a été amené qu'après un ou plusieurs examens, consécutifs à des périodes d'attente de «sept jours ». Mais ces enseignements, s'ils étaient mal compris, pourraient fortifier une autre tendance de nos cœurs, très susceptible de nous faire tomber dans le travers opposé: nous serions portés à nous excuser facilement en mettant en avant l'infirmité qui nous caractérise. Le fait que nous avons des infirmités, qui ne sont pas une plaie de lèpre, ne doit cependant pas nous faire passer à la légère sur nos faiblesses: elles peuvent être à l'origine d'une lèpre et c'est pourquoi nous avons besoin de veiller sans cesse. Les versets 42 à 44 nous mettent en garde à ce sujet. La condition du lépreux, sa place, son occupation nous sont indiquées dans les versets 45 et 46 : il n'avait pas de place dans le camp d'Israël où l'Éternel habitait; il devait demeurer seul, hors du camp et, souillé, proclamait sa misère: Impur! Impur! Portant tous les signes du deuil et de l'humiliation: vê- tements déchirés, tête découverte et barbe couverte ; contraste avec la tenue et la position des sacrificateurs dans le sanctuaire, en la présence du Dieu saint (cf. Nombres 5, 1 à 4 et Lévitique 21, 1 à 12). 2. La lèpre dans nos habitudes de vie (v. 47 à 59) Il s'agit ici du mal dans nos circonstances, dans nos habitudes de vie. Nous avons à prendre garde à ce sujet tout autant que pour ce qui est du mal en nous. Une plaie de lèpre apparaît en un vêtement, «elle sera montrée au sacrificateur» qui exerce les mêmes investigations que celles dont il est question dans la première partie de ce chapitre: « Et le sacrificateur verra la plaie, et il fera enfermer pendant sept jours l'objet où est la plaie; et le septième jour, il verra la plaie». Nous retrouvons ici le même principe, une plaie qui s'étend est certainement une plaie de lèpre: «si la plaie s'est étendue dans le vêtement... la plaie est une lèpre rongeante : la chose est impure ». «Alors on brûlera le vêtement... car c'est une lèpre rongeante ; la chose sera brûlée au feu» : en d'autres termes, il faut se séparer, sans faiblesse et sans retour, de tout ce qui peut nous priver de la jouissance de la présence de Dieu dans le lieu où Il habite. Une profession peut-être, certaines habitudes de notre vie, ou bien des relations, ou encore diverses circonstances dans lesquelles nous sommes placés peuvent être de telle nature qu'il convienne de les abandonner résolument, de brûler le vêtement au feu. Un autre cas pouvait se produire: « la plaie ne s'est pas étendue dans le vêtement ». «Alors le sacrificateur commandera qu'on lave l'objet où est la plaie, et le fera enfermer pendant sept autres jours» ; ce « lavage », c'est l'application de la Parole: il convient de rappeler ses enseignements et de la laisser agir pendant « sept jours ». Peut-être aura-t-elle une action sanctifiante qui nous permettra d'exercer encore une, profession, de conserver des habitudes de vie, de maintenir des relations, de continuer à évoluer au travers de circonstances en observant quand même la position de séparation que la Parole définit. Lorsqu'il en est ainsi, «le sacrificateur regarde, et voici, la plaie s'efface après avoir été lavée, alors on l'arrachera du vêtement » : ce qui était mauvais a été abandonné, sans qu'il ait été nécessaire de laisser profession, habitudes, relations ou circonstances. Tandis que si, malgré la présentation de la Parole, « la plaie n'a pas changé d'aspect », bien qu'elle ne se soit « pas étendue », «la chose est impure, tu la brûleras au feu» : il y a quelque chose de foncièrement mauvais dans la profession, les habitudes, les relations, les circonstances, il faut y renoncer complètement (v. 47 à 56). Bien que la plaie se soit effacée après avoir été lavée (v. 56), il peut se faire cependant qu'elle réapparaisse dans le vêtement (v. 57). Une vigilance constante est donc nécessaire; il ne suffit pais d'avoir considéré une fois les enseignements de la Parole, de l'avoir laissée, agir, de s'être séparé de ce qu'elle condamne dans notre manière de vivre, il faut veiller afin que le mal ne se manifeste pas à nouveau. Les enseignements contenus dans ce chapitre nous montrent aussi que ce n'est jamais le lépreux ou présumé tel, qui doit examiner la plaie. Le sacrificateur seul était qualifié pour le faire et il convenait d'être soumis à son jugement, le recevant de la part de l'Éternel. Peut-être des croyants dans lesquels, ou dans les habitudes desquels, se trouve une plaie, ou « comme une plaie » s'estiment-ils mieux qualifiés que quiconque pour juger de ce qui en est. Dans des cas de ce genre, l'on est peu désireux de se soumettre à l'examen du sacrificateur et si même on l'accepte, n'a-t-on pas ensuite des critiques à formuler: précipitation ou manque de patience, investigation pas assez étendue, temps d'attente trop long, appréciation inexacte, etc..., critiques qui conduisent en fait à contester le jugement de celui qui est qualifié pour prononcer! Si nous avons en nous, ou dans nos circonstances, une plaie ou «comme. une plaie », nous ne sommes pas : nous l'oublions, dans l'état spirituel et moral qui convient pour en juger; soyons heureux d'avoir les ressources que Dieu nous donne dans la sacrificature et, par son moyen, la connaissance de la pensée divine, l'appréciation du sanctuaire. Le lépreux avait son habitation en dehors du camp d'Israël; il était impur, (v. 45, 46) ; il ne pouvait être déclaré pur que lorsque, la lèpre couvrait toute sa peau, «de la tête aux pieds », image d'une pleine et entière confession du péché (v. 12, 13). Cette confession plaçait le lépreux dans un état de pureté devant Dieu (cf. 14, 8), mais deux choses étaient pourtant nécessaires avant qu'il lui fût possible d'habiter à nouveau dans le camp et dans sa tente, c'est-à-dire avant qu'il retrouvât la communion avec Dieu et avec les siens. Ces deux choses nous sont présentées dans la première partie du chapitre 14, elles sont fondées sur le sacrifice de Christ. En dehors de cette base le sang de Christ, il ne peut y avoir aucune purification de ses péchés pour une âme inconvertie, aucune restauration pour un croyant qui a péché. «Dieu est lumière et il n'y a en lui aucunes ténèbres... Le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie de tout péché... Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité... Je vous écris ces choses afin que vous ne péchiez pas; et si quelqu'un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus Christ, le juste; et lui est la propitiation pour nos péchés...» (1 Jean 1, 5, 7, 9 ; 2, 1, 2). P. F. _______________________________ INTRODUCTION À L'ÉTUDE DES ÉVANGILES Jean 5 (Suite de la page 82) Le premier fait qui se présente à nos yeux dans le chapitre 5, c'est le contraste entre la personne de Christ et la loi. L'homme sous la loi, c'est l'incapacité complète; et plus ses besoins sont urgents, plus se montre aussi son impuissance à profiter du secours que lui présente la bonté divine. Dieu, qui ne s'est pas laissé sans témoignage à l'égard des païens, en faisant du bien, et en donnant du ciel d'es pluies et des saisons fertiles (Actes 14, 17), fournissait aussi aux Juifs des preuves de sa bonté, en intervenant d'une manière providentielle en leur faveur: «À certaines saisons, un ange descendait dans. le réservoir, et agitait l'eau; le premier donc qui entrait, après que l'eau avait été agitée, était guéri, de quelque maladie qu'il fût pris.» Mais il y avait là un malade trop infirme pour pouvoir descendre dans l'eau; Jésus le voyant, et connaissant son état, lui adresse une question qui manifeste à la fois le désir de l'infirme et son incapacité d'être guéri. Tel est l'homme sous la loi: loin qu'un pécheur y trouve la guérison, elle aggrave la maladie et la rend plus apparente. La loi n'apporte pas de délivrance; au contraire, elle entoure de chaînes et d’obscurité, elle place sous la condamnation ; la lai fait de l'homme un malade ou un criminel, incapable de profiter de la bonté de Dieu; le remède même qui lui est offert reste en dehors de sa portée. Quelle différence, lorsqu'il s'agit de Jésus ! «Lève-toi, prends ton petit lit, et marche. Et aussitôt l'homme fut guéri, et il prit son petit lit, et marcha. » Naturellement les Juifs, qui ne s'étaient jamais souciés de ce pauvre infirme et ne lui avaient jamais aidé à descendre dans le réservoir, sont scandalisés en le voyant sain et sauf, emporter son lit un jour de sabbat. Ils avaient, au reste bien raison de considérer l'ordre donné par Jésus au paralytique non seulement comme enfreignant la loi, mais encore comme une condamnation prononcée sur elle, puisque cet ordre avait été accompagné d'une puissance miraculeuse. Jésus eût facilement pu guérir cet homme sans choquer le zèle des Juifs; mais il avait agi d'une manière qui ne laissait de doute sur sa pensée. Après avoir appris que c'était Lui qui avait opéré cette guérison, les Juifs cherchèrent à le faire mourir parce qu'il avait enfreint le sabbat. Mais il s'agissait de bien autre chose encore. Jésus leur dit: « Mon Père travaille jusqu'à maintenant, et moi Je travaille. » À cause de cela donc les Juifs cherchaient d'autant plus à le faire mourir, parce que non seulement il violait le sabbat, mais encore qu'il se faisait égal à Dieu. Sa personne donc, aussi bien que son œuvre, forçait les Juifs à se décider et chose solennelle, si Jésus disait vrai, c'étaient eux qui prononçaient un blasphème. En même temps, quelle grâce vis-à-vis de leur haine et de leur égoïste fierté! «Mon Père travaille jusqu'à maintenant, et moi je travaille.» Eux, ils n'avaient aucune pensée, aucuns sentiments semblables avec le Père et avec le Fils; ils étaient jaloux du sabbat, mais le Père et le Fils travaillaient. Comment la lumière et l'amour pouvaient-ils trouver du repos au milieu des ténèbres, et de la haine? Ils reprochaient à Jésus son orgueil, et rien n'était plus faux. Bien qu'il fût Fils, qu'il fût Dieu, et ne pût se renier Lui-même, toutefois Jésus avait pris, au contraire, la place d'un homme et d'un serviteur. Voici sa réponse: «En vérité, en vérité, je vous dis: Le Fils ne peut rien faire de lui-même, à moins qu'il ne voie faire une chose au Père; car quelque chose que, Celui-ci fasse, cela, le Fils aussi de même le fait. Car le Père aime le Fils, et lui montre toutes les choses qu'il fait lui-même et Il lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci, afin que vous soyez dans l'admiration. Car comme le Père réveille les morts et les vivifie, de même aussi le Fils vivifie ceux qu'il veut. Car aussi le Père ne juge personne ; mais il a donné tout le jugement au Fils, afin que tous honorent le Fils, comme ils honorent le Père. Celui qui n'honore pas le Fils, n'honore pas le Père qui l'a envoyé. En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement; mais il est passé de la mort à la vie. En vérité, en vérité, je vous dis que l'heure vient, et elle est maintenant, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l'auront entendue, vivront. Car comme le Père a la vie en Lui-même, ainsi il a donné au Fils aussi d'avoir la vie en lui-même; et il lui a donné autorité de juger aussi, parce qu'il est Fils de l'homme. Ne vous étonnez pas de cela; car l'heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix; et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie; et ceux qui auront fait le mal, en résurrection de jugement.» Le Seigneur montre d'une manière évidente que la vie qu'il possède en Lui-même est la chose dont l'homme a besoin, parce que l'homme n'est pas seulement infirme, mails qu'il est mort. Loi, ordonnances, anges même, rien n'était à la hauteur de la misère humaine, rien que le Fils agissant en grâce et donnant la vie. La guérison même, venant de Lui, pouvait aboutir, à cause du péché, à un état pire encore que le précédent (v. 14). L'homme, tel quel, a besoin d'une vie qui le délivre de la mort, et voilà ce que le Père donne en la personne du Fils. Quiconque ne reçoit pas le Fils, n'a pas non plus le Père, mais celui qui reçoit le Fils a aussi le Père. Telle est la vérité; or les Juifs avaient la loi et haïssaient la vérité. En rejetant le Fils, on ne perd point seulement la bénédiction de la vie en Lui, mais encore on s'attire le jugement, parce que le Père, qui veut qu'on honore le Fils comme Lui-même, a donné tout le jugement au Fils. Quant à la vie qui est en la personne du Fils, son importance est telle qu'aucun doute ne doit être possible sur les conséquences qui en résultent, dès maintenant, pour l'éternité. Entendre la parole de Christ ou la rejeter, croire Celui qui a envoyé Christ ou ne pas le croire, voilà la pierre de touche; il ne s'agit plus de la loi, mais de la parole de Christ et du témoignage de Dieu. En envoyant son Fils dans le monde, Dieu n'a pas voulu que l'ombre d'une incertitude planât sur les conséquences de son acceptation ou de son rejet (vers. 24). Si les Juifs accusaient Jésus de blasphème, pour s'être nommé Fils de Dieu, ils ne pouvaient toutefois se refuser à voir en Lui le Fils de l'homme. Or, non seulement Jésus leur apprend qu'il est le Fils de Dieu, ainsi que les conséquences qui en résultent, mais de plus, il leur déclare que c'est en sa qualité de Fils de l'homme qu'il exécutera le jugement éternel, proportionné à la gloire divine de sa personne que les hommes ont méprisé. Voilà donc les deux vérités que Jésus révèle aux Juifs. D'une part, c'est en Lui qu'est la vie; mais la vie par le moyen de la foi, afin qu'elle soit un résultat de la grâce; car de cette manière seulement, sa gloire est maintenue en ceux qui croient le témoignage de Dieu à son égard. Donner la vie, dépend du Fils comme du Père; «le Fils vivifie ceux qu'il veut», c'est un acte de sa volonté souveraine, en communion avec le Père. Mais, outre cela, le Fils a été envoyé; il a pris, en ce monde, une place subordonnée, dans laquelle il disait: «Mon Père est plus grand que moi.» Cette place, il l'a acceptée avec toutes ses conséquences; mais malheur à ceux qui ne reconnaissent pas sa gloire; car, d'une manière ou de l'autre, il faut que tous honorent le Fils: les uns le font en entendant sa parole, les autres y seront contraints par le jugement. L'heure n'était point encore venue de manifester la gloire du Fils de l'homme par le châtiment des incrédules; il s'agissait alors de croire ou de rejeter la parole du Fils de Dieu. Si les morts (c'est ainsi que les hommes sont considérés, et non pas vivants sous la loi) entendaient la voix du Fils de Dieu, ils vivraient; car, bien que le Fils (la vie éternelle qui était auprès du Père) fût homme, c'est précisément comme de tel que le Père Lui avait donné non seulement d'exécuter le jugement, mais encore d'avoir la vie en Lui-même. La vie ou le jugement, il n'y a, pour l'homme, pas d'autre alternative; pour Dieu, le jugement est le moyen de maintenir et de prouver la gloire de son Fi1s en cette nature même où l'homme l'a méprisé, ne distinguant point, sous son apparence humaine, la gloire éternelle de sa personne. Deux résurrections : en vie, et en jugement ; manifesteront un jour ceux qui ont cru au Fils de Dieu, et ceux qui l'ont rejeté; mais la question est résolue dès maintenant, selon qu'on reçoit Christ ou qu'on refuse de l'écouter. La résurrection de vie prouvera qu'on a eu raison de ne pas avoir honte du Fils de l'homme; la résurrection de jugement manifestera sa gloire et tournera à la confusion éternelle de ceux qui l'ont méprisé. Ce chapitre, où nous voyons ainsi la plénitude de la gloire de Christ, en sa divinité et son humanité, se termine par l'exposé des témoignages divers que Dieu a rendus à son égard, afin d'enlever toute excuse à l'incrédulité de l'homme. La gloire de Christ est si élevée, le Père si jaloux de la maintenir, la bénédiction est si immense pour ceux qui le reçoivent, et si terrible le sort de ses ennemis, que Dieu a pourvu à un témoignage complet, de sorte que le jugement n'arrivera point faute d'avertissements. En premier lieu, le témoignage de Jean-Baptiste; en second lieu, les œuvres mêmes de Jésus; troisièmement la voix du Père; quatrièmement, la Parole écrite que possédaient les Juifs. À ce dernier genre de témoignage, le Seigneur attache une importance toute particulière: la Parole écrite est une chose qui reste toujours à la portée de l'homme; tandis qu'un message, un signe miraculeux disparaissent, la Parole, au contraire, contient en elle-même un moyen permanent de conviction, bien que les hommes en fassent aujourd'hui si peu de cas. Mais que servent tous ces témoignages accumulés? La volonté de l'homme, voilà la cause réelle de son inimitié: «Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie.» Pourquoi cette volonté obstinée? Parce que l'homme recherche la gloire de ce monde au lieu de celle qui vient de Dieu seul. Or les Juifs qui rejetaient Celui qui venait au nom de son Père, accueilleront un jour l'Antichrist qui viendra en son propre nom. En attendant, pas n'est besoin que Jésus les accuse; ils le sont par Moïse puisque, tout en se glorifiant de lui, ils ne croient pas à ses paroles: recevoir Christ, c'était ajouter foi à ce que Moïse avait écrit de Lui. (À suivre) _________________________________ LE TÉMOIGNAGE CHRÉTIEN Deux extraits de lettres de J. N. D. ¹ Cher frère, ...Maintenant que le Seigneur nous a délivrés de cette dangereuse attaque de l'ennemi, et que, dans sa grâce merveilleuse, il a gardé son témoignage au milieu de nous; je désire ardemment une chose: c'est que l'œuvre soit plus grande quoique moins ostensible, C'est que les frères soient dévoués, fidèles, et que dans toutes leurs voies, ils ne soient nullement mondains, qu'ils soient spirituels, Christ étant tout pour eux. ¹ Le premier extrait a déjà paru dans le Messager Évangélique de 1879, p. 397. La question et le conflit qui se sont élevés ont été bien plus sérieux que beaucoup de frères ne le supposent, et Dieu nous a gardés dans sa grâce et sa bonté souveraines, quelque faibles et infidèles que nous ayons été à son témoignage au milieu de nous. Si les frères ne prennent pas à cœur, soit l’humiliation, soit la bonté qui leur a été si richement montrée comme encouragement, Dieu vous ôtera le témoignage, et alors qui est-ce qui nous délivrera? Voilà ce qui m’occupe maintenant. Je lui demande qu'il fasse ces choses, et Lui seul peut les faire. Qui pourrait rendre spirituel, sinon Celui qui opère par son Esprit? Que les frères sachent qu'ils ne sont rien; qu'ils n'aient en rien d’autre motif que Christ, et tout ira bien. Il y a un témoignage pour les derniers jours, et Dieu le maintiendra : les frères en ont été par grâce les dépositaires, mais ils étaient en voie de s'élever dans leurs pensées à l'égard d'eux mêmes, à mesure qu'iLs déclinaient en devenant inconséquents dans le témoignage. Ce que l'on trouve, lorsque Dieu agit, c'est l'amour pour la vérité, l'affliction sur l'état de l'Église de Dieu, la séparation de cœur et de marche pour la vérité, jointe à l’attente de Christ, et non pas la préoccupation de nous-mêmes comme dépositaires de la vérité. Il est dit de Jéhovah lui-même, qu'il fut «en peine de la misère d'Israël» (Juges 10, 16). Dieu a permis l'attaque de l'ennemi pour montrer où nous en étions ; rien n'est plus humiliant. Dans sa miséricorde il nous a délivrés. Apprendrons-nous la leçon qu'il enseigne, et irons-nous avec des cœurs reconnaissants à la rencontre du Seigneur, dans le chemin d'un dévouement qui n'a qu'un seul objet en vue ? Telle est la question qui se pose maintenant. J'ai dit bien souvent que les frères avaient commencé par la séparation pratique d'avec le monde; sans doute, certaines vérités pour les derniers jours leur furent aussi confiées; mais ce que le monde pouvait voir, c'était qu'ils n'étaient pas du monde. Est-ce bien là le témoignage qui aura lieu dorénavant? Il en était ainsi au commencement dans les maisons, dans les manières et dans la conduite, avec beaucoup de manquements, sans doute, mais le témoignage avait ce sceau-là; c'était ce qui caractérisait les témoins. On ne discutait pas pour savoir si l'on était des Philadelphiens ou non... Je m’arrête, et vous comprendrez ce que Je veux dire. Mais Dieu est bon, et il a été d'une bonté parfaite pour nous. Je regarde à Lui pour qu'il réveille les frères endormis. Je sais que les consciences d'un grand nombre ont été réveillées. Puissent maintenant leurs cœurs le suivre avec la foi dans la bonté de Dieu. Nous lisons: «Mon âme s'attache à toi pour te suivre, ta droite me soutient» (Psaume 63, 8). Votre frère affectionné en Christ, J.N.D. ______________________ Cher frère, Prétendre que l'on est Philadelphie, c'est participer de l'esprit de Laodicée. J'ai confiance que Dieu agit en vue d'un témoignage philadelphien, mais vouloir être quelque chose, c'est s'opposer à l'œuvre de Dieu. Philadelphie demeure jusqu'à la venue de Christ. Ayant gardé la parole de sa patience, elle a reçu, d'une part, la promesse d'être gardée de l'heure de l'épreuve qui doit venir sur la terre habitée tout entière, et d'autre part, la promesse que Christ vient bientôt. Je pense qu'il y aura un témoignage philadelphien plus affirmé, ce n'est pas là ce que je conteste, mais bien plutôt la prétention de constituer un tel témoignage maintenant. Une autre chose contre laquelle je m'élève est de faire de ceux de Laodicée qui ouvrent quand le Seigneur frappe, d'excellents chrétiens, dans un état spirituel avancé. Je ne vois absolument rien de semblable. Ce sont des inconvertis ou des chrétiens professants dans un état si bas, que tout l'ensemble va être vomi de la bouche de Christ, et ils sont avertis de saisir Christ, et ce qui est vrai et réel. Il n'est pas question, en ce qui les concerne, de sortir dehors et d'être en témoignage, Christ entre et soupe avec eux. Bien loin de penser que la promesse faite à celui qui ouvrira est de l'ordre le plus élevé, j'ai toujours pensé qu'elle est au contraire d'un niveau des plus bas. Il s'agit simplement de régler, c'est sans doute une chose merveilleuse pour des créatures telles que nous, mais c'est ce que les saints de l'Ancien Testament auront également en partage. C'est une gloire purement extérieure, mais ce n'est pas être à l'intérieur de la maison. L'exhortation adressée à Laodicée consiste à acquérir ce qui est vrai en Christ, en laissant de côté toute vaine prétention, «afin que la honte de ta nudité ne paraisse pas ». Elle doit aussi s'oindre les yeux afin de voir. Je ne vois rien là qui indique un degré extraordinairement avancé au point de vue spirituel. Je désire sincèrement voir les saints éveillés à un entier dévouement, ainsi qu'à une pleine force et constance de communion mais éprouver le besoin d'être ainsi caractérisés n'est nullement die la prétention. J. N. D. _______________________________ FRAGMENT Ce dut être une chose étonnante pour des anges de voir le Fils de Dieu habiter sur la terre comme un homme; mais toute la plénitude de la déité était dans cet homme. Jamais homme ne parla comme Lui. Il était dans une même pensée avec Dieu, capable de communiquer la vie éternelle, d'accomplir tout miracle, un homme: mais différent de tous les autres hommes. Il n'y eut jamais en Lui que la perfection. Dès que nous voyons Christ, nous ne pouvons que bénir Dieu de ce qu'il a trouvé en lui Celui qui a répondu entièrement à sa pensée. La perfection de Christ est ma condamnation, à moins d'y avoir un titre par la grâce, car alors toutes les pensées de Dieu à mon égard se déroulent. Le Christ que Dieu a placé à sa droite est ma justice, et cela change tout relativement à ce que je suis, moi. Si Christ est pour moi force, sagesse, justice, tout, j'ai un motif de rendre grâces à Dieu de ce qu'une personne telle que le Seigneur Jésus Christ est venue sur la terre. Non seulement je vois Christ sur le trône du Père, mais je puis dire de Lui: «Voilà Celui qui m'a aimé et qui s'est livré pour moi.» Il est heureux dans l'amour du Père, et mon cœur, établi dans la liberté par la rédemption, jouit de le savoir heureux. S'il est la vie éternelle de mon âme, le bonheur est ma portion. Christ me dit: «Toi, mon heureux débiteur, je veux t'introduire dans la joie que j'ai auprès .de mon Père. » Et moi de Lui répondre: «Je me réjouis, ô Seigneur, de ce que tu possèdes ce qui fait la joie de ton cœur, le repos auprès du Père, car je t'aime, oui, je t'aime. » G. V. W. ……………………………………………… L'ÉTERNITÉ DES PEINES Aucun sujet n'est plus propre à faire reculer. Il apparaît cependant nécessaire de le considérer une fois de plus. Faut-il regarder la doctrine des peines éternelles comme l'héritage de traditions religieuses inacceptables et périmées, ou, au contraire, est-elle fondée dans l'Écriture ? Les serviteurs de Dieu à qui nous devons tant, les J. N. Darby, W. Kelly, C. H. Mackintosh, A. Ladrierre, H. Rossier, et combien d'autres, ont invariablement conclu dans le second sens. Les «frères»se sont jusqu'ici conformés à leur manière de voir. Cette attitude devrait-elle être révisée? En réalité, la question n'est pas nouvelle. Il y a bien longtemps que, en divers points de la chrétienté mais surtout dans le protestantisme libéral, on conteste l'affirmation de l'éternité des peines. Les ouvriers dont il vient d'être question combattaient pour elle il y a plus d'un siècle et d'autres l'avaient fait avant eux. Mais de nos jours l'orthodoxie évangélique, en renouveau à certains autres égards, béni soit Dieu ; est largement envahie par la négation de ces peines éternelles. Elle rejoint en cela bien des sectes plus ou moins nouvelles, et l'on voit cette négation gagner du terrain jusque dans les milieux que l'on aurait pensés les mieux défendus contre elle. Elle n'utilise guère pourtant d'autres arguments que ceux qui ont été r futés par nos devanciers. L'autorité reconnue de ces conducteurs, si fortement qu'elle s'impose à nous, si convaincus que nous soyons non seulement de la probité et de la compétence mais encore de la spiritualité avec lesquelles ils ont étudié ces questions, ne saurait à elle seule être déterminante. C'est rendre ce que nous devons à leur mémoire et imiter leur foi que de faire ce à quoi ils nous convient toujours, savoir d'examiner soigneusement les Écritures comme les Béréens, pour voir si les choses sont bien ainsi. Faisons-le ici en toute simplicité, sans prétendre verser au débat quoi que ce soit de nouveau, mais pour nous assurer dans «ce que dit l'Écriture ». Écartons préalablement quelques causes d'obscurité comme l'esprit humain en produit toujours quand il s'ingère dans les choses divines. Un mot suffirait pour nous débarrasser, si besoin était du fatras d'inventions dont on a peuplé l'enfer. Ce sont des restes des mythologies les plus variées, ou des produits de la superstition, ou des élucubrations d'artistes et d'écrivains, des fables et rien que des fables! La Parole ignore tout des supplices variés qu'elles dépeignent, aussi bien que des cris et des blasphèmes de damnés révoltés (au contraire, les êtres infernaux « ploieront le genou» au nom de Jésus). Bien loin de montrer Satan et les démons régissant l'enfer et torturant les créatures humaines, elle nous apprend que c'est « pour le diable et ses anges» que le feu éternel « a été préparé ». La sobriété de la Parole sur ces sujets est plus solennelle que ces débordements de l'imagination, par lesquels on a prétendu frapper l'esprit des hommes mais qui en fait ne sont qu'un moyen diabolique de les détourner de la vérité. Tout autant que l'imagination, il y a lieu de récuser la sentimentalité humaine. «Mes pensées ne sont pas vos pensées et mes voies ne sont pas vos voies», dit l'Éternel. Nos sentiments, même les plus respectables, ne fournissent pas plus que nos pensées ; et même bien moins que nos pensées, une base valable pour juger de ce qui convient à Dieu. L'idée d'un jugement illimité fait horreur à la nature humaine; des cœurs faiblissent à la pensée qu'un être cher, mort inconverti, serait voué à des tourments sans espoir et sans fin; cela leur semble contredire la bonté et l'amour de Dieu. Mais c'est là la mesure humaine des choses, et rien de plus. Nous sommes incapables, en effet, de nous détacher de ce qui appartient à l'ancienne création. Nous le sommes encore davantage de nous faire une idée exacte de la bonté de Dieu, pas plus que de sa justice et de sa sainteté. Nous sacrifierions l'une de ces qualités à l'autre, alors qu'elles se fondent dans son Être, qui ne serait pas éternel s'il n'était à la fois lumière et amour. Dieu est amour. Il est infiniment plus sensible que nous ne pouvons l'être aux !souffrances de ses créatures, et à leur cause profonde, le péché (rappelons, en passant, que le diable et les autres anges déchus, pour qui le feu éternel est préparé, sont aussi des créatures !) Mais Il est amour dans la lumière, dans l'harmonie parfaite d'un univers dont Il n'est pas seulement le souverain mais l'ordonnateur. C'est à Lui, non à nous, qu'il appartient de savoir comment les choses doivent être pour que « Dieu soit tout en tous ». Nous nous inclinerons devant sa sagesse, que dis-je, nous l'adorerons. Nous n'aurons plus égard à nous-mêmes, mais à Dieu seul, en Christ. Nous serons dégagés de tous les liens d'ici-bas, non dans l'égoïsme qui les accompagne si souvent, mais dans l'amour vrai. Nous serons mus par d'autres affections que celles de cette terre. Nos sentiments d'aujourd'hui auront pris leur vraie place : même les plus légitimes quant à la vie d'ici-bas se rapportant à des relations, qui alors auront été dénouées. Ce qu'elles auront comporté de pur se sera pour ainsi dire : sublimé dans ces affections éternelles. Et nous comprendrons ce que nous ressentons si peu tant que nous sommes sur la terre, savoir la grandeur de l'offense faite à Dieu par les hommes qui refusent sa grâce et ne veulent pas être réconcilié quand Il les en supplie. Du moins savons-nous dès maintenant combien Dieu a aimé le monde, jusqu'à «donner son Fils unique afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas ». Si nous voulons contempler l'amour de Dieu, c'est à la croix qu'il faut aller. Comment parler de nos sentiments humains (même s'ils sont un reflet, bien lointain et combien altéré, de l'image divine), quand nous voyons Dieu traitant ainsi, à la place des coupables, son Fils bien-aimé, et que nous voyons ce Fils de Dieu subissant des souffrances comme celles des trois heure sombres ? Nous sommes, d'autre part, foncièrement incapables de concevoir l'éternité, tant que nous sommes dans ces corps où notre existence se déroule en une succession d'événements. Quand nous parlons de peines éternelles, aussi bien que de vie éternelle, nous les voyons comme se continuant indéfiniment, dans une telle succession temporelle, avec le temps prolongé encore et toujours. Sans disserter inutilement sur l'éternité, il suffit de marquer l'inexactitude totale d'une telle vue. Le temps, qui a été créé et qui a commencé en se détachant de l'éternité, finira en se fondant dans ce qui n'a ni commencement ni fin. Le temps ne sera plus. L'éternité est la durée intemporelle, la durée pure. Tout sera fixé, ce qui ne veut pas dire inerte et immobile, mais simultané, sans la discontinuité de tout ce qui a un passé, un présent et un futur. Dieu, l'Éternel, s'appelle le Même, Il ne saurait changer quelles que soient ses activités et ses voies. Celui qui, par rapport au temps, était et qui est et qui vient, est Celui auquel il est dit : «Mais toi, tu es le Même », c'est pourquoi « tes ans ne cesseront pas» (Hébreux 1, 12). Défions-nous donc et de nos sentiments et de nos raisonnements. Une vue correcte de ce grand sujet de l'éternité des peines ne dépend pas de ce que nous éprouvons ou de ce que nous concevons, mai de ce que Dieu nous en fait connaître par sa Parole et son Esprit. L'homme naturel est toujours enclin à juger Dieu en prétendant juger des choses de Dieu. La foi accepte simplement ce que Dieu dit. Cette Parole apprend elle-même au lecteur tant soit peu attentif que les termes du langage qu'elle emploie ou qu'elle met dans la bouche des hommes, peuvent revêtir des acceptions différentes selon les moments de la révélation divine et les phases des voies de Dieu. C'est ainsi qu'il ne faut pas confondre les déclarations relatives à Israël avec celles qui s'appliquent à l'Église, les promesses faites à Abraham avec celles faites à David, et les unes et les autres avec celles qui sont faites aux chrétiens, etc. Il en est ainsi du sujet qui nous occupe. Dans l'Ancien Testament, le mot éternel, et ceux qui en dérivent, éternité, éternellement, ou qui lui sont analogues, comme à toujours, à jamais ; ne prend son plein sens que lorsqu'il se rapporte à Dieu: par exemple « les bras éternels» (Deutéronome 33, 27), «le Roi d'éternité» (Jérémie 10, 10) ; « Je vis éternellement» (Deutéronome 32, 40), «d'éternité en éternité» (Psaume 90, 2, Néhémie 9, 5), «un amour éternel» (Jérémie 31, 3), et par-dessus tout, cela va sans dire, le nom même que Dieu prend, celui d'Éternel (Jéhovah). Mais ailleurs dans cet Ancien Testament, quand ce même mot se rapporte aux créatures et aux choses créées, son sens immédiat et habituel ne va pas au delà de la création visible, la première création, et s'applique à une durée temporelle, avec commencement et fin. Ce n’est pas qu'il soit sans relation avec l'éternité divine dans son absolu. Mais même les croyants les plus éclairés de ces «jours d'autrefois», sans que nous puissions discerner à quel point leur foi était enseignée à passer de ces choses visibles aux invisibles, étaient appelés à se mouvoir dans le cadre de promesses et de prophéties concernant la terre. Leur pensée avait essentiellement pour objet le royaume de Dieu ici-bas, dans le temps, « tant que dureront le soleil et la lune» (Psaume 72, 5, 7). Ainsi, quand il est parlé d'Israël sauvé par l'Éternel « d'un salut éternel» (Ésaïe 45, 17), ou au contraire quand «un opprobre éternel» et «une confusion éternelle» sont appelés sur les ennemis de l'Éternel (Jérémie 23, 40, 20, 11) ; quand nous lisons qu'« un royaume éternel» s'établira (Daniel 4, 3, 7, 1427), qu' «une joie éternelle» sera sur la tête du peuple restauré (Ésaïe 35,10, 51, 11; 61, 7), qu'« une alliance éternelle» est conclue avec lui (Ésaïe 61, 8), tout cela ne déborde pas, à le prendre directement, les limites temporelles du règne, autrement dit du millénium. ¹ ¹ Encore faut-il ici prendre garde que le Nouveau Testament agrandit l'horizon de ces prophéties: le royaume de Christ, qualifié d'éternel, et sa domination, qualifiée d'éternelle, concernent bien, directement, l'ancienne création, appelée à passer; mais, à «la fin», après que toutes choses lui auront été assujetties, Il remettra le royaume à Dieu le Père, en éternité (1 Corinthiens 15, 24, 28). Si «les nouveaux cieux et la nouvelle terre que je fais, subsisteront devant moi, dit l'Éternel » (Ésaïe 66, 22), ce n'est pas au-delà de ce règne qu'ils sont considérés comme subsistant; ce sont encore les cieux et la terre de cette création périssable, bien qu'ils aient été rénovés et que la gloire de Dieu les remplisse. C'est pourquoi on peut ne pas trouver un argument décisif dans les «flammes éternelles» d'Ésaïe 33, 14, ni dans le ver qui ne meurt point et le feu qui ne s'éteint point d'Ésaïe 66, 24, si claire que paraisse leur allusion à une géhenne proprement éternelle. D'autre part il est bien admis que le verset 2 de Daniel 12: «Plusieurs qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et lies autres pour l'opprobre, pour être un objet d'horreur éternelle », signifie non une résurrection d'individus, mais le retour d’Israël ramené d'entre les nations où il gisait comme mort et rentrant dans son pays, où les uns seront bénis, les autres réprouves (cf. Ésaïe 26, 19 et Ézéchiel 37). Il suit de là aussi que nous ne trouvons pas grande chose de précis dans l'Ancien Testament à l'égard de la survie de l’âme et de la résurrection du corps, sinon des figures, quelques faits exceptionnels comme l'enlèvement d'Énoch et celui d'Élie, et comme l'évocation de Samuel à En-Dor (1 Samuel 28), ou encore des paroles comme celles de Job (19, 25). Mais la vie y est essentiellement considérée comme terrestre. Elle a son terme quand l'Éternel reprend le souffle qu'Il a mis dans les narines de l'homme. «L'esprit retourne à Dieu qui l'a donné, » et le corps à la poussière d'où il avait été pris (Ecclésiaste 12, 9). «L'homme expire, et, où est-il?» (Job 14, 10). D'où l'effroi du shéol même si la foi pouvait saisir que le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob ne peut être le Dieu des morts mais des vivants, et si « ceux-ci sont morts dans la foi ». Ésaïe 38, 10-20, traduit particulièrement cet effroi, et maints passages des Psaumes. Si l'homme voit un avenir devant lui, c'est sur la terre, dans sa descendance. Et la rétribution des méchants, en jugement, n'est pas présentée plus loin qu'une descente ignominieuse au shéol, «dans la fosse », si impressionnantes que soient des évocations comme celles d'Ésaïe, 14, 9-20, ou d'Ézéchiel 32, 17-32. Mais avec le Nouveau Testament tout change. Le second homme vient du ciel, la mort est vaincue, un nouveau commencement apparaît, celui de la nouvelle création. «La vie éternelle, qui était auprès du Père,» «nous a été manifestée ». Elle est « annoncée » ; elle ne l'avait pas été jusque là. Elle est déjà la part du chrétien, par le Saint Esprit, en Christ, en attendant qu'il en jouisse dans un corps glorifié semblable au sien (1 Jean 3, 2 ; Philippiens 3, 21). L'évangile d'e la gloire et de la grâce est prêché, mais son point de départ est la révélation de la colère de Dieu, «la colère qui vient» (Romains 1, 18; 1 Thessaloniciens 1, 10). Alors les perspectives s'ouvrent. Elles vont bien au delà du règne millénaire où la terre aura été bénie après avoir été purifiée par le jugement. Elles atteignent l'état éternel. Les nouveaux cieux et la nouvelle terre, où la justice habite, ne sont plus ceux de la première création: celle-ci aura été détruite par le feu (2 Pierre 3; Apocalypse 20). La vie éternelle avec le Seigneur sera le partage de tous les rachetés. Ce sont les croyants de tous les âges, auxquels s'ajoutent les irresponsables dont, en nombre incalculable, les petits enfants. Tous auront eu part, à titre soit de ressuscités soit de transmués, à la « première résurrection», la « résurrection de vie», en ses diverses phases: venue du Seigneur selon 1 Thessaloniciens 4, et résurrection des morts de la grande tribulation (Apocalypse 20, 4). Il faut certainement y joindre, à « la fin », après le règne, une transmutation des croyants milléniaux. «Bienheureux et saint celui qui a part à la première résurrection: sur eux la seconde mort n'a point de pouvoir» (Apocalypse 20, 6). Ce ne sont donc pas tous les hommes qui «auront part» à cette première résurrection; cette vie éternelle ne sera pas le lot de tous. L'illusion d'une réconciliation de tous les hommes, autrement dit la doctrine du salut universel, est pourtant fort répandue chez ceux qui veulent ignorer l'Écriture. C'est une erreur fatale. Il est parfaitement vrai que Christ est « mort pour tous. », mais le bénéfice de son œuvre est pour «quiconque croit ». La rédemption du genre humain, comme on dit, est faite, mais ceux qui, en quelque temps que ce soit, auront refusé la grâce, s'en seront exclus eux-mêmes. « Si vous ne croyez pas que c'est moi, disait Jésus à ses adversaires, vous mourrez dans vos péchés» (Jean 8, 24). Pour ceux qui seront ainsi «morts dans leurs péchés », il y aura la « résurrection de jugement ». « Le reste des morts ne vécut pas jusqu'à ce que les mille ans fussent accomplis» (Apocalypse 20, 5) est-il dit après l'annonce de la première résurrection, celle des « bienheureux»; et ces «morts» se réveillent pour comparaître devant le grand trône blanc, «les morts, les grands et les petits », et ils sont «jugés d'après les choses écrites dans les livres, selon leurs œuvres» (Apocalypse 20, 12). L'Écriture est positive: on ne peut être sauvé sans propitiation, et pour ceux qui rejettent Christ il ne reste plus de sacrifice pour le péché. Parler du salut universel, c'est nier la justice de Dieu en raison de l'idée imparfaite qu'on prétend se faire de son amour. C'est renverser l'Évangile. Allez donc prêcher l'Évangile à des gens auxquels vous direz en même temps que finalement ils peuvent être sauvés tout en refusant Christ! Il ne saurait pas davantage être question d'une cessation de toute, existence, pour les inconvertis, avec la mort corporelle. C'est ce que souhaiterait l'homme naturel. «Mangeons et buvons, car demain nous mourrons ». Là encore la Parole est formelle: «il est réservé aux hommes de mourir une fois, et après cela le jugement» (Hébreux 9, 27). La résurrection de jugement, le grand trône blanc, la sentence finale, ce sont là des réalités redoutables sans doute, mais des réalités. Le lecteur sincère de l'Écriture ne peut échapper à la conviction que, de même qu'il y a la vie éternelle pour les croyants, il y a une « colère» divine qui vient sur les autres, un jugement terrible pour les «morts dans leurs péchés », qu'ils aient péché sans loi, sous la loi, ou qu'ils aient refusé l'Évangile de la grâce. Chacun d'eux sera jugé selon ses œuvres, et recevra un châtiment mesuré à la grandeur de son offense, selon la parfaite sagesse de Dieu. Quelle est la portée de ce jugement ? Nous voici amenés à la question posée au début de ces pages. Il n'est que temporaire, si terrible soit-il, affirme-t-on de divers côtés; c'est une peine à purger, après quoi, pour ces condamnés, toute existence cessera, ils seront annihilés. Nous ne pouvons, et cela en plein accord avec ceux qui nous ont enseigné, que trouver dans l'Écriture l'obligation de rejeter catégoriquement une telle affirmation. Salut et perdition, vie éternelle et colère de Dieu, sont à maintes reprises, pour ne pas dire constamment, associés dans cette Écriture, en un parallélisme tel que nier le caractère de l'un revient à nier celui de l'autre. Ainsi en Marc 16, 16, Jean 3, 36, 5, 29, Romains 2, 5-16, 1 Corinthiens 1, 18, 1 Jean 5, 12, Philippiens 1, 28. Si le salut est éternel, la perdition l'est de la même manière. On objectera qu'il s'agit là d'une analogie simplement suggérée par ce parallélisme. Mais elle se renforce d'une identité littérale. Le, même terme, dans l'original comme en traduction, s'applique, pour les déclarer éternels, à la fois à la vie et aux tourments (Matthieu 25, 46), à la destruction (2 Thessaloniciens 1, 9), au jugement (Marc 3, 29, Hébreux 6, 2), au feu (Matthieu 25, 41, 18, 8, Jude 7). Et c'est le même mot qui qualifie en 2 Corinthiens 4, 18 les choses qui ne se voient pas par opposition à celles qui se voient et qui ne sont que pour un temps, en 2 Corinthiens 5, 1 notre maison céleste par opposition avec cette tente éphémère, en 1 Pierre 5, 10 la gloire de Dieu, en 1 Timothée 6, 16 sa force, etc. Ce terme d'éternel (aiônios) est dans tous ces cas et d'autres encore en contraste avec temporel. Lui donner des acceptions différentes serait faire violence au texte. Il n'est pas moins significatif qu'une même expression, savoir « aux siècles des siècles» (eis tous aiônas tôn aiônôn) s'applique à l'éternité de Dieu d'une part, aux tourments de ses ennemis d'autre part (Apocalypse 4, 10 et 14, 11, 20, 10). Que conclure sinon que, dans le cas où les tourments qualifiés d'éternels ne seraient en fait que temporaires, la vie éternelle ne durerait pas non plus à toujours? Nous ne trouverions en aucun passage de garantie pour une telle éternité de vie. Il est vrai que nous sommes incapables de déterminer en quoi consistent ces tourments. L’étang de feu et de souffre» est un symbole, admettons-le sans difficulté; mais que dire alors de la réalité ainsi symbolisée! Nous entrevoyons quelle terrible chose, la pire qui puisse se formuler, doit être pour une créature consciente, la séparation sans espoir d'avec son Créateur! C'est ce qui est appelé la « seconde mort. Observons ici avec soin qu'il nous est dit que la mort (la première) ; le dernier ennemi qui sera aboli sera, avec le hadès, jetée« dans l'étang de feu: c’est ici la seconde mort, l'étang de feu» (Apocalypse 20, 14). Qu'est-ce à dire, sinon que les «morts », jugés devant le grand trône blanc, passeront de la mort temporelle et temporaire à la mort éternelle? Redisons-le, l'éternité dépasse notre conception présente, mais à coup sûr la seconde mort ne peut pas plus que la première signifier l'annihilation immédiate ou différée, peu importe. Nous nous abstenons à dessein de discuter le point de savoir s'il convient de qualifier ou non d'immortelle l'« âme vivante» qu'Adam « devint» par le souffle de Dieu (Genèse 2, 7; 1 Corinthiens 15, 45), estimant que l'on tombe là dans une question de mots, alors que ce sont les faits qui importent. «Détruire l'âme et le corps dans la géhenne» (Matthieu 10, 28) est sans contredit l'équivalent de la seconde mort ; mais cela ne signifie en aucune manière l'annihilation : destruction n’est pas anéantissement et «destruction éternelle» encore moins, car le terme implique la durée sans fin de la destruction. La mort, que ce soit la première ou la seconde, n'est pas la cessation de l'existence. Moralement nous étions tous morts dans nos fautes et dans nos péchés, mais nous existions bien, vivants au péché ; les morts qui attendent le jugement existent; les morts jugés existeront, mais privés de la vie éternelle, sous la « colère de Dieu ». Pourquoi le feu serait-il qualifié d'éternel, s'il consumait tout en un instant? Le feu inextinguible, le ver qui ne meurt point, sont des figures assurément; mais ces figures sont chargées de traduire ce que nous ne pourrions concevoir autrement: comment nous parleraient-elles d'un feu inextinguible qui n'aurait plus rien à brûler, d'un ver qui ne meurt point et qui n'aurait plus rien à ronger? Ces figures sont reprises par le Nouveau Testament à l'Ancien, mais elles se trouvent dans la bouche de Jésus et dans le langage du Saint Esprit par les apôtres, et sont appliquées par eux à d'autres durées que celles, temporelles, de la première création. Éternité des peines, doctrine effrayante. Soit. Qu'elle le soit assez pour faire trembler à salut les pécheurs: Félix était «tout effrayé» d'entendre Paul discourir sur le jugement à venir, et il a pour son malheur résisté à cet effroi. Quelle le soit assez pour que les croyants prennent à cœur le salut des pécheurs ! Mais comment oublier que pour nous « délivrer de la colère qui vient» il n'a rien moins fallu que la mort du Fils de Dieu? Il a connu la première et la seconde mort sans quoi nous en serions en- core passibles. Il a éprouvé toute l'horreur de la seconde mort quand elle étendit sur Lui, fait péché pour nous, son ombre terrible pendant les trois heures sombres de Golgotha, avant qu'il n'entrât dans la première, mais en vainqueur, ayant payé le salaire du péché. Il a connu à notre place l'abandon de Dieu. Il nous faut toujours revenir à la croix: elle est le fait central de la foi chrétienne, mais inséparable de la résurrection. Après d'autres, nous ne pouvons que répéter : nier l'éternité du jugement c'est attenter à l'œuvre de Christ. Ce n'est pas seulement couper le nerf à la prédication, comme le disait Adolphe Monod, c'est ôter de sa substance à la prédication de Jésus Christ crucifié, et cela vis-à-vis de l'inconverti, comme du croyant. L'œuvre expiatoire, selon cette façon de voir, se serait limitée à porter des peines limitées, encourue,s par les élus; Jésus ne fût-il pas venu, l'humanité aurait disparu tout entière après une période de châtiment, sans plus. La gravité du péché s'amoindrit jusqu'à disparaître, elle n'est plus à la mesure de l'infinie sainteté de Dieu; la propitiation perd de son excellence, les trois heures sombres de leur horreur. Non, non, notre précieux Sauveur a été fait péché pour nous, fait malédiction pour nous. Il a connu l'abandon de Dieu comme seul pouvait le connaître Celui qui était véritablement homme et véritablement Dieu. Et c'est à jamais que devant Lui se ploiera tout genou, des êtres célestes et terrestres, mais aussi infernaux, les non réconciliés, hélas! Chers frères et sœurs, continuons à dire, avec une solennité et une reconnaissance accrues : ... Ton cœur infini, sous ce poids d'un moment, Porta l'éternité de notre châtiment. A. G. ________________________________ INTRODUCTION À L'ÉTUDE DES ÉVANGILES Jean 6 et 7 (Suite de la page 108) Dans le chapitre 6, c'est à un nouveau point de vue qu'Israël est mis de côté. Ce n'est plus ici le contraste entre la vie éternelle qui seule peut délivrer l'homme, et la loi qui le laisse mort dans ses péchés, sans espoir de secours; mais la différence totale entre la vérité de Dieu présentée à l'homme en la personne de Jésus ainsi que dans ses œuvres, et les promesses rattachées au Messie. Loin d'être rejeté, comme précédemment, le Seigneur est reconnu par la foule comme étant le prophète qui devait venir (vers. 14) ; il est reçu à cause de ses œuvres et surtout à cause du miracle que l'Écriture mentionne spécialement en rapport avec le Fils de David (Psaume 132.) n’avait rassasié les pauvres de pain, et on voulait l'enlever afin de le faire roi; mais le moment n'était point venu pour Lui de s'asseoir sur le trône de David, et il se retire sur la montagne. Jésus ne conteste point son titre de Messie; il était en effet le prophète qui devait venir, le Fils de David, le grand Roi ; mais il s'agissait de questions bien plus importantes à résoudre, d'une œuvre plus grande encore que le règne glorieux du Messie; il s'agissait du pain de Dieu qui vient du ciel, de Celui qui est descendu du ciel et qui donne la vie au monde; il s'agissait de la mort et non de la domination du Fils de l'homme. Jésus parle de son incarnation d'abord, puis de la rédemption: de sa chair qu'il donne à manger, de son sang qu'il donne à boire. Ainsi les choses anciennes sont passées, le vieil homme est jugé, mort, disparu; un nouvel homme entre en scène: le pain de Dieu pour les hommes. C'est la disparition totale de la loi, des miséricordes providentielles, des promesses touchant le Messie, de la gloire annoncée par les prophètes à Israël, tout cela éclipsé par la vie éternelle et la résurrection au dernier jour. Christ n'apparaît pas ici comme le Fils de Dieu qui vivifie (chap. 5), mais comme étant, en sa qualité de Fils de l'homme, l'objet de la foi, par son incarnation d'abord: le pain descendu du ciel, afin que quiconque en mange ne meure pas; ensuite par sa mort, en donnant sa chair à manger et son sang à boire, un aliment et un breuvage dont la vie éternelle est inséparable. Or manger sa chair et boire son sang, indique la communion avec sa mort. Ce n'est point seulement croire à l'incarnation de Jésus et le recevoir comme étant descendu du ciel, mais la communion avec sa mort est nécessaire pour avoir la vie éternelle. Après s'être présenté aux Juifs comme le Fils de l'homme vivant, qu'il s'agissait de recevoir et de discerner (vers. 40), Jésus parle de sa mort. Lui qui, reçu pendant sa vie, donnait la vie éternelle, devient, par sa mort, la nourriture et le breuvage de ceux qui croient en Lui; il leur donne communion avec sa mort. Deux grandes vérités apparaissent donc ici à nos regards: l'incarnation et l'expiation. Il est bien dit (vers. 50-51), qu'il faut manger le pain descendu du ciel; mais c'est à propos de l'expiation que Jésus parle de manger sa chair et de boire son sang, et qu'il ajoute: «Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi, et moi en lui. » C'est l'expiation surtout qui est mise en saillie, et la nécessité d'y avoir sa part. Celui qui croit à la réalité de l'incarnation, accepte aussi avec bonheur celle de la rédemption; mais personne qui rejette la rédemption, n'a réellement cru à l'incarnation au point de vue de Dieu. La croix sera toujours une pierre d'achoppement pour celui qui voit dans l'incarnation de Jésus, le simple fait de son humanité; mais si l'âme a été enseignée de Dieu touchant la gloire personnelle de Celui qui a été fait chair, elle comprend aussi, avec bonheur, que son incarnation a eu lieu en vue d'une chose plus merveilleuse encore; qu'il est venu en ce monde, afin de mourir, afin de glorifier Dieu par sa mort, et de devenir ainsi la nourriture de ceux qui croient en Lui. Jésus ajoute à la fin de ce chapitre un nouveau contraste. S'il s'agissait de le recevoir non comme le Messie, mais comme le Fils de l'homme qui devait mourir, il était également vrai que le Fils de l'homme, monterait là où il était auparavant (vers. 62.) Cette humanité qu'il avait prise après être descendu du ciel, il la transporterait en sa personne dans la gloire céleste que, Lui seul connaissait comme étant le Fils du Père. Le chapitre 7 part de ce dernier point de vue. Les frères de Jésus, voyant la puissance merveilleuse qui accompagnait tous ses actes, se disent qu'il y a là pour eux et pour lui, une ressource dont il faut absolument tirer parti. N'ayant aucune idée de la gloire personnelle du Seigneur, ils veulent se servir de Lui pour satisfaire leur orgueil. Jésus répond que l'heure de la manifestation de sa gloire n'est pas encore venue et que, pour le moment, c'est à la haine du monde qu'il a affaire, tandis qu'eux, étant du monde, doivent nécessairement agir comme le monde. Toutefois Il se rend en secret à Jérusalem, et apparaît dans le temple, comme on était déjà au milieu de la fête; la plus grande incertitude règne à son sujet; on s'étonne de ses paroles, mais point de conviction réelle; cependant «plusieurs d'entre la foule crurent en lui et disaient: Le Christ, quand il sera venu, fera-t-il plus de miracles que celui-ci n'en a fait? » Les pharisiens en conçoivent de l'inquiétude, et envoient des huissiers pour prendre Jésus. Malgré cela, en la dernière journée, la grande journée de la fête (le huitième jour, qui indiquait une gloire de résurrection en dehors de la création actuelle, mais qui, pour le moment, devait s'accomplir dans la puissance de l'Esprit), Jésus se tint là, et cria, disant: « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive. Celui qui croit en moi, selon ce qu'a dit l'Écriture, des fleuves d'eaux vives couleront de son ventre. » Ce n'est plus manger le pain de Dieu, ni, après la mort de Christ, se nourrir de sa chair et boire son sang; mais, comme au chap. 4, il s'agit ici de la puissance du Saint Esprit, non de la personne de Jésus. L'explication est donnée au verset suivant: « Or il disait cela de l'Esprit qu'allaient recevoir ceux qui croyaient en lui; car l'Esprit n'était pas encore, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié.» Il y a deux choses à distinguer: celui qui a soif vient vers Jésus qui lui donne, à boire; et la puissance de l'Esprit découle chez le croyant, de l'homme intérieur, pour rafraîchir les autres. Le Seigneur considéré comme monté au ciel en sa personne humaine après avoir accompli la rédemption; entré dans la gloire après avoir passé par la mort, confère, du lieu de gloire où il se trouve, le Saint Esprit à ceux qui croient. Le grand jour de fête et de joie, pour les Juifs et pour le monde, le huitième jour de la fête des tabernacles, ne sera inauguré par Lui que plus tard, après la moisson et la vendange de la fin du siècle. Dans ce chapitre, le Saint Esprit n'est plus envisagé comme source d'une nouvelle nature, ou comme puissance de vie et d'adoration en communion avec Dieu et le Père, mais comme un fleuve d'eau vive découlant de celui qui croit, résultat immédiat de ce que Jésus est entré comme Fils de l'homme dans la gloire céleste, après avoir accompli la rédemption. De cette façon encore, le judaïsme est mis de côté, dont l’espérance était une gloire et un repos terrestres. Jusqu'à ce que Jésus revienne du ciel et se manifeste aux yeux du monde entier, les fleuves de l'Esprit remplacent la, fête des tabernacles. Ce n'est pas de repos qu'il s'agit, mais de la joie que procure la puissance du Saint Esprit durant l'absence de Jésus. Le principe dont il est parlé au chapitre 4 a trouvé, en un certain sens, son accomplissement chez la Samaritaine et ceux qui reçurent Christ à cette époque: la personne du Fils causait même alors dans leurs cœurs une abondance de joie divine, bien que le Saint Esprit n'ait pas été réellement communiqué avant l'ascension de Jésus; le Père était déjà révélé sur la terre par Celui même qu'ils adoraient. Mais, dans ce chapitre-ci, il est évident que le Seigneur est considéré comme envoyant le Saint Esprit sur la terre après qu'il est monté dans la gloire céleste. Dans le désert, les Israélites pouvaient s'abreuver à l’eau du rocher, mais la source était en dehors d’eux ; ici, au contraire, le Saint Esprit n'est point seulement une source dans le croyant, comme au chap. 4, mais encore une source qui déborde et se répand au dehors de lui. Quel contraste avec l'état du peuple que ce chapitre nous dépeints d'une manière si frappante! Ils ne savent quel parti prendre vis-à-vis de Jésus, et enfin chacun s'en retourne dans sa maison, sans que la question ait été résolue. Ici se termine l'exposé dos aspects variés de la personne du Seigneur en contraste avec le judaïsme. Lois et ordonnances, droits au royaume, adoration juive, attente du Messie pour satisfaire les besoins terrestres de son peuple, et pour introduire le repos et la gloire: tout cela est remplacé par un nouvel ordre de choses que Jésus promet à ceux qui croient en Lui, et où il n'y a plus de distinction entre Juifs et gentils. Cependant les paroles de Dieu demeurent éternellement, et, bien que Le système juif ait été éclipsé pour un temps, toutes les promesses et toutes les menaces que Dieu a prononcées seront accomplies un jour au milieu du peuple d'Israël. (À suivre) __________________________ COMPTER SUR DIEU (Juges 20) On pourrait se demander si cette triste histoire de Juges 20 a quelque rapport avec les problèmes du temps présent. Nous souvenant que, selon le témoignage du Saint Esprit, «toutes les choses qui ont été écrites auparavant ont été écrites pour notre instruction» (Romains 15, 4) nous devons à juste raison croire que ce chapitre renferme des enseignements pour nous et les rechercher humblement. Juges 19 à 21 forment un seul récit caractérisé par ces mots: « En ces jours-là, quand il n'y avait pas de roi en Israël» (19, 1), et le chap. 21, 25 ajoute: «Chacun faisait ce qui était bon à ses yeux.» Ces jours étaient donc marqués au coin de la propre volonté et de la faiblesse. De plus, ce n'est qu'occasionnellement qu'il est fait allusion à la sacrificature dont le devoir était d'exercer le jugement en Israël; cette institution divinement instaurée était réduite à une simple fonction. Il n'est pas difficile de discerner la similitude entre ces jours et les nôtres. Nous devons donc nous attendre à trouver, dans cette portion de l'Écriture, quelque chose qui puisse nous être utile à nousmêmes. Un crime immonde avait été commis dans la ville de Guibha, qui faisait partie de Benjamin. Il est inutile de revenir sur les faits que le Saint Esprit a jugé bon de consigner au chapitre 19, mais nous remarquerons simplement que ni ces faits ni la culpabilité des personnes impliquées dans cette affaire ne furent mis en question. Le «mal» lui-même était si révoltant et une telle publicité lui fut donnée, que lorsque le peuple fut averti, il fut décidé d'entreprendre une action énergique contre les coupables. Malheureusement: les Israélites agirent dans la chaleur de l’indignation, sans avoir consulté l'Éternel. Le résultat fut qu'un cas de discipline qui paraissait simple en arriva à englober non seulement la tribu de Benjamin mais aussi toute la nation d'Israël et dégénéra en véritable guerre civile. Ne trouverions-nous pas dans l'Église, de notre temps, plus d'un cas où un mal qui aurait pu être localisé s'est étendu jusqu’à ce qu’un grand nombre soit engagé dans les difficultés ? Deux tentatives furent faites pour traduire les coupables en justice, mais elles échouèrent, de telle sorte que pendant longtemps on put croire que le mal prévaudrait. Cela parut ainsi jusqu'au moment où la pensée de l'Éternel fut recherchée et obtenue (Chap. 20). Deux questions se posent. Pourquoi les deux premières tentatives d'Israël pour exercer la discipline furent-elles vouées à l'insuccès? Quel changement dut se produire dans leur conduite avant que Dieu pût intervenir? Autrement dit, agir justement n'est pas suffisant, mais la façon d'agir et l'esprit qui guide nos actions sont d'une importance primordiale. Aux versets 12, 13, on voit qu'Israël commence par envoyer un véritable ultimatum à Benjamin, demandant, non pas que Benjamin mît à mort les criminels de Guibha, mais qu'ils fussent livrés à Israël afin que ce dernier pût procéder au châtiment. N'avaient-ils donc pas confiance en leurs frères pour faire ce qui était juste? Pourquoi ce manque de confiance? Il semble qu'Israël éprouvait une certaine fierté de sa propre intégrité et saisissait l'occasion d'en faire étalage. Combien il est aisé d'aller de l'avant pour condamner quelqu'un quand nous nous croyons parfaitement justes nous-mêmes! (Cf. Jean 8, 2-11) Une intervention si dépourvue de tact eut le résultat que l’on pouvait en attendre: elle provoqua la révolte, à l'endroit même où l'on avait avant tout besoin d'aide. Cette attitude présomptueuse d'Israël ne coûta pas moins de soixante cinq mille vies humaines (v.21, 25, 35), sang imputable autant à Israël qu'à ceux qui étaient à l'origine de l'affaire. Il est intéressant de noter qu'après le verset 13 du chap. 20, on ne trouve plus aucune mention de la cause première du trouble et qu'il n'est question ni par qui ni comment la punition du méchant serait exécutée. Ce qui aurait pu être limité à Guibha comme une affaire de discipline locale devint un conflit généralisé et apporta la division entre les tribus. N'y a-t-il pas quelque chose d'infiniment triste dans les derniers mots du verset 11 : « Et tous les hommes d'Israël se rassemblèrent contre la ville, unis comme un seul homme» ? Où voyons-nous la nation ainsi unie comme un seul homme pour garder la Pâque ou une autre fête de l'Éternel? C'est une querelle personnelle, souillant quiconque à s'en occuper, qui unit ici le peuple de Dieu comme un seul homme ! Les faits de ce genre, sont-ils inconnus aujourd’hui ? La première attaque d'Israël contre Benjamin n'eut pas d'autre résultat que de produire de l'amertume et d'élargir le conflit. Ils firent ce qu'ils purent pour imposer leur volonté à la tribu sœur. Israël disposait de quatre cent mille combattants (v. 17) et ils calculèrent (v. 10) qu'un dixième de leurs forces, quarante mille hommes, suffirait pour écraser l'opposition. On voit, versets 21 et 25, que ces quarante mille hommes furent mis hors de combat avant que rien ne fût accompli. Cela ne nous enseigne-t-il pas que Dieu réduit à néant tous les moyens charnels employés par son peuple, même s'il s'agit de poursuivre la justice? Chaque parti avait ses ressources particulières sur lesquelles il s'appuyait. Guibha possédait sept cents hommes d'élite gauchers (v. 15) capables de lancer la pierre avec une fronde contre un cheveu et de ne pas le manquer (v. 16). Israël avec ses quatre cent mille hommes tirant l'épée était numériquement plus fort. Mais Dieu souffla sur tout cela, l'élite de la force nationale fut perdue sans qu'on eût avancé vers la solution du problème. Pourtant, avant de commencer la guerre, Israël n'avait-il pas demandé conseil à Dieu? Oui, sans doute (v. 18), mais seulement quant au point de savoir lequel d'entre eux monterait le premier. Il y avait comme un point d'honneur à être le premier dans l'exécution du jugement! Dieu montra Sa désapprobation en permettant qu'Israël subît une grave défaite devant Benjamin. La faute d'Israël pourrait bien avoir, été sa propre suffisance. Ils dirent à Benjamin:« Quel est ce mal qui est arrivé au milieu de vous?» (v 12), non pas parmi nous, mais au milieu de vous. Cela ne revenait-il pas à dire: nous ne nous serions pas rendus coupables d'une telle atrocité? Quand on agit à l'égard de quelqu'un qui est tombé dans le mal, on doit l'exhorter « dans un esprit de douceur, prenant garde à toi-même, de peur que toi aussi tu ne sois tenté» (Galates 6, 1). N'est-ce pas l'opposé de la précipitation à être le premier dans l'action? Israël fut mis en fuite la première fois qu'il attaqua Benjamin (v. 20, 21) et il nous est dit qu'ils pleurèrent devant l'Éternel jusqu'au soir» (v. 23). Il y a là une apparence de contrition, mais ce qui suit en montre le manque de profondeur. Ils attaquèrent une seconde fois et furent de nouveau défaits (v. 25). Dieu ne leur enseignait-Il pas la leçon qu'une simple apparence de piété n'est pas acceptable devant Lui? Il recherche un véritable travail de cœur. Israël retourna de nouveau près de l'Éternel (v. 26) et par la suite ils furent victorieux. Que firent-ils donc cette fois-là qu'ils n’aient pas fait auparavant ? Si l'on compare les versets 23 et 26, on verra que, bien qu'ils fussent venus près de l'Éternel et y eussent pleuré, comme ils l'avaient fait précédemment, il y eut cette fois trois chose nouvelles : 1) ils demeurèrent là devant l'Éternel ; 2) ils jeûnèrent jusqu'au soir; 3) ils offrirent des holocaustes et des sacrifices de prospérité devant l'Éternel. Auparavant, ils avaient été trop pressés. Cette fois, ils demeurèrent devant l'Éternel, attendant paisiblement qu'Il fît connaître sa pensée. Il est facile de parler beaucoup sur la nécessité de s'attendre au Seigneur, mais comment le réalisons-nous? Désireux d'être débarrassés de nos difficultés, nous sommes disposés à agir promptement au lieu d'attendre avec patience qu'il plaise au Seigneur de nous faire connaître sa volonté que soit le délai que, dans sa sagesse, Il juge bon de nous imposer (Psaume 27, 14). Puis ils jeûnèrent. Quel sérieux et quelle sincérité cela implique: leurs besoins matériels légitimes délibérément mis de côté jusqu'à ce que la volonté de l'Éternel fût connue (Conférer Genèse 24, 33). Enfin ils offrirent des holocaustes et des sacrifices de prospérité. On peut être surpris qu'ils n'aient pas offert de sacrifice pour le péché comme étant plus approprié aux circonstances. Il convient néanmoins de se souvenir que l'holocauste pouvait être accepté pour propitiation (Lévitique 1, 4) car il typifiait la mort du Seigneur Jésus. Manifestement un tel sacrifice fut agréable à Dieu en cette occasion. Il est bien nécessaire d'acquérir l'esprit de douceur (Galates 6, 1; voir aussi 1 Corinthiens 10, 12) indispensable pour agir à l'égard de ceux qui ont été surpris par quelque faute. Un tel esprit ne peut être ob- tenu que par la contemplation de Celui de qui parlent l'holocauste et le sacrifice de prospérité, Celui qui a été doux et humble de cœur, obéissant jusqu'à la mort et à la mort de la croix. Cette fois Dieu écouta le cri d'Israël et l'instruisit touchant la tactique qu'il devait adopter. Le peuple avait déjà auparavant éprouvé l'amertume de la défaite devant Aï (Josué 7 et 8) parce qu'il y avait du péché au milieu de lui. Quand le péché eut été ôté, ils employèrent une tactique d'embuscade et triomphèrent. Israël avait-il oublié cela? Il le semble bien. En tous cas, il est remarquable que, pour aider l'homme, il n'était pas dans les voies de Dieu de révéler quelque chose de nouveau, mais plutôt de rappeler quelque chose qu'ils avaient oublié. Il est possible que, de nos jours, le peuple de Dieu oublie les leçons que ses pères ont apprises au cours d'une dure expérience. Le résultat, au verset 35, est que «l'Éternel battit Benjamin devant Israël »: Les moyens ne produisent de l'effet que quand Dieu Lui-même les emploie. Comme tout devient simple quand Dieu prend les affaires en main! N'aurait-il pas mieux valu qu'Israël attendit ? Puissions-nous apprendre ce que c'est que de compter sur Dieu, sans nous lancer en avant, et d'attendre jusqu'à ce que nous soyons certains d'avoir la pensée du Seigneur (Proverbes 20, 22). E. A. P ____________________________________. EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. K. Cher frère, ... Il y a un grand principe dont on ne pourra jamais reconnaître assez l'immense importance. Quand il y a des difficultés, des désaccords, de l'irritation dans nos relations, produites dans nos cœurs et dans notre esprit, commençons toujours par rentrer en nous-même pour nous sonder devant le Seigneur. N'ayons pas de l'amour-propre qui pense avant tout, à soi-même. L'amour-propre dans le monde est apprécié; celui-ci l'estime et le juge nécessaire pour réussir dans la vie ici-bas et pour acquérir de la supériorité sur les autres. C'est l'orgueil, nous dit la Parole et «Dieu hait l'orgueil ». L'amour-propre dans le chrétien, c'est la propre volonté, c'est la mettre au-dessus de celle des autres, c'est mépriser celle de Dieu qui doit être le seul mobile dans notre marche. Le vieil homme est toujours là en nous et nom ne le tenons pas pour mort. Ne pouvons-nous pas confesser que, quand quelque chose nous blesse n'est pas conforme à nos désirs, nous surprend ; l'ennemi cherche aussitôt à atteindre notre cœur par un dard enflammé et à produire des divisions ? Tant que le monde actuel durera, il n'y aura pas de paix. Christ seul l'établira à sa venue, mais jusque là il y aura guerre sur guerre ; et il y aura des divisions: Entre nations: innombrables exemples; Entre famines: tribus d'Israël ; Dans les familles: Michée 7, 6 et 7 ; Entre chrétiens: 1 Corinthiens 3, 3. J'ai passé 65 ans dans l'assemblée avec les frères, j'ai fait l’expérience de la bienfaisante influence de la mise en pratique du jugement de soi-même suivi de la confession à nos frères de nos fautes; le jugement du moi doit être profond et devrait toujours précéder celui des autres. N'usons pas de grâce envers nous-même, usons-en largement envers nos frères, sachant combien nous en avons besoin pour nous-même. J'ai vu bien des divisions parmi les frères: celles de Raven, de Tunbridge Wells ... et combien d'autres encore, moins apparentes et moins générales, parfois locales. Cela nous montre ce que nous sommes, nous les frères, malgré l'immense privilège que nous avons de posséder la Parole dans toute sa pureté et les écrits de conducteurs qui nous ont instruits par le Saint Esprit qui nous a été donné. Les principes de la marche du croyant sont fermes, ils ne renferment aucune contradiction entre eux; mais il faut beaucoup de sagesse pour les appliquer fidèlement, simplement, sans raisonnements. Quand l'homme y introduit ses raisonnements, ceux-ci le conduisent à mettre en opposition la justice, la grâce, l'amour, et la séparer ces caractères divins et infiniment beaux dans leur unité; il se sert de l'un pour infirmer les autres. Combien il est important de ne rien abandonner des principes de la vérité, de tenir ferme afin de ne pas être entraîné dans le chemin large de la chrétienté en s'associant à ceux qui n'ont que la forme de la piété; mais combien aussi il est important de ne pas éloigner ceux qui sont ballottés, des brebis égarées, et de les attirer plutôt que de les repousser! C'est là ce qui demande une grande dépendance du Seigneur, la prière, afin de ne pas être (en me servant des expressions dans leur bon sens) ni trop large, ni trop étroit. Que le Seigneur nous dirige dans cet esprit. J'ai vu des frères très éminents qui, à la suite d'un relâchement ont fini par s'égarer, alors que d'autres, des frères simples, se sont maintenus dans cette simplicité de la foi et s'étaient revêtus du bouclier de la foi. Je le répète: il faut de la sagesse, et la demander à Dieu: «Et si quelqu'un de vous...» (Jacques 1, 5). Je vous adresse mes affectueuses salutations dans le Seigneur. …………………………………… ENSEIGNEMENTS DE L'ÉPÎTRE DE JACQUES AU SUJET DE LA PRIÈRE L'Épître de Jacques met en relief la responsabilité de tous ceux qui font profession de christianisme. Quiconque a la vie de Dieu doit, par ses œuvres, en rendre témoignage devant le monde, montrant ainsi la réalité de sa foi; par ailleurs, toute sa marche extérieure doit être le reflet de sa vie intérieure. En d'autres termes: d'une part, la vie de Christ que possède le croyant doit être vue dans l'accomplissement d'œuvres de foi; d'autre part, la profession extérieure doit correspondre à une vie intérieure, faute de quoi elle ne serait qu'une hypocrite apparence, susceptible de tromper les hommes mais non Celui qui connaît l'état des cœurs. Cela juge bien entendu le chrétien qui n'a qu'une simple profession extérieure de christianisme mais aussi, ne le perdons pas de vue, le vrai croyant quand son comportement extérieur va bien au delà de ce qu'il connaît et réalise dans son cœur. Cette Épître insistant de manière si particulière sur le côté pratique de la vie chrétienne, il est certainement instructif et édifiant pour nos âmes d'y chercher ce qu'elle nous enseigne au sujet de la prière. D'une part, en effet, la prière traduit les besoins et les aspirations de «l'homme, intérieur », elle fait partie intégrante die la vie intérieure du croyant; d'autre part, il n'est pas possible de vivre une vie à la gloire de Dieu, dans tous les détails de la marche ici-bas, sans le secours d'en haut réclamé par la prière. Puisse la méditation de ce sujet produire en nous des effets pratiques et nous conduire à être beaucoup plus que nous ne le sommes, des hommes de prière! Quel bien il en résulterait dans nos vies individuelles et dans la vie des assemblées * * * 1 - «Vous n'avez pas, parce que vous demandez pas» (4, 2). Dieu, dans sa grâce, nous accorde tant de bienfaits, matériels et spirituels, qu'ils vont bien au-delà de ce que nous demandons et peut-être même que bien souvent nous ne demandons pas. Que cela ne nous fasse pas perdre de vue le côté de notre responsabilité! Dieu désire que nous soyons exercés quant à nos besoins et que nous les Lui exposions, manifestant ainsi notre dépendance de Lui et notre confiance en Lui. Il voudrait que nous ayons faim et soif de bénédictions spirituelles, des vraies richesses qu'Il est prêt à nous dispenser. Si nous ne sentons pas le besoin d'être spirituellement enrichis et comblés, Dieu peut arrêter, ou au moins limiter la pluie de bénédictions qu'Il aimerait répandre sur nous: «Vous n'avez pas, parce que vous ne demandez pas Peut être manquons-nous de pasteurs et de docteurs, d'hommes «fidèles qui soient capable d'instruire aussi les autres» (2 Timothée 2, 2), d'évangélistes dévoués, annonçant l'évangile en toute pureté et avec les seuls moyens que Dieu puis approuver. Peut-être les réunions sont-elles languissantes, sans beaucoup de vie et de fraîcheur peut-être est-ce parce qu'il y manque la liberté, la dépendance de l'Esprit. Peut-être encore le rassemblement est-il abandonné trop souvent par un trop grand nombre, les réunions de prières surtout, alors qu'elles devraient être les plus fidèlement suivies (si tant est que l'on puisse faite, à cet égard, une distinction entre les différentes réunions d'assemblée). Il est possible aussi que la séparation soit mal réalisée, parce que mal comprise par certains, et que cela nuise à la communion des saints et à leur témoignage. Mais nous n'en finirions pas d'énumérer tout ce que «nous n'avons pas» soit dans l'assemblée, soit dans nos maisons, soit pour ce qui nous concerne chacun individuellement! Posons-nous la question: n'est-ce pas bien souvent parce que nous ne le demandons pas? Dieu veuille nous exercer à cet égard, nous accordant de désirer avec ardeur les bénédictions spirituelles dont Il se plaît à combler ceux qui en ont soif et savent rechercher avec diligence ce qu'ils ont demandé. Qu'Il nous donne avant tout de demeurer dans un état spirituel et moral tel qu'Il puisse nous bénir richement! Il y a peut-être aussi tant de choses qui nous font défaut pour que nous nous trouvions dans cet état et que nous n'avons pas parce que nous ne les demandons pas. 2 - « Vous demandez, et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, afin de le dépenser pour vos voluptés» (4, 3). Si nous sommes en général peu zélés pour demander à Dieu des biens spirituels, nous le sommes par contre beaucoup plus pour le prier de nous accorder ce qui plaît à notre cœur naturel, mais qu'Il ne nous donne pas parce qu'Il sait que ce ne serait pas pour notre bien. Nous demandons et nous ne recevons pas. Il s'agit là de la prière qui n'est ni le fruit de la communion avec Dieu ni l'expression de la dépendance de Lui. Quel contraste avec celle qui peut être faite au nom du Seigneur en comptant \Sur es promesses: «En vérité, en vérité, je vous dis, que toutes les choses que vous demanderez au Père en mon nom, il vous les donnera. Jusqu'à présent vous n'avez rien demandé en mon nom; demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit accomplie» (Jean 16, 23, 24). « Demandant mal », nous attendons cependant parfois l'exaucement parce que nous avons terminé notre prière à Dieu en disant: « C'est au nom du Seigneur que nous te le demandons ». S'il ne s'agit que de l'usage d'une formule employée dans la pensée qu'elle nous assurera ce que désire notre cœur, nous n'avons pas prié en fait « au nom du Seigneur» et « nous ne recevrons pas ». Et pourtant la promesse est là: «toutes les choses que vous demanderez ». Mais dans cette expression ne peuvent être comprises que celles que le Seigneur sait bonnes et utiles pour nous et que par conséquent nous pouvons vraiment demander en son nom. Demander au nom du Seigneur, c'est demander ce qui est selon la volonté de Dieu car le Seigneur n'a jamais désiré autre chose. Alors seulement nous pouvons avoir l'assurance de l'exaucement. «Et c'est ici la confiance que nous avons en lui, que si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute; et si nous savons qu'il nous écoute, quoi que ce soit que nous demandions, nous savons que nous avons les choses que nous lui avons demandées» (1 Jean 5, 14, 15). Tandis que « nous ne recevrons pas» si nous «demandons mal ». 3 - «Et si quelqu'un de vous manque de sagesse, qu'il demande à Dieu, qui donne à tous libéralement et qui ne fait pas de reproches, et il lui sera donné; mais qu'il demande avec foi, ne doutant nullement...» (1, 5, 6). Le verset 3 de ce chapitre nous parle de l'épreuve de la foi. Elle produit la patience et la patience doit avoir «son œuvre parfaite », afin que nous soyons « parfaits et accomplis» c'est-à-dire n'ayant aucune volonté propre, entièrement soumis à celle du Seigneur, et «ne manquant de rien ». Si nous manquons de sagesse pour marcher ainsi, nous sommes exhortés à la demander à Dieu. Il veut nous l'accorder, cela nous est assuré. En douterions-nous ? Ce serait douter de Lui-même, de sa parole! Pour toute notre vie pratique, notre marche dans ce monde, la sagesse d'en haut nous est nécessaire afin que nous puissions «marcher comme lui a marché» (1 Jean 2, 6) ; Lui, notre parfait Modèle, pouvait dire en vérité: « Je ne puis rien faire, moi, de moi-même; ... car je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé» (Jean 5, 30). Le croyant est exhorté à suivre le Seigneur dans ce sentier, il est responsable, «par une bonne conduite » de « montrer ses œuvres avec la douceur de la sagesse » (Jacques 3, 13 - voir également le verset 17). Éphésiens 5, 15 nous dit encore : « Prenez donc garde à marcher soigneusement, non pas comme étant dépourvus de sagesse, mais comme étant sages ». Combien nous avons à demander à Dieu qu'Il nous donne toute la sagesse nécessaire pour marcher ici-bas d'une manière digne du Seigneur! Le faisons-nous avec assez de persévérance, avec assez de confiance ? Il convient en effet, nous dit l'apôtre Jacques, de « demander avec foi, ne doutant nullement ». La prière doit être l'expression de notre dépendance de Dieu mais aussi d'une entière confiance en Lui, la confiance de la foi. Celui qui n'a qu'une simple profession chrétienne, «cet hommelà» de Jacques 1, 7, ne peut être exaucé car il n'y a pas chez lui, et il ne peut y avoir la confiance de la foi. Mais ce qui est dit dans ce passage n'est pas seulement pour les chrétiens de profession, n'ayant pas la vie de Dieu, il y a un enseignement pour nous croyants. Cela doit nous amener à nous poser cette question: ne ressemblons-nous pas parfois à «cet homme-là» ? N'y a-t-il pas des doutes dans nos cœurs au lieu de l'assurance que Dieu répond toujours à la prière de la foi? Et les doutes que nous éprouvons quant à ce que Dieu peut accomplir ne nous conduisent-ils pas à une sorte de résignation à une vie chrétienne pauvre, étiolée et pratiquement stérile, ou à des prières sans grande conviction, «vaines redites» peut-être? Nous ne pensons pas que Dieu exaucera nos demandes, encore moins qu'Il peut même « faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons, selon la puissance qui opère en nous» (Éphésiens 3, 20). Si nous avions plus de foi, ne verrions-nous pas de merveilleux déploiements de la puissance de Dieu opérant en nous, nous communiquant cette sagesse qui nom manque en tant de circonstances et qui nous conduirait à mettre de côté notre volonté propre pour faire celle de notre Dieu et Père? Ces doutes, qui les sème dans nos cœurs si ce n'est l'ennemi, celui qui revient sans cesse avec le « Quoi, Dieu a dit? » de Genèse 3, 1 ! C'est seulement en «prenant le bouclier de la foi» que «nous pourrons éteindre tous les dards enflammés du méchant» (Éphésiens 6, 16). 4 - «Quelqu'un parmi vous est-il maltraité, qu'il prie» (5, 13). Telle est la grande ressource du croyant dans les tribulations qu'il peut avoir à traverser; nombre de passages des Écritures sont là pour nous le rappeler, Romains 12, 12 et Philippiens 4, 6, 7 parmi tant d'autres. Et si c'est «en faisant le bien» que le fidèle est appelé à souffrir, «cela est digne de louanges devant Dieu », «car aussi Christ a souffert pour vous, vous laissant un modèle, afin que vous suiviez ses traces» (1 Pierre 2, 20-21). Maltraité, le croyant est parfois conduit à murmurer, peut-être même, au mépris de l'enseignement de Romains 12, 17 à 21, cherche-t-il à se venger de celui dont il a eu à souffrir. C'est ce à quoi incitent les pensées du cœur naturel. La vie divine en nous doit se manifester de façon tout à fait différente: « qu'il prie ». Et les sujets de prière ne manquent pas pour celui qui est maltraité : prier pour avoir la force, la patience de supporter jusqu'au bout, sans plaintes ni désir de vengeance pour être rendu capable de glorifier Dieu dans l'épreuve, en manifestant quelques caractères de Christ, Celui qui «lorsqu'on l'outrageait, ne rendait pas d'outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement» (1 Pierre 2, 23). N'a-t-Il pas, Lui, prié pour ses bourreaux? (Luc 23, 34). Étienne, imitateur du parfait Modèle, ne l'a-t-il pas fait également pour ceux qui le lapidaient? (Actes 7, 60). Et l'apôtre Paul, imitateur de Christ lui aussi, n'écrit-il pas à Timothée: « Dans ma première défense, personne n'a été avec moi, mais tous m'ont abandonné: que cela ne leur soit pas imputé» ? (2 Timothée 4, 16). 5 - « Quelqu'un parmi vous est-il malade, qu'il appelle les anciens de l'assemblée, et qu'ils prient pour lui en l'oignant d'huile au nom du Seigneur; et la prière de la foi sauvera le malade, et le Seigneur le relèvera; et s'il a commis des péchés, il lui sera pardonné» (5, 14, 15). Remarquons tout d'abord que ces deux versets, dont on veut se servir pour justifier le recours à maints guérisseurs, n'autorisent en aucune manière leur activité, pas plus qu'ils n’autorisent un malade à aller les trouver ou à les appeler. Que nous enseignent-ils ? «Qu'il appelle, les anciens de l'assemblée ». Il s'agit donc d'un malade qui connaît l'Assemblée de Dieu et ce qui en est l'expression dans la localité où il se trouve. C'est vers l'assemblée qu'il doit se tourner et ce sont «les anciens de l'assemblée» qu'il fait appeler. Aujourd'hui, il n'y a plus d'anciens établis parce que l'autorité apostolique n'est plus, qui seule pouvait les investir de cette charge (cf. Actes 14, 23). Il est vrai qu'il y a cependant des frères auxquels le Seigneur a mis à cœur de remplir ce service dans les assemblées; 1 Timothée 3, 1 à 7 et Tite 1, 6 à 9 sont les deux principaux passages qui nous donnent les caractères qu'ils doivent manifester afin d'être qualifiés pour cela. Bien que n'étant pas établis officiellement dans la charge, de tels frères sont pourtant reconnus comme anciens ainsi que nous y exhorte 1 Thessaloniciens 5, 12, 13. C'est donc à eux qu'il conviendrait de faire appel. Mais s'ils acceptent d'aller, ne serait-ce pas, de leur part, se reconnaître eux-mêmes comme « les anciens de l'assemblée» et peut-être une telle assurance serait-elle la preuve qu'ils n'en présentent pas tous les caractères? De telle sorte que, nous le pensons tout au moins, l'état actuel du témoignage ne permet guère à « quelqu'un parmi vous qui est malade» d'user de la ressource indiquée dans ces deux versets. En considérant le verset suivant nous trouverons, semble-t-il, la confirmation de cette pensée, en même temps que l'indication du secours auquel un malade peut faire appel en tous temps. Que devaient faire «les anciens de l'assemblée» appelés par un malade? Prier pour lui, l'oindre d'huile au nom du Seigneur. Cette onction d'huile a troublé beaucoup de chrétiens. Elle se rattache sans aucun doute aux ordonnance lévitiques; il ne faut pas perdre de vue à cet égard que l'Épître de Jacques est adressée « aux douze tribus qui sont dans la dispersion» (1, 1). Plusieurs de ceux auxquels écrivait l'apôtre, bien que possédant la vie de Dieu, étaient encore liés au système juif. Et cela aussi nous permet de penser que les versets 14 et 15 n'ont eu qu'une application limitée aux temps apostoliques durant lesquels il y avait encore, d'une part, des anciens officiellement établis et, d'autre part, des croyants demeurant attachés aux ordonnances mosaïques. Ce qui était important, c'était que l'onction d'huile fût faite «au nom du Seigneur », et que la prière fût « la prière de la foi ». Cela impliquait, de la part des anciens appelés, une jouissance de la communion avec Dieu, une spiritualité leur permettant de discerner en présence de quel cas ils se trouvaient. La maladie pouvait être, et peut toujours être un acte du gouvernement de Dieu, châtiment envoyé par Lui à la suite d’un péché commis et non confessé, ou encore discipline nécessaire pour amener celui qui en est l'objet à connaître quel que chose du but indiqué en Hébreux 12, 10. Si les anciens, ayant la pensée de Dieu, jugeaient que le résultat de l'épreuve était atteint, ils pouvaient alors demander « avec foi », selon 1 Jean 5, 14-15 et « au nom du Seigneur », selon Jean 16, 23-24, la guérison du malade. Si des péchés avaient été commis ; il ne s'agit pas bien entendu, de péchés dont le caractère et la gravité eussent nécessité l'exclusion du coupable selon les enseignements de 1 Corinthiens 5 ; ils étaient pardonnés, la discipline prenant fin. La prière des anciens de l'assemblée, dans un cas de ce genre, n'était pas celle-ci: «Seigneur, si tu le trouves bon, si telle est ta volonté, guéris ce malade» ; ils pouvaient, sans aucune réserve, demander la guérison car ils avaient la connaissance de la pensée de Dieu et savaient ainsi qu'Il pouvait et voulait guérir. Et cela nous conduit à poser la question: y a-t-il aujourd'hui des frères prêts à répondre à l'appel d'un malade dans une circonstance semblable? Et l'activité des guérisseurs modernes s'exerce-t-elle dans des conditions conformes à l'enseignement de ces deux versets? Il est bien clair que non. Demander la guérison d'un malade est d'ailleurs toujours chose extrêmement délicate, si même c'est toujours ce que notre cœur peut désirer. La maladie n'est pas seulement une des conséquences du péché, atteignant à ce titre tous les hommes indistinctement, elle est aussi un moyen dont Dieu se sert pour opérer un travail dans l'âme. Elle sera employée par Lui pour arrêter un in0rédule sur un chemin de perdition et l'amener à la connaissance de Jésus comme Sauveur; elle fait partie de la discipline à laquelle sont soumis tous les enfants de Dieu. Demander une guérison, chercher à l'obtenir quand même, et qui sait par quels moyens, lorsque Dieu ne l'envoie pas, n'est-ce pas en fait mettre de côté la volonté de Dieu et n'agir que suivant la sienne propre! Est-ce là la sagesse? C'est s'opposer au travail que Dieu voudrait opérer dans une âme, l'entraver en tout cas. L'apôtre a-t-il guéri Épaphrodite «malade, fort près de la mort»? Le cas était grave cependant et, d'autre part, quelle ardente affection avait Paul pour celui qu'il appelle « mon frère, mon compagnon d'œuvre et mon compagnon d'armes» ! Mais il place toutes choses entre les mains de Dieu, attendant la délivrance de Lui seul (Philippiens 2, 25 à 27). N'a-t-il pas «laissé Trophime malade à Milet» ? (2 Timothée 4, 20). Et alors que son cher enfant Timothée avait de « fréquente indispositions» (1 Timothée 5, 23), il se borne à lu donner un conseil mais n'exerce pas sa puissance en guérison, puissance qu'il avait cependant reçue de Dieu (voir par exemple: Actes 19, 11, 1 et 28, 8, 9). Nous pouvons être émus de compassion en voyant la souffrance chez d'autres, nom pouvons désirer ne pas souffrir nousmêmes, car nous n'aimons ni souffrir ni voir souffrir, mais sachons regarder en haut, demandant à Dieu ce qu'I1 veut nous enseigner par le moyen des circonstances qu'Il permet, au lieu d'essayer de le forcer pour en changer le cours. Et que dire du trouble que l'on provoque dans l'âme de plusieurs en les assurant qu'ils ne devraient pas être malades et que, s'ils le sont, c'est parce qu'ils manquent de foi, de piété, de zèle pour servir Dieu? Il est bien difficile, dans la plupart des cas, de savoir pourquoi Dieu permet ou envoie, telle ou telle maladie. Puissions-nous être gardés de mettre quelque obstacle que ce soit à l'accomplissement du travail qu'Il veut produire dans l'âme! (Voir Job 33, 16 à 30). 6 - «Confessez donc vos fautes l'un à l'autre, et priez l'un pour l'autre, en sorte que vous soyez guéris: la fervente supplication du juste peut beaucoup» (5, 16). Que l'appel aux « anciens de l'assemblée» n'ait été possible que dans les premiers temps de l'histoire de l'Église nous semble confirmé par l'enseignement du verset 16, faisant suite à celui des deux versets précédents. Il n'y a plus aujourd'hui d'anciens officiellement établis, mais Dieu a donné une ressource qui demeure: la confession des fautes, non pas à un ancien, mais «l'un à l'autre ». Ce n'est plus ici la prière des anciens de l’assemblée mais «priez l’un pour l’autre ». Sans doute, la ressource du verset 16 avait-elle sa place même lorsqu'était possible le recours aux «anciens de l'assemblée », et elle demeure, seule des deux semble-t-il, pour le temps actuel. Savons-nous en user? Que de croyants gémissent parfois sous le poids d'une faute non confessée! Leur conscience est mal à l'aise et peut-être aussi ont-ils, de ce fait, à souffrir dans leur corps ? S'il s'agit d'un manquement envers Dieu ou à l'égard d'une autre personne, la confession à Dieu, selon 1 Jean 1, 9, est toujours nécessaire et le pardon est assuré à celui qui le fait; mais ne convient-il pas aussi d'aller, avec humilité et droiture, vers celui auquel il faut également confesser sa faute? Et s'il s'agit d'un manquement qui n'est pas spécialement à l'égard de quelqu'un, celui qui l'a commis peut alors se confier à un frère pieux et sage, discret, lui confessant sa faute, lui ouvrant son cœur, soulageant sa conscience. Cette confession ouvre la voie à la prière, à laquelle Dieu répondra par la guérison s'Il avait envoyé la maladie comme discipline envers le coupable. 7 - «Élie était un homme ayant les mêmes passions que nous, et il pria avec instance qu'il ne plût pas, et il ne tomba pas de pluie sur la terre durant trois ans et six mois; et il pria de nouveau, et le ciel donna de la pluie, et la terre produisit son fruit» (5, 17, 18). Les trois enseignements qui nous sont donnés dans le chapitre 4 (v. 2 et 3) et dans le premier chapitre (v. 5 et 6) se rattachent plutôt aux exercices de l'âme, à ta vie intérieure du croyant; les trois autres (5, 13-14 et 15-16) aux circonstances pratiques de la vie chrétienne. L'exemple d'Élie est présenté en septième lieu afin d'illustrer la plupart de ces enseignements, pour nous les montrer dans la vie, d'un «homme ayant les mêmes passions que nous». Certes, Élie n'était pas de ceux qui «n'ont pas» parce qu'ils « ne demandent pas» ou de ceux qui « demandent et ne reçoivent pas » parce qu'ils « demandent mal ». Il n'était pas non plus de ceux qui doutent de la puissance et de l'amour de Dieu; tout au contraire, il «demande avec foi, ne doutant nullement». Sa prière est bien «la prière de la foi» pour la guérison du peuple malade et le pardon de ses péchés; elle est la « fervente supplication du juste ». Sans doute demanda-t-il «avec instance qu'il ne plût pas », que la bénédiction fût retenue, mais s'il le fit c'est parce qu'il avait l'intelligence des pensées de Dieu, fruit de sa communion avec Lui. Il pouvait dire en vérité: «L'Éternel, le Dieu d'Israël, devant qui je me tiens» (1 Rois 17, 1), de sorte que ce qu'il demande est en plein accord avec ce que Dieu veut faire; il est donc assuré de l'exaucement. Élie n'a en vue que la gloire de l'Éternel et il aime le peuple d'un amour vrai, qui recherche son bien et sa prospérité; il a une pleine confiance dans le Dieu auquel il s'adresse et auquel il demande ce qui est «selon sa volonté» (cf. 1 Jean 5, 14-15), de sorte qu'à sa prière, « il ne tomba pas de pluie» et, à sa prière encore, «le ciel donna de la pluie» (cf. le « sinon à ma parole» de 1 Rois 17, 1). Puissions-nous l'imiter dans une intelligente, fervente et persévérante intercession en faveur du peuple de Dieu! Que par ces enseignements, par cet exemple, nous soyons encouragés à la prière, à la « prière de la foi» ; qu'ainsi notre vie intérieure soit nourrie et enrichie et que notre marche extérieure en soit le vivant témoignage public! P. F. ______________________________ LES CONSÉQUENCES DU CHOIX DE LOT Considérons cette triste mais instructive histoire du neveu d'Abraham sous l'angle de la responsabilité des parents vis-à-vis de leurs enfants. Apprenant la querelle entre ses bergers et ceux de Lot, Abraham proposa à celui-ci la séparation, plutôt que d'offrir au Cananéen le fâcheux spectacle d'une dispute entre les serviteurs du vrai Dieu. Dans un remarquable esprit de douceur, Abraham, quoique le plus ancien, invita son neveu à choisir où il voulait aller. Mais ce fut de la part de Lot une non moins remarquable manifestation d'égoïsme que d'accepter une telle invitation. C'est ce qu'il fit pourtant, choisissant pour sa nouvelle résidence les plaines bien arrosées de Sodome. Combien de fois ne nous arrive-t-il pas de mettre, sans que cela soit nécessaire, les nôtres en contact avec la souillure du monde, dans l'espoir d'un profit pour eux ou pour notre bourse? Combien il eût été préférable pour Lot de conserver sa situation présente ou même de devenir pauvre plutôt que d'accroître ses richesses en faisant prospérer ses troupeaux dans les riches pâturages de Sodome ! Son regard de convoitise fut le point de départ du chemin glissant, le long des plaines bien arrosées, dressant ses tentes progressivement «jusqu'à Sodome» (Genèse 13, 12) pour habiter en définitive dans la cité même et y occuper finalement une place officielle de juge à la porte. Nous savons que Lot tourmentait de jour en jour son âme juste dans cette ville corrompue. Devons-nous en inférer qu'il avait agi sous l'influence des siens en s'y établissant et en y restant malgré les questions exerçantes pour son âme qui venaient se poser quotidiennement? Les avantages que cette, cité favorisée présentait pour ses enfants y étaient-ils pour quelque chose? Quoi qu'il en soit, selon toute apparence il eut des filles qui épousèrent des hommes de Sodome et se fixèrent décisivement dans cette ville. Mais ce que nous lisons en Genèse 19, 14 me paraît l'a partie la plus triste de cette triste histoire : «Et, Lot sortit, et parla à ses gendres qui avaient pris ses filles, et dit: Levez-vous, sortez de ce lieu, car l'Éternel va détruire la ville. Et il sembla aux yeux de ses gendres qu'il se moquait. » Le verbe traduit par «se moquer» est rendu ailleurs par « rire, plaisanter». Il sembla donc aux yeux de ses gendres que Lot plaisantait. N'y a-t-il pas là une leçon des plus solennelles? Car il est permis de penser que, pour que ses gendres prissent pour une plaisanterie le terrible avertissement qu'il leur adressait, il fallait que Lot n'eût pas toujours usé avec les siens de paroles empreintes de gravité malgré l'affliction quotidienne de son âme une affliction connue de Dieu seul, il était tenu pour capable de paroles légères. Et ses filles et leurs familles périrent dans la destruction de la ville alors qu'on avait pu croire qu'il plaisantait ! Il y a là une application du verset de l'Ecclésiaste : «Les mouches mortes font sentir mauvais, elles font fermenter l'huile du parfumeur; ainsi fait un peu de folie à l'égard de celui qui est estimé pour sa sagesse et sa gloire ». Il n'est pas étonnant de trouver dans le Nouveau Testament des exhortations sérieuses pour ceux qui ont une position de responsabilité dans l'Assemblée à la sobriété et à la gravité (v. en particulier 1 Timothée 3, 2, 8 ; Tite 1, 7, 2, 2) ainsi qu'un avertissement, à l'égard des paroles folles et des plaisanteries qui ne sont pas bienséantes (Éphésiens 5, 4). Or il y a deux formes de plaisanteries spécialement malséantes: la première, monnaie courante dans le monde, qui est de faire de l'esprit à propos du péché, la seconde, plus propre aux chrétiens, qui est d'en faire au sujet de la Parole en en faisant des citations et des applications déplacées. Il nous en sera demandé compte. On voudrait que se termine là cette lamentable histoire de Lot et de sa famine. Hélas elle se poursuit, pire encore. Le regard en arrière de sa femme trahit où habitait son cœur et « elle devint une statue de sel», solennel avertissement pour nous tous. Ses deux dernières filles, délivrées de Sodome, enivrent leur père en deux nuits successives. Y auraient-elles pensé et l'auraient-elles pu si cela ne lui était pas arrivé déjà ? Et pour sa honte éternelle comme pour la leur, elles devinrent mères des Moabites et des Ammonites, deux des ennemis les plus acharnés d'Israël. Tel est l'aboutissement du chemin d'un homme qui commença par un regard de convoitise vers les plaines bien arrosées du monde. Que notre Dieu nous garde, demandons-le Lui. Traduit de l'anglais _______________________________ INTRODUCTION À L'ÉTUDE DES ÉVANGILES Jean 8 (Suite de la page 132) Je dois commencer l'étude de cette partie de notre Évangile par une remarque qui se rattache au dernier verset du chapitre précédent. Le récit de la femme adultère (7, 53 - 8, 11) est considéré comme apocryphe par un grand nombre de critique et, chose triste à dire, même par des chrétiens. Les preuves extérieures qu'on allègue sont de nature diverse: quelques copistes du Nouveau Testament omettent cette histoire, sans aucune indication particulière, d'autres laissent en blanc la partie correspondante du manuscrit, d'autres au contraire l'ont transcrite, mais avec des marques d'incertitude, d'autres enfin l'ont intercalée ailleurs; ajoutez à cela de nombreuses variantes et, comme on le prétend, certaines particularités d'expression: il n'en fallait pas davantage pour soulever des doutes sur son authenticité. Je suis loin de méconnaître la valeur des objections formulées à cet égard, et malgré cela, une étude réfléchie et minutieuse du texte m'a convaincu encore une fois de l'insuffisance de la critique humaine lorsqu'il s'agit des pensées de Dieu. Le contenu de cette histoire et ses rapports avec les discours qui la suivent, manifestent, à mon avis, une intention divine si marquée, que jamais homme n'eût été capable de l'inventer, ni surtout de l'intercaler d'une telle manière en cet endroit de l'Évangile ; or ces indications morales au spirituelles, concluantes est vrai pour ceux-là seuls qui sont capables de saisir la pensée de Dieu et d'en jouir, sont infiniment supérieures à toutes les preuves externes Mais, plus que cela, j'ose affirmer en même temps que les preuves externes ne sont nullement aussi faibles qu'on veut bien le prétendre, parce qu'il est facile de trouver une explication très simple des faits matériels que j'ai énumérés plus haut de telle sorte, les difficultés qu'on allègue disparaissent devant un examen sérieux des causes mêmes auxquelles elles doivent leur origine. D'où proviennent les divergences ou les lacunes des manuscrits ? Je crois pouvoir les attribuer à de motifs purement humains. Combien souvent, par bonne ou par mauvaise intention, les hommes n'ont-ils pas tenté de corriger la parole de Dieu Incapables d'en saisir la beauté, animées d'un jalousie humaine et ignorante, par crainte, de l’opinion du monde, nombre de personnes ont essayé d'éliminer tel ou tel passage des Écritures. C'est ce qui est arrivé à celui-ci, comme nous l'ayant vu précédemment pour Luc 22, 43-44. Augustin témoin irrécu- sable et presque aussi ancien que le plus vieux manuscrits ou l'histoire de la femme adultère est omise, nous affirme que plusieurs copistes ont craint de la transcrire à cause des scrupules qu'elle leur suggérait. Or, ce passage est au contraire en intime harmonie avec les paroles subséquentes du Seigneur que tous les copistes on conservées, exactement comme le refus de Jésus de monter à la fête et de se montrer au monde, concorde avec ce qu'il dit sur le don du Saint Esprit, au chap. 7, ou comme le miracle des pains, avec ses déclarations touchant la nourriture du chrétien, au chap. 6. En ces trois cas, les faits eux-mêmes et les discours qui suivent, sont en liaison indissoluble les uns avec les autres. Quel est effectivement le principe divin qui caractérise la conduite et les paroles de Jésus, lorsque les scribes et les pharisiens Lui amènent la femme adultère? Il s'agit d'un péché flagrant; mais ils ne manifestent : ni une sainte horreur du mal, ni pitié pour la pécheresse: « Maître, cette femme a été surprise sur le fait même, commettant adultère; or, dans la loi, Moïse nous a commandé de lapider de telles femmes ; toi donc, que dis-tu ? Or ils disaient cela pour l'éprouver, afin qu'ils eussent de quoi l'accuser.» Si Jésus s'opposait à la loi, il se déclarait l'adversaire des commandements de Dieu; s'il approuvait la loi, il contredisait ses actes et ses paroles. Au fond les pharisiens, bien qu'ennemis de la grâce, qu'ils ne comprenaient ni ne voulaient accepter, pensaient évidemment que Jésus, même en un cas aussi grave, agirait contre la loi et se compromettrait définitivement aux yeux du peuple, parce qu'ils s'entaient bien qu'il y avait dans sa personne quelque chose de nouveau et d'incompatible avec le système juif. Mais quel résultat inattendu ! La lumière divine éclate dans les paroles de Jésus et remplit ses adversaires d'une telle confusion qu'ils sont forcés de se retirer. La grâce de Dieu n'entre jamais en conflit avec la loi; au contraire, elle en maintient l'autorité partout où la loi trouve son application ; elle donne force à la loi et à tous les principes divins, à toutes les relations établies par Dieu; elle seule les éclaire et en fait comprendre l'importance. Personne, comme Jésus, n'a jamais développé la pensée et l'intention de Dieu relativement au mariage (Matthieu 19) ; personne avant Lui n'a montré la valeur d'un petit enfant aux yeux de Dieu. La grâce, je le répète, maintient toutes les obligations de l'homme au point de vue divin, et voilà précisément ce dont nous trouvons ici un exemple remarquable. Loin d'affaiblir la portée de la loi, Jésus l'applique avec la puissance de la lumière divine, non point seulement à la femme publiquement convaincue de péché, mais encore au mal caché de ses accusateurs. La lumière, en sondant les replis secrets de leurs cœurs, démasque leur fausse justice, et repris par leur conscience, ils sont contraints de se retirer, laissant la femme et Jésus seuls en présence l'un de l'autre. Impossible, je le dis encore, de trouver, dans toute l'Écriture, une liaison plus étroite entre les faits et la doctrine, que celle qui apparaît ici aux yeux de quiconque a la moindre intelligence des choses de Dieu. Ce chapitre tout entier resplendit pour ainsi dire de la lumière de Dieu et de sa Parole en la personne de Jésus. Dans l'incident de la femme adultère, et dans le discours qu'il adresse ensuite aux pharisiens, le Seigneur se montre comme étant la lumière du monde, par la parole de Dieu qui est en Lui, lumière infiniment supérieure à la loi, et qui toutefois en maintient strictement l'autorité. Dieu seul était capable d'agir ainsi, de montrer la grâce entière, unie à la sainteté absolue; c'est la grâce personnifiée en Jésus, qui seule maintient la sainteté immaculée de Dieu. Lorsque les pharisiens eurent formulé leur accusation, Jésus s'étant baissé, écrivit avec son doigt sur la terre, afin de leur laisser le temps de réfléchir ; mais comme ils continuaient de l'interroger sur le même ton, s'étant relevé, il leur dit: « Que celui de vous qui est sans péché, jette le premier la pierre contre elle. » Ils avaient eu l'occasion de peser leurs intentions et leurs paroles; mais voyant leur persistance, Jésus, loin de s'opposer directement à leur désir inique, leur manifeste en quelques mots l'état de leur cœur, après quoi il se baisse de nouveau, afin qu'ils eussent le temps de peser leur réponse. Or l'effet des paroles prononcées par le Seigneur fut immédiat ; elles pénétrèrent jusqu'au fond de la conscience de ces pharisiens ; pas un d'eux n'osa lever une pierre contre la femme qu'ils venaient d'accuser; leurs paroles, leurs pensées, leur vie entière étaient jugées : « Et eux, l'ayant entendu, sortirent un à un, en commençant depuis les plus anciens jusqu'aux derniers; et Jésus fut laissé seul avec la femme devant lui. » Jamais la loi n'avait produit quelque chose de pareil. Tous ces gens l'avaient apprise et enseignée, mais ils s'en étaient joués jusqu'à ce jour, puisqu'ils n'en faisaient usage que pour condamner leur prochain. Or voici que tout à coup la lumière divine jette sa clarté non seulement sur la loi, dont elle maintient les droits, mais encore sur l'état réel de ces propres justes, atteint leur conscience, et dévoile le fond de leur cœur. Chez eux, nul désir de connaître Dieu et ses voies; nul désir d'apprendre la vérité; ils détestent cette lumière qui manifeste leurs œuvres, et ils se retirent sans pouvoir répliquer une seule parole. Le Seigneur agit ici comme étant la lumière. Au lieu de déclarer à la femme que ses péchés lui sont pardonnés, il dit: « Moi non plus je ne te condamne pas ; va, dorénavant ne pèche plus.» Ce n'est pas le pardon, ce n'est pas la miséricorde qui caractérise la réponse de Jésus, mais la lumière; va et ne pèche plus, ne signifie pas : Ta foi t'a sauvée, va-t'en en paix. En rapport direct avec la scène qui vient de se passer, Jésus s'adresse aux personnes qui l'entourent encore, après que les accusateurs ont disparu (voyez vers. 12), et leur déclare qu'il est la lumière du monde. Il avait agi comme étant la lumière, à l'égard des scribes et des pharisiens qui en appelaient à l'autorité de la loi; ici la sphère d'action de cette lumière s'étend sur tous les hommes: «Celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie.» La vie était la lumière des hommes; Christ était pour ceux qui le Suivaient la révélation parfaite et le guide de la vie, tandis que la loi n'a jamais donné la lumière ni la vie; aussi répond-il aux pharisiens qui contestent la vérité de son témoignage: «Mon témoignage est vrai; car je sais d'où Je suis venu et où je vais; mais vous, vous ne savez pas d'où je viens et où je vais. Vous, vous jugez selon la chair.» Plongés dans les ténèbres du monde, se glorifiant d'une loi qu'ils enfreignaient tous les jours, et d'une justice qu'ils étaient incapables d'accomplir, leur jugement était faux d'un bout à l'autre. Malgré leur haine, le Seigneur continue à leur adresser des paroles de plus en plus solennelles, jusqu'à ce qu'ils prennent enfin des pierres pour les jeter sur Lui. Dans tout cet Évangile, Jésus s'adresse aux hommes avec la certitude d'être rejeté par eux, mais en même temps, rien n'échappe à son jugement moral, parce qu'il est la lumière. Aussi n'a-t-I1 garde de pousser les choses jusqu'à leurs dernières conséquences, en dévoilant à ses adversaires l'état réel de leur cœur et la place qu'ils occupent en contraste avec Lui; il leur déclare qu'ils sont de la terre, Lui du ciel; qu'ils mourront dans leurs péchés, qu'ils ne ressemblent pas à Abraham, mais à Satan leur père. Christ, apparaît ici, en toutes choses, comme étant la lumière du monde, la lumière de Dieu, rejetée des hommes, la lumière non point seulement dans ses actes, mais dans sa parole même, comme il leur dit autre part qu'elle les jugera au dernier jour. Aussi lorsque les Juifs lui demandent qui il est, Jésus leur répond: «Absolument ce qu'aussi je vous dis: » Il est non seulement la lumière, en sorte qu'il n'y a en Lui nulles ténèbres, mais, quant à l'essence de sa nature, ni plus ni moins que ce qu'il exprime. Jésus seul pouvait affirmer que sa parole était l'expression de ce qu'il est; Jésus seul est la vérité. La nature humaine, le monde, sont tellement plongés dans la fausseté, que la puissance de l'Esprit, en nous révélant Christ par le moyen de la Parole, nous préserve seule de l'erreur et du mal de toute espèce, nousmêmes qui croyons en Lui. Il manifeste à la fois ce qu'est Dieu et ce qu'est l'homme; par Lui toutes choses sont mises en évidence. Pas un acte, pas une parole de Jésus qui n'ait déclaré ce qu'il était, rien qui ait pu Lui donner l'apparence de ce qu'il n'était pas; ce qu'il dit, c'est la vérité explicite touchant sa personne. Le Seigneur annonce aux Juifs que lorsqu'ils auront élevé le Fils de l'homme, alors ils connaîtront que c'est Lui; il ajoute: «et que je ne fais rien de moi-même, mais que, selon que le Père m'a enseigné, je dis ces choses.» C'est de la vérité qu'il s'agit, non point de miracles; Christ est la vérité en sa personne, puis il parle la vérité, il l'annonce et la dit au monde. Bien qu'il fût la vie éternelle qui était auprès du Père, la Parole qui, au commencement, était avec Dieu, Jésus n'en était pas moins un homme ici-bas, le Fils de l'homme et le Fils de Dieu; tel il apparaît à nos yeux dans l'Évangile de Jean, depuis le verset 14 du premier chapitre, et tel aussi dans la scène qui nous occupe, d'abord par ses actes, ensuite par sa parole: il disait au monde les choses qu'il avait ouïes de Celui qui l'avait envoyé. Ses actes et sa parole témoignaient que, Jésus, en sa personne humaine, était le Fils de Dieu. C'est encore sur la valeur de sa parole que le Seigneur insiste auprès des Juifs qui avaient cru en Lui. « Si vous persévérez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples; et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira. Ils lui répondirent: Nous sommes la postérité d'Abraham, et jamais nous ne fûmes dans la servitude de personne; comment dis-tu, toi: vous serez rendus libres ? Jésus leur répondit: En vérité, en vérité, je vous dis: Quiconque pratique le péché est esclave du péché; or l'esclave ne demeure pas dans la maison pour toujours; le fils y demeure pour toujours. Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres. » La parole de Jésus, non point la loi, est par conséquent le seul moyen de connaître la vérité, et la liberté qui en résulte. Dieu avait donné des commandements, il avait mis la capacité de l'homme à l'épreuve ; or l'homme ayant prouvé que le bien est au-dessus de sa portée, Dieu se manifestait au monde en la personne et en la parole de Christ ; cette parole étant la vérité, elle mettait l'homme à l'épreuve par rapport à la vérité: « Si vous persévérez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, et vous connaîtrez la vérité.» Mais si la vérité apprise dans la parole de Jésus est le seul fondement de la liberté, une fois qu'elle est connue, on ne la possède pas seulement comme étant l'expression de sa pensée, mais aussi de sa personne même, ainsi qu'il est dit au verset 36 : « Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres.» Celui qui prétend accepter et connaître la vérité, sans s'incliner devant la gloire du Fils, prouve par cela même que la vérité n'est pas en lui. En revanche, il se peut qu'on reçoive la vérité, tout en restant d'abord dans une grande ignorance, parce qu'elle a fait pénétrer seulement une partie de la lumière de Dieu dans le cœur. Il est bien rare que l'âme soit aussitôt illuminée de toute la gloire de Jésus; elle ne la perçoit généralement que par degrés; mais si elle a réellement reçu la vérité, c'est Dieu qui l'enseigne, et la lumière pénètre de plus en plus, la gloire de Christ lui apparaît toujours plus radieuse, et sa joie augmente en proportion, parce qu'elle accepte avec empressement la moindre révélation nouvelle concernant la gloire du Fils de Dieu. La vérité reçue dans le cœur a pour conséquence inévitable de lui manifester toujours davantage, bien que lentement peut-être, la personne de Jésus. Mais si, au lieu de la vérité, il n'y a dans le cœur qu'une intelligence de Jésus fondée Sur la tradition, si la connaissance qu'on prétend avoir de sa personne n'est qu'une simple théorie, un raisonnement historique, un sentiment peut-être, mais un sentiment humain, le cœur est toujours désagréablement impressionné par la présentation de sa gloire; plus elle éclate et plus on s'en détourne; c'est une lumière trop intense, trop puissante, que la plénitude divine qui habitait en Lui. Il se montre alors, et c'est là l'épreuve de la Vérité, que le cœur, loin de connaître Jésus, est dans l'ignorance à son égard, dans l'ignorance à l'égard de Dieu qui l'a envoyé, et que la vie éternelle enfin, la joie de la vie éternelle, lui est encore inconnue. En même temps, il s'agit ici d'un nouveau contraste avec la loi. Auparavant, c'étaient la lumière et la vérité, qui étaient mises en contraste avec elle, maintenant c'est le Fils, en la personne de Christ. Ces Juifs s'enorgueillissaient de la loi, et cependant ils l'enfreignaient, de sorte qu'ils étaient, sous la loi, les esclaves du péché; or ce n'est pas l'esclave, mais le fils qui demeure à toujours dans la maison. Ils n'avaient par conséquent ni liberté, ni sûreté; mais si le Fils les affranchissait, ils seraient véritablement libres. Ainsi les paroles prononcées par Jésus concordent également avec les faits qui nous sont racontés au commencement du chapitre: les pharisiens, sous la loi et employant la loi pour condamner autrui, se trouvaient être esclaves du péché. Aux yeux de Dieu, et en sa présence, il ne s'agissait point seulement du péché de la femme adultère, mais de leur état personnel. Condamnés en leurs consciences, ils furent contraints de se retirer de devant la présence du Dieu d'Israël, selon les paroles mêmes de Jésus, que «l'esclave ne demeure pas dans la maison. » Le Seigneur continue à exposer aux Juifs leur condition réelle : ils sont bien la postérité d'Abraham, mais non pas ses enfants, puisqu'ils ne font pas les œuvres d'Abraham; leurs œuvres sont celles de Satan, c'est son esprit qui les anime, c'est lui qui est réellement leur père, lui meurtrier et proférant le mensonge, car ils cherchent à tuer Jésus et sont incapables de saisir sa parole. La vérité enseignée est le moyen de comprendre le langage de la vérité: «Pourquoi n’entendez-vous pas mon langage? » leur dit Jésus: « parce que vous ne pouvez pas ouïr ma parole.» Bref, toutes choses, dans ce chapitre, sont mises en évidence et sous leur vrai jour au moyen de la lumière: la loi, les pharisiens, les Juifs, le monde, les faux et les vrais disciples de Jésus, le Fils de Dieu, Satan; Dieu enfin, que les Juifs nommaient leur Dieu sans le connaître, apparaît dans son caractère véritable. Abraham est dépeint comme ayant été l'opposé de ses prétendus enfants: «Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu'il verrait mon jour; et il l'a vu, et s'est réjoui.» Il avait prévu le jour de la manifestation glorieuse de Christ, le jour de l'accomplissement des promesses qui lui avaient été faites; il avait joui d'avance, par la foi, des bénédictions milléniales apportées par le Messie. Or Jésus pouvait dire cela d'Abraham, parce qu'Il existait avant lui et de toute éternité. Non seulement il témoigne qu'il est le Fils de Dieu, mais plus que cela encore, son entretien avec les Juifs se termine par ces paroles merveilleuses: «Avant qu'Abraham fût, je suis. » Voilà la vérité tout entière sur la personne de Christ; la haine des Juifs, leur mépris de sa parole, le conduisent peu à peu à leur révéler cette vérité que l’homme qui leur parlait alors sur la terre n'était rien moins que Jéhovah en personne. (À suivre) ________________________________ ASSEMBLÉE DE DIEU ET TÉMOIGNAGE DE DIEU Extrait (1869) ...Les assemblées de frères, dits de Plymouth, sont si loin de se dire l'assemblée ou «l'église de Dieu» dans une localité, qu'elles se sont toujours formellement opposées à ce titre... Ces frères croient qu'eux seuls se réunissent sur le vrai principe de l'église de. Dieu, ce dont je ne doute nullement; mais ils croient, que l'église est en ruine, et que la prétention d'être l'église de Dieu dans un endroit serait une prétention fausse. J'ajoute que, si tous les chrétiens d'un endroit se trouvaient réunis, ce qui formerait, dans l'ordre, l'assemblée de l'endroit, je ne lui accorderais pas ce titre, parce que l'église universelle n'est pas rassemblée, et je ne crois pas à des églises indépendantes; je crois qu'il y a eu autrefois des églises locales, représentant, dans un certain sens, le tout, dans leurs localités mais nous sommes bien loin de là maintenant. Tous ceux qui ont voulu se donner la peine de s'en enquérir, savent ou ont pu savoir que, dès le commencement, les frères en question se sont fondés sur le principe de Matthieu 18, comme ressource donnée de Dieu dans la ruine générale. La prétention d'être l'assemblée de Dieu a toujours été repoussée par les frères en question. Toute assemblée réunie par la volonté d'e Dieu autour de la personne de Jésus soit en son nom, est une assemblée de Dieu, s'il ne s'agit que de la force des mots; mais quand il s'agit d'être l'assemblée de Dieu d'une localité, elle ne l'est pas dans le sens vrai du mot et ne saurait l'être vu l'état de l'église universelle. Elle peut se réunir sur le principe de l'église de Dieu, trouver la bénédiction promise être la seule qui se réunisse selon ce principe dans la localité et y attacher une immense importance; et elle devrait y attacher une immense importance, si elle veut être obéissante et fidèle; mais elle est le témoignage de Dieu seulement en tant que, par sa marche à part, elle rend témoignage à la fidélité de Dieu, aux principes divins qui gouvernent sa marche, et à l'état véritable où l'Église se trouve comme un tout. Dans ce cas elle sera le témoignage de Dieu. Il est certain qu'elle devrait l'être. J. N. D. ………………………………… LE JUSTE VIVRA DE FOI Méditation sur Hébreux 11 La clé de ce chapitre 11 se trouve à la fin du chapitre précédent: «le juste vivra de foi» ; il en est en quelque sorte le commentaire pratique. On peut dire, d'une façon générale, que l'épître aux Hébreux introduit le chrétien dans le lieu très saint, par le sang de Jésus. Nous remarquerons en passant qu'il n'y a rien de si difficile à tenir ferme que cette vérité, que comme croyants nous pouvons entrer hardiment dans le lieu très saint, en tout temps et en toute circonstance. Il arrive souvent que les croyants se tiennent pour ainsi dire à la porte, pensant qu'ils ne sont pas propres à entrer, et cela donne à Satan et au monde le temps d'agir. Avezvous manqué? En ce cas courez au lieu saint. Sentez-vous que vous n'êtes pas dans un état convenable? Eh bien! La foi entre directement avec le sang de Jésus. Êtes-vous troublé par votre méchant cœur et le monde est-il trop fort pour vous? Réfugiez-vous dans le lieu saint, là seulement il y a sécurité et repos. Lorsque, dans le lieu saint, nous avons le sentiment d'être chez nous, nous ne nous sentons plus chez nous dans le monde. Si nous possédons Christ, le monde ne peut pas grande chose sur nous. La foi au Fils de Dieu donne une entière victoire sur le monde, ainsi que Jean nous le dit (1 Jean 5, 4). Nous voyons dans le chapitre précédent, que ces chrétiens des premiers temps acceptaient joyeusement l'enlèvement de leurs biens, sachant qu'ils avaient pour eux-mêmes des biens meilleurs et permanents (Hébreux 10, 34). Un autre caractère important de cette épître est la façon dont l'Esprit de Dieu, tout en développant en détail le sacrifice et la sacrificature de Christ, donne une place prééminente à sa personne comme Fils de Dieu. C'est Jésus, le Fils de Dieu, qui est «le grand Souverain Sacrificateur qui a traversé les cieux» (Hébreux 4, 14). C'est là la façon particulière à l'apôtre Paul de présenter Christ. Immédiatement après sa conversion «il prêcha Jésus dans les synagogues disant que lui est le Fils de Dieu» (Actes 9, 20). De même dans son épître aux Galates il écrit « ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu...» S'il avait écrit « le Seigneur Jésus» est-ce que cela n'aurait pas été aussi bien? Certainement non. Cela nous aurait parlé de Jésus comme homme exalté à la droite de Dieu, la même personne bénie assurément, mais il y a une grande puissance dans le fait qu'Il est le Fils de Dieu, notre vie et notre objet. Revenons à notre chapitre. Le premier verset place devant nous la foi dans sa puissance et ses effets pratiques. C'est par elle que nous tenons ferme les choses «que nous espérons », les estimant comme de substantielles réalités, et elle est la présente démonstration à nos âmes des choses « qui ne se voient pas ». Le second verset nous enseigne que la foi était l'énergie intérieure par laquelle les saints des âges passés ont marché devant Dieu et « ont reçu témoignage ». Le reste de ce chapitre donne une suite d'exemples caractéristiques disposés dans un ordre spécial. Dans le troisième verset, la foi nous enseigne ce que les anciens philosophes n'ont jamais possédé malgré toute leur sagesse et que les philosophes d'aujourd'hui ne peuvent comprendre malgré toutes les acquisitions d'une science dont ils se vantent. Nous savons comment les mondes furent créés. La parole de Dieu nous dit tout ce que nous avons besoin de savoir au sujet d'un monde que nous devons bientôt quitter. Le monde fut formé par la parole de Dieu, Dieu le détruisit par le déluge et maintenant sa Parole nous dit qu'il est conservé pour le feu. Si nous croyons que tout va être brûlé, nous ne nous attacherons certainement à rien dans ce monde et nous n'en ferons pas cas, mais notre but principal sera bien plutôt d’en sortir. Les philosophes pourront spéculer nuit et jour sur l'origine et la destinée du monde, mais si nous faisons intervenir Dieu nous pourrons leur dire que « nous comprenons ». Dieu a parlé et le monde a été, et maintenant il attend seulement que Dieu parle pour être détruit par le feu. Toute bouche est ainsi fermée, et c'est ce que l'homme n'aime pas. Dans le quatrième verset nous avons la foi comme ce qui constitue un véritable adorateur, en contraste avec celui qui ne pouvait en être un. Caïn apporte une offrande d'es fruits de la terre, pensant que puisque cela lui était agréable, ce devait l'être aussi pour Dieu, mais Dieu le rejeta. Nous pouvons bien nous demander si toutes ces cérémonies compliquées dans de prétendus lieux d'adoration ne sont pas exactement la même chose. On pense facilement que ce qui plaît aux sens de l'homme est aussi agréable à Dieu. Il semble que la sagesse de Dieu est mise en relief d'une façon remarquable quand Il nous parle de l'adoration, II nous dit ce qu'il en est dans un court verset. Abel, un pauvre pécheur sans prétention, apporte un agneau qui avait été sacrifié, dont le sang avait été répandu. En tant que pécheur, sous le coup de la mort et du jugement, il plaça entre Dieu et lui-même le sang d'une victime sacrifiée. Il introduisit d'une façon typique bien entendu, la mort de Christ. Les choses étant ainsi, Dieu lui rendit le témoignage « qu'il était juste ». Dieu ne donne un tel témoignage qu'à ceux qui se tiennent en sa présence en présentant le sang de son Fils. Quoi que ce soit que vous fussiez ou apportiez de plus Le vous vaudra pas ce témoignage d'être justes (Comparez Romains 3, 24, 26). Le verset cinq nous fait voir en Enoch un exemple de foi des plus remarquables. Il est beaucoup parlé, dans la Bible, de David, Salomon, Josias et de bien d'autres, mais ce qui nous est dit au sujet d'Énoch est qu'il marcha avec Dieu et qu'il ne fut plus trouvé parce que Dieu l'avait enlevé et qu' «avant son enlèvement il a reçu le témoignage d'avoir plu à Dieu ». Sans aucun doute, il eut des manquements comme nous en avons tous, mais le trait caractéristique de sa vie fut « qu'il marcha .avec Dieu ». C'est ce que le Saint Esprit nous rappelle. Ce qui me paraît si remarquable dans ce récit, c'est qu'Énoch n'est pas un homme planant bien au-dessus de nous, dans des circonstances mystérieuses, mais qu'il marcha avec Dieu dans toutes les circonstances de la vie journalière, dans ses occupations et dans sa famille. Très probablement il prit soin de ses troupeaux comme un simple berger; certainement, car la Parole de Dieu nous le déclare, « il engendra des fils et des filles », et ce fut dans ces relations qu'il marcha avec Dieu. Il y a une grande différence entre le fait d'être dans le monde avec la connaissance que Dieu est pour nous, et celui d'être simplement ici-bas pour Dieu! Pour illustrer cette différence, considérons Abraham et Énoch. Abraham savait que Dieu était pour lui dans tous ses intérêts ici-bas; la conséquence en fut qu'au lieu d'être occupé du Dieu de gloire, il fut souvent dans des troubles et des soucis. Dieu lui dit de quitter son pays et sa parenté, mais il ne le fit pas entièrement avant la mort de Térakh son père. Quand il fut dans le pays il y eut une famine et Abraham descendit en Égypte pour y séjourner. Là il craignit pour sa vie à cause de la beauté de la femme que Dieu lui avait donnée, de sorte qu'il mentit à son sujet. Dieu lui fit ensuite de grandes promesses, mais il ne sut pas attendre, il alla et se mit dans de grandes difficultés avec Ismaël. En contraste avec tout cela, Énoch paraît avoir été dans ce monde simplement pour Dieu. Nous pouvons croire que l'objet de sa prière n'était pas: «Éternel, donne-moi ceci ou cela », mais « Éternel, aide-moi à te plaire pendant que je suis ici-bas ». Tout cela est très simple; si nous trouvons notre plaisir en Dieu, Il remplira nos cœurs. Ne pensez-vous pas qu'il est bien naturel que nous désirions Lui plaire? Cela doit être certainement notre but! Remarquons encore qu'Énoch suit Abel de près. Son point de départ pour entrer dans la gloire est pour ainsi dire l'Agneau d'Abel. La croix de Christ ici-bas et l'Agneau dans la gloire au milieu du trône, tandis que dans l'intervalle, il marche avec Dieu et Lui plaît. Cela ne nous fait-il pas voir que le point de départ de notre marche ici-bas est la croix de Christ liée à ce fait que le Seigneur Jésus vient pour nous prendre avec Lui, ? S'il en est ainsi nous ne désirerons rien d'autre que de Lui plaire; c'est plus que la conversion et plus que d'être heureux en Lui. Quand on a trouvé Christ on éprouve beaucoup de joie en Lui et il est bon de demeurer dans cette joie. Cependant il est bon d'avertir les âmes jeunes dans la foi que c'est d'abord à Christ qu'il faut s'attacher plutôt que d'être occupé de sa joie. Supposez que vous veniez à perdre cette joie, que ferez-vous alors? Tenez ferme Christ, vous ne pourrez pas le perdre, et si cela n'est pas la joie elle ne sera véritablement nulle part; Lui ne peut manquer. Tenez-le ferme, marchez avec Lui et votre cœur sera si plein de joie qu'aucun mot ne saurait l'exprimer. Nous voyons cela d'une façon merveilleuse en 1 Pierre 1, 8 : «Lequel : quoique vous ne l'ayez pas vu, vous aimez; et, croyant en Lui, quoique maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d'une joie ineffable et glorieuse. » Quelle chose merveilleuse que d'être dans ce monde sans aucune anxiété, ni souci, ni désir, n'ayant qu'une chose à faire, marcher dans la foi et ainsi de plaire à Dieu, car «sans la foi il est impossible de lui plaire.» (Hébreux 11, 6.) Pour plaire à Dieu nous ne devons pas seulement avoir foi en Lui, mais nous devons aussi nous souvenir qu'il est le rémunérateur de ceux qui le recherchent. Cela ne signifie pas qu'il faille lui apporter seulement de grandes peines, des épreuves ou de grandes joies, laissant de côté les petites choses comme si elles n'avaient aucune importance. Il faut au contraire Le rechercher dans les plus petites circonstances de notre vie, en toutes choses, comme nous le voyons en Philippiens 4, 6. Nous, devons tout Lui apporter, et alors nous trouverons que Dieu est le rémunérateur de ceux qui font ainsi. Si Dieu nous a donné la vie éternelle, ne pensez-vous pas qu'Il nous donnera aussi une coupe d'eau froide si nous le lui demandons? Certainement Il le fera et cela avec autant de dignité que s'Il nous donnait un trône. Pourquoi tant de gens font-ils des dettes, pourquoi volent-ils? Précisément parce qu'ils ne croient pas Dieu. Si nous le croyions, Il nous donnerait tout ce dont nous avons besoin. Voyez comment Dieu parle à Israël en Malachie 3, 10 : «Éprouvez-moi par ce moyen, dit l'Éternel des armées, si je ne vous ouvre pas les écluses des cieux, et ne verse pas sur vous la bénédiction, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus assez de place. » Si nous avons foi en Dieu, Il nous donnera tout ce dont nous avons besoin, et si quelqu'un a de la foi pour d’autres, il peut compter sur Dieu pour les autres. C'est ainsi que Paul dit : « Mon Dieu suppléera à tous vos besoins selon ses richesses en gloire par le Seigneur Jésus.» (Philippiens 4, 19.) Connaissons davantage ce qu’Il est en le recherchant avec diligence dans la prière de la foi ! (À suivre) __________________________________ INTRODUCTION À L'ÉTUDE DES ÉVANGILES Jean 9 (Suite de la page 167) Dans le chapitre qui précède, c'est la parole de Jésus, dans le 96, ce sont ses œuvres qu'on rejette. Cette différence rappelle un peu celle qui existe entre les chapitres 5 et 6. Au 56, le Seigneur apparaît comme étant le Fils de Dieu qui vivifie; mais Son témoignage, est, inutile et par conséquent une résurrection en jugement devient le sort des incrédules. Au 66, il est le Fils de l'homme venu pour Souffrir, pour mourir, et non pour régner. La place qu'il prend ici-bas est pour la gloire de Dieu, non pour la sienne; or la gloire de Dieu en un monde de péché ne peut être accomplie que par l'humiliation, le service, la mort du Fils de l'homme donnant sa vie pour les pécheurs et à cause du péché. De même aussi, au chapitre 8, Jésus est la Parole rejetée, et il se déclare être le Dieu éternel. Plus les hommes s'opposent à la vérité, plus elle se dresse lumineuse devant leurs yeux; plus ils sont incrédules, plus Jésus leur atteste la gloire de Sa personne, jusqu'à ce qu'elle leur devienne intolérable, parce qu'ils ne peuvent souffrir la réalité de la présence de Dieu. Au 9ème, en revanche, Jésus est rejeté dans ses œuvres et en sa qualité d'homme, bien qu'il se dise être le Fils de Dieu et qu'il soit adoré comme tel (Vers. 36, 38.) C'est l'humanité de Christ qui est mise en saillie dans ce chapitre, comme étant la forme que la bonté divine devait nécessairement revêtir afin de pouvoir bénir les hommes, afin d'opérer les œuvres de Dieu en grâce sur la terre. Ici l'homme n'apparaît point seulement comme pécheur, mais comme aveugle de sa nature, ce qui nécessite la guérison. Certes, la lumière manifeste aussi, dans ce chapitre, le mal et l'incrédulité du cœur humain; mais la chose essentielle ici, c'est la grâce de Jésus qui cherche l'homme, qui va au-devant de ses besoins, sans qu'il songe seulement à être guéri par elle. En contraste avec l'aveugle de Jéricho mentionné dans les autres Évangiles, celui-ci ne s'adresse nullement à Jésus; il ne lui crie point: «Fils de David, aie pitié de moi.» Là, en effet, Jésus finit toujours par être présenté aux Juifs comme étant le Fils de David, non seulement en Matthieu qui s'occupe spécialement du Messie, mais en Marc aussi et en Luc. L'Évangile de Jean, au contraire, ne nous présente pas Jésus sous cet aspect, et le cas dont il s'agit ici diffère totalement des autres: l'état de cet aveugle est désespéré, mais il devient l'objet d'une grâce sans réserve, d'une grâce qui s'occupe de son état, bien qu'il ne s'adresse point à Jésus pour être guéri. Le Fils est venu chercher ce qui était perdu, son amour pour l'homme l'a fait condescendre à devenir tel ici-bas, afin de le délivrer de sa misère. Les disciples, qui ne sortent pas des idées juives, demandent à Jésus: «Rabbi, qui a péché: celui-ci, ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle? » Du commencement à la fin de l'Évangile de Jean, Jésus agit en opposition avec les pensées et le système Juifs, il les combat de toute manière chez ceux qui le pressent de leurs questions sans croire à ses paroles, et particulièrement chez ses disciples habitués comme le reste du peuple aux notions erronées du judaïsme. Les voies de Dieu ne sont pas celles des hommes, et la révélation de ces voies offre un contraste absolu avec les idées juives de la justice. Cet homme n'était pas aveugle de naissance à cause des péchés de ses parents, ou de ceux que Dieu avait prévu qu’il commettrait pendant sa vie: « Ni celui-ci n'a péché, ni ses parents; mais c'est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. » Jésus ne veut certes point dire que ces gens fussent sans péché ; mais la cause de cette maladie ne gisait ni dans la nature humaine, ni dans la loi, ni dans la nécessité d'une justice rétributive selon le gouvernement de Dieu. Le regard de Jésus découvrait au delà une cause supérieure et bien différente: la bonté de Dieu; c'était une occasion de manifester les œuvres de Dieu, une occasion pour Christ de faire les œuvres de Celui qui l’avait envoyé. Un cas désespéré, une maladie incurable, quel moment favorable pour la grâce! Si l’homme n'a plus de ressources, il est en encore auprès de Dieu ; voilà le thème principal de ce chapitre. Jésus n'enseigne pas ici comme étant la parole de Dieu, mais il opère les œuvres de Dieu selon la grâce absolue qui n'est restreinte par aucune condition: « Il me faut faire les œuvres de celui qui m'a envoyé, tandis qu'il est jour.» La grâce éclate ici dans toute sa perfection, parce qu'il ne s'agit point seulement de la bonté de Dieu exauçant celui qui s'adresse à elle, mais de sa bonté qui adresse Jésus à l'homme, qui l'envoie vers l'homme, et de l'œuvre de Jésus en sa faveur. Telle est, dans la plénitude de son caractère, la grâce de Dieu en la personne de Jésus. Le Seigneur agissait, dit-il, pendant qu'il faisait jour : « La nuit vient, en laquelle personne ne peut travailler. Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. » Le jour durait aussi longtemps que la présence de Jésus ; mais une fois le Messie absent une fois que le Fils de Dieu aurait quitté la terre, c'était la nuit pour les Juifs, la nuit pour le monde. Il est vrai que des choses plus excellentes devaient être établies comme conséquence de l'ascension de Jésus au ciel, et, en rapport avec cela, une lumière nouvelle, l'étoile du matin dans les cœurs de ceux qui auraient compris la grâce; mais ce passage-ci parle simplement du contraste entre la présence et l'absence de Jésus par rapport à ce monde. À côté de la différence que j'ai signalée plus haut, il y a donc entre les chap. 8 et 9 une liaison intime, en ce sens que Christ y est présenté également comme étant la lumière, et la lumière du monde. Ici encore, le système juif est mis de côté à un nouveau point de vue. Les notions juives sur le péché s'arrêtaient à la simple apparence, à une règle extérieure de conduite, tandis qu'outre les cas particuliers qui amènent un châtiment de Dieu, il y a encore le péché inhérent à chaque individu, la ruine de l'homme par le péché, mais en regard, la grâce absolue apportée par Christ. La question des disciples, au verset 2, prouve qu'ils n'avaient aucune idée de l'état de l'homme aux yeux de Dieu, ni de ce qu'il mérite comme pécheur. Bien que Jésus se présente donc aussi dans ce chapitre comme étant la lumière du monde, ce n'est pas comme auparavant au moyen de la Parole qui prouve à l'homme qu'il est pécheur, et lui manifeste la nature de Dieu ainsi que la gloire personnelle du Fils, mais il est la lumière du monde en montrant que Dieu opère en grâce au moyen d'une puissance qui agit en contraste avec la nature humaine. La lumière ici ne se présente pas aux yeux de l'homme ; au contraire, la possibilité de la percevoir est communiquée à quelqu'un qui en est absolument incapable. Le Seigneur commence par mettre de la boue sur les yeux de l'aveugle, ce qui avait trait à son humanité, au corps qu'il avait pris afin d'accomplir la volonté de Dieu au milieu des hommes ; il était le Fils de Dieu ayant un corps que Dieu Lui avait formé. (Hébreux 10.) Mais le fait qu'étant le Fils de Dieu, il avait un corps humain, voilà précisément ce que les hommes ne peuvent comprendre ni admettre, tandis que si, par la foi, on soumet à la parole de Dieu, sa grâce apparaît au contraire d'autant plus précieuse, et l'on admire la sagesse de ses voies ; l'humanité du Fils de Dieu reste un mystère, mais on en comprend avec bonheur la nécessité pour l'homme. La boue que Jésus plaça sur les yeux de ce mendiant ne lui donna pas la vue sur-le-champ, et s'il n'eût pas été aveugle, il n'en fallait certes pas davantage pour l'empêcher de voir; mais la guérison a lieu aussitôt après qu'il s'est lavé au réservoir de Siloé, en obéissant à la Parole du Seigneur. Cet acte est une image de l'application à l'âme, par le moyen du Saint Esprit, de la Parole qui révèle Christ comme étant l'Envoyé de Dieu. (Voyez vers. 7 et 5, 24.) L'aveugle ainsi guéri n'a point seulement la vue extérieure, mais la lumière a pénétré dans son cœur: il reconnaît que celui qui lui a parlé est un prophète de la part de Dieu (vers. 17, 33), que Jésus avait par conséquent la mission de faire sur la terre les œuvres de Dieu, en contraste avec l'incapacité absolue de l'homme. Recevoir avec obéissance la parole de Christ, a pour conséquence invariable de faire découvrir la gloire divine du Sauveur en la personne du Fils de l'homme, et la puissance qui correspond aux besoins de l'âme d'une manière conforme à cette gloire. Le témoignage de l'aveugle guéri est un résultat de l'action exercée par la parole de Jésus, car elle met toujours le cœur de l'homme à l'épreuve, soit qu'on l'ait acceptée avec obéissance, ou qu'on y soit hostile; ainsi la foi et l'incrédulité sont mises en évidence. Les questions des pharisiens, les conséquences inévitables de son témoignage, loin d'ébranler cet homme, lui inspirent une hardiesse croissante, .et en même temps la haine des pharisiens contre Jésus et ceux qui le confessent, nous apparaît ici plus ouverte, plus déclarée que jamais. L'œuvre de la grâce venait de prouver qu'en réalité, au point de vue de Dieu, il n'y avait pas de sabbat possible, parce que Dieu était obligé de travailler, s'il s'agissait de délivrer l'homme et de le bénir. Du moment que Dieu se révélait sur la terre, l'observation extérieure la plus rigoureuse de formes prescrites, de devoirs religieux imposés par la loi, ne pouvait cacher l'affreuse réalité que l'homme était incapable de garder un sabbat tel que Dieu pût le reconnaître. Nul doute quant à la sainteté du sabbat et quant à l'obligation des Juifs; mais l'état de l'homme c'est le péché, et toutes les tentatives d'y porter remède n'avaient prouvé qu'une seule chose: le mal profond, le mal incurable de l'homme. Les Juifs saisissaient fort bien la partie morale de ces miracles opérés pendant le sabbat; car il était évident qu'un prophète de Dieu pouvait seul guérir d'une pareille manière; mais si Jésus était réellement Dieu, s'il était effectivement la lumière du monde, le sabbat, signe de l'alliance de Jéhovah avec Israël, se trouvait donc écarté par Jéhovah lui-même, et que penser alors du judaïsme? Quelle valeur avait-il désormais aux yeux de Dieu? Il s'agissait là évidemment d'une question de vie ou de mort pour les Juifs. Mais plus les pharisiens cherchent à annuler la gloire de Christ, plus leurs efforts développent, au contraire, par la grâce de Dieu, l'œuvre commencée dans l'âme de l'aveugle après qu'il avait recouvré la vue; sa foi est ainsi peu à peu exercée et fortifiée, par l'incrédulité. Et la haine des ennemis de Christ. Une foi simple augmente toujours en présence des attaques dirigées contre la personne de Jésus. Il est beau de voir comment le Saint Esprit se plaît ici à nous raconter les détails de ce témoignage rendu à Jésus par un pauvre mendiant enseigné de Dieu, et auquel la grâce communique le courage et la force de répondre à des adversaires tels que les pharisiens. Le monde religieux d'alors ne pouvait supporter un témoignage rendu à la puissance et à la grâce de Jésus: «Ils répondirent et lui dirent: Tu es entièrement né dans le péché, et tu nous enseignes! Et ils le chassèrent dehors. » Mais loin des pharisiens, l'homme qui avait été guéri se trouve seul avec Jésus, et il apprend que l'auteur de sa guérison miraculeuse n'est pas seulement un prophète, mais le Fils de Dieu. Chassé de la synagogue, il trouve ce qui peut seul remplir son âme d'une joie ineffable, le vrai objet de la foi et de l'adoration. Après cela, Jésus annonce les deux conséquences morales de sa venue dans le monde: « Je suis venu dans ce monde pour le jugement, afin que ceux qui ne voient pas voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles... » Il avait dit auparavant qu'il était venu pour sauver, pour donner la vie, et non pas pour juger; tel était en réalité le désir de son cœur, et certes il l'a montré. Mais le fait même de sa présence dans le monde produisait deux effets moraux absolument contraires, et les hommes se trouvaient déjà jugés, en principe, selon l'opinion qu'ils avaient d'eux-mêmes en présence du Seigneur au milieu d'eux. «Si vous étiez aveugles, vous n'auriez pas de péché; mais maintenant vous dites: Nous voyons! Votre péché demeure.» Se reconnaître aveugle, sentir son état de péché, voilà ce qui donnait la vue et délivrait du péché. Quant au jugement, non plus moral, mais extérieur et manifeste, sur ceux qui prétendent voir et qui, à cause de cela, sont jugés comme aveugles, il aura lieu plus tard; Jésus n'était pas alors sur la terre pour l'exécuter. (À suivre) ______________________________ L'ARCHE ET LE PROPITIATOIRE Exode 25, 10 à 22. L'arche L'arche et le propitiatoire, qui sont deux choses différentes, forment un tout. Leur description nous en est donnée .séparément et il convient de suivre l'ordre dans lequel l'Écriture nous les présente: «Et ils feront une arche de bois de Sittim; sa longueur sera de deux coudées et demie, et sa largeur d'une coudée et demie et sa hauteur d'une coudée et demie. Et tu la plaqueras d'or pur; tu la plaqueras dedans et dehors, et tu y feras un couronnement d'or tout autour et tu fondras pour elle quatre anneaux d'or, et tu les mettras à ses quatre coins, deux anneaux à l'un de ses côtés, et deux anneaux à l'autre de ses côtés. Et tu feras des barres de bois de Sittim, et tu les plaqueras d'or; et tu feras entrer les barres dans les anneaux, aux côtés de l'arche, pour porter l'arche par elles. Les barres seront dans les anneaux de l’arche ; on ne les en retirera point. Et tu mettras dans l'arche le témoignage que je donnerai. Et tu feras un propitiatoire, d'or pur: sa longueur sera de deux coudées et demie, et sa largeur d'une coudée et demie. Et tu feras deux chérubins d'or; tu les feras d'or battu, aux deux bouts du propitiatoire. Fais un chérubin au bout de deçà, et un chérubin au bout de delà; vous ferez les chérubins tirés du propitiatoire, à ses deux bouts. Et les chérubins étendront leurs ailes en haut couvrant de leurs ailes le propitiatoire, et leurs faces seront vis-à-vis de l’autre ; les faces des chérubins seront tournées vers le propitiatoire. Et tu mettras le propitiatoire sur l'arche, par-dessus, et tu mettras dans l’arche le témoignage que je te donnerai. Et je me rencontrerai là avec toi, et je parlerai avec toi de dessus le propitiatoire, d'entre les deux chérubins qui seront sur l'arche du témoignage, et je dirai tout ce que je te commanderai pour les fils d'Israël» (Exode 25, 10-22.) Il y a plusieurs choses à considérer en rapport avec l'enseignement typique de l'arche. Nous avons d'un côté la manifestation de Dieu en Christ et de l'autre nous voyons l'arche présentée comme étant le trône de Dieu et de son gouvernement en Israël. Nous trouvons dans l'arche une figure de la personne de Christ et cela d'abord dans les matériaux qui la composaient. Elle était faite de bois de Sittim et recouverte d'or pur. Le bois de Sittim est une variété de l'acacia, un bois que l'on dit impérissable. Quoi qu'il en soit, il est un type de ce qui est humain et si ce bois comme on l'affirme ne pourrit pas, s'il est incorruptible, il convient d'autant mieux comme emblème de l'humanité de notre Seigneur. L'or est toujours le symbole de ce qui est divin. Nous avons donc dans la structure de l'arche la figure de l'union des deux natures dans la personne de Christ. Il était parfaitement Dieu et parfaitement homme. «Au commencement était la Parole, et la Parole était auprès de Dieu, et la Parole était Dieu.» Il est ajouté: « Et la Parole devint chair, et habita au milieu de nous (et nous vîmes sa gloire, une gloire comme d'un fils unique de la part du Père) pleine de grâce et de vérité» (Jean 1, 14). Ainsi il était Dieu et homme, Dieu manifesté en chair. Le contenu de l'arche est sous ce rapport très significatif: « Et tu mettras dans l'arche le témoignage que je te donnerai» (v. 16) c'est-à-dire les deux tables de pierre qui portaient gravés les dix commandements; elles étaient déposées dans l'arche et c'est là la raison pour laquelle elle est souvent appelée l'arche de l'alliance (Nombres 10, 33 ; Deutéronome 31, 26) parce qu'elle contenait la loi sur laquelle l'alliance était fondée. Elle nous présente Christ d'une manière toute spéciale. Parlant par l'Esprit, Christ dit au Psaume 40, 7: «Voici, je viens; il est écrit de moi dans le rouleau du livre. C'est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, ta loi est au dedans de mes entrailles ». C'est pourquoi le témoignage placé dans l'arche est l'expression de la loi de Dieu magnifiée en Christ, né dans le monde, la semence de David selon la chair, né sous la loi, loi à laquelle il a parfaitement obéi. « Ta loi est au dedans de mes entrailles» nous montre la perfection de son obéissance. Dieu a trouvé en Lui et en Lui seul la vérité dans l'homme intérieur, ainsi qu'une pleine et entière réponse à tout ce que réclamait sa sainteté. Parce qu'Il faisait toujours les choses qui lui étaient agréables, Dieu a exprimé la satisfaction de son cœur par cette parole: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon plaisir» (Matthieu 3, 17). Les anneaux et les barres (v. 12 à 15) ont aussi un enseignement pour nous; les barres placées dans les anneaux aux côtés de l'arche servaient à porter l'arche (v. 14). Le peuple de Dieu, pèlerin dans le désert, était en route pour le lieu que Dieu avait préparé pour lui. Le temps viendra dans lequel il entrera en possession de l'héritage; alors le temple qui sera élevé sera digne de la magnificence de la gloire du roi d'Israël. Les barres, qui dans le désert ne devant pas être retirées des anneaux de l'arche (v. 15), seront alors enlevées (2 Chroniques 5, 9) parce que le pèlerinage étant fini, l'arche ainsi que le peuple seront entrés «dans son repos» (Ps. 132, 8). Les barres dans les anneaux nous parlent par conséquent de Christ accompagnant son peuple, étant Lui-même avec eux dans les circonstances du désert. C'est Christ dans ce monde, Christ dans toute sa perfection comme homme ; Christ, en un mot, dans tout ce qu'Il était comme Celui qui nous a révélé Dieu; car en vérité, Il était la parfaite présentation de Dieu à l'homme. «Personne ne connaît le Fils, si ce n'est le Père; ni personne ne connaît le Père si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils voudra le révéler» (Matthieu 11, 27.) En second lieu l'arche avec le propitiatoire et les chérubins, formait le trône de Dieu sur la terre au milieu d'Israël. À l'intérieur était déposée la loi, témoignage de ce que Dieu exigeait de l'homme; au- dessus était le propitiatoire qui, avec les chérubins, constituait le trône. Ceux-ci s'élevaient à droite et à gauche, accessoires inséparables de ce trône. Dieu nous est ainsi présenté dans les Écritures comme demeurant entre les chérubins. Les chérubins sont apparemment les symboles des attributs de Dieu et nous voyons alors le trône de Dieu maintenu par tout ce que Lui est. Pour cette raison nous les voyons tout au long de l'Ancien Testament exerçant le pouvoir judiciaire; depuis que Dieu a eu affaire avec les pécheurs son trône conserve l'aspect judiciaire. Nous voyons ainsi Dieu assis sur son trône de justice entre les chérubins. On pourrait se demander pourquoi Israël qui a constamment violé la loi n'a pas été immédiatement détruit; nous avons la réponse (quoique anticipant la vérité du propitiatoire) dans l'attitude des chérubins. Comme exécuteurs du pouvoir judiciaire de Dieu ils devaient appliquer le châtiment dû au transgresseur. Mais «leurs faces seront l'une vis-à-vis de l'autre; les faces des chérubins seront tournées vers le propitiatoire» (v.20). Ils voient ainsi le sang; qui a été aspergé sur le propitiatoire, le sang qui annuellement a été placé là le grand jour des expiations (Lévitique 16), et par lequel les droits de Dieu ont été pleinement satisfaits et lui-même devenu favorable au coupable. S'il en avait été autrement, Dieu gouvernant en justice devait détruire son peuple. C'était aussi de dessus le propitiatoire, entre les deux chérubins, que Dieu parlait avec Moïse (v. 22). Le lieu où l'Éternel se rencontrait avec son peuple était la porte de la tente d'assignation (Chap. 29 42-43). Moïse seul (à part le grand sacrificateur exceptionnellement au grand jour des expiations) jouissait du privilège de rencontrer Dieu et de recevoir les communications qu'Il lui donnait du propitiatoire; en grâce il était reconnu comme le médiateur. Tous les croyants de l'économie actuelle jouissent de ce privilège et cela en vertu de l'efficacité de l'œuvre de la rédemption. Il n'en était pas ainsi d'Israël, Moïse seul avait la liberté d'entrer en tout temps dans la présence de Dieu. C'était là que Dieu parlait avec lui (Nombres 7, 89) et lui confiait ses commandements pour diriger les enfants d'Israël. C'est là seulement que la voix de Dieu peut être entendue et ses pensées connues ; quiconque veut faire des progrès dans la connaissance de sa volonté doit se retirer dans le secret pour être seul avec Dieu. Si nous considérons le livre des Nombres, nous trouverons les directions pour le transport de l'arche à travers le désert. «Et lorsque le camp partira, Aaron et ses fils entreront et ils démonteront le voile qui sert de rideau et en couvriront l'arche du témoignage; et ils mettront dessus une couverture de peaux de taissons, et étendront pardessus un drap tout de bleu; et ils y placeront les barres » (Nombres 4, 5 et 6.) Le voile est un emblème de l'humanité de Christ, sa chair (Hébreux 10, 20). Nous avons donc premièrement l'arche; c'est-à-dire Christ caché sous le voile de son humanité ; ensuite les peaux de taissons, expression de 1a sainte vigilance par laquelle Il se préservait du mal, comme on le voit par exemple dans l'écriture: « Par la parole de tes lèvres je me suis gardé des voies de l'homme violent» (Psaume 17, 4). Ensuite vient le drap tout de bleu : symbole de ce qui est céleste. Les peaux de taissons étaient à l'intérieur, parce que, Christ gardant sa perfection séparé de tout mal, on ne voyait se manifester en Lui que ce qui était céleste. Nous avons par conséquent Christ comme traversant le désert toujours caractérisé par ce qui est céleste. Comme tel, ne l'oublions pas, Il est notre modèle: «celui qui dit demeurer en Lui, doit lui-même marcher, comme Lui a marché». Le propitiatoire Le propitiatoire, quoique formant le couvercle et complétant ainsi la structure de l'arche, est dans un certain sens complet en lui-même; et à cause de l'importance qu'il revêt il mérite d'être considéré séparément. Il était placé « sur l'arche, par-dessus » (v. 21) ; il se trouvait par conséquent dans le lieu très saint, scène de la manifestation spéciale de Dieu et, comme nous l'avons déjà dit, la base de son trône. Dieu habitait là entre les chérubins. Le propitiatoire différait de l'arche en ce que le bois de Sittim n'entrait pas dans sa composition. Il était fait d'or pur, comme, l'étaient aussi les chérubins, tirés du propitiatoire à ses deux bouts. L'or est l'emblème de ce qui est divin : de la justice divine. Si pour un moment nous le considérons en rapport avec le témoignage qui est dans l'arche, nous avons l'union de l'homme parfait et de la justice divine; les tables de la loi nous parlant de la justice de l'homme qui était dans les entrailles de Christ, et l'or de la justice divine qui était en Lui. Le propitiatoire est par conséquent d'une manière bien particulière un type de Christ. L'apôtre applique directement à Christ cette expression lorsqu'il dit: «étant justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus, lequel Dieu a présenté .pour propitiatoire, par la foi en son sang» (Romains 3, 24-25). Cette allusion sera facilement comprise si l'on se reporte à l'activité du sacrificateur au grand jour des expiations. Après avoir mis l'encens sur le feu devant l’Éternel, il est dit: « Et il prendra du sang du taureau et il en fera, aspersion avec son doigt sur le devant du propitiatoire, vers l’orient ; et il fera aspersion du sang avec son doigt sept fois devant le propitiatoire» (Lévitique 16, 14). Il agissait de même avec le sang du bouc du sacrifice pour le péché pour le peuple. Deux questions nous donneront la signification de cet acte. Premièrement, pourquoi le sang était-il aspergé dessus et devant le propitiatoire? Pour faire propitiation pour les péchés du peuple. Étant pécheurs, les Israélites ne pouvaient paraître dans la présence d'un Dieu saint. Le sang par conséquent était porté selon l'enseignement divin, et aspergé de la manière décrite, sur le propitiatoire pour faire propitiation pour les péchés du peuple; et de même devant le propitiatoire mais sept fois, pour que le sacrificateur lorsqu'il s'approchait trouvât un parfait témoignage de l'efficacité de l'œuvre. Une seule fois, comme on l'a souvent dit, était suffisante pour l'œil de Dieu, mais en grâce Il condescendait à ce qu'il fût aspergé sept fois pour la pleine assurance de l'œil et du cœur de l'homme. Et en second lieu, qu'accomplissait-il? Il accomplissait l'expiation, satisfaisant à tous les saints droits de Dieu à l'égard du peuple. Quelle chose quand nous pensons au sang de Christ qui a pleinement glorifié Dieu dans tout ce qu'Il est, le glorifiant pour toujours en ce qui concerne la question du péché, de sorte que Celui qui était contre nous à cause de notre culpabilité est maintenant pour nous à cause du sang! Le propitiatoire nous parle avant tout de Christ; ainsi que Jean le dit dans sa première épître: «lui est la propitiation pour nos péchés, et non pas seulement pour les nôtres, mais aussi pour le monde entier» (1 Jean 2, 2). Les péchés des croyants sont ôtés et ôtés pour toujours; la valeur de la propitiation est telle que Dieu peut maintenant en justice et dans sa grâce faire proclamer l'évangile dans le monde entier et supplier les pécheurs d'être réconciliés avec Lui (2 Corinthiens 5, 20). Christ, nous le répétons, est figuré par le propitiatoire et ainsi nous apprenons que c'est par Lui seul que l'on peut s'approcher de Dieu de même que, dans le désert, on ne pouvait s'approcher de Dieu que propitiatoire. Mais béni soit son Nom, quiconque s'approche de Lui par Christ trouvera le parfait témoignage rendu à la valeur de son œuvre expiatoire dans la présence de Dieu. Mais, considérons-le bien, c’est par le sang seul que nous avons accès auprès de Lui; Il nous est « présenté comme propitiatoire, par la foi en son sang». En conséquence, croyant dans la valeur de son sang selon le témoignage de Dieu, quiconque s'approche peut venir avec assurance, ne doutant nullement, dans la pleine confiance que le chemin est ouvert pour le plus coupable, le plus vil, jusque dans la présence même de Dieu. Car: «Christ étant venu, souverain sacrificateur des biens à venir, par le tabernacle plus grand et plus parfait qui n'est pas fait de main, c'est-à-dire qui n'est pas de cette création, et non avec le sang de boucs et de veaux, mais avec son propre sang, est entré une fois pour toutes dans les lieux saints, ayant obtenu une rédemption éternelle» (Hébreux 9, 11, 12). Les chérubins faisaient partie du propitiatoire. Comme déjà dit, ils sont les symboles des attributs divins et, comme tels, du pouvoir judiciaire. Depuis que Dieu a été glorifié par le sang placé sur le propitiatoire tous ses attributs sont en harmonie et tous s'exercent eu faveur des croyants. À la croix, la bonté et la vérité se sont rencontrées, la justice et la paix se sont entre-baisées; tous les droits de la justice ayant été satisfaits les chérubins eux-mêmes sont favorables à ce que miséricorde soit faite à tous ceux qui s'approchent en se confiant dans la valeur du sang. Vérité bénie! Tout ce que Dieu est dans sa nature est opposé au péché, et maintenant, en tout ce qu'Il est, Il est favorable au croyant. Le sang qui est sur le propitiatoire a opéré ce merveilleux changement. E. D. ________________________________ LA GLOIRE CÉLESTE DE MOÏSE Le chapitre 7 des Actes nous apprend que le rejet du Seigneur Jésus Christ par la terre fut l'occasion (je n'oublie pas, naturellement, que toutes les œuvres de Dieu sont connues de Lui dès le commencement du monde) de lui donner dans le ciel et en relation avec une famille céleste, une gloire d'un ordre plus élevé que toute gloire qu'Il aurait connue si la terre l'avait reçu au lieu de le rejeter. Mais ce chapitre nous montre aussi que ce mystère avait été typifié d:ans les histoires de Joseph et de Moïse. Joseph fut vendu, et Moïse refusé par ses frères, mais, à cause de cela, Joseph obtint la joie, la gloire et une famille en Égypte, et Moïse obtint en une certaine mesure les mêmes choses et en tout cas une famille en Madian ; et chacun d'eux fut ainsi, en son jour, une ombre de la gloire et de la joie du Fils de Dieu, au milieu de la famille céleste, en conséquence de ce qu'Il fut rejeté en son jour aussi, par Israël et par la terre. Mais, en suivant l'histoire de Moïse, nous le trouvons une seconde fois séparé d'Israël, et cette séparation est suivie elle aussi des mêmes résultats célestes. Le péché d'Israël au pied du mont Sinaï, par lequel l'alliance fut rompue et la bénédiction perdue, rejette encore Moïse dans une position céleste. Après ce péché du veau d'or la tente d'assignation est dressée hors du camp. L'Éternel désavouant en justice son peuple révolté. Mais là Moïse rencontre l'Éternel, et le rencontre d'une nouvelle manière «face à face, comme un homme parle avec son ami» (Exode 33, 11). Il n'en avait pas été ainsi auparavant. C'était l'expression d'une intimité accrue entre l'Éternel et Moïse, introduite dans une relation d'ami avec le Seigneur, telle que celle où se trouve l'Église maintenant (Jean 15, 15). C'était une chose nouvelle pour Moïse, un nouveau caractère de gloire en Lui, comme son habitation en Madian parmi les Gentils avait été une chose nouvelle en son jour. Et c'est précisément là ce qui a distingué Moïse de tous les grands hommes ou prophètes juifs et l'a élevé au-dessus d'eux; ainsi que nous le lisons: « Et, il ne s'est plus levé en Israël de prophète tel que Moïse que l'Éternel ait connu face à face» (Deutéronome 34, 10). Et étant dans cette position d'intimité, cette position céleste, il agit selon les prérogatives élevées qu'elle comporte. Il passait et repassait du glorieux tabernacle protégé par la nuée au camp de la congrégation (Exode 33, 11). Et ce mouvement exprimait son égal accès au ciel et à la terre, et montrait Moïse comme un médiateur, l'ombre de notre Sacrificateur céleste, le Christ Jésus. Josué pendant ce temps était gardé dans le tabernacle, comme le serviteur séparé, il est vrai, du peuple souillé et révolté (comme le résidu fidèle le sera au dernier jour), mais sans être cependant introduit dans la position d'intimité, la position céleste, que Moïse occupait. Dans une autre occasion, Moïse agit selon les hautes prérogatives de son nouveau caractère céleste. Il prend une femme éthiopienne (Nombres 12), une femme d'entre les Gentils, et de ceux qui étaient le moins estimés parmi eux (Jérémie 13, 23). Les membres de sa famille, ses parents selon la chair, ne sont pas préparés à cela; ils parlent contre lui et refusent de lui reconnaître sa position d'autorité. Lui, étant un homme, de caractère céleste, plus doux que tous les hommes qui étaient sur la face de la terre, ne répond rien à tout cela. Mais le Seigneur plaide sa cause et, en le faisant, le justifie sur la base même de ce caractère céleste qu'il a acquis dans les jours du veau d'or, c'est-à-dire de l'apostasie, du peuple terrestre. « Écoutez mes paroles », dit l'Éternel à Aaron et à Marie. « S'il y a un prophète parmi vous, moi l'Éternel je me ferai connaître à lui en vision, je lui parlerai en songe. Il n'en est pas ainsi de mon serviteur Moïse, qui est fidèle dans toute ma maison; je parle avec lui bouche à bouche, et en me révélant clairement, et non en énigmes; et il voit la ressemblance de l'Éternel. Et pourquoi n'avez-vous pas craint de parler contre mon serviteur, contre Moïse?» L'Éternel plaide ici d'une manière frappante en faveur de Moïse et en le justifiant pleinement d'un acte que ses parents selon la chair ne comprenaient pas et n'étaient pas préparés à comprendre, Il revendique l'intimité avec Lui-même que Moïse avait acquise par suite du péché précédent de ce peuple terre Cette intimité, ou l'entretien «face à face» avec l'Éternel, l'avait ainsi élevé bien au-dessus du niveau juif ou terrestre et lui avait clairement donné un caractère céleste, dont il avait maintenant exercé l'une des prérogatives en épousant une femme éthiopienne, de même qu'il avait précédemment, ainsi que, nous Venons de le voir, exercé une autre de ces prérogatives en passant et repassant de l'Éternel dans le tabernacle de gloire au peuple dans le camp. Il faut remarquer l'importance du mot « toute» dans ce passage. C'est très frappant en rapport avec notre sujet : « qui est fidèle dans toute ma maison », dit l'Éternel, paroles qui devaient montrer à Aaron et à Marie que Moïse était un personnage d'une dignité particulière, ayant accès à toutes les parties de la maison de l'Éternel. Ce n'était pas seulement qu'il était fidèle, mais fidèle dans toutes les parties de la maison, ayant le droit d'être dans le lieu très saint, ou céleste, aussi bien que dans le lieu assigné à la congrégation, ou le parvis. Car c'est la dignité de Moïse aussi bien que sa fidélité que son divin Avocat revendique ici. Tout ceci me frappe comme étant très clair et très puissant; et ainsi le second mariage de Moïse, avec l'Éthiopienne, nous parle, aussi bien que son premier mariage avec la Madianite. Tous deux nous le montrent dans son caractère céleste et comme un type du Seigneur dans son union avec l'Église. Ainsi Moïse devient participant de l'appel céleste et, par suite, comme nous allons le voir maintenant, il occupe à la fin la position céleste. Nous le voyons par exemple sur le mont Pisga, regardant le pays de Canaan étendu au-dessous de lui (Deutéronome 34). C'était pour lui une nouvelle montagne de Dieu. Elle s'élevait un peu en dehors du pays promis, mais lui en offrait une vue complète. C'était une éminence élevée, le sommet du Pisga, sur le mont Nebo, dans la chaîne d'Abarim. La terre avait cessé désormais de le reconnaître comme sien, Israël ne le connaissait plus, le désert était entièrement passé, et l'Éternel seul était avec lui sur la montagne qui dominait le pays de la promesse. Combien toute cette scène exprime bien la position de l'Église ou la gloire céleste! Sur la hauteur avec l'Éternel, Moïse regarde au-dessous de lui l'héritage terrestre, la place des tribus d'Israël, Galaad jusqu'à Dan, Nephthali, Éphraïm et Manassé, et tout le pays de Juda jusqu'à la mer, et le midi, et la vallée de Jéricho, la ville des palmiers, jusqu'à Tsoar. Une position d'où l'on peut dominer de tels objets au-dessous de soi, et dans une telle compagnie, est en vé- rité céleste. Moïse est sur la hauteur avec l'Éternel, regardant les villes et les plaines où les tribus terrestres d'heureux rachetés devaient habiter. Ce n'est que du ciel qu'une telle possession bénie de la terre, dans la justice et la paix, pourra être vue par le Seigneur et ses enfants de résurrection. ¹ ¹ Nous avons aussi un témoignage de la gloire céleste d'Aaron, l'associé de Moise. Il meurt comme sacrificateur sur le sommet de la montagne, le peuple terrestre étant au-dessous de lui et le connaissant seulement comme un sacrificateur dans les lieux célestes (Nombres 20). Moïse nous est présenté encore une fois dans les lieux célestes quand nous le voyons, dans le Nouveau Testament, sur une autre montagne, celle de la transfiguration. Pierre, Jacques et Jean sont là, représentant Israël et le peuple terrestre, et ils sont à l'extérieur. Mais Moïse est là, encore en compagnie du Seigneur, avec un autre cohéritier de la gloire céleste, et ils sont dedans, enveloppés dans la nuée de la gloire magnifique, le vrai voile qui sépare le lieu saint du parvis, ou les cieux de la terre. Moïse est du côté céleste de ce voile, glorifié en la ressemblance du Seigneur de gloire Lui-même. Ce sont là deux témoignages puissants et clairs de la gloire céleste de Moïse, nous le montrant d'une manière frappante dans les lieux célestes, en compagnie de l'Éternel sur le sommet de deux montagnes ; de l'une il contemple l'héritage terrestre au-dessous de lui, et de l'autre le peuple terrestre en dehors de lui. Et ainsi j'estime que tous ces témoignages que nous avons entendus ici nous enseignent quels sont l'appel et la gloire célestes, ou le caractère et la position célestes de ce serviteur de Dieu fidèle et honoré. Il est un enfant de la résurrection et un cohéritier de Dieu avec Jésus Christ. Ainsi Moïse perd la terre, mais gagne le ciel. Il perd Canaan par sa propre faute, ne tenant pas compte, comme nous le savons, de la grâce et de la puissance de la verge qui avait bourgeonné ; mais il gagne la gloire sur le sommet de la montagne dominant Canaan, par la bonté inépuisable et l'amour de Dieu son Sauveur. Les lois décrètent avec raison qu'aucun homme ne tirera avantage du tort qu'il a commis; car la justice n'admet pas la pensée que quelqu'un puisse tirer un bénéfice .du mal qu'il a fait. Mais la grâce n'agit pas selon la loi, car la gloire qu'elle nous donne, comme pécheurs pardonnés; est beaucoup plus riche et plus brillante que celle que connaissait Adam dans l'innocence. Notre histoire donne la solution de l'énigme de Dieu, celui qui mange fournissant la nourriture, et le fort la douceur. Moïse et l'Église illustrent tous deux cela; à travers cette terre de péché, tous deux vont en avant, conduits par la main du Fils de Dieu, vers le sommet de la montagne où l'on voit au-dessous les tentes si belles de Jacob (Nombres 24, 5). Bien-aimés, quelles gens devrions-nous être! Puissent la vie et l'énergie du Saint Esprit demeurant en nous, nous garder de plus en plus séparés pour un caractère céleste et des espérances célestes! Amen, Seigneur Jésus! B. T. ……………………………………… JUGEMENT DU MAL DANS L'ASSEMBLÉE Les croyants des tout premiers jours de l'Église ne connaissaient pas toutes les vérités aujourd'hui révélées et enseignées en particulier, celle concernant l'Église corps de Christ, objet des révélations faites à l'apôtre Paul, mais ils vivaient ce qu'ils savaient. Le début du livre des Actes nous donne de ces temps un tableau plein de fraîcheur; il nous montre aussi comment l'ennemi variant ses moyens, a essayé de s'opposer au travail de Dieu, s'efforçant de détruire le puissant témoignage rendu par l'assemblée à Jérusalem. C'est ainsi que très rapidement, agissant avec ruse du serpent, il a fait pénétrer le mal dan l'assemblée. Actes 5 nous dit comment il a opéré pour atteindre ce but, mais aussi comment le mal a été jugé aussitôt. Il est sans doute opportun de rappeler les enseignements qui nous sont donné là, car nous serions peut-être aujourd'hui plein d'indulgence pour une semblable manifestation du mal, disposés même parfois, par manque de discernement spirituel ou par faiblesse, à en tolérer de plus graves. Ananias et Sapphira avaient vendu une possession pour que le produit, apporté aux pieds de apôtres, en fût « distribué à chacun, selon que l'un ou l'autre pouvait en avoir besoin». La piété des premiers croyants se montrait de plusieurs manières, et, entre autres, par des actes comme celui que se proposèrent Ananias et Sapphira (Actes 4, 32 à 37). Seulement, désireux d'en imiter d'autres, Ananias et sa femme, tout en cherchant à faire eux aussi une manifestation publique de piété, convinrent entre eux de garder une partie du prix de leur terre. Il n'y avait certes aucune obligation pour eux d'apporter le tout, mais leur péché était celui-ci : ne donnant qu'une partie, ils prétendaient cependant donner tout. C'était un manque de franchise et de droiture, une hypocrisie et un mensonge. Ce péché est si grave aux yeux de Dieu que le mal est réprimé aussitôt par l'exercice d€ son gouvernement. Les apparences de piété ne peuvent tromper Celui qui connaît l'état des cœurs. Elles ne trompent pas non plus un œil spirituel exercé; il y a chez Pierre un tel discernement que, dès qu'Ananias entre devant lui, il dévoile le mal: «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, que tu aies menti à l'Esprit Saint, et que tu aies mis de côté une partie du prix de la terre? ... Tu n'as pas menti aux hommes, mais à Dieu». Le mal discerné et mis au jour, il est immédiatement jugé: « Et Ananias, entendant ces paroles, tomba et expira». De même, pour Sapphira (Actes 5, 3 à 5 et 7 à 10). Sans doute, dans ces premiers jours de l'histoire de l'Assemblée sur la terre, l'Esprit Saint pouvait agir sans que rien n’entravât son action, et le déploiement de puissance spirituelle fût tel que le mal était aussitôt discerné, manifesté et jugé. Aujourd'hui, le Saint Esprit, contristé de tant de manières, ne peut agir au sein de la ruine comme il le faisait dans l'Assemblée fidèle, car il n'est pas possible que Dieu, par une action puissante de son Esprit, mette son sceau sur la ruine de l'Église. Mais la sainteté de Dieu est toujours la même, le mal n'a pas changé de caractère à ses yeux et ceux qui désirent maintenir le témoignage confié à l'assemblée ne sont pas moins responsables que ne l'étaient les premiers croyants, ils le sont beaucoup plus car ils ont reçu bien davantage : de garder pur un domaine où le mal ne doit pas entrer et où, s'il entre, il doit être immédiatement jugé. Tout croyant dans le témoignage est responsable de veiller sur sa marche personnelle, de vivre dans le jugement de soi-même, afin de plaire au Seigneur et de n'apporter aucune souillure, de chair ou d'esprit, à la table de Celui qui est le Saint et le Véritable. S'il manque en cela, l'assemblée est responsable d'intervenir, par amour et fidélité envers lui comme aussi et surtout envers le Seigneur, cette intervention s'exerçant par le moyen de disciplines appropriées; lorsque ces disciplines demeurent inefficaces, l'assemblée doit « ôter le méchant », selon l'enseignement de 1 Corinthiens 5. Si elle faiblissait à cet égard, tolérant ainsi le mal dans son sein, son infidélité amènerait le jugement du Seigneur sur le coupable et probablement aussi, d'une manière ou de l'autre, sur elle-même. À Corinthe, le Seigneur avait dû exercer son jugement sur plus d'un coupable. Ce que l'apôtre écrivait à cette assemblée a toute sa valeur encore aujourd'hui (cf. 1 Corinthiens 1, 2) : «C'est pour cela que plusieurs sont faibles et malades parmi vous, et qu'un assez grand nombre dorment. Mais si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés» : jugés par le Seigneur (1 Corinthiens 11, 30, 31). L'on peut sans doute penser que de nos jours aussi, des croyants de:meurent faibles et malades, d'autres ont été retirés parce que eux ou d'autres n'ont pas pratiqué ce jugement de soi-même auquel nous sommes exhortés, parce qu'ensuite l'assemblée n'a pas fait son devoir envers eux. À propos du jugement exercé par le Seigneur sur une assemblée, on peut citer l'exemple de Thyatire. Que lui est-il reproché? De tolérer dans son sein un mal doctrinal, de «laisser faire»: «Mais j'ai contre toi, que tu laisses faire...» Le Seigneur use de patience, Il « donne du temps» pour se repentir, mais s'il n'y a pas repentance et jugement du mal, c'est alors Lui qui exerce son jugement à l'égard de l'assemblée, et tout spécialement de sa partie la plus responsable (Apocalypse 2, 20 à 23). Demandons à Dieu qu'Il nous donne un sain discernement du mal. Nous ne l'aurons que dans la mesure où nous vivrons près du Seigneur, dans le sanctuaire. Demandons-lui ensuite qu'Il nous accorde assez d'énergie spirituelle pour opérer le jugement d'un mal discerné. L’ennemi s'efforce en tout premier lieu, d'obscurcir notre discernement spirituel et de nous faire considérer comme infirmités à supporter ce qui pourtant devrait être jugé. Il sait aussi comment nous arrêter pour nous empêcher de juger le mal lorsque nous l'avons discerné: il met en avant parfois des liens de famille, des relations personnelles auxquelles on donne plus de valeur qu'au maintien de la sainteté qui convient dans l'assemblée; ou encore, il voudrait nous laisser croire que la mise au jour du mal risque de troubler les âmes et que le jugement de ce mal entraverait la prospérité du témoignage. L'ennemi prenant soin des âmes et du témoignage ! Combien ses raisonnements sont subtils et dangereux! Si au lieu d'écouter sa voix nous considérons ce que Dieu nous enseigne dans sa Parole, nous verrons quels sont, en fait, les résultats de l'exercice du jugement du mal dans l'assemblée, en dehors de ceux, essentiels, que constituent, d'une part, la purification de l'assemblée et, d'autre part, la recherche du bien et de la restauration de celui qui a péché. Actes 5 nous présente quatre de ces résultats: 1° - «Une grande crainte s'empare de toute l'assemblée et de tous ceux qui entendaient parler de ces choses» (v. 5 et 11). Les âmes sont conduites à discerner quelque peu ce qu'est le mal aux yeux de Dieu et à voir quelles en sont les conséquences sous son gouvernement. Chacun est ainsi amené à veiller sur ses voies; il y a davantage de crainte de Dieu, de sainteté pratique. C'est aussi ce que nous enseigne Deutéronome 21, 21: «Tu ôteras le mal du milieu de toi, et tout Israël l'entendra et craindra ». Et Proverbes 14, 16 se trouve vérifié: «Le sage craint, et se retire du mal ». Au contraire, l'absence de jugement du mal risque d'inciter les croyants à imiter de mauvais exemples. 2° - Il y a un grand déploiement de puissance spirituelle, avec tous les fruits qui en découlent (v. 12, 15 et 16). Tandis qu'à l'inverse, la puissance spirituelle est perdue lorsque le mal n'est pas jugé. Une assemblée qui persisterait dans cet état n'en arriverait-elle pas à perdre même son caractère d'assemblée de Dieu? 3° - L'assemblée est préservée de l'intrusion d'éléments qui n'ont pas place dans son sein: « d'entre les autres, nul n'osait se joindre à eux» (v. 13). Ces éléments fuient un milieu où ils savent que le mal est jugé, tandis qu'ils viendront volontiers là où il est toléré. 4° - Des âmes sont attirées, des âmes fidèles qui ont à cœur de faire partie du témoignage et qui, elles, y ont vraiment leur place: « des croyants d'autant plus nombreux se joignaient au Seigneur, une multitude tant d'hommes que de femmes» (v. 14). N'hésiterait-on pas à agir parfois dans l'exercice du jugement du mal, dans la crainte de voir se réduire le nombre de ceux qui sont dans le rassemblement? Remarquons d'ailleurs à ce sujet que, dans un temps de ruine comme celui auquel nous sommes parvenus, ce n'est pas le nombre qu'il faut chercher. Soyons gardés de penser et d'agir comme le monde qui estime, lui, que la puissance d'un groupement est fonction du nombre de ceux qui le composent. On entend dire quelquefois: « notre nombre augmente; nous avons maintenant une réunion de tant de personnes et nous sommes à l'étroit dans notre local...», toutes choses qui ne peuvent être un sujet de joie et le signe de la bénédiction de Dieu que si accroissement en nombre et accroissement spirituel vont de pair. En est-il toujours ainsi? Ce qui importe, par dessus tout et avant tout, c'est l'accroissement d'Éphésiens 4, 15, 16, «l'accroissement de Dieu» de Colossiens 2, 19. Il serait grave et attristant qu'un accroissement numérique, tellement souhaité parfois et qui, aux yeux de certains, est toujours signe de force et de bénédiction, ne résulte que de l'entrée dans le témoignage de ceux « d'entre les autres» dont Actes 5, 13 nous dit qu'alors « nul n'osait se joindre à eux ». Ne perdons pas de vue non plus que l'un des caractères du témoignage dans des jours de déclin, c'est qu'il est peu nombreux et sans apparence (Juges 7) et demandons-nous si, en bien des cas, il n'existe pas une tendance à rechercher précisément et le nombre et l'apparence. Dieu veuille accorder aux siens de marcher dans l'obéissance à sa Parole, n'oubliant pas que « la sainteté sied à sa maison» (Psaume 93, 5), que par conséquent l'assemblée, «maison de Dieu ... assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité» (1 Timothée 3, 15), est un lieu où le mal, s'il y pénètre, doit être jugé. Que puisse être maintenu ainsi un témoignage fidèle, sans prétention aucune, ne recherchant ni le nombre ni l'apparence, mais jaloux des droits et de la gloire du Seigneur .et croissant «de l'accroissement de Dieu» ! Pour cela, que les âmes soient occupées du bien, nourries de Christ, réchauffées dans la jouissance de son amour, heureuses dans sa communion, affermies par sa grâce, tenues tout près de Lui « qui a le pouvoir de nous garder sans que nous bronchions, et de nous placer irréprochables devant sa gloire avec abondance de joie» (Jude 24). Alors, malgré la ruine de l'Église, malgré la faiblesse de ceux qui désirent être gardés dans le témoignage que le Seigneur maintiendra jusqu'à son retour, il pourra être dit des assemblées, encore aujourd'hui, ce qui a été dit autrefois, au commencement, des assemblées de la Judée, de la Galilée et de la Samarie: «elles étaient en paix, étant édifiées, et marchant dans la crainte du Seigneur; et elles croissaient par la consolation du Saint Esprit» (Actes 9, 31). Fais-nous marcher dans ta lumière, Près de toi garde notre cœur, Et que ton Église en prière S'égaie en toi, puissant Sauveur! P. F. ___________________________________ LE JUSTE VIVRA DE FOI Méditation sur Hébreux 11 (Suite de la page 175) Au verset 7, la foi est placée devant nous avec force et simplicité comme l'énergie par laquelle nous atteignons le salut. Il est à noter ici, que la foi n'est pas un héritage que nous recevons en tant qu'enfants d'Adam ou simplement comme créatures, mails qu'elle est l'effet de la révélation et n'est le partage que de ceux qui s'inclinent devant cette révélation. «Tous n'ont pas obéi à l'évangile» déclare Paul, et il nous dit en Romains 10, 17 : «la foi est de ce qu'on entend, et ce qu'on entend par la Parole de Dieu ». Noé est un exemple frappant die quelqu'un dont l'âme s’est inclinée devant la révélation que Dieu lui donnait, et cela produisit en lui cette foi à salut qui est appelée dans l'Écriture «l'obéissance de la foi »; Il fut sauvé par la foi qui fut l'énergie divine par laquelle il fit ce que Dieu lui avait dit. Dieu lui avait révélé qu'Il allait submerger la terre entière, et la crainte du jugement imminent provoqua, sans doute, en lui comme dans le cas du geôlier de Philippes, cette demande: «Que dois-je faire pour être sauvé? » Lorsque Dieu lui dit: « Construis une arche », il le fait sans questionner, il croit, il craint et obéit. Nous ne pouvons pas, ici, passer rapidement sur les pensées pleines de grâce de Dieu, concernant le salut, quant à tous ceux qui sont chers à nos cœurs. Dieu dit à Noé de faire une arche pour lui-même et pour sa maison. La foi de Noé les engloba tous, « Noé fit selon tout ce que Dieu lui avait commandé». Le monde pouvait rire et le prendre pour un insensé, on lui disait sans doute: Que fais-tu Noé? N'es-tu pas fou de construire cet immense vaisseau qui rie servira jamais à rien? Si loin de la mer et tellement au-dessus de son niveau, d'où lui viendrait l'eau pour le faire flotter ? Pendant cent vingt ans, il continua paisiblement son travail en dépit des sarcasmes incrédules, prêchant la justice par paroles et par actes aux hommes qui l'entouraient. Chaque clou que Noé plantait dans l'arche les condamnait, chaque parole de sa bouche leur disait qu'il regardait au jugement qui allait fondre sur le monde, mais qu'il y aurait salut pour lui. Est-ce ainsi que nous faisons? Il n'est d'aucune utilité de lire la parole de Dieu si nous ne la mettons pas en pratique; cela ne servirait qu'à nous enfler dans nos propres pensées, comme le fait toute connaissance intellectuelle. Nous devons nous tenir dans la lumière de la sainteté de Dieu et laisser agir sa Parole qui est plus aiguë qu'aucune épée à deux tranchants. Il est inutile de courir le monde en disant: Je suis sauvé, mais cela doit être connu par chacune de nos paroles ou nos actions. Remarquons-le encore, il ne fut pas dit à Noé de bâtir une arche pour lui seul, mais aussi pour sa maison. Pouvons-nous avoir confiance en l'homme qui dit: Je suis sauvé, puis qui s'assied les bras croisés en disant: Si mes enfants doivent être sauvés, ils le seront? Il faut que ce soit un cœur dur que celui qui peut .laisser à l'abandon le salut de ses enfants, comme un sujet à l'égard duquel il n'a ni soin ni responsabilité. La foi, en tant qu'énergie par laquelle le croyant suit Dieu dans le sentier de la bénédiction, est décrite dans les versets 8 et 9. C'est le sentier de la foi et Abraham est un brillant exemple de ceux qui le suivent. Nous avons en Genèse 12 le fait historique de l'appel d'Abraham, et la façon dont Étienne le présente en Actes 7 jette une lumière supplémentaire sur ce sujet. Abram, qui vint après le déluge alors que Satan avait usurpé la place die Dieu dans l'esprit de ses créatures, était d'une famille idolâtre adorant le bois et la pierre (Josué 24, 2). Dieu se révéla personnellement à lui et lui dit d'aller au pays qu'Il lui montrerait. Il ne lui dit pas, tout d'abord, de quel pays il s'agissait. Dieu voulait qu'Abram le suivît sans savoir où il allait; cela impliquait de la part d'Abram une entière confiance en Celui qui le conduisait. Il est certain qu'au début, la foi d'Abram était faible et chancelante; il attendit jusqu'à la mort de Térakh, mais après tout il partit simplement avec Dieu, ne sachant où il allait. Nous devons introduire la foi dans chaque détail de la vie journalière. Sommes-nous un Abel apportant à Dieu un sacrifice acceptable? Sommes-nous un Énoch marchant avec Dieu? Sommes-nous un Noé condamnant le monde? Sommes-nous, comme Abram, un témoin pour Dieu, ou encore comme les Thessaloniciens, qui, de même que lui, s'étaient tournés des idoles vers Dieu pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils? (Comparez Josué 24, 2, 14 - 1 Thessaloniciens 1, 9, 10.) Réalisons-nous suffisamment dans nos cœurs ce que c'est que d'être un chrétien? Nous sommes heureux de nous savoir sauvés et d'avoir l'assurance d'être bénis dans le ciel à la fin, mais qu'en est-il de notre appel céleste? Si nous disons: «notre bourgeoisie est dans les cieux », Il ne nous laissera, pas nous installer ici-bas. Il veut que nous soyons pèlerins et étrangers. Nous aimons à faire les plans et à nous arranger confortablement dans la vie, mais Dieu renverse tout cela. Quand nous demandons dans nos prières à être rendus conformes à Christ, voulons-nous dire par là que nous désirons d'être débarrassés de tout ce qui peut être un obstacle à une telle ressemblance ? Il veut la réalité dans nos prières. Abram s'en alla ne sachant où il aillait, il alla avec Dieu seul. C'est ce que nous devons faire, et pour cela il nous faut une foi simple. Au verset 9, la foi d'Abraham brille d'une façon touchante et d'une manière qui nous humilie souvent, car nous sommes bien capables de laisser nos enfants en dehors de la bénédiction. Hébreux 11 nous montre deux exemples d'enfants amenés à la même place que leurs parents: Noé construisit une arche pour lui-même et pour sa maison, Abraham demeura sous des tentes avec Isaac et Jacob, héritiers avec lui. Remarquons qu'ici, il est parlé non seulement du fils, mais aussi du petit-fils. Ce qu'il nous faut c'est une foi qui prenne Dieu au mot; s'il en est ainsi que n'aurons-nous pas? Certainement des bénédictions sans nombre pour nous-mêmes et pour les autres. C'est la conscience que Dieu était présent et le conduisait, qui rendit Abraham capable d'aller vers un pays qu'il ne connaissait pas et d'emmener toute sa famille avec lui. À mesure que nous avançons dans ce chapitre, nous voyons de plus en plus comment la foi reçoit toute chose des mains de Dieu, même les plus naturelles et les plus simples. En lisant le verset 10, il est bon d'avoir présent À l'espriT, que ni l'homme ni Satan n'ont Jamais rien créé. On pouRra alors se demander: Dieu a-t-il vraiment créé telle et telle chose que l'on voit maintenant si manifestement opposée à ce qu'Il est? Certainement Il l'a fait, mais une chose devient mauvaisE par l'usage, l'abus qu'en fait l'h/mme la rend oPposÉe à Dieu. Dieu a crée la cité, c'étAit une pensée divine et non humaine, de sorte qu'Abraham pouvait attendre une cité, mais c'était celle « qui a les fondements, de laquelle Dieu est l'architecte et le créateur». Quand les hommes commencèrent à construire une ville, ils le firent en manifestant leur méfiance à l'égard de Dieu, ils voulurent se faire un nom et ne pas être dispersés Sur la surface de la terre dont Dieu avait dit qu'ils devaient la remplir. Le temps arrêté par Dieu pour l'édification d'une cité n'était pas encore venu, aussi Il confondit le langage de toute la terre et les hommes furent incapables de finir ce qu'ils avaient entrepris. Dieu n'avait pas alors de cité, aussi Abraham ne voulut-il pas en avoir et il demeura sous des tentes attendant la cité de Dieu. Abraham aurait eu grandement tort s'il avait voulu participer aux intérêts d'une cité. Cela est pour nous d'une grande portée pratique, nous devons considérer si nous voulons être sans cité et sans droit de cité, ou si, au contraire, nous désirons avoir un nom ici-bas. Le monde retient dans ses annales le nom des hommes qui ont été grands à ses yeux, mais Dieu a, Lui aussi, ses annales dans lesquelles Il consigne tout ce que nous faisons, soit bien, soit mal; Il nous a donné dans les quatre évangiles un exemple de ce que sont ces annales, nous avons là la relation de, ce que le Seigneur Jésus a fait dans la mesure où il a plu à Dieu de nous le conserver pour notre joie présente et notre bénédiction. Le reste, nous le connaîtrons bientôt dans le ciel, rien n'a été perdu ou négligé. Dieu sait tout ce que son Fils bien-aimé a dit et fait et Il l'a précieusement gardé; quel trésor ce doit être si nous nous reportons à Jean 21, 25. Dieu note aussi tous nos actes, toutes nos paroles et nos pensées et tout ce qui sera trouvé dans son livre déterminera notre place de dignité dans le ciel. Nous devons bien comprendre que ce n'est pas une question de salut mais de récompense. Tous ceux qui sont sauvés seront dans le ciel, mais tous n'y auront pas la même place. Le Seigneur Jésus aura naturellement la place la plus élevée et cela non seulement parce qu'Il est le Fils de Dieu, mais parce qu'il a toujours pris ici-bas la dernière place et servi Dieu en perfection. Ce n'est pas le plus grand sur cette terre qui sera le plus élevé au ciel et certains qui ont été parmi les plus pauvre, seront les plus riches. Cela ne veut nullement dire que nous avons à acheter une place au ciel au moyen de nos œuvres ici-bas, mais « il faut que nous soyons tous manifestés devant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive les choses accomplies dans le corps.» (2 Corinthiens 5, 10) et de même qu'« une étoile diffère d'une autre étoile en gloire, ainsi aussi est la résurrection des morts» (1 Corinthiens 15, 41, 42.) Ceux qui pour l'amour de Christ n'ont rien eu ici-bas auront une riche part en haut. Au verset 11, nous avons la foi comme véritable source de la vie domestique. Nous trouvons Sara figurant dans les mystères de Dieu, pour ce que nous pourrions appeler les choses les plus natuœ11ers. Sa foi compte sur Dieu et Dieu nous fait voir ce qui est de Lui, car Il attend pour agir qu'il n'y ait plus d'espérance du côté de la nature. Il leur avait promis une semence, Abraham devait devenir une grande nation, et cependant ils n'avaient pas de fils. Comment cela se réaliserait-il ? La foi attend la réponse de Dieu, et dans un sens, Sara devint la mère de Christ, car d'Isaac est issu Juda et de Juda est sorti le Christ. N'est-il pas remarquable de voir comment Dieu, dans ses archives, passe sous silence tant de taches et de manquements que nous saurions trouver au sujet d'Abraham et de Sara? Il passe même sur le rire de Sara et ne rappelle que sa foi. Au verset 13 il nous est dit: «Tous ceux-ci sont morts dans la foi ». Dans la mort naturelle ellemême, la foi était en activité, ce n'est pas par la foi, ou selon la foi, mais dans la foi. Leur foi tenait ferme les choses invisibles, et ils moururent dans la certitude de les posséder. Leur mort n'était pas, selon l'expression usuelle, payer sa dette à la nature, mais une énergie de vie divine qui agissait dans la mort. C'est une chose de voir les choses de loin et c'en est une autre toute différente de les saisir. Abraham saisit les promesses et cela fit de lui un pèlerin. Ce n'est pas qu'il y ait aucun mal à avoir une maison et à demeurer dans une ville, cela peut être très convenable pour nous dans un certain sens, mais il peut y avoir du danger dans l'emprise que ces choses exercent sur nos cœurs. Nous devons, dans toute notre manière d'être ici-bas, manifester que nous sommes des étrangers et déclarer intelligiblement que nous cherchons une patrie. Il est évident que nous devons employer les choses terrestres, mais elles ne doivent pas faire l'objet de nos cœurs. Il suffit parfois de bien peu de choses pour nous bouleverser et nous priver de la communion avec le Seigneur: nous pouvons vite nous mettre en colère et parler légèrement. Quand Lot choisit le chemin qu'Abraham aurait pu préférer, ce dernier dit simplement: « Qu'il n'y ait point de contestation entre moi et toi... si tu prends la gauche j'irai à droite. ». La chose n'avait aucune emprise sur son cœur et il pouvait dire qu'il accepterait tout plutôt qu'une querelle. Nous devrions manifester clairement dans chaque petit détail de la vie que nous attendons une patrie. En est-il ainsi et le monde voit-il une différence entre nous et lui, en toute chose? Puisse-t-il en être ainsi par la grâce de Dieu. C.W. ___________________________________ INTRODUCTION À L'ÉTUDE DES ÉVANGILES Jean 10 (Suite de la page 182) Au chapitre 10, le Seigneur développe les voies de la grâce dans un contraste nouveau avec le système juif, et en rapport avec l'homme chassé de la synagogue, mais trouvé par Lui, en dehors du judaïsme, où la vraie adoration est impossible. Après avoir vu l'histoire spirituelle d'une brebis de Christ, nous trouvons ici la manifestation des voies de la grâce en la personne du Berger lui-même, depuis le commencement jusqu'à la fin de sa vie. «En vérité, en vérité, en vous dis: Celui qui n'entre pas par la porte dans la bergerie des brebis, mais qui y monte par ailleurs, celui-là est un voleur et un larron. Mais celui qui entre par la porte, est le berger des brebis. À celui-ci le portier ouvre; et les brebis écoutent sa voix. » Jésus était entré par la porte, et conformément à ce que l'Écriture avait annoncé .touchant sa personne et sa venue; bien qu'il fût Fils, il s'était soumis à toutes les conditions prescrites par Dieu pour le Berger de son peuple terrestre. Dieu avait pris soin d'indiquer, soit directement, soit en type, chaque détail au moyen duquel on pût reconnaître la présence du vrai Christ; or l'époque et le lieu de sa naissance, sa famille, sa mère, tout concordait avec les données exactes de la parole de Dieu, tout avait été accompli sous ce rapport; son œuvre même était en harmonie avec ce qui avait été prédit dans la loi et les prophètes. Le jugement des nations et la domination d'Israël, le règne glorieux du Messie sur la terre, cela, il est vrai, restait encore à accomplir, et demeurait réservé pour d'autres temps. Dieu avait donc préparé, par sa grâce, quelques cœurs en Israël: Siméon, Anne, Jean-Baptiste, d'autres encore, à recevoir Jésus comme Celui que les prophètes avaient annoncé; il avait ouvert la porte au Berger ; puis les brebis écoutaient sa voix, comme nous le voyons dans tous les Évangiles, surtout en celui de Luc. Ensuite, faisant allusion à ce qui venait de se passer, Jésus ajoute: « Et il appelle ses propres brebis par leur nom, et les mène dehors.» Le mendiant avait bien été exclu de la synagogue, mais lie Seigneur interprète à sa manière la méchanceté des pharisiens: l'homme chassé par eux ne se doutait pas que le résultat de son témoignage était réellement dû à la grâce de Jésus, qui av it eu soin de le mener dehors, en le séparant de cers incrédules, dont le péché toutefois n'était pas atténué pour cela; car s'ils persécutaient le disciple, c'était par haine de son Maître. « Et quand il a mis dehors toutes ses propres brebis, il va devant elles. » Jésus avait déjà fait l'expérience de la haine et du mépris des hommes, mais il lui restait encore à traverser un abîme de douleurs avant d'être séparé corporellement de ses brebis. De toute manière donc, en principe ou en fait, Jésus allait devant elles, et ses brebis le suivaient, « car elles connaissent sa voix.» La voix de Jésus, voilà leur sûreté, et elles le suivent, conduites par un instinct spirituel, non point par leur habileté ou leur intelligence à découvrir et à combattre l'erreur; leur forcie consiste à s'attacher à Christ et à la vérité, parce qu'elles le connaissent. L'aveugle guéri vient de nous en donner un exemple frappant: en réponse aux objections des pharisiens, ce qu'il connaît de Jésus lui suffit, parce que la nouvelle lumière qu'il a reçue lui découvre leurs prétentions, leur orgueil, leur fausseté et leur haine. Ils ont beau lui dire: Donne gloire à Dieu, cela même ne le trompe pas ; ils sont des étrangers pour lui, et « les brebis ne suivront point un étranger, mais elles s'enfuiront loin de lui, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers.» Le moyen direct et véritable, le moyen divin de sûreté pour les brebis de Christ ne réside pas dans la puissance de discerner le mal et l'erreur, mais c'est de connaître sa voix et d'y trouver leur plaisir. Alors, par cela même, la voix des étrangers n'a aucun attrait pour elles, aucune puissance sur leur cœur. Le mendiant ne réfute pas les pharisiens en se servant de leur jargon théologique, mais ses simples réponses atteignent directement leur conscience. Jésus, voyant que cieux auxquels il s'est adressé ne le comprennent point, leur tient un langage plus direct et plus intelligible: «En vérité, en vérité, je vous dis, que moi je suis la porte des brebis. » Il était entré par la porte dans la bergerie; mais, malgré cela. Les Juifs qui enfreignaient la loi, ne voulurent pas recevoir le Berger qui leur était annoncé par la loi et les prophètes; alors il appelle ses propres brebis et les conduits hors du bercail juif, en allant devant elles. Puis il devient Lui-même la porte des brebis. D'autres (Theudas et Judas, par exemple) avaient prétendu être des bergers, mais «tous, autant qu'il en est venu avant moi, sont des voleurs et des larrons; mais les brebis ne les ont pas écoutés.» Après cette parenthèse, le Seigneur insiste encore sur ce qu'il est, Lui seul, la porte non pas uniquement pour les brebis juives, mais aussi pour tout le monde: « Moi, je suis la porte: si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé; et il entrera, et il sortira, et il trouvera de la pâture.» Ici donc, nouveau contraste avec la loi en la personne de Jésus, qui est la seule porte pour entrer et être sauvé; ce n'est plus, comme au chapitre précédent, la grâce qui communique la lumière, mais la grâce qui sauve et qui invite chacun, gentils et Juifs, à entrer par la porte, car en dehors de Christ, pais de salut possible; il n'y a qu'une porte, et il s'agit d'entrer par elle. Puis, outre le salut, voici encore la liberté, en contraste avec l'esclavage de la loi et de plus, la pâture, car la grâce donne toutes choses en Christ ; les brebis trouvent des provisions abondantes qui ne leur manqueront jamais. Ensuite, le Seigneur continue encore la parenthèse précédente, mais il ajoute: «Moi, je suis venu afin qu'elles aient la vie, et qu'elles l'aient en abondance. » La vie avait bien existé autrefois, sous la promesse et sous la loi, car depuis que la mort était entrée dans le monde, Christ avait toujours été le seul moyen d'avoir la vie; mais maintenant Lui aussi était entré dans le monde, et non pas seulement afin que ses brebis eussent la vile, mais afin qu'elles l'eussent en abondance. C'était une bénédiction tout nouvelle, incomparablement plus élevée que celles des croyants de l'ancienne alliance, bénédiction digne de la présence du Fils de Dieu, digne de son abaissement dans ce monde, et de sa mort sur la croix, digne enfin de la gloire de Dieu le Père qui a été glorifié en Lui. Après cela, Jésus insiste de nouveau sur ce qu'il avait dit au verset 2: c'est Lui qui est le vrai berger. Il était le vrai berger du bercail juif, car il était entré par la porte ; mais, obligé de mener ses brebis hors de ce bercail où il n'avait rencontré que haine de la part des conducteurs du peuple, il devient Luimême la porte par laquelle il faut entrer pour être sauvé; en même temps il reste le berger, et cela en contraste non seulement avec ceux qui étaient venus pour voler et détruire, mais encore avec d'autres prétendus bergers qui, sans avoir des motifs aussi infâmes, ne cherchaient cependant que leur profit, et abandonnaient les brebis au moment du danger. Quelle différence avec Lui! «Moi, je suis le bon berger: le bon berger met sa vie pour les brebis.» - « Moi, je suis le bon berger, et je connais les miens, et je suis connu des miens, comme le Père me connaît et moi je connais le Père; et je mets ma vie pour les brebis. » Jésus se montre comme étant le bon berger, parce qu'il connaît ses brebis, et que ses brebis le connaissent, en contraste avec l'homme à gages auquel les brebis n'appartiennent pas en propre (vers. 12) ; or la manière dont les brebis de Christ le connaissent est tellement divine, tellement admirable, qu'elle ne peut être comparée qu'à une chose: «Comme ... moi je connais le Père; » voilà où la grâce nous a placés! D'autre part, Jésus ne connaît pas seulement ses brebis comme son Père le connaît, de sorte qu'à tous égards la connaissance réciproque de Jésus et de ses brebis correspond à celle de Jésus et du Père, mais il met sa vie pour elles. Ensuite, il s'agit d'autres brebis encore que celles d'entre les Juifs: «Et j'ai d'autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie; il faut que je les amène elles aussi ; et elles écouteront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger. » Au reste, le plaisir du Père ne reposait pas sur Jésus seulement parce qu'il mettait sa vie pour ses brebis, mais parce qu'il laissait sa vie: « À cause de ceci le Père m'aime, c'est que moi je laisse ma vie, afin que Je la reprenne. Personne ne me l'ôte, mais moi, je la laisse de moi-même.» Ce n'est donc point seulement pour ses brebis qu'il est mort, mais afin de prouver sa confiance absolue et parfaite en son Père. Jésus ne pouvait donne davantage que sa vie; c'était l'abandon de Lui-même non pas simplement en vue de délivrer ses brebis, mais, chose plus glorieuse, plus admirable encore, afin de manifester comme homme sa confiance inébranlable en son Père, dans un monde où l'homme avait continuellement déshonoré Dieu. Jésus, pendant tout le cours de sa vie terrestre, avait manifesté en pensées, en paroles, en actes, la perfection d'un homme vis-à-vis de Dieu; sa vie montrait ce que c'est que la vie d'un homme dépendant de Dieu; mais il l'a laissée afin de manifester cette dépendance d'une manière plus merveilleuse encore, et le Père l'aime à cause de ce qu'il a été non seulement en sa vie, mais en sa mort. Toutefois une vérité étonnante nous est encore révélée: laisser sa vie était un acte de la volonté souveraine de Jésus, aussi bien que la preuve de son obéissance entière à celle de son Père; ainsi le même acte émane à la fois de sa volonté personnelle et dé sa soumission à celle de son Père. « Personne ne me l'ôte, mais moi, je la laisse, de moi-même; j'ai le pouvoir de la laisser, et j'ai le pouvoir de la reprendre: j'ai reçu ce commandement de mon Père.» La clef de ce mystère se trouve au verset 30 : « Moi et le Père, nous sommes un. » Ils étaient un dans son amour pour les brebis, un dans leur nature divin d'où provenait naturellement la grâce en faveur de l'homme, un en toutes choses. Après cela, Jésus reparle encore de ses brebis (vers. 27), et montre qu'elles sont dans une sûreté parfaite, chose importante, puisque le Berger allait mourir. Cette mort devait-elle mettre les brebis en danger? Bien au contraire: «Mes brebis écoutent ma voix, et moi je les connais, et elles me suivent, et moi, je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais; et personne ne les ravira die ma main. » S'il ne s'agissait que du don de la vie éternelle, on pourrait objecter que la possession durable de cette vie dépend peut-être d'une condition à remplir par ceux qui l'ont reçue. Loin de là, ce n'est pas seulement la vie qui est éternelle en sa nature, mais les brebis elles-mêmes ne périront jamais. Enfin, si la sécurité des brebis ne dépend pas de leur faiblesse morale, y a-t-il toutefois quelque puissance extérieure à craindre pour elles ? Non, sous ce rapport aussi, rien qui leur doive causer la moindre inquiétude. Un seul pourrait en inspirer, un seul en aurait le droit, Dieu lui-même, qui est au-dessus de tout; mais c'est précisément entre ses mains qu'elles se trouvent, entre les mains du Père comme entre celles du Fils. Oui, le Berger allait mourir; mais cette mort même était leur sûreté. Il avait en Lui la vie éternelle, et la puissance de cette vie sur la mort serait prouvée par sa résurrection, dont le résultat devait être une abondance de vie pour les brebis. Elles sont pour toujours à l'abri de tous les dangers possibles. Comme les Juifs lèvent de nouveau des pierres pour le lapider, parce que, étant homme, il se faisait Dieu, Jésus réfute leur objection par ces paroles: «N'est-il pas écrit dans votre loi: Moi j'ai dit: Vans êtes des dieux? S'il appelle dieux ceux à qui la parole de Dieu est venue, (et l'Écriture ne peut être anéantie), dites-vous à celui que le Père a sanctifié, et qu'il a envoyé dans le monde: Tu blasphèmes, parce que j'ai dit: Je suis le Fils de Dieu? » Il est évident que si leurs rois, leurs juges, leurs gouverneurs, avaient été appelés dieux, comme pouvoirs ordonnés de Dieu et manifestant ici-bas son caractère d'autorité et de jugement, Jésus avait à plus forte raison le droit de se nommer Fils de Dieu, Lui qui avait été directement envoyé du ciel; or, qu'il fût Fils de Dieu, ses œuvres mêmes le prouvaient surabondamment, car jamais personne n'en avait opéré de pareilles. Le fait que Jésus insiste sur ses œuvres en contraste avec ses paroles, relie ce chapitre au précédent, tandis qu'au 8ème, c'est sa parole qui est repoussée. Le voilà donc ouvertement rejeté à tous égards, soit comme étant l'expression de Dieu en ce monde, soit comme faisant les œuvres de la grâce au milieu des hommes, et manifestant de cette manière les œuvres de Dieu. (9, 3.) La haine des Juifs ne connaît plus de bornes, leur seule pensée est de se débarrasser de Lui, et Jésus les quitte pour se rendre à l'endroit où Jean avait baptisé au commencement. (À suivre) _______________________________ AVEC TOUS LES SAINTS Éphésiens 3, 18. Il est deux façons de tomber dans le sectarisme. Nous pouvons nous placer sur un terrain nettement sectaire en nous associant avec des croyants unis par le lien d'une interprétation commune de points particuliers de doctrine touchant le gouvernement de l'Église. Nous pouvons d'autre part, tout en professant nous tenir sur le terrain de l'Église de Dieu, devenir sectaires en rétrécissant nos pensées, notre intérêt et nos affections aux quelques-uns avec qui nous exprimons la communion. Dans les deux cas, nous sommes hors de la pensée de Dieu. Quelques illustrations tirées de l'Écriture éclaireront et justifieront pleinement ce point de vue. Après le retour du résidu de Babylone et quand, malgré bien des négligences et des infidélités, ils eurent achevé la construction de la maison de Dieu, encouragés par Aggée le prophète et Zacharie fils d'Iddo, on vit s'assembler tous ensemble «les fils d'Israël, les sacrificateurs et les lévites, et le reste des fils de la transportation », et ils « célébrèrent la dédicace de cette maison de Dieu avec joie» (Esdras 6, 14-17). De fait, ces «fils d'Israël» ne constituaient qu'un faible résidu des tribus de Juda et de Benjamin, outre les sacrificateurs et les lévites. Dans un tel moment ils auraient pu être tentés d'oublier, peut-être même d'exclure, ceux de leurs frères qui n'avaient pas répondu à la proclamation de Cyrus, et ne s'étaient pas joints à eux pour retourner au pays de leurs pères qui leur avait été donné par l'Éternel leur Dieu. Préférer la vie de Babylone, facile malgré la captivité, plutôt que de partager l'affliction .de ceux que l'Esprit de Dieu avait réveillés et préparés à affronter les dangers d'un long voyage aussi bien que les périls attachés à leur habitation dans un pays qui était maintenant au pouvoir de leurs ennemis, est-ce que cela ne leur enlevait pas tout droit à faire partie du peuple de Dieu? Un esprit dur aurait raisonné ainsi, mais ce pauvre résidu, si misérable que fût sa condition, possédait la pensée de Dieu. C'est pourquoi, à cette fête de la dédicace du temple, ils offrirent en plus des autres sacrifices, «un sacrifice pour le péché, pour tout Israël, douze boucs, selon le nombre des tribus d'Israël ». Le cœur de Dieu embrassait tous lies fils d'Israël, car Il ne les avait pas choisis à cause de ce qu'ils étaient, mais parce qu'Il les aimait et pour garder le serment qu'Il avait juré à leurs pères (Deutéronome 7, 7 et 8). Si grande que fût leur infidélité et où qu'ils fussent dispersés sur la face de la terre, ils étaient toujours son peuple; c'est pourquoi, en pleine communion avec la pensée et le cœur de Dieu, le résidu fidèle pouvait représenter tout Israël dans le sacrifice pour le péché qu'il offrait ce jour-là. S'il en avait été autrement, si ces fils de la transportation avaient oublié leurs frères et qu'ils eussent été tentés de se croire eux seuls les objets des pensées de Dieu, ils auraient constitué une secte et rien de plus, en dépit du fait que leur position présente paraissait mettre en évidence leur obéissance et leur fidélité. Comme on l'a souvent remarqué, alors que les pieds doivent demeurer dans un sentier étroit, le cœur doit rester large. Occupons-nous maintenant d'une autre scène, bien antérieure. C'était aux jours d'Élie le Thishbite, un des plus sombres moments de l'histoire d'Israël. Achab avait laissé sa femme Jésabel séduire les serviteurs de Dieu, en les entraînant à commettre la fornication et à manger des choses sacrifiées aux idoles (Apocalypse 2, 20). Israël était devenu apostat. Il y avait, il est vrai, sept mille hommes que Dieu connaissait et qui n'avaient pas fléchi le genou devant Baal, mais Élie le Thishbite était le seul représentant d'un témoignage public à la vérité de Dieu. Dans l'énergie de l'Esprit de Dieu, il fait face à l'idolâtrie et défie les prophètes de Baal. Du matin jusqu'au soir, ces misérables prophètes offrirent des sacrifices et prièrent, et en témoignage de leur dévotion «ils crièrent à haute voix et se firent des incisions selon leur coutume, avec des épées et des piques jusqu'à faire couler le sang sur eux... et ils prophétisèrent jusqu'à l'heure où l'on offre le gâteau; et il n'y eut pas de voix et personne qui répondît et personne qui fît attention» (1 Rois 18, 29). C’était maintenant le tour d'Élie, seul, répétons-le, comme témoin public; seul en face de la masse servile hésitant entre Dieu et Baal; seul en face des apostats déclarés. Son premier acte fut de re1ever l'autel de l'Éternel qui avait, été renversé: l'état de l'autel était la manifestation de l'état du peuple. Alors «Élie prit douze pierres, selon le nombre des tribus des fils de Jacob, auquel vint la parole de l'Éternel, disant: Israël sera ton nom ; et il bâtit avec les pierres un autel au nom de l’Éternel» (1 Rois 18, 31). Il n'y avait jamais eu d'époque si sombre et si propre à décourager un serviteur de Dieu, comme Élie le fut d'ailleurs par la suite comme nous le lisons au chapitre suivant. Mais au Carmel, faisant face à l'ennemi et soutenu par la puissance du Saint Esprit, il fut rendu capable de s'appuyer sur Dieu et sur sa fidélité, de sorte que sa foi put embrasser les douze tribus; l'homme de foi ne saurait abandonner ce que Dieu n'abandonne pas, aussi proclame-t-il, en dépit de l'apostasie et de la rébellion, l'unité du peuple de Dieu. Rempli des pensées de Dieu, il lui appartient de se mouvoir sur ce terrain de l'unité du peuple : si Élie en avait, même involontairement, adopté un autre moins étendu, il aurait été sectaire. On peut ajouter qu'il ne peut y avoir de place pour le découragement, même au milieu d'une période de grande confusion et d'éloignement de la vérité, aussi longtemps que nous sommes en communion avec le cœur de Dieu au sujet de son peuple. La triste condition de celui-ci sera surtout un aiguillon pour nous inciter à un service continuel à son égard, soit en exercices soit en prière. Prenons un autre exemple. Quand Paul parlait pour lui-même devant Agrippa, il dit : « Et maintenant je comparais en jugement pour l'espérance de la promesse faite par Dieu à nos pères, à laquelle nos douze tribus, en servant Dieu sans relâche, nuit et jour, espèrent parvenir» (Actes 26, 6, 7). Regarder aux douze tribus telles qu'elles étaient alors pouvait sembler bien difficile. Dix tribus étaient perdues, les deux qui avaient été ramenées de Babylone avaient crucifié leur Messie, et elles cherchaient maintenant à faire mourir son serviteur Paul. Cependant la foi se réclame de toutes et les voit toutes servant Dieu nuit et jour, en vue de l'accomplissement des promesses faites aux pères. De même, dans le désert, quel que fût l'état moral du camp, les douze pains couverts d'encens pur étaient offerts en permanence, sur la table d'or du lieu saint, devant l'Éternel. C'est ainsi que la foi entre dans les pensées et les desseins de Dieu, et voit les choses comme elles existent devant Lui. Venons-en, maintenant, au passage cité en tête de cet article. Nous y trouvons appliqué le même principe. L'apôtre demande dans ses prières, que les Éphésiens puissent comprendre avec tous les saints, quelle est la largeur et la hauteur... etc. Le moment venait, s'il n'était pas venu déjà, où la vérité serait perdue de vue, où tous ceux qui étaient en Asie se détourneraient, où Démas abandonnerait l'apôtre, ayant aimé le présent siècle; les Corinthiens étaient sur le point de renier son autorité apostolique ; mais, malgré tout cela, étant en communion avec le cœur de Dieu, il ne pouvait pas ne pas exposer devant le Père de notre Seigneur Jésus Christ les désirs qui remplissaient son cœur à leur égard. L'amour de Dieu Lui-même embrassait tous ses enfants, dans son désir de les voir croître et progresser, objets de ses soins perpétuels de tendresse et de grâce. L'apôtre agissait de la même façon. La leçon est facile à comprendre. Nous devons, nous aussi, de la même manière, comprendre tous les saints dans nos affections et nos prières Il convient de remarquer que cet élargissement du cœur en vue duquel nous plaidons, n'a rien à voir avec l'élargissement de notre sentier. Christ est notre modèle dans les deux cas. Si nous devons nous aimer les uns les autres comme Il nous a aimés (Jean 15, 12) nous devons aussi marcher comme Lui a marché (1 Jean 2, 6). Puissent ces deux choses être manifestées en nous de façon croissante, à la gloire du Nom béni de notre Seigneur et Sauveur. E. D. _______________________________ LETTRE DE H. R. A M. U. D. 7 avril 1913: Bien cher frère, Votre lettre m'a fait grand plaisir en m'apportant des nouvelles de vous tous et quelque espoir de vous voir une fois de nos côtés. Je suis certain que votre visite réjouirait les frères, sans parler de moimême. Voici quels sont mes projets, s'il convient au Seigneur d'y mettre son approbation. Depuis l'Ascension à la Pentecôte y comprise, je pense être à Genève. De là jusque vers la fin de mai, à Bâle. De retour à Vevey pour le mois de juin, puis la campagne en été et une espèce de détente qui devient une nécessité à mon âge. Je me hâte de répondre à vos questions. La question des «anges qui ont péché» (2 Pierre. 2, 4) Se rapporte à Genèse 6, tout mystérieux que soit ce passage. C'était du reste la pensée qui prévalait dès le commencement du christianisme, (et, si je ne me trompe, aussi chez les Juifs). Les frères ont beaucoup contribué à accréditer l’opinion que les fils de Dieu étaient de la race de Seth, ce que je crois absolument injustifié. Représentez-vous des frères, épousant des païennes et engendrant des géants! Je ne suis nullement coupable de l'article du Messager de 1867, n'ayant été rédacteur que depuis 1870. J'ai cependant laissé une fois un passage douteux sur ce sujet dans le Messager, pensant qu'en ces questions secondaires et dont on tirait des conclusions morales utiles, il ne fallait pas se montrer trop intransigeant. Cependant, encore dernièrement, j'ai supprimé un passage des articles sur les patriarches qui affirmait que c'étaient les fils de Set et l'ai remplacé par une assertion contraire. Par contre, en rééditant la Genèse de Mc. Intosh, je l'ai laissé subsister autant que je m'en souviens, ne me sentant pas responsable de cet ouvrage. Vous trouverez dans mon traité sur «Jude ou les derniers jours de la chrétienté» ma conviction absolue sur ce passage. Du reste, ma conviction importe fort peu, mais c'était celle de J. N. D. (publiée dans ses lettres anglaises) et de W. Kelly qui a touché la question un peu plus longuement ; c'est en général actuellement celle des frères. J'insiste sur le fait que la Parole est à dessein mystérieux sur ce sujet et, aussi dégoûtant à sa manière que le péché contre nature de Sodome. Et je crois que nous avons à garder la même retenue. …………………………………… ORDRE DANS L'ASSEMBLÉE L'apôtre Paul avait laissé Tite en Crète afin, lui dit-il, « que tu mettes en bon ordre les choses qui restent à régler, et que, dans chaque ville, tu établisses des anciens, suivant que moi je t'ai ordonné» (Tite 1, 5). Des âmes avaient été amenées à la connaissance de la vérité, des assemblées formées, il convenait que l'ordre selon Dieu y fût vu et maintenu. Le témoignage que l'Assemblée est appelée à rendre, et celA est vrai Pour chaque AssemBlée locale, est incompatible avec le désordre: tout désordre ternit le, témoignage et peut même aboutir à sa destruct)on, ce qui est le but poursuivi par l'adversaire. L'ordre selon Dieu est celuI qui est enseigné par lA Parole de Dieu et c'est l'Esprit de Dieu qui nous donne la sagesse et le discernement nécessaires pour mettre en pratique ses enseignements, la puissance qui .convient pour rejeter tout ce qui serait, dans l'assemblée, un élément de désordre. Le rassemblement des saints, le service, les rapports fraternels, la marche pratique de chacun, d'une manière générale tout ce qui concerne la vie de l'assemblée doit manifester les caractères de l'ordre que Dieu désire voir maintenu dans son témoignage afin qu'y brille quelque chose de sa gloire. «Dieu n'est pas un Dieu de désordre» (1 Corinthiens 14, 33). Timothée et Tite avaient reçu de l'apôtre inspiré des instructions particulières concernant l'assemblée; le premier devait plus spécialement veiller sur la saine doctrine, le second sur l'ordRe de la maison de Dieu. MaIS les deux choses sont étroitement liées; c'est pourquoi, d'une part, Timothée pouvait lire dans la lettre qui lui était adressée: «Je t'écris ces choses... afin que tu saches comment il faut se Conduire dans la maison de Dieu, qui est l'assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité» et, d'autre pArt, Tite était exhorté à «annoncer les choses qui conviEnnent au sain enseignement» (1 Timothée 3, 14, 15 ; Tite 2, ). Par conséquent, pour savoir comment « il faut» se conduire dans la maison de Dieu, pour que l'ordre y soit maintenu, il est nécessaire de connaître et de mettre en pratique la saine doctrine, le sain enseignement. Il restera toujours vrai que l'on ne peut agir selon la pensée de Dieu si d'abord on ne la connaît. De là l'importance de l'exercice du ministère dans l'assemblée. Il convient que les âmes soient nourries et fortifiées en étant occupées de Christ ; c'est le premier point, il est fondamental et nous l'oubLions trop souvent qu'elles soient instruites, mises en présenCe des enseignements de la Parole et exhortées à les suIVre. No-br%ux Sans doute sont CeUx qui pEnsent qUe là se borne le service À remplir et qUi manIfestent eNsuIte qUelque surprise lorsque apparaissenT et persistent Certains déSordres. C'est oublier que si l'exercice des dons est nécessAire, celui des chargEs locales nE l'Est Pas moIns. N'eSt-ce pas trOp souveNt pErdu de vue? Certes, il ne saurait être question de choi3ir Tel ou tel frère pour lui confier une charge d'ancien, puisque la Parole nous l'enseigne, seul l'apôtre, ou son délégué, avait l'autorité de le faire. Si cette désignation des anciens avait été de la compétence de l'assemblée, ce n'est pas à Tite que l'apôtre aurait demandé de les établir mais bien à l'assemblée elle-même (Tite 1, 5). Cependant, il est à désirer que des frères aient à cœur d'aspirer à la surveillance (1 Timothée 3, 1), dans l'esprit dans lequel la Parole demande qu'elle soit exercée. De tels frères doivent être coNnus et estimés «à cause de leur œuvRe» (1 Thessaloniciens 5, 12, 13). Il ne doit y avoir chez eux aucune prétention à exercer une quelconque autorité mais, au contraire, la manifestation des caractères qui nous sont indiqués dans des passages comme 1 Timothée 3, 1 à et Tite 1, 6 à 9 pAr exemple. C'est ce qui donnera à l'ancien l'autorité morale nécessaire pour remplir sa charge il doit d'une parT, présenter certaines qualités, d’avoir unE conduite personnelle « irréprochable » et, d'autre part connaître les Écritures et manifester un réel attachement à la Parole. Les plus belles qualités morales ne peuvent suffire; elles pourraient même, si elles n'étaient accompagnées de la connaissance intelligente de la Parole, conduire un ancien à engager un frère ou une sœur à une marche qui ne serait, pas selon l'enseignement de l'Écriture. Tite 1, 9 nous montre qu'une double charge incombe à l'ancien: exhorter par un sain enseignement, réfuter les contredisants. Les deux impliquent une profonde connaissance de la vérité de Dieu puisée dans la Parole inspirée. L'exhortation doit toujours être faite «avec toute longanimité et doctrine », qu'il s'agisse de l'exhortation présentée par le ministère (2 Timothée 4, 2) au par l'ancien dans l'exercice de sa charge; une exhortation qui n'a pas une base scripturaire est sans puissance aucune, c'est de la banne morale chrétienne peut-être, mais pas autre chose. De même, pour «réfuter les contredisants» il faut présenter la Parole, «épée de l'Esprit », arme dont le Seigneur s'est servi, lors de la tentation au désert, pour repousser l'adversaire et lui fermer la bouche. Les versets 10 et suivants de Tite 1, nous donnent les caractères des « contredisants » et montrent bien qu'ils sont en fait des instruments entre les mains de l’adversaire ; pour leur « fermer la bouche» (v. 11) il faut l'autorité et la puissance de la Parole. L'ancien doit donc, nous venons de le voir, manifester les vertus qui lui donneront une réelle autorité morale et, d'autre part, connaître les Écritures. Peut-être ne sera-t-il jamais appelé à présenter la Parole dans l'exercice d'un ministère dans l'assemblée, et il en sera ainsi s'il n'a pas reçu un don pour cela ; et se limitera-t-il à ce qui correspond exactement à sa charge selon Tite 1, 9: «exhorter par un sain enseignement» et « réfuter les contredisants ». Nous touchons là précisément une des distinctions qui existe entre l'exercice d'un ministère et celui d'une charge d'ancien. Qu'un frère ayant un don de pasteur ou de docteur, parlant comme «oracle de Dieu », présente la Parole dans l'assemblée, chacun est responsable d'écouter et de recevoir ce qui est ainsi donné comme venant de Dieu. Celui qui exerce son ministère pourra faire, de la Parole, une application plus ou moins directe, selon que Dieu le lui donnera, aux circonstances et aux besoins de ceux auxquels il s'adresse, mais là s'arrête son service public. !lest certes à désirer qu'il continue son service, mais alors dans le secret, demandant à Dieu de bénir sa Parole et de produire Lui-même des fruits en chacun de ceux qui l'ont entendue. Tandis que d'une manière générale un ancien s'adressera à un frère ou à une sœur dont marche est de nature à porter atteinte au bon ordre qui doit régner dans l'assemblée de Dieu; il saura lui présenter les exhortations nécessaires, basées sur le «sain enseignement», toucher son cœur, parler à sa conscience, de telle manière que soit redressé ce qui doit l'être et que l'ordre soit maintenu. L'ancien a connaissance des faits, des circonstances qui motivent son intervention et c'est ce qui l'amène à agir; un pasteur ou un docteur, exerçant son ministère dans l'assemblée, peut donner, conduit par l'Esprit de Dieu, la parole à propos sans avoir aucune connaissance de l'état de ceux auxquels il s’adresse. Que des « contredisants » viennent exercer parmi les saints leur activité subversive, se révélant comme «insubordonnés vains discoureur et séducteurs », sans doute le ministère pourra-t-il s'exercer pour la présentation de la vérité et son application à l'état des âmes, mais c'est aux frères remplissant la charge d'anciens qui incombe la responsabilité d'intervenir auprès d'eux. C'est aux anciens qu'il appartient, ayant rappelé les enseignements de la Parole, d'en faire l'application pratique dans les circonstances survenues. Cela demande beaucoup de discernement spirituel et implique, par conséquent, une vie de piété, dans la crainte du Seigneur et la jouissance d’une vraie communion avec Lui. Ne nous arrive-t-il pas de soupirer parfois, en pensant à telle ou telle circonstance: « Que de désordres, ici et là ! » Nous exprimons sans doute une réelle tristesse en considérant un état de choses qui n'est pas à la gloire de Dieu, mais n'y a-t-il pas dans de telles paroles un certain découragement ? Nous oublions que Dieu nous donne toutes les ressources nécessaires pour que dans sa maison, soit maintenu l'ordre qui convient. Que d'assemblées peut-être dans lesquelles il ne semble pas y avoir un seul frère remplissant vraiment une charge d'ancien! Doit-on être surpris si l'on y voit surgir quelque désordre, relâchement dans la marche ou activité de contredisants? Que Dieu veuille nous réveiller Et nous exer#er à cet égarD! Que dans les assemblées, Il mette LuImême au cœur de frères fidèles le désir de remplir la si utilE charge d'ancien, indispensable, pouvonsnous dire, pour que l'ordre soit maintenu! Que, pour cela, Il accorde de maNifester les qualités et Les vertus, enseignées par l'apôtre en 1 Timothée 3 et Tite, 1, qui leur donneront l'autorité morale sans laquelle ils failliraient à leur tâche! Qu'Il leur donne aussi cette connaissance intelligente de la Parole, nécessaire pour « exhorter par un sain enseignement,» et «réfuter les contredisants » ! Qu'enfin, Il les enseigne et les dirige Lui-même pour toute action à exercer, dans l'amour mais avec fermeté, afin qu'un bel ordre soit vu dans l'assemblée et que le nom du Seigneur y soit glorifié en toutes choses! P. F. ______________________________ COLOSSIENS 2 Ce chapitre nous donne d'importantes mises en garde contre l'ingérence deúl'hommE dans la merveilleuse révélation que Dieu nous donne. Il est bon que le cœur tienne ferme la vérIté fondamentale que tout esT de Dieu et ne doit pas être soumis à la raison -ais reçu par la foi. Plus cette foi sera simple, plus nous entrerons dans la pensée de Dieu. Nous avons besoin pour cela que, selon la prière bien connue d'Éphésiens 1, Dieu nous honne «l'esprit de sagesse et de révélation dans sa õonnaissance, les yeux de notre cœur étant éclairés... », etc. Ici aussi, Paul exprime le désir de son cœur qu'il y ait partout dans les saints cette connaissance du mystère de Dieu qui seule est capable de satisfaire l'âme, de telle sorte qu'elle ne recherche rien d'autre. La commune participation des saints à ces choses unirait leurs cœurs dans l'amour. L'apôtre le désirait non seulement pour ceux de Colosses, mais aussi «pour tous ceux qui n'avaient pas vu son visage en la chair ». Son ministère s'étendait à l'ÉglIse entière; ce qu'il désirait pour les uNs, il le désiraIt pour tous, et il combAttait pour eux tous. Il avait reçu une mission spéciale, l'administration du mystère de Dieu lui était confiée. Ce n'eSt pas seulemEnt qu il en ressentît la responsabilité, «malheur à moi si je n'évangélise pas », mais les affections de son cœur avaient été gagnées par Christ, comme Celui qui était mort et ressuscité pour lui, et dont l'amour manifesté en sa faveur alors qu'i, était encore dans ses péchés, le contraiGnait à vivre maintenant pour Lui. «Dans le mystère de Dieu sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance.» Si cela est compris, les paroles les plus séduisantes de l'homme ne tromperont personne. Il peut offrir des choses de belle apparence, de façon à égarer l'imprudent ou l'ignorant, mais tout cela n'est au plus qu'une pauvre imitation dont l'ennemi se sert pour distraire les âmes et les éloigner de Christ. Les quelques mots d'éloge ajoutés ensuite dans un esprit de grâce étaient prOpres à encourager dans le sentieR de la vertu ceux qui étaient déjà en danger de s'en écarter. C'était, dans la sagesse de l'Esprit, le vrai moyen de gagner les cœurs, en ne les blâmant pas Pour leurs manquements mais en reconnaissant leur ordre et la fermeté de leur foi en Christ. Cependant, l'apôtre les exhorte aussitôt à « marcher en Lui» (v. 7), à ne paS se satisfaire des progrès déjà faits; surtout, il leur fallait tenir toujours plus ferme cELui qu'ils connaissaient déjà. Être enraCinés et édifiés en Lui, tenir ferme Celui qu'ils av:aient connu par grâce, tout cela impliquait la croissance, de toute manière. En Philippiens 3 nous avons aussi Christ à la droite de Dieu comme source de toute grâce, et de toute bénédiction, et comme objet céleste pour le cœur. Son sentier d'abaissement ici-bas est également placé devant nous dans cette même épître, car en toute chose nous devons refléter sa pensée et sa marche. Ce sera seulement si nous avons devant nous un tel objet que notre sentier sera droit, tout le reste ne serait qu'efforts de la chair. Cette dernière, si sincère que soit l'âme dans ses désirs, succombera sûrement sous la pression intérieure ou extérieure; tout ce qu'elle produira sera une apparence de piété, une piété de la nature, une chair se prétendant sanctifiée, et non la manifestation de la vie de Jésus dans nos corps mortels. C'est une tentative toujours infructueuse que d'essayer de marcher comme approuvé de Dieu, si nous n'avons pas saisi cet objet béni: «Ce que je vis dans la chair, je le vis dans la foi, là foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi» (Galates 2, 20). Le jugement de soimême peut débarrasser notre œil des brumes qui l'ont obscurci, et nous avons certes besoin d'y être constamment exercés, mais c'est pour que cet œil reste posé sur Christ; voir Christ dans la lumière sans nuage de la gloire de Dieu communique l'énergie nécessaire pour que notre position soit maintenue contre lies entreprises de l'ennemi. La philosophie humaine, les pures spéculations de l'esprit, et de l'imagination touchant les principes moraux, tracent un chemin qui pour un cœur orgueilleux semble plus aisé, et les fidèles avaient besoin d'être mis en garde à cet égard. D'un autre côté, les traditions, l'observation de la loi, et d'autres choses semblables voudraient aussi se recommander à l'esprit et à la conscience, mais après tout elles venaient après les éléments du monde; quand Dieu eut abandonné ses voies avec l'homme sur ce terrain de la loi ces choses ne furent plus, elles aussi, que de misérables éléments. En donnant la loi, Dieu a pris l'homme dans la chair en vue de l'instruire selon certains principes moraux. Si l'homme adoptait de cœur ces principes et les acceptait comme une définition de la justice humaine, ils l'amenaient à se découvrir incapable de les garder, et il était ainsi manifesté que par nature l'homme était coupable et sans force. Ces commandements devinrent donc un ministère de mort et de condamnation. Toutefois, cela ne représentait pas toutes les voies de Dieu à l'égard de l'homme, et moins encore quand ces principes ne furent plus qu'une tradition humaine, si sainte qu'elle pût paraître en raison de son antiquité même. Christ, un Christ céleste, est maintenant révélé, révélation de l'amour parfait de Dieu envers l'homme, répondant à tous ses besoins et apportant, en vertu de ses souffrances et de sa mort expiatoire, le remède à l'état de péché dans lequel cet homme se trouvait. Un Christ ressuscité et glorifié est maintenant la mesure de la place et de l'acceptation de l'homme dans les lieux célestes. Comparées à Christ, toutes les traditions humaines, et même la loi si sainte qu'elle fût et quel qu'ait pu être le propos de Dieu en la donnant, sont réduites à néant. Puis vient une chose merveilleuse. « Car en Lui habite toute la plénitude de la déité corporellement; et vous êtes accomplis en Lui, qui est le chef de toute principauté et autorité. » Il convient, en effet, que de telles vérités soient rappelées à l'esprit de saints en danger de rechercher un autre chemin: la plénitude divine, la plénitude de la déité demeurant dans un homme! Quant à la croix elle-même, de quelle façon frappante n'est-elle pas présentée: « Car en lui, toute la plénitude s'est plu à habiter, et, par lui, à réconcilier toutes choses avec elle-même, ayant fait la paix par la sang de sa croix» (Colossiens 1, 20). Quelle œuvre complète il a fallu pour que nous fussions nous-mêmes réconciliés! Les versets 10 à 15 exposent quelques aspects de cette «plénitude» ; on dirait que l'Esprit de Dieu anticipe tous les besoins que nous pouvons éprouver pour nous montrer qu'il y est pleinement répondu. Le remède divin étant connu, il n'est aucun besoin de ceux que l'homme proposerait! Un Juif serait venu avec la circoncision dont il aurait fait valoir l'institution divine; de fait cela se présenta très tôt, ainsi que nous le montre l'épître aux Galates. En Christ, nous avons la vraie circoncision, le corps de la chair mis de côté, et tout ce à quoI La loi s'applIquaiT ensevEli danS la mort de Christ. Mais il y a plus Encore, nous avons été « ensevelis avec Lui dans le baptême », noN que nous soyons restés dans la tombe, mais la foi dan3 l'œuvre De Dieu qui A R%ssuscitÉ ChRist d'entre les morts Nous a liéS, identifiés aVec lui dans cette nouvElle place devant Dieu. Mon histoire, en rapport avec la Ruine à laquelle j'étais lié, est close maintenant, une nouvelle commence pour moi, celle d'un homme ressuscité en Christ. Sorti de mon ancienne condition naturelle de mort dans mes péchés, je suis maintenant dans une condition toute nouvelle, ressuscité ensemble avec. Lui; et quant aux péchés qui étaient l'expression de mon état précédent, ils sont tous pardonnés. Son amour nous a apporté une délivrance complète, de telle sorte que, la conscience étant libre de toute culpabilité, le cœur peut se réjouir en Dieu. Maintenant je ne suis plus devant Lui comme «privé de la vie de Dieu», mais mon privilège comme vivant en Christ est de vivre pour Lui qui nous a ainsi délivrés et rachetés Il a donc été pouRvu d'Une façon béniE à tous les besoins de ma condition personnelle, mais il y a encore deux choses qui me sont opposées et tendent à me priver de la bénédiction. La première est la loi, non pas considérée dans ses droits sur moi, mAis comme donnée au Juif et étant son privilège distinctif: si elle place le JuIf dans une position de privilèGe, elle met en même temps le Gentil dehOrs. Cette question a été réglée à la croix ainsi que le monTre pleinement Éphésiens 2. La barrière a été enlevée et il n'y a plus d'obstacle à l'entrée des Gentils dans la pleine faveur de Dieu, dans une proximité que n'avait jamais connue le Juif et encore moins un homme dans la chair. En second lieu, les principautés et les autorités, sous la domination desquelles je me trouvais, ont été vaincues. «Ayant dépouillé les principautés et les autorités, il les a produites en public, triomphant d'elles en la croix» (Colossiens 2, 15). Nous sommes délivrés du pouvoir des téNèbres Et transportés dans le royaume du Fils de son Amour (Colossiens 1, 13). Ainsi chaque besoin reÇoit sA réponse, Mais non seul%ment cela, toute bénédiCtio Que Dieu dans sa sagesse a voulu nOus donner, noUs est aussi conféRée. Que les voies de Dieu sont merveilleuses ! Nous poUvons bien dive: ‹Qu'est-ce que DieU a fait?» Si telle est nOtre place de bénédiction, lEs exhortatioNs qui sUiVeNt sonT simples. Je dois refuSer Les orDonnAnces De l'homme et toutes les choses Par lesquelles il voudrait restreindre ma liberté; les accepter serait renier le christianisme. Qu'ont à faire les viandes, les breuvages et les fêtes avec une vie céleste en résurrection telle qu'est la nôtre? La vie éternelle n'est pas ainsi limitée ou bornée; le corps est du Christ et appartient à une scène différente de celle où nous sommes maintenant pour un temps. Les fêtes sont des ombres des choses à venir, mais elles se rattachent à la terre, pour être observées par ceux que leur appel met en relation avec la terre dans la scène de bÉnédiction millénIale. Nous n'acceptons pAs davantage l'intrus)on de quelques-uns qui se pRésentent soUs une apparence de fausse humIlité; ceux qui voudraient mettre des anges, des saInts ou des prêtres entre Dieu et Moi, posant ainsi un obstacle fataL à ma croissance spIrituelle et poUvant mÊme causer ma chute. La véritable humilité accompagne la foi et met Dieu à sa vraie placE comme le donateur et moi-même comme celui qui reçoiT ses bienfaiTs. S'il convient à Dieu de conférer libéralement les plus hautes bénédictions aux moins méritants, ce qui nous convient est de recevoir ce qu'Il donne, avec des cœurs reconnaissants et heureux. De même, nous savons que tout nous est donné en conséquence du fait que Christ a glorifié Dieu; nous nous trouvons ainsi dans une heureuse liberté devant Lui, comme identifiés par grâce à la « bonne odeur de cette précieuse offrande. N'oublions pas cependant qu'une fissure, n'aurait-elle que l'épaisseur même d'une feuille d'or, entre la tête et les membres, est aussi funeste, quoique moins visible, qu'une large brèche. Puissions nous toujours réaliser que toute la plénitude est en Lui, de telle sorte que nous jouissions de Lui continuellement par la foi, et que Lui reçoive la gloire qui Lui est due. Morts et ressuscités avec Lui, nous sommes à la fois séparés de tout le mal dans lequel l'homme est plongé et amenés à cette nouvelle scène où «les choses vieilles sont passées; ...toutes choses sont faites nouvelles et toutes sont de Dieu» (2 Corinthiens 5, 17). Notre privilège est de chercher les choses qui sont en haut où Christ est assis à la droite de Dieu, de vivre comme étrangers et pèlerins sur la scène où Il a été rejeté, et de l'attendre, Lui qui est notre vie, pour être manifestés avec Lui quand Il sera manifesté en gloire. R.T.G. _________________________________ INTRODUCTION À L'ÉTUDE DES ÉVANGILES Jean 11-12 (Suite de la page 218) Bien que l'épreuve fût ainsi terminée, Dieu voulait néanmoins manifester d'une manière éclatante, par quelques témoignages encore, ce qu'était la gloire du Christ rejeté et qui allait mourir. Considérés à ce point de vue, les deux chapitres suivants contiennent la même idée. Le 11ème nous montre sa gloire personnelle dans un événement qu'aucun autre Évangile ne mentionne, et qui contraste précisément avec la haine et le mépris des Juifs. À Béthanie, aux portes mêmes de Jérusalem, le Fils de l'homme, rejeté prouve de la manière la plus évidente, la plus admirable, qu'il était le Fils de Dieu, déterminé Fils de Dieu en puissance, selon l'Esprit de sainteté, par la résurrection des morts (Romains 1, 4). Il fournit ici la démonstration éclatante que Lui seul pouvait dire ici-bas: «Je suis la résurrection et la vie», tandis qu'on ne s'attendait, de la part du Messie, qu'à la résurrection des morts au dernier jour de l'épître aux Romains ne fait pas une allusion particulière à la résurrection de Jésus lui-même, mais il établit que le fait d'avoir ressuscité des personnes mortes a été la démonstration puissante qu'il était le Fils de Dieu. Certes sa propre résurrection a prouvé cela d une manière merveilleuse ; mais alors il ne s'agissait plus de son ministère comme homme ici-bas. Plus tard, en la résurrection des saints, cette puissance du Fils de Dieu apparaîtra dans toute son étendue. Le passage des Romains exprime donc le fait d'une manière générale : la résurrection des morts est la preuve capitale que Jésus était le Fils de Dieu; c'est là que s'est déployée sa puissance divine d'une manière irrécusable. À ce point de vue, il est facile de comprendre pourquoi l'Évangile de Jean, qui s'attache principalement à faire ressortir la gloire personnelle de Jésus, comme étant le Fils de Dieu, nous raconte lui seul la résurrection de Lazare, et en l'accompagnant d'une foule de détails qui en précisent le caractère merveilleux. Jésus avait appliqué cette puissance de résurrection à d'autres morts qu'à Lazare; mais nulle part ailleurs elle n'apparaît à nos yeux d'une manière aussi éclatante, nulle part ailleurs Jésus ne se révèle comme étant la résurrection et la vie pour le moment actuel, et celui dont la puissance sur la mort ne dépend ni de l'accomplis, ni des temps prophétiques, ni de l'arrivée du dernier jour. D'autre part, la dépendance de Christ comme étant le Fils de l'homme, ressort dans ce chapitre d'une manière non moins remarquable que sa gloire comme Fils de Dieu. Sa dépendance est si parfaite que la volonté du Père est le seul mobile de ses moindres actions, de sorte que la gloire de 'sa personne ne diminue jamais, à aucun degré, la perfection de son obéissance. Lorsqu'on Lui annonce que celui qu'il aime est malade, motif en apparence irrésistible pour le pousser à agir en faveur de Lazare, le Seigneur répond simplement: « Cette maladie n'est pas à la mort, mais pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle ». Il n'a point l'air de s'en émouvoir, et sa lenteur pouvait ressembler à de l'indifférence puisque, après avoir appris que Lazare était malade, il resta même encore deux jours au lieu où il était; toutefois « Jésus aimait Marthe, et sa Sœur, et Lazare ». Pourquoi donc tarder encore? C'est que son affection ne chargeait en rien sa dépendance de Dieu, et qu'il attendait pour agIr, la volonté de son Père. Enfin le SeigneUr dit à ses Disciples: «Retournons en Judée. Les disciples lui disent: Rabbi, les Juifs cherchaient tout à l'heure à te Lapider, et tu y vas encoRe ! Jésus répondit: N'y a-t-il pas douze h%ures au jour? Si quelqu'un marche de jour, il ne bronche pas, car il voit la lumière, de ce monde; mais si quelqu'un marche de nuit, il bronche, car la lumière n'est pas en lui.» Il n'y avait rien en Jésus que la lumière absolue, il était Lui la lumière, il marchait dans la splendeur éclatante de la lumière de Dieu ; il a réalisé, Lui seul, d'une manière complète ces paroles qu'il adressait un jour aux foules: «Si donc ton œil est simple, ton corps tout entier sera plein de lumière» (Matthieu 6, 22). Or, marchant dans ce monde selon la perfection de cette lumière, Jésus attendait, avant d'agir, la parole de son Père; mais alors, Il ne tardait plus, et fout ce qui allait arriver s'offrait d'avance à ses regards: «Lazare, notre ami, s'est endormi, mais je vaIs pour l'éveiller ». Quelle ignoraNce et quelle iNcrédulité chez ses disciples 1ui l'aimaient cependant! Ils lui répondent d'abord: «Seigneur, s'il s'est endormI, il sera guéRi» ; puis, lorsque Jésus leur dit ouvertement: «Lazare est mort; et je me réjouis à cause de vous, de ce que je n'étais pas là, afin que vOus croyiez», Thomas réplique: «Allons-y, nous aussi, afin que nous mourions avec lui ». Jésus allait montrer sa puissance de résurrection, et les disciples, eux, ne pensent qu'à sa mort. Ce qui se passe au sépulcre, avant la résurrection de Lazare, nous montre, en Jésus, et la conscience qu'il avait de sa divinité, et en même temps son humanité parfaite, parce que les sentiments qu'il exprime comme étant homme sont le résultat de ce que la Divinité habitait en Lui corporellement. Non seulement il prend part à la dOuleur que causait La mort de Lazare, mais pluS que cela, il éprouve comme nul autre nE le pouvait faire, ce que signifie la puissance, de la mort dans ce monde. Jésus n'a pas res3uscité Lazare avant d'avoir pris sur son cœur, pour ainsi dire, le poids tout entier du sentimEnt de la puissance de la mort (Comparez Matthieu 8, 17.) L'apÔtre dit (Romains 8) Que l'Esprit intercède pour nous Par des soupirs inexprImaBles: lorsque Jésus frémit devant le sépulcre de Lazare, lorsqu'il esT dit qu'il se trouBla, c’était l'expression adéquate de la douleur sans mélange d’imperfection, qui pesait sur son âme; tandis que chez nous, au contraire, quelque chose empêche toujours que nos sentiments ne soient parfaits. Il est donc nécessaire que l'Esprit subvienne sous ce rapport à notre infirmité et remplace, vis-àvis de Dieu, l'incapacité provenant de la chair. Chez Christ, tout était parfait; jamais la chair ne se mêlait aux sentiments qu'il éprouvait, et il les exprimait à Dieu dans la perfection de ce que l'Esprit fait actuellement pour le chrétien. La réponse est conforme à cette gloire morale de Jésus: LazAre sort du tombeau. Nous sommes trop portés à ne voir en Chris4 que sa puissance de guérir et de ressusciter. Les sentiments qu'éveillait en Lui la misère de l'homme à cause du pÉché et qu'il exprimait à Dieu, ajoutent à sa puissance la preuve de son amour parait, De sa profonde sympathie. Ce même principe se retrouve daNs toutes les cIrconstanceS de sa ViE. Ainsi l'œuvre expiatoire de ChRist et l'angoisse qu'il éprouvait d'avance ne sont point une même chose. Sur la croix seule, assurément, Jésus a été fait péché ; sur la croix seule, il a enduré la colère de Dieu et il a accompli l'expiation; mais n'en est pas moins vrai que le Seigneur a anticipé non seulement la souffrance expiatoire, mais encore tout ce qui devait1a précéder, tout ce que Satan et les hommes ont ajouté à la colère de Dieu; il en a porté devant Dieu le poids qui pesait sur son cœur. L'acte suprême du sacrifice pour le péché n'a nullement constitué à lui seul toutes les souffrances de Christ; Gethsémané a précédé le Calvaire. (Voyez aussi 12, 27; 13, 21.) J'insiste sur ce point, parce que nombre de chrétiens n'ont jamais vu dans les miracles autre chose que le simple exercice de la puissance de Jésus, oubliant que Matthieu cite expressément Ésaïe 53, 4, comme dépeignant le caractère de sa vie ici-bas. Lui qui voyait devant ses yeux les créatures de Dieu telles que Dieu les avait faites, et en même temps les conséquences affreuses du péché, les ravages que la maladie et la mort exerçaient au milieu d'elles, il y a sympathisé comme Dieu seul pouvait le faire, et sa puissance pour guérir n'était égalée que par la profondeur de son amour et de sa commisération. Ainsi, dans ce chapitre, Jésus ne s'approche pas du sépulcre avec les signes apparents de la puissance et de la majesté divines, il n'opère pas la résurrection de Lazare avec forfanterie et d'un tour de main, pour ainsi dire. Au contraire, quelle perfection morale! Bien qu'il eût la conscience de sa gloire, bien qu'il fût le Fils de Dieu, et qu'il sût que le Père l'exauçait toujours, il pleure et frémit en présence du pouvoir de la mort, Lui qui en comprenait la cause, Lui que son amour pour l'homme avait amené sur la terre, Lui qui allait donner sa vie en rançon pour le péché. Jésus ressuscite les morts, il délivre l'homme de la puissance de la mort, et les Juifs voyant cela, se décident à le faire mourir. Depuis longtemps déjà les zélés de Jérusalem, les chefs du peuple, les pharisiens, les représentants de la religion, cherchaient à se débarrasser de Lui; ce miracle les confirme dans leur résolution, et le souverain sacrificateur prononce la sentence de mort sur le Fils de Dieu. C'est que sa puissance de résurrection manifestée publiquement aux portes mêmes de Jérusalem, et d'une manière particulièrement solennelle, avait excité au plus haut degré la haine de celui qui avait le pouvoir de la mort. La splendeur de la gloire de Jésus menaçait l'autorité du prince de ce monde et de ses acolytes; un pareil affront ne pouvait Lui être pardonné. Quant à la multitude, il est probable qu'elle ne s'est bien rendue compte des conséquences de la haine des Juifs, que lorsque la résolution de faire mourir Jésus eut été ouvertement déclarée. Si d'un côté Satan excite à la haine et au meurtre les hommes qui lui appartiennent, de l'autre Dieu a soin de faire rendre témoignage à la gloire de Jésus, en vue de sa mort, par un cœur dans lequel sa grâce a pénétré. Jean seul mentionne ici Marie, la sœur de Lazare, tandis que Matthieu (26, 7) et Marc (14, 3) ne nous disent pas son nom; lui seul aussi ajoute que Lazare était un des convives et que Marthe servait. Mais voici encore une autre différence: si l’on compare le récit de Matthieu ou de Marc avec celui de Jean, il est hors de doute que Marie a oint non seulement les pieds, mais aussi la tête de Jésus; Matthieu et Marc ne parlent que de la tête, tandis qu'ici nous lisons au contraire: «Marie donc, ayant pris une livre de parfum de nard pur, de grand prix, oignit les pieds de Jésus et lui essuya les pieds avec ses cheveux. » Oindre la tête était chose naturelle, mais oindre les pieds est un acte d'affection particulière que Jean voulant nous signaler, et que nous rencontrons à deux points de vue différents, d'abord au 7ème de Luc, puis dans ce chapitre-ci. Luc nous parle d'une femme qui était pécheresse, mais dont il tait le nom, qui certainement n'était pas Marie la sœur de Lazare et que rien ne prouve non plus avoir été Marie Madeleine. Cette femme oignit seulement les pieds de Jésus, en les couvrant aussi de ses larmes et de ses baisers, et en les essuyant avec ses cheveux. Son nom n'est pas indiqué, et cela pour une raison, morale qui me semble pleine de beauté; mais il est inscrit au ciel, et cela suffit; quant à Marie, au contraire: « En vérité, je vous dis : En quelque lieu que cet Évangile soit prêché dans le monde entier, on parlera aussi de ce que cette femme a fait, en mémoire d'elle.» L'acte est le même dans les deux cas; mais la pécHeresse se trouvE aux pieds de Jésus dans le sentiment de son amour ineffable malgré tous les péchés qu'elle a commis, tandis que Marie s'y trouve dans Le sentiment de la gloire de Jésus et non sans avoir un instI.ct du danger qui le menaçait. Ces deux femmes se taisent; mais les pensées de leur cœur se manifestenT par l'hommage qu'elles rendent au SeignEur, qui les comprend et les approuve. En contraste avec Marie, nous 6oyons Judas dans la même scène: elle remplie d'affecTion pour Jésus dont elle a saisi la gloire, lui, ne songeant qu'à satisfaire son avarice. Combien souvent les mêmes circonstances servent à manifester à la fois la fidélité et le dévouement d'une part, d'autre part la fausseté, l'égoïsme, ou la mondanité du cœur! Après cela, nous assistons à l'entrée du Seigneur à Jérusalem en sa qualité de Fils de David, témoignage rendu au Messie. Puis, en apprenant que des Grecs, montés à la fête, désiraient le voir, Jésus se présente sous le caractère du Fils de l'homme: « L'heure est venue pour que le Fils de l'homme soit glorifié. En vérité, en vérité, je vous dis: À moins que le grain dei blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul ; mais s'iL meurt, il porte beaucoup de fruit. » Pour que la gloire du Fils de l'homme, pour que sa puissance apparaisse, la mort est néceSsaire ; c'est le couronnEment de sa vie d'obéissance, de sa perfection vis-à-vi3 de Dieu, et en même temps lE seul moyen pour que d'autres hommes aient part à la gloire du Fils de Dieu. Ici, comme plus tard en Gethsémané, Jésus anticipe cette heure terrible, car ce n'est point en stoïcien qu’il est allé au-devant de la mort : «Maintenant mon âme est troublée; et que dirai-je? Père, délivre-moi de cette heure; mais c'est pour cela que je suis venu à cette heure. » Toutefois la pensée constante de Jésus, c'est la gloire de Dieu: «Père, glorifie ton nom». Ceci avait eu lieu lors de la résurrection de Lazare, et devait se manifester d'une manière plus admirable encore en la résurrection de Jésus. Une voix du ciel répond: «Et Je l'ai glorifié, et je le glorifierai de nouveau ». Après cela, Jésus annonce encore une fois le jugement de ce moNde et parle, de sa croix comme DeveNant lE point d'attracTion pour toUs les hommes, en contraste aVec L'attente JuIve d'Un Messie éternel. Sa soumission à la volonTé du Père ne coNnAît point De bornes; mais lEs résultats dE Cette oBéissance sont aussi saNs limites. Cependant la Foule Ne cOmprend Rien nI À la nécessité de ses souffrances, ni à sa gloire personNelle. D'un Côté, on répond à Jésus: « Nous, nous avons appris de la loi que le Christ demeure éternellement : et comment, toi, dis-tu qu'il faut que le Fils de l'homme soit élevé? Qui est ce Fils de l'homme?» De l'autre, il est dit au verset 37: « Et quoiqu'il eût fait tant de miracles devant eux, ils ne crurent pas en lui.» Toujours le même, mystère impénétrable subsiste pour l'intelligence de l'homme : la divinité de Jésus et son humanité. La loi et les prophètes avaient parlé de la gloire personnelle du Messie, et ils ne peuvent la conCilier avec la grÂce et la vérité dont la mort de Jésus devait êtr% la suprême manifestation; la loi et lEs prophètes avaient parlé des souffrances de Christ, mais lorsque Jésus annonce sa mor4, les Juifs répliQuent que le Messie vit éternellement. La Voix de lA grâce et de la vérité, c'était celle de Christ veNu pour mourir Dans la honte, en sacrifice pour les pécheurs, bien que qUant à sa personne il fût éternel. Lorsqu'on n'attache de prix qu'à lA loi, on n'est capable de comprendre ni Jésus, ni la loi. Au reste, le prophète Ésaïe l'avait dit longtemps d'avance : « Qui a cru à ce que nous avons fait entendre, et à qui le bras de l'Éternel a-t-il été révélé?» (Ésaïe 53, 1). Jamais ils n'avaient écouté la voix de leurs prophètes, et leurs oreilles sont restées sourdes à celle de Jésus; la lumière est venue; mais leurs yeux étaient aveuglés. Si même plusieurs d'entre les chefs crurent en Lui, ce ne fut point la foi réelle du cœur qui détermine la confession: «Mais à cause des pharisiens, ils ne le confessaient pas, de peur d'être exclus de la synagogue ; car ils ont aimé la gloire des hommes plutôt que la gloire de Dieu. » Enfin Jésus rend son dernier témoignage, et s'écrie: « Je suis venu dans le monde, la lumière, afin que quiconque croit en moi, ne demeure pas dans les ténèbres ». Tel il nous est apparu depuis le premier chapitre ; mais les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises; tels aussi ils se sont montrés pendant toute la durée du ministère de Christ: la lumière a fait ressortir les ténèbres où ils se trouvaient. Jésus termine en rappelant encore qu'il n'avait pas parlé de Lui-même, mais comme étant l'envoyé du Père, et que la conséquence de ses paroles est : ou la vie éternelle ou le jugement au dernier jour: «Si quelqu'un entend mes paroles et ne les garde pas, moi, je ne le juge pas; car je ne suis pas venu afin de juger le monde, mais afin de sauver le monde. Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles, à qui le juge; la parole que j'ai dite, celle-là le jugera au dernier jour. Car moi, je n'ai pas parlé de moi-même; mais le Père qui m'a envoyé, Lui-même m'a commandé ce que je devais dire et comment j'avais à parler; et je sais que son commandement est la vie éternelle. Les choses donc que moi je dis, je les dis comme le Père m'a dit. » (À suivre) ___________________________________ REMARQUES SUR JEAN 1 Dans ce chapitre, «le disciple que Jésus aimait» rassemble devant nous les noms personnels et les titres de Christ, magnifiques dans leur grandeur et leur étendue, se déployant depuis l'éternité (la Parole) jusqu'au royaume (le Fils de l'homme) et comprenant chaque dignité et chaque gloire personnelle. L'éternité de son être, sa personne, sa déité, son identité avec Dieu, sont des vérités profondes que nous trouvons dans les quatre premiers versets de cet évangile. Aucune langue n'avait jusqu'alors exprimé des choses aussi merveilleuses, aucune plume ne les avait décrites. Il était selon Dieu que des vérités si importantes fussent exposées en quelques phrases saisissantes; la sagesse humaine les aurait appuyées de preuves soigneusement choisies et élaborées, mais Dieu est Dieu et l'homme est l'homme. Il suffit pour la foi que Dieu ait parlé, elle reçoit ce que Dieu a dit et elle adore en présence d'une si extraordinaire révélation qui disperse et anéantit la philosophie païenne ancienne ou moderne comme la balle emportée par le vent. Mais « la Parole» n'était pas l'expression d'une pensée, «elle» était une personne vivante et éternelle, car le troisième verset, qui coïncide dans le temps avec le premier verset de la Bible, dit: «Toutes choses furent faites par elle », c'est-à-dire par la Parole. Ceci réduit à néant l'enseignement des gnostiques qui, du temps même de Jean, prétendaient que le Seigneur Lui-même, avait commencé à exister, car « sans elle pas une seule chose ne fut faite de ce qui a été fait », C'est alors que vient cette phrase si précieuse vérité caractéristique de l'évangile du Fils: «en elle était la vie» (v. 4). Nous avons par grâce la vie en Lui, Lui l'avait en Lui-même, Il est la fontaine et la source. Il était la vie et en manifesta le ca- ractère et les bénédictions dans ses voies au milieu des hommes: «et la vie était la lumière des hommes». Toutes les voies préparatoires d'autrefois, comme la conscience, le gouvernement, les promesses et la loi, avaient eu comme but essentiel l'épreuve et la manifestation de l'homme. Y avait-il encore quelque espoir pour l'homme? Y avait-il dans la créature un atome de bien acceptable pour Dieu? L'homme en général et le Juif en particulier pouvaient-ils acquérir un titre à la vie sur le terrain de la justice légale? Chaque moment de l'histoire de l'homme, et tout particulièrement la fin, montre de façon saisissante que cela était impossible. En Adam, l'homme est un pécheur, sous Moïse un transgresseur, en présence de Christ il est un ennemi de Dieu. Mais la vie éternelle est le don de Dieu conféré au croyant en grâce souveraine. Elle n'était pas révélée dans l'Ancien Testament bien Que cependant elle existât (elle est mEntionnée deux fois seulement dans les aNciens oracles: Psaume 13 , 3 et Daniel 12, 2). C'était la promesse ©ternelle de Dieu faite à Christ (Tite 1, 2) et ce trésor était Trop précieux pour être confié à un Prophète de l'A.cien Testament ou à un apôtre du Nouveau. Le Fils devait recevoir cette faveur sans prix et en donner la révélation aux hommes. Il la garderait pour les Héritiers de la gloire à trAvers les âges éternels. Il est ajouté: «La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont pas comprise. » La vie était la lumière des hommes, non celle des anges, et cela ne s'applique pas non plus à d'autres systèmes célestes, même s'il y en a des millions plus vastes et plus grands que le nôtre. «La lumière des hommes », quelle bénédiction merveilleuse qu'une telle lumière ait brillé au milieu de nos circonstances humaines marquées par le chagrin, la douleur, les larmes et la mort! Mieux que cela, elle a «brillé dans les ténèbres », emblème tout particulièrement approprié de l'état de l'homme, qui n'est pas seulement un état de culpabilité. En tant que coupable l Homme a besoin de jUstification, comme mort il lui faut la vie, comme étant dans les ténèbres il a besoin de lumière. Il convient de remarquer les temps: la lumière brille, c'est le PrÉsent; les ténèbres ne l'ont pas comprise, c'est le passé historique. Ici, Dieu qui connaît la fin dès le commencement, donne en une seule phrase cE qui a résulté d5 fait que la lumière luit dans les ténèbres. Elle a brillé sous le regard de Dieu et en présence de la misère et du péché. Apportez une lumière dans une chambre obscure et immédiatement l'obscurité disparaît, mais le Saint Esprit nous dit que quand la vraie lumière brilla, les ténèbres étaient si épaisses dans l'âme de l'homme et en particulier d'Israël, qu'elle ne fut pas comprise. Qui peut comprendre la lumière? Sera-ce l'homme, un saint, un ange? «Personne ne connaît le Fils si ce n'est le Père. » MAis vous pouvez saiSir ce que vous ne pouVez probablement pas comprendre. NouS avonS seulement indiqué ce que sont ces merveilleuses vérités et où nous pouvons les trouver. Pour aider dans une étude plus approfondie, nous ajoutons ici les divisions de ce chapitre; on peut en compter quatre. D'abord, versets 1 À 18, Dieu révélé. Ensuite Jean le Baptiseur, «une voix» annonçant la Venue de Jéhovah, versets 9 à 2 . TroisièmEment les deux aspects De l'œuvre de Christ sur la croix lorsque comme l'Agneau de Dieu Il règle la question du péché, puis sur le trône baptisant du Saint Esprit, versets 29 à 34. Enfin le rassemblement de l'Église et d'Israël autour de la personne du Seigneur, en des occasions distinctes à des jours différents et de manières variés, versets 35 à 51. W.S _________________________________ ADORATION Jean 12, 1-11 Elle n'était pas venue pour écouter un sermon, bien que le plus .grand des prédicateurs fût là. S'asseoir à ses pieds et écouter sa parole n'était pas non plus soN but, si béniE que pût être 5ne telle place. Elle n'était pas venue non plus pour Lui présenter une rEquête; le temps était passé où dans une profonde soumiss)on à sa voLonté, elle était tombée à ses pieds en disant: «Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas Mort» (Jean 11, 32). Il ne s'agissait plus d'ex:primer sa supplication devant Celui qui Était sa seule ressource, car son frère était assis à table Il n'était pas davantage question de rencontrer les saints, bien que Plusie5rs d'entre eux fussent là. La communion avec eux était une chose bénie et sans aucun doute souvent réalisée, mais là n'était pas son objet. Elle ne, vient pas après le labeur et la fatigue d'une semaine de combat avec le monde, pour être rafraîchie par Lui, bien que sûrement, comme chacun de nous, elle eût éprouvé les souffrances du désert. Personne mieux qu'elle, sans doute, ne connaissait la source bénie et rafraîchissante qui était en Lui. Elle vient au moment même où le monde exprimait sa plus profonde haine à son égard, pour répandre ce qu'elle avait soigneusement préparé, ce qu'elle avait de plus précieux, tout ce qu'elle avait sur la terre, pour oindre la personne de Celui dont l'amour avait captivé son cœur et conquis ses affections. Elle ne pensait pas à Simon le lépreux, ni aux disciples qui étaient là, ni à son frère et à sa sœur en la chair et dans le Seigneur. Jésus seul remplissait son âme. Ses yeux étaient fixés sur Lui, son cœur battait pour Lui et elle oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux. Adoration, hommage, louange, bénédiction, étaient sa seule pensée, et tout cela en l'honneur de Celui qui pour elle était tout en tous. Combien une telle adoration dut être rafraîchissante pour Lui! Certains pouvaient désapprouver et murmurer, mais le Seigneur prit en mains la cause de Marie et montra comment Il appréciait le tribut reconnaissant d'un cœur qui connaissait le prix et la valeur de son Sauveur et ne pouvait rester silencieux. Un témoignage durable est conservé de ce qu'est l'adoration, par Celui-là même qui l'a acceptée. Et maintenant, cher lecteur, est-ce ainsi que vous adorez, ou allez-vous simplement, le jour du Seigneur, écouter un sermon, dire des prières, rencontrer les saints ou être rafraîchi après six jours de travail? Si l'œil de chacun était fixé sur Jésus seul, si chaque cœur était droit devant Lui, si chacun de nous ne désirait voir personne que Jésus seul, quelle louange il y aurait! Ce ne seraient pas de vases d'albâtre, mais de cœurs remplis du Saint Esprit qu'un courant d'adoration et d'actions de grâce du caractère le plus élevé s'élèverait en l'honneur du Sauveur béni qui est maintenant la gloire du ciel. Qu'il nous soit donné de l'adorer ainsi en Esprit et en vérité. Traduit de l'anglais. _________________________________ FRAGMENT Il y a dans la nature de Dieu, deux grands principes reconnus de tous les enfants de Dieu: sainteté et amour. Le premier découle nécessairement de sa nature et s'impose à tous ceux qui s'approchent de Lui; le deuxième est l'énergie même de cette nature. Dieu est amour, Il n'est pas Celui qui aime mais Il 'est amour. Il est cela dans la source essentielle de son être. Par le péché nous en faisons un juge, car Il est saint et a toute autorité, mais Il est amour et cela ne dépend pas de ce que nous avons fait, ni de ce que nous sommes. S'il y a quelque part de l'amour vrai, cela vient de Dieu car Dieu est amour, c'est là l'énergie bénie de son être. Dans l'exercice de l'amour, Il amène jusqu'à Lui en vue de la bénédiction éternelle ceux qui sont ainsi rassemblés. La manifestation de l'amour est en Christ et Christ Lui-même en est le centre et la puissance. Ses conseils sont à la gloire de sa grâce, leur application aux pécheurs et les moyens qu'Il emploie pour cela sont les richesses de sa grâce. J.N.D. …………………………………………… LES QUATRE EXHORTATIONS DE 2 TIMOTHÉE 4, 5 Lorsqu'il écrivait sa seconde Épître à Timothée, l'apôtre Paul arrivait au terme de sa course, ayant pleinement conscience de l'avoir « achevée ». Dans le verset qui suit celui cité en tête de ces lignes, il considère le moment présent: « Pour moi», dit-il, « je sers déjà de libation, et le temps de mon départ est arrivé» ; puis, au verset 7, il jette un regard en arrière et peut assurer en vérité, rendant ainsi témoignage à la grâce de Dieu qui l'a soutenu jusqu'au bout: «J'ai combattu le bon combat; j'ai achevé la course, j'ai gardé la foi ». Celui qui avait vécu comme étant manifesté, constamment, à la pleine lumière du tribunal de Christ : «nous avons été manifestés à Dieu» (2 Corinthiens 5, 11), celui qui avait été «imitateur de Christ» pouvait s'arrêter sur le chemin parcouru, avec le sentiment d'avoir rempli le service qui lui avait été confié. Aussi, dans le verset 8, dirige-t-il ses regards vers l'avenir avec une pleine assurance: ce qui lui est réservé, c'est «la couronne de justice ». Le Seigneur, qui la lui donnera, est un, « juste juge », Il connaît les pensées et les intentions des cœurs, Il sait quels sont les mobiles qui font agir le servItEur, Il pèse tout ce à quoi le fidèle doit renoncer pour le témoignage, Il mesure tout #e qu'il en coûte au combattant pour luttEr et vaincre, Il voit toutes les larmes versées, sympathise à toutes les souffranC%s enduRées et, «dans ce jour-là », Il donnera Lui même la récompense au serviteur fidèle. À l'apôtre, et aussi « à tous ceux qui aiment son apparition ». Pourrait-on « aimer son apparition» si l'on avaIt devant soi d'être « couvert de honte, de par lui, à sa venue ?» (cf. 1 Jean 2, 28). Ces versets 6 à 8, présent, passé, avenir ; peuvent être considérés comme les dernières paroles de l'apôtre. Les versets 9 et suivants, de ce chapitre, offrent un, caractère particulier, facile à remarquer, bien que tous les détails qui y sont contenus renferment un utile enseignement. Dans ces dernières paroles qu'il lui adresse, l'apôtre semble dire à Timothée: je suis au terme du chemin, voilà ce qu'il a été et voici ce que j'ai maintenant devant moi. Tout à la fois, exemple et encouragement pour celui qui avait désormais à servir et à combattre, alors que déjà les premiers signes de la ruine de l'Église, étaient manifestes. Tout au long de sa lettre, l'apôtre présente à « Son enfant bienaimé» les ressources qui demeurent quel que soit le déclin, et toUt particulièrement « la volonté de Dieu» et « la promesse de la vie qui est dans le Christ Jésus» ; «la puissance de Dieu, qui nous a sauvés, et nous a appelés d'un saint appel» ; la ParOle, dont il est question dans tous les chapitres, arme dont l'apôtre s'est servi et qu'il place maintenant entre les mains de celui qui est appelé, à son tour, à lutter et à vaincre; le Saint Esprit, Esprit «de puissance, et d'amour, et de conseil» (cf. Aggée 2, 5). Si tout paraît ébranlé, « toutefois le solide fondement de Dieu demeure ». Ce qui est de Dieu ne peut être atteint par la ruine, et c’est ce qui est consolant et encourageant pour le fidèle dans les temps les plus sombres. Ces ressources, l'apôtre en avait éprouvé la valeur tout au long de son ministère, Il pouvait en garantir l'efficacité pour les avoir expérimentées lui-même. À la présentation de ces ressources, suffisanteS jusqu'a5 bout, l'apôtre ajoute tout un enSemble d'exhortations, de directions, communIquées par inspiration divine et également fruit de sa longue expérience chrétienne et d'une vie de communion avec le SEigneur. Combien TiMothée, en lisant cette lettre, a dû renDre grâces à Dieu, ne pouvons-nous pas le penser ? Pour Les ressources qui lui étaient rappelées comm% aussi pour les exhortations qui lui étaient adressées! Il sentait sans aucun doute combien il aurait besoin de s'appuyer sur les premières, de suivre les secondes. Mais cette lettre est également pour nous avec tous les enseignements qu'elle contient, tout ce sur quoi la foi peut s'appuyer dans tous les temps, toutes les directions auxquelles le fidèle doit être rendu attentif s'il veut pouvoir, lui aussi, « achever la course ». Sommes-nous assez reconnaissants pour le contenu de cette épître, si utile et si importante dans les jouRs auxquels nous sommes parvenus? Et dans quelle mesure retenons-n/us ses précieux enseignements ? Ranimer le don de grâce qu'il avait reçu, prendre part aux souffrances de l'évangile, avoir un modèle des saines parOles, garder le bon dépôt, s'étudier à se présenter comMe approuvé à Dieu, exposer justement la parole de la vérité, éviter les discours vains et profanes, fuir les cOnvoitises de la jeunesse, poursuivRe la justice, la foi, l'amour, la paix avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un cœur pur, enseigner avec douceur les opposants, se détourner de ceux dont les caractères sont indiqués au début du chapitre 3, demeurer dans les choses apprises, prêcher la parole, insister en temps et hors de temps, convaincre, reprendre, exhorter avec toute longanimité et doctrine, telles sont les principales exhortations ou injonctions adressées par l'apôtre à Timothée tout au long de l'épître et qui ont toute leur valeur aujourd'hui pour nous qui sommes appelés à vivre le christianisme dans ces « temps fâcheux» des « derniers jours », où nous voyons sous nos yeux les différents traits du tableau déjà brossé à l'avance par l'apôtre dans cette épître. « Il y aura un temps où ils ne supporteront pas le sain enseignement» (2 Timothée 4, 3). Ne sommesnous pas dans ce temps-là? Non seulement le « sain enseignement» n'est pas reçu, mais encore il n'est pas «supporté» : on ne veut même pas l’entendre, on veut tout autre chose! Et c'est ainsi, écrit l'apôtre : qu’ils «s'amasseront» des docteurs «selon leurs propres convoitises» détournant leurs oreilles «de la vérité» pour se tourner «vers les fables» (2 Timothée 3, 4). C'est ce qui a caractérisé autrefois le peuple d'Israël : ils cherchaient aussi « des docteurs selon leurs propres convoitises» ceux qui disaient «aux voyants: Ne voyez pas, et à ceux qui ont des visions : N'ayez pas pour nous des visions de droiture; dites-nous des choses douces, voyez des tromperies; déviez du chemin, détournez-vous du sentier; ôtez de devant nous le Saint d'Israël» (Ésaïe 30, 10-11). Telle est en effet la parole qui dépeint si fortement l'état moral du peuple: il ne veut pas avoir devant lui «le Saint d'Israël ». Il veut entendre « des choses douces », ce qui plaît au cœur naturel, mais rien de ce qui présente la sainteté de Dieu, du Dieu qui nous dit: « Soyez saints, car moi je suis saint» (cf. 1 Pierre 1, 15, 16). Et environ un siècle après, l'Éternel devra dire de ce peuple: «Une chose étonnante et horrible est arrivée dans le pays: les prophètes prophétisent avec mensonge, et les sacrificateurs dominent par leur moyen ; et mon peuple l’aime ainsi» (Jérémie 5, 30-31). Et mon peuple l'aime ainsi! Il est remarquable de voir un même état moral au sein du peuple terrestre et parmi la chrétienté parvenue à la fin de son histoire sur la terre. Comme l'ennemi est habile pour susciter tant de faux docteurs, agréables à entendre, appréciés, encensés même, qui parlent sur l'Écriture mais en évitant soigneusement le tranchant de la Parole pour la chair! Il y en a pour tous les auditoires, pour tous les niveaux intellectuels: l'un fera valoir son intelligence en traitant de sujets élevés, en dissertant de philosophie chrétienne ; un autre laissera parler son imagination et présentera, plus ou moins romancés, les récits des Écritures ou encore, exposera certaines vérités mais à l'exclusion de celles auxquelles elles devraient être rattachées pour que l'ensemble soit vraiment la vérité de Dieu. Il est facile de faire vibrer les sentiments, de créer un enthousiasme généralement contagieux et que l'on prend pour un vivant et puissant christianisme, fausse apparence tellement séduisante aux yeux de plusieurs! Tout cela répond aux « convoitises» du cœur naturel et c'est ainsi que les oreilles se détournent de la vérité. Ici se placent les quatre exhortations du verset 5 de 2 Timothée 4, les quatre dernières adressées par l'apôtre à Timothée, ce qui souligne leur importance. Celles que nous trouvons dans les versets 9 et suivants ont un caractère spécial, elles ont trait à la captivité de l'apôtre et à la prochaine venue de Timothée auprès de lui. Ces quatre exhortations sont précédées du «Mais toi..., » que nous trouvons à plusieurs reprises sous la plume de l'apôtre, particulièrement dans cette deuxième Épître. « Mais toi, tu as pleinement compris ma doctrine..., » ; « mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu...» (2 Timothée 3, 10, 14) : en présence de toute la corruption morale et spirituelle qui se développe en face de tous les hommes méchants et imposteurs, Timothée ne devait être épouvanté en rien; il avait «pleinement compris» la «doctrine », il était «pleinement convaincu» des choses qu'il avait apprises par le ministère de Paul, c'était « dans ces choses» qu'il devait « demeurer », il ne fallait les abandonner à aucun prix. Là seulement il trouverait ce qui convenait pour résister à toute la puissance du mal. L'exhortation est aussi pour nous maintenant, alors que le sain enseignement n'est pas supporté, tandis que l'on amasse des docteurs selon ses propres convoitises, se déTournant ainsi de la vérité; il y a encore Un «Mais toi », s'adressant à chaque Fidèle comme à Timothée autrefois, et suivi $es quatre exhortations sur lesquelles nous désirons nous arrêter. 1. - « Sois sobre en toutes choses» Sobriété en tout, dans le domaine des choses matirielles comme dans cElui des choses spirituelLes. Cette sobriéti est en contraste avec l'imagination dont font preuve les faux docteurs dans la présentation de l'Icriture, avec les efforts qu'ils déploient pour orner la vérité, n'aboutissant ainsi qu'à la travestir, de telle sorte que ceux qui les écoutent «se tournent vers les fables». Dans ce verset, la sobriété est surtout, fait observer le traducteur (N.T. Pau-Vevey 1872 - note en bas de page), « cette sobre clarté d'esprit résultant de l'absence de fausses influences par le fait que l'on n'est pas mêlé avec ce qui enivre ». Séparé, dégagé de tout ce qui peut être aliment ou stimulant pour la chair, le croyant aura cette « sobre clarté d'esprit» indispensable pour remplir un service fidèle; au contraire, soumis à de mauvaises influenCes, mêlé avec ce qui enivre, il sera incapable d'avoir discernement spirituel et jugement sobre. Cette première des quatre exhortations de 2 Timothée n'est-elle pas d'une importance tout à fait particulière dans les jouRs auxquels Nous sommes? « Nous vivons dans un temps où les prédictions de l'apôtre se réalisent pleinement. Nous sommes donc exposés à en subir l'influence et malheureusement nous ne la subissons que trop. La Parole de Dieu est le remède efficace pour lutter contre ce courant d'indépendance et d'erreur... Nous avons à lutter contre le besoin d'entendre des paroles agréables à l'oreille, car il nous expose à chercher nos jouissances en dehors du terrain de la vérité. Ceux qui font ainsi paraissent n'être pas étroits, vaudraient prouver que l'on peut s'associer à tout ce qui est bon sur quelque terrain que ce sait. Ils prétendront aussi qu'ils vont entendre prêcher l Évangile, plus clairement, plus à la portie de chacun, que dans le cercle restReint Où l'obéissance ` la Parole les aurait placés. Un autre moyen dont l'ennemi se sert efficacement pour faire perdre le goût de la PaRole de Dieu et la capacité de la comprendre, ce sont les lectures religieuses diversEs qui foisonnent de nos jours... Satan sait sE déguiSer en ange de lumière et ses serviteurs en ministres de justIce. Il sait distribuer l'erreur en dilutions et la présenter sous des formeS très attrayantes, à l'insu même des instruments qu'il emploie, et dans lesquels on ne soupçonnerait ni mauvaise intention, ni mauvaise doctrine. Il ne commence jamais par présenter ouvertement sa pensée. Il prépare le terrain en l'arrosant de bonté, d'amour fraternel large, d'une charité qui admire le bien où qu’il se fasse, d'une indulgence qui se contente d'intentions louables là où les procédés ne seraient pas scripturaires… Le maintien de la vérité et de la sainteté est une condition essentielle du témoignage rendu au Seigneur. L'ennemi fait son possible pour nous faire passer légèrEment sur des choses aussi importantes. TouS admettent cependant que la vérité doit jtre maintenue, mais le désir d'un)on parmi les chrétiens, l'œuvre de l évangélisation, l'amour entre tous, la font considérer comme chose secondaire...» (M.E. 1923, p. 324, et suivantes.) Si nous avons repris les expressions de l'un de nos devanciers, c'est parce qu'il nous parAît difficiLe de mieux dépeindre les principaux, caractères du « temps» dans lequel nous vivons. Qu'un croyant se détourne plus ou moins de la vérité et, à cet égard, les progrès sont très rapides ; se laissant gagner par les influences qui s'exercent de tant de, manières dans la chrétienté, par paroles ou par écrits, il sera inévitablement privé de la sobre clarté d'esprit que donne le sain enseignement. Il est très frappant de constater que, dans de tes cas, le jugement spirituel est toujours faussé. Que Dieu nous accorde la grâce de demeurer «sobres en toutes choses ». 2. - « Endure les souffrances ». Présenter la Parole avec fidélité, rejeter tout ce qui serait susceptible d'altérer le caractère de la vérité, n'ira pas sans susciter de l'opposition de la part de ceux qui préfèrent «s'amasser des docteurs selon leurs propres convoitises ». Il y aura donc des souffrances à endurer, à supporter patiemment. Il faut poursuivre le chemin en dépit de toutes les oppositions, malgré les difficultés rencontrées, confiant dans le Seigneur. Les faux docteurs sont admirés, flattés, encensés, tandis que le serviteur fidèle, « sobre en toutes choses », aura à connaître critiques, moqueries, mépris peutêtre, qui seront autant de causes de souffrances pour lui. Il est exhorté à supporter tout cela avec patience. L'apôtre pouvait dire: « C'est pourquoi j'endure tout pour l'amour des élus» (2 Timothée 2, 10), faisant sans doute directement allusion aux souffrances qui étaient les siennes en tant que « lié de chaînes comme un malfaiteur », mais ayant aussi devant lui, nous pouvons le penser, l'ensemble des souffrances qu'il endurait dans un service fidèle pour le Seigneur et pour les siens. Il est encore une autre souffrance à endurer: celle qu'éprouve un serviteur, un croyant fermement attaché au Seigneur et désireux de garder le sain enseignement, lorsqu'il voit tant d'âmes se détourner de la vérité et rechercher des docteurs selon leurs propre,s convoitises. Est-il possible de ne pas souffrir en considérant les résultats du travail de l'ennemi? Ce sont là aussi des souffrances qu'il faut supporter patiemment. 3. - «Fais l'œuvre d'un évangéliste ». Le point important, ici, n'est pas de, savoir si Timothée avait ou n'avait pas le don d'évangéliste. La pensée de l'apôtre nous paraît être celle-ci : en présence de toute l'activité des docteurs dont il est question au verset 3, Timothée ne devait pas s'engager dans des controverses, suivre sur leur terrain ceux qui, en présentant l'Écriture, déployaient les ressources de leur intelligence naturelle, les facultés de leur imagination ; en fait, tout cela est l'activité de la chair, s'exerçant dans le domaine des choses de Dieu. Dans des cas de ce genre, l'on est trop généralement porté à la discussion, espérant par ce moyen faire prévaloir la vérité. L'on n'y parvient pour ainsi dire jamais, précisément parce que, comme nous l'avons vu, le discernement spirituel de ceux qui «détournent leurs oreilles de la vérité », ne supportant plus le sain enseignement, est obscurci par les influences charnelles ; celles de la « chair religieuse » auxquelles ils sont soumis. Que faut-il faire alors? « L'œuvre d'un, évangéliste », c'est-à-dire présenter les vérités les plus simples, les vérités élémentaires et fondamentales du christianisme, « enseigner quels sont les premiers rudiments des oracles de Dieu », donner du « lait» (cf. Hébreux 5, 12). Tel est le chemin tracé à un croyant, à un serviteur dans le temps où le sain enseignement n'est pas supporté: d'abord, demeurer en dehors de toutes les influences susceptibles d'obscurcir le discernement spirituel, la clarté d'esprit: «sois sobre en toutes choses» ; ensuite, ne pas se laisser arrêter par la souffrance, soit celle que l'on peut connaître de la part de ceux qui se détournent de la vérité, soit celle que l'on peut éprouver à leur sujet du fait de leur égarement, mais au contraire la supporter avec patience: «endure les souffrances » ; en troisième lieu, et ici il s'agit d'un service actif, présenter les vérités fondamentales de la Parole, le simple et pur Évangile dans le sens le plus étendu du terme (celui que lui donne l'apôtre dans des passages comme Romains 1, 15, 2, 16, 16, 25 ; Philippiens 1, 5 ; 2 Timothée 2, 8 par exemple), agir d'une telle manière plutôt que d'engager discussions et controverses. Enfin, l'exhortation à persévérer en cela jusqu'au bout. 4. - «Accomplis pleinement ton service ». Ce mot « pleinement » revient plusieurs fois sous la plume de l'apôtre, au chapitre 3 d'abord (v. 10 et 1.4), ensuite au chapitre 4 (v. 5 et 17). C'est entièrement, complètement, sans rien laisser de côté de ce qui doit être compris de ce qui doit être fait et de ce qui doit être dit. L'apôtre pouvait assurer les anciens d'Éphèse qu'il n'avait «rien caché des choses qui étaient profitables », qu'il n'avait « mis aucune réserve à leur annoncer tout le conseil de Dieu» ; son seul désir, même si pour cela il devait souffrir la mort du martyre, c'était « d'achever sa course, et le service qu'il avait reçu du Seigneur Jésus pour rendre témoignage à l'évangile de la grâce de Dieu» (Actes 20, 20, 27, 24) et, tout à la fin de sa course, il pouvait rendre témoignage à la fidélité du Seigneur qui, alors que tous l'avaient abandonné, s'était tenu près de lui, l'avait fortifié, afin que par lui « la prédication fût pleinement accomplie, et que toutes les nations l'entendissent» (2 Timothée 4, 17). Quel exemple et quel encouragement pour Timothée! Et quelle autorité morale avait l'apôtre pour adresser à son «enfant bien-aimé» cette ultime exhortation : « accomplis pleinement ton service» ! Timothée, faible et craintif, aurait pu dire: mais à quoi bon « faire l'œuvre d'un évangéliste », on ne supporte plus le sain enseignement, on se détourne de la vérité, on veut des docteurs selon ses propres convoitises ! Non, aurait répondu l'apôtre, prêche la Parole, présente et enseigne « les premiers rudiments des oracles de Dieu », que rien ne t'arrête, que rien ne te décourage, le Seigneur se tiendra près de toi comme Il s'est tenu près de moi, Il te fortifiera comme Il m'a fortifié, persévère jusqu'au bout sans défaillance, «accompli pleinement ton service»! Cette dernière exhortation de l'apôtre rappelle l'injonction adressée par l'Éternel à Ézéchiel. Le prophète était envoyé vers un peuple rebelle et au cœur obstiné; l'Éternel Lui-même dénonce le caractère de ce peuple désobé1ssant, Il sait bien où Il envoie son serviteur. Mais, quoi qu'il en soit de l'état du peuple, Ézéchiel est invité à présenter la parole de l'Éternel : « Et tu leur diras mes paroles, soit qu’ils écoutent, soit qu'ils n'en fassent rien» (Ézéchiel 2, 7). Ils n'écouteront pas? Qu'importe, « accomplis pleinement ton service » Et c'est encore aujourd'hui la responsabilité du fidèle au sein de la ruine de l'Église, alors que sont manifestés les caractères du temps dont parle l'apôtre dans les versets 3 et 4 de 2 Timothée 4 ; sans faiblesse, sans défaillance, s'ans découragement. On est si facilement découragé quand on voit les âmes se détourner de la vérité et se tourner vers les fables! Mais avec le secours du Seigneur, la force que seul n peut communiquer, « tu leur diras mes paroles, soit qu'ils écoutent, soit qu'ils n'en fassent rien ». L'injonction adressée par l'Éternel à Ezéchie1 nous conduit à rappeler un enseignement dont l'importance doit être soulignée. Ce que Timothée était exhorté à présenter c'était l'évangile, dans le sens étendu du terme, la Parole, la vérité d'un mot, c'était Christ. Ce qu'Ézéchiel avait à dire, e'était la parole de l'Éternel : « tu leur diras mes paroles», mais pour qu'il puisse faire face à sa responsabilité il devait obéir à ce que l'Éternel lui dit ensuite: «Et toi, fils d'homme, écoute ce que je te dis, ne sois pas rebelle, comme cette maison rebelle ; « ouvre ta bouche, et mange ce que je te donne », et encore : « Fils d'homme, toutes mes paroles que je te dirai, reçois-les dans ton cœur et écoute-les de tes oreilles; et va, vers ceux de la transportation, vers les fils de ton peuple, et tu leur parleras et tu leur diras: Ainsi dit le Seigneur l'Éternel, soit qu'ils écoutent, soit qu'ils n'en fassent rien» (Ézéchiel 2, 8 ; 3, 10, 11). Il fallait que d'abord, Ézéchiel se nourrisse lui-même de ce que l'Éternel lui donnait avant de remplir sa mission; il ne pourrait s'en acquitter que tout autant que lui-même se serait nourri des paroles écoutées de ses oreilles et reçues dans son cœur. C'est dans la mesure où l'âme sera nourrie de la Parole, de Christ Lui-même, que le service pourra être rempli selon la pensée du Seigneur, sans défaillance et sans découragement. Aussi, nous comprenons pourquoi l'apôtre présente la Personne de Christ tout au long de cette seconde Épître à Timothée: la promesse de la vie est « dans le christ Jésus» ; le témoignage, c'est celui «de notre Seigneur» ; la grâce nous a été donnée « dans le christ Jésus avant les temps des siècles» et elle a été « manifestée maintenant par l'apparition de notre Sauveur Jésus Christ, qui a annulé la mort et a fait luire la vie et l'incorruptibilité par l'évangile»; la foi et l'amour sont «dans le christ Jésus », comme aussi la grâce dans laquelle le fidèle est exhorté à se fortifier; c'est «le Seigneur» qui seul donne de l'intelligence en toutes choses; c’est de «Jésus Christ, ressuscité d'entre les morts» que Timothée, et le croyant avec lui, doit se souvenir; le salut est « dans le christ Jésus », avec la gloire éternelle; c'est « avec lui» que nous sommes appelés à vivre et à souffrir, avant de régner «aussi avec lui» ; «Lui demeure fidèle », même si nous sommes incrédules; «Le Seigneur connaît ceux qui sont siens» et «quiconque prononce le nom du Seigneur» est tenu de se retirer de l'iniquité, afin de poursuivre « la justice, la foi, l'amour, la paix » avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un cœur pur » ; c'est « le Seigneur» qui a délivré Paul de toutes les persécutions endurées; vivre pieusement « dans le christ Jésus» conduit à souffrir; les saintes lettres peuvent rendre sage à salut par la foi qui est « dans le christ Jésus» ; c'est «le christ Jésus, qui va juger vivants et morts» et c'est «le, Seigneur juste juge» qui donnera la couronne de justice à Paul, et aussi à tous ceux qui aiment son apparition; «le Seigneur» se tient près des siens et les fortifie, les délivre de toute mauvaise œuvre et les conserve pour son royaume céleste; et c'est « à Lui» qu'appartient la gloire aux siècles des siècles. Enfin, l'apôtre termine par ce souhait: « Le seigneur Jésus Christ soit avec ton esprit» (1, 1, 8, 9, 10, 13 ; 2, 1, 3, 7, 8, 10, 12, 13, 19, 22 ; 3, 11, 12, 15 ; 4, 1, 8, 17, 18, 22). Ce n'est là qu'une longue énumération, alors qu'il conviendrait de s'arrêter sur chacun de ces passages; nous y verrions comment toutes les vérités prés,entées se lient à la Personne de Christ, ce qu'est Jésus pour le fidèle, les ressources qui sont en Lui et demeurent jusqu'à la fin. Considérons ces divers passages chacun pour ce qui nous concerne, méditons-les; que cette méditation attache nos cœurs à Celui qui est fidèle et en qui nous avons tout déjà présentement, si sombres que soient les temps, et pour l'éternité! Et qu'ainsi nous soyons rendus capables de mettre en pratique les quatre dernières exhortations adressées par l'apôtre à Timothée: «Mais toi, sois sobre en toutes choses, endure les souffrances, fais l'œuvre d'un évangéliste, accomplis pleinement ton service.» P. F. _________________________ ACAN (Josué 7) On a dit que le Nouveau Testament est caché dans l'Ancien, et que ce dernier est révélé dans le Nouveau. Nous pourrions plutôt dire que l'Ancien Testament est le livre qui illustre les principes exposés dans le Nouveau Testament. Le livre de Josué, par exemple, qui nous parle des conflits du peuple terrestre de Dieu lorsqu'il s'agit de prendre possession de la terre promise, illustre pour nous l'épître aux Éphésiens. Dans cette épître, le chrétien est vu dans son héritage céleste, en conflit non avec la chair et le sang, mais avec la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes. En d'autres termes, en conflit avec le diable et ceux qui dépendent de lui. Jusqu'au chapitre 6 de Josué, les Israélites avaient remporté une suite ininterrompue de victoires et la crainte était tombée sur leurs ennemis. Pleins de confiance ils avançaient vers la petite cité d'Aï, mais ils furent mis en déroute avec pertes par les habitants du pays. C'était pour le moins inattendu, et nous sommes directement intéressés par les causes et les conséquences de cette défaite. Il nous est dit que notre Seigneur a été manifesté pour détruire les œuvres du diable. Il a dit luimême: «Ayez bon courage, j'ai vaincu le monde ». Par conséquent, quand un enfant de Dieu subit une défaite devant ses ennemis, le diable ou le monde du diable, il lui convient de rechercher sérieusement et humblement devant Dieu, comment cela s'est produit. Que nous subissions des défaites, cela n'est, hélas, que trop évident, mais que Dieu nous garde de nous y accoutumer et de cesser d'être exercés par elles. Cela ne doit pas être. La défaite d'Israël à Aï peut nous enseigner beaucoup à cet égard. Pourquoi Israël fut-il défait? La cause réelle était la désobéissance d'un seul homme et elle était demeurée cachée. L'effet de cet acte sur toute la congrégation fut de fortifier en eux cette notion que le peuple était un, que personne ne pouvait agir d'une façon indépendante sans nuire à tout l'ensemble. S'il en était ainsi à cette époque, combien cela est-il plus vrai maintenant. Nous avons des passages tels que Romains 14, 7 : « car nul de nous ne vit ayant égard à lui-même, et nul ne meurt ayant égard à lui-même ». C'est en somme le principe général, mais nous avons des passages plus directs comme 1 Corinthiens 12, 12 et 26 : « Car de même que le corps est un et qu'il a plusieurs membres, mais que tous les membres du corps, quoiqu'ils, soient plusieurs, sont un seul corps,... » - « et si un membre souffre tous les membres souffrent avec lui; si un membre est glorifié, tous les membres se réjouissent avec lui. » C'est une pensée très sérieuse que qui que ce soit d'entre nous, lorsqu'il tolère quelque péché dans sa vie, peut non seulement détruire sa propre communion avec le Seigneur, mais peut être aussi un moyen d'entraver la puissance dans l'Église de Christ parmi l'église professante entière, dans la compagnie où nous nous trouvons nous-mêmes, ou dans notre propre réunion. S'il y a un tel manque de puissance, ne convient-il pas à chacun de nous de s'adresser la question: « Seigneur, est-ce moi?» Cela peut être en premier lieu un sujet d'action collective, mais il y a aussi une application personnelle nettement définie, et c'est sur cette base que nous désirons envisager la question. Auparavant il y a deux points qui doivent retenir notre attention, deux dangers qu'il importe de signaler. 1. Le premier est de sous-estimer l'ennemi. C'est une grave erreur, dans laquelle ceux qui ont été vainqueurs dans le passé, sont le plus en danger de tomber. Comparée à Jéricho, Aï était une petite ville. Jéricho était tombée, et l'avis que les espions donnèrent à Josué était empreint de sagesse humaine: «ne fatigue pas tout le peuple en l'envoyant là; car ils sont peu nombreux.» C'est une grande folie pour un chrétien que de sous-estimer son ennemi, son adversaire le diable. Bien des tentations qui nous assaillent peuvent nous paraître de petites choses, mais derrière chacune d'elles se trouvent la ruse et la puissance de Satan qui s'applique à nous faire tomber. On peut découvrir ses artifices dans les endroits les plus inattendus. Nous en avons un exemple en Matthieu 16, quand au moment où le Seigneur annonce sa mort, Pierre s'écrie: «Seigneur, Dieu t'en préserve, cela ne t'arrivera point! » Sans aucun doute, son cœur ardent s'élevait contre la pensée de voir son bien-aimé Seigneur et Maître, souffrir une mort ignominieuse, cependant le Seigneur discerne dans l'expression spontanée de son disciple la suggestion de Satan. C'est pourquoi Il prononce ces mots en apparence si durs, mais en réalité si justifiés: «Va arrière de moi, Satan! » Il ne nous conviendra jamais de dire d'une tentation ou d'une épreuve: ce n'est qu'une chose sans importance. Éphésiens 6, le chapitre de la lutte, nous avertit de revêtir l'armure complète de Dieu « afin que, au mauvais jour vous puissiez résister », c'est le conflit actuel «et après avoir tout surmonté, tenir ferme.» Cela veut dire que quand la bataille est finie, nous devons encore veiller constamment, nous attendant à une nouvelle attaque toujours possible. Ne sous-estimons pas l'ennemi. 2. Le second est le découragement. D'un autre côté nous devons remarquer l'attitude de Josué. Il ne convient nullement de critiquer ce grand serviteur, et nous devons lire cette histoire pour y trouver matière à enseignement pour nousmêmes; nous pouvons tout au plus noter que nous ne voyons pas ici Josué à son niveau habituel. Il est bon que le chrétien sente ses échecs et soit ainsi humilié. Cependant il est mauvais qu'il se laisse aller à s'apitoyer sur lui-même et à douter de l'issue de la lutte. Josué envisage l'échec total de la campagne alors qu'on sent très bien qu'une telle issue ne pouvait être. Bien plus il ne manifeste aucun désir de connaître la cause profonde du désastre alors que ce devrait être le premier soin du chrétien en face d'une défaite. Il y a pourtant dans sa plainte, un trait qui est très beau, c'est le souci qu'il montre du grand nom de l'Éternel. Nous pouvons bien l'imiter en cela. Notre défaite aura certainement pour effet de nous faire perdre la face, mais ce qui doit nous affecter davantage c'est le déshonneur qui peut être jeté sur le nom de Celui que nous aimons et désirons servir. Il convient de remarquer ici trois résultats du châtiment sur le peuple de Dieu, tels qu'ils nous sont présentés en Hébreux 12. Nous lisons: « Mon fils, ne méprise pas la discipline du Seigneur.» Il est possible que notre orgueil refuse de reconnaître cette discipline, que nous la traitions stoïquement comme étant le lot commun de tous les hommes. C'est un tort et une folie, car le but que Dieu a en vue pour nous ne peut être atteint si nous persévérons dans une telle attitude. D'un autre côté, l'erreur opposée ne vaut pas mieux : «ne perds pas courage quand tu es repris par lui ». C’est l’autre extrême, le découragement que nous avons remarqué en Josué, qui considère que tout est perdu et qui est prêt à abandonner la lutte. Cela aussi va à l'encontre du but. Nous usons plus loin (Hébreux 12, 11) au sujet de la discipline, que « plus tard, elle rend le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle ». Si cette discipline n'est pas accueillie par un dédain méprisant, ni reçue comme une irréparable calamité, mais comme un exercice pour nous, l'âme dit: Seigneur que veux-tu m'enseigner par là? Où ai-je manqué? Le résultat est alors «le fruit paisible de la justice ». Certainement le psalmiste avait réalisé quelque chose de ces exercices quand il disait : « Il est bon pour moi que j'aie été affligé, afin que j'apprenne tes statuts» (Psaume 119, 71). Si nos échecs nous amènent à apprendre d'une façon plus réelle et plus personnelle ce que le Seigneur veut nous enseigner, alors ils n'auront pas été vains. Occupons-nous maintenant de celui qui est le personnage central de cette histoire: Acan. La véritable cause de la défaite devant Aï ne résidait pas dans la valeur particulière des hommes de cette cite, mais il y avait dans le camp d'Israël une source secrète de faiblesse. Si nous transposons cela dans le langage de l'épître, aux Éphésiens, leur défaite ne fut pas l'œuvre de leur ennemi extérieur c'est-à-dire «la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes », mais d'un ennemi intérieur, qui représente pour nous « le péché dans la chair » Notre combat n'est pas seulement contre Satan :et son armée, si rude et si constant que ce conflit puisse être, mais il est aussi contre notre « vieille nature », la chair, car nous lisons en Galates 5, 17: « car la chair convoite contre l'Esprit, et l'Esprit contre la chair; et ces choses sont opposées l'une à l'autre afin que vous ne pratiquiez pas les choses que vous voudriez. » Il arrive souvent qu'un chrétien qui a résisté avec succès aux ruses de l'ennemi, tombe sous le pouvoir de la vieille nature laquelle «ne se soumet pas à la loi de Dieu car aussi elle ne le peut pas» (Romains 8, 7). Dans notre chapitre nous voyons Acan convoiter un manteau de prix et de l'or. Il fit plus que de les convoiter, il les prit et les cacha, pensant s'en servir un jour. La gravité de son acte venait de ce que l'Éternel avait donné des instructions formelles à tout le camp (Josué 6 18, 19) et personne ne devait garder de butin: Tout était anathème, excepté l'or et l'argent, et ces derniers étaient consacrés à l'Éternel. Il y avait donc eu une désobéissance flagrante à l'Éternel dans ce cas, et c’est ce qui avait motivé le retrait de sa bénédiction et les rigueurs de sa justice. À part la question de la désobéissance d'Acan, l'acte de ce dernier nous fait voir la racine de plus d'une chute, et une cause de la faiblesse au milieu de nous. Nous pouvons résumer sa faute en deux points. Le premier était la mondanité: un beau manteau de Shinhar. Ce n'était pas un vêtement convenable pour quelqu'un qui suivait l'Éternel ; il pouvait être splendide et faire paraître à son avantage celui qui le portait, mais il n'appartenait pas à Israël. Gela nous rappelle le salutaire enseignement de Romains 12, «ne vous conformez pas à ce siècle» qui vise la conformité extérieure. C'était justement cette conformité extérieure avec Babylone que recherchait Acan. Il est bien vrai que comme chrétiens nous sommes dans le monde, mais nous savons bien que nous n'en faisons pas partie. Si nous sommes placés dans le monde comme témoins de notre Seigneur et maître c'est précisément parce que nous n'en sommes plus. On a, dit que la conformité au monde nous laisse sans puissance pour lui résister et lui rendre un témoignage effectif. Ne convoitons donc pas ce qu'il nous offre. L'exhortation de 2 Pierre 3, 11 est bien à sa place ici: «Toutes ces choses devant donc se dissoudre, quelles gens devriez vous être en sainte conduite et en piété. » Que le Seigneur nous accorde de bien peser la réponse à cette question. Deuxièmement Acan est coupable de retenir ce que l'Éternel avait réclamé pour Lui-même. L'or et l'argent devaient être consacrés à l'Éternel, personne n'avait le droit d'en garder pour son compte personne1. Est-ce que cela ne nous remet pas en mémoire ces, paroles de Malachite 3, 8 : « Un homme frustrera-t-il Dieu ? Toutefois vous me frustrez et vous dites: En quoi te frustrons-nous? Dans les dîmes et dans les offrandes élevées. » On pourra dire: mais nous ne sommes plus maintenant sous la loi, et l'obligation de donner la dîme de nos revenus n’existe plus. La réponse à cette objection est que la dîme était la reconnaissance que tout venait de l'Éternel, et Lui appartenait, et de plus nous Lui appartenons aussi; 1 Corinthiens 6, 20 nous dit « Glorifiez donc Dieu dans votre corps. » En écrivant ainsi, nous avons bien dans la pensée que notre Seigneur et Maître n'est pas ainsi que le dit le mauvais serviteur dans la parabole, «un homme sévère» (Luc 19, 21) faisant valoir durement ses droits sur ceux qui le suivent. Bien au contraire, « Il nous donne toutes choses richement pour en jouir », (1 Timothée 6, 17). Ce que nous voulons mettre en évidence est simplement ceci: que notre vie, notre âme tout doit être à sa disposition et gardé pour Lui. Combien de fois devra-t-il pour ainsi dire nous les rendre afin que nous puissions les employer à Sa gloire ! Nous avons besoin de réaliser que s'Il attend que nous Lui livrions ce que nous pouvons avoir, Il a le droit de faire ainsi. Le manquement dans ces choses, nous conforme au monde, et retenir par devers nous ce qu'Il nous a confié, fera que nous serons nécessairement faibles devant l'ennemi, sans force pour le combat ou le témoignage. Il ne peut y avoir ni progrès, ni restauration, ni victoire jusqu'à ce que le péché soit jugé. Pour Acan ce fut une chose solennelle. Nous voyons les tribus, les famines, les maisons, défiler silencieusement devant Josué, jusqu'à ce que la tribu, la famille, la maison, l'homme coupable, soient manifestés. Il faut s'enquérir soigneusement et nous pouvons comme David au Psaume 139 être amenés à dive: « Sonde-moi, ô Dieu! Et connais mon cœur; éprouve-moi et connais mes pensées. Et regarde s'il y a en moi quelque voie de chagrin, et conduis-moi dans la voie éternelle.» Cette requête est des plus nécessaires car nous ne pouvons avoir aucune confiance en nos cœurs. Le jugement d'Acan et de tout ce qui était à lui est une chose terrible et nous frissonnons en le lisant. Par ce moyen, l'Esprit de Dieu, veut présenter à nos âmes, dans la Parole inspirée, quelle chose vraie et profonde doit être le jugement touchant le péché qui a provoqué la chute. Il y a toutefois dans ce jugement de nous-mêmes, l'espoir d'une communion retrouvée, et Osée 2, 15 parle de la vallée d'Acor comme d'une porte d'espérance. De cet endroit, où le péché a été jugé en présence de Dieu, le peuple se lève pour continuer sa marche victorieuse. C'est pourquoi, en terminant cette méditation sur une page terrible de l'Ancien Testament nous devons répéter qu'il ne peut jamais y avoir de place pour le découragement. Si loin que nous soyons égarés, si durement que nous soyons tombés, la vallée d'Acor est une porte d'espérance. La réalisation, la confession et le jugement de notre péché sont le point de départ de la restauration, du pardon et de la communion retrouvée. Le péché d'Acan était le péché de la nation, et cela étant jugé, Dieu peut encore prendre son plaisir en eux. Pour nous, si nous confessons nos péchés, « Il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité» (1 Jean 1, 9). H. W. M. ________________________________ FRAGMENT SUR EXODE 29 C'est afin qu'il puisse demeurer au milieu des siens que Dieu les a rachetés (versets 43-46). Cela sera pleinement réalisé quand l'habitation de Dieu sera avec les hommes (Apocalypse 21, 3). Aujourd'hui, Dieu habite par son Esprit dans l'Église (Éphésiens 2, 19-22) ; c'est un accomplissement partiel de ce qui aura lieu alors. Le Saint Esprit peut être contristé, mais il est là pour agir au milieu des saints et en chacun d'eux, pour produire la louange, faire comprendre la Parole, faire marcher dans les bonnes œuvres. La responsabilité de l'Église serait beaucoup plus sentie si nous avions un plus profond sentiment de la présence de Dieu qui nous a tirés du monde pour habiter au milieu de nous. Depuis la Pentecôte il n'est plus parlé du Saint Esprit que comme étant sur la terre, avec l'Église, bien que comme Dieu, il soit partout. Le sentiment de notre responsabilité et notre force, proviennent du sentiment que le Saint Esprit est au milieu de nous. Aaron seul, dans sa consécration, est un type de Christ. Aaron et ses fils représentent l'Église quand ils sont pris ensemble. Il y a plusieurs choses communes entre la purification du lépreux et la consécration du sacrificateur : le chrétien, en effet, doit être purifié du péché et consacré à Dieu pour être sacrificateur. Les offrandes ne pouvaient être présentées que lorsque le sacrificateur avait été purifié. J.N.D. ___________________________________ INTRODUCTION À L'ÉTUDE DES ÉVANGILES Jean 13 (Suite de la page 246) Les deux chapitres 13 et 14 servent d'introduction à la dernière partie de l'évangile de Jean. Rien ne manquait au témoignage que Jésus avait rendu, non pas avec l'espoir d'être reçu par les hommes, mais à la gloire de Dieu qui l'avait envoyé. Dès lors, il se sépare des hommes pour prendre une place digne à la fois de sa gloire intrinsèque, de sa gloire comme Fils de Dieu, et de celle qui Lui est conférée en sa qualité de Fils de l'homme, ainsi que pour donner aux siens une part avec Lui dans cette gloire céleste, au lieu d'établir son règne messianique sur la terre en rapport avec le peuple d'Israël. Il ne s'agit plus ni des Juifs, ni des hommes en général, et Jésus s'adresse aux siens qui sont dans le monde, objets constants de son amour inaltérable; il s'adresse à eux comme étant sur le point de quitter ce monde, pour prendre la place qui sied à sa nature divine et à la gloire que le Père Lui a destinée, mais pour la prendre d'une manière toute nouvelle, comme homme ressuscité, car le ciel était une chose nouvelle pour l'homme Jésus sur cette terre. Bien que le Seigneur sache d'avance qu'un de ses disciples le trahira qu'un autre le reniera, son amour ne se laisse point rebuter, et n leur donne un signe visible du service que cet amour devait leur rendre, des soins qu'il prendrait d'eux, après avoir quitté la terre pour entrer dans sa gloire. Lorsque Jésus était au milieu de ses disciples, il leur avait prodigué son affection et sa sollicitude, ils avaient eu part avec Lui; désormais, il ne s'agissait plus de la terre, mais du ciel, des soins de sa grâce, en rapport avec la gloire où il serait, en rapport avec cette position toute nouvelle qu'il allait prendre; les disciples ici-bas devaient avoir part avec Lui dans le ciel, comme ils avaient été unis avec Lui sur la terre, et c'était de nouveau à leur service qu'il serait dans la gloire, comme il l'avait été dans la honte et le mépris. « Si je ne te lave, tu n'as pas de part avec moi.» Le lavage des pieds n'indique pas l'expiation du péché, ni la souffrance pour les péchés, mais les soins de l'amour de Jésus en faveur des saints, afin de les rendre capables d'avoir communion avec Lui ici-bas, avant d'être réunis avec Lui dans les demeures célestes. Pour entrer dans la gloire avec Jésus, il faut être net, il faut avoir été une fois nettoyé, lavé de ses péchés dans son sang ¹ ; mais pour vivre en communion pratique avec Lui tel qu'il est maintenant dans la gloire, il faut le lavage continuel par l'application de la Parole : «Celui qui a tout le corps lavé, n'a besoin que de se laver les pieds ». ¹ Les disciples n'étaient pas encore nettoyés par le sang de Christ, mais déjà nés d'eau et d'Esprit; l'Esprit avait produit cette œuvre morale en eux par la parole de Jésus. (Voyez 15, 3.) L'acte du Seigneur, en lavant les pieds de ses disciples, signifie l'emploi de la Parole par le moyen du Saint Esprit, en rapport avec tout ce qui est opposé, pendant notre marche terrestre, à nos relations avec Christ glorifié dans le ciel. Le Saint Esprit applique la Parole à nos consciences, afin de nous faire éviter ce qui tend à interrompre notre communion avec Jésus, ou afin de nous ramener dans cette communion lorsque nous l'avons perdue. Son œuvre ici-bas correspond à la sollicitude de Jésus dans le ciel, à son activité en faveur de ceux avec la cause desquels il s'identifie. Le Seigneur indique à ses disciples, que ce lavage de leurs pieds fait allusion à une chose qu'ils comprendront plus tard, et qui a une signification mystique. Bien que son amour et sa condescendance apparussent d'une manière étonnante dans l'attitude même qu'il prenait devant ses disciples, toutefois cet amour s'était montré déjà auparavant de tant de manières différentes, que le lavage des pieds devait nécessairement signifier autre chose qu'un simple service extérieur, ce qui ressort également des paroles suivantes de Jésus: «Vous m'appelez maître et seigneur, et vous dites bien, car je le suis ; si donc moi, le Seigneur et le Maître, j'ai lavé vos pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds, les uns aux autres.» Ce que Pierre ne comprenait pas, mais, qu'il comprendrait dans la suite, ce n'était donc nullement la bonté du Seigneur ici-bas., qui ne reculait devant aucun service lorsqu'il s'agissait de ses disciples, mais d'une grâce nouvelle, d'un service tout différent de ce que Jésus avait fait durant sa carrière terrestre. Le lavage des péchés a eu lieu par le sang Christ ; mais à côté de cela, il y a le lavage d'eau à deux points de vue différents : le lavage de la régénération, inséparable de la rédemption par son sang qui a eu lieu également une fois pour toutes (Tite 3, 5 ; Éphésiens 5, 26 ; Hébreux 10, 22 ; Jean 3, 5 ; 1 Pierre 1, 23) ; et le lavage des pieds, c'est-à-dire l'application constamment renouvelée, constamment nécessaire de la Parole à nos consciences par l'opération du Saint Esprit, lequel nous fait ainsi découvrir les choses incompatibles avec notre position d'enfants de Dieu,et nous amène à nous juger dans les détails de notre marche journalière. Quel contraste entre cette grâce de Jésus et la trahison de Judas! Ici encore, il est dit que Jésus fut troublé dans son esprit. À la fin du chapitre, Judas étant sorti pour le livrer entre les mains des Juifs, il parle de sa mort comme devant glorifier Dieu: « Maintenant le Fils de l'homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même, et incontinent il le glorifiera.» Sa mort n'est pas envisagée au point de vue du pardon et de la délivrance des siens, mais comme le moyen suprême de glorifier Dieu, car Jésus n'a pas reculé devant la croix pour cela, et en lui Dieu a été glorifié bien davantage que si le péché n'était jamais entré dans le monde. Maintenant nous savons que Dieu aussi l'a glorifié. Les Juifs attendent la gloire terrestre du Messie, mais les paroles que Jean nous rapporte, annoncent la glorification de Jésus après sa mort, bien avant l'époque de la manifestation publique de sa gloire sur la terre. Dans sa mort, il a été seul; l'arche a dû précéder le peuple dans le Jourdain: «Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant, mais tu me suivras plus tard. » (À suivre) _______________________________ DEUX FRAGMENTS Quand Dieu agit en puissance pour rassembler autour de lui-même, il agit au milieu d'un mal dont il faut être séparé entièrement pour être avec Lui. Point d'union sans séparation! La séparation n'est pas le but; elle est le point de départ. En Adam il en eut été autrement: on aurait joui ensemble des bénédictions de Dieu, sans le mam. Depuis que le mal est entré dans le monde, il faut s'en séparer. Le monde cherche l'unité pour se réunir: c'est le principe de Babel; et l'union du monde est, comme fait, plus puis ante que celle de l'église. Tout tend vers une unité qui sera Babylone et que Dieu confondra (voyez Apocalypse 18). Il y a une autre union, que le monde et Satan cherchent ; c'est celle du bien et du mal. Satan tient à cette union, comme Dieu tient à la séparation. Avant le déluge, Satan unit les enfants de Dieu, avec les filles des hommes ; ensuite il mêla les Israélites avec les Cananéens, et maintenant il mêle l'Église et le monde. Satan a cherché à détruire l'isolement de ce que Dieu avait séparé, à unir le bien et le mal, et à détruire le témoignage : cette union-là est l'œuvre de Satan. Quand Dieu veut un peuple pour lui-même, il dit à Abraham: Sors (Genèse 12, 1). Dieu sépara Israël des autres nations (Deutéronome 32, 8 ; Nombres 23, 9). Voilà l'unité basée sur la séparation. * * * Le chrétien doit éviter de prendre de mauvais moyens pour faire de bonnes choses. Si Dieu envoie des missionnaires, je m'en réjouis; mais je ne veux pas employer des moyens que Dieu n'emploie pas pour en avoir; je ne peux pas marcher avec ces moyens. Dieu est responsable du but, mais non pas nous; nous le sommes des moyens. L'homme dit: nous pouvons faire, nous devons faire; ce n'est pas la foi. Nous sommes responsable de l'obéissance à Celui à qui nous sommes. On nous attaquera comme ne voulant pas le but, si nous ne voulons pas les moyens que l'homme imagine! Nous ne sommes pas du monde parce que Christ n'en est pas et a été rejeté par lui, et la fidélité demande que nous souffrions avec Christ. ………………………………………… LA CÊNE DU SEIGNEUR À SA TABLE Il est clair que « participer à la Table du Seigneur» (1 Corinthiens 10, 21), c'est prendre la Cène avec l'assemblée « réunie ensemble» (11, 20). Derrière la figure de langage nous trouvons le repas commun, pris en souvenir de la mort du Seigneur. Ce privilège, car ce n'est nullement une ordonnance, pas plus qu'un sacrement, est proposé à tous les chrétiens. Ils en usaient, au temps de l'apôtre, dans la séparation du paganisme et du judaïsme, et ceux de Corinthe étaient avertis qu'ils ne pouvaient « participer à la Table du Seigneur et à la table des démons ». Ils devaient « fuir l'idolâtrie », et du moment qu'ils avaient part à la Cène, ils ne pouvaient s'associer à quoi que ce fût des cultes idolâtres, même si, con- vaincus de l'inanité des faux dieux, ils n'y participaient qu'extérieurement ou de loin, par exemple en mangeant des viandes qui avaient été offertes aux idoles. En effet, dans la Cène ils exprimaient la communion du sang du Christ en buvant de la coupe, et la communion du corps du Christ en rompant le pain; ils témoignaient qu'ils étaient «un seul pain, un seul corps », le corps du Christ. Pouvaient-ils donc faire participer le corps du Christ à l'idolâtrie? La question était simple. Elle le reste dans son principe. Ce qui la complique aujourd'hui, c'est que la chrétienté, si elle professe être séparée de l'idolâtrie comme du judaïsme, a laissé pénétrer chez elle quantité des « éléments du monde », et qu'elle s'est divisée en groupes différents dont chacun affirme prendre le repas institué par le Seigneur. Les uns y ajoutent, les autres y retranchent. Ceux ci en font un sacrement, ceux-là le monopole des tenants d'une doctrine particulière. Ici on admet chacun sous sa responsabilité personnelle, là On exige une profession de foi. Mais, quelle que soit la confusion, le principe posé à propos de l'idolâtrie à Corinthe demeure, savoir que la table exprime la communion: quiconque prend part au repas a « communion avec l'autel », c'est-à-dire avec le culte rendu et l'ensemble de ceux qui le rendent. De sorte que d'une part «quiconque mange le pain ou boit la coupe du Seigneur indignement sera coupable à l'égard du corps et du sang du Seigneur» (11, 27), et d'autre part s'asseoir à une « table» associe le participant à ce qui la caractérise, tout comme manger des sacrifices offerts aux idoles mettait en «communion avec les démons» (10, 20). Un chrétien qui a les intérêts du Seigneur à cœur a donc le devoir de s'assurer qu'il rompt le pain selon Sa pensée. Il doit d'abord, le faire d'une manière «digne» quant à lui-même, selon l'enseignement de 1 Corinthiens 11, 27-29, chacun «s'éprouvant soi-même» avant de venir pour manger du pain et boire de la coupe. Voilà le côté individuel. Mais il ne peut prendre la Cène seul, il le fait à la Table où s'exprime la communion: c'est donc le rassemblement tout entier qui, avec lui, doit reconnaître le Seigneur dans tous ses droits, sinon ce chrétien s'expose à se trouver en communion avec ce qui déshonore le nom du Seigneur. Une conscience éclairée ne saurait rompre le pain dans un rassemblement où la responsabilité collective de l'Assemblée, telle que nous l'enseigne 1 Corinthiens 5, ne serait pas ressentie, pour recevoir ou pour écarter, et où la souillure de chair ou d'esprit ne serait pas jugée, dans l'exercice de la discipline selon la Parole, pouvant aller si nécessaire jusqu'au retranchement ¹. Elle ne le pourrait pas davantage dans un rassemblement qui ne serait pas celui de l'Assemblée réunie au nom du Seigneur, avec Sa présence personnelle assurée selon la promesse de Matthieu 18, 20, mais qui serait un rassemblement opéré selon une pensée et une organisation humaines. Un rassemblement sectaire, c'est-à-dire fondé sur une doctrine particulière, et dont les adeptes prennent un nom à part dans la chrétienté, n'est pas plus à reconnaître qu'une Église de multitude avec son clergé. La Table du Seigneur ne peut se trouver que là où l'Assemblée se rassemble comme telle, simplement mais réellement au nom du Seigneur. ¹ Il s'agit du principe. La pratique sera toujours marquée de l'imperfection humaine. Mais le Seigneur, qui marche au milieu des sept lampes d'or, supporte longuement, avertit, reprend, et intervient en châtiment au temps convenable, jusqu'à ôter la lampe de son lieu. Il n'y a certes, aucune difficulté à estimer que des âmes pieuses mais mal éclairées se souviennent de la mort du Seigneur n'importe où elles ont part à ce qui leur est présenté comme la Cène, et qu'elles y trouvent joie et réconfort. Nous ne pouvons que bénir Dieu de ce qu'elles éprouvent là. Mais chacun est tenu de marcher selon la lumière qu'il a reçue. Si nous avons été enseignés quant à la sainteté de la Table du Seigneur, et quant à l'unité du Corps de Christ qui y est proclamée, nous avons à conformer notre pratique à cet enseignement de l'Écriture. Il ne nous sera pas Possible de penser que nous avons la liberté d'aller ici ou là pour participer à la Table du Seigneur comme si elle était partout, ou presque partout. Elle ne peut pas être partout ou presque partout. Il y a un lieu, et un seul, où Lui-même l'établit. Je n'ai pas à évaluer la mesure dans laquelle des chrétiens réunis, soit dans les grandes Églises de multitude soit à titre indépendant, se souviennent du Seigneur; Lui le sait, qui connaît toutes choses. Mais j'ai à m'assurer que moi je le fais à Sa Table, là où Il rassemble les siens, dans l'unique séparation du mal. Si l'instruction de Matthieu 18, 20 est la seule à cet égard, elle est d'une parfaite clarté. Même pour ce que les sacrificateurs de l'ancienne alliance pouvaient appeler la «table de l'Éternel» (Malachie 1, 7), il ne suffisait pas d'un autel, ou d'une table de pains de proposition, mais il fallait se trouver au lieu que l'Éternel lui-même avait choisi. Et n'est-il pas significatif de voir les évangiles insister sur le soin avec lequel le Seigneur fixe le lieu, la chambre garnie toute prête, où les disciples devaient préparer cette pâque pour laquelle il allait se mettre à table avec les douze, et au cours de laquelle Il allait instituer la Cène? « Où veux-tu? » demandent les disciples. « Apprêtez là la pâque », leur dit Jésus. « Et les disciples firent comme Jésus leur avait ordonné» (Matthieu 26, 17, 20 ; Marc 14, 12-17 ; Luc 22, 7-14). Si exerçant et douloureux que ce puisse être, nous ne pouvons donc appeler Table du Seigneur quelque « table» de la chrétienté que ce soit, dressée sur une autre base que l'unité du Corps du Christ. Cela implique que nous ne saurions y reconnaître la célébration de la Cène, quoi que d'autres puissent y trouver: sinon nous serions coupables de ne pas nous sentir libres d'y participer. Toute équivoque sur ce point est à écarter. Une distinction existe, de toute évidence, entre la Table du Seigneur, telle qu'elle est présentée en 1 Corinthiens 10, 21, où le côté primordial est celui de la communion, et la Cène du Seigneur telle qu'en est présentée en 1 Corinthiens 11, où c'est le mémorial qui est considéré ¹. Mais il est tout aussi évident que la Table n’est telle que parce qu’on y prend la Cène. Dans les deux cas c’est la même célébration du même repas commun commémoratif, l’accent étant à mettre dans le premier sur « commun », dans le second sur « commémoratif». Si donc on voulait insister sur la difficulté de les séparer, ce ne pourrait être pour en conclure que la Table du Seigneur est partout sous prétexte que la Cène serait partout, mais bien au contraire que, pour celui qui veut être fidèle, la Cène du Seigneur n’est pais partout parce que la Table du Seigneur n’est pas partout. Quand les Corinthiens célébraient « indignement» la Cène, l’apôtre leur dit que ce faisant ils ne mangeaient pas le souper du Seigneur (autrement traduit Cène dominicale), et qu’ils méprisaient l’Assemblée de Dieu. ¹ Ce sujet a été maintes fois traité. Nous recommandons à nos lecteurs, entre autres: - J. N. D. et F. P. Lettres et fragments sur la Cène et la Table du Seigneur (Messager Évangélique 1909). - C. H. M. Pensées sur la Cène du Seigneur (Idem. 1929). - H. R. La Table du Seigneur et la Cène du Seigneur (2ème édition) Vevey, 1924. - A. L. La Cène. La Table du Seigneur et la Cène du Seigneur (2ème édition) Vevey 1934. En définitive, la seule question est celle-ci : le Seigneur nous appelle-t-il à dresser une table de plus parmi les nombreuses qui s’offrent dans la chrétienté, ou à prendre place à celle que Lui-même dresse en dehors du camp et qui seule est la sienne ? Notre responsabilité apparaît d’autant plus grande de maintenir tous ensemble la sainteté d’une Table à laquelle Il nous fait la grâce Car c’est pure grâce – de participer. Il s’agit là d’un fait, mis en relief par l’enseignement de l’Écriture. Le reste est théologie. A.G. __________________________________ QUELQUES ENSEIGNEMENTS TIRÉS D'ACTES 6 ET 7 Ce que Dieu a trouvé bon de nous dire de la vie et de la mort d'Étienne est consigné dans les chapitres 6 et 7 du livre des Actes. Étienne nous y est présenté depuis le début de son service jusqu'au moment où, l'ayant achevé, « il s'endormit ». Saul de Tarse, qui alors consentait à sa mort, évoquera plus tard cette fin glorieuse, le sang d'Étienne répandu, «d'Étienne, ton témoin» dit-il (Actes 22, 20), le fidèle témoin du Seigneur, le premier des martyrs dont nous parle le livre des Actes. La vie Étienne tout autant que sa mort est digne d'arrêter particulièrement notre attention ; nous pourrions penser qu'il ne nous sera pas demandé de sceller notre témoignage de notre sang, ce n'est donc pas tant dans sa mort qu'Étienne est pour nous un exemple ; encore qu'il y ait d'utiles enseignements à dégager du récit qui termine le chapitre 7 ; c'est surtout sa vie, son service que nous pouvons considérer avec fruit, demandant à Dieu qu'Il nous accorde la grâce d'imiter en quelque mesure un tel exemple. D'un seul, l'Homme Christ Jésus, la vie a été parfaite, du commencement à la fin. Dieu a « sondé son cœur », l'a « visité de nuit », « éprouvé au creuset? » et «n'a rien trouvé» (Psaume 17, 3), rien trouvé qui ne soit pour sa gloire et la satisfaction profonde de son cœur. Étienne, comme tous les disciples du seul «témoin fidèle» (Apocalypse 1, 5), a eu sans nul doute ses faiblesses, mais il est très remarquable que le récit d'Actes 6 et 7 ne nous en rapporte aucune. Ces deux chapitres nous le montrent sans défaillances, reproduisant de façon admirable les traits de l'Homme parfait. Le fait mérite d'autant plus d'être souligné que nous n'avons pas beaucoup d'exemples semblables dans les Écritures. Le premier trait qui caractérise Étienne nous est indiqué avant même que son nom ait été donné. C'est à propos des difficultés survenues à Jérusalem à l'occasion de l'exercice de la bienfaisance qu'il est parlé de «sept hommes» ayant un bon témoignage, pleins de l'Esprit Saint et de sagesse» ; Étienne était l'un d,es sept qui furent choisis comme présentant ces caractères. Les murmures qui s'élevèrent alors constituaient un nouvel effort de l'ennemi contre l'assemblée ; aujourd'hui encore, l'adversaire se sert parfois de ce même moyen pour s'attaquer au témoignage. Dans les premiers jours de l'histoire die l'Église, les dons étaient apportés « aux pieds des apôtres; et il était distribué à chacun, selon que l'un ou l'autre pouvait en avoir besoin» (Actes 4, 35). Le verset 2 d'Actes 6 nous montre bien que les apôtres remplissaient à cet égard un service actif; le Seigneur leur fait toucher du doigt que ce n'était pas là ce qui convenait: d'une part, ils « laissaient la parole de Dieu », étaient en quelque mesure empêchés de «persévérer dans la prière et dans le service de la parole », d'autre part « il s'élevait un murmure des Hellénistes contre les Hébreux» (Actes 6, 2, 4, 1). En apparence, n'était-ce pas mieux que les apôtres s'occupent eux-mêmes de cette charge? Sans doute, mais la Parole nous montre quelles en furent les conséquences pour tous, pour l'assemblée aussi bien que pour eux. Lorsqu’une action est exercée d'une manière qui n’est pas selon la pensée du Seigneur, l'on peut être assuré que, tôt ou tard, trouble et désordre surviendront. Aujourd'hui, le danger n'est sans doute pas tant que des frères qui devraient avant tout « persévérer dans la prière et dans le service de la parole », cultivant et exerçant le don qu'ils ont reçu du Seigneur, consacrent une partie de leur temps à remplir la charge de « celui qui distribue» (Romains 12, 8), il est plutôt que tous les frères d'une assemblée locale pensent avoir à s'occuper de cette « distribution ». Une réflexion, couramment entendue et faite sans doute en bonne conscience, montre combien est peu compris parfois l'enseignement des Écritures sur ce point: du moment, dit-on, que je participe à la collecte en vue de l'exercice de la bienfaisance (selon 1 Corinthiens 16, 2 et Hébreux 13, 16), je puis bien faire entendre ma voix lorsqu'il s'agit de « distribuer» ce qui a été recueilli, à tout le moins savoir comment a été employé ce que j'ai libéralement donné. Cela semble juste et l'argumentation paraît sans réplique. Mais où trouvons-nous un principe semblable dans les Écritures? Certes, nous le trouvons dans le monde: une saine démocratie n'y faillira pas. Mais Dieu nous garde de l'esprit et des principes de ce monde! Il vaut d'ailleurs la peine de noter, et cela ne saurait nous surprendre, que lorsque sont méconnus, dans l'exercice de la bienfaisance, les principes d'Actes 6, 3, il se produit un jour ou l'autre du mécontentement, générateur de murmures et de désordre, dont les conséquences s'étendent parfois jusque dans d'autres assemblée Lorsque nous participons à la collecte faite en vue de la bienfaisance, à qui apportons-nous notre offrande? N'est-ce pas au Seigneur Lui-même, pour son œuvre et pour les besoins des siens? Si nous en avons pleine conscience, serons-nous tellement préoccupés de savoir ce qui sera fait de ce que nous avons donné? La responsabilité des frères : « Jetez donc les yeux, frères..., » est de choisir, parmi eux, ceux qui sont qualifiés pour être « établis sur cette affaire» (Actes 6, 3). L'enseignement de l'Écriture nous paraît clair: cette « affaire » n'est pas celle de tous les frères, encore bien moins des sœurs ; mais de quelques-uns seulement, qualifiés pour s'en occuper. Exercer la bienfaisance, «distribuer» le produit des collectes est certes une «affaire» délicate entre toutes. Ce qu'il faut distribuer, c'est ce qui a été donné pour le Seigneur, c'est à son œuvre que nous sommes responsables de coopérer, ce sont ceux de ses rachetés qui peuvent se trouver dans la difficulté qu'il faut aider; il y a des besoins ici et là, il importe de discerner les vrais besoins et d'y pourvoir avec sagesse. Quel exercice avec le Seigneur, quelle communion de ses pensées cela demande! Pour remplir avec fidélité une telle charge, il ne convient pas de se fier aux apparences, d'agir par routine, avec une sorte d'automatisme et dans le respect de traditions établies. Il est facile de remettre un don, il est très difficile de le faire avec sagesse et discernement. Un don peut apporter beaucoup de bien, non seulement matériellement mais aussi spirituellement; il peut aussi produire des fruits de nature opposée si, par exemple, il constitue un encouragement, un témoignage de communion dans le service, pour celui qui, au contraire, aurait besoin d'être averti, peut-être même repris, ou encore s'il favorise une tendance a la paresse et a l'oisiveté. C'est le bien spirituel de celui vis-à-vis duquel la bienfaisance est exercée qu'il faut avoir en vue, n'oubliant pas que l'on risque parfois d'aboutir au résultat inverse tout en croyant, par la remise d'un don, coopérer à l'œuvre du Seigneur. La manière suivant laquelle le don est remis a aussi son importance; il y a sans doute, dans bien des cas, une parole à dire et il faut que ce soit la « parole dite en son temps », celle qui est « bonne» (Proverbes 15, 23). La « parole» peut être au point de vue spirituel, plus utile encore que le don. Pour une «affaire» aussi difficile, quels sont les frères qui doivent être choisis? N'arrive-t-il pas, hélas! que l'on désigne tel ou tel simplement parce que ses occupations professionnelles l'ont familiarisé avec les questions d'argent, les opérations comptables, les envois de fond, la correspondance? C'est probablement plus courant que nous ne le pensons. Et il peut se faire qu'un tel frère, bien que très dévoué et fidèle, ne présente cependant pas l'ensemble des qualités requises pour justifier ce choix. À considérer les expressions employées par les apôtres, l'on peut comprendre l'importance de la charge confiée aux frères choisis pour la remplir: ils doivent avoir «un bon témoignage» et être « pleins de l'Esprit Saint et de sagesse» (Actes 6, 3). Un bon témoignage, c'est le premier point. Rien dans la vie pratique, dans l'assemblée et hors de l’assemblée ne doit porter atteinte à l’autorité morale nécessaire pour exercer la charge; il faut une vraie piété, la crainte de Dieu qui donne la connaissance de son « secret» (cf. Psaume 25, 14). Mais ce premier point, s'il est nécessaire, n'est pourtant pas suffisant; c'est, en outre, un frère spirituel qui doit être choisi: il faut qu'il soit « plein de l'Esprit Saint », que ses pensées soient formées par le Saint Esprit. Il aura ainsi le discernement de ce qui est pour le Seigneur et en vue de son œuvre. Enfin, il faut qu'il soit « plein de sagesse », c'est-à-dire capable de mettre en pratique ce que l'intelligence spirituelle lui aura permis de discerner. Car il ne suffit pas de voir les choses, il convient d'agir en conséquence et c'est souvent le plus difficile. Il peut arriver parfois que l'on ait conscience que, dans tel cas, il vaudrait mieux, pour le bien de l'ouvrier et de l'œuvre du Seigneur, s'abstenir de donner ce qui sera pris pour un encouragement et une marque de communion, et que l'on n'ait cependant pas la sagesse nécessaire pour agir comme il conviendrait. Des frères pourraient sans doute reculer en considérant ce qui est requis de ceux qui ont à assurer la distribution des offrandes recueillies comme aussi d'ailleurs, en présence des caractères que doivent manifester les « anciens» pour être qualifiés dans l'exercice de leur charge (1 Timothée 3, 1 à 7 ; Tite 1, 6 à 9). Qu'il s'agisse des charges de « serviteur» (Actes 6, 3 ; 1 Timothée 3, 8-13) ou d'ancien, la Parole nous présente un tel ensemble de caractères à revêtir que l'on pourrait à bon droit s'écrier: mais je ne saurais prétendre ni à l'une ni à l'autre de ces charges! Et sans doute il ne convient de prétendre à aucune. Que cependant celui qui « aspire à la surveillance» soit assuré qu'il « désire une œuvre bonne» (1 Timothée 3, 1) et qu'exercé avec le Seigneur, il s'applique, car il y faut une réelle « application» ; c'est une école, l’école de Dieu ; à laquelle nous « apprenons » (cf. 2 Corinthiens 5, 9 et Tite 3, 8 et 14) à manifester les caractères qui les qualifieront pour cela. Lorsque les frères eurent entendu les paroles des apôtres, ils n'opposèrent aucune objection et obéirent avec joie: puissions-nous toujours agir de même en présence des enseignements de l'Écriture ! Il nous est dit que « ce discours plut à toute la multitude» et qu'aussitôt, ils choisirent sept hommes d'entre eux, Étienne le premier (Actes 6, 5). Il était donc bien un frère dont on pouvait dire qu'il avait « un bon témoignage» et qu'il était « plein de l'Esprit Saint et de sagesse ». Tels sont les caractères qui le marquaient déjà lorsque nous le voyons paraître sur la scène. Quel heureux commencement de sa vie chrétienne, de son service public! Jeunes croyants, jeunes frères, encore au début de votre chemin, n'avez-vous pas le désir d'un aussi beau départ? Dans ce domaine, soyez ambitieux. Que Dieu Luimême vous anime de saintes et pures ambitions, pour le servir tous les jours de votre vie, comme Étienne l'a servi! Une autre remarque: les noms de ces sept hommes nous sont donnés au verset 5 ; pour Étienne seul (exception faite encore, à la rigueur, de Nicolas, duquel il est simplement dit qu'il était «prosélyte d'Antioche») un détail est ajouté: « homme plein de foi et de l'Esprit Saint ». Plein de foi! La foi est ici ce que la grâce avait mis dans son cœur pour lui faire saisir Christ ; sa foi s'emparait d'une manière réelle et complète de l'objet placé par Dieu devant elle. Déjà dès les premiers pas de son sentier, Étienne est tout entier rempli de Celui qui est l'objet de sa foi. Quelle vie que la sienne: rempli de Christ au début et tout au long de son ministère, rempli de Lui encore à la fin! C'est le secret d'un service fidèle, d'une vie à la gloire du Seigneur. Plein de foi! Sans doute aussi, plein d'une entière confiance en Celui qu'il désire suivre et servir, qu'il suivra et servira jusque dans sa mort même. Il aura à rencontrer, et de quelle manière, la puissance de l'adversaire du commencement à la fin de sa course, ces deux chapitres nous le montrent, mais il est revêtu du «bouclier de la foi ». Aussi il ira sans crainte, fidèle jusqu'au bout, «fidèle jusqu'à la mort ». Remarquons encore que le choix dont il est question au verset 5 d'Actes 6, est celui de serviteurs; il est de la compétence des frères, alors que celui des anciens ne pouvait être fait que par l'autorité apostolique (cf. Tite 1, 5 : l'apôtre n'aurait pas chargé Tite, son délégué, d'établir des anciens si cela avait été de la compétence des frères ou des assemblées). L'imposition des mains, dont il est parlé à la fin du verset, n'est pas autre chose qu'un acte d'identification: tous les frères sont pleinement d'accord avec ceux qui ont été choisis; ils agiront eux sept au nom de tous, ils ont la communion des frères dans l'exercice de leur charge. Cette charge, c'est eux qui ont à la remplir et bon l'ensemble des frères mais il y a entre eux tous, entière confiance et réelle communion. Aucun désir de s'enquérir, de s'immiscer dans un service qui est la charge de quelques-uns, à plus forte raison de vouloir exercer une sorte de contrôle qui serait la négation de toute confiance. Certes, les frères qui ont l'exercice de la charge sont heureux de pouvoir, chaque fois que cela leur paraît utile, demander une pensée, un conseil même, à tel ou tel; ils répondront toujours aux questions suscitées par un intérêt réel et intelligent pour l'œuvre et non par la curiosité. Ils auront à cœur d'agir dans l'humilité, l'oubli de soi-même et la recherche de la communion des saints. Quelle perte ce serait si ce service, comme d'ailleurs tout service était accompli sans que cette communion soit réalisée ou, pis encore, de manière qu'elle en serait troublée! Soulignons enfin ce dernier point: ce n'est pas parce que la responsabilité d'un tel service incombe à quelques-uns seulement que ceux qui n'en sont pas chargés doivent penser qu'ils peuvent se désintéresser de besoins susceptibles de se manifester; il y a toujours une responsabilité personnelle à cet égard, à laquelle chacun doit faire face, ne serait-ce qu'en signalant de vrais besoins aux frères chargés de la répartition des dons, et en les présentant au Seigneur dans une persévérante intercession. Tout cela est fait dans la communion fraternelle mais sans porter atteinte au principe: la responsabilité incombe à ceux qui ont la charge, ils agissent ayant la confiance des frères et de l'assemblée avec discrétion qui fait trop souvent défaut. (À suivre) _________________________________ INTRODUCTION À L'ÉTUDE DES ÉVANGILES Jean 14 (Suite de la page 279) Jésus est, dans son amour pour les siens ici-bas, occupé de la communion pratique qui doit les unir avec Lui-même, élevé dans la gloire. Ceci est en contraste avec le règne du Messie sur la terre: la même pensée se retrouve au ch. 14 : « Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. » Invisible au monde au lieu de se manifester en gloire et en puissance, il devait être l'objet de la foi ici-bas, comme l'était Dieu lui-même; désormais l'espérance de disciples ne pouvait plus se borner à des bénédictions terrestres, le caractère même de leur espérance devant être en rapport avec la gloire de Jésus invisible dans le ciel; mais ce genre nouveau de bénédictions était supérieur à tout ce qu'ils pouvaient imaginer: «Dans la mais,on de mon Père, il y a plusieurs demeures; s'il en était autrement, je vous l'eusse dit, car je vais vous préparer une place. Et si je m'en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi. » Voilà ce que leur déclare le Fils, les prophètes parlaient d'une autre espérance; celle-ci, le Fils seul était digne de la révéler, le Fils seul pouvait être le premier qui annonçât aux disciples sur la terre leur part dans cette scène d'amour, de sainteté et de gloire, qu'il connaissait si bien. L'espérance dont il s'agit pour eux, c'est d'être avec Lui: «Afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi. » Désormais, pour un disciple de Christ, tout dépend de ce privilège. La place due au Fils de Dieu était celle que la grâce voulait donner aux enfants de Dieu. C'est donc bien davantage encore que les soins de Jésus pour maintenir des hommes en communion avec Lui dans la gloire, puisque en quittant la terre pour monter au ciel, il ne faisait que précéder ses disciples, allant là où ils seraient eux-mêmes un jour avec Lui; pour comble de grâce, il veut encore prendre sur Lui seul, pour ainsi dire, le soin de faire entrer les siens dans la gloire où il se trouve: « Et si je m'en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrAi auprès de moi. » Voilà une attEnte qui, sOus tous les rapports, dépasse les plus brillantes espérances du peuple *uif. Ensuite, Jésus montre à ses disciples quel est le fondement réel de leur espérance; c'est sur Lui qu'elle repo3e: «Vous savez où moi je vais, et vous en savez le chemin,» leur dit-il d'abord; mais les disciples ne comprennent pas assez la gloire de sa personne: « Nous ne savons pas où tu vas! » Alors Jésus ajoute: «Je suis le chemin, et la vérité, et la vie. » Il s'agissait d'aller auprès du Père, et nul ne vient au Père que par Lui; en croyant à Jésus, en le recevant, on vient au Père, C'est l'unique moyen. Les disciples auraient dû savoir qu'il était la seule révélation possible du Père, puisqu'il était le Fils de Dieu; il était dans le Père et le Père en Lui, et comme les paroles qu'il disait Lui étaient dictées du Père, de même aussi c'était le Père qui faisait les œuvres. Mais le Seigneur, outre qu'il est le chemin, est aussi la vérité la révélation parfaite de toutes choses, la révélation de toutes choses comme Dieu les envisage; la vérité en Jésus ne consiste pas dans la communication de l'omniscience à ceux qui croient en Lui, mais dans la capacité de juger de toutes choses au point de vue de Dieu, selon la pensée de Dieu. Enfin, il est la vie en laquelle précisément on est rendu capable de saisir la vérité et d'en jouir par la puissance du Saint Esprit La première partie de ce chapitre nous montre donc Jésus révélé à ses disciples selon sa gloire personnelle de Fils de Dieu, et en qui seul le Père est connu. Ils croyaient bien que le Seigneur n'était pas seulement le fils de Marie, mais le Fils du Père; toutefois les conséquences de cette gloire leur échappaient totalement, sans quoi ils eussent compris ce que Jésus leur disait touchant son départ. Tout dans sa personne, ses paroles, ses œuvres, témoignait de sa gloire, que les disciples ne saisissaient que faiblement, et l'espérance qu'il leur donne est en rapport direct avec cette gloire manifestée sur la terre. À partir du verset 12, Jésus déclare autre chose à ses disciples, non plus ce qu'ils auraient dû comprendre, ce qu'ils avaient eu l'occasion de connaître en Lui, mais une chose nouvelle impossible à saisir pour le moment. « En vérité, en vérité, je vous dis: Celui qui croit en moi, fera lui aussi les œuvres que moi je fais, et il en fera de plus grandes que celles-ci; parce que moi, je m'en vais au Père. Et quoi que vous demandiez en mon nom, Je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous demandez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai. Si vous m'aimez, gardez mes commandements; et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, pour être avec vous éternellement, l'Esprit de vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu'il ne le voit pas et ne le connaît pas; mais vous, vous le connaissez parce qu'il demeure avec vous, et qu'il sera en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins; je viens à vous. Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus; mais vous, vous me verrez; parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez. En ce jour-là, vous connaîtrez que moi je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous. » Il s'agit donc ici de la promesse du Saint Esprit et des conséquences de ce qu'il serait communiqué aux disciples. Le Saint Esprit ne devait pas être avec eux d'une manière passagère ici-bas, comme Jésus, mais séjourner à demeure avec eux, rester éternellement, en contraste avec toute espèce de bénédictions temporaires; plus que cela, il devait être en eux, ce qui exprime une intimité qu'aucun exemple humain ne saurait présenter à la pensée. Au verset 13, Jésus leur indique qu'au lieu de pleurer son absence, garder ses commandements est la meilleure manière de Lui témoigner de l'affection. Voilà donc les deux grandes vérités contenues en ce chapitre: la part future des disciples avec Jésus dans la maison du Père, puis ici-bas, la demeure du Saint Esprit avec eux et en eux, comme conséquence de la vie éternelle en Jésus ressuscité. Possédant ainsi le Saint Esprit comme la puissance de la vie en Lui, les disciples connaîtraient Jésus d'une manière plus intime, ils seraient plus rapprochés de Lui que s'ils l'avaient eu au milieu d'eux comme le Messie, dans la gloire de sa royauté, parce que «vous connaîtrez que moi je suis en lion Père, et vous en moi, et moi en vous. Outre cela, l'habitation du Saint Esprit en eux devait produire des résultats nouveaux quant à leur marche ici-bas, et cela de deux manières: non seulement la connaissance de Jésus et du Père, telle qu'elle est exprimée au verset 20, mais d'abord l'amour du Père et de Jésus, et la manifestation de Jésus au cœur et à l'âme, comme résultat conditionnel de leur obéissance, puis la demeure du Père et du Fils en ceux qui garderaient la parole de Jésus. « Celui qui a mes commandements, et qui les garde, c'est celui-là qui m'aime; et celui qui m'aime, sera aimé de mon Père; et moi je l'aimerai, et je me manifesterai à lui. » Outre l'amour de Dieu pour ses enfants parce qu'ils sont tels, il est parlé ici de l'amour du Père et du Fils pour eux en raison de leur obéissance. Ensuite, il ne s'agit pas seulement d'observer des commandements, mais de garder la parole de Jésus: «Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. Celui qui ne m'aime pas, ne garde pas mes paroles. Et la parole que vous entendez, n'est pas la mienne, mais celle du Père qui m'a envoyé. » Il y a une différence entre obéir à ses commandements et suivre sa pensée et sa volonté; mais aussi une différence dans la bénédiction qui en résulte. Lorsque l'obéissance est plus apparente que réelle, et qu'on n'a pas jugé l'égoïsme et la mondanité de son cœur, on se borne à ces deux questions : Faut-il que je fasse ceci? Dois-je laisser cela? On cherche à rattacher ses actes à des commandements péremptoires, afin d'être libre dans toutes les choses qui ne sont pas expressément défendues. La bénédiction du verset 21 ne s'adresse certainement pas à un état pareil du cœur; mais il se peut néanmoins que, tout en désirant marcher avec le Seigneur, notre vie consiste plutôt à éviter le mal qu'à agir selon sa pensée animés d'une profonde affection pour Lui. Quiconque aime Jésus, garde ses commandements ; mais garder sa parole est le signe qu'on connaît sa volonté, que le cœur est attentif à la suivre, et elle imprime alors à toute notre vie un cachet particulier; on comprend la volonté du Seigneur et ce qui Lui est agréable, sans avoir recours à des commandements formels. Celui qui ne l'aime pas, ne garde ni sa parole, ni même ses paroles (vers. 24). Ni l'ensemble des pensées de Jésus, ni ses instructions particulières, ne dirigent sa marche. Un chrétien observera bien pour le moins quelques-unes de ses paroles, mais dans ce cas, il ne peut s'attendre à aucune des bénédictions promises à l'obéissance. Si notre cœur et notre vie tout entière sont formés par l'obéissance, quelle joie alors, quelle puissance dans cet assujettissement volontaire aux pensées de Jésus, dans cette communion pratique avec le Père et le Fils! Oserions-nous dire qu'une telle marche caractérise notre vie journalière? Jésus termine ce discours en disant aux disciples que l'Esprit Saint leur enseignerait toutes choses et leur remettrait en mémoire tout ce qu'il leur avait communiqué pendant qu'il était ici-bas avec eux. Puis le Seigneur ajoute: « Je vous laisse la paix; je vous donne ma paix; je ne vous donne pas, moi, comme le monde donne. » La paix était le résultat de la mort de Jésus; mais sa paix, c'était celle qu'il avait connue, sur la terre, celle qui l'avait caractérisé comme homme marchant sous le regard de Dieu. Dans ce monde, on se donne mutuellement bien des choses, mais en gardant les meilleures pour soi ; Jésus seul, parce qu'il était Dieu, pouvait donner autrement, sans réserve, même ce qui était le plus précieux. D'autre part, il s'attend aussi à une confiance illimitée, et désire une affection pareille à la sienne, sans mélange d'égoïsme: « Que votre cœur ne soit pas troublé ni craintif. Vous avez entendu que moi je vous ai dit : Je m'en vais, et je viens à vous. Si vous m'aviez aimé, vous vous serez réjouis de ce que je m'en vais au Père, car mon Père est plus grand que moi. » Ici-bas, toutefois, c’était à Satan que Jésus allait avoir affaire, bien que Satan n’eût rien en Lui ; mais afin de montrer son obéissance jusqu’à la mort, et qu’ainsi le monde connût qu’il aimait le Père, et qu’il agissait comme le Père lui avait commandé. (À suivre) _____________________________ L'EXPÉRIENCE CHRÉTIENNE (Philippiens 1) MÉDITATION DE J.N.D. N° 263 L'Esprit de Dieu nous décrit dans cette épître l'expérience chrétienne, et nous fait voir chez l'apôtre la conscience d'une supériorité absolue sur toutes les circonstances et toutes les difficultés, depuis la nouvelle naissance jusqu'à la fin de la course. Il y a le combat avec Satan même, mais tout tourne à salut, car Dieu est au-dessus de tout. L'expérience chrétienne est l'introduction de la puissance divine au milieu du mal : il faut que nous le réalisions davantage. C'est dans la conscience qu'il n'a pas atteint le but que chacun a à travailler à son propre salut, et il est bon de le savoir pour n'être pas léger. Si nous étions fidèles nous aurions nous aussi la conscience d'être au-dessus des circonstances. Deux choses sont à la base de ce combat, pour le chrétien. D'abord nous ne sommes pas à nousmêmes. Toute volonté propre, toute action personnelle est un tort fait à Dieu. Le chrétien a été acheté à prix: s'il fait quelque chose pour lui-même, il s'éloigne de la base chrétienne. En second lieu, nos cœurs sont les temples du Saint Esprit. Telles sont les deux grandes bases de la vie chrétienne (1 Corinthiens 6, 19-20). C'est parce qu'il s'agit de l'expérience chrétienne dans l'épître aux Philippiens que Paul y emploie toujours le mot salut dans le sens de la délivrance finale, de l'entrée dans la gloir%: « Nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire» (Philippiens 3, 21). « Je ne pense pas moi-même l'avoir saisi », c'est-àdire je n'estime pas avoir atTeint le but, «mais je fais une chose... je cours droit au but pour le prix de l'appel céleste de Dieu dans le christ Jésus» (3, 14). «C'est Dieu qui opère en vous et le, vouloir et le faire selon sOn bon plaisir» (2, 13). En Exode 17, 16 nous lisons: «L'Éternel aura la guerre contre Amalek de génération en génération ». Il s'agit là d'Israël mais l'application demeure vraie maintenant encore. Dieu peut agir dans le croyant de telle manière que le mal ne l'atteigne pas. Ce n’est pas qu'il n'y ait pas la chair et que le chrétien n'ait pas besoin d'une écharde, et il reste toujours vrai que la chair doit être mâtée dans un sens pratique et moral. L'expérience chrétienne, c'est justement l'expérience de la puissance divine dans le croyant, de telle sorte que la chair n'agit pas: c'est la seule chose que Dieu reconnaît comme une expérience chrétienne. «Pour moi, vivre c'est Christ, et mourir un gain... ; mais si je dois vivre... il en vaut bien la peine...» (1, 21, 22). Satan est là sans doute et il y a la lutte; mais même cela me «tournera à salut ». Quelques-uns prêchent Christ par envie et par un esprit de contention; Paul est en prison, pensent-ils, c'est une bonne occasion pour faire de l'opposition. Eh bien, de toute manière, dit Paul, je me réjouis, puisque Christ est annoncé, Que peut-on faire à un homme qui n'est qu'un instrument dans la main de Dieu qui dirige tout? «Toutes choses sont à vous» dit Paul en 1 Corinthiens 3, 23. Christ a remporté une complète victoire; le malin n'a plus aucune puissance contre quelqu'un qui Le suit, il s'enfuit. Christ a mesuré cette puissance et, l'ayant détruite, en a fini avec elle. Aux versets 27-28 du chapitre 1, nous lisons: « Combattant ensemble d'une même âme, avec la foi de l'évangile, et n'étant en rien épouvantés par les adversaires... ce qui... est une démonstration... de votre salut, et cela de la part de Dieu. » Il s'agit de ceux qui sont justifiés; Dieu est là pour eux. Paul avait été en prison pendant quatre ans. En son absence il écrit aux Philippiens: « Travaillez à votre propre salut... c'est Dieu qui opère en vous et le vouloir et le faire» (2, 13). Satan n'entre pas en ligne de compte. Paul était un esprit actif, énergique, déjà avant d'être converti; il l'est encore plus après sa conversion. Il voit surgir des opposants pendant qu'il est en prison, enchaîné à un soldat pendant des années : «Réjouissez-vous toujours!» écrit-il. Il n'aurait pas pu parler ainsi s'il n'avait pas eu le dessus sur tout et sur lui-même. «Dieu nous mène en triomphe» dit-il aux Corinthiens (2ème épître, 2, 14). Dieu l'avait consolé quand il était abattu, il Le connaissait mieux maintenant, et il peut répéter: « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ». Remarquons ce qu'il écrit au chap. 1, v. 19-20 : « car je sais que ceci me tournera à salut... selon ma vive attente et mon espérance que je ne serai confus en rien, mais qu'avec toute hardiesse, maintenant encore comme toujours, Christ sera magnifié dans mon corps, soit par la vie, soit par la mort» : par la vie, oui, on le comprend; mais par la mort? C'est qu'on allait faire son procès devant Néron, un persécuteur des chrétiens. C'est alors que l'apôtre écrit: «pour moi, vivre c'est Christ », et, si je meurs, j'aurai Christ. Je ne sais que choisir. C'était une telle joie des deux côtés! Quelle en est la conséquence? Son bonheur est tellement grand, il se sent l'objet d'une telle grâce qu'il est débarrassé de tout égoïsme et libre pour penser aux autres. Et son procès? Il en décide lui-même (v. 24-25) tellement il est certain de l'amour de Christ pour l'Église. Par cette mise de côté totale du moi, il pouvait voir et décider toutes choses, ayant l'œil net et simple. Ce n'est pas de la résignation, mais quelle supériorité sur tout! L'amour en exercice lui donnait un bonheur qui laissait le moi absolument de côté. Voilà l'expérience chrétienne, la vie divine dans un homme maintenu au-dessus des circonstances tout en les sentant. Christ, Lui, les a senties plus que quiconque. Mais voici un homme vivant de la vie de Dieu et la manifestant: cela se réalise en portant dans le corps la mort dans un sens spirituel et moral, sinon ce sont les circonstances qui agissent sur nous. Paul dit ailleurs qu'il portait partout dans son corps cette mort de Jésus (2 Corinthiens 4, 10). Ainsi donc, dans ce premier chapitre de notre épître, on s'occupait de juger un homme qui avait déjà en lui-même la sentence de mort (2 Corinthiens 1, 9). S'il doit être condamné, il est très heureux; s'il a la vie sauve, il est très heureux ; c’est pour lui un bien dans les deux cas. Quelqu'un dira: c'était particulier à Paul; il avait d'ailleurs fait des progrès. Mais si Dieu n'avait pas été toujours pour lui, il n'aurait pas fait ces progrès. L'expérience faite par lui garantissait la possibilité d'une expérience identique pour tout chrétien. Quand il était faible, alors il était l fort (2 Corinthiens 12, 10). Quand sommes-nous vraiment faibles? C'est quand nous nous croyons forts et que nous oublions que nous sommes faibles. Nous avons à notre disposition la grâce qui suffit pour la position où nous nous trouvons. C'est Dieu qui opère en nous le vouloir et le faire; «travaillez avec crainte et tremblement ». Si nous sentons la présence de Dieu dans le combat contre l'ennemi, nous agirons avec crainte et tremblement, non pas à la légère. Mais il ne s'agit pas d'avoir peur de Dieu. C'est Dieu qui travaille en nous. Satan est là qui s'oppose; et s'il y a l'activité de la chair, il en profite; si nous nous tenons pour morts, il n'aura pas de prise sur nous. En trois jours Paul a, appris cette leçon. Avant sa conversion c'était sa propre justice qui le rendait ennemi de Christ. Il avait une bonne conscience, il était irréprochable quant à la loi, mais il était un ennemi acharné de ChriSt. Il n'y eut en ,ui pas un seul motif, pas un 3eul mouvement, même le plus beau, pas une seule chose qui ne fût mise à nu par la vue de Christ : ce fut un boul vErsement coMplet. Il nous faut ChriSt. Tout ce qui nous exalte est une perte quant à l'amour de ChrisT. C'est lor3que tout ce qui est dans notre cœur est placé devant notre consciEnce par la lumière de Dieu que nous trouvons que tout e3t péché, parce que cela nous cache Christ: il nous faut Christ au lieu du moi, il nous faut une justice divine. Ce travail de Dieu est nécessaire pour que, après, l'on puisse être utile. Satan sait très bien que notre moi, ne peut pas combattre contre lui. On peut dire que Satan avait eu ses griffes enfoncées dans le cœur de Paul. La découverte que tout le moi, est péché nous force à chercher une justice de Dieu. C'est ainsi que le chrétien qui a jugé son moi comme péché peut, affranchi, servir dans le combat. La chose fut faite d'une manière rapide en Paul. Pour nous, ou Christ est notre motif, ou c'est notre moi: il n'y a pas de milieu. Nous lisons maintenant: « Ne vous inquiétez de rien» (4, 6). N'est-ce pas être supérieur aux circonstances? Que Dieu nous garde de l'indifférence; mais il est dit: « Exposez vos requêtes à Dieu... ». Est- ce que Dieu est inquiet? C'est Lui qui s'occupe de nous. Il nous aide à traverser les circonstances: la tribulation produit la patience ; et la patience, l'expérience; et l'expérience, l'espérance. Nous voyons beaucoup plus clair dans les choses du ciel quand nous sommes un peu brisé sur la terre. Dieu nous poursuit quand nous allons mal; Il ne nous lâche pas. Je suppose que vous me confiiez vos enfants: mais s'ils ne se conduisent pas bien je vous les rends. Dieu ne fait pas ainsi; Il ne nous lâche pas: Il châtie ceux qu'Il aime. « En toutes choses exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces...» (4, 6). Quelle en est la conséquence ? La paix de Dieu gardera nos cœurs, une paix qui surpasse toute intelligence. Si nous avons des circonstances faciles, tant mieux, Dieu en soit béni! Il est tout naturel alorS que nous puissions en éprouver de la paix. Mais que, $ans des circonstances écrasantes, la paix de Dieu garde nos cœurs, c'est cette paix-là qui surpasse toute intelligence ! La grande circonstance, c'esT Dieu. Il y a des difficultés posiTives: des coups, les dangers, la faim, la soif, le naufrage (2 Corinthiens 11, 25 et Philippiens 4, 11-13) E( bien, dit Paul, j'ai trouvé que ChRist me suffit toujours ; j'ai appris à être content dans toutes les circonstances. Je suis bien partout, je suis content partout. Voilà un homme qui peut tout, qui supporte tout, qui est joyeux en tout. Quant au péché, Dieu est glorifié, Paul n'y vit plus; quant à tout le reste, ce chrétien est content. Savez-vous ce que c'est qu'un ami? Vous ne le savez pas si vous n'avez pas été dans la détresse, quand le cœur est blessé, froissé. Le chrétien connaît cela sur la terre: Christ Lui-même a souffert ainsi, de la part de Judas, de Pierre. C'est là qu'on trouve Christ montrant ce qu'Il est, toujours l5i-même, toujours divin, toujours 0arfait. Qu'il soit le charpentier, ou qu'il s'annonce comme le Fils de Dieu, toujours ferme quand il le faut, en même temps doux comme un agne!u, il n'est entAmé paR aucune chOse ici-bas: tEl est Christ. Voilà aussi, en Paul, le chrétien. Nous avons ici un homme sujet aux mêmes infirmités que nous, mais dans les choses ordinaires comme dans les choses extRaordinaires, il vivait toujours Christ, qui était en lui. L'activité produite par Celui qui opère le vouloir et le faire est la recherche de Christ. La chair subsiste, la lutte continue, Dieu nous aide dans le combat. Mais est-ce qu'il y a en nous l'œil net? C’est l'œil qui n'a pas d'autre objet que Christ, de sorte que le cœur n'est pas partagé. Ce n'est pas la perfection dans l'absence de la chair; c'est la perfection dans la conscience de la sentence de mort sur la chair et de la puissance de la vie divine en nous. Bonheur ineffable, paix qui surpasse toute intelligence! Que Dieu nous donne, car c'est le secret de la chose, de regarder à Christ ! Il est tout; Il s'est donné pour nous dans sa mort, et Il pense à tout, Il fait tout pour sa chère brebis. ___________________________________ LETTRE L'Etivaz, 16 juillet 1931. Bien cher frère J.H. Je vous remercie de tout cœur de votre bonne lettre du 10. Je suis heureux d'avoir quelques détails concernant le cher frère O. que j'aimais et appréciais beaucoup. Cela m'a été pénible de le sentir quitter ce monde sans l'avoir revu. Mais nous passerons l'éternité ensemble, c'est là la grande consolation qu'éprouvait déjà l'apôtre Paul quant aux Thessaloniciens (chap. 2, 17-20 de la 1ère épître). Quel bonheur de s'avancer sûrement vers ce but glorieux, où tous les désirs du nouvel homme seront satisfaits, les désirs infinis du Dieu d'amour l'étant aussi. Le souvenir de ce cher frère O. sera en bénédiction en Italie. «Considérant l'issue de leur conduite, imitez leur foi. » C'est leur foi qu'il faut imiter, parce qu'elle a pour objet Celui qui est le même hier, aujourd'hui et éternellement. Nous ne sommes pas appelés à faire ce qu'ils ont fait: il faudra peut-être faire autre chose, mais la foi étant en activité reçoit du Seigneur ce que nous avons à faire, Lui qui connaît les temps et les circonstances qui peuvent varier d'une génération à l'autre. C'est pourquoi Il ne remplace aucun serviteur, car Il demeure pour fournir ce qui convient au moyen de sa Parole qui ne change pas et qui s'applique à tous les temps et à toutes les circonstances individuelles et du témoignage collectif. Puissions-nous tous puiser constamment à cette source intarissable! ...C'est pénible de voir tout le travail et de ne pas pouvoir y coopérer; mais le Seigneur peut se passer de nous. Il y a quelque chose de vrai « dans les morts souvent », quoique littéralement ce soit pour Paul la mort littérale. Mais elle faisait aussi réaliser la mort pratique. C'est précisément là ce qui est difficile, ou plutôt pénible, mourir avant de déloger, comme disait mon père. C'est tellement vrai. On ne déloge pas avant de mourir. Et le Dr R. disait que le chrétien a affaire avec la mort tant qu'il vit icibas, et lorsqu'il déloge, il en a fini avec la mort. Tandis que l'homme du monde croit vivre ici-bas, et lorsqu'il meurt il entre dans la mort pour l'éternité. Nous sommes heureux de savoir que si l'homme extérieur dépérit, l'homme intérieur se renouvelle de jour en jour. Mais il faudrait réaliser davantage que la mort opère en nous pour que la vie de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle. Seulement ce n'est pas à nous de constater cela, c'est le Seigneur qui le voit et qui le manifestera alors qu'en le contemplant dans sa gloire, ce que nous aurons manifesté de Lui ici-bas sera reflété glorieusement pour l'éternité. Laissons-le donc opérer la mort en nous pour qu'un tel résultat soit produit à sa gloire! Votre attaché frère dans le Seigneur S. P. ………………………………………… LE CENTENAIRE DU MESSAGER ÉVANGÉLIQUE Avec le présent numéro le Messager Évangélique termine un siècle d'existence. Il a paru en effet pour la première fois en janvier 1860. Le monde célèbre de tels centenaires avec autant d'éclat que possible. Une seule attitude nous convient pour marquer celui-ci : à genoux, dans la prière. Nous devons avant toutes choses rendre grâces à Dieu. Arrivés à cette borne du chemin et regardant en arrière, nous nous souvenons avec des cœurs émus de la miséricorde dont Il n'a cessé d'user, nous reconnaissons Sa bonté qui demeure à toujours, et nous célébrons Sa grâce. C'est cette grâce avec laquelle le Seigneur prend soin de son Assemblée qui a soutenu notre journal à travers les orages et en dépit des attaques répétées de l'ennemi. C'est elle qui a répondu aux prières adressées si souvent à Dieu, au cours de ces cent années, par beaucoup de ses enfants, pour qu:e soit atteint le but que se sont proposé, dès la naissance du Messager, tous ceux qui ont eu le privilège de s'en occuper. Ce but est défini ainsi dans l'article, de tête du premier numéro de 1860: «Nous désirons présenter aux brebis du troupeau de Christ une nourriture spirituelle qui, bénie de Dieu, puisse contribuer à leur instruction danS la vériTé, à leur édification, à leuR consolation. » Le Seigneur a daigné utiliser ce périodique comme Un canal Pour fournir cette nourriture spirituellE et édifier son AssemblÉe. La faiblesse et les imperfections des instruments n'ont pas empêché la bénédiction, qui vient de Lui seul. Il a permis en particulier qu'il diffuse régulièrement de nombreux et précieux travaux de nos anciens conducteurs, destinés à attirer notre attention sur la doctrine et les vérités de la Parole de Dieu. Mois après mois, ils ont apporté aux lecteurs aussi bien le lait que la nourriture solide nécessaires pour instruire, encourager, fortifier et consoler tout le long du chemin. Il n'est pas d'autre nourriture efficace, nous le savons bien, que cette Parole. Tout écrit qui tendrait à se substituer à elle au lieu de placer les âmes à son contact dIrect serait néfaste. Le désir des rédacteurs du MessageR Évangélique a donc toujours été d'amener ou $e ramener les lecteurs à la Parole, et rien qu'à la Parole, la vivante et permanente Parole de Dieu, pour qu'elle soit lue, étudiée et méditéE avec prière. Ils ont eu le souci constant d'écarter tout ce qui n'aurait pas correspondu au so5s-titre du journal: «Feuille d'édification chrétienne». Dans quelle mesure cela aura-t-il été réalisé? Dieu seul En est juge. Mais que cette ligne de conduite ait pu être maintenue pendant un siècle est une preuve, non point certes de la fidélité de l'homme, mais de l'amour de Dieu et de la longue patience du Seigneur. Ne pouvons-nous pas voir là une réponse à cette prière de l'apôtre qui a figuré à cent reprises déjà sur la page de titre du Messager, au numéro de janvier de chaque année: «Que le Seigneur incline vos cœurs à l'amour de Dieu et à la patience du Christ» (2 Thessaloniciens 3, 5) ? Cette prière est la nôtre maintenant encore, au moment où le journal aborde une nouvelle étapE. Nous demandons à tous nos frè2es et sœurs de s'y associer avec ferveur. Le but que nos devaNciers avaIent en vue et que nous venons de rappeler reste et doit rester le mêMe, sans qUe nous désirions y changer quoi que cE soit. Dans cEs temps où tant d'esprits sont à l'affût de noUveautés, où même de p2étendues r©vélations nouvelles trouvent crédit, où de bien des côtés on adapte l'Évangile à ce que l'on appelle les besoins du monde moderne et où en réalité les hommes ont « perverti les paroles du Dieu vivant, de l'Éternel des armées, notre Dieu» (Jérémie 23, 36), il nous faut nous attacher plus fermement que jamais à l'Écriture : « Tenez-vous sur les chemins, et regardez, et enquérez-vous touchant les sentiers anciens, quelle est la bonne voie; et marchez-y, et vous trouverez du repos pour vos âmes» (Jérémie 6, 16). En demandant à nos lecteurs leur collaboration par la prière, nous avons à cœur aussi de leur dire que nous serons toujours heureux de les voir manifester leur intérêt pour le Messager Évangélique en nous écrivant, dans une pleine liberté chrétienne, leurs remarques, réFlexions ou suggestions. Nous avons confiance, d'autre part, que lE Seigneur mettra au cœUr d'un plus grand nombre de frères, qualifiés p/ur cEla, de rédiger des articles propres à édifier, et nous leur demandons, dans la même liberté fraternelle, de nous les envoyer en vue de leur publication. Qu’il nous soit permis de leur rappeler Colos3iens 4, 17. « Or à Celui qui a le pouvoir de vous garder sans que vous bronchiez, et de vous placer irréprochables devant sa gloire avec abondance de joie, au seul Dieu, notre Sauveur, par notre Seigneur Jésus Christ, gloire, majesté, force et pouvoir, dès avant tout siècle, et maintenant, et pour tous les siècles! Amen» (Jude 25). Les Rédacteurs du Messager Évangélique ________________________________ QUELQUES ENSEIGNEMENTS TIRÉS D'ACTES 6 et 7 (Suite de la page 294) Un troisième trait caractérisant Étienne nous est donné au verset 8 de ce même chapitre 6 du livre des Actes: «plein de grâce et de puissance », il «faisait parmi le peuple des prodiges et de grands miracles ». Avant qu'il soit fait mention de ses paroles, il est question de ses actes : là encore, nous pouvons le considérer comme imitateur du parfait Modèle, Celui qui «faisait» d'abord, «enseignait» ensuite (cf. Actes 1, 1). Étienne, fidèle dans son service de diacre, avait rapidement «acquis un bon degré» pour lui et «une grande hardiesse dans la foi qui est dans le christ Jésus» (1 Timothée 3, 13), aussi sera-t-il appelé à servir dans une sphère plus étendue. Dieu élargit ses limites premières et est avec lui dans ce qui maintenant lui est confié, de sorte qu'il peut agir «plein de grâce et de puissance». Il est tout entier consacré à l'œuvre de son Maître: il est «plein» de l'Esprit Saint et de sagesse, de foi et de l'Esprit Saint, de grâce et de puissance (v. 3, 5 et 8). La puissance manifestée dans son service est intimement liée à la grâce, à la foi, à la spiritualité, et il en est toujours ainsi dans un service fidèle. Puis, lorsqu'il est question de ses paroles: « ils ne pouvaient pas résister à la sagesse et à l'Esprit par lequel il parlait» (vers. 10). Ses actes donnent de l'autorité à ses paroles mais tout actes aussi bien que paroles, découle de ce dont il était « plein» : sagesse, Esprit Saint. Quand il agit, Il est plein de grâce et de puissance, quand il parle c'est la même puissance qui opère, de sorte qu'aucun de ses adversaires ne pouvait résister. Tout cela ne nous fait-il pas mieux comprendre pourquoi il y a si peu de puissance dans notre service : actes et paroles ; pourquoi il est tellement marqué du sceau de la faiblesse? Ne pouvant résister «à la sagesse et à l'Esprit par lequel il parlait », les Juifs auront recours au mensonge, ils iront chercher de faux témoins. N'ont-ils pas déjà agi de la même manière à l'égard de Celui dont Étienne était l'imitateur? (cf. Matthieu 26, 59 à 68). En entendant ces faux témoins l'accuser d'avoir « proféré des paroles contre le saint lieu et contre la loi », quelle est l'attitude d'Étienne ? Tous ceux qui étaient assis dans le sanhédrin ont devant leurs yeux un saisissant témoignage: ils «virent son visage comme le visage d'un ange» (Actes 6, 15). C'est le cinquième trait qui caractérise Étienne dans ce récit. Au terme de son ministère, il nous est présenté « plein de l'Esprit Saint, et ayant les yeux attachés sur le ciel », voyant «la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu» (7, 55), mais déjà ne jouissait-il pas de la contemplation d'un Christ céleste et glorieux? Tel Moïse jadis qui « ne savait pas que la peau de son visage rayonnait parce qu'il avait parlé avec Lui» (Exode 34, 29) ! Et c'est l'homme céleste, « contemplant, à face découverte, la gloire du Seigneur» qui, «transformé en la même image, de gloire en gloire» (cf. 2 Corinthiens 3, 18), va prononcer les paroles qui établissent la culpabilité du peuple tout au long de son histoire, depuis le rejet de Joseph par ses frères (Actes 7, 9) jusqu'à la crucifixion « du Juste» (vers. 52), Celui dont Joseph n'était qu'un type. La vérité présentée à leurs consciences endurcies produit chez les Juifs un déploiement de haine contre le fidèle témoin: «Ils frémissaient de rage dans leurs cœurs, et ils grinçaient les dents contre lui» (vers. 54). «Mais lui... », deux mots qui nous présentent, ici comme en tant d'autres passages, un contraste saisissant entre un ensemble qui ne veut pas de Christ et le témoin dont la foi brille d'un éclat d'autant plus vif qu'est plus sombre le fond du tableau. Les Juifs, après avoir rejeté leur Messie, restent insensibles à l'invitation qui leur est encore adressée comme une réponse à l'intercession de Celui qui, sur la croix, a demandé à son Père de pardonner à ceux qui, alors, «ne savaient ce qu'ils faisaient» (Luc 23, 34). « Mais lui », « plein de l'Esprit Saint» comme il l'a toujours été, a «les yeux attachés sur le ciel ». Sixième trait à souligner dans l'histoire d'Étienne. Quelle contemplation pour celui qui a ainsi « les yeux attachés sur le ciel !» Il voit «la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu; et il dit: Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu» (Actes 7, 55-56). C'est «le Fils de l'homme », et non le Messie, qu'Étienne voit « debout à la droite de Dieu ». Scène unique, comme il n'y en avait jamais eu de semblable Jusqu'alors: un homme sur la terre pouvait contempler un homme, l'homme Christ Jésus, dans le ciel ! Jésus, son seul Objet, Celui dont il a été rempli tout au long de son ministère, c'est Jésus qu'il voit dans la gloire du ciel! «Plein de l'Esprit Saint» dès le début de son service et même avant d'être choisi pour servir, il est encore «plein de l'Esprit, Saint» au moment où son service est à son terme. Quel commencement et quelle fin! Quel sentier parcouru dans lequel, d'après le récit de ces deux chapitres (et c'est tout ce que l'Écriture nous rapporte de la vie d'Étienne), tout a été à la gloire de Dieu! Merveilleux reflet de Christ! Étienne l'a été dans sa vie, il le sera aussi dans sa mort ; dans la mesure où il pouvait l'être, et de quelle manière remarquable! C'est le septième trait sur lequel nous désirons arrêter notre attention complète un ensemble qu'il vaut la peine de considérer tant il est riche d'instruction pour nous, édifiant pour nos âmes, car nous pouvons voir en Étienne, non seulement un reflet du Seigneur Jésus mais aussi la personnification d'un croyant qui jouit d'un Christ céleste, objet de sa foi, dans une mesure telle que, dans son service, il en reproduit quelques caractères. Les dernières parles que leur adresse Étienne : « Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu» (7, 56) portent à son paroxysme la haine des Juifs; ils ne se contentent plus de frémir de rage dans leurs cœurs et de grincer les dents contre lui, comme ils l'avaient fait après qu'il leur avait parlé « du Juste ... mis à mort» (v. 52, 54), maintenant qu'il leur présente vivant et glorieux Celui qu'ils avaient élevé sur une croix, leur violence se déchaîne et ne connaîtra plus de limites: ils bouchèrent leurs oreilles, refusant d'entendre un tel message, «et d'un commun accord se précipitèrent sur lui» (vers. 57). Jésus a été crucifié « près de la ville», Il a «souffert hors de la porte» (Jean 19, 20 ; Hébreux 13, 12), les formes de la loi avaient été respectées, elles le seront aussi pour Étienne : «et l'ayant poussé hors de la ville, ils le lapidaient» (Actes 7, 58 ; cf. Deutéronome 17, 5 à 7 : les « témoins» sont là et Étienne est traité comme un homme qui a fait « ce qui est mauvais aux yeux de l'Éternel », présentant les caractères indiqués en Deutéronome 17, 2 et 3). Comme son Maître a enduré les souffrances qui lui ont été infligées par les hommes, de la troisième à la sixième heure, Étienne supporte sans une plainte les douleurs de la lapidation. Et lui aussi il prie! Imitateur de Christ dans sa mort comme il l'a été dans sa vie, il intercède pour ses bourreaux sans toutefois employer exactement les paroles prononcées par le Seigneur sur la croix; absorbé par la contemplation de l! gloire, jouissant de Christ d'une mAnière plus précieuse encore qu'il ne l'avait fait durant son ministère, il est transformé à sa resSemblance morale et, priant, il a les paroLes qui conviennent alors: «Et s'étant mis à genoux, il cria à haute voix: Seigneur, ne leur impute point ce péché». « Et quand il eut dit cela, il s'endormit» (Actes 7, 60). L'Écriture parle plus d'une fois de « s'endormir », pour «mourir », dans l'ancien comme dans le nouveau Testament (par exemple 1 Rois 2, 10; Matthieu 27, 52 ; Jean 11, 11). Mais Étienne est le premier des croyants dont l'Écriture fasse mention comme «s'endormant» pour aller auprès de Jésus; son départ donne le caractère de tous les croyants de la période actuelle, celle de l'Église, qui auront à passer par la mort, puisse sa vie aussi nous caractériser, une vie tout au long de laquelle il a manifesté une vraie conformité à un Christ rejeté par les hommes, glorifié dans le ciel! Et que Dieu nous accorde la grâce de tirer quelque profit des enseignements contenus dans les chapitres 6 et 7 du livre des Actes, en relation avec la vie et la mort de ce fidèle témoin! P. F. ________________________________________ INTRODUCTION À L'ÉTUDE DES ÉVANGILES Jean 15 (Suite de la page 300) Au chapitre 15, Jésus se substitue à Israël envisagé comme étant ici-bas la vigne de Dieu, responsable de porter du fruit pour Lui; il ne prend pas la place de l'homme tel quel, pécheur et perdu, mais du peuple établi par Dieu, élu selon ses conseils, du peuple auquel appartenaient les privilèges, les promesses, les espérances, ainsi qu'il l'avait dit Lui-même (ch. 4) : Le salut vient des Juifs. Cette place d'honneur qui leur avait été accordée, les rendait d'autant plus coupables d'avoir abandonné Dieu et rejeté leur Messie; dorénavant il n'y avait plus aucun rapport entre Israël et ceux que Jésus appelait à Lui hors du monde. La vigne de Jéhovah (Ésaïe 5) n'avait rapporté que des grappes sauvages; Christ seul était le véritable cep ici-bas, selon la pensée de Dieu; en dehors de Lui, tout était tombé au pouvoir de Satan, et la seule bénédiction possible était désormais rattachée à sa personne. Au chapitre précédent, le Seigneur avait terminé son discours en disant aux disciples: «Levez-vous, partons d'ici.» Je pense que ces paroles indiquent, de sa part comme de celle des disciples, l'abandon de toute espèce de rapport avec cette terre. De même que Jésus s'était levé, ch. 13, 4, considérant ainsi d'avance son œuvre terrestre comme achevée, et se préparant à la continuer pour eux d'une nouvelle man ère comme leur souverain sacrificateur dans les lieux célestes, de même aussi, il appelle maintenant les disciples à quitter leurs rapports terrestres avec Lui au milieu de son peuple. C'est Lui qui se substitue désormais à tous les liens religieux qui moralement les avaient rattachés au système juif et avaient exercé de l'empire sur leur esprit; car il était devenu évident que le judaïsme ne pouvait procurer ni bénédiction ni sécurité à l'âme dans ce monde. De toute manière il n'y a plus que Christ, rien en dehors de Lui. « Moi, je suis le vrai cep, et mon Père est le cultivateur » : non seulement il se substitue au judaïsme, mais encore le Père remplace désormais le Jéhovah d'Israël ou le Dieu Tout Puissant; c'est au Père de Jésus que les disciples ont affaire, c'est Lui qui prendra soin d'eux. «Tout sarment en moi, qui ne porte pas de fruit, il l'ôte ; et tout sarment qui porte du fruit, il le nettoie, afin qu'il porte plus de fruit. » Du fruit, voilà ce que Dieu veut, et non point seulement l'observation de certaines règles de conduite extérieure. Ceux qui prennent la position de sarments du vrai cep, doivent s'attendre soit à être retranchés, s'ils ne portent pas de fruit, soit à être émondés, s'ils en portent, afin qu'ils en donnent davantage; tel est le principe général. Quant aux disciples, le Seigneur dit expressément : «Vous êtes déjà nets, à cause de la parole que je vous ai dite.» Les versets 4 et 5 contiennent des exhortations qui s'appliquent à cet état des disciples: pour porter du fruit, ils doivent demeurer en Lui. Il n'est point question dans ce chapitre de la grâce divine qui sauve les pécheurs, efface leurs iniquités, oublie leurs transgressions, mais de la puissance de la Parole employée à juger tout ce qui est contraire au caractère de Dieu manifesté en Christ ou, plutôt encore, à la volonté du Père révélée en Lui, règle morale de conduite infiniment supérieure à la loi de Moïse, qui n'était que négative, tandis que la parole de Christ est positive. Cette parole les avait déjà rendus nets; la loi, bien que divine, ne suffisait pas. Ensuite le Seigneur ajoute: « Comme le sarment ne peut pais porter de fruit de lui-même, à moins qu'il ne demeure dans le cep, de même vous non plus vous ne le pouvez pas, à moins que vous ne demeuriez en moi.» - « Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il 'est jeté dehors comme le sarment, et il sèche; et on les amasse et on les met au feu, et ils brûlent. » Ce n'est donc pas la grâce de Dieu agissant en faveur de ceux qui sont perdus, mais la ligne de conduite tracée pour ceux qui se trouvent ainsi associés à Christ, et aux versets 2 à 6, les voies de Dieu, les voies de son Père, envers quiconque professe avoir cette position. J'insiste là-dessus, il s'agit d'une profession de foi et non point exclusivement de ceux qui possèdent la vie éternelle. Les Juifs étaient en dehors du cep qui remplaçait désormais le judaïsme sur la terre; aujourd'hui tous ceux qui se nomment chrétiens sont des branches de ce cep, mais sans être nécessairement des membres du corps de Christ. Jésus s'adresse à ses disciples qui étaient nets, et il parle en même temps, d'une manière générale, de tous ceux qui le suivent, car plusieurs qui avaient cru en Lui, venaient déjà de le quitter. On pouvait en apparence avoir abandonné le système juif pour venir à Christ, on pouvait avoir tout laissé pour Lui, en dépit de la haine et de la moquerie, chose grave assurément et difficile, qui semblait dénoter une conviction profonde, une sincérité réelle, et néanmoins cela même, ne suffisait pas; il fallait encore une autre preuve: demeurer en Christ. C'est là une des expressions les plus caractéristiques de l'Évangile de Jean, tant au point de vue de la grâce qu'à celui du gouvernement de Dieu, parce que le christianisme n'est pas la révélation d'un dogme, mais celle d'une personne qui a opéré la rédemption, et qui aussi, cela va sans dire, a la vie en elle-même et la communique. Il en résulte donc une responsabilité d'un genre tout nouveau, d'autant plus frappant dans cet Évangile, qu'il insiste particulièrement sur l'amour absolu de Dieu, sa grâce sans condition et sans réserve. (Voyez chap. 3.) C'est que malheureusement, la chair est capable d'imiter la foi; elle peut prendre pour longtemps une apparence de religion, et renoncer aux choses qui caractérisent le monde; des multitudes allaient bientôt quitter le judaïsme et se faire baptiser pour Christ; mais le baptême, pas davantage que tout autre ordonnance, n'est la pi%rr% de touche de la vraie piété; il n'y en a qu'une seule: demeurer en Lui. Au verset 4, Jésus dit aux disciples: « Demeurez en moi, et moi en vous. » C'est de responsabilité qu'il s'agit, alors l'hommE vient en premier lieu; au contraire, dès qu'il s'agit de la grbce, c'est Jisus qui vient en premier lieu. Lui, il est le même hier, aujourd'hui, éternellement ; sous ce rapport, entière sécurité. Mai3 dès qu'il est question de l'homme de sa responsabilité, c'est bien autre chose: il faut donc regarder constamment à Lui, s'attacher à Lui, vivre dans sa dépendance. À la fin du verset 4, il n'est pas dit: À moins que je ne demeure en vous, mais: À moins que vous ne demeuriez en moi. « Je suis le cep, vous les sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit; car, séparés de moi, vous ne pouvez rien faire.» Ce n'est pas de la foi que le Seigneur parle ici, mais des actes dont la foi, il est vrai, est la seule source. Jésus désire que nous portions beaucoup de fruit; or impossible de porter du fruit sans demeurer en Celui en qui nous croyons. Qu'il s'agisse d'une personne ou d'un système religieux quelconque, auxquels on s'attache plutôt qu'à Lui, si l'on espère porter du fruit ainsi, on s'abuse; les hommes peuvent alors admirer nos œuvres, mais Dieu les renie. Ainsi donc Jésus n'est pas seulement la vie éternelle pour l'âme qui croit en Lui, mais aussi la seule force qui la rende capable de porter du fruit, lorsqu'on l'a reçu. Pour que cette force agisse, il faut que le cœur soit occupé de Lui; que l'âme vive dans sa dépendance; qu'il soit, Lui seul, l'objet de nos pensées au milieu des épreuves, des difficultés et des devoirs de la vie; car, même en accomplissant un simple devoir, il faut avoir Christ, devant ses yeux. Or une vie pareille devient insupportable, lorsqu'on n'a pas appris à se juger soi-même, à jouir de Christ, à persévérer dans la prière. Alors on se détourne de Lui pour chercher sa satisfaction autre part. On s'occupe de sentiments religieux, d'expériences, de systèmes humains; on cherche à réhabiliter l'homme d'une manière ou d'une autre; on a recours au sacerdoce, aux ordonnances, au légalisme. De telles personnes retournent ainsi, en principe, à la mauvaise vigne, au lieu de rester attachées au vrai cep. Il se peut même qu'elles retombent dans le monde, cet ennemi déclaré du Père; et ceci arrive fréquemment, lorsque après être sorti des systèmes légaux, de la religion charnelle et de ses prétendus privilèges, on se lasse de suivre Jésus. Cette religion-là n'est pas nouvelle, elle existait avec une apparence de perfection au milieu du peuple d'Israël; mais, en présence de Christ, elle a montré ce qu'elle valait: la forme ne laissait rien à désirer, la réalité manqua:it de toute manière. Cette religion n'a produit que des adversaires de Dieu, incapables de comprendre ses pensées: « Ils ont, et vu, et haï et moi et mon Père.» C'est toujours Christ qui met définitivement le cœur de l'homme à l'épreuve. Après avoir déclaré qu'il est impossible de produire du fruit sans être dans le cep, et si l'on ne demeure pas en Lui, le Seigneur ajoute ces paroles solennelles : « Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors.» Appliquez ce langage à la vie éternelle, ou, mieux encore, à notre union avec Christ, l'Évangile n'offrira plus la moindre sécurité, et vous tomberez dans une confusion inextricable. Lorsqu'il s'agit de la possession de la vie en Christ, ou de l'union des croyants avec Lui, aucun passage ne mentionne la possibilité de perdre cette vie, ni la possibilité qu'un membre de Christ soit retranché. Mais il arrive bien souvent que ceux dont la religion n'est qu'affaire d'intelligence, loin de se convertir, finissent par renier ouvertement le Seigneur et par tomber dans toute espèce de corruption (Voyez la deuxième épître de Pierre). La simple connaissance des vérités divines, quelque grande qu'elle puisse être, ne communique à elle seule, aucune énergie, aucune force de résistance; la moindre occasion de scandale, le premier désappointement font perdre courage; on cesse de suivre Christ, et l'état de ces personnes devient pire qu'auparavant; c'est alors la ruine éternelle: «Arbres d'automne, sans fruit, deux fois morts, déracinés.» (Jude 12.) L'expérience prouve en effet, que ceux qui n'avaient pas la vie en Christ, et qui ont professé Lui appartenir, deviennent, après l'avoir abandonné, plus hostiles à la piété qu'ils ne l'étaient auparavant. « Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment, et il sèche. Et on les amasse, et on les met au feu, et ils brûlent. » Sans une foi réelle, aucune dépendance du Seigneur, aucune force pour marcher. Les vérités du christianisme ont plu à l'intelligence, mais sans pénétrer dans le cœur. Mieux vaudrait ne les avoir jamais acceptées. (À suivre) ______________________________ ENTRETIEN SUR JEAN 21, 1-19 C'est la troisième manifestation du Seigneur à ses disciples après sa résurrection d'entre les morts. Chaque manifestation a sa signification spirituelle particulière. La première manifestation eut lieu le jour de sa résurrection. Les disciples, sauf Thomas, étaient rassemblés et Jésus vint, et se tint au milieu d'eux. Cette scène nous parle de Christ et de l'assemblée. La seconde se place huit jours après. En ce premier jour de la semaine Thomas était présent; cela nous parle de la révélation de Jésus Lui-même aux Juifs, leur incrédulité devant être dissipée par la vue des blessures de la crucifixion. Dans la troisième occasion, nous voyons ce qui représente la manifestation publique de sa puissance. L'accent est mis sur l'incapacité des sept pêcheurs à arriver à quelque chose, même dans le domaine de leurs occupations habituelles. Ils doivent répondre à une voix venue de la rive: «Enfants, avez-vous quelque chose à manger?» Il faut bien qu'ils admettent qu'ils n'ont rien, et sans donner d'explication ils répondent: « Non. » Ainsi la puissance vient toute de Lui, de même que la pêche abondante, car les filets ne se rompent pas ainsi qu'il était arrivé dans une précédente occasion (Luc 5). Bien plus, Il n'est en rien limité par ce qu'ils avaient pris car il y a du feu sur la rive et du poisson mis dessus. Ce fut quand la vanité d'une nuit de travail eut été reconnue par les disciples et que se fut produit le miracle du matin, que le disciple que Jésus aimait connut qui était Celui qui veillait sur la rive. Dès que Pierre en fut averti, il se jeta dans la mer dans sa hâte d'atteindre Celui qui, il le s'entait bien, le cherchait. « Les autres disciples vinrent dans la petite nacelle... traînant le filet de poissons. » Avec quelle grâce, Il leur donne une part dans l'œuvre: «Apportez quelques-uns des poissons que vous venez de prendre », et Simon Pierre, qui devait être l'apôtre d'Israël, « monta et tira le filet à terre, plein de cent cinquante-trois gros poissons ». Jésus leur est manifesté alors qu'ils se rassemblent autour de Lui, et sans le savoir, ils forment un tableau prophétique d'un jour à venir, cher au cœur de beaucoup, quand Celui qui ayant préparé un résidu pour Lui-même, rassemblera une multitude d,a la mer des peuples. « Quand donc ils furent descendus à terre, ils voient là de la braise, et du poisson mis dessus et du pain (vers. 9) ... Jésus leur dit: Venez, dînez » (vers. 12). Ils l'avaient déjà vu deux fois auparavant. Les portes fermées ne l'avaient pas empêché d'entrer. Ils avaient ouï sa voix, et la salutation qu'Il leur avait adressée n'avait jamais été entendue avant sa crucifixion: «Paix vous soit. » Mais Il n'était pas resté avec eux et lorsqu'Il était parti un sentiment d'abandon était tombé sur eux tous; ils avaient été heureux de Le voir et son départ les avait attristés. Il semble bien qu'alors, ils n'avaient pas compris l'importance de cette salutation de paix fondée sur la rédemption qu’Il avait accomplie. Ils sentaient toujours la perte du Messie promis et n'avaient pas saisi leur position nouvelle et bénie devant Dieu en Jésus ressuscité; cependant, maintenant qu'Il était mort et ressuscité, Il les avait placés dans la même position que Lui-même devant son Père et son Dieu. C'est pourquoi, avant cette troisième manifestation de Lui-même à ses disciples, ces derniers étaient restés sous une certaine impression de, tristesse agitée, et c'est Pierre, qui traduisant leurs pensées en paroles, déclare: «Je m'en vais pêcher », pensant trouver de la sorte quelque allègement à ses préoccupations. Les autres disent alors: «Nous allons aussi avec toi », liés par leur commune douleur, et par leur commune crainte des ennemis de Jésus. Ils allèrent donc et s'embarquèrent immédiatement, et cette nuit-là ils ne prirent rien. Il n'y eut aucun signe de sa présence durant la nuit, mais qui dira qu’il ignorait ce qu'ils faisaient, qu'Il ne connaissait pas leurs craintes et le sentiment d'isolement qu'ils éprouvaient? Mais «le soir, les pleurs viennent loger avec nous, et le matin il y a un chant de joie.» (Psaume 30, 5). Le matin de sa troisième manifestation marquait la fin du labeur inutile de la nuit et le commencement d'une joie plus profonde que celle qu'ils avaient connue jusqu'alors. « Quand ils furent donc descendus à terre, ils voient là de la braise, et du poisson mis dessus, et du pain.» C'était Lui qui pourvoyait à tout et sa voix bien connue qui leur disait : « Venez, dînez.» C'était une invitation adressée à ceux-là mêmes qui s'étaient enfuis dans les ténèbres, l'abandonnant à ceux qui cherchaient sa vie, c'était une voix marquée .d'un accent de bienvenue et n'impliquant aucun reproche pour la désertion et le reniement. Cependant tous l'avaient abandonné et s'étaient enfuis, et l’un d’entre eux l’avait renié. Ils avaient pensé ne plus entendre cette voix, si ce n'est dans leur mémoire, car ses derniers accents étaient tombés d'une croix. Us avaient cru qu'Il était « Celui qui devait délivrer Israël» (Luc 24, 21) et ils étaient laissés à leur douleur. Sa présence avait toujours été leur ressource, ce n'était pas un geste vain quand sa main était étendue pour bénir, et jamais Il ne parlait inutilement. Ils avaient vu un mort répondre à cette voix, et nulle autre main quel la sienne ne pouvait toucher le souillé pour le guérir, et demeurer pure. Ces souvenirs de sa vie avec eux semblaient ajouter à la perte qu'ils avaient faite, et la tragédie de Golgotha les avait bouleversés, car là, la voix de Celui qui était abandonné avait crié dans les ténèbres. Ils l'avaient vu mort, compté parmi les transgresseurs, ses mains étaient clouées sur une croix et sa voix s'était éteinte dans le silence de la mort. Ils avaient besoin de Lui de nouveau. Ils désiraient voir Celui qui était plus que Salomon, régnant comme aucun roi n'avait régné avant Lui. Que de telles pensées aient été dans leur esprit, cela paraît évident d'après la question qu'ils posent en Actes 1, 6. « Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu rétablis le royaume pour Israël? » Mais la pensée présente du Seigneur était leur propre restauration et Il les attire à Lui afin d'opérer cette œuvre de grâce. Non seulement ils ne sont pas mis en accusation devant Lui comme devant une cour de justice, mais ils sont avec Lui, autour de son feu et Il a rompu le pain avec eux. Qui donc, nous pouvons humblement le demander, avait préparé cette braise ardente, mis dessus du poisson et apporté du pain ? Il y a deux circonstances seulement dans le Nouveau Testament où soit mentionné un feu de ce genre ¹ ; elles sont très dissemblables dans leur caractère. Pierre n'avait pu oublier la première, c'était dans la maison du souverain sacrificateur : « or les esclaves et les huissiers, ayant allumé un feu de charbon, se tenaient là et se chauffaient» (Jean 18, 18). C'était là, autour de ce feu, qu'il avait renié Jésus, tel avait été le résultat d'une confiance enthousiaste en lui-même. Luc nous montre le Seigneur se retournant et regardant Pierre; il n'y avait aucun reproche dans ce regard, mais il rappela à Pierre sa belle assurance, « et Pierre se ressouvint de la parole du Seigneur... et étant sorti dehors il pleura amèrement» (Luc 22, 61, 62). Ce fut une douleur profonde et poignante ; comment dans les heures qui suivirent oublier cette scène? ¹ Le «feu de charbon» et la « braise» de Jean 18, 18 et de Jean 21, 9, sont deux traductions différentes du même mot grec (anthrakia, brasier de charbon): il s'agit, bien entendu, d'un feu de charbon de bois. (N. de la R.) Il a cherché un dérivatif dans son travail d'autrefois ; les autres se sont joints à lui, la même douleur les conduisant l'un vers l'autre. Cependant, bien qu'ils aient travaillé toute la nuit, ils n'ont rien pris. Et voici qU'au milieu même de leur faillite et de leur défection, le Seigneur fait connaître à nouveau sa présence à Pierre, d'une façon si personnelle, mais non pas, ici encore, pour le réprimander. Comme la beauté du caractère du Seigneur se déploie dans cette œuvre de restauration! Comme Il connaît bien ce qui étreint le cœur de Pierre, alors qu'Il prépare son «feu de charbon » ! Quelle compréhension dans ce feu de bienvenue, dans ces provisions apprêtées, de quoi effacer pour toujours de l'esprit torturé de Simon, fils de Jonas, le souvenir douloureux de cet autre feu? C'est le préliminaire de la triple question du Seigneur: « Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu plus que ne font ceux-ci? » Pierre entend son nom naturel sortir des lèvres de Jésus, il comprend l'insistante patience de cette voix si douce, jusqu'à ce qu'enfin il réalise que c'est sa confiance en lui-même qui a été la cause de sa chute. Avec quelle soumission et quel soulagement il fait son humble confession: «Tu sais que je t'aime.» C'est le triple antidote au triple reniement. C'est ainsi que Pierre progresse dans la connaissance de l'amour de Christ qui surpasse toute connaissance, de l'amour qui non seulement le restaura, mais encore, grâce merveilleuse, lui remit le soin des brebis que Jésus avait rachetées. E.T.W. ______________________________ MARCHER D'UNE MANIÈRE DIGNE... Il est intéressant de noter lies trois façons différentes suivant lesquelles l'apôtre Paul insiste auprès des chrétiens afin qu'ils marchent d'une manière digne de leur position chrétienne. En Éphésiens 4, 1 ils doivent «marcher d'une manière digne de l'appel dont ils ont été appelés. » En Colossiens 1, 10 ils sont exhortés à « marcher d'une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards. » En 1 Thessaloniciens 2, 12 il doivent « marcher d'une manière digne de Dieu qui les appelle à son propre royaume et à sa propre gloire. » On voit, au premier abord, que le motif proposé pour diriger notre marche est différent dans chaque cas, et il est d'un grand intérêt de rechercher la raison de ces différences. Ce qui est en vue dans le premier cas, c'est l'habitation de Dieu par l'Esprit. On voit cela nettement si l'on note que le chapitre 3 est une parenthèse et qu'ainsi l'exhortation qui commence le chap. 4 se relie au dernier verset du chap. 2. Dans ce verset, Paul dit aux saints d'Éphèse, qu'eux et les autres croyants sont « édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l'Esprit». Ils avaient été appelés à cette position bénie mais solennelle par la souveraine grâce de Dieu, ils devaient marcher d'une manière qui en fût digne. Sans doute, cet appel renferme d'autres choses, mais le grand fait qui est mis en évidence est que tous les chrétiens forment ensemble la maison de Dieu sur la terre. C'est au sujet de cet aspect de l'Église que Paul écrit à son enfant Timothée; « afin que tu saches comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l'assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité » (1 Timothée 3, 15). Ce que nous avons à noter ici d'une façon spéciale, c'est que les chrétiens sont appelés à marcher d'une manière digne de la maison de Dieu que de fait ils constituent. Bien que toutes les catégories de bénédictions et de responsabilités dans lesquelles se trouvent engagés les chrétiens soient envisagés ici, le regard est dirigé sur Dieu Lui-même. Si nous comprenons que c'est le Saint Esprit qui demeure actuellement dans la maison, Il prend devant nous une importance spéciale dans cette première exhortation qui nous est adressée, de marcher d'une manière digne du Seigneur, et cela de deux façons. D'un côté nous sommes mis en relation avec Lui comme Dieu demeurant au milieu des croyants; d'un autre côté, Il est celui qui forme et maintient l'unité dans laquelle ils ont été introduits. Afin de marcher d'une manière digne de l'appel dont nous avons été appelés, nous devons, premièrement, marcher d'une manière appropriée à ce qu'est Dieu Lui-même dans sa nature et dans ses voies. C'est pourquoi l'humilité et la douceur sont les premiers caractères requis; c'est ainsi que Jésus a mar- ché, « débonnaire et humble de cœur» comme nous le voyons en Matthieu 11. Une marche digne de Dieu dans sa propre maison ne peut qu'être empreinte d'humilité et de douceur. Quoi que nous puissions en penser, nous ne marchons pas d'une manière digne de notre appel, maintenant réellement la vérité relative à l'Église, à moins que l'humilité et la douceur ne nous caractérisent comme elles ont caractérisé Jésus devant Dieu. C'est le point essentiel dans notre marche en tout temps. Parler de marcher d'une manière digne de notre appel alors que manquent les éléments essentiels de toute marche sainte est folie, et cela met à nu la dureté de cœur et le manque de conscience. Bien plus, la seconde partie de l'exhortation relative à cette marche « avec longanimité, vous supportant l'un l'autre dans l'amour; vous appliquant à garder l'unité de l'Esprit par le lien de la paix », est impossible à réaliser si la douceur et l'humilité devant Dieu sont absentes. Si nous ne marchons pas droitement avec Dieu nous ne pouvons marcher droitement avec les autres. Si nous marchons avec Dieu dans l'humilité et la douceur, ce que Dieu est dans sa nature et dans ses voies à notre égard sera trouvé en nous dams nos rapports avec autrui. Le caractère de Dieu, en longanimité, en support dans l'amour, sera manifesté en nous, et en même temps il y aura une véritable application à garder l'unité de l'Esprit par le lien de la paix. Les voies saintes et bénies de Dieu doivent exister dans le secret de nos cœurs devant Lui, avant qu'elles puissent se manifester dans notre marche à l'égard des autres. Cela est spécialement important pour ceux qui sont appelés à être des conducteurs. Il a fait connaître ses voies à Moïse et ses actes aux enfants d'Israël et Il a dit: «Il fera marcher dans le droit chemin les débonnaires et il enseignera sa voie aux débonnaires» (Psaume 25, 9). Le second cas, dans lequel le croyant est exhorté à marcher « d'une manière digne », place exclusivement le Seigneur devant nous. Nous avons vu qu'en Éphésiens, marcher d'une manière digne de notre appel se rapportait à notre relation devant Dieu en tant qu'unis les uns aux autres en un seul corps. L'humilité, la douceur, la longanimité, le support en amour, ont en vue ceux avec qui nous avons à marcher d'une façon qui convienne aux relations dans lesquelles nous nous tenons devant Dieu comme sa maison. Ici, en Colossiens, les autres n'ont aucune place mais il s'agit de notre marche individuelle avec le Seigneur, dans un monde qui lui est opposé. Nous avons à « marcher d'une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards ». C'est le sentier qu'a suivi Énoch, et avant d'être enlevé il a reçu le témoignage d'avoir plu à Dieu. Par-dessus tout, c'est le sentier de Celui qui dans toute sa perfection personnelle pouvait dire: « Je fais toujours les choses qui Lui plaisent. » N'y eût-il pas un seul autre chrétien dans le monde, je devrais marcher d'une manière digne du Seigneur pour Lui plaire à tous égards; quelles que soient pour les croyants leurs relations en tant que corps ici-bas, ils ont pour obligation première et impérative de marcher individuellement avec le Seigneur, d'une manière qui Lui soit agréable. L'apôtre, pénétré de la gravité d'une telle marche, exprime le sérieux de ses propres sentiments sous la forme d'une exhortation adressée aux Saints, mais ici son cœur s'en remet à Dieu pour eux et il le dit dans un langage plein de force et de beauté: «Nous ne cessons pas de prier et de demander pour vous que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle, pour marcher d'une manière digne du Seigneur pour Lui plaire à tous égards» (Colossiens 1, 9). Non seulement nous trouvons ici la prière au lieu de l'exhortation, mais ce qui est demandé pour la marche, est bien différent de ce que nous avons vu précédemment. Les dispositions pleines de grâce de l'âme, son humilité, sa douceur, la longanimité, le support en amour, tout ce qui est essentiel pour une « marche digne de l'appel» en rapport avec les autres saints n'est pas directement en question ici. Cette marche convenant au Seigneur pour lui plaire à tous égards, demande tout d'abord que nous soyons remplis de la connaissance de sa volonté, et qu'il ne s'agisse pas pour nous d'une loi à laquelle nous essayons de nous conformer, mais plutôt que nous soyons intérieurement remplis de l'intelligence de sa volonté, formant, par la puissance de l'Esprit qui habite en nous, chaque pensée et chaque sentiment. La sagesse et l'intelligence du croyant sont formées par la volonté de Dieu, connue et réalisée avec joie dans nos affections, de telle sorte que cette volonté est pour nous la seule source de pensée et d'action. Jésus a réalisé cela d'une façon parfaite. « C'est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, et ta loi est au-dedans de mes entrailles. » De là venait l'expression pratique de la vie divine et céleste, entièrement agréable à Dieu, qu'Il a vécue comme homme sur la terre. Il a marché ici-bas dans une entière dépendance de Dieu et dans une parfaite obéissance à sa volonté. C'est devant un tel chemin, où le caractère de Dieu est exprimé dans tout ce que fait ou dit le chrétien, où tout est digne de Christ, que la prière de l'apôtre monte vers Dieu afin que les saints v soient engagés. Telle est la marche sainte et élevée qui seule convient à celui qui croit en Christ. C'était le sentier dans lequel marchait l'apôtre lui-même et qu'il définissait dans ces mots: « que nous soyons présents ou que nous soyons absents, nous nous appliquons avec ardeur à lui être agréables.» Que notre prière incessante pour nous-mêmes et pour tous les saints, soit que nous marchions d'une manière digne du Seigneur. Dans le troisième cas, le croyant est exhorté à «marcher d'une manière digne de Dieu qui nous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire.» Cela donne à nos cœurs un motif pour notre marche. Il n'est pas dit ici que nous devions marcher d'une manière digne de Dieu Lui-même, ce ne serait que la répétition de ce qui est dit en Colossiens, ni non plus que nous ayons à marcher d'une manière digne du royaume et de la gloire, ce qui donnerait une trop grande importance à la position elle-même, mais il s'agit de Dieu comme nous associant avec Lui-même dans ce qu'Il va établir pour sa propre gloire. Il veut que nous soyons avec Lui dans cette manifestation. Tel était le motif, merveilleux et puissant, bien que touchant aussi, que Paul, comme un père donnait aux saints de Thessalonique, pour former leur marche dans ce monde en attendant des cieux le Fils de Dieu. Ici encore, il convient de remarquer que c'est la marche individuelle du chrétien qui est en question. Chacun ayant sa propre place dans le royaume de Dieu et dans la gloire, la marche de chacun, indépendamment de celle des autres, doit correspondre à la position élevée où la grâce de Dieu veut introduire les siens. L'appel que Dieu nous adresse par le moyen de son serviteur Paul est des plus touchants. De même que Dieu pouvait dire autrefois à Israël, son peuple terrestre: « Qu'y avait-il encore à faire pour ma vigne que je n'aie pas fait pour elle? », de même Il peut s'adresser à nous maintenant d'une façon plus solennelle et dire: Que puis-je vous donner de plus que ce que je vous ai donné? Je veux vous avoir dans mon propre royaume et ma propre gloire, pour partager tout ce que je possède avec le Fils de mon amour. Et maintenant, pendant que vous êtes ici-bas dans ce monde où tout est éloigné de moi et déshonore Christ, je désire que vous marchiez d'une manière qui réponde à la grâce et à la dignité que je vous confère. Il est encore un autre motif directeur de notre marche. Il v a derrière nous la croix elle-même, révélation infinie de l’amour de Dieu, fondement de toutes nos bénédictions, par laquelle nous sommes sauvés et engagés sur le chemin du ciel. Puis il y a la révélation de la gloire vers laquelle nous nous dirigeons; encore, n'est-ce pas simplement la gloire, mais Dieu Lui-même nous attend dans cette gloire: «Il nous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire» (1 Thessaloniciens 2, 12). Quelle différence cela ne ferait-il pas pour nous à tous égards, Ici ce royaume et cette gloire étaient toujours devant nos yeux comme le terme prochain de notre pèlerinage! Combien, si nous avions devant nous la position élevée que nous allons occuper, les vanités de ce monde perdraient leur pouvoir sur nous! Satan est le .dieu et le prince de ce monde; les royaumes de ce monde et leur gloire sont à sa disposition. Si nous voulons avoir une place ou une part ici-bas, nous devons la recevoir des mains de l'ennemi et la posséder en association avec lui. Pensée terrible mais vraie! Comme croyants, notre part est entièrement dans ce monde futur où Dieu a le pouvoir et la gloire, mais il faut que nous marchions d'une manière digne de Lui dans le temps présent. Ce qui convient devant Lui, doit être maintenant manifesté en nous puisque nous devons avoir part à la puissance et à la gloire futures qui sont à Lui. Le cie1 ne nous donnera pas cette occasion de marcher d'une manière digne de Dieu. Qu'il nous soit fait la grâce de témoigner à ceux de ce monde qu'aucun des motifs qui gouvernent leur cœur et commandent leurs actions, ne gouverne ni ne commande les nôtres. C'est ainsi seulement que nous pourrons manifester que nous marchons d'une manière digne de Lui, qui nous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire. Cela ne nous sera possible que si nous suivons humblement Celui qui a foulé avant nous le sentier et si nous mettons en Lui toute notre confiance. Comme Lui, nous devons rencontrer Satan, et toutes !ses séductions, et, comme Lui, nous avons à manier, dépendants et obéissants, l'épée de l'Esprit: «Il est écrit, tu rendras hommage au Seigneur ton Dieu, et tu le serviras Lui seul.» Le monde ne doit trouver en nous que ce qu'il a trouvé en Lui, qui pouvait dire: « afin que le monde connaisse que j'aime le Père, et selon ce que le Père m'a commandé, ainsi je fais ». C.W. ………………………………………… TABLE DES MATIÈRES de la centième année Acan Josué 7 Adoration Jean 12, 1-12 À propos de la prière d'Actes 4, 24-30 Arche (L') et le propitiatoire Exode 25, 10-22 Assemblée de Dieu et témoignage de Dieu Attente Actes 1 « Avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un cœur pur» 2 Timothée 2, 22 Avec tous les saints Éphésiens 3, 18 Baptêmes d'eau et rémission des péchés Cène (La) du Seigneur à sa Table Centenaire (Le) du Messager évangélique Colossiens 2 Compter sur Dieu Juges 20 Conséquences (Les) du choix de Lot Considérations sur le ministère de l'apôtre Paul Demeure dans les choses que tu as apprises 2 Timothée 3, 14 ; 4, 1-5 Deux fragments Enseignements de l'épître de Jacques au sujet de la prière Entretien sur Jean 21, 1-19 Éternité (L') des peines Expérience (L') chrétienne Philippiens 1 Extrait d'une lettre Extrait d'une lettre de M.K Fragment Fragment Fragment sur Exode 29 Gloire (La) céleste de Moïse Introduction à l'étude des évangiles « Je viens bientôt; tiens ferme ce que tu as...» Apocalypse 3, 11 Jugement du mal dans l'Assemblée Juste (Le) vivra de foi Hébreux 11 Lèpre (La) Lévitique 13 Lettre à un frère Lettre de H.R Lettre de S.P. Marcher d'une manière digne Ordre dans l'Assemblée Pensées Position, (La) la marche et la foi Quatre (Les) exhortations de 2 Timothée 4, 5 Quelques enseignements tirés d'Actes 6 et 7 Que voyons-nous en Christ? Remarques sur Jean 1 Témoignage chrétien (Le) *-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-* H.W.M. Trad. L’Anglais W.J.H. E.D. J.N.D. W.F.B. P.F. E.D. A.G. A.G. -----R.T.G. E.A.P. Trad. L’Anglais C.E.S. C.S. -----P.F. E.T.W. A.G. J.N.D. A.H.R. -----G.V.W. J.N.D. J.N.D. + B.T. -----+ P.F. P.F. B.T. + P.F. + S.P. C.W. P.F. J.N.D. A.G. P.F. P.F. W.E. W.S. J.N.D. + +