LE MESSAGER ÉVANGÉLIQUE Feuille d`édification chrétienne Que

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LE
MESSAGER ÉVANGÉLIQUE
Feuille d'édification chrétienne
Que le Seigneur incline vos cœurs à
l'amour de Dieu et à la patience du Christ!
2 Thessaloniciens 3, 5.
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CENTIÈME ANNÉE
1959
LE
MESSAGER ÉVANGÉLIQUE
«JE VIENS BIENTÔT; TIENS FERME CE QUE TU AS...»
(Apocalypse 3, 11)
E
n présentant à nos lecteurs le premier numéro de la centième année du Messager Évangélique,
nous rappelons que, lorsque cette œuvre a été entreprise, son but a été défini en ces termes: « nous
désirons présenter aux brebis du troupeau de Christ une nourriture spirituelle qui, bénie de Dieu,
puisse contribuer à leur instruction dans la vérité, à leur édification, à leur consolation ». Pendant tant
d'années, le Messager Évangélique, « exposant justement la parole de la vérité », a enseigné avec
exactitude les vérités du commencement, dont plusieurs venaient alors d'être remises en lumière. Les
générations qui ont été avant nous et ont bénéficié en leur temps de ce solide enseignement ont été
fermement établies dans la vérité, dont le prix était connu, beaucoup ayant dû combattre pour «l'acheter ». Par la grâce de Dieu, ce ministère écrit nous a été conservé; si nous savions mieux puiser dans de
telles richesses, nous serions sans aucun doute plus solidement fondés dans la saine doctrine et mieux
à même de discerner les pièges de l'adversaire. L'ennemi déploie d'autant plus d'efforts qu'il nous voit
souvent, hélas! Hésitants et chancelants.
C'est avec reconnaissance envers Dieu que nous évoquons le souvenir de nos devanciers, rendant
grâces pour le précieux héritage que le Seigneur nous a conservé d'eux. Mais ce n'est pas parce que des
frères vénérés et hautement respectables nous ont transmis un enseignement, que nous avons à le considérer comme étant celui qu'il faut maintenir aujourd'hui, tenant ferme ce qu eux ont eu à conquérir,
car ce serait là, proprement, recueillir et observer une tradition, c'est parce que ces conducteurs se sont
attachés à la seule vérité scripturaire.
Leur autorité découle du fait que le Saint Esprit leur a donné de transmettre avec fidélité « Ce qui est
dès le commencement », non pas leur commencement mais celui du christianisme; ils ont été, en vérité, «des hommes fidèles capables d'instruire aussi les autres» (2 Timothée 2, 2). C'est pour cela que
nous sommes responsables de les écouter, de les suivre: on le faisait, nous écoutons l'enseignement de
l'Écriture, nous suivons le Seigneur. Maintenir ce que nous avons reçu d'eux, c'est maintenir non leur
propre doctrine mais la doctrine de Christ non leur vérité mais la vérité de tous les temps. Et nous bénissons d'autant plus Dieu de les avoir suscités et de nous avoir conservé leur si riche ministère écrit!
Au siècle dernier nos devanciers ont dû lutter et vaincre pour « sortir vers Christ hors du camp» et
connaître l'inestimable privilège des « deux ou trois» réunis «au nom du Seigneur », dans la séparation
que requiert l'Écriture. La plupart d'entre nous avons été placés là sans lutte aucune, mais ce n'est pas
pour autant que tout combat nous est épargné celui que nous avons à livrer aujourd'hui n'est pas le
même que celui qu’ont connu les générations du Réveil et de la période qui a immédiatement suivi, Il
est cependant tout aussi difficile car l'ennemi est toujours le même et il est plus actif que jamais. Il
s'agit de tenir ferme ce que nous avons. Et nous risquons de faillir dans la pratique, tout en affirmant
notre désir sincère de ne céder en rien.
Au début de cette nouvelle année, peut-être le dernier an de grâce, alors que tant de dangers menacent le témoignage ; et les plus sérieux sont parfois les moins apparents ; demandons à notre Dieu qu'Il
veuille nous accorder l'énergie nécessaire pour nous réveiller du sommeil spirituel qui nous gagne et à
la faveur duquel l'ennemi opère pour essayer de nous ravir le « dépôt» que nous sommes responsables
de « garder» !
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« Tiens ferme ce que tu as...» (Apocalypse 3, 11), telle est l'exhortation adressée à Philadelphie, la
seule qui lui soit présentée, et cela suffirait à en souligner l'importance. Elle est effectivement capitale;
la méconnaître conduirait à la perte du témoignage confié et de la récompense promise au fidèle.
Que nous ayons à nous arrêter de manière particulière sur une telle exhortation, la considérant bien
comme s'adressant à nous, ne veut pas dire pour autant que nous nous estimions être Philadelphie! Si
nous en avions la prétention, nous ne serions que Laodicée. Mais quoi qu'il en soit de notre état, nous
demeurons responsables de manifester les caractères Philadelphiens et nous devons nous appliquer,
avec tout le secours de la grâce de Dieu opérant en nous, à tendre vers ce but. Nous ne prétendons nullement être Philadelphie, nous devons l'être, gardant la Parole, ne reniant pas le nom du Saint et du
Véritable, maintenus dans le sentiment profond d'une faiblesse reconnue et confessée. Dieu veuille
nous accorder de sentir toujours plus la responsabilité d'avoir et de garder un esprit philadelphien, laissant au Seigneur le soin de reconnaître ses témoins et son témoignage. Notre privilège est de nous
joindre à ceux qu'Il nous fait reconnaître, «ceux qui invoquent le Seigneur d'un cœur pur» (2 Timothée
2, 22), et de rendre témoignage avec eux. De cette position de témoignage découle une responsabilité à
laquelle nous avons besoin d'être rendus attentifs.
Dans la lettre adressée à Philadelphie, comme dans toutes celles qui sont écrites aux autres assemblées dont il est question dans les chapitres 2 et 3 de l'Apocalypse, une promesse est faite au vainqueur; bien qu'aucun reproche ne soit présenté à cette assemblée, il y a cependant un combat à livrer,
une victoire à remporter. Ces deux chapitres nous le montrent, il y a eu et il y aura des combats à livrer
durant tout le temps de l'histoire de l'Église responsable dans ce monde ; ils nous enseignent aussi que
même si l'état du témoignage ou celui d'une assemblée sont satisfaisants (Smyrne, Philadelphie), il y a
pourtant toujours à lutter et à vaincre. Le combat n'est pas aujourd'hui pour la recherche de la vérité
mais pour son maintien; il faut «tenir ferme », c'est ce que le Seigneur nous demande, ce à quoi Il attache un prix particulier.
Une exhortation est toujours donnée en raison d'un danger couru. Si, par exemple, nous sommes invités à veiller c'est parce que nous risquons de nous laisser gagner par le sommeil spirituel; si nous
sommes pressés de rechercher les choses qui sont en haut », c'est parce que nos cœurs sont naturellement occupés de celles qui sont en bas. Si nous sommes exhortés à « tenir ferme», c'est bien parce que
le danger existe que nous ne le fassions pas. L'ennemi déploie tous ses efforts, dans ces derniers temps
de l'histoire du témoignage sur la terre, pour amener ceux qui ont le privilège, mais aussi la responsabilité d'en assurer le maintien, à oublier la seule exhortation adressée au témoignage philadelphien.
Pour «tenir ferme », il faut lutter, combattre. Cela, qu'il s'agisse du combat de la foi et pour la foi, du
combat dans la lice ou du combat d'Éphésiens 6. Le croyant est appelé à livrer le combat « contre les
principautés, contre les autorité, contre les dominateurs de ces ténèbres, contre la puissance spirituelle
de méchanceté qui est dans le lieux célestes». Tel est le véritable combat chrétien; la victoire remportée permet au croyant de jouir de la part qui est la sienne, de sa position «dans les lieux célestes dans le
Christ Jésus». Seuls peuvent vaincre ceux qui suivent l'exhortation de l'apôtre : « Au reste, mes frères,
fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de sa force; revêtez-vous de l'armure complète de
Dieu, afin que vous puissiez tenir ferme contre les artifices du diable... C'est pourquoi prenez l'armure
complète de Dieu, afin que, au mauvais jour, vous puissiez résister, et, après avoir tout surmonté, tenir
ferme. Tenez donc ferme...» (Éphésiens 6, 10 à 18). Cet enseignement correspond à celui que nous
donne, dans l'Ancien Testament, le livre de Josué, le combat dont il y est question étant le type de celui
d'Éphésiens 6 : « Fortifie-toi et sois ferme... Seulement fortifie-toi et sois très ferme...» (Josué 1, 6-9).
Dans les derniers jours de la chrétienté, dont nous occupe spécialement l'Épître de Jude, il y a de
saints combats à livrer «pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints», des combats que l'on est
parfois dans la nécessité de soutenir alors que l'on préférerait avoir à s'occuper «de notre commun salut» (Jude 3), L'ennemi voudrait nous en empêcher et il a bien des moyens à sa disposition pour atteindre ce but. Il fera valoir, par exemple, l'importance de ce «commun salut» pour nous inciter à ne
nous occuper que de cela, quand pourtant il faudrait combattre. Ou encore, il présentera les combats à
livrer comme querelles qu'il faut fuir. Mettant en avant le désir de paix qui est dans le cœur renouvelé,
il essaiera alors de nous égarer en nous laissant croire que la paix ne peut être obtenue qu'au prix d'un
abandon plus ou moins marqué de la vérité. De la même manière, il nous assure que pour nous aimer
les uns les autres, ainsi que nous y sommes exhortés, il faut avoir un esprit suffisamment large et il
voudrait nous persuader que maintenir la vérité conduit inéluctablement à manquer d'amour. Or, la
paix et l'amour sont, l'un aussi bien que l'autre, inséparables de la vérité.
Dans son inlassable activité pour affaiblir le témoignage, l'adversaire, menteur et trompeur, se présente comme celui qui voudrait sa prospérité, c'est pourquoi il trouve parfois des instruments involontaires jusque parmi ceux qui en font partie. Que de choses considérées comme étant pour le bien du
témoignage, qui mériteraient d'être examinées de très près et qu'un peu de discernement spirituel nous
conduirait, dans bien des cas, à rejeter résolument! Les buts proposés par l'ennemi sont parfois très
louables; ce qu'il désire, au fond, c'est pouvoir occuper les saints à cela afin de les distraire de responsabilités majeures qui leur incombent pour le maintien du témoignage. Son activité, lorsqu'elle s'exerce
de cette manière, est beaucoup plus dangereuse que celle qu'il déploie pour nous offrir tout ce que peut
convoiter le cœur naturel: dans ce dernier cas, nous avons plus ou moins conscience de faire le mal,
tandis que dans le premier, nous pouvons croire agir avec fidélité.
Alors qu'il faudrait combattre, « tenir ferme », l'adversaire « se transformant en ange de lumière» (2
Corinthiens 11, 14), essaie de nous en dissuader et vient prêcher la paix, cherchant des instruments
pour l'aider dans ce travail. Que quelqu'un se laisse séduire par ses ruses et agisse selon ses desseins, il
présentera comme sans importance d'inacceptables concessions ou encore, proposera des abandons
semblant n'avoir que peu de portée tandis que la gravité de leurs conséquences ne sera manifestée que
plus tard. Sans doute un croyant agissant ainsi sera-t-il considéré par certains comme un homme de
paix. C'est un beau titre que celui d'homme de paix, et Dieu veuille qu'il y en ait beaucoup qui le soient
en vérité! Mais il n'en est effectivement pas un, il n'en a que l'apparence trompeuse, celui qui, dépourvu de l'énergie nécessaire pour combattre, est prêt à des concessions qu'il ne faudrait jamais faire et
s'engage, y engageant aussi les autres sur la pente glissante des abandons, au lieu de « tenir ferme».
Peut-être l'honorera-t-on de ce titre d'homme de paix, peut-être même s'en glorifiera-t-il, mais en fait
un tel croyant travaille de ses propres mains à l'affaiblissement du témoignage, sinon à sa ruine, alors
qu'il est convaincu d'œuvrer pour sa prospérité. Trompé par l'ennemi, il se trompe lui-même et trompe
les autres.
Il n'est pas de service fidèle sans fermeté. Est-il un véritable esclave de Christ, celui qui cherche à.
plaire aux hommes ? Attitude coupable que celle qui conduit à parler d'une certaine manière à l'un et
de manière différente à l'autre parce qu'on veut être agréable à l'un et à l'autre, ne contrarier personne.
C'est en vue de la paix et du bon accord entre frères, dira-t-on pour s'excuser. Quelle erreur! Il y a là,
en fait, un manque de droiture et de fermeté, plus ou moins conscient peut-être, dont les funestes effets
seront manifestés tôt ou tard. Essayer de complaire aux hommes, dans l'administration de l'assemblée
aussi bien que dans l'enseignement, au lieu de maintenir fermement la vérité de Dieu, n'est pas le
propre d'un serviteur fidèle. Jamais l'apôtre ne s'est comporté d'une telle manière: « Car maintenant,
est-ce que je m'applique à satisfaire des hommes, ou Dieu? Ou est-ce que je cherche à complaire à des
hommes? Si je complaisais encore à des hommes, je ne serais pas esclave de Christ» (Galates 1, 10 ;
voir aussi 1 Thessaloniciens 2, 3 à 6).
Dans la généralité des cas, pour jouir d'une vraie paix il faut d'abord avoir combattu et triomphé. Livrer le combat pour la vérité de Dieu implique, en premier lieu, que la vérité a été saisie, comprise et
que l'on en connaît la valeur; c'est le « demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été
pleinement convaincu» de 2 Timothée 3, 14. Car, en effet, on ne combat pas pour ce à quoi on n'attache que peu de prix. Quiconque a « acheté la vérité» sera prêt à combattre pour elle, tandis que ne le
fera pas celui qui est disposé à la «vendre» (Proverbes 23, 23). Ajoutons que la position prise ne doit
jamais être au delà de la vérité saisie, mais toujours y correspondre; s'il veut être droit devant Dieu, il
doit abandonner la position où il se trouve, celui qui se rend compte un jour qu'elle dépasse ce qu'il a
compris de la vérité.
En second lieu, il est indispensable que le croyant soit dans un bon état moral: pour « combattre le
hon combat », Timothée était exhorté par l'apôtre à « garder la foi et une bonne conscience », les deux
devant toujours aller de pair; d'autre par, l'un des critères du serviteur dans la maison de Dieu est celuici : « gardant le mystère de la foi dans une conscience pure» (1 Timothée 1, 18, 18; 8, 8). La vérité reçue doit être mise en pratique: elle ne saurait demeurer à l’état de simple connaissance, mais doit opérer dans le cœur et la conscience. Il faut que chacune des pièces de l'armure soit revêtue, alors seulement le combattant pourra résister à l'adversaire et « après avoir tant surmonté, tenir ferme ». Le prix
de la vérité doit être connu par la manifestation des résultats qu’elle produit dans la vie pratique.
Il y a toute une formation nécessaire, une préparation morale, comparable à celle des athlètes combattant dans l’arène (1 Corinthiens 9, 25) ; voir aussi 2 Timothée 2, 3 à 5). Un athlète a soin de son
corps, se soumet à un régime, vit sobrement, s'impose des privations; une troupe subit également une
préparation au combat, et l'une de ses principales forces réside dans l'observation d'une discipline,
dans la soumission à l'autorité d'un chef. Ce ne sont que des exemples, que la Parole nous autorise à
prendre et qui illustrent la préparation morale qui doit être celle des croyants en vue des combats qu'ils
auront tôt ou tard à livrer. Attendre le jour de la bataille pour se préparer, ou encore s'y rendre sans
préparation aucune, e'est aller au devant, d'une défaite certaine.
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Dans les jours actuels, l'exhortation d'Apocalypse 3, 11 s'impose à chacun de ceux qui connaissent la
valeur et la saveur des privilèges Philadelphiens, la promesse du verset 12 étant la part précieuse de
« celui qui vaincra». Le temps est court. «Je viens bientôt» nous assure Celui qui tient les sept étoiles
dans sa droite et marche au milieu des sept lampes d'or. Serons-nous manifestés fidèles à sa venue?
Aurons-nous tenu ferme?
« Tiens ferme ce que tu as... » Dieu nous garde de nous glorifier de ce que « nous avons» ! « Car qui
est-ce qui met de la différence entre toi et un autre? Et qu'as-tu, que tu n'aies reçu? Et si aussi tu l'as
reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l'avais pas reçu?» (1 Corinthiens 4, 7). Mais l'ayant reçu,
nous en sommes responsables. Nos devanciers ont combattu pour recouvrer des vérités précieuses,
laissées dans l'ombre pendant des siècles, celles concernant l'Église corps de Christ, le rassemblement
des saints autour du Seigneur sur le terrain de l'unité du corps, à sa table, dans la séparation qu'enseigne et requiert 2 Timothée 2, 19 à 26, la libre action de l'Esprit de Dieu dans l'assemblée, l'adoration
«en esprit et en vérité », le retour du Seigneur pour enlever son Église et tous les saints ayant part à la
première résurrection. Ces vérités, d'autres encore qui s'y rattachent, ont-elles été saisies par chacun de
ceux qui ont pris place dans le témoignage ? Ont-elles assez de prix pour nos cœurs?
L'ennemi travaille avec persévérance pour battre en brèche des vérités de pareille valeur et il sait le
faire avec ruse, mettant presque toujours en avant un but que l'on p'eut certes désirer mais qu'il voudrait nous faire atteindre en abandonnant, sinon en bloc tout au moins insensiblement, ce qui constitue
l’essentiel du témoignage que nous sommes responsables de maintenir. En nombre de cas, il y réussit
d'autant mieux qu'il n'y a chez ceux auxquels il s'adresse qu'une connaissance superficielle de la vérité,
des doutes peut-être sur certains points, ce qui conduit généralement à accepter, à la première occasion, des enseignements venant d’autres sources, tandis que l'on abandonne le «sain enseignement ».
Sommes-nous dans l'état moral et spirituel qui nous permettra de « garder la foi », de « garder le bon
dépôt par l'Esprit Saint qui habite en nous », de « combattre pour la foi qui a été une fois enseignée
aux saints », en un mot, de « tenir ferme» ? (1 Timothée 1, 18, 19 ; 2 Timothée 1, 14 ; Jude 3 ; Apocalypse 8, 11).
Craignons que nos mains languissantes ne soient prêtes, par manque d'énergie spirituelle et de fermeté, à abandonner, le laissant s'effriter, le « dépôt» que nous avons reçu et dont nous sommes responsables. Un relâchement nous amenant à des associations plus ou moins étroites avec des « vases» dont
la Parole nous enjoint de nous séparer ; ces associations peuvent revêtir des formes multiples et c'est
un des plus graves dangers qui nous menacent aujourd'hui ; nous conduirait graduellement à l'abandon
du terrain sur lequel la grâce de Dieu nous a placés pour y manifester le caractère de «l'assemblée du
Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité» (1 Timothée 3, 15). Et si l'ennemi vient nous dire que
ce relâchement n'en est pas un, qu'en tout cas il est nécessaire pour que les âmes soient attirées,
n'ayons aucune hésitation pour reconnaître la voix de celui que le Seigneur appelle «le père du mensonge» (Jean 8, 44). Ce n'est pas avec des principes relâchés, en manifestant une faiblesse coupable,
que nous pourrons accomplir le travail de Dieu. Tout au contraire, Dieu encourage et récompense toujours la fermeté, il y en a eu des exemples dans tous les temps, il y en a encore aujourd'hui. Qu'Il nous
donne, dans ces jours si difficiles à tant d'égards, assez de force morale et d'énergie spirituelle pour
que nous puissions demeurer « fermes, inébranlables, abondant toujours dans l'œuvre du Seigneur» (1
Corinthiens 15, 58 ; voir aussi 16, 13-14).
En terminant, nous désirons rappeler ce qu'écrivait, il y a déjà une trentaine d'années, l'un de nos devanciers: « Combien nous eussions préféré nous entretenir avec nos chers lecteurs de « notre commun
salut» ; mais nous sommes convaincus que l'avertissement de l'apôtre Jude est d'une pressante actualité: « Je me suis trouvé dans la nécessité de vous écrire afin de vous exhorter à combattre pour la foi
qui a été une fois enseignée aux saints» (Jude 3). Le relâchement général, l'affaiblissement spirituel et
la conformité au monde qui nous envahissent de plus en plus, ont ouvert la porte aux attaques réitérées
de l'adversaire contre le témoignage que le Seigneur nous appelle à rendre aux vérités de l'Assemblée
dans ces derniers jours... Frères, prenons garde. Que nos reins soient ceints et nos lampes allumées, et
soyons nous-mêmes «semblables à des hommes qui attendent leur Maître» (Luc 12, 35-36). Revêtonsnous de l'armure complète de Dieu, afin que nous puissions «tenir ferme contre les artifices du diable»
(Éphésiens 6, 11). À la veille même du moment où nous verrons face à face notre adorable Seigneur et
Sauveur, puissions-nous entendre sa voix consolante qui nous dit: « Je viens bientôt; tiens ferme ce
que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne» (Apocalypse 3, 11).
P. F.
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INTRODUCTION À L'ÉTUDE DES ÉVANGILES
Jean 3
(Suite de la page 303 de 1958)
Les versets suivants continuent ce sujet, en y ajoutant un trait nouveau, c'est que l'état moral de
l'homme se trouve dévoilé d'une manière plus terrible que jamais par le fait même de la grâce de Dieu
et de la sainteté de Celui qu'il a donné: « Car Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde afin qu'il jugeât le monde, mais afin que le monde fût sauvé par lui». Voilà ce qui décide de tout avant l'exécution
du jugement; le sort de chacun est manifesté d'avance par l'attitude qu'il prend vis-à-vis de ce témoignage rendu par Dieu à l'égard de son Fils: « Celui qui croit en lui n'est pas jugé, mais celui qui ne
croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. » D'autres choses, même
des bagatelles, peuvent servir il indiquer l'état d'une personne; mais une responsabilité toute nouvelle
surgit de cette manifestation merveilleuse de la bonté divine en Christ, et le jugement dépend de l'attitude de l'homme vis-à-vis de la grâce de Dieu en la personne de son Fils; par la manière dont il reçoit
cette grâce, l'homme découvre le fond de son cœur : « Or c'est ici le jugement, que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres
étaient mauvaises; car quiconque fait des eh oses mauvaises, hait la lumière, et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient reprises; mais celui qui pratique la vérité, vient à la lumière,
afin que ses œuvres soient manifestées, qu'elles sont faites en Dieu.» Si l'homme préfère les ténèbres,
c'est afin de pouvoir demeurer dans le péché.
Après cela, Jésus quitte Jérusalem et se rend avec ses disciples dans le pays de Judée, non loin de
l'endroit où Jean baptisait. Les disciples de ce dernier ont une discussion avec un Juif au sujet de la purification, et racontent à leur maître que Jésus lui-même baptise aussi et que tous viennent à Lui. Jean
commence par leur rappeler ce qu'il a dit précédemment touchant sa mission, et témoigne que sa joie
est accomplie en entendant.
L'époux, sachant d'avance que c'est Lui qui doit croître. Position bénie du serviteur qui connaît la valeur infinie de son Maître. Ensuite il parle de la personne de Jésus, en contraste avec lui-même et tous
les autres, puis du témoignage de Jésus et des conséquences qui en résultent, à cause de sa gloire, par
rapport aux hommes qui le reçoivent ou le rejettent. Jésus, venu du ciel, était par cela même au-dessus
de tous; naturellement aussi, son témoignage était supérieur à tous les autres, puisqu'il se rattachait à
ce qu'il avait vu et entendu; le fait d'être rejeté des hommes n'y changeait rien. «Celui qui a reçu son
témoignage, a scellé que Dieu est vrai; car celui que Dieu a envoyé parle les paroles de Dieu, car Dieu
ne donne pas l'Esprit par mesure. » Telle est la conséquence admirable pour quiconque le reçoit: non
seulement Jésus a reçu l'Esprit de Dieu sans mesure, mais encore le fait est ici déclaré, d'une manière
générale, que Dieu ne donne pas l'Esprit par mesure. Au commencement de ce chapitre, il est question
d'une œuvre indispensable et essentielle du Saint Esprit, mais ici du privilège qui consiste dans le don
de l'Esprit. Sans doute, Jésus lui-même reçu le Saint Esprit, parce qu'il était convenable qu'en toutes
choses il occupât le premier rang; mais la gloire personnelle de Christ et l'efficace de son œuvre ressortent ici encore davantage, par le fait même qu’il communique ce même Esprit à ceux qui ont reçu
son témoignage et ont ainsi scellé que Dieu est vrai. La gloire du Seigneur est envisagée à ce point de
vue tout particulier, qu'il est investi du témoignage de Dieu et de ce qui en est la couronne. La preuve
admirable du don du Saint. Esprit lui-même, non point seulement de quelque puissance définie et limitée, c'est que Dieu ne donne pas l'Esprit par mesure! Le témoignage que Jean-Baptiste rend ici à Jésus
se termine par la déclaration positive de ses rapports comme Fils avec le Père: «Le Père aime le Fils, et
a mis toutes choses entre ses mains ». Telles sont, et la gloire personnelle de Jésus, et le caractère de
son témoignage dans le monde, et les conseils du Père à son égard. Les conséquences de la présence
ici-bas d'une personne telle que Jésus, sont donc éternelles pour quiconque le reçoit ou le rejette éternelles comme Lui est éternel: «Qui croit au Fils, a la vie éternelle; mais qui désobéit au Fils (qui ne lui
est pas soumis) ne verra pas la vie mais la colère de Dieu demeure sur lui. »
(À suivre)
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PENSÉE
Là où est la volonté, du Seigneur, il y a du bonheur. Christ est ma joie, mais c'est dans le chemin de
sa volonté que je trouve la jouissance de son amour. C'est là que je découvre en Lui une source de joie
profonde et ineffable. Lui-même est mon trésor.
J. N. D.
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CONSIDÉRATIONS SUR LE MINISTÈRE DE L'APÔTRE PAUL
« Une lumière pour la révélation des nations », c'était là une partie de ce que le vieillard Siméon annonça dans l'enceinte sacrée du temple (Luc 2, 32). Pendant un instant, il tint dans ses bras cet enfant
dont les prophètes avaient depuis longtemps annoncé la venue. Il vit le salut de Dieu et fut satisfait,
mais des années devaient cependant passer avant que la prophétie reçût son plein accomplissement.
L'enfant grandit, crût en sagesse et en stature, et en faveur auprès de Dieu et des hommes. Il rassembla le peuple autour de lui, mangea avec des pécheurs, envoya des ouvriers pour prêcher, mais seulement aux brebis perdues de la maison d'Israël. Il y avait, en effet, entre Israël et les Gentils, une ligne
de démarcation qu'ils ne devaient franchir en aucun cas. Il avait péremptoirement commandé à ses
messagers: « ne vous en allez pas sur le chemin des nations» (Matthieu 10, 5), ils étaient seulement
envoyés vers les brebis perdues de la maison d'Israël (Matthieu 15, 24). Combien la femme Syrophénicienne dut sentir pleinement la barrière dispensationnelle qui existait entre elle qui faisait partie de la
race de Canaan, et les enfants d'Israël, les anciens conquérants du pays! De même, le centurion, bien
que probablement de la race conquérante de cette époque, officier dans l'armée romaine qui tenait garnison dans le pays, reconnut qu'il ne pouvait avoir aucune part aux privilèges appartenant par droit de
naissance au peuple d'Israël. C'est pourquoi il envoya les anciens de la synagogue pour demander au
Seigneur de guérir son serviteur malade (Luc 7, 2-3). Aucun messager ne fut envoyé aux Gentils avant
la croix.
Cependant, après sa résurrection, le Seigneur annonça à ses disciples que les Gentils ne devaient pas
être exclus des bénédictions qu'ils avaient la charge de proclamer (Marc 16, 15). Quand vint le jour de
la Pentecôte, Juifs et prosélytes entendirent la Parole, et trois mille furent convertis et scellés. Aucun
Gentil ne fut encore évangélisé alors, bien que ce jour-là Dieu fît annoncer par Pierre, d'une façon
peut-être un peu voilée, sa détermination d'accorder aux Gentils, une bénédiction égale à celle de la
maison d'Israël. « Car à vous est la promesse, dit Pierre, et à vos enfants, et à tous ceux qui sont loin,
autant que le Seigneur notre Dieu en appellera à Lui» (Actes 2, 39). Cependant ce propos divin attendait toujours son accomplissement.
Le temps de cet accomplissement approchait. Pierre qui l'avait annoncé en citant la prophétie de Joël
qui corroborait sa prédication, et qui avait reçu du Seigneur les clefs du royaume, employa ces clefs
pour ouvrir la porte aux Gentils, dans la maison de Corneille. Jusqu'alors cependant, l'apôtre des Gentils était inconnu du collège apostolique. Mais l'heure était venue tant pour le salut des Gentils, que
pour publier qu'ils étaient faits un avec ceux qui avaient été autrefois .Juifs, et c'est à ce moment que le
serviteur spécialement appelé à ce service fut introduit: C'était Paul, jusqu'alors très zélé pour la loi et
adversaire déterminé du Seigneur Jésus et de ses disciples. Il devint un exemple remarquable de la
grâce et fut un vaisseau choisi pour porter le nom de Christ devant les Gentils, les rois et les fils
d'Israël (Actes 9, 15). En vue de ce travail, Paul avait été mis à part dès le ventre de sa mère (Galates
1, 15-16) ; il fut mis en présence de Christ Lui-même sur le chemin de Damas et reçut le service spécial auquel il était destiné (Actes 26, 16-17). Cependant, l'heure d'entrer dans son service n'était pas
encore venue pour lui. Plus tard, dans le temple de Jérusalem, il reçut, étant en extase, l'ordre de partir
vers les Gentils (Actes 22, 17, 21). Depuis, il fut connu comme leur apôtre (Romains 11, 13).
De quelle mission s'agissait-il ? Les Gentils formaient la sphère spéciale de son activité, une sphère
limitée seulement par les confins de la terre habitée dans la plus exacte et la plus large acception. Partout où il y aurait quelqu'un de la race humaine n'appartenant pas à la semence de Jacob, il y aurait une
âme à laquelle Paul avait mission de présenter les richesses insondables du Christ. Quel champ de travail et quel message! La grâce fut alors déployée d'une double façon, et Paul en était un exemple merveilleux. Le persécuteur de l'église, si zélé pour la loi, devint le plus ardent champion de la grâce et le
défenseur de la liberté de ceux qui venaient des Gentils (Galates 5, 1). Sans doute, de même que les
douze, Paul pouvait s'adresser aussi aux Juifs, mais son travail spécial s'exerçait parmi les Gentils;
ceux-ci désormais n'étaient plus dans les ténèbres de dehors, mais amenés dans le cercle de la faveur
divine.
Paul s'était vu confier un autre genre de service, service qui s'étendait à tous les véritables saints de
Dieu sur tonte la terre. « Cette grâce m'a été donnée... de mettre en lumière devant tous quelle est
l'administration du mystère caché dès les siècles en Dieu qui a créé toutes choses» (Éphésiens 3, 9).
Ainsi, pour ce qui concernait l'évangélisation, les Gentils constituaient le champ de travail spécial de
Paul, mais pour ce qui touchait l'administration il s'adressait à tous les saints. Paul était, en même
temps qu'un serviteur de l'évangile, un serviteur de l'Église (Colossiens 1, 23-25). Partout où était un
gentil, il y avait quelqu'un à qui Paul pouvait annoncer les richesses insondables du Christ. Partout où
il y avait un saint, il y avait quelqu'un devant qui il devait mettre en lumière l'administration du mystère caché dès les siècles en Dieu qui a créé toutes choses.
Les Gentils entendirent la bonne nouvelle et se réjouirent (Actes 13, 48). Les saints de tous les temps
doivent aussi avoir reçu avec intérêt la révélation du mystère caché dès les siècles en Dieu. Est-ce que
chaque chrétien qui lit ces lignes est entré en quelque manière dans ce qu'était réellement cette seconde
partie du ministère de Paul? Il y avait un mystère, maintenant révélé, concernant également tous les
saints de Dieu; désirons-nous le connaître et en être instruits? Mais est-ce seulement les hommes qui
sont intéressés par ce mystère? Il est bien vrai qu'eux seuls ont une part dans les bénédictions se rapportant à ce mystère, mais il y a, cependant, un autre ordre de créatures qui éprouvent un puissant intérêt dans le déploiement de ces choses; il s'agit des puissances angéliques dans les lieux célestes, qui
apprennent par l'Église la sagesse si diverse de Dieu.
De quelles scènes n'ont-ils pas été témoins? Ils ont vu la terre émerger du chaos à la parole du Tout
Puissant et préparée par Lui en vue de l'introduction sur cette scène d'une créature entièrement nouvelle, l'homme, qui fut créé le sixième jour. Ils furent témoins du don de la loi (Actes 7, 53) ; les
chœurs célestes louèrent Dieu à la naissance du Seigneur Jésus ; ils le servirent dans le désert; l'un
d'eux le fortifia dans le jardin ; Il a été vu des anges durant sa vie; sa tombe fut gardée par eux après sa
résurrection; Celui qu'ils adoraient et à qui ils obéissaient comme Dieu, ils le virent prenant la forme
d'un homme et furent témoins de sa mort sur la croix. La création de l'homme, l'incarnation du Fils de
Dieu, sa vie de dépendance, sa mort ignominieuse et ses souffrances, étaient autant de choses qui leur
étaient familières. Maintenant quelque chose de nouveau était déployée devant eux par le moyen de
l'église. Christ, comme homme, était la tête dans le ciel d'un corps existant sur la terre, lequel lui était
étroitement uni. Cette vérité merveilleuse, les anges l'apprirent par l'Église de Christ. Il était monté au
ciel, anges, autorités et puissances lui étant soumis, et ces mêmes pouvoirs angéliques apprirent que,
comme homme, Il n'était pas complet sans son corps. Lui est la tête dans le ciel, et les saints sur la
terre: son corps.
Quel ministère que celui qui fut ainsi confié à Paul concernant les Gentils, tous les saints et tous les
anges! Nul autre ne reçut une grâce pareille. Paul ressentit pleinement cette grâce; puissions-nous,
nous aussi, comprendre ces choses et y entrer.
C.E.S.
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PENSÉE
C'est en fixant nos ?eux sur Jésus que nous pouvons abandonner quoi que ce soit pour Lui.
J. N. D.
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EXTRAIT D’UNE LETTRE
... 1882.
...Combien il est vrai qu'en dehors de Lui nous ne pouvons rien faire! Ne manquons-nous pas trop
d'une vraie dépendance? Au lieu de poursuivre l'humble sentier qu'Il à suivi, Lui qui pouvait dire: « Je
suis un ver et non point un homme», nous pensons plutôt être quelque chose et nous nous élevons
nous-même, mais, pour être bientôt heureusement abaissés. Quelle grâce qu'Il nous abaisse ainsi maintenant, plutôt que de permettre que nous persévérions dans l'orgueil de notre moi. Il nous abaisse afin
de pouvoir nous élever, dans le sentiment de sa merveilleuse grâce.
J'ai pensé que peut-être beaucoup parmi nous n'ont pas suffisamment réalisé la ruine complète de
tout ce qui a été confié à la responsabilité de l'homme. Nous parlons fréquemment de la ruine de
l'Église ; mais ne nous enorgueillissons-nous pas en même temps bien souvent dans le secret de nos
cœurs de ce qu'il y a au moins un petit cercle, dans lequel nous nous trouvons, où tout est en ordre?
C'est là le propre d'un esprit sectaire.
Naturellement, la Parole de Dieu qui est la vérité ne change pas, et il demeure toujours vrai que là
où deux ou trois sont assemblés au nom de Christ, Il est là au milieu d'eux. La vérité et le chemin sont
aussi simples que jamais, de sorte qu'il y a toujours une ressource pour la foi. Mais si l'orgueil se cache
dans nos cœurs, si nous pensons que tout va bien et que «les frères» sont une espèce d'asile dans lequel
peuvent se rassembler les enfants de Dieu pour y être gardés et abrités jusqu'à la venue du Seigneur,
certainement ce n'est pas là avoir appris la vérité touchant la ruine de l'Église. Peut-être y a-t-il beaucoup plus de cela que nous ne pensons. Cependant Dieu permet que, même au milieu de nous, nous
apprenions quelque chose de la ruine de l'Église. Puissions-nous apprendre si bien cette leçon, que
Christ devienne tout pour nous, non seulement un objet pour nos cœurs individuellement, mais aussi le
seul centre de notre rassemblement. Celui qui ne peut jamais manquer, et qui, en dépit de la ruine de
l'Église et même devant les menaces de l'apostasie, «peut nous garder sans que nous bronchions et
nous placer irréprochables devant sa gloire avec abondance de joie. »
La façon dont nous devons apprendre ces choses est bien humiliante à cause de notre orgueil et de
notre folie. Nous pouvons bien répéter avec David: « Comment les hommes forts sont-ils tombés ! Ne
le racontez pas dans Gath, n'en portez pas la nouvelle dans les rues d'Askalon, de peur que les filles
des Philistins ne se réjouissent, de peur que les filles des incirconcis ne tressaillent de joie» (2 Samuel
1, 10). Le mieux est d'apprendre la leçon à n'importe quel prix; si grande que soit l'humiliation ce sera
certainement pour notre bénédiction. Nous pouvons avoir confiance Celui dont la grâce ne peut manquer et qui aime t out son peuple d'un amour impérissable.
Puissions-nous être gardés en l'attendant aussi bien qu'en gardant la Parole de sa patience.
A. H. R.
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ATTENTE
Actes 1
L'attitude prise par les disciples au moment où le Seigneur «s'en va au ciel» est remarquable. C'était
pour les disciples un changement complet. « Il fut élevé de la terre comme ils regardaient, et une nuée
le reçut et l'emporta de devant leurs yeux.» Christ n'était plus maintenant un objet pour la vue, et cela
est à remarquer comme étant de grande importance pour l’âme. Ils regardaient fixement vers le ciel,
c'est-à-dire vers l'endroit où Jésus était allé, et telle doit bien être aussi notre attitude en esprit; mais il
regardaient avec leur vue naturelle et c'est pourquoi ils reçoivent une communication angélique qui
avait pour but de mettre un terme aux regards de la chair.
La Galilée était pour Israël une contrée méprisée et l'ange s'adresse à eux comme il, des Galiléens:
« Hommes galiléens, pourquoi vous tenez-vous ici, regardant vers le ciel ? » Celui qui venait de partir,
reviendrait de la même manière, et ils devaient l’attendre. Ils étaient ainsi introduits dans une nouvelle
position. Nous devons nous souvenir que le Saint Esprit n'avait pas été donné; ils se tenaient néanmoins dans l'attitude qui convenait, car ils avaient été conduits jusqu'au terme d'une économie et
n'avaient pas encore été introduits dans la nouvelle. Que pouvaient-ils faire d'autre ? C'est, ou plutôt ce
devrait être l'histoire d'une âme dans le temps présent: Dieu ayant jugé bon de la convertir, elle attend
et compte sur Lui pour faire un pas de plus. Mais combien peu font ainsi.
Il faut que l'âme ait un refuge quelque part; les disciples avaient cet instinct béni qui leur faisait penser: nous attendrons jusqu'à ce que nous voyions ce que nous devons faire. Ils durent attendre ainsi
jusqu'à ce qu'ils eussent la force nécessaire et elle leur fût donnée à la Pentecôte. La communication
angélique met un sceau sur le passé, le livre était fermé, ils n'en avaient que faire désormais. Ils firent
donc la seule chose qui convenait, ils retournèrent à Jérusalem, demeurèrent à l'écart et attendirent.
C'est une leçon qui nous est donnée par ceux que nous supposerions moins sages que nous, car le Saint
Esprit n'était pas descendu. Ils ne bougèrent pas jusqu'à ce qu'ils eussent été enseignés sur ce qu'ils devaient faire. Nous sommes lents de cœur à nous soumettre à une telle règle de vie, mais c'est en aban-
donnant à Dieu le prochain mouvement que nous devons faire, que nous sommes sûrs de ne pas nous
tromper.
Une autre chose digne de remarque, c'est que ces disciples demeuraient ensemble dans un même
lieu. Ils sont mentionnés par nom, ils étaient tous là ainsi que les femmes, une merveilleuse compagnie. Il est bon pour nous de le remarquer et de méditer là-dessus : il n'y en eut aucun qui fût laissé
dehors.
Il y a en Jean 20 une autre compagnie en contraste avec celle-là. Ils étaient tous rassemblés, sauf l'un
d'entre eux qui était absent. Ils étaient dans le même esprit et la même attitude, mais le Seigneur n'était
pas encore monté en haut. Il était toujours sur la terre, et cependant pas comme Il était avant sa mort. Il
leur annonça des choses merveilleuses qui demeurent avec toute leur valeur jusqu'à aujourd'hui: « Paix
vous soit », et Il leur montra le fondement de leur paix, les blessures qu'Il portera durant l'éternité.
Cependant c'est sa présence personnelle qui les occupe: «les disciples se réjouirent donc quand ils virent le Seigneur.» Il n'est pas dit que les disciples furent heureux quand ils virent ses blessures, mais
qu'ils furent heureux quand ils le virent Lui-même ; c'était une joie résultant de sa présence. L'intelligence, aussi bien que les affections sinon davantage, est ici en exercice; plus que de la paix, si bénie
qu'elle soit, ils jouissent effectivement de la présence de Celui qu'ils connaissent et qu'ils aiment. Il
était là, et ils étaient satisfaits; cependant ce rassemblement, si béni qu'il fût, était marqué par une absence: Thomas n'était pas là.
N'était-ce pas une chose triste que cette absence dans un tel rassemblement ? Il en est de même de
l'Église, elle est en ruine du fait de l'homme, et ce qui pèse sur l'âme dans un rassemblement de saints,
c'est qu'il y a des absents. Thomas dut réaliser par la suite ce qu'était cette absence ; les disciples
avaient été rassemblés, mais il n'était pas là et, nous voyons toutes les conséquences de son incrédulité
d'esprit. Ici, en Actes 1, il n'y avait aucun absent sauf Judas qui naturellement ne pouvait être là. Ce
petit rassemblement était caractérisé par les affections du cœur pour Christ plus que par l'intelligence
de la vérité donnée par le Saint Esprit. Le cœur dit: Je ne puis aller où Christ n'est pas. Ils ne pouvaient
rien faire, ils étaient dans l'attente. Ce qui nous empêche de nous établir ici-bas, n'est-ce pas le fait que
nous n'attendons rien sinon le retour du Seigneur?
C'est cela seul qui nous garde de nous établir en ce monde. Nous attendons le retour de notre Seigneur; les saints endormis l'attendent aussi; quand le Seigneur viendra, tous seront présents, non seulement ceux qui sont sur la terre, mais tous les morts en Christ.
Au chapitre suivant, il est répondu à cette attente, car le Saint Esprit descend et c'est le point de départ d'un nouvel ordre de choses; s'il n'en avait pas été ainsi, où auraient-ils pu aller? Sans aucun doute
ils auraient été dispersés çà et là, mais nous les trouvons rassemblés tous ensemble d'un même accord
et dans un même lieu, le jour de la Pentecôte. L'Esprit Saint descend sur tous, sur chacun d'eux, et de
plus remplit la maison.
À la fin du chapitre 2 des Actes, nous trouvons de nouveau ce que nous avons dans le chapitre 1,
mais c'est maintenant dans la puissance du Saint Esprit. «Ils persévéraient dans la doctrine et la communion des apôtres (il n'y a pas d'autre doctrine ni d'autre communion), dans la fraction du pain et les
prières.» Cela n'altérait nullement l'espérance de sa venue. Quand Dieu intervient et permet qu'un nouveau pas soit fait, cela ne change nullement ce qui précède mais le confirme, au contraire. Ils avaient le
Saint Esprit, ils persévéraient dans la doctrine et la communion des apôtres, dans la fraction du pain et
les prières; c'est là que nous en sommes dans le temps présent. Rien d'autre ne subsiste, il n'y a pas
d'autre communion. Que le Seigneur veuille dans sa grâce faire peser cela sur chacune de nos âmes
afin que nous ne restions pas au-dessous de ce qu'Il a voulu pour nous, pour notre consolation et notre
bénédiction.
W. F. B.
………………………………………………
LA POSITION, LA MARCHE ET LA FOI
1. «Devant Dieu en Christ»
«Le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ... nous as élus en lui avant la fondation du monde,
pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour» (Éphésiens 1, 4). Les croyants
sont donc les objets d'un libre et souverain choix de Dieu, fait dans l'éternité et pour l'éternité. Il nous a
voulus revêtus de caractères qui reflètent les siens: la sainteté, qui exclut et repousse tout ce qui n'est
pas la volonté divine, l"irréprochabilité qui est le propre de voies parfaitement conformes à cette volonté, et cela dans ce qu'Il est en Lui-même, c'est-à-dire «en amour ». Ces caractères sont ceux de
Christ, en qui Dieu trouve ses délices et à qui il nous asseoir dans ses conseils éternels. Nous ne pouvions être saints et irréprochables autrement qu'en Christ. Notre caractère est lié à notre position en
Lui, en qui nous avons été «bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes» (v. 3). En
dehors de Lui nous n'aurions été que des créatures, tombées de l'innocence dans le péché, souillées et
coupables. Mais tel Il est, tels Dieu nous voit en Lui, et tels nous serons effectivement et, exclusivement un jour.
Le croyant peut parler avec assurance d'une telle position et d’un tel caractère. La base sur laquelle
ils sont inébranlablement fondés, c'est l'intention de Dieu. Il n'y a là aucune incertitude, nulle condition
n'est posée, nulle réserve n’est faite. Dieu fait connaître sa volonté; n'aurait-il pas les moyens d'accomplir, dans le temps, le plan conçu par Lui seul dans l'éternité? Rien ne saurait Lui faire obstacle, ou
plutôt le triomphe de tous les obstacles est impliqué dans le conseil divin lui-même, qui a Christ pour
agent : « Je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté». L'exécution de ce plan divin comporte notre adoption
« pour lui, par Jésus Christ» (v. 5), et cette adoption est rendue possible par la rédemption (v. 7). Tout
est accompli maintenant, l'œuvre est parfaite, Christ paraît pour nous devant la face de Dieu, « Il nous
a rendus agréables dans le Bien-aimé », tout est « à la louange de la gloire de sa grâce»; nous sommes
« assis dans les lieux célestes dans le Christ Jésus» (2. 6) et nous attendons d'être là avec Lui. Mais le
caractère mis sur nous est en Lui, il l'était avant que nous fussions, de toute éternité, comme il 1'est
pour l'éternité.
2. «Au milieu d'une génération tortue et perverse». (Philippiens 2,15).
Ce caractère est mis sur les croyants ici-bas par l'Esprit saint qui leur a été donné. Ils sont placés,
nouvelle création au sein de l'ancienne à laquelle ils appartiennent encore corporellement, « au milieu
d'une génération tortue et perverse», parmi laquelle, leur est-il dit, « vous reluisez comme des luminaires ». Leur position en Christ, leur relation avec Dieu comme Père « des enfants de Dieu» sont immuables, mais ils se trouvent sur la terre comme des preuves vivantes de l'œuvre de Dieu parmi les
œuvres des hommes, comme les porteurs de la lumière que Christ a apportée dans les ténèbres de ce
monde; leur présence démontre les effets de la parole de vie dans des hommes.
Sommes-nous cela de façon effective et visible? Ce témoignage est-il clairement rendu? La même
parole, par le même Esprit, enseigne le nouvel homme, l'avertit, le réveille, pour que toute activité de
l'ancien soit immédiatement jugée, car le péché demeure en nous tant que nous sommes dans ces
corps. Mais rien ne peut changer quoi que ce soit à notre vocation présente, qui est d'être «sans reproche et purs, des enfants de Dieu irréprochables ». Dieu nous revêt, devant le monde, de ce titre sans
égal, ses enfants. Nous l'avons reçu par grâce, par la foi au nom du Verbe fait chair. Si nous avons le
privilège de prendre un tel nom, notre responsabilité est de le porter un enfant de Dieu doit être sans
tache s'il veut revendiquer son titre sans se condamner lui-même, aux yeux même de ce monde, qui
voit parfois mieux que nous à quoi notre noblesse nous oblige. Un chrétien dont la conduite justifie
des reproches, qui mêle à la corruption, ternit son caractère, en même temps qu'il « attriste le Saint
l'Esprit de Dieu, par lequel [il] a été scellé pour le jour de la rédemption ».
C'est dans le sentiment que nous sommes sans cesse exposés, dans la pratique, à renier notre caractère, que nous avons à nous conduire avec crainte, et à « travailler à notre propre salut avec crainte et
tremblement ». Non que nous puissions être en aucune manière nos propres sauveurs, ni que notre
Sauveur puisse perdre aucun des siens, mais la marche que nous sommes appelés à poursuivre est celle
de sauvés, et de sauvés par Lui seul. La crainte sanctifiante qui remplit un cœur lorsqu'il a pris quelque
peu conscience de la valeur d'une telle personne est de ne pas garder le contact avec elle, de lâcher sa
main et d'être entraîné loin de Lui. Nous allons trouver le secret pour être ainsi gardés, dans un troisième passage qui nous parle, lui aussi, de gens «saints, irréprochables et irrépréhensibles ».
3. «Si du moins »... (Colossiens 1, 23)
Dans l'épître aux Colossiens, les chrétiens sont considérés comme des gens qui étaient «autrefois
étrangers et ennemis quant à leur entendement, dans les mauvaises œuvres », donc non seulement
éloignés de Dieu mais éloignés par leur faute, et opposés à Lui, et qui sont maintenant placés, en vertu
de la mort de Christ, sur le terrain tout nouveau de la réconciliation. Nous trouvons le même but divin
qu'en Éphésiens 1, 4, savoir de les «présenter saints et irréprochables et irrépréhensibles devant Lui »,
mais alors que dans les Éphésiens ce but est énoncé en rapport avec le propos de Dieu, l'élection avant
la fondation du monde, il l'est ici en rapport avec le moyen par lequel nous avons été réconciliés, c'est-
à-dire « le corps de la chair» de Christ, dans lequel Il est mort pour nous, à la gloire de Dieu. Le
moyen est aussi parfait que le propos. Notre présentation comme saints et irréprochables est aussi sûre,
de par l'efficacité de ce moyen, qu'elle l'est de par la souveraineté du conseil éternel dont elle procède.
Elle ne dépend pas de nous, mais de Dieu, manifesté et agissant en Christ. Tout ce que réclamait notre
condition a été fait, et rien ne peut être ajouté à une telle œuvre. Christ aura les siens avec Lui en
gloire, parfaits comme Lui-même. C'est Lui qui les présentera. Tandis qu'ils sont encore sur la terre,
morts avec Lui, ressuscités avec Lui, leur vie est cachée avec Lui en Dieu, et quand Il sera manifesté
ils seront alors, eux aussi, manifestés avec Lui en gloire. Mais à quel titre ont-ils part à des réalités si
hautes? Au titre de croyants, et ils les possèdent en espérance. La seule chose pour eux, mais c'est là
leur responsabilité, est do ne pas abandonner la foi et l'espérance chrétiennes, sinon il ne leur reste
rien.
Ils ne peuvent saisir quelque chose de leur part qu'en « demeurant dans la foi, fondés et fermes, et ne
[se] laissent pas détourner de l'espérance de l'évangile» qu'ils ont ouï et cru lorsqu’ils ont reçu la parole
de vérité (v. 5-6). La vie pratique du chrétien sur la terre procédera tout naturellement de cette foi et de
cette espérance ferme. L'une et l'autre se nourrissent des choses d'en haut, et de rien d'autre. Les choses
de la terre leur sont funestes. C'est pour cela que nous trouvons: « Si du moins... » Salutaire mise en
garde, précieuse et non point troublante. Ce serait un non-sens que de dire à un incrédule qu'il est réconcilié et qu'il sera présenté saint et irréprochable. C'en serait un, tout autant, que de dire cela à quelqu'un qui se serait détourné de la foi, soit qu'il apostasie ce qu'il avait confessé, prouvant par là qu'il
n'avait pas la foi du cœur, soit qu'il écoute un autre évangile présentant un autre Christ, et qu'il se
trouve « déchu de la grâce ». L'apôtre ne pouvait tenir ce langage aux Galates. Les certitudes et les
promesses n'appartiennent qu'à la foi. Et celle-ci se montre par ses œuvres.
Il faut soigneusement prendre garde, à ce propos, que ce n'est jamais la marche qui produit la foi et
l'espérance, mais la foi et l'espérance qui produisent une marche conforme à ce que l'œuvre de Christ a
fait de nous et qui sera bientôt manifesté. C'est en pensant aux choses d'en haut que nous ne penserons
pas à celles qui sont sur la terre, et que nous aurons et le discernement et l'énergie nécessaires pour
«mortifier [nos] membres qui sont sur la terre ».
Quelles sont donc ces choses d'en haut dont la foi s'occupe et qui nourrissent l'espérance ? Celles qui
concernent Christ. Elles comportent tout ce que les versets précédents du chap. 1 nous disent de Lui,
de ses primautés, de ses gloires, de son œuvre, et des résultats de son œuvre. Nous avons besoin de
progresser dans cette connaissance, par le cœur et par l'esprit. Ce ne sont pas des choses qu'il suffit
d'avoir entendues une fois, auxquelles on a, cru une fois pour ne plus y revenir. Il faut au contraire y
revenir sans cesse. Il faut que nos racines plongent dans le sol, ferme et nutritif à la fois (2, 7), de façon à croître dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur Jésus Christ. C'est toujours la
même personne, mais mieux et plus intimement connue. Nous n'avons pas à apprendre une leçon
morne et morte, mais à vivre, et à vivre de la « plénitude» elle-même.
Ainsi l'enseignement donné aux Colossiens, vient, par le «si du moins» de notre responsabilité, incorporer à la vie chrétienne pratique, dont s'occupe l'épître aux Philippiens, notre position en Christ
dont nous entretient celle aux Éphésiens. Nous ne serons tels que Paul désirait voir les Philippiens,
« sans reproche et purs, des enfants de Dieu irréprochables », que dans la mesure où nous ferons ce
qu'il enjoint aux Colossiens, savoir retenir, par la foi et dans l'espérance, la bienheureuse réalité posée
par Dieu comme immuable, voulue par Lui avant la fondation du monde et acquise par l'œuvre de
Christ, celle d'être « saints et irréprochables devant lui, en amour.» La foi et l'espérance sont en Lui,
qui opère en nous «le vouloir et le faire, selon son bon plaisir».
« Or, à celui qui a le pouvoir de vous garder sans que vous bronchiez, et de vous placer irréprochables devant sa gloire avec abondance de joie, ... au seul Dieu, notre Sauveur, par notre seigneur
Jésus Christ, gloire, majesté, force, et pouvoir, dès avant tout siècle, et maintenant, et, pour tons les
siècles. Amen» (Jude 24-25).
A.G.
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« AVEC CEUX QUI INVOQUENT LE SEIGNEUR D'UN CŒUR PUR»
(2 Timothée 2, 22)
Qu’il soit nécessaire de revenir sur les enseignements de 2 Timothée 2, 19-22, présentés si souvent
déjà, et qui devraient être bien connus de nous tous, peut paraître surprenant. Mais d'une manière générale, les enseignements des Écritures doivent nous être sans cesse rappelés, nos cœurs étaient oublieux; c'est pourquoi, par exemple, l’apôtre écrivait aux Philippiens : «Vous écrire les mêmes choses
n'est pas pénible pour moi, et c’est votre sûreté » (Philippiens 3, 1 : voir aussi 2 Pierre 12, 12 à 15). Si
aujourd'hui il semble opportun de remettre en mémoire, plus particulièrement ceux de la 2ème Épître à
Timothée, c'est bien parce que l'adversaire poursuit avec plus d'ardeur encore les efforts qu'il déployait
déjà lorsqu'un de nos devanciers était conduit à écrire: « Le maintien de la vérité et de la sainteté est
une condition essentielle du témoignage rendu au Seigneur. L'ennemi fait son possible pour nous faire
passer légèrement sur des choses aussi importantes. Tons admettent cependant que la vérité doit être
maintenue, mais le désir d'union parmi les chrétiens, l'œuvre de l'évangélisation, l’amour entre tous, la
font considérer comme chose secondaire. Aujourd’hui, le grand but de l'ennemi est d'affaiblir le faible
témoignage que le Seigneur s’est suscité jusqu'à son retour prochain. Hélas! Nous rendons à l'adversaire son œuvre facile, par notre mondanité, notre affaiblissement spirituel, l'indifférence qui nous fait
traiter d'étroitesse et de manque d'amour le maintien de la vérité. Après avoir affaibli le témoignage
par de nombreuses divisions, il veut le ruiner davantage encore; c'est pourquoi il cherche à réunir ceux
qu'il a divisés, non pas sur le terrain de la vérité, ce qui certes serait à désirer, mais en niant ou en atténuant les erreurs qui ont causé ces divisions, erreurs avec lesquelles nr peuvent marcher ceux qui désirent être fidèles au Seigneur en gardant sa Parole et en ne reniant pas son nom. Pour réunir des chrétiens hors du terrain de la vérité, l'ennemi insinue qu’il faut revenir en arrière et revoir si les erreurs
étaient telles qu'il ait fallu s’en séparer. Hélas ! Dans bien des cas, cette séparation n'aurait pas été nécessaire avec plus de patience et moins de volonté propre. Mais sommes-nous plus spirituels que ceux
qui étaient alors à la brèche et qui avaient un jugement plus sûr que le nôtre, parce qu'ils vivaient plus
que nous dans la séparation du mal et du monde? Au contraire, en vertu de notre affaiblissement, nous
nous laissons influencer par les circonstances ; ce n'est qu’avec des mains tremblantes que nous retenons la vérité qui nous a été enseigné par ceux qui nous ont précédés, et qui étaient doués d'une manière toute spéciale pour remettre en lumière les vérités fondamentales de l'Assemblée, méconnues durant des siècles. Mais si nous n'avons pas qualité pour juger de nouveau ce que de plus spirituels que
nous ont fait sous le regard du Seigneur, nous avons la responsabilité d'agir selon les principes scripturaires dans les circonstances où nous nous trouvons aujourd’hui» (M.E. année 1923, page 320 ; voir
spécialement les pages 327 et 328).
Dieu veuille nous donner pleine conscience des dangers qui menacent le témoignage, amis encore
nous accorder de demeurer fermes et nous communiquer l'énergie nécessaire pour « combattre pour la
foi qui a été une fois enseignée aux saints» (Jude 3). Cette sainte énergie doit se manifester non seulement dans le combat pour la foi mais aussi dans toutes les actions qu'il peut être utile d'exercer pour le
jugement du mal. Soyons gardés d'imiter l'exemple d'Éli qui fut un sacrificateur infidèle parce qu'il se
contenta de reprendre alors qu'il était responsable d'agir!
*
*
*
Au sein de la chrétienté, comparée à «une grande maison », « quiconque prononce le nom du Seigneur », reconnaissant son autorité comme Chef de l'Assemblée et désireux d'y être soumis, est responsable de « se retirer de l'iniquité ». Pour affaiblir la portée de cette injonction, certains veulent
donner au terme « iniquité» le même sens que celui qu'il a dans un passage comme 1 Jean 3, 4, où il
signifie «une marche sans loi, sans frein» (anomia) (note en bas de page, dans la Bible, version Darby)
et caractérise l'état de l'homme naturel, n’ayant pas la vie de Dieu. S'il en était ainsi, «se retirer de
l'iniquité» n'impliquerait pas autre chose que la séparation d'avec les incrédules. Mais dans le verset 19
du chapitre 2 de la 2ème Épître à Timothée, le mot « iniquité» (adikia) a. le sens d'injustice (voir, en opposition, «la justice », justice pratique, dont il est question au verset 22). «Se retirer de l'iniquité »,
c'est se séparer non seulement de ceux qui n'ont pas la vie de Dieu mais encore de ceux qui, dans la
pratique, ne marchent pas selon la vérité de Dieu, lorsque cette «iniquité» (ou injustice, ou faute, tort
ou erreur) est retenue comme doctrine. Ce dernier point est important: en effet, deux actes, bien
qu'identiques en apparence, sont différents l'un de l'autre si le premier est accompli par suite d'un manquement occasionnel il une saine doctrine, tandis que le second résulte de l’obéissance à un faux en-
seignement. Le fidèle doit se séparer et de la fausse doctrine et de ceux qui l'enseignent, comme aussi
de ceux qui acceptent, volontairement ou tacitement, cet enseignement; il manifestera ainsi les caractères d'un «vase à honneur », tels qu'ils sont définis en 2 Timothée 2, 20, 21. Son cœur doit être « pur
», selon l'expression employée dans le verset qui suit. Enfin, il est exhorté à « poursuivre la justice, la
foi, l’amour, la paix». Mais « poursuivre» avec qui ? Avec tous ceux qui, extérieurement, se réclament
de Christ et portent le nom de chrétien? Non, nous dit l'Écriture inspirée de Dieu, mais seulement
«avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un cœur pur». Que le fidèle ait à se séparer, qu'il ne puisse
marcher avec tous ceux qui font partie de la maison de Dieu, ressort (la manière évidente de l'enseignement contenu dans les versets 19 à 22 du chapitre 2 de la seconde Épître à Timothée.
La question est aussitôt posée: qu'est-ce donc qu'avoir «un cœur pur» ? Pour être «pur », le cœur doit
être « purifié» et il n'est pas d'autre moyen pour cela que « l'obéissance à la vérité », et pour le salut et
pour la marche (1 Pierre 1 22). Un cœur « pur» lorsque la vérité de Dieu y fait loi, mettant de côté
toutes les pensées, même les meilleures, que chacun peut avoir. La vérité obéie rend le cœur pur.
La première responsabilité du croyant qui désire être fidèle au Seigneur dans sa marche ecclésiastique est donc d'abord à l'égard de lui-même: avant de regarder autour de soi, il faut considérer
l'état de son propre cœur, regarder en soi. Comme tout deviendrait plus facile, dans le témoignage collectif, si chacun commençait par là, si chacun se soumettait avec simplicité de cœur et sans raisonnements, l'autorité de la Parole de Dieu, la laissant d'abord agir en lui, afin qu'elle gouverne son cœur et
forme ses pensées! L'action découlant de la pensée, le croyant serait ainsi conduit à obéir à la vérité,
non seulement dans sa marche individuelle, mais encore pour la marche collective, il aurait «un cœur
pur », purifié « par l'obéissance à la vérité ».
Un «cœur pur », c'est celui qui «se retirant de l'iniquité », « invoque le Seigneur ». 2 Timothée 2, 22
lie étroitement les deux expressions: « d'un cœur pur» - c'est la séparation - et «invoquer le Seigneur» c'est l'attachement à Christ. Christ doit être l'objet des affections; s'il en est ainsi, le cœur, rempli de
Lui tel que la Parole le présente, sera vraiment un «cœur pur », qui jamais ne voudrait associer à l'iniquité un Nom qui a pour lui un tel prix. Pour un « cœur pur », le nom ou Seigneur est précieux, aussi
son autorité est-elle reconnue et obéie. En d'autres termes: l'obéissance à la vérité est facile pour le
cœur attaché à Christ. C'est donc en fait l'attachement à sa Personne qui doit être le point de départ. Et
c'est bien ce celui caractérise le témoignage philadelphien : la Parole de Christ est gardée, le Nom du
Saint et du Véritable n'est pas renié parce que Christ est précieux au cœur du fidèle témoin. Le cœur
dirigé vers Lui, l'âme nourrie de Lui. Les affections liées à sa personne, la séparation de toute iniquité
est, alors réalisée de la manière où elle doit l'être: pour le Seigneur et comme fruit de l'attachement à sa
personne. C'est là le point capital et nous avons besoin d’y être attentifs si nous voulons éviter le danger qui constituerait une séparation, surtout extérieure, froide et desséchante parce qu’observée comme
une stricte obéissance à un principe légal. Tandis qu'au contraire, elle permettra le développent de
l'épanouissement de la vie nouvelle reçue par la foi, si elle découle de l'attachement à Christ, au Christ
des Écritures et d’une vraie communication avec Lui. « L'obéissance à la vérité» est alors réalisée tout
naturellement car la nouvelle nature se plait à obéir, c’est là la joie.
L'obéissance à la vérité se traduit dans la vie pratique, par la séparation du mal, du mal doctrinal tout
autant que du mal moral. Il faut y insister, car bien croyants pieux dans leur marche personnelle, mais
demeurant associés à un milieu chrétiens où enseignements de la Parole de Dieu sont méconnus sur
des points fondamentaux ; bien qu'observés peut-être sur d’autres, se refusent à admettre qu'ils ne sont
pas dans un chemin d'obéissance à la vérité. Il est d'ailleurs fréquent qu'au lieu d'être utile à de tels
croyants en leur montrant ce qu'est le rassemblement des enfants de Dieu selon la Parole dans la séparation, on les induise en erreur en s'associant à eux de manière plus ou moins étroite: leur piété personnelle attire, peut-être aussi leur zèle dans un service chrétien, on met en avant les différentes vérités
maintenues dans le milieu où ils se trouvent et l'on s’en autorise pour marcher avec eux, leur laissant
supposer de la sorte qu'ils sont dans le vrai chemin. On aura vite dit: il n'y a que des nuances qui nous
séparent... C'est proprement tromper les âmes, consciemment ou la plupart du temps, inconsciemment.
Si à peu près tous les croyants faisaient face à la première responsabilité qui leur incombe, il serait
facile de suivre l'exhortation de 2 Timothée 2, 22. Hélas ! Il n’en est pas ainsi. Se pose donc une deuxième question : comment discerner, afin de «poursuivre» avec eux, «ceux qui invoquent le Seigneur
d'un cœur pur ». Certains prétendent qu’il est impossible de les reconnaître au sein de la chrétienté.
Mais la Parole de Dieu nous adresserait-elle une exhortation que nous ne pourrions mettre en pratique ? La grâce divine saura guider et éclairer celui qui craint Dieu et vit dans la communion de ses
pensées, humblement soumis à sa Parole ; elle lui donnera discernement et sagesse, lui montrera quels
sont ceux avec lesquels il peut marcher et se rassembler. « Qui est l'homme qui craint l'Éternel? Il lui
enseignera le chemin qu'il doit choisir... Le secret de l'Éternel est pour ceux qui le craignent, pour leur
faire connaître son alliance» (Psaume 25, 12 et 14). L'intelligence spirituelle est communiquée par
l'opération de la Parole et de l'Esprit de Dieu agissant dans le cœur du racheté, et ne peut être communiquée que par ce moyen.
C'est alors, et alors seulement, que sera connu et goûté l'amour fraternel, non pas la manifestation de
certains sentiments que l'on appelle volontiers amour et qui sont tout autre chose que l'amour selon
Dieu, mais un amour vrai, un amour lié à la, vérité de Dieu. C'est ce que nous enseigne la fin du verset
22 de 1 Pierre 1, dont nous avons déjà cité la première partie : « ayant purifié vos âmes par l'obéissance à la vérité, pour que vous ayez une affection fraternelle sans hypocrisie, aimez-vous l’un l'autre
ardemment d'un cœur pur ». Ce n’est pas en abandonnent la vérité que les croyants peuvent s’aimer
« l'un l’autre ardemment d’un cœur pur» : la Parole nous enseigne, au contraire, que c'est en la maintenant et en y obéissant.
L’obéissance à la vérité ne peut nous conduire sous prétexte d'amour fraternel large, à marcher avec
tous et à aller en tout lieu où se rassemblent les chrétiens. Elle nous tiendra dans la séparation. L'enseignement des passages déjà considérés rend évident, pour tout esprit non prévenu et soumis à l'autorité
des Écritures, le fait que la position des fidèles doit être dans la séparation. Non dans l'isolement, 2
Timothée 2, 22 nous le montre avec autant de clarté. Il en est, dans la maison de Dieu, dont le croyant
doit se séparer, d'autres avec lesquels il est exhorté à « poursuivre la justice, la foi, l'amour, la paix ».
L'ennemi a sans doute réussi à susciter, au sein de la chrétienté, bien des divisions qui sont à notre
honte parce que nous avons été trop souvent ses instruments dans l'accomplissement de cette œuvre de
destruction, mais aussi la grâce de Dieu a, opéré pour maintenir dans la séparation, en obéissance à sa
Parole, ceux qui désirent, malgré bien des faiblesses dont ils se sentent coupables, «poursuivre la justice, la foi, l'amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un cœur pur ». Que cette même
grâce agisse pour les garder fidèles jusqu'au bout, séparé intérieurement et extérieurement!
Ont-ils la prétention, qu'on leur attribue gratuitement, d'être les sens enfants de Dieu ? Accusation
cent fois repoussée et réfutée, pourtant sans cesse renouvelée... Ils savent bien qu'il y a des enfants de
Dieu dans maintes dénominations chrétiennes, nous voulons espérer dans toutes. Le même passage cité, du chapitre 2 de la 2ème Épître à Timothée, nous dit que «Le Seigneur connaît ceux qui sont siens ».
Tous ceux« qui sont siens », sans qu'il soit question ici de degré de connaissance ou même de fidélité
dans la marche pratique, ont leur place préparée la maison du Père, Tous les croyants, nés de nouveau,
y seront rassemblés pour l’éternité. Mais de cela on tire argument : puisque nous serons tous ensemble
dans le ciel, pourquoi ne pas être tous ensemble sur la terre ? Sans doute in serait beau de voir les enfants que Dieu tous réunis, ne formant qu’un, anticipation ici-bas de ce qui sera goûté là-haut! N'en serait-il pas ainsi d'ailleurs si chacun d’eux avait « un cœur pur» ? Le ciel sera le lien de la pureté parfaite, tout y sera lumière comme aussi tout y sera amour; aucune souillure n'y pénétrera jamais et ne
peut y pénétrer, car ce ne serait plus le ciel. De sorte que l'on ne peut connaître quelque chose du ciel
sur la terre, dans le rassemblement des enfants de Dieu, que dans la mesure où s'y trouvent maintenus
inséparablement sainteté, vérité, amour.
C'est là précisément le témoignage qu'ont à rendre ici-bas les enfants de Dieu. Tous ceux qui l'ont
compris sont responsables devant. Dieu de maintenir, avec tout l'indispensable secours de sa patience
et de sa grâce, un tel témoignage rendu à Celui qui est « le saint, le véritable» (Apocalypse 3, 7), le
«témoignage de notre Seigneur », un témoignage dont il convient de ne pas avoir honte (2 Timothée 1,
8). N'en aurait-il pas honte peut-être, au fond de son cœur, celui qui désire être considéré comme esprit
large et tolérant, prêt à marcher avec tous les chrétiens, dans la méconnaissance des enseignements de
2 Timothée 2, 19 à 22 et 1 Pierre 1, 22 ? En écrivant cela, nous n'oublions pas que le Seigneur seul
connaît ses témoins, son témoignage. Notre privilège, et notre responsabilité en même temps, est de
pouvoir nous joindre à ceux qu’il nous fait reconnaître comme l’invoquant « d’un cœur pur», afin de
rendre témoignage avec eux.
Les vérités que nous venons de rappeler sont très simples à saisir. Elles peuvent provoquer, nous
l'avons vu, certaines questions, auxquelles d'ailleurs la Parole répond elle-même; mais elles soulèveront aussi parfois des questions d'un autre caractère, provenant d'un manque de simplicité et de
soumission à l'Écriture, dénotant un esprit porté à raisonner: en fait, c'est toujours le «Quoi, Dieu a
dit?» De Genèse 3, 1. Sans doute en était-il déjà à même aux jours de l'apôtre. Et il est assez remarquable que, dans la même phrase où il présente d'abord l'exhortation à « fuir les convoitises de la jeunesse» et à «poursuivre la justice, la foi, l'amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un
cœur pur », il dise ensuite et aussitôt: « mais évite les questions folles et insensées, sachant qu'elles
engendrent des contestations» (2 Timothée 2, 23). Sans doute s'agit-il de toutes les questions suscep-
tibles d'être mises en avant à propos de la marche du fidèle dans des jours de ruine et de déclin; mais,
plus particulièrement peut-être, de celles qui sont en relation avec l'enseignement donné dans les versets l à 22, puisque l'exhortation du verset 23 y fait immédiatement suite.
De tout temps, il y eu des « opposants» à la vérité de Dieu et d'autres qui les appuient. N'y en eut-il
pas aux jours d’Esdras, lorsque ce sacrificateur fidèle enjoignit au peuple de se « séparer des peuples
du pays et des femmes étrangères ? » Il nous est dit : «Jonathan, fils d’Asçaël, et Jakhzia, fils de Thikva, s’opposèrent à cela ; et Meshullam, et Shabthaï, le lévite les appuyèrent » (Esdras 10, 10-11, 15).
Ceux dont parle ici l’apôtre ne pourraient être ramenés, et c’est là un principe général, que si Dieu leur
donnait « la repentance pour connaître la vérité », les réveillant ainsi « du piège du diable, par qui ils
ont été pris ». Ce travail de la grâce de Dieu accompli en eux, ils seraient alors conduits « à faire sa volonté », n’est pas le cœur « purifié » par « l’obéissance à la vérité ? » et non, par la leur propre (2 Timothée 2, 25-26). Le verset 25 nous montre que « les opposants » méconnaissent la vérité, c’est au
fond à elle, c’est-à-dire à Dieu lui-même qu’ils s’opposent ; seule la grâce de Dieu peut leur accorder
de s’en repentir. Le verset 26 fait ressortir la gravité de leur condition : ils ont été pris dans « piège du
diable » : s’opposant à Dieu ils sont des instruments entre les mains de l’adversaire.
Pour s'opposer au témoignage, pour essayer de le ruiner, l'ennemi emploie mille ruse, tend des
pièges dans lesquels nous risquons de nous laisser prendre si nous ne vrillons pas, si nous ne demeurons pas très près du Seigneur, notre seule ressource. C'est bien l'un de ses pièges les plus dangereux que de mettre en avant l'amour de Dieu, de chercher à l’exalter au dessus de tout, mais en laissant entièrement de côté vérités qui se rattachent, au fait que Dieu est Lumière. Ce n'est plus alors ni
l'amour selon Dieu ni la vérité de Dieu! L'adversaire essaie de persuader les chrétiens, les croyants
même, que Dieu est tellement Amour qu'Il n'est pas toujours Lumière. Dans le ciel, suggère-t-il, tous
les croyants seront rassemblés pour jouir de l'amour de Dieu; puisque ce sera leur incessante occupation pour l'éternité, n'est-ce pas de cela, et de cela seulement, qu'ils doivent être occupés ici-bas? En
apparence, c'est excellent que l’on comprenne que le cœur de plusieurs soit séduit. Comme l'ennemi
est rusé, comme il sait bien tromper les âmes! Il est « menteur, et le père du mensonge» et « il n'y a
pas de vérité en lui» (Jean 8, 44). Ce qu'il ne dit pas, nous l'avons remarqué déjà, c'est que dans le ciel,
tout sera amour mais aussi lumière; tout resplendira de la gloire divine en amour et lumière. Les rachetés ne jouiront de l'amour, en perfection, que parce qu'ils seront dans le séjour de la pure lumière, dans
le lieu de la sainteté parfaite. Déjà ici-bas, nous ne pouvons goûter l'amour de Dieu que dans la mesure
où nous demeurons dans la lumière.
Répétons-le, c'est l'objet du témoignage qu’est appelée à rendre dans ce monde « l'assemblée du
Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité» (1 Timothée 3, 15) : elle doit faire connaître Dieu,
Lumière et Amour (1 Jean 1, 5 ; 4, 8), le Dieu qui s'est pleinement révélé dans la personne et par
l'œuvre de son Fils. «Et sans contredit, le mystère de la piété est grand: Dieu a été manifesté en chair, a
été justifié en Esprit, a été vu des anges, a été prêché parmi les nations, a été cru au monde, a été élevé
dans la gloire» (1 Timothée 3, 16).
Une vie de piété, de fidélité dans le témoignage que nous sommes responsables de maintenir dans les
« temps fâcheux» des « derniers jours », nous procurera l'approbation de Dieu la joie de sa communion. Mais aussi, elle nous conduira à souffrir : « Et tous ceux aussi qui veulent vivre pieusement dans
le christ Jésus, seront persécutés» (2 Timothée 3, 1, 12). Autrefois, ces persécutions ont amené bien
des fidèles à subir le martyre ; aujourd'hui, dans nos pays tout au moins, ces souffrances sont plutôt
morales et elles doivent être supportées surtout, quelque surprenant que cela paraisse, de la part de
ceux qui se trou vent dans la maison de Dieu. Dans le verset précédent, l'apôtre, parlant de « ses persécutions, ses souffrances », mentionne uniquement celles endurées de la part des Juifs, peuple terrestre
de Dieu, peuple dont il faisait lui-même partie; ne se borne-t-il pas à rappeler celles-là pour montrer
que, dans un temps de ruine, le fidèle aura à supporter des souffrances de la part de ceux qui, extérieurement, constituent le peuple de Dieu, la maison de Dieu au sein de laquelle se trouvent aussi
«ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus » ? Il s'agit là, est-il besoin de le préciser, des
souffrances que nous avons à endurer si nous sommes fidèles; bien différentes sont celles que nous
pouvons avoir à subir en raison de nos infidélités. Dans le premier cas, nous connaissons quelque
chose de l'opprobre de Christ; dans le second, nous jetons de l'opprobre sur son nom et son témoignage.
Notre paresse spirituelle, allant d'ailleurs souvent de pair avec une grande activité dans le domaine
des choses matérielles, l'intérêt que nous manifestons pour tout ce qui est nouveau et qui croît généralement en raison inverse de celui que nous portons à la Parole, un manque de dépendance de Dieu qui
nous conduit à nous laisser guider par nos propres pensées, nos sentiments, tout cela nous amène à dé-
sirer et à rechercher autre chose que ce que Dieu nous propose, et explique bien des associations ; par
mariage dans le service ou de toute autre manière, plus ou moins étroite sous les motifs les plus divers,
excellents en apparence, avec ceux dont la Parole nous enjoint de nous séparer. Et notre faiblesse spirituelle est si grande que non seulement nous n’avons pas, bien souvent, la force nécessaire pour juger le
mal, mais encore, en tant de circonstances, nous n’avons même pas le discernement !
En d’autres temps, alors que des alliances profanes avaient conduits le peuple de Dieu à abandonner la position de séparation qui devait être la sienne, un Esdras s’humiliait, confessait le péché du
peuple et puis se levait pour agie, exhortant tout les hommes de Juda et Benjamin à « faire confession
devant l’Éternel » d’abord, à « faire ce qui lui est agréable » ensuite, enfin réaliser une entière séparation « des peuples du pays et des femmes étrangères » (Esdras 10, 11 : lire les chapitres 9 et 10). Dieu
veille susciter aujourd’hui un même esprit d’humiliation et de confession, une même énergie pour
agir ! Puisse-t-il réveiller le zèle de ceux auxquels, par grâce, Il a voulu confier son témoignage, afin
qu’il soient rendus capables de la maintenir dans une sainte séparation selon les enseignements de 2
Timothée 2, 19 à 26 et 1 Pierre 1, 22, ne perdant pas de vue que cette séparation ne doit pas être extérieure seulement, une sorte de pharisaïsme, mais avant tout intérieure, pour le Seigneur, de telle manière que nous remplissions fidèlement e service auquel nous sommes exhortés: «Si donc quelqu'un se
purifie de ceux-ci des vases à déshonneur », il sera un vase à honneur, sanctifié, utile au maître, préparé pour tonte bonne œuvre».
P. F.
________________________________
INTRODUCTION À L’ÉTUDE DES ÉVANGILES
Jean 3-4
(Suite de la page 17)
En récapitulant le contenu des trois premiers chapitres, on voit clairement qu’ils servent
d’introduction du reste de l'Évangile : Dieu s’est révélé non seulement en la Parole, mais encore en la
Parole faite chair, dans le Fils qui nous a fait connaître le Père. L’œuvre du Fils, comme Agneau de
Dieu, est pour le monde ; sa puissance est communiquée à l’homme par le Saint Esprit. Il a, sur la
terre, les anges à son service, non point seulement comme étant Fils de Dieu et le Roi d’Israël, mais
aussi en sa qualité de Fils de l’homme, objet des conseils de Dieu, dont l’accomplissement glorieux et
visible pour tous aura lieu au millénium, lors de l’exécution du jugement et de la célébration des noces
avec Israël. Alors Jérusalem et son temple préalablement mis de côté, parce que le peuple Juif a méconnu Jésus comme Roi et comme Fils de Dieu, formeront le centre de la gloire terrestre. Bien que jésus soit rejeté, ses droits sont prouvés d’avance, et d’une nouvelle manière, par sa mort et par sa résurrection, fait capital ce qui explique et le jugement et la bénédiction futurs. En liaison avec la mort et la
résurrection de Christ, une autre vérité apparaît devant nos yeux ; c’est l’état de l’homme. La présence
de Dieu lui-même sur la terre, son incarnation, ne suffit pas ; le mal de l’homme est sans remède ;
l’homme est moralement jugé. Pour atteindre le royaume de Dieu, promis au Juif, il faut être né de
nouveau ; même pour le royaume, la nouvelle naissance est nécessaire. Mais l'Esprit ne se borne pas à
son œuvre à ceux seuls auxquels les promesses ont été faites. Semblable au vent, il souffle où il veut;
et, si Christ, le Fils de l'homme, a été mis en croix au lieu de s'asseoir sur le trône de David, les conséquences de sa mort, loin d'être restreintes aux bénédictions temporelles prédites au peuple juif, ne sont
rien moins que la vie éternelle pour tous ceux qui croient, vie éternelle, qui exprime, en même temps,
la grâce complète de Dieu, puisqu'il a donné son Fils unique afin que les hommes y eussent part. Enfin, les paroles que Jean-Baptiste adresse à ses disciples rendent également témoignage à la personne
glorieuse de Jésus, à son propre témoignage divin et aux conséquences éternelles qui en résultent, soit
pour la foi, soit pour l'incrédulité.
Le chapitre 4 nous montre Jésus, en dehors de Jérusalem et du peuple de la promesse, au milieu des
Samaritains. Quittant la Judée à cause de la jalousie des pharisiens, le Seigneur, lassé du chemin, se
tenait assis sur le bord d'un puits près de la ville de Sichar. Quel contraste avec la gloire du Fils, et
quelle humiliation! Mais pour que la grâce se manifeste, il faut que la gloire s'abaisse. C'est Jésus qui
adresse la parole à la femme étrangère, et celle-ci s'en étonne ; à juste titre, puisque les Juifs n'avaient
point de relations avec les Samaritains; mais qu'eût-elle dit, cette femme, si elle avait su que c'était le
Fils de Dieu qui lui demandait à boire? Jésus lui répond: «Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est
celui qui te dit: Donne-moi à boire, toi, tu lui eusses demandé, et il t'eût donné de l'eau vive. » Voilà la
grâce quant à l'homme, la vérité quant à Dieu. Jésus connaissait l'état de cette pécheresse ; mais la
grâce ne fait pas de reproche ; il ne s’agit point de ce qu’est la Samaritaine. Celui qui, manifestation
vivante de Dieu son Père, était là pour gagner l’affection de cette femme et de la bénir, Lui, le Dieu de
toute grâce, s’était abaissé jusqu’à demander de l’eau à la Samaritaine, afin de lui ouvrir ses trésors :
« quiconque boit de cette eau-ci aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, moi, n’aura plus soif, à jamais ; mais l’eau que je lui donnerai, sera en lui une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle. Cette eau dont parle Jésus, c’était le Saint Esprit donné par le fils, non pas sur
le pied de la loi, mais selon la grâce de l’évangile. La Samaritaine, bien que désireuse de recevoir ce
don, ne comprenait naturellement point de quoi il s’agissait, et le Seigneur saisit cette occasion pour
montrer que tout d'abord, la conscience doit être atteinte le sentiment du péché mis en éveil, avant que
l'homme puisse comprendre la grâce et que celle-ci produise des fruits. Jésus dévoile à cette femme sa
vie passée et présente, et elle s'écrie: « Seigneur je vois que tu es un prophète ». Reconnaissant que
Dieu lui-même s'adressait à elle dans les paroles qu’elle venait d'entendre ; toutefois comme pour
échapper à cette épreuve de son propre cœur, et pour éclaircir en même temps une difficulté qu'elle
n'avait pu résoudre la Samaritaine ajoute : « Nos pères ont adoré sur cette montagne-ci, et vous, vous,
vous dites qu'à Jérusalem est le lieu où il faut adorer. Jésus lui répond sur ce même terrain, en lui révélant que toute espèce d'adoration terrestre est jugée, et que désormais c’est le Père, non plus un inconnu, que l'on doit adorer. Il ne méconnaît pas les privilèges juifs: «Nous, nous savons ce que nous adorons, car le salut vient des Juifs », mais il ajoute : «L'heure vient, et elle est maintenant, que les vrais
adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité: car aussi le Père en cherche de tels qui l'adorent.
Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l'adorent en esprit et en vérité.» Ces paroles amènent
le dénouement. La Samaritaine répond : « Je sais que le Messie, qui est appelé le Christ, vient. Quand
celui-là sera venu, il nous fera connaître toute choses.» Jésus répliqua : «Je le suis, moi qui te parle ».
Sur ces entrefaites arrivent les disciples, et la femme se rend à la ville, laissant sa cruche, mais emportant dans son cœur le don de Dieu.
Son témoignage est empreint de ce qui a pénétré son cœur : « Venez, voyez un homme qui m'a dit
tout ce que j'ai fait : celui-ci n'est-il point le Christ ? » - « Quiconque croit que Jésus est le Christ est né
de Dieu» (1 Jean 5, 1). Bien que peu de chose, comparé avec tonte la gloire de Jésus, ce témoignage
était véritable et réel ; or à celui qui a il sera donné.
Les disciples s'étonnent que Jésus ait parlé avec une femme; ils étaient incapables de se figurer ce
qui venait d'avoir lieu, et leurs pensées, comme auparavant celles de la Samaritaine, n'étaient qu'aux
choses de la terre. «Rabbi, mange», disent-ils, mais Jésus leur répond: «J'ai de la viande à. manger flue
vous, vous ne connaissez pas.» Ils comprennent le sens de ses paroles, aussi peu que sa grâce, et le
Seigneur continue: « Ma viande est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé, et d'accomplir son
œuvre. Ne dites-vous pas, vous: Il y a encore quatre mois, et la moisson vient ? Voici je vous dis: Levez vos yeux et regardez les campagnes, car elles sont déjà blanches pour la moisson. Celui qui moissonne, reçoit un salaire, et assemble du fruit en vie éternelle; afin que et celui qui sème et celui qui
moissonne se réjouissent ensemble ; car en ceci est vérifiée la vraie parole : L’un sème et un autre
moissonne. Moi je vous ai envoyé moissonner ce à quoi vous n’avez pas travaillé ; d’autres ont travaillé, et vous, vous êtes entrés dans leur travail ».
(À suivre)
_____________________________
DEMEURE DANS LES CHOSES QUE TU AS APPRISES
(2 Timothée 3, 14 et 4, 1, 5)
Le Seigneur nous parle par sa Parole et c’est une chose merveilleuse. Dans ces versets, il nous dit
deux choses auxquelles nous devons prêter la plus grande attention, car les avertissements que nom;
trouvons dans ces passages se rapportent particulièrement aux circonstances que nous traversons clans
ces derniers jours. Le mal est pleinement manifesté, et il nous est dit: «mais toi, demeure dans les
choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises ». Le
Seigneur nous dit de demeurer dans les choses alors que Satan insinue que c’est bien inutile maintenant, que tout est fini, que le mal abonde tellement qu'il ne reste plus rien, cherchant ainsi à remplir
nos cœurs de ténèbres et d'incrédulité. C'est dans de tels moments que la voix du Seigneur se fait entendre pour noud dire : «demeure dans les choses que tu as apprise ».
Si Timothée avait appris par renseignement de Paul les choses dans lesquelles il devait demeurer,
nous les avons apprises, en ce qui nous concerne, par le même Esprit, dans la Parole. Il ne s'agit pas de
théories humaines, mais nous avons été rassemblés par le Saint Esprit autour de la personne du Seigneur Jésus.
N'avons-nous pas été séparés de toute organisation humaine pour reconnaître la présence et l'autorité
du Seigneur Jésus dans l'Assemblée ? Ne savons-nous pas qui nous a enseigné ce qu'est l'Église, c’està-dire son Corps?
Les années ont passé, marquées de notre côté par bien des manquements depuis le moment où le
Seigneur a ouvert nos yeux pour discerner, par la foi, sa présence au milieu des quelques-uns rassemblés à son nom, et cependant nous pouvons dire que sa présence au milieu de ses saints a été toujours
plus précieuse à notre âme. Voudrions-nous abandonner tout cela, tout ce que nous avons appris et
dont nous avons joui pendant tant d’années? Les mots que nous venons d'entendre sont doux à nos
âmes: « demeure dans les choses que tu as apprises ». Notre Seigneur Lui-même nous le dit, et cette
exhortation, encore une fois, nous est adressée au milieu de tout le mal des derniers jours. Cette parole
du Seigneur nous suffit entièrement, nous n'avons rien à abandonner de tout ce que nous avons appris
de Lui car Il nous dit: « Tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne» (Apocalypse 3, 11).
C'est après que ces mauvais jours eurent été décrits et annoncés dans ces deux épîtres à Timothée
que le Saint Esprit fit écrire par Jean le merveilleux chap. 17 de son évangile. Nous y trouvons les paroles que le Seigneur prononça avant son départ, elles nous montrent ce qu'Il désirait pour ceux que le
Père Lui avait donné. Sans aucun doute, les désirs pleins de tendresse de Christ pour nous s'expriment
aussi dans ces mots: « demeure dans les choses que tu as apprises ».
Plus nous connaîtrons l'amour invariable de son cœur, plus nous désirerons demeurer dans les choses
que nous avons apprises. Ces désirs de Christ pour nous, pourraient-ils nous donner la pensée que,
puisque le mal et la ruine ont été introduits, nous n'avons plus qu'à nous replier sur nous-mêmes et cesser de proclamer devant le monde notre unité avec Lui et avec nos frères? La fidélité individuelle de
même que la responsabilité de chacun au sein du mal et du désordre résident en ceci: « demeure dans
les choses que tu as apprises».
Remarquons maintenant l'ordre de ces versets en 2 Timothée. Premièrement l'instruction de demeurer dans les choses apprises, secondement de faire l'œuvre d'un évangéliste, accomplir pleinement
son service... etc. Il ne nous appartient pas d'inverser cet ordre. Si pauvres et faibles que nous savons,
le Seigneur nous a donné une responsabilité dans l'Assemblée de Dieu. Quel temps pour la foi! Malgré
les efforts de Satan dans le temps présent, sachons élever nos cœurs au niveau de l'amour de Christ
pour son Église. Il coule, comme un fleuve. L'amour de Dieu coulera aussi par nous dans l'évangile,
envers le monde entier.
Demeurons dans les choses que nous avons apprises, n'abandonnons pas un iota de ces précieux enseignements; nous aurons alors un champ plus vaste pour prêcher la Parole et faire l'œuvre d'un évangéliste.
Nous voyons en Jean 1, comment le cœur du Seigneur prend tous ceux que le Père lui a donnés et si,
après tout, le mal s'est introduit dans l'Église professante, ne prendrions-nous pas dans nos cœurs
l’amour de Christ, tous ceux qui sont siens ? Il nous montrera alors comment, tout en nous purifiant
des vases à déshonneur, nous pouvons en même temps exercer un service d’amour envers tous les
siens. Mais au milieu de la confusion présente et devant les efforts incessants de l’ennemi, écoutons ce
que le Seigneur nous dit : « Demeure dans les choses que tu as apprises ». Que cette parole reste gravée dans nos cœurs !
C.S.
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PENSÉE
Ce n’est pas toujours en corrigeant les manquements portés à notre connaissance, que sont guéries
les sources de nos misères ; celles-ci disparaissent lorsque les âmes sont nourries des choses qui sont
de Christ. Nous devons y penser. Tout en nous nourrissant nous-mêmes de Christ, et il nous donne de
la faire sans y poser de limites, notre propre devoir est d’amener d’autres âmes à respirer une nouvelle
atmosphère remplie de Lui.
J.N.D.
…………………………………………
LA LÈPRE
(Lévitique 13)
Parce que Dieu habitait au milieu du camp d'Israël, rien ne devait y subsister qui fût incompatible
avec sa présence. «Tout lépreux» devait être mis «hors du camp» : «Et l'Éternel parla à Moïse, disant:
Commande aux fils d'Israël qu'ils mettent hors du camp tout lépreux... Tant homme que femme, vous
les mettrez dehors; vous les mettrez hors du camp, afin qu'ils ne rendent pas impurs leurs camps, au
milieu desquels j'habite» (Nombres 5, 1 à 4).
Pour obéir à ce commandement de l'Éternel, il convenait donc de déterminer, de façon certaine, le
caractère du mal; en effet, si aucun lépreux n'avait place dans le camp, par contre nul ne devait en être
exclu s'il n'était prouvé d'indubitable manière qu'il avait une plaie de lèpre.
Qui était qualifié pour procéder à l'examen d'un présumé lépreux et prononcer ensuite? Le sacrificateur seul. Remplissant son service dans le sanctuaire, il avait l'intelligence de ce qui convient à la présence de Dieu et savait ce qui est incompatible avec elle. Par ailleurs, la communion avec Dieu, réalisée dans le sanctuaire, est indispensable pour être gardé, d'abord de ses propres pensées (susceptibles
de nous conduire, tantôt à des jugements hâtifs, à des exclusions précipitées, tantôt au contraire à tolérer le mal, ensuite de toutes les influences pouvant s'exercer soit pour faire maintenir dans le camp celui qui pourtant est souillé, soit pour faire déclarer lépreux celui que l'on voudrait «hors du camp» bien
que, selon Dieu, il y ait sa place.
Vivant dans le sanctuaire, le sacrificateur avait donc un jugement moral qui lui permettait de discerner le véritable caractère du mal chez celui qui lui était amené; mais encore, il possédait un guide sûr:
ce que l'Éternel avait dit à Moïse et Aaron. Il lui suffisait donc de connaître les enseignements divins
et de les mettre en pratique avec l'intelligence spirituelle que seule peut donner la communion avec le
Seigneur.
Comme l'Éternel habitait autrefois au milieu du camp d'Israël, Dieu est aujourd'hui, par son Esprit,
présent dans l'Assemblée et il est également vrai que le Saint Esprit habite dans le croyant (1 Corinthiens 3, 16 et 6, 19): Par conséquent, aussi bien chez le croyant que dans l'assemblée, rien ne doit être
de nature à attrister le Saint Esprit (Éphésiens 4, 30), toute, souillure doit être ôtée si elle y a pris place.
La souillure du péché, dont la lèpre est l'emblème, est incompatible avec la présence de Celui qui a
«les yeux trop purs pour voir le mal» (Habakuk 1, 13).
Puissions-nous, habiter le sanctuaire pour comprendre toujours ce qui convient à la présence de Dieu
et être ainsi préservés nous-mêmes de toute plaie de lèpre, comme aussi pour être rendus capables de
remplir un service de sacrificateurs, ne perdant pas de vue que ce service ne se limite pas à la présentation de «sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ ». Disons même que nous ne réaliserons le caractère de « sainte sacrificature» de 1 Pierre 2, 5 que dans la mesure où nous aurons rempli,
chaque fois que cela est nécessaire, le service de sacrificateur de Lévitique 13.
Soulignons le fait que si les enseignements de ce chapitre peuvent s'appliquer à une âme encore dans
son état de péché, ils nous sont plus spécialement donnés comme concernant directement l'un de ceux
qui faisaient partie du camp d'Israël, aujourd'hui de l'assemblée de Dieu. Encore une remarque: une
accusation portant sur un fait précis et la dénonciation d'un mal moral, existant ou supposé, sont deux
choses différentes; dans le premier cas, l'accusation doit être prouvée par « deux ou trois témoins» (cf.
Nombres 35, 30 ; Deutéronome 17, 2 à 7 et 19, 15; Matthieu 18, 16; Jean 8, 17 ; 2 Corinthiens 13, 1 ; 1
Timothée 5, 19 et Hébreux 10, 28), dans le second, il s'agit de discerner un état en procédant à l'examen, patient et scrupuleux, de certains signes et cela est sans doute beaucoup plus difficile que de recueillir la déposition de «deux ou trois témoins» pour établir le bien-fondé, ou faire apparaître la vanité, d'une accusation.
Cela nous fait comprendre l'importance du service de sacrificateur tel qu'il nous est présenté dans le
chapitre 13 du Lévitique.
Dans ce chapitre, il est question de la lèpre d'abord dans un homme, ensuite dans ses habitudes.
1. La lèpre, mal moral chez un individu (v. 1 à 46)
Le jugement que le sacrificateur sera appelé à formuler au sujet du présumé lépreux qui lui est amené ne doit pas être basé sur ce que l'on a. pu lui dire ; « le sacrificateur verra la plaie ». L'examen dont
il est question au verset 3 lui permet de faire deux constatations:
a) «Le poil dans la plaie est devenu blanc.» C'est un signe que le mal opère: il produit le dépérissement de ce qui manifestait l'énergie de la vie (comparez Cant. des Cantiques 5, 11 avec Osée 7,
9).
b) «La plaie paraît plus enfoncée que la peau de sa chair. » Il y a donc non pas seulement certaines
manifestations extérieures (le poil devenu blanc) mais un mal intérieur que l'œil du sacrificateur a discerné.
Ces deux signes suffisent; s'ils sont manifestés, « c'est une plaie de lèpre» et le sacrificateur doit déclarer «impur» celui chez lequel il les a vus.
Au verset 4, il s'agit d'un cas différent car on ne voit aucun des deux signes dont il est parlé dans le
verset précédent. Cependant, le sacrificateur ne peut se, prononcer immédiatement et déclarer pur celui
qu'il a examiné, car «la tache, dans la peau de sa chair est blanche ». Afin de voir comment évoluera
cette «tache », il le fait « enfermer pendant sept jours» ; c'est une situation provisoire, celle d'une personne à l'égard de laquelle aucune décision définitive ne peut encore être prise mais qui, en attendant,
doit être tenue à l'écart. La sainteté doit être gardée dans le camp d'Israël, l'Éternel y habite; or le sacrificateur a vu une tache blanche, peut-être y a-t-il là une plaie de lèpre? En dehors des indications
qu'elle fournira au sacrificateur, cette mise à l'écart répond à un double but: en premier lieu, placer celui qui en est l'objet en dehors de l'influence de tout ce qui pourrait être, pour lui, une occasion de développement du mal; deuxièmement, empêcher que d'autres soient atteints.
Au terme de ces «sept jours », le sacrificateur constate que «la plaie est demeurée à ses yeux au
même état, la plaie ne s'est pas étendue dans la peau» (v. 5). Va-t-il donc déclarer pur celui qui est
l'objet de son observation? Rien ne paraît s'y opposer. Mais quel souci de ce qui est incompatible avec
la présence de Dieu et quelle défiance de soi-même : c'est « à ses yeux» que la plaie est demeurée au
même état et peut-être a-t-il mal discerné? Aussi fait-il « enfermer pendant sept autres jours» celui à
l'égard duquel il ne peut encore se prononcer (v. 5). Après ce nouveau temps d'attente, il examine une
fois de plus: « et voici, la plaie s'efface, et la plaie ne s'est pas étendue dans la peau », aussi « le sacrificateur le déclarera pur» (v. 6). Mais si, par contre, ce nouvel examen permettait de constater que «la
dartre s'est beaucoup étendue dans la peau »; « alors le sacrificateur le déclarera impur: c'est une
lèpre» (v. 7 et 8).
Faisons ici une remarque importante: dans chaque cas où la plaie présente des caractères tels qu'il
faut attendre une fois ou même deux fois «sept jours », il n'est question, lors de l'examen qui permettra
de prononcer, que d'un seul indice sur lequel se base le sacrificateur pour déclarer qu'il s'agit d'une
«plaie de lèpre» : la plaie «s'est étendue» ou encore, «s'est beaucoup étendue ». Citons les passages à
l'appui: v. 7 et 8, 22, 27, 35 et 36, 51 (au chap. 14, voir les versets 39 à 41 et 44-45).
Dans les versets 9 à 11, il s'agit, comme au verset 3, d'un cas ne laissant aucun doute au sacrificateur
chargé de l'examiner. «Il y a une tumeur blanche dans la peau », signe d'un mauvais état manifesté en
ce que la tumeur « a fait devenir blanc le poil» : il est visible que, la tumeur est active, que le mal
opère. Enfin, «il y a une trace de chair vive dans la tumeur» : la chair est en pleine activité et Galates
5, 19 à 21 nous dit ce que sont « les œuvres de la chair ». Lorsque le sacrificateur a fait ces trois constatations, il n'a pas besoin de «faire enfermer pendant sept jours» celui qu'i a examiné: « c'est une lèpre
invétérée dans la peau de sa chair », «alors le sacrificateur le déclarera impur; il ne le fera pas enfermer, car il est impur ». Le principe qui conduit à attendre patiemment une fois et même deux fois sept
jours si c'est nécessaire, n'implique pas que l'on doive tolérer le mal quand il a été clairement mis en
évidence.
Le lépreux ne peut être déclaré pur que lorsque « la lèpre couvre toute la peau» (v. 12 et 13). Il n'y a
là aucun paradoxe. C'est seulement quand un pécheur a pris sa vraie place devant Dieu, reconnaissant
son état et le confessant avec humiliation, qu'il peut être déclaré pur ; tant qu'il estime voir en lui une
place non couverte par la lèpre, il n'en a pas fini avec lui-même. Naaman en est un exemple; lorsqu'il
disait: «il promènera sa main sur la place malade et délivrera le lépreux », il n'avait pas encore compris
que c'est le corps tout entier qui est malade! (2 Rois 5, 11).
« Et le jour où l'on verra en lui de la chair vive, il sera impur» (v. 14 et 15). Chaque fois que la chair
est en action il y a impureté, car elle ne peut faire autre chose que pécher; «mais si la chair vive change
et devient blanche...» (v. 16 et 17) : il ne s'agit en aucune façon d'une amélioration de la vieille nature,
chose impossible; c'est la preuve que la chair ne se manifeste plus, bien qu'elle soit toujours là, Romains 6, 11 étant réalisé.
Dans les versets 18 à 28, nous avons deux cas différents d'éruption de lèpre, le premier se référant à
une cause intérieure, le second à une cause extérieure. En fait, toutes les plaies de lèpre, quelles
qu'elles soient, ne peuvent avoir que l'une ou l'autre de ces deux causes.
a) versets 18 à 23. Il y a eu, dans la peau, « un ulcère» maintenant guéri, mais «à l'endroit de l'ulcère» apparaît «une tumeur blanche, ou une tache blanche, roussâtre». Notre cœur naturel peut se manifester de bien des manières qui montrent que nous n'avons pas su mettre en pratique Romains 6, 11:
«Tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus ». Une
manifestation semblable, si passagère qu'elle soit, peut être l'occasion d'une véritable souillure, d'une
lèpre. Un exemple: nous éprouvons à l'égard d'un de nos frères un mauvais sentiment, traduit par un
acte que Dieu ne pourrait approuver; bien que cela soit tout à fait occasionnel, ce peut être, si la chose
n'a pas été jugée à fond, le point de départ d'une véritable haine (comparer la progression dans les passages suivants: 1 Jean 3, 17, 2, 9 à 11 et 3, 15), alors que pourtant nous croyions avoir tout oublié.
Dieu permettra sans doute que l'état de notre cœur soit manifesté afin que le mal puisse être jugé jusqu'à la racine; nous pensions que l'ulcère était complètement guéri, mails cependant il demeurait « à
l'endroit de l'ulcère, une tumeur blanche, ou une tache blanche roussâtre ». L'intervention du sacrificateur est alors nécessaire et les différents cas dont il a été question dans les versets 3 à 8 nous sont présentés dans les versets 20 à 23.
b) versets 24 à 28. Ici, ce n'est pas un ulcère guéri, c'est «une brûlure de feu », dont la marque est
«une tache d'un blanc roussâtre ou blanche ». Tandis que l'ulcère est un mal d'origine intérieure, la
brûlure a une cause extérieure. Alors que les versets 18 à 23 nous donnent un enseignement s'appliquant à des sentiments de nos cœurs naturels, susceptibles de provoquer l'éruption d'une plaie de lèpre,
le verset 24 nous présente cette même plaie de lèpre comme pouvant survenir à la suite de circonstances par lesquelles nous sommes passés et qui ont donné occasion à la chair de se manifester. « Tout
arrive également à tous: un même événement au juste et au méchant...» (Ecclésiaste 9, 2) ; des circonstances peuvent survenir dans la vie d'un croyant, semblables à celles qui affectent les incrédules, mais
que Dieu permet pour éprouver l'état de nos cœurs. C'est la «brûlure de feu». Ces circonstances, permises ou même ordonnées par Dieu pour nous mettre à l'épreuve, produiront des résultats complètement opposés suivant qu'elles feront agir en nous le nouvel homme, ou, au contraire, la chair. Proverbes 30, 33 nous parle de ces différents résultats : « Car la pression du lait produit le beurre, et la
pression du nez fait sortir le sang, et la pression de la colère excite la querelle ». Là encore, nous avons
les divers cas dont il a déjà été parlé dans les versets 3 à 8.
(À suivre)
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LETTRE À UN FRÈRE ¹
Sur les Relations des chrétiens entre eux
¹ Cette lettre, qui a déjà paru en 1914, a fait l'objet d'un tirage à part qui est actuellement épuisé, c'est pourquoi, étant donné son intérêt actuel, nous avons estimé utile de la publier à nouveau.
Tout en sentant mon incapacité pour répondre à vos questions d'une manière satisfaisante, j'essaierai
de le faire avec le secours du Seigneur.
Pour plus de clarté, je résume vos questions de la manière suivante:
1. Puis-je aller écouter les prédicateurs de l'Évangile, lors même qu'ils se rattachent à tel ou tel système
religieux de la chrétienté ?
2. Puis-je m'associer à eux dans leur œuvre?
3. Quels rapports dois-je avoir avec les enfants de Dieu appartenant aux diverses dénominations de la
chrétienté?
Quant au premier point, la parole de Dieu ne donne pas de règles à suivre, ou (Les textes formels,
pour tel ou tel cas. Elle s'adresse à l'intelligence spirituelle, et l'éclaire par des faits et des enseignements qui établissent les principes selon lesquels le chrétien doit agir. Pour que nous soyons en mesure
d'appliquer ces principes à notre marche, il faut que l'amour pour Christ remplisse notre cœur, 'et qu'il
soit le motif qui nous fasse agir. L'apôtre Paul dit aux Philippiens : « Et je demande ceci dans mes
prières, que votre amour abonde encore de plus en plus en connaissance et toute intelligence, pour que
vous discerniez les choses excellentes, afin que vous soyez purs et que vous ne bronchiez pas jusqu'au
jour de Christ, étant remplis du fruit de la justice, qui est par Jésus Christ, à la gloire et à la louange de
Dieu» (Philippiens 1, 9-11). L'amour que nous avons pour une personne est le guide le plus perspicace
pour nous enseigner ce qui lui est non seulement agréable, mais le plus agréable. C'est une chose
bonne d'aller entendre une prédication de l'Évangile, mais ce sera peut-être une chose excellente de n'y
pas aller. Pour comprendre ce que j'ai à faire dans un cas semblable, il ne me faut, pas chercher ce qui
m'est agréable, mais ce qui est agréable au Seigneur. Un grand nombre de chrétiens affirment, sans hésiter, que la chose est agréable au Seigneur, parce qu'ils ne prennent en considération que le but poursuivi, le salut des pécheurs; et cela est évidemment une bonne chose, mais s'il s'agit de notre conduite
comme chrétiens, ce qui doit avant tout la gouverner, c'est la fidélité au Seigneur.
Cette fidélité nous amène à nous séparer de ce qui n'est pas conforme aux enseignements de sa Parole. C'est au prix d'exercices de cœur et de conscience, parfois très pénibles, que le fidèle a dû souvent se séparer d'un grand nombre de chers enfants de Dieu, alors que, s'il n'eût écouté que son affection fraternelle, il serait demeuré avec eux. Mais la fidélité à Christ primait toute autre question et rendait la séparation nécessaire. Cette séparation pour Christ s'est montrée en tout premier lieu par la réunion des enfants de Dieu à la table du Seigneur, car c'est là que la communion trouve son expression la
plus élevée et la plus précieuse au cœur du Seigneur et de ses rachetés. Devront-ils la réaliser par des
actes de moindre importance, par une association quelconque avec des croyants, dont l'insoumission à
la Parole a rendu la communion à la table du Seigneur irréalisable?
On objectera qu'en agissant ainsi, nous paraissons juger comme une chose mauvaise leur prédication
de l'Évangile. Nullement: le chrétien fidèle ne juge pas autre chose que la position prise par eux, et
dans laquelle ils persistent. Je les aime, je me réjouis de ce que l'Évangile est annoncé ; mais je le répète, ma conduite envers ces frères est gouvernée, par la fidélité envers Christ, et non par des sentiments fraternels, ni même par le désir, tout grand et précieux qu'il soit, que Christ soit annoncé dans le
monde.
Souvenons-nous encore que, si nous ne devons pas être gouvernés par ce qui nous est agréable (et
qu'y a-t-il de plus agréable pour un cœur chrétien que d'entendre annoncer l'Évangile?) Mais par ce qui
est agréable au Seigneur, nous devons aussi prendre en considération les intérêts de nos frères. Au lieu
de regarder à ce que font des frères, pour nous autoriser à faire comme eux, ou, peut-être plus mal
qu’eux, nous devons penser que d'autres observent notre conduite pour se diriger d'après elle, surtout
ceux qui sont jeunes dans la foi, et ils ne peuvent être blâmés, si nous les avons précédés dans la carrière chrétienne. Les Thessaloniciens étaient devenus des modèles pour tous ceux qui croyaient, dans
l'Achaïe. Voyez aussi Philippiens 3, 17, et tant d'autres passages. La Parole ne nous enseigne-t-elle pas
que notre marche a son influence sur d'autres, soit en bien, soit en mal? « Faites des sentiers droits à
vos pieds, afin que ce qui est boiteux ne se dévoie pas, mais plutôt se guérisse» (Hébreux 12, 13).
Nous retrouvons un principe semblable en Romains 14, 13-23, et en 1 Corinthiens 10, 23-33. Nous
sommes appelés à renoncer à bien des choses qui, lors même qu'elles seraient permises, peuvent devenir un piège pour des frères faibles.
En appliquant ce principe au sujet qui nous occupe, nous comprenons, et nous en avons fait l'expérience que des chrétiens peu exercés au sujet de la séparation qui doit caractériser un témoignage fidèle, et voyant les frères plus avancés qu'eux en expérience chrétienne, courir aux prédications, aux
conférences religieuses, etc., s'en autoriseront et s'accorderont la même liberté, et malheureusement,
une liberté plus grande encore, pour satisfaire leurs goûts et leurs désirs charnels. Cette tendance les
conduit finalement dans le monde, ou, chose pire, hélas! Ils introduisent le monde dans l'assemblée, et
ce cas n'est que trop fréquent. Il est donc nécessaire que nous considérions toujours la portée de nos
actes pour nos frères, avant de les accomplir.
Il y a des limites scripturaires dont nous avons a tenir compte, en toutes choses, comme il y avait
des limites pour le pays de Canaan, qui pouvaient être atteintes, mais ne devaient pas être dépassées
(Josué 1, 4). Pour nous, ces limites ne sont pas déterminées par un code de lois; elles se discernent spirituellement, quand le cœur est attaché à Christ et nourri de sa Parole, comme les saints de Philadelphie qui, dans leur amour pour le Seigneur, l'avaient gardée et n'avaient pas renié son Nom. C'est dans
c'et amour que nous avons à progresser, afin de pouvoir discerner « les choses excellentes».
Ce que nous venons de dire sert à la fois de réponse à votre première et à votre seconde question.
Quant à cette dernière: «Puis-je m'associer à eux dans leur œuvre?» Je tiens à ajouter une chose de
toute importance : Notre intérêt pour le salut des pécheurs doit nous porter à demander au Seigneur
qu'il bénisse l'Évangile en tous les lieux où il est prêché, et quels que soient ceux qui le prêchent en vérité. Et cette bénédiction ne manquera pas: grâces à Dieu, il y a beaucoup d'âmes sauvées par la prédi-
cation de l'Évangile, en dépit de l'opposition de l'ennemi. Dieu est souverain ; il se sert de qui il veut
pour faire entendre le message de grâce aux pécheurs. C'est par sa Parole qu'il opère. Cette Parole,
prêchée par n'importe qui, produit du fruit. Le prédicateur n'est qu'un semeur: s'il jette en terre, non de
l'ivraie, mais une bonne semence, des résultats seront produits selon le terrain qui la reçoit et que Dieu
a préparé; et c'est Dieu, non pas le prédicateur, qui les enregistre.
L'infidélité de l'Église, la ruine qui 'en est la conséquence, et qui caractérise même les vrais croyants
au milieu de la chrétienté, ne peuvent empêcher Dieu de sauver des pécheurs. Il accomplira son œuvre,
Christ bâtira son Assemblée, la salle des noces sera remplie, et Dieu récompensera chacun de ses serviteurs pour son dévouement. Mais ce qui doit gouverner ma conduite, c'est l'obéissance à la parole de
Dieu, et non le bien que Dieu accomplit dans ce monde par les instruments qu'il lui plaît d'employer,
ni la bénédiction qu'il fait reposer sur leurs travaux. Je puis, quels qu'en puissent être les motifs, m'en
réjouir à l'exemple de Paul (Philippiens 1, 18).
J'arrive à votre troisième question: «Quels rapports dois-je avoir avec les enfants de Dieu, appartenant aux diverses dénominations de la chrétienté?» Je réponds que je ne dois jamais voir un croyant, ni
penser à lui, sans le considérer comme un membre de Christ, comme un membre de son corps, qui a
coûté au Sauveur le même sacrifice et a été racheté au même prix que moi-même; le plus faible racheté étant l'objet du même amour que le plus fidèle. L'amour pour tous les croyants, inséparable de
l'amour pour Christ, doit nous diriger dans les rapports que nous avons avec des chrétiens, de la communion desquels nous sommes privés à la table du Seigneur.
Réunis à cette table, sur le principe de l'unité du corps de Christ, nos cœurs embrassent tous les
membres de ce corps, représentés par le seul pain, expression du seul corps. Notre amour pour Christ
et pour eux, souffre de ne pas les y voir. S'il en est ainsi, nous sommes gardés de la pensée sectaire qui
tendrait à considérer ceux qui entourent cette table, comme étant à eux seuls, l'Assemblée de Dieu. Un
amour actif et souffrant de cet état de choses, nous conduira à engager nos frères et sœurs à marcher
dans le chemin de l'obéissance, et à réaliser les précieuses bénédictions que la soumission à la parole
de Dieu procure.
Nous ne perdrons aucune occasion de leur faire du bien de cette manière; nous chercherons leur développement spirituel en leur parlant de Christ, avec la grâce, la bienveillance et la vérité qui ont caractérisé leur Sauveur et le nôtre; mais nous éviterons, dans nos rapports avec eux, tout ce qui pourrait
leur faire croire que nous sommes indifférents à la position qu'ils ont prise, et nous ne les oublierons
jamais dans nos prières. Si nous cherchons leurs vrais intérêts dans l'amour selon Dieu, nous serons
gardés et dirigés dans tous les détails de nos rapports avec eux, sans nous exposer à être inconséquents
avec la position de séparation où l'obéissance à la Parole nous a placés.
Mais, cher frère, une question bien autrement importante se présente à nous. Sommes-nous vraiment
capables d'être utiles à nos frères selon la pensée de Dieu? Pouvons-nous, comme nous le disions plus
haut, étant nous-mêmes suffisamment nourris de Christ, les entretenir de Lui ? Notre piété est-elle en
proportion de nos connaissances doctrinales? N'avons-nous pas beaucoup à apprendre par la piété de
chers enfants de Dieu, auxquels nous pourrions enseigner des vérités qu'ils ignorent, mais qui nous dépassent dans la pratique des choses qu'ils connaissent? Notre amour abonde-t-il en connaissance et
toute intelligence, pour discerner les choses excellentes?
Toutes ces considérations, et tant d'autres, qui se présentent à notre âme, si nous nous plaçons devant le Seigneur et devant sa Parole, doivent nous engager à user des lumières que nous possédons,
avec beaucoup de grâce vis-à-vis de nos frères, et à ne pas faire parade de ces vérités, tout en ayant des
cœurs qui échappent à leurs effets, cœurs souvent affaiblis par «les choses qui sont dans le monde». Si
notre état pratique ne répond pas à nos connaissances, nous serons en scandale à nos frères, au lieu de
leur être en bénédiction.
Ah! Si nos cœurs étaient mieux nourris de Christ, nous serions plus intelligents pour résoudre tant de
questions qui se posent parmi nous, dans ces jours de faiblesse, et ces questions ne se présenteraient
même pas, si notre niveau spirituel était plus élevé.
Que le Seigneur veuille nous accorder, avant tout, d'être plus exercés au sujet de notre propre
marche, afin de la mettre en harmonie avec la pensée du Seigneur. Puissions-nous l'honorer par une
vie fidèle, en marchant à part de tout ce qui caractérise, soit le monde, soit le « camp». Alors nous
pourrons être véritablement utiles à tous nos frères dans l'amour selon Dieu, inséparable de la vérité.
Votre frère en Christ,
S.P.
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À PROPOS DE LA PRIÈRE D'ACTES 4, 24-30
Bien que la prière ne fût pas une chose nouvelle, c'est le premier exemple que nous avons d'une
prière présentée au sein du nouveau rassemblement formé à Jérusalem le jour de la Pentecôte.
Dès les temps les plus anciens, l'homme s'était approché de Dieu pour obtenir aide et faveur. Lors de
sa mission si délicate en Mésopotamie, le serviteur d'Abraham s'adresse à Dieu dans une prière simple,
afin d'être guidé dans le choix d'une épouse pour l'héritier des promesses faites à Abraham, celui par le
moyen de qui les bénédictions devaient se répandre jusqu'aux extrémités de la terre. Sa prière était à
peine finie qu'il fut exaucé.
Plus tard, lorsque le peuple, appelé à être un témoin permanent, en contraste avec l'idolâtrie, combattait contre Amalek à Rephidim, la victoire fut gagnée grâce à l'intercession de Moïse. (Exode 17, 812.) Dans la vallée, Josué conduisait les troupes à la victoire, car au sommet de la montagne les mains
de Moïse étaient élevées en prière vers l'Éternel. La puissance de l'intercession fut ainsi affirmée dès le
début aux yeux du peuple d'Israël, parce qu'il y avait au milieu d'eux quelqu'un qui pouvait rassembler
dans son cœur les désirs et les besoins du peuple et les présenter devant Jéhovah.
La prière devait caractériser la vie nationale d'Israël. Lors de la dédicace du temple, Salomon exprima une prière que nous lisons encore aujourd'hui avec émerveillement. Le temple était un bel édifice,
mais c'était aussi une maison de prière pour le peuple d'Israël, et selon le propos de Dieu, pour toutes
les nations. Ézéchias déployant devant Jéhovah la lettre d'outrage des Assyriens (2 Rois 19, 14) Néhémie et Daniel, sont d'autres exemples de ceux qui parlèrent à Dieu en faveur du peuple.
Ici, en Actes 4, les choses sont différentes. Les croyants nouvellement rassemblés sur la terre, unis
par la puissance du Saint Esprit à la Tête exaltée et glorifiée dans le ciel, ne prient pas les uns pour les
autres, mais ils prient tous ensemble. L'un d'entre eux parle sans doute, mais sa voix est celle de tous.
Chaque cœur vibre en sympathie avec la voix qui s'élève. C'est une nouvelle forme de prière: la prière
en Assemblée.
Cette réunion de prière est motivée par une crise dans l'histoire des témoins du Seigneur. Le jour de
la Pentecôte, par la puissance du Saint Esprit, Pierre avait rendu témoignage à Jérusalem, que Dieu
avait exalté Jésus à sa droite et l'avait fait Seigneur et Christ. Les effets de cette prédication avaient été
manifestes: trois mille âmes avaient été convaincues, converties, baptisées au nom du Seigneur Jésus
et ajoutées à ce nouveau rassemblement. C'est alors que se produisit ce qui est rapporté en Actes 3 et
4. Un boiteux, âgé de plus de quarante ans, qui mendiait chaque jour à la porte du temple appelé la
Belle, avait disparu de sa place habituelle. On le retrouva au temple, sautant et louant Dieu. Il y eut
une grande agitation, chacun désirant savoir ce qui était arrivé. Les apôtres vendirent témoignage que
c'était par le nom de Jésus que cet homme avait été guéri et était devenu un témoin de la puissance de
ce nom.
Cet évènement mit en lumière ce qu'il y avait dans le cœur du souverain sacrificateur, un sadducéen
qui niait la résurrection (Matthieu 22, 23). Quand Jésus Christ fut crucifié puis enfermé dans la tombe
avec toute sûreté, les principaux du peuple pensèrent bien que ce nom méprisé était effacé de la terre et
qu'ils en avaient fini avec celui qu'ils appelaient le séducteur. Mais voici que se dresse une preuve de
la résurrection: le nom d'une personne morte n'aurait produit aucun effet, mais le nom de Jésus avait
guéri le boiteux. Donc Jésus était vivant, il y avait là au milieu d'eux un témoin de, l'incrédulité de la
nation et de celle du souverain sacrificateur qui était le gardien de l'enseignement religieux.
Le conseil des chefs, des anciens et des scribes s'assembla à Jérusalem. Anne, le souverain sacrificateur, était là, ainsi que tous ceux de la race souveraine sacerdotale et ils firent comparaître devant
eux les témoins du Seigneur, les questionnant. Le désarroi de ces principaux se trahit par leurs paroles.
Ils ne pouvaient rien répondre, au fait que le boiteux connu depuis tant d'années à la porte du temple se
tenait maintenant devant eux, plein de force et de santé, parfaitement guéri par le nom de Jésus Christ.
« Ils n'avaient rien à opposer. » Mais ils avaient pour eux la force et l'autorité : le souverain sacrificateur, appuyé par le conseil, défendit aux apôtres de parler ni d'enseigner en aucune manière au nom de
Jésus.
Les apôtres ne promirent pas d'obéir. Leur position était simple, aussi répondirent-ils : «Jugez s'il est
juste devant Dieu de vous écouter plutôt que Dieu.» Le souverain sacrificateur, avec toute sa sagesse,
n'avait rien à répondre, et après les avoir menacés il les fit relâcher.
Pierre et Jean rejoignirent les autres disciples et leur rapportèrent tout ce qui était arrivé et comment
on leur avait enjoint de ne plus parler ni enseigner au nom de Jésus. Les autres apôtres ne dirent pas
que Pierre et Jean étaient en danger d'être jetés en prison ou mis à mort; ces hommes ne craignaient
pas pour leur vie, ils ne craignaient pas «ceux qui peuvent tuer le corps », mais ils voyaient que les
autorités de Jérusalem avaient décidé de supprimer le témoignage rendu au nom du Seigneur Jésus
Christ. Or, ils devaient rendre témoignage, malgré tout ce que le souverain sacrificateur avait dit. Il
s'agissait de l'honneur du nom de Jésus qui leur était en quelque sorte confié. Ils étaient troublés, car
les autorités que chacun respectait à Jérusalem ; tout l'ancien Testament montrait quel pouvoir et quelle autorité Dieu avait mis dans les mains du souverain sacrificateur, avaient défendu de parler et d'enseigner en quelque manière que ce fût au nom de Jésus. Aussi Pierre et Jean rendirent-ils compte de ce
qui s'était passé, non comme recherchant la sympathie mais demandant plutôt les prières.
Ces deux disciples avaient passé la nuit dans un cachot, et sans aucun doute avaient-ils prié ensemble. Maintenant ils rejoignaient les leurs qui déclarèrent en quelque sorte : le pouvoir qui est contre
Pierre et Jean est contre toute l'assemblée et nous devons tous ensemble apporter l'affaire devant Dieu
en demandant son secours. Aussi «ils élevèrent d'un commun accord leur voix à Dieu». Que dirent-ils?
D'abord, ils reconnurent Dieu Lui-même et sa souveraineté : « 0 Souverain! Toi tu es Dieu» ; ils connaissaient ainsi qu'Il a pouvoir sur toute chose. Pierre et Jean venaient justement d'avoir à faire à une
autorité établie par Jéhovah Lui-même, mais ils se tournent vers Celui qui est au-dessus de tout, en reconnaissant sa grandeur. « 0 Souverain! Toi, tu es le Dieu qui a fait le ciel et la terre, et la mer, et
toutes les choses qui y sont. » Il ne s'agissait pas de réciter une formule, mais il y avait dans chaque
cœur un sentiment profond de la puissance infinie de Dieu. D'autres écritures nous font sentir la grandeur et la grâce de Dieu, et cela est doux et encourageant, mais ici c'est une question de puissance; car
que pouvait opposer cette petite assemblée à tout le pouvoir du monde? Ils fléchissent les genoux en
prière devant Celui qui a fait toute chose et dont la puissance s'exerce en leur faveur.
Nous voyons d'abord un emploi intelligent des écritures, sous l'enseignement du Saint Esprit. Ils
avaient les écritures dans leur cœur, mais maintenant le Saint Esprit les rendait capables de citer ce qui
était approprié à l'occasion en appliquant la lumière de la Parole à leurs circonstances. Leur prière était
donc fondée sur la parole écrite de Dieu. Ils n'auraient pas voulu mettre de côté l'autorité du souverain
sacrificateur sans y être autorisés par la Parole de Dieu, aussi appuyèrent-ils leur requête sur ce que
Dieu Lui-même avait dit.
Ils citèrent les deux premiers versets du Psaume 2 qui s'appliquaient spécialement à leur position. À
Jérusalem ils étaient un petit groupe, et tout, autour d'eux, jusqu'aux extrémités de la terre, était contre.
Dieu et contre son Christ. Le passage cité avait en vue la haine du cœur humain contre Dieu et Celui
qu'Il se plaît à honorer; ils pouvaient par le Saint Esprit l'appliquer à son accomplissement historique.
C'est ainsi qu'en la présence de Dieu se tient une nouvelle assemblée en contraste avec celle des méchants qui avait crucifié le Messie sur la croix. C'était le même esprit d'opposition, de haine et de
meurtre qui enjoignait maintenant à Pierre et à Jean « de ne plus parler ni enseigner en aucune manière
au nom de Jésus ». Ces quelques-uns à Jérusalem avaient la pensée de Dieu, tandis que le Grand
Prêtre, avec toute sa connaissance et les traditions des anciens derrière lui, était connue le Seigneur.
Il y avait encore une chose que savaient les disciples, c'est que l'assemblée des méchants, en accablant le Seigneur Jésus, ne faisait que ce que la main et le conseil de Dieu avaient à l'avance déterminés devoir être fait. Ils considéraient les terribles évènements du Calvaire du point de vue de Dieu ;
tout était arrêté à l'avance et Dieu était au-dessus de tout.
C'est une grande grâce d'avoir les enseignements de la Parole et de pouvoir considérer les évènements confus de ce monde comme Dieu les voit. Il nous a donné sa Parole afin que nous ayons sa pensée et que nous puissions venir à Lui non comme des ignorants, mais comme ses enfants à qui Il a révélé ses propos.
Les disciples exposent donc leur requête: «Et maintenant Seigneur, regarde à leurs menaces », ils
nous défendent de faire ce que Tu nous as commandé, comment pouvons-nous résister à ce grand conseil des Juifs? Tu connais leur puissance et notre faiblesse: «donne à tes esclaves d'annoncer ta parole
avec toute hardiesse ». La première partie de ce chapitre rappelle (4, 13) que le conseil était étonné en
« voyant la hardiesse de Pierre et de Jean ». Ils avaient eu de la hardiesse aujourd'hui, pourquoi en demander pour demain? C'est qu'il s'agit d'un besoin journalier; ceux qui ont été forts dans le passé ne le
seront pas nécessairement aujourd'hui.
Dans les Écritures la hardiesse signifie que nous pouvons mesurer toute la puissance qui est contre
nous et cependant être hardis parce que Dieu est pour nous. Connaissant parfaitement la méchanceté et
la subtilité de la puissance du monde, ceux qui connaissent leur Dieu peuvent être vraiment hardis.
« Étendant ta main pour guérir et pour qu'il se fasse des miracles et des prodiges par le nom de ton
saint serviteur Jésus ». Ils désiraient que le nom de Jésus soit honoré, que Dieu guérisse, non pas seulement les malades à Jérusalem, mais tous ceux qui avaient besoin d'une guérison spirituelle; qu'Il guérisse le peuple de cette apostasie dont les prophètes avaient parlé (Osée 14, 4). Ils ne demandent pas la
déposition du souverain sacrificateur, ou que son pouvoir lui soit ôté, mais qu'il puisse être gagné, son
âme sauvée et qu'il confesse le nom de Jésus. Y a-t-il quelque chose d'impossible quand Dieu étend la
main?
«Et comme ils faisaient leur supplication, le lieu où ils étaient assemblés fut ébranlé.» Il y eut,
comme à la Pentecôte, un ,signe visible donné pour leur assurance et pour la nôtre, que la prière de
ceux qui sont rassemblés au nom du Seigneur Jésus Christ, est entendue dans le ciel et que Dieu donne
sa réponse comme Il lui plaît. Les temps peuvent être mauvais et difficiles, mais Dieu est toujours le
même et Il honore le nom du Seigneur Jésus Christ.
Ce n'était pas que Dieu eût envoyé alors le Saint Esprit en réponse à leur prière, c'est ce qu'Il avait
fait à la Pentecôte une fois pour toutes. Ces disciples ne demandèrent pas à être remplis du Saint Esprit, mais ce qui apparaît clairement c'est que les cœurs et les regards étaient tournés vers Christ. Sa
gloire était l'objet principal, et le Saint Esprit ne pouvait que remplir chacun, de telle sorte qu'il n'y
avait aucune recherche de soi-même.
Nous souhaiterions parfois d'avoir vécu cette époque de façon à avoir notre part dans la requête unanime qui suscita une si puissante réponse : Croyons-nous à la prière telle qu'elle nous est présentée
dans ce passage, et allons-nous à la réunion de prière avec la Parole de Dieu dans nos cœurs? Quel
bonheur quand une réunion de prière s'ouvre par la lecture de la Parole de Dieu, de telle sorte que nous
pouvons présenter nos requêtes, encouragés par cette Parole.
Ce qui caractérisait ces hommes en Actes 4, c'était d'avoir des cœurs entièrement et uniquement dévoués au Seigneur Jésus Christ. Ils étaient absolument unis, s'inclinant devant le trône de la grâce avec
des cœurs pleins d'amour et de ferveur pour le Seigneur Jésus Christ et leur requête eut une prompte
réponse.
Cette réponse était d'abord dans leur cœur. Dieu commence par là. « Ils annonçaient la parole de
Dieu avec hardiesse. » Aussi « la multitude de ceux qui avaient cru était un cœur et une âme; et nul ne
disait d"aucune des choses qu'il possédait, qu'elle fût à lui; mais toutes choses étaient communes entre
eux ». L'esprit d'unité qui avait animé la réunion de prière n'était pas laissé à la porte, ils l'emportaient
avec eux de telle sorte qu'ils partageaient leurs biens l'un avec l'autre. Une grande grâce accompagnait
une grande puissance. La puissance sans la grâce serait une chose terrible à posséder.
Ils obtinrent une grande grâce en réponse à leur prière; ils étaient, allés au trône de la grâce, là où la
puissance de Dieu s'exerce en grâce. La puissance leur avait été donnée non pour détruire leurs ennemis mais pour prier pour eux, pour prêcher, pour témoigner et pour manifester la douceur et la bonté
rue Christ. C'est de cela que nous avons besoin.
Si nous prions parce que nos cœurs ont été dirigés et enseignés par le Saint Esprit au moyen de la
Parole, nous viendrons devant Lui, non avec des mots, des requêtes, des désirs qui proviennent de nos
cœurs et de leurs penchants, mais avec des désirs fondés sur sa Parole, et si nous sommes d'un seul
cœur, Dieu répondra et bénira. Il y a beaucoup de requêtes placées devant nous pour des personnes
dans les difficultés, pour ceux qui sont persécutés, etc. Tout cela est très bon, mais ce dont il nous est
parlé ici est quelque chose fondé sur la sainte Parole de Dieu. Nous devons recevoir l'instruction que
Dieu nous donne par le moyen de sa Parole, de telle sorte que nous puissions présenter nos requêtes
d'une façon juste. Si nous sommes d'un seul cœur et cherchons la pensée du Seigneur telle qu'elle est
dans les Écritures, si nos cœurs s'élèvent vers le trône, de la grâce, alors nous pouvons nous attendre à
une grande puissance agissant en notre faveur, de même aussi qu'à une grande grâce.
W.J.H.
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INTRODUCTION À L'ÉTUDE DES ÉVANGILES
Jean 4
(Suite de la page 53)
Le Christ méprisé n'apparaît plus, dans ce chapitre, seulement comme le Fils de l'homme crucifié et
le Fils de Dieu donné aux hommes, mais comme étant Lui-même celui qui, en communion avec le
Père, donne le Saint Esprit aux croyants, comme puissance de vie et source de l'adoration qui s'adresse
à leur Dieu et à leur Père (le Fils naturellement n'en est pas exclu, voir Hébreux 1). Dieu est révélé, et
le Père, dans sa grâce, cherche de vrais adorateurs (quels qu'ils soient). Il n'est pas question précisé-
ment de la manière dont la vie est communiquée, mais plutôt de la pleine bénédiction de la grâce, de la
communion avec le Père et avec son Fils, par le Saint Esprit en qui nous sommes bénis. La révélation
de cette bénédiction est faite par le Fils, et c'est Lui qui, selon la grâce de Dieu le Père, donne le Saint
Esprit, la vie éternelle dans la puissance de l'Esprit. C'est plus que la nouvelle naissance, bien qu'elle
soit nécessaire pour qu'il existe des relations de vie entre l'homme et Dieu. Les circonstances présentées dans ce chapitre, de telle manière qu'elles ne laissent aucun doute à l'égard des pensées et des
voies de Dieu, font ressortir la grâce souveraine, illimitée, en rapport avec l'amour et la gloire personnelle de Christ. Celui qui s'adressait à la Samaritaine était plus que Jacob, c'était le Fils de Dieu qui,
rejeté en principe par le judaïsme, dévoile avec une beauté et une profondeur incomparables, non pas
aux docteurs d'Israël, mais à une pécheresse d'entre un peuple méprisé, la source, la puissance, le caractère de cette nouvelle adoration, qui dépasse ce que le judaïsme avait de plus excellent et le refoule
à jamais dans l'ombre. C'est l'adoration chrétienne, résultat de la manifestation de Dieu, de la connaissance du Père selon la grâce. L'adoration est envisagée au point de vue de son caractère moral et au
point de vue de la joie de la communion. D'abord, impossible d'adorer sinon en esprit et en vérité,
parce que Dieu est esprit; puis l'amour de Dieu se révèle en ce que le Père rassemble des enfants autour de Lui, et cherche des adorateurs. Les richesses de la grâce divine sont présentées ici en rapport
avec la gloire du Fils, et selon la puissance du Saint Esprit. Aussi Jésus, bien que reconnaissant l'œuvre
de tous ceux qui ont travaillé jusque-là, entrevoit, étalées à ses regards, les vastes moissons de la
grâce, que les apôtres devaient un jour récolter, anticipation frappante du résultat glorieux à la fin du
siècle. Pour le moment, l'heure de l'adoration chrétienne était arrivée en principe, puisque Jésus était
là, prouvant Lui-même que si le salut venait en réalité des Juifs, il existait désormais pour les Samaritains et pour quiconque croirait à cause de sa parole. Nul miracle ici, nul prodige; toutefois, dans ce
village de la Samarie, Jésus est écouté et reconnu comme étant véritablement le Sauveur du monde. Ce
sont donc les Juifs qui deviennent étrangers, malgré tous leurs privilèges; s'ils savaient ce qu'ils adoraient, ils ignoraient cependant le Père, et ils n'étaient pas vrais devant Dieu. Durant le court séjour du
Fils de Dieu dans leur ville, les Samaritains entendirent des paroles inconnues en Israël, parce que la
grâce ne se conforme point à l'attente des hommes, et surtout qu'elle dépasse toutes les pensées de
ceux dont la religion se limite à de vaines cérémonies.
La fin du chapitre nous annonce le départ de Jésus pour la Galilée. Au chap. 2 son séjour dans ce
pays fut un type de ce qui aura lieu au millénium, tandis que la guérison racontée ici nous montre le
travail du Seigneur au milieu des méprisés d'Israël. C'est en Galilée que Jésus, selon les autres Evangiles, commence et accomplit son ministère ; Jean aborde cette période de la vie de Jésus par un miracle particulier. Si les noces de Cana étaient un type de la gloire et de la joie futures sur la t'erre, le
fait qui caractérise le temps actuel, c'est la mort; mais pour la vaincre, il suffit d'une parole de la
bouche du Seigneur. Malgré des points de ressemblance, le contraste entre cet incident et la guérison
du serviteur du centurion, en Matthieu 8, Luc 7, est trop frappant pour qu'il soit possible de confondre
ces deux miracles, ainsi que l'ont fait des auteurs, tant anciens que modernes, selon l'opinion desquels
aussi la pécheresse qui oignit les pieds du Seigneur, en Luc 7, ne serait autre que la sœur de Lazare
(Jean 12, 3) ! Une des particularités de cet Évangile consiste en ce qu'il s'occupe principalement de
l'activité de Jésus, soit autour de Jérusalem, soit dans cette ville même, chose d'autant plus frappante,
que Jésus y est considéré, dès l'abord, comme rejeté du monde et d'Israël; mais il s'agit de manifester
sa gloire indépendamment des hommes et des circonstances.
(À suivre)
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QUE VOYONS-NOUS EN CHRIST ?
Dans un Christ promis nous voyons la pensée qu'avait Dieu de se glorifier en la personne d'un
homme, de triompher de l'impiété de l'homme et de le sauver.
Dans un Christ devenu chair nous voyons pour la première fois un homme saint sur la terre, un
homme sans péché dont les délices étaient de faire la volonté de Dieu jusqu'à la mort. Dieu trouva en
lui joie accomplie et satisfaction pour son cœur. «Certainement, celui-ci était Fils de Dieu. »
Dans un Christ crucifié nous voyons Dieu glorifié là même où Il avait été déshonoré. C'est là que la
« faiblesse de Dieu» triompha de la puissance de Satan. C'est là également que le jugement complet du
péché fut exécuté une fois pour toutes. La mesure de nos iniquités était comble, mais « le sang de Jésus Christ, son Fils, nous purine de tout péché ».
Dans un Christ enseveli nous voyons Celui qui accomplit les conseils éternels de Dieu. Il est descendu pour un instant dans «les lieux bas de la terre» afin d'ôter au tombeau sa terreur et de vaincre celui qui avait la puissance de la mort.
Dans un Christ ressuscité nous voyons vaincue toute la puissance de l'ennemi, dont la plus grande
victoire a été transformée en la plus grande défaite. Le croyant voit également en Lui l'assurance de sa
justification, sa réconciliation.
Dans un Christ glorifié nous avons la réponse de Dieu au sacrifice de son Fils. L'élévation dans la
gloire céleste de l'Homme Christ Jésus montre en effet à toute la création de quelle manière Dieu considère sa personne et son œuvre.
En Christ assis à la droite de Dieu couronné de gloire et d'honneur, nous avons la preuve que
l'œuvre qu'Il a accomplie l'a été une fois pour toutes. Il ne lui reste plus, en aucune manière, la
moindre chose à y ajouter, car c'est une œuvre parfaite qui est éternellement valable.
En Christ prêt à revenir bientôt pour chercher les siens, nous voyons la réalisation de la bienheureuse espérance du croyant ainsi que l'accomplissement des pensées éternelles de Dieu en Christ et
de ses grandes et précieuses promesses.
En Christ qui sera manifesté en gloire comme Rois des rois et Seigneur des seigneurs, nous voyons
l'accomplissement de ses promesses relatives au royaume de Dieu sur la terre. Nous voyons également
en Lui l'accomplissement de la bénédiction de toute la création, aussi bien des êtres responsables que
des irresponsables, anges, hommes ou toute autre créature qui sera délivrée de l'esclavage du mal.
En Christ qui remet à la fin le royaume à Dieu, le Père, bous voyons le glorieux accomplissement de
tous les conseils inchangeables et insondables de Dieu et de ses plans et pensées manifestés ou cachés.
Justice et bonheur éternel pour les hommes qui habiteront là où Dieu a trouvé son éternel repos.
« Grâces à Dieu pour son don inexprimable!»
(2 Corinthiens 9, 15.)
« Au Dieu qui seul est sage, par Jésus Christ, auquel soit la gloire éternellement! Amen. »
(Romains 16, 27.)
W. E.E.
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BAPTÊMES D'EAU ET RÉMISSION DES PÉCHÉS
Le baptême de Jean et le baptême chrétien sont l'un et l'autre un baptême d'eau « en rémission des
péchés» (Luc 3, 3 ; Actes 2, 38), mais ils diffèrent entièrement en ce qu'ils appartiennent à des dispensations différentes, l'une où les péchés étaient supportés sans être encore expiés, l'autre qui succède à
l’expiation accomplie. L'un était seulement « pour la repentance », l'autre est «pour la mort». Mais la
rémission des péchés, dont ils parlent l'un et l'autre, est fondée pour tous deux sur la même œuvre, bien
qu'aucun d'eux n'effectue cette rémission: ils sont des signes, aussi bien l'un que l'autre.
Jean baptisait « immédiatement avant l'arrivée de Jésus» (Actes 13, 24). Son baptême se liait au
message: «Repentez-vous, car le royaume des cieux s'est approché ». Il était appliqué à ceux qui, à
l'ouïe de ce message, sortaient vers le prophète, déclaraient se repentir et confessaient leurs péchés. Le
baptême d'eau ne constituait évidemment pas en lui-même cette repentance, il était le signe que l'on se
repentait. Ce signe était nouveau dans l'histoire du peuple et de l'humanité, puisqu'il se rapportait à
l'imminence de la venue du Messie, longtemps prédite, en vue de laquelle il fallait sans retard se repentir. Il n'apportait pas davantage, par lui-même, la rémission des péchés.
Comme signification générale, le baptême indique le rattachement d'un individu à. un ordre de
choses déterminé, il le met en association avec d'autres personnes, et tous ensemble avec quelqu'un
dont dépend cet ordre de choses : les baptisés sont mis à part en vue de ce quelqu'un, ou à cause de lui.
Les Israélites avaient «tous été baptisés pour Moïse» (1 Corinthiens 10, 2), c'est-à-dire pour l'ordre de
choses instauré par le moyen de Moïse; ils étaient placés en association avec lui, dans le chemin où il
les conduisait. Jean baptisait pour la repentance, c'est-à-dire en vue de l'état dans lequel devait se trouver le peuple pour recevoir le Messie devant qui Jean, comme messager, préparait le chemin. Cette repentance était indispensable: le Messie ne pouvait être manifesté en gloire qu'à un peuple qui aurait
rompu avec son passé coupable, et attendrait avec crainte, en condamnant ses voies d'égarement, Celui
qui allait venir tenant son van en sa main pour nettoyer entièrement son aire. «Afin qu'Il fût manifesté
à Israël, à cause de cela je suis venu baptiser d'eau» (Jean 1, 31). Mais la même prophétie qui annon-
çait le messager disait de Celui qu'il précéderait: «Qui supportera le jour de sa venue et qui subsistera
lorsqu'il se manifestera ?» (Malachie 3, 1, 2).
Ces pécheurs repentants attendaient donc, à la fois tremblants et confiants. Le signe mis sur eux parlait d'une purification à accomplir «Il purifiera les fils de Lévi et les affinera comme l'or et comme
l'argent» (v. 3). Ils le reconnaissaient en confessant leurs péchés. Jean n'ôtait pas ces péchés, il ne le
pouvait pas, et il n'avait pas été suscité pour cela, mais cette purification était nécessaire préalablement
au royaume messianique. Le baptême marquait, la rupture avec l'état de souillure et de péché propre à
un passé qui, par la grâce de Dieu et la fidélité à ses promesses, prenait fin pour la délivrance et la bénédiction d'un peuple renouvelé. C'est là ce que célèbre Marie (Luc 1, 54) ; et Zacharie prophétise «la
connaissance du salut» donnée «à son peuple dans la rémission de leurs péchés» (v. 77).
Dieu annonçait le salut à son peuple pécheur et digne de mort. Celui-ci avait à reconnaître et à confesser cet état, laissant Dieu faire le reste. Présentement, Il replaçait les fidèles dans ces eaux du Jourdain à travers lesquelles Il avait autrefois introduit le peuple en Canaan. Comme autrefois elles étaient
la figure de la mort, salaire du péché, mais Dieu en même temps assurait la rémission des péchés. Baptisés, ils n'avaient qu'à attendre le Roi. À travers le chant des complaintes, la voix de la grâce se faisait
entendre. «Consolez, Consolez mon peuple» (Ésaïe 40, 1). «Voici ton Dieu», lui était-il crié; et sans
doute ce peuple était comme l'herbe périssable, mais la Parole de l'Éternel, permanente et vivante, était
celle de Sa promesse. «Préparez le chemin» (v. 1-11). Jean recevait, l'un après l'autre, ceux qui se déclaraient prêts, quoique indignes et pleurant leurs péchés, à recevoir le Roi; il les faisait entrer dans le
groupe peu à peu grossi qui déclarait vouloir l'accueillir.
Encore une fois, ce baptême n'était qu'un signe. Leurs péchés éta1ent confessés, non effacés. Si lieur
rémission était assurée, Jean ne disait pas comment elle serait obtenue, cela ne faisait pas partie de son
message. Dieu agirait. Mais en se repentant et en confessant leurs péchés, les fidèles montraient qu'ils
recevaient avec foi les paroles de Jean.
Or ces paroles dirigeaient leur foi vers un autre, Celui qui devait venir. Ces croyants prenaient la
suite de tous ceux qui avaient « à l'avance espéré dans le Christ ». Ils se plaçaient tout à la fin de cette
file bénie, dont la confiance avait toujours été que «Dieu se pourvoirait d'un agneau pour l'holocauste ». De tous temps, en effet, la rémission des péchés était restée subordonnée à l'effusion du sang
rédempteur, prédit, figuré par le sang des sacrifices, mais non encore offert (Hébreux 9, 22 ; 10, 18).
Non qu'il n'y eût, pas eu jusque là des péchés remis: les croyants de l'Ancien Testament avaient bien
été mis en relation avec Dieu comme pardonnés, il y avait eu bien des rémissions dans l'exercice du
gouvernement de Dieu, mais toujours sur la base de l'œuvre future à accomplir au moment voulu par
Dieu. Il y avait, dans tous les sacrifices offerts, à la fois «un acte remémoratif de péchés», et l'affirmation que Dieu interviendrait pour leur expiation. En attendant, les péchés étaient «supportés », dans
une justice qui serait démontrée plus tard (Romains 3, 25). Le baptême dans l'eau du Jourdain exprimait en somme la même, chose d'une autre manière.
Le moment arrivait où Dieu allait intervenir. Jean, le dernier et le plus grand des prophètes, annonçait quelque chose de nouveau, de plus élevé, quelque chose de solennel et d'heureux à la fois, un autre
baptême, qu'effectuerait le Messie lui-même, baptême «de l'Esprit Saint et de feu», donc en puissance
de bénédiction et de purification définitives.
Le Messie apparaît. « Jésus vient de Galilée au Jourdain auprès de Jean, pour être baptisé par lui»
(Matthieu 3, 13). Il se tient avec les baptisés, ces «excellents de la terre». Le chemin préparé par Jean
était celui de leur repentance, Lui allait ouvrir celui de leur salut. Lui n'avait pas de péchés à confesser,
et Il n'était pas encore chargé de ceux du peuple, mais en s'associant à eux Il s'associait au travail de
Dieu, dont l'Esprit poussait ce peuple à se repentir et agissait en grâce dans des cœurs. «Il nous est
convenable d'accomplir toute justice », dit-Il à Jean. Tu es là pour rendre témoignage de la lumière et
signifier à ce peuple ce qui convient à son état dans cette lumière qui se lève pour lui; et moi, la lumière en qui est la vie, je prends place parmi les miens devant Dieu qui s'occupe d'eux dans une grâce
et une vérité jamais révélées encore. .
C'est alors que Jean déclare: «Voilà l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde », désigne Jésus
comme «un homme qui prend place avant moi, car il était avant moi», et enfin « rend témoignage que
Celui-ci est le Fils de Dieu ».
Ces déclarations allaient bien au delà de ce que les fidèles les plus pieux pouvaient comprendre. Que
dire de l'autre côté de ces scènes merveilleuses, le Saint Esprit descendant sur Jésus, la voix du Père se
faisant entendre, et désignant son Fils bien-aimé! Une chose du moins était certaine pour eux, c'est
que, si la repentance était sincère et générale, les péchés ne feraient plus obstacle à la délivrance nationale, prélude à une bénédiction universelle.
Le signe constitué par le baptême de Jean ne va pas plus loin, Il suffit pour mettre en évidence, à la
gloire de Dieu, ce travail de grâce qui s'opérait «dans le support des péchés précédents », remis en vertu d'une expiation à venir sans doute mais pour laquelle la foi comptait sur Dieu.
«L'Orient d'en haut» était là; les cœurs tournés vers Lui pouvaient s'en remettre à Lui. «Tu appelleras
son nom Jésus, car c'est Lui qui sauvera son peuple de leurs péchés» (Matthieu 1, 21).
Mais ce signe pouvait être pris, hélas, et il le fut, par des gens qui ne croyaient pas. Leur repentance
était feinte, et ne portait pas de fruits. Les uns venaient par l'effet du phénomène bien connu de l'entraînement des foules; les autres, savoir les conducteurs religieux, selon la tactique permanente de
Cieux qui ont l'air de suivre les foules afin de s'en faire suivre. Il en a toujours été ainsi lorsque Dieu
fait une promesse ou accorde une bénédiction: la chair prétend s'en emparer. Elle peut donner le
change aux hommes, mais non à Dieu.
Dans quelle mesure y avait-il un travail de conscience réel et une foi véritable, cela devait se montrer
quand Jésus fut manifesté: « Jean disait au peuple de croire en Celui qui venait après lui, c'est-à-dire
en Jésus» (Actes 19, 4). Jésus vint, prêchant à son tour: «Repentez-vous, car le royaume de Dieu s'est
approché ». Jean n'aura été l'Élie annoncé par les prophètes que « si vous voulez recevoir ce que je
dis» (Matthieu 11, 14). D'entre tous ceux qui avaient été baptisés par 1 Jean, les vrais croyants, si ignorants qu'ils fussent, et si pécheurs qu'ils eussent été, se réjouissaient de croire en Jésus, et ils devinrent
ses disciples; mais les autres, même après avoir professé croire, se, détournèrent de Lui, et la masse finit par suivre les chefs incrédules, «les pharisiens et les docteurs de la loi [qui] rejetaient contre euxmêmes le conseil de Dieu, n'ayant pas, été baptisés par Jean» (Luc 7, 29, 30). « Il vint chez soi, et les
siens ne l'ont pas reçu.» Jésus jouant de la flûte ne fut pas plus écouté que Jean chantant des complaintes.
Dès lors le royaume ne peut s'établir. Le baptême de Jean tombe, non point certes par quelque infirmité du signe, mais par manque de la chose signifiée, savoir une repentance à salut. Une fois de plus
l'homme montrait son incapacité, totale parce qu'il est ruiné totalement. Il allait montrer toute 'Son
inimitié contre Dieu en crucifiant Jésus.
Qu'en sera-t-il donc de ceux qui «ont reçu» avec foi le Verbe, la Parole faite chair, de ce petit troupeau partageant la réjection de son Berger? « À tous ceux qui l'ont reçu Il leur a donné lie droit d'être
enfants de Dieu» ; ceux-là « sont nés, non pas de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de
l'homme, mais de Dieu.» La vie est acquise à tous ceux qui « croient en son nom». Mais cette vie ne
peut leur être donnée que si l'Agneau de Dieu est offert et le Fils de l'homme élevé. Jésus aura à être
baptisé d'un autre baptême que celui qu'il avait reçu avec eux, et cet autre baptême est pour Lui seul.
Ce n'est plus un signe, mais la mort même. Le Messie doit souffrir et mourir, sans quoi il n'y a ni
gloire ni salut. Il est mort, portant nos péchés en son corps sur le bois. Ce que les eaux du Jourdain ne
pouvaient faire, sa mort le fait, dans la réalité terrible de l'expiation.
Autrement dit, l'entrée dans le royaume aura lieu dorénavant sur la base de la réception d'un Christ
mort et ressuscité. Le baptême de Jean était administré, au contraire, comme signe d'une repentance
qui préparait à accueillir le Messie vivant, bien loin de le rejeter et de le mettre à mort.
Le baptême d'eau en rémission des péchés change totalement de sens désormais, parce que cette rémission des péchés est maintenant prêchée comme obtenue, «par son sang», et non pas comme devant
l'être. Les péchés d'autrefois avaient été remis dans l'attente de cette « effusion de sang» indispensable;
Jésus lui-même, au cours de son ministère, avait remis expressément les péchés à plus d'un, toujours
dans ce même ordre de choses du « support des péchés précédents », parce que Lui venait pour accomplir l'œuvre. Mais aussitôt après sa résurrection, soufflant en ses disciples pour qu'ils reçoivent
l'Esprit saint, il leur dit: « À quiconque vous remettrez les péchés, ils sont remis ». Et c'est ce que les
apôtres proclament aux Juifs saisis de componction en entendant annoncer Jésus comme le Christ vivant, alors qu'ils l'avaient mis à mort. « Que ferons-nous ?» disent-ils. «Repentez-vous, et soyez baptisés, en rémission des, péchés. » Toujours un baptême d'eau en rémission des péchés, toujours la repentance, premier fruit de la foi dans les paroles entendues, mais le signe se rapporte à la mort de Celui
qui a été mort et qui maintenant est vivant et glorifié. Ce baptême, est «pour la mort» (Romains 6, 3).
Il place qui le reçoit dans l'ensemble de ceux qui sont mis à part pour le Christ Jésus du fait de sa mort:
«nous tous qui avons été baptisés pour le Christ Jésus, nous avons été baptisés pour sa mort» (Romains
6, 3).
Aussi ce baptême est-il conféré «au nom de Jésus Christ », «au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit», «pour le nom du Seigneur Jésus». Il l'est selon la seigneurie de Ce1ui qui a reçu «toute autorité
dans les cieux et sur la terre» en vertu de sa mort. Il n'est plus question de nous, sinon pour exprimer
que « notre vieil homme a été crucifié avec lui ». Nous n'en restons pas à l'étape, si nécessaire soit-elle,
de la repentance s'attendant à Dieu pour l'avenir, mais nous entrons dans la vie, par la mort de, Christ.
Notre vie est née à Christ glorifié, le Saint Esprit l'atteste; c’est pour cela que, bien que Jésus ressuscité
mais non encore monté au ciel ait, dès ce moment ordonné à ses disciples d'aller et de baptiser au nom
du Père, du Fils et du Saint Esprit, ils ne commencent de le faire qu'après la Pentecôte qui inaugure
leur nouveau ministère exercé dans la puissance de ce Saint Esprit (Luc 24, 49 ; Actes 1, 4). Remarquons enfin que le baptême de Jean était à ce point différent du baptême chrétien que ceux qui
l'avaient reçu avaient à être baptisés de nouveau« pour le nom du Seigneur Jésus» (Actes 19, 4, 5).
Mais, de même que des hypocrites ou des formalistes sans foi venaient au baptême de Jean, de
même le baptême chrétien ne s'accompagne pas nécessairement de la nouvelle naissance, et il n'en est
nullement l'expression. Il n'implique pas que l'on ait déjà réellement part à la mort et à la résurrection
de Christ. Il est toujours, certes, le signe de la mort de Christ, et met sur le baptisé la marque du Seigneur qui, glorifié, attend le moment où toutes choses lui seront assujetties (Éphésiens 4, 5). Mais il ne
constitue, quoi qu'il en soit, qu'un signe extérieur. Il implique la profession du christianisme, mais non
la foi du cœur, celle qui sauve (Romains 10, 9). De fait, quantité de non-croyants ont reçu le baptême,
dès le temps des apôtres, et l'on ne voit pas que ceux-ci aient demandé à des candidats au baptême s'ils
croyaient. Simon le magicien a été baptisé (Actes 8, 13), et pourtant on ne peut guère tenir pour réelle
la foi qu'il professa. Ainsi le baptême introduit dans la profession chrétienne, la maison de Dieu visible
sur la terre, laquelle on le sait, est devenue promptement la «grande maison».
Le croyant, lui, participe à la réalité de la mort et de la résurrection de son Seigneur. Il appartient à la
nouvelle création, il est membre d'une famille céleste (Éphésiens 1, 2), sa communion est avec le Père
et avec son Fils Jésus Christ, par l'action du Saint Esprit. Il en est ainsi de par le baptême de ce Saint
Esprit, dont Jean avait dit qu'il remplacerait son baptême d'eau. Il ne s'agit plus, cette fois, d'un signe.
Le baptême du Saint Esprit n'est point un signe, mais un fait qui a eu lieu le jour de la Pentecôte, et
dont l'effet demeure ininterrompu, immense, commun à l'ensemble des croyants: ce jour-là en effet
l'Esprit Saint a pris sa place ici-bas, pour y former le corps de Christ par son action propre, fondée sur
le sacrifice accompli et l'exaltation glorieuse de Jésus Christ, Seigneur et Tête de ce corps. «Nous
avons tous été baptisés d'un seul Esprit pour être un seul corps» (1 Corinthiens 12, 13), baptisés non
pour le Saint Esprit, ou en vue de recevoir le Saint Esprit, ou au nom du Saint Esprit, ni par Lui, mais
de Lui. Et ce baptême là n'est point conféré par des intermédiaires humains, comme l'est le baptême
d'eau, ces intermédiaires fussent-ils le plus grand des prophètes ou les apôtres, mais le chapitre 2 des
Actes nous fait voir (v. 33) «un plus puissant que Jean », Christ Lui-même, baptiser les siens, son
Église naissante, de cet Esprit Saint dont l'office béni est de Le glorifier.
A. G.
______________________________
LA LÈPRE
(Lévitique 13)
(Suite de la page 64)
Faisant suite aux deux sujets développés dans les versets 1 à 17 (les caractères de la lèpre) et 18 à 28
(les causes possibles d'éruption d'une plaie de lèpre), un troisième est présenté dans les versets 29 à
37 : les endroits où la lèpre peut se manifester, «à la tête ou à la barbe ».
La tête est le siège des pensées, la barbe nous parle plutôt de force et de gloire (cf. Psaume 133, 2 :
«C'est comme l'huile précieuse, répandue sur la tête, qui descendait sur la barbe, la barbe d'Aaron, qui
descendait sur le bord de ses vêtements ». Là où précisément devait être vue la dignité du sacrificateur,
le mal était en activité! Comment exercer des fonctions sacerdotales avec « une plaie à la tête ou à la
barbe» ? Le cas visé dans le paragraphe qui nous occupe du chapitre 13 du Lévitique est celui d'« un
homme ou une femme », par conséquent il est aussi général que possible.
« Et si un homme ou une femme a une plaie à la tête ou à la barbe, le sacrificateur verra la plaie» (v.
29-30). Deux signes peuvent être décelés: la plaie «paraît plus enfoncée que la peau», ce qui est toujours, dans ce chapitre, l'indice d'un mal intérieur et profond; ensuite, elle a « en elle du poil jaunâtre et
fin ». Dans les cas précédents, nous l'avons vu, l'action du mal était discernée notamment en ce que le
poil devenait blanc : ce qui eût dû manifester la puissance de la vie dépérissait. Ici, c'est « du poil jaunâtre» qui apparaît: ce qui porte la marque de la corruption se développe là où l'on devrait voir ce qui
dénote la puissance de la vie; la tête ou la barbe ne sont plus le terrain où croît ce qui est bon, le signe
de la force et de la virilité, c'est ce qui est mauvais qui y paraît: « c'est la teigne, c'est une lèpre de la
tête ou de la barbe ».
Au verset 31, nous avons un cas différent qui amène le sacrificateur à faire deux: constatations: en
premier lieu, la plaie de la teigne « ne paraît pas plus enfoncée que la peau », il ne semble donc pas y
avoir un mal prof tond, une action intérieure ; par contre, « elle n'a pas de poil noir» : aucune manifestation du bien ne peut être discernée, rien n'indique la puissance et l'énergie de la vie. En présence de
ces deux signes, «le sacrificateur fera enfermer pendant sept jours celui qui a la plaie de la teigne ».
Après quoi, il procède à un nouvel examen:
a) « La teigne ne s'est pas étendue.» C'est une observation essentielle car, nous l'avons remarqué,
une plaie qui s'étend est toujours une plaie de lèpre.
b) «Elle n'a pas de poil jaunâtre ». Précédemment (v. 31), il n'y avait pas de poil noir, c'est-à-dire
que lie sacrificateur constatait l'absence de manifestations du bien. Or, si un croyant est en mauvais
état, l'absence des fruits de la vie divine est généralement suivie, à brève échéance, de la manifestation
du mal. Ici, le sacrificateur constate qu'il n'en est rien: il n'y avait pas de bien, «pas de poil noir », il n'y
a cependant pas de mal, «pas de poil jaunâtre ».
c) «La teigne ne paraît pas plus enfoncée que la peau », confirmation de la constatation déjà faite au
cours du premier examen (comparez v. 31 et 32).
Un état semblable, caractérisé tout à la fois par l'absence de bien et de mal, n'est pas un état normal;
on ne peut pas dire qu'il soit bon, on ne peut pas dire non plus qu'il soit mauvais. Nous comprenons
donc ce qui est prescrit au verset 33 : «le sacrificateur fera enfermer pendant sept autres jours celui qui
a la teigne ». Puis, le septième jour, «le sacrificateur verra la teigne» ; ce troisième examen permet de
discerner la persistance des signes favorables: « et voici, la teigne ne s'est pas étendue dans la peau, et
elle ne paraît pas plus enfoncée que la peau », cela suffit alors pour que le sacrificateur déclare pur celui dont il s'est ainsi occupé. Par contre si, le troisième examen ayant conduit le sacrificateur à le déclarer pur, «la teigne s'est beaucoup étendue dans la peau, après sa purification », «le sacrificateur ne
cherchera pas de poil jaunâtre », l'état est mauvais: «il est impur» ; la plaie est maintenant manifestée
comme une plaie de lèpre, car «la teigne s'est étendue dans la peau» (v. 36). Lorsqu'une plaie s'étend,
il n'est pas nécessaire de chercher d'autres indices, à coup sûr c'est une plaie de lèpre. Après la déclaration du sacrificateur faite au verset 34, deux cas peuvent se produire: celui que nous venons de considérer dans les versets 35 et 36, l'extension de la teigne et celui dont il est question au verset. 37. Ici,
«la teigne est demeurée au même état, à ses yeux », ce qui est déjà un signe favorable, mais il y a davantage encore; du poil noir a poussé. Il y a maintenant une énergie manifeste qui a produit du bien;
aussi, plus de doute possible, « la teigne est guérie: il est pur, et le sacrificateur le déclarera pur».
Ce paragraphe tout particulièrement nous montre avec quelle patience le sacrificateur devait examiner celui qui était atteint d'une plaie, quels soins il devait apporter à cet examen, combien il avait à se
conformer aux prescriptions données par l'Éternel à Moïse et Aaron en vue du maintien de la sainteté
dans le camp d'Israël. Puissions-nous saisir la portée de ces enseignements pour ce qui concerne aujourd'hui les actions que nous pouvons avoir à exercer dans assemblée !
Que nous ayons à remplir le service si important du sacrificateur, afin que le mal soit jugé, ne doit
pas nous conduire à voir du mal partout autour de nous! N'oublions jamais l'infirmité qui nous caractérise les uns et les autres: il peut y avoir « une simple tache qui a fait éruption dans la peau» ; bien que
ce, soit une tache «blanche, terne », celui en qui elle se trouve est pur. Un homme a perdu les cheveux
de sa tête, les poils de sa barbe, cependant il est pur (v. 38 à 41). Ce sont là des cas dans lesquels il est
possible de dire immédiatement: «il est pur», tandis que, dans la première partie de ce chapitre, le sacrificateur ne se prononce tout de suite que lorsqu'il s'agit d'une plaie de lèpre nettement caractérisée et
ne déclare pur celui qui lui a été amené qu'après un ou plusieurs examens, consécutifs à des périodes
d'attente de «sept jours ». Mais ces enseignements, s'ils étaient mal compris, pourraient fortifier une
autre tendance de nos cœurs, très susceptible de nous faire tomber dans le travers opposé: nous serions
portés à nous excuser facilement en mettant en avant l'infirmité qui nous caractérise. Le fait que nous
avons des infirmités, qui ne sont pas une plaie de lèpre, ne doit cependant pas nous faire passer à la légère sur nos faiblesses: elles peuvent être à l'origine d'une lèpre et c'est pourquoi nous avons besoin de
veiller sans cesse. Les versets 42 à 44 nous mettent en garde à ce sujet.
La condition du lépreux, sa place, son occupation nous sont indiquées dans les versets 45 et 46 : il
n'avait pas de place dans le camp d'Israël où l'Éternel habitait; il devait demeurer seul, hors du camp
et, souillé, proclamait sa misère: Impur! Impur! Portant tous les signes du deuil et de l'humiliation: vê-
tements déchirés, tête découverte et barbe couverte ; contraste avec la tenue et la position des sacrificateurs dans le sanctuaire, en la présence du Dieu saint (cf. Nombres 5, 1 à 4 et Lévitique 21, 1 à 12).
2. La lèpre dans nos habitudes de vie (v. 47 à 59)
Il s'agit ici du mal dans nos circonstances, dans nos habitudes de vie. Nous avons à prendre garde à
ce sujet tout autant que pour ce qui est du mal en nous.
Une plaie de lèpre apparaît en un vêtement, «elle sera montrée au sacrificateur» qui exerce les
mêmes investigations que celles dont il est question dans la première partie de ce chapitre: « Et le sacrificateur verra la plaie, et il fera enfermer pendant sept jours l'objet où est la plaie; et le septième
jour, il verra la plaie». Nous retrouvons ici le même principe, une plaie qui s'étend est certainement
une plaie de lèpre: «si la plaie s'est étendue dans le vêtement... la plaie est une lèpre rongeante : la
chose est impure ». «Alors on brûlera le vêtement... car c'est une lèpre rongeante ; la chose sera brûlée
au feu» : en d'autres termes, il faut se séparer, sans faiblesse et sans retour, de tout ce qui peut nous
priver de la jouissance de la présence de Dieu dans le lieu où Il habite. Une profession peut-être, certaines habitudes de notre vie, ou bien des relations, ou encore diverses circonstances dans lesquelles
nous sommes placés peuvent être de telle nature qu'il convienne de les abandonner résolument, de brûler le vêtement au feu.
Un autre cas pouvait se produire: « la plaie ne s'est pas étendue dans le vêtement ». «Alors le sacrificateur commandera qu'on lave l'objet où est la plaie, et le fera enfermer pendant sept autres jours» ; ce
« lavage », c'est l'application de la Parole: il convient de rappeler ses enseignements et de la laisser
agir pendant « sept jours ». Peut-être aura-t-elle une action sanctifiante qui nous permettra d'exercer
encore une, profession, de conserver des habitudes de vie, de maintenir des relations, de continuer à
évoluer au travers de circonstances en observant quand même la position de séparation que la Parole
définit. Lorsqu'il en est ainsi, «le sacrificateur regarde, et voici, la plaie s'efface après avoir été lavée,
alors on l'arrachera du vêtement » : ce qui était mauvais a été abandonné, sans qu'il ait été nécessaire
de laisser profession, habitudes, relations ou circonstances. Tandis que si, malgré la présentation de la
Parole, « la plaie n'a pas changé d'aspect », bien qu'elle ne se soit « pas étendue », «la chose est impure, tu la brûleras au feu» : il y a quelque chose de foncièrement mauvais dans la profession, les habitudes, les relations, les circonstances, il faut y renoncer complètement (v. 47 à 56).
Bien que la plaie se soit effacée après avoir été lavée (v. 56), il peut se faire cependant qu'elle réapparaisse dans le vêtement (v. 57). Une vigilance constante est donc nécessaire; il ne suffit pais d'avoir
considéré une fois les enseignements de la Parole, de l'avoir laissée, agir, de s'être séparé de ce qu'elle
condamne dans notre manière de vivre, il faut veiller afin que le mal ne se manifeste pas à nouveau.
Les enseignements contenus dans ce chapitre nous montrent aussi que ce n'est jamais le lépreux ou
présumé tel, qui doit examiner la plaie. Le sacrificateur seul était qualifié pour le faire et il convenait
d'être soumis à son jugement, le recevant de la part de l'Éternel. Peut-être des croyants dans lesquels,
ou dans les habitudes desquels, se trouve une plaie, ou « comme une plaie » s'estiment-ils mieux qualifiés que quiconque pour juger de ce qui en est. Dans des cas de ce genre, l'on est peu désireux de se
soumettre à l'examen du sacrificateur et si même on l'accepte, n'a-t-on pas ensuite des critiques à formuler: précipitation ou manque de patience, investigation pas assez étendue, temps d'attente trop long,
appréciation inexacte, etc..., critiques qui conduisent en fait à contester le jugement de celui qui est
qualifié pour prononcer! Si nous avons en nous, ou dans nos circonstances, une plaie ou «comme. une
plaie », nous ne sommes pas : nous l'oublions, dans l'état spirituel et moral qui convient pour en juger;
soyons heureux d'avoir les ressources que Dieu nous donne dans la sacrificature et, par son moyen, la
connaissance de la pensée divine, l'appréciation du sanctuaire.
Le lépreux avait son habitation en dehors du camp d'Israël; il était impur, (v. 45, 46) ; il ne pouvait
être déclaré pur que lorsque, la lèpre couvrait toute sa peau, «de la tête aux pieds », image d'une pleine
et entière confession du péché (v. 12, 13). Cette confession plaçait le lépreux dans un état de pureté
devant Dieu (cf. 14, 8), mais deux choses étaient pourtant nécessaires avant qu'il lui fût possible d'habiter à nouveau dans le camp et dans sa tente, c'est-à-dire avant qu'il retrouvât la communion avec
Dieu et avec les siens. Ces deux choses nous sont présentées dans la première partie du chapitre 14,
elles sont fondées sur le sacrifice de Christ. En dehors de cette base le sang de Christ, il ne peut y avoir
aucune purification de ses péchés pour une âme inconvertie, aucune restauration pour un croyant qui a
péché.
«Dieu est lumière et il n'y a en lui aucunes ténèbres... Le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie
de tout péché... Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et
nous purifier de toute iniquité... Je vous écris ces choses afin que vous ne péchiez pas; et si quelqu'un a
péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus Christ, le juste; et lui est la propitiation pour nos
péchés...» (1 Jean 1, 5, 7, 9 ; 2, 1, 2).
P. F.
_______________________________
INTRODUCTION À L'ÉTUDE DES ÉVANGILES
Jean 5
(Suite de la page 82)
Le premier fait qui se présente à nos yeux dans le chapitre 5, c'est le contraste entre la personne de
Christ et la loi. L'homme sous la loi, c'est l'incapacité complète; et plus ses besoins sont urgents, plus
se montre aussi son impuissance à profiter du secours que lui présente la bonté divine. Dieu, qui ne
s'est pas laissé sans témoignage à l'égard des païens, en faisant du bien, et en donnant du ciel d'es
pluies et des saisons fertiles (Actes 14, 17), fournissait aussi aux Juifs des preuves de sa bonté, en intervenant d'une manière providentielle en leur faveur: «À certaines saisons, un ange descendait dans.
le réservoir, et agitait l'eau; le premier donc qui entrait, après que l'eau avait été agitée, était guéri, de
quelque maladie qu'il fût pris.» Mais il y avait là un malade trop infirme pour pouvoir descendre dans
l'eau; Jésus le voyant, et connaissant son état, lui adresse une question qui manifeste à la fois le désir
de l'infirme et son incapacité d'être guéri. Tel est l'homme sous la loi: loin qu'un pécheur y trouve la
guérison, elle aggrave la maladie et la rend plus apparente. La loi n'apporte pas de délivrance; au contraire, elle entoure de chaînes et d’obscurité, elle place sous la condamnation ; la lai fait de l'homme un
malade ou un criminel, incapable de profiter de la bonté de Dieu; le remède même qui lui est offert
reste en dehors de sa portée.
Quelle différence, lorsqu'il s'agit de Jésus ! «Lève-toi, prends ton petit lit, et marche. Et aussitôt
l'homme fut guéri, et il prit son petit lit, et marcha. » Naturellement les Juifs, qui ne s'étaient jamais
souciés de ce pauvre infirme et ne lui avaient jamais aidé à descendre dans le réservoir, sont scandalisés en le voyant sain et sauf, emporter son lit un jour de sabbat. Ils avaient, au reste bien raison de considérer l'ordre donné par Jésus au paralytique non seulement comme enfreignant la loi, mais encore
comme une condamnation prononcée sur elle, puisque cet ordre avait été accompagné d'une puissance
miraculeuse. Jésus eût facilement pu guérir cet homme sans choquer le zèle des Juifs; mais il avait agi
d'une manière qui ne laissait de doute sur sa pensée. Après avoir appris que c'était Lui qui avait opéré
cette guérison, les Juifs cherchèrent à le faire mourir parce qu'il avait enfreint le sabbat. Mais il s'agissait de bien autre chose encore. Jésus leur dit: « Mon Père travaille jusqu'à maintenant, et moi Je travaille. » À cause de cela donc les Juifs cherchaient d'autant plus à le faire mourir, parce que non seulement il violait le sabbat, mais encore qu'il se faisait égal à Dieu.
Sa personne donc, aussi bien que son œuvre, forçait les Juifs à se décider et chose solennelle, si Jésus disait vrai, c'étaient eux qui prononçaient un blasphème. En même temps, quelle grâce vis-à-vis de
leur haine et de leur égoïste fierté! «Mon Père travaille jusqu'à maintenant, et moi je travaille.» Eux, ils
n'avaient aucune pensée, aucuns sentiments semblables avec le Père et avec le Fils; ils étaient jaloux
du sabbat, mais le Père et le Fils travaillaient. Comment la lumière et l'amour pouvaient-ils trouver du
repos au milieu des ténèbres, et de la haine? Ils reprochaient à Jésus son orgueil, et rien n'était plus
faux. Bien qu'il fût Fils, qu'il fût Dieu, et ne pût se renier Lui-même, toutefois Jésus avait pris, au contraire, la place d'un homme et d'un serviteur. Voici sa réponse: «En vérité, en vérité, je vous dis: Le
Fils ne peut rien faire de lui-même, à moins qu'il ne voie faire une chose au Père; car quelque chose
que, Celui-ci fasse, cela, le Fils aussi de même le fait. Car le Père aime le Fils, et lui montre toutes les
choses qu'il fait lui-même et Il lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci, afin que vous soyez
dans l'admiration. Car comme le Père réveille les morts et les vivifie, de même aussi le Fils vivifie
ceux qu'il veut. Car aussi le Père ne juge personne ; mais il a donné tout le jugement au Fils, afin que
tous honorent le Fils, comme ils honorent le Père. Celui qui n'honore pas le Fils, n'honore pas le Père
qui l'a envoyé. En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m'a
envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement; mais il est passé de la mort à la vie. En vérité, en
vérité, je vous dis que l'heure vient, et elle est maintenant, que les morts entendront la voix du Fils de
Dieu, et ceux qui l'auront entendue, vivront. Car comme le Père a la vie en Lui-même, ainsi il a donné
au Fils aussi d'avoir la vie en lui-même; et il lui a donné autorité de juger aussi, parce qu'il est Fils de
l'homme. Ne vous étonnez pas de cela; car l'heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix; et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie; et
ceux qui auront fait le mal, en résurrection de jugement.» Le Seigneur montre d'une manière évidente
que la vie qu'il possède en Lui-même est la chose dont l'homme a besoin, parce que l'homme n'est pas
seulement infirme, mails qu'il est mort. Loi, ordonnances, anges même, rien n'était à la hauteur de la
misère humaine, rien que le Fils agissant en grâce et donnant la vie. La guérison même, venant de Lui,
pouvait aboutir, à cause du péché, à un état pire encore que le précédent (v. 14). L'homme, tel quel, a
besoin d'une vie qui le délivre de la mort, et voilà ce que le Père donne en la personne du Fils. Quiconque ne reçoit pas le Fils, n'a pas non plus le Père, mais celui qui reçoit le Fils a aussi le Père. Telle
est la vérité; or les Juifs avaient la loi et haïssaient la vérité. En rejetant le Fils, on ne perd point seulement la bénédiction de la vie en Lui, mais encore on s'attire le jugement, parce que le Père, qui veut
qu'on honore le Fils comme Lui-même, a donné tout le jugement au Fils. Quant à la vie qui est en la
personne du Fils, son importance est telle qu'aucun doute ne doit être possible sur les conséquences
qui en résultent, dès maintenant, pour l'éternité. Entendre la parole de Christ ou la rejeter, croire Celui
qui a envoyé Christ ou ne pas le croire, voilà la pierre de touche; il ne s'agit plus de la loi, mais de la
parole de Christ et du témoignage de Dieu. En envoyant son Fils dans le monde, Dieu n'a pas voulu
que l'ombre d'une incertitude planât sur les conséquences de son acceptation ou de son rejet (vers. 24).
Si les Juifs accusaient Jésus de blasphème, pour s'être nommé Fils de Dieu, ils ne pouvaient toutefois
se refuser à voir en Lui le Fils de l'homme. Or, non seulement Jésus leur apprend qu'il est le Fils de
Dieu, ainsi que les conséquences qui en résultent, mais de plus, il leur déclare que c'est en sa qualité de
Fils de l'homme qu'il exécutera le jugement éternel, proportionné à la gloire divine de sa personne que
les hommes ont méprisé.
Voilà donc les deux vérités que Jésus révèle aux Juifs. D'une part, c'est en Lui qu'est la vie; mais la
vie par le moyen de la foi, afin qu'elle soit un résultat de la grâce; car de cette manière seulement, sa
gloire est maintenue en ceux qui croient le témoignage de Dieu à son égard. Donner la vie, dépend du
Fils comme du Père; «le Fils vivifie ceux qu'il veut», c'est un acte de sa volonté souveraine, en communion avec le Père. Mais, outre cela, le Fils a été envoyé; il a pris, en ce monde, une place subordonnée, dans laquelle il disait: «Mon Père est plus grand que moi.» Cette place, il l'a acceptée avec toutes
ses conséquences; mais malheur à ceux qui ne reconnaissent pas sa gloire; car, d'une manière ou de
l'autre, il faut que tous honorent le Fils: les uns le font en entendant sa parole, les autres y seront contraints par le jugement. L'heure n'était point encore venue de manifester la gloire du Fils de l'homme
par le châtiment des incrédules; il s'agissait alors de croire ou de rejeter la parole du Fils de Dieu. Si
les morts (c'est ainsi que les hommes sont considérés, et non pas vivants sous la loi) entendaient la
voix du Fils de Dieu, ils vivraient; car, bien que le Fils (la vie éternelle qui était auprès du Père) fût
homme, c'est précisément comme de tel que le Père Lui avait donné non seulement d'exécuter le jugement, mais encore d'avoir la vie en Lui-même. La vie ou le jugement, il n'y a, pour l'homme, pas
d'autre alternative; pour Dieu, le jugement est le moyen de maintenir et de prouver la gloire de son
Fi1s en cette nature même où l'homme l'a méprisé, ne distinguant point, sous son apparence humaine,
la gloire éternelle de sa personne. Deux résurrections : en vie, et en jugement ; manifesteront un jour
ceux qui ont cru au Fils de Dieu, et ceux qui l'ont rejeté; mais la question est résolue dès maintenant,
selon qu'on reçoit Christ ou qu'on refuse de l'écouter. La résurrection de vie prouvera qu'on a eu raison
de ne pas avoir honte du Fils de l'homme; la résurrection de jugement manifestera sa gloire et tournera
à la confusion éternelle de ceux qui l'ont méprisé.
Ce chapitre, où nous voyons ainsi la plénitude de la gloire de Christ, en sa divinité et son humanité,
se termine par l'exposé des témoignages divers que Dieu a rendus à son égard, afin d'enlever toute excuse à l'incrédulité de l'homme. La gloire de Christ est si élevée, le Père si jaloux de la maintenir, la
bénédiction est si immense pour ceux qui le reçoivent, et si terrible le sort de ses ennemis, que Dieu a
pourvu à un témoignage complet, de sorte que le jugement n'arrivera point faute d'avertissements. En
premier lieu, le témoignage de Jean-Baptiste; en second lieu, les œuvres mêmes de Jésus; troisièmement la voix du Père; quatrièmement, la Parole écrite que possédaient les Juifs. À ce dernier genre de
témoignage, le Seigneur attache une importance toute particulière: la Parole écrite est une chose qui
reste toujours à la portée de l'homme; tandis qu'un message, un signe miraculeux disparaissent, la Parole, au contraire, contient en elle-même un moyen permanent de conviction, bien que les hommes en
fassent aujourd'hui si peu de cas. Mais que servent tous ces témoignages accumulés? La volonté de
l'homme, voilà la cause réelle de son inimitié: «Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie.»
Pourquoi cette volonté obstinée? Parce que l'homme recherche la gloire de ce monde au lieu de celle
qui vient de Dieu seul. Or les Juifs qui rejetaient Celui qui venait au nom de son Père, accueilleront un
jour l'Antichrist qui viendra en son propre nom. En attendant, pas n'est besoin que Jésus les accuse; ils
le sont par Moïse puisque, tout en se glorifiant de lui, ils ne croient pas à ses paroles: recevoir Christ,
c'était ajouter foi à ce que Moïse avait écrit de Lui.
(À suivre)
_________________________________
LE TÉMOIGNAGE CHRÉTIEN
Deux extraits de lettres de J. N. D. ¹
Cher frère,
...Maintenant que le Seigneur nous a délivrés de cette dangereuse attaque de l'ennemi, et que, dans sa
grâce merveilleuse, il a gardé son témoignage au milieu de nous; je désire ardemment une chose: c'est
que l'œuvre soit plus grande quoique moins ostensible, C'est que les frères soient dévoués, fidèles, et
que dans toutes leurs voies, ils ne soient nullement mondains, qu'ils soient spirituels, Christ étant tout
pour eux.
¹ Le premier extrait a déjà paru dans le Messager Évangélique de 1879, p. 397.
La question et le conflit qui se sont élevés ont été bien plus sérieux que beaucoup de frères ne le supposent, et Dieu nous a gardés dans sa grâce et sa bonté souveraines, quelque faibles et infidèles que
nous ayons été à son témoignage au milieu de nous. Si les frères ne prennent pas à cœur, soit
l’humiliation, soit la bonté qui leur a été si richement montrée comme encouragement, Dieu vous ôtera
le témoignage, et alors qui est-ce qui nous délivrera? Voilà ce qui m’occupe maintenant. Je lui demande qu'il fasse ces choses, et Lui seul peut les faire. Qui pourrait rendre spirituel, sinon Celui qui
opère par son Esprit? Que les frères sachent qu'ils ne sont rien; qu'ils n'aient en rien d’autre motif que
Christ, et tout ira bien.
Il y a un témoignage pour les derniers jours, et Dieu le maintiendra : les frères en ont été par grâce
les dépositaires, mais ils étaient en voie de s'élever dans leurs pensées à l'égard d'eux mêmes, à mesure
qu'iLs déclinaient en devenant inconséquents dans le témoignage. Ce que l'on trouve, lorsque Dieu
agit, c'est l'amour pour la vérité, l'affliction sur l'état de l'Église de Dieu, la séparation de cœur et de
marche pour la vérité, jointe à l’attente de Christ, et non pas la préoccupation de nous-mêmes comme
dépositaires de la vérité. Il est dit de Jéhovah lui-même, qu'il fut «en peine de la misère d'Israël»
(Juges 10, 16). Dieu a permis l'attaque de l'ennemi pour montrer où nous en étions ; rien n'est plus humiliant. Dans sa miséricorde il nous a délivrés. Apprendrons-nous la leçon qu'il enseigne, et irons-nous avec des cœurs reconnaissants à la rencontre du Seigneur, dans le chemin d'un dévouement qui
n'a qu'un seul objet en vue ? Telle est la question qui se pose maintenant. J'ai dit bien souvent que les
frères avaient commencé par la séparation pratique d'avec le monde; sans doute, certaines vérités pour
les derniers jours leur furent aussi confiées; mais ce que le monde pouvait voir, c'était qu'ils n'étaient
pas du monde. Est-ce bien là le témoignage qui aura lieu dorénavant? Il en était ainsi au commencement dans les maisons, dans les manières et dans la conduite, avec beaucoup de manquements, sans
doute, mais le témoignage avait ce sceau-là; c'était ce qui caractérisait les témoins. On ne discutait pas
pour savoir si l'on était des Philadelphiens ou non... Je m’arrête, et vous comprendrez ce que Je veux
dire. Mais Dieu est bon, et il a été d'une bonté parfaite pour nous. Je regarde à Lui pour qu'il réveille
les frères endormis. Je sais que les consciences d'un grand nombre ont été réveillées. Puissent maintenant leurs cœurs le suivre avec la foi dans la bonté de Dieu. Nous lisons: «Mon âme s'attache à toi
pour te suivre, ta droite me soutient» (Psaume 63, 8).
Votre frère affectionné en Christ, J.N.D.
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Cher frère,
Prétendre que l'on est Philadelphie, c'est participer de l'esprit de Laodicée. J'ai confiance que Dieu
agit en vue d'un témoignage philadelphien, mais vouloir être quelque chose, c'est s'opposer à l'œuvre
de Dieu.
Philadelphie demeure jusqu'à la venue de Christ. Ayant gardé la parole de sa patience, elle a reçu,
d'une part, la promesse d'être gardée de l'heure de l'épreuve qui doit venir sur la terre habitée tout entière, et d'autre part, la promesse que Christ vient bientôt. Je pense qu'il y aura un témoignage philadelphien plus affirmé, ce n'est pas là ce que je conteste, mais bien plutôt la prétention de constituer un
tel témoignage maintenant.
Une autre chose contre laquelle je m'élève est de faire de ceux de Laodicée qui ouvrent quand le
Seigneur frappe, d'excellents chrétiens, dans un état spirituel avancé. Je ne vois absolument rien de
semblable. Ce sont des inconvertis ou des chrétiens professants dans un état si bas, que tout l'ensemble
va être vomi de la bouche de Christ, et ils sont avertis de saisir Christ, et ce qui est vrai et réel. Il n'est
pas question, en ce qui les concerne, de sortir dehors et d'être en témoignage, Christ entre et soupe
avec eux. Bien loin de penser que la promesse faite à celui qui ouvrira est de l'ordre le plus élevé, j'ai
toujours pensé qu'elle est au contraire d'un niveau des plus bas. Il s'agit simplement de régler, c'est
sans doute une chose merveilleuse pour des créatures telles que nous, mais c'est ce que les saints de
l'Ancien Testament auront également en partage. C'est une gloire purement extérieure, mais ce n'est
pas être à l'intérieur de la maison.
L'exhortation adressée à Laodicée consiste à acquérir ce qui est vrai en Christ, en laissant de côté
toute vaine prétention, «afin que la honte de ta nudité ne paraisse pas ». Elle doit aussi s'oindre les
yeux afin de voir. Je ne vois rien là qui indique un degré extraordinairement avancé au point de vue
spirituel.
Je désire sincèrement voir les saints éveillés à un entier dévouement, ainsi qu'à une pleine force et
constance de communion mais éprouver le besoin d'être ainsi caractérisés n'est nullement die la prétention.
J. N. D.
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FRAGMENT
Ce dut être une chose étonnante pour des anges de voir le Fils de Dieu habiter sur la terre comme un
homme; mais toute la plénitude de la déité était dans cet homme. Jamais homme ne parla comme Lui.
Il était dans une même pensée avec Dieu, capable de communiquer la vie éternelle, d'accomplir tout
miracle, un homme: mais différent de tous les autres hommes. Il n'y eut jamais en Lui que la perfection. Dès que nous voyons Christ, nous ne pouvons que bénir Dieu de ce qu'il a trouvé en lui Celui qui
a répondu entièrement à sa pensée.
La perfection de Christ est ma condamnation, à moins d'y avoir un titre par la grâce, car alors toutes
les pensées de Dieu à mon égard se déroulent. Le Christ que Dieu a placé à sa droite est ma justice, et
cela change tout relativement à ce que je suis, moi. Si Christ est pour moi force, sagesse, justice, tout,
j'ai un motif de rendre grâces à Dieu de ce qu'une personne telle que le Seigneur Jésus Christ est venue
sur la terre. Non seulement je vois Christ sur le trône du Père, mais je puis dire de Lui: «Voilà Celui
qui m'a aimé et qui s'est livré pour moi.» Il est heureux dans l'amour du Père, et mon cœur, établi dans
la liberté par la rédemption, jouit de le savoir heureux. S'il est la vie éternelle de mon âme, le bonheur
est ma portion. Christ me dit: «Toi, mon heureux débiteur, je veux t'introduire dans la joie que j'ai auprès .de mon Père. » Et moi de Lui répondre: «Je me réjouis, ô Seigneur, de ce que tu possèdes ce qui
fait la joie de ton cœur, le repos auprès du Père, car je t'aime, oui, je t'aime. »
G. V. W.
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L'ÉTERNITÉ DES PEINES
Aucun sujet n'est plus propre à faire reculer. Il apparaît cependant nécessaire de le considérer une
fois de plus. Faut-il regarder la doctrine des peines éternelles comme l'héritage de traditions religieuses
inacceptables et périmées, ou, au contraire, est-elle fondée dans l'Écriture ? Les serviteurs de Dieu à
qui nous devons tant, les J. N. Darby, W. Kelly, C. H. Mackintosh, A. Ladrierre, H. Rossier, et combien d'autres, ont invariablement conclu dans le second sens. Les «frères»se sont jusqu'ici conformés à
leur manière de voir. Cette attitude devrait-elle être révisée?
En réalité, la question n'est pas nouvelle. Il y a bien longtemps que, en divers points de la chrétienté
mais surtout dans le protestantisme libéral, on conteste l'affirmation de l'éternité des peines. Les ouvriers dont il vient d'être question combattaient pour elle il y a plus d'un siècle et d'autres l'avaient fait
avant eux. Mais de nos jours l'orthodoxie évangélique, en renouveau à certains autres égards, béni soit
Dieu ; est largement envahie par la négation de ces peines éternelles. Elle rejoint en cela bien des
sectes plus ou moins nouvelles, et l'on voit cette négation gagner du terrain jusque dans les milieux
que l'on aurait pensés les mieux défendus contre elle. Elle n'utilise guère pourtant d'autres arguments
que ceux qui ont été r futés par nos devanciers.
L'autorité reconnue de ces conducteurs, si fortement qu'elle s'impose à nous, si convaincus que nous
soyons non seulement de la probité et de la compétence mais encore de la spiritualité avec lesquelles
ils ont étudié ces questions, ne saurait à elle seule être déterminante. C'est rendre ce que nous devons à
leur mémoire et imiter leur foi que de faire ce à quoi ils nous convient toujours, savoir d'examiner soigneusement les Écritures comme les Béréens, pour voir si les choses sont bien ainsi. Faisons-le ici en
toute simplicité, sans prétendre verser au débat quoi que ce soit de nouveau, mais pour nous assurer
dans «ce que dit l'Écriture ».
Écartons préalablement quelques causes d'obscurité comme l'esprit humain en produit toujours
quand il s'ingère dans les choses divines.
Un mot suffirait pour nous débarrasser, si besoin était du fatras d'inventions dont on a peuplé l'enfer.
Ce sont des restes des mythologies les plus variées, ou des produits de la superstition, ou des élucubrations d'artistes et d'écrivains, des fables et rien que des fables! La Parole ignore tout des supplices variés qu'elles dépeignent, aussi bien que des cris et des blasphèmes de damnés révoltés (au contraire, les
êtres infernaux « ploieront le genou» au nom de Jésus). Bien loin de montrer Satan et les démons régissant l'enfer et torturant les créatures humaines, elle nous apprend que c'est « pour le diable et ses
anges» que le feu éternel « a été préparé ». La sobriété de la Parole sur ces sujets est plus solennelle
que ces débordements de l'imagination, par lesquels on a prétendu frapper l'esprit des hommes mais
qui en fait ne sont qu'un moyen diabolique de les détourner de la vérité.
Tout autant que l'imagination, il y a lieu de récuser la sentimentalité humaine. «Mes pensées ne sont
pas vos pensées et mes voies ne sont pas vos voies», dit l'Éternel. Nos sentiments, même les plus respectables, ne fournissent pas plus que nos pensées ; et même bien moins que nos pensées, une base valable pour juger de ce qui convient à Dieu. L'idée d'un jugement illimité fait horreur à la nature humaine; des cœurs faiblissent à la pensée qu'un être cher, mort inconverti, serait voué à des tourments
sans espoir et sans fin; cela leur semble contredire la bonté et l'amour de Dieu. Mais c'est là la mesure
humaine des choses, et rien de plus.
Nous sommes incapables, en effet, de nous détacher de ce qui appartient à l'ancienne création. Nous
le sommes encore davantage de nous faire une idée exacte de la bonté de Dieu, pas plus que de sa justice et de sa sainteté. Nous sacrifierions l'une de ces qualités à l'autre, alors qu'elles se fondent dans
son Être, qui ne serait pas éternel s'il n'était à la fois lumière et amour. Dieu est amour. Il est infiniment plus sensible que nous ne pouvons l'être aux !souffrances de ses créatures, et à leur cause profonde, le péché (rappelons, en passant, que le diable et les autres anges déchus, pour qui le feu éternel
est préparé, sont aussi des créatures !) Mais Il est amour dans la lumière, dans l'harmonie parfaite d'un
univers dont Il n'est pas seulement le souverain mais l'ordonnateur. C'est à Lui, non à nous, qu'il appartient de savoir comment les choses doivent être pour que « Dieu soit tout en tous ». Nous nous inclinerons devant sa sagesse, que dis-je, nous l'adorerons. Nous n'aurons plus égard à nous-mêmes, mais à
Dieu seul, en Christ. Nous serons dégagés de tous les liens d'ici-bas, non dans l'égoïsme qui les accompagne si souvent, mais dans l'amour vrai. Nous serons mus par d'autres affections que celles de
cette terre. Nos sentiments d'aujourd'hui auront pris leur vraie place : même les plus légitimes quant à
la vie d'ici-bas se rapportant à des relations, qui alors auront été dénouées. Ce qu'elles auront comporté
de pur se sera pour ainsi dire : sublimé dans ces affections éternelles. Et nous comprendrons ce que
nous ressentons si peu tant que nous sommes sur la terre, savoir la grandeur de l'offense faite à Dieu
par les hommes qui refusent sa grâce et ne veulent pas être réconcilié quand Il les en supplie.
Du moins savons-nous dès maintenant combien Dieu a aimé le monde, jusqu'à «donner son Fils
unique afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas ». Si nous voulons contempler l'amour de Dieu,
c'est à la croix qu'il faut aller. Comment parler de nos sentiments humains (même s'ils sont un reflet,
bien lointain et combien altéré, de l'image divine), quand nous voyons Dieu traitant ainsi, à la place
des coupables, son Fils bien-aimé, et que nous voyons ce Fils de Dieu subissant des souffrances
comme celles des trois heure sombres ?
Nous sommes, d'autre part, foncièrement incapables de concevoir l'éternité, tant que nous sommes
dans ces corps où notre existence se déroule en une succession d'événements. Quand nous parlons de
peines éternelles, aussi bien que de vie éternelle, nous les voyons comme se continuant indéfiniment,
dans une telle succession temporelle, avec le temps prolongé encore et toujours. Sans disserter inutilement sur l'éternité, il suffit de marquer l'inexactitude totale d'une telle vue. Le temps, qui a été créé et
qui a commencé en se détachant de l'éternité, finira en se fondant dans ce qui n'a ni commencement ni
fin. Le temps ne sera plus. L'éternité est la durée intemporelle, la durée pure. Tout sera fixé, ce qui ne
veut pas dire inerte et immobile, mais simultané, sans la discontinuité de tout ce qui a un passé, un
présent et un futur. Dieu, l'Éternel, s'appelle le Même, Il ne saurait changer quelles que soient ses activités et ses voies. Celui qui, par rapport au temps, était et qui est et qui vient, est Celui auquel il est
dit : «Mais toi, tu es le Même », c'est pourquoi « tes ans ne cesseront pas» (Hébreux 1, 12).
Défions-nous donc et de nos sentiments et de nos raisonnements. Une vue correcte de ce grand sujet
de l'éternité des peines ne dépend pas de ce que nous éprouvons ou de ce que nous concevons, mai de
ce que Dieu nous en fait connaître par sa Parole et son Esprit. L'homme naturel est toujours enclin à
juger Dieu en prétendant juger des choses de Dieu. La foi accepte simplement ce que Dieu dit.
Cette Parole apprend elle-même au lecteur tant soit peu attentif que les termes du langage qu'elle
emploie ou qu'elle met dans la bouche des hommes, peuvent revêtir des acceptions différentes selon
les moments de la révélation divine et les phases des voies de Dieu. C'est ainsi qu'il ne faut pas confondre les déclarations relatives à Israël avec celles qui s'appliquent à l'Église, les promesses faites à
Abraham avec celles faites à David, et les unes et les autres avec celles qui sont faites aux chrétiens,
etc. Il en est ainsi du sujet qui nous occupe.
Dans l'Ancien Testament, le mot éternel, et ceux qui en dérivent, éternité, éternellement, ou qui lui
sont analogues, comme à toujours, à jamais ; ne prend son plein sens que lorsqu'il se rapporte à Dieu:
par exemple « les bras éternels» (Deutéronome 33, 27), «le Roi d'éternité» (Jérémie 10, 10) ; « Je vis
éternellement» (Deutéronome 32, 40), «d'éternité en éternité» (Psaume 90, 2, Néhémie 9, 5), «un
amour éternel» (Jérémie 31, 3), et par-dessus tout, cela va sans dire, le nom même que Dieu prend, celui d'Éternel (Jéhovah).
Mais ailleurs dans cet Ancien Testament, quand ce même mot se rapporte aux créatures et aux
choses créées, son sens immédiat et habituel ne va pas au delà de la création visible, la première création, et s'applique à une durée temporelle, avec commencement et fin. Ce n’est pas qu'il soit sans relation avec l'éternité divine dans son absolu. Mais même les croyants les plus éclairés de ces «jours d'autrefois», sans que nous puissions discerner à quel point leur foi était enseignée à passer de ces choses
visibles aux invisibles, étaient appelés à se mouvoir dans le cadre de promesses et de prophéties concernant la terre. Leur pensée avait essentiellement pour objet le royaume de Dieu ici-bas, dans le
temps, « tant que dureront le soleil et la lune» (Psaume 72, 5, 7).
Ainsi, quand il est parlé d'Israël sauvé par l'Éternel « d'un salut éternel» (Ésaïe 45, 17), ou au contraire quand «un opprobre éternel» et «une confusion éternelle» sont appelés sur les ennemis de l'Éternel (Jérémie 23, 40, 20, 11) ; quand nous lisons qu'« un royaume éternel» s'établira (Daniel 4, 3, 7, 1427), qu' «une joie éternelle» sera sur la tête du peuple restauré (Ésaïe 35,10, 51, 11; 61, 7), qu'« une alliance éternelle» est conclue avec lui (Ésaïe 61, 8), tout cela ne déborde pas, à le prendre directement,
les limites temporelles du règne, autrement dit du millénium. ¹
¹ Encore faut-il ici prendre garde que le Nouveau Testament agrandit l'horizon de ces prophéties: le royaume de Christ,
qualifié d'éternel, et sa domination, qualifiée d'éternelle, concernent bien, directement, l'ancienne création, appelée à passer;
mais, à «la fin», après que toutes choses lui auront été assujetties, Il remettra le royaume à Dieu le Père, en éternité (1 Corinthiens 15, 24, 28).
Si «les nouveaux cieux et la nouvelle terre que je fais, subsisteront devant moi, dit l'Éternel » (Ésaïe
66, 22), ce n'est pas au-delà de ce règne qu'ils sont considérés comme subsistant; ce sont encore les
cieux et la terre de cette création périssable, bien qu'ils aient été rénovés et que la gloire de Dieu les
remplisse. C'est pourquoi on peut ne pas trouver un argument décisif dans les «flammes éternelles»
d'Ésaïe 33, 14, ni dans le ver qui ne meurt point et le feu qui ne s'éteint point d'Ésaïe 66, 24, si claire
que paraisse leur allusion à une géhenne proprement éternelle. D'autre part il est bien admis que le verset 2 de Daniel 12: «Plusieurs qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la
vie éternelle, et lies autres pour l'opprobre, pour être un objet d'horreur éternelle », signifie non une résurrection d'individus, mais le retour d’Israël ramené d'entre les nations où il gisait comme mort et rentrant dans son pays, où les uns seront bénis, les autres réprouves (cf. Ésaïe 26, 19 et Ézéchiel 37).
Il suit de là aussi que nous ne trouvons pas grande chose de précis dans l'Ancien Testament à l'égard
de la survie de l’âme et de la résurrection du corps, sinon des figures, quelques faits exceptionnels
comme l'enlèvement d'Énoch et celui d'Élie, et comme l'évocation de Samuel à En-Dor (1 Samuel 28),
ou encore des paroles comme celles de Job (19, 25). Mais la vie y est essentiellement considérée
comme terrestre. Elle a son terme quand l'Éternel reprend le souffle qu'Il a mis dans les narines de
l'homme. «L'esprit retourne à Dieu qui l'a donné, » et le corps à la poussière d'où il avait été pris (Ecclésiaste 12, 9). «L'homme expire, et, où est-il?» (Job 14, 10). D'où l'effroi du shéol même si la foi
pouvait saisir que le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob ne peut être le Dieu des morts mais des vivants, et si « ceux-ci sont morts dans la foi ». Ésaïe 38, 10-20, traduit particulièrement cet effroi, et
maints passages des Psaumes. Si l'homme voit un avenir devant lui, c'est sur la terre, dans sa descendance. Et la rétribution des méchants, en jugement, n'est pas présentée plus loin qu'une descente ignominieuse au shéol, «dans la fosse », si impressionnantes que soient des évocations comme celles
d'Ésaïe, 14, 9-20, ou d'Ézéchiel 32, 17-32.
Mais avec le Nouveau Testament tout change. Le second homme vient du ciel, la mort est vaincue,
un nouveau commencement apparaît, celui de la nouvelle création. «La vie éternelle, qui était auprès
du Père,» «nous a été manifestée ». Elle est « annoncée » ; elle ne l'avait pas été jusque là. Elle est déjà
la part du chrétien, par le Saint Esprit, en Christ, en attendant qu'il en jouisse dans un corps glorifié
semblable au sien (1 Jean 3, 2 ; Philippiens 3, 21). L'évangile d'e la gloire et de la grâce est prêché,
mais son point de départ est la révélation de la colère de Dieu, «la colère qui vient» (Romains 1, 18; 1
Thessaloniciens 1, 10).
Alors les perspectives s'ouvrent. Elles vont bien au delà du règne millénaire où la terre aura été bénie
après avoir été purifiée par le jugement. Elles atteignent l'état éternel. Les nouveaux cieux et la nouvelle terre, où la justice habite, ne sont plus ceux de la première création: celle-ci aura été détruite par
le feu (2 Pierre 3; Apocalypse 20).
La vie éternelle avec le Seigneur sera le partage de tous les rachetés. Ce sont les croyants de tous les
âges, auxquels s'ajoutent les irresponsables dont, en nombre incalculable, les petits enfants. Tous auront eu part, à titre soit de ressuscités soit de transmués, à la « première résurrection», la « résurrection
de vie», en ses diverses phases: venue du Seigneur selon 1 Thessaloniciens 4, et résurrection des morts
de la grande tribulation (Apocalypse 20, 4). Il faut certainement y joindre, à « la fin », après le règne,
une transmutation des croyants milléniaux.
«Bienheureux et saint celui qui a part à la première résurrection: sur eux la seconde mort n'a point de
pouvoir» (Apocalypse 20, 6). Ce ne sont donc pas tous les hommes qui «auront part» à cette première
résurrection; cette vie éternelle ne sera pas le lot de tous. L'illusion d'une réconciliation de tous les
hommes, autrement dit la doctrine du salut universel, est pourtant fort répandue chez ceux qui veulent
ignorer l'Écriture. C'est une erreur fatale. Il est parfaitement vrai que Christ est « mort pour tous. »,
mais le bénéfice de son œuvre est pour «quiconque croit ». La rédemption du genre humain, comme
on dit, est faite, mais ceux qui, en quelque temps que ce soit, auront refusé la grâce, s'en seront exclus
eux-mêmes. « Si vous ne croyez pas que c'est moi, disait Jésus à ses adversaires, vous mourrez dans
vos péchés» (Jean 8, 24). Pour ceux qui seront ainsi «morts dans leurs péchés », il y aura la « résurrection de jugement ». « Le reste des morts ne vécut pas jusqu'à ce que les mille ans fussent accomplis»
(Apocalypse 20, 5) est-il dit après l'annonce de la première résurrection, celle des « bienheureux»; et
ces «morts» se réveillent pour comparaître devant le grand trône blanc, «les morts, les grands et les petits », et ils sont «jugés d'après les choses écrites dans les livres, selon leurs œuvres» (Apocalypse 20,
12). L'Écriture est positive: on ne peut être sauvé sans propitiation, et pour ceux qui rejettent Christ il
ne reste plus de sacrifice pour le péché. Parler du salut universel, c'est nier la justice de Dieu en raison
de l'idée imparfaite qu'on prétend se faire de son amour. C'est renverser l'Évangile. Allez donc prêcher
l'Évangile à des gens auxquels vous direz en même temps que finalement ils peuvent être sauvés tout
en refusant Christ!
Il ne saurait pas davantage être question d'une cessation de toute, existence, pour les inconvertis,
avec la mort corporelle. C'est ce que souhaiterait l'homme naturel. «Mangeons et buvons, car demain
nous mourrons ». Là encore la Parole est formelle: «il est réservé aux hommes de mourir une fois, et
après cela le jugement» (Hébreux 9, 27). La résurrection de jugement, le grand trône blanc, la sentence
finale, ce sont là des réalités redoutables sans doute, mais des réalités.
Le lecteur sincère de l'Écriture ne peut échapper à la conviction que, de même qu'il y a la vie éternelle pour les croyants, il y a une « colère» divine qui vient sur les autres, un jugement terrible pour les
«morts dans leurs péchés », qu'ils aient péché sans loi, sous la loi, ou qu'ils aient refusé l'Évangile de la
grâce. Chacun d'eux sera jugé selon ses œuvres, et recevra un châtiment mesuré à la grandeur de son
offense, selon la parfaite sagesse de Dieu.
Quelle est la portée de ce jugement ? Nous voici amenés à la question posée au début de ces pages. Il
n'est que temporaire, si terrible soit-il, affirme-t-on de divers côtés; c'est une peine à purger, après
quoi, pour ces condamnés, toute existence cessera, ils seront annihilés.
Nous ne pouvons, et cela en plein accord avec ceux qui nous ont enseigné, que trouver dans l'Écriture l'obligation de rejeter catégoriquement une telle affirmation.
Salut et perdition, vie éternelle et colère de Dieu, sont à maintes reprises, pour ne pas dire constamment, associés dans cette Écriture, en un parallélisme tel que nier le caractère de l'un revient à nier celui de l'autre. Ainsi en Marc 16, 16, Jean 3, 36, 5, 29, Romains 2, 5-16, 1 Corinthiens 1, 18, 1 Jean 5,
12, Philippiens 1, 28. Si le salut est éternel, la perdition l'est de la même manière.
On objectera qu'il s'agit là d'une analogie simplement suggérée par ce parallélisme. Mais elle se renforce d'une identité littérale. Le, même terme, dans l'original comme en traduction, s'applique, pour les
déclarer éternels, à la fois à la vie et aux tourments (Matthieu 25, 46), à la destruction (2 Thessaloniciens 1, 9), au jugement (Marc 3, 29, Hébreux 6, 2), au feu (Matthieu 25, 41, 18, 8, Jude 7). Et c'est le
même mot qui qualifie en 2 Corinthiens 4, 18 les choses qui ne se voient pas par opposition à celles
qui se voient et qui ne sont que pour un temps, en 2 Corinthiens 5, 1 notre maison céleste par opposition avec cette tente éphémère, en 1 Pierre 5, 10 la gloire de Dieu, en 1 Timothée 6, 16 sa force, etc.
Ce terme d'éternel (aiônios) est dans tous ces cas et d'autres encore en contraste avec temporel. Lui
donner des acceptions différentes serait faire violence au texte.
Il n'est pas moins significatif qu'une même expression, savoir « aux siècles des siècles» (eis tous
aiônas tôn aiônôn) s'applique à l'éternité de Dieu d'une part, aux tourments de ses ennemis d'autre part
(Apocalypse 4, 10 et 14, 11, 20, 10).
Que conclure sinon que, dans le cas où les tourments qualifiés d'éternels ne seraient en fait que temporaires, la vie éternelle ne durerait pas non plus à toujours? Nous ne trouverions en aucun passage de
garantie pour une telle éternité de vie.
Il est vrai que nous sommes incapables de déterminer en quoi consistent ces tourments. L’étang de
feu et de souffre» est un symbole, admettons-le sans difficulté; mais que dire alors de la réalité ainsi
symbolisée! Nous entrevoyons quelle terrible chose, la pire qui puisse se formuler, doit être pour une
créature consciente, la séparation sans espoir d'avec son Créateur! C'est ce qui est appelé la « seconde
mort. Observons ici avec soin qu'il nous est dit que la mort (la première) ; le dernier ennemi qui sera
aboli sera, avec le hadès, jetée« dans l'étang de feu: c’est ici la seconde mort, l'étang de feu» (Apocalypse 20, 14). Qu'est-ce à dire, sinon que les «morts », jugés devant le grand trône blanc, passeront de
la mort temporelle et temporaire à la mort éternelle? Redisons-le, l'éternité dépasse notre conception
présente, mais à coup sûr la seconde mort ne peut pas plus que la première signifier l'annihilation immédiate ou différée, peu importe.
Nous nous abstenons à dessein de discuter le point de savoir s'il convient de qualifier ou non d'immortelle l'« âme vivante» qu'Adam « devint» par le souffle de Dieu (Genèse 2, 7; 1 Corinthiens 15,
45), estimant que l'on tombe là dans une question de mots, alors que ce sont les faits qui importent.
«Détruire l'âme et le corps dans la géhenne» (Matthieu 10, 28) est sans contredit l'équivalent de la seconde mort ; mais cela ne signifie en aucune manière l'annihilation : destruction n’est pas anéantissement et «destruction éternelle» encore moins, car le terme implique la durée sans fin de la destruction.
La mort, que ce soit la première ou la seconde, n'est pas la cessation de l'existence. Moralement nous
étions tous morts dans nos fautes et dans nos péchés, mais nous existions bien, vivants au péché ; les
morts qui attendent le jugement existent; les morts jugés existeront, mais privés de la vie éternelle,
sous la « colère de Dieu ». Pourquoi le feu serait-il qualifié d'éternel, s'il consumait tout en un instant?
Le feu inextinguible, le ver qui ne meurt point, sont des figures assurément; mais ces figures sont
chargées de traduire ce que nous ne pourrions concevoir autrement: comment nous parleraient-elles
d'un feu inextinguible qui n'aurait plus rien à brûler, d'un ver qui ne meurt point et qui n'aurait plus
rien à ronger? Ces figures sont reprises par le Nouveau Testament à l'Ancien, mais elles se trouvent
dans la bouche de Jésus et dans le langage du Saint Esprit par les apôtres, et sont appliquées par eux à
d'autres durées que celles, temporelles, de la première création.
Éternité des peines, doctrine effrayante. Soit. Qu'elle le soit assez pour faire trembler à salut les pécheurs: Félix était «tout effrayé» d'entendre Paul discourir sur le jugement à venir, et il a pour son
malheur résisté à cet effroi. Quelle le soit assez pour que les croyants prennent à cœur le salut des pécheurs ! Mais comment oublier que pour nous « délivrer de la colère qui vient» il n'a rien moins fallu
que la mort du Fils de Dieu? Il a connu la première et la seconde mort sans quoi nous en serions en-
core passibles. Il a éprouvé toute l'horreur de la seconde mort quand elle étendit sur Lui, fait péché
pour nous, son ombre terrible pendant les trois heures sombres de Golgotha, avant qu'il n'entrât dans la
première, mais en vainqueur, ayant payé le salaire du péché. Il a connu à notre place l'abandon de
Dieu. Il nous faut toujours revenir à la croix: elle est le fait central de la foi chrétienne, mais inséparable de la résurrection. Après d'autres, nous ne pouvons que répéter : nier l'éternité du jugement c'est
attenter à l'œuvre de Christ. Ce n'est pas seulement couper le nerf à la prédication, comme le disait
Adolphe Monod, c'est ôter de sa substance à la prédication de Jésus Christ crucifié, et cela vis-à-vis de
l'inconverti, comme du croyant. L'œuvre expiatoire, selon cette façon de voir, se serait limitée à porter
des peines limitées, encourue,s par les élus; Jésus ne fût-il pas venu, l'humanité aurait disparu tout entière après une période de châtiment, sans plus. La gravité du péché s'amoindrit jusqu'à disparaître, elle
n'est plus à la mesure de l'infinie sainteté de Dieu; la propitiation perd de son excellence, les trois
heures sombres de leur horreur. Non, non, notre précieux Sauveur a été fait péché pour nous, fait malédiction pour nous. Il a connu l'abandon de Dieu comme seul pouvait le connaître Celui qui était véritablement homme et véritablement Dieu. Et c'est à jamais que devant Lui se ploiera tout genou, des
êtres célestes et terrestres, mais aussi infernaux, les non réconciliés, hélas!
Chers frères et sœurs, continuons à dire, avec une solennité et une reconnaissance accrues :
... Ton cœur infini, sous ce poids d'un moment,
Porta l'éternité de notre châtiment.
A. G.
________________________________
INTRODUCTION À L'ÉTUDE DES ÉVANGILES
Jean 6 et 7
(Suite de la page 108)
Dans le chapitre 6, c'est à un nouveau point de vue qu'Israël est mis de côté. Ce n'est plus ici le contraste entre la vie éternelle qui seule peut délivrer l'homme, et la loi qui le laisse mort dans ses péchés,
sans espoir de secours; mais la différence totale entre la vérité de Dieu présentée à l'homme en la personne de Jésus ainsi que dans ses œuvres, et les promesses rattachées au Messie. Loin d'être rejeté,
comme précédemment, le Seigneur est reconnu par la foule comme étant le prophète qui devait venir
(vers. 14) ; il est reçu à cause de ses œuvres et surtout à cause du miracle que l'Écriture mentionne
spécialement en rapport avec le Fils de David (Psaume 132.) n’avait rassasié les pauvres de pain, et on
voulait l'enlever afin de le faire roi; mais le moment n'était point venu pour Lui de s'asseoir sur le trône
de David, et il se retire sur la montagne. Jésus ne conteste point son titre de Messie; il était en effet le
prophète qui devait venir, le Fils de David, le grand Roi ; mais il s'agissait de questions bien plus importantes à résoudre, d'une œuvre plus grande encore que le règne glorieux du Messie; il s'agissait du
pain de Dieu qui vient du ciel, de Celui qui est descendu du ciel et qui donne la vie au monde; il s'agissait de la mort et non de la domination du Fils de l'homme. Jésus parle de son incarnation d'abord, puis
de la rédemption: de sa chair qu'il donne à manger, de son sang qu'il donne à boire. Ainsi les choses
anciennes sont passées, le vieil homme est jugé, mort, disparu; un nouvel homme entre en scène: le
pain de Dieu pour les hommes. C'est la disparition totale de la loi, des miséricordes providentielles,
des promesses touchant le Messie, de la gloire annoncée par les prophètes à Israël, tout cela éclipsé par
la vie éternelle et la résurrection au dernier jour. Christ n'apparaît pas ici comme le Fils de Dieu qui
vivifie (chap. 5), mais comme étant, en sa qualité de Fils de l'homme, l'objet de la foi, par son incarnation d'abord: le pain descendu du ciel, afin que quiconque en mange ne meure pas; ensuite par sa
mort, en donnant sa chair à manger et son sang à boire, un aliment et un breuvage dont la vie éternelle
est inséparable.
Or manger sa chair et boire son sang, indique la communion avec sa mort. Ce n'est point seulement
croire à l'incarnation de Jésus et le recevoir comme étant descendu du ciel, mais la communion avec sa
mort est nécessaire pour avoir la vie éternelle. Après s'être présenté aux Juifs comme le Fils de
l'homme vivant, qu'il s'agissait de recevoir et de discerner (vers. 40), Jésus parle de sa mort. Lui qui,
reçu pendant sa vie, donnait la vie éternelle, devient, par sa mort, la nourriture et le breuvage de ceux
qui croient en Lui; il leur donne communion avec sa mort. Deux grandes vérités apparaissent donc ici
à nos regards: l'incarnation et l'expiation. Il est bien dit (vers. 50-51), qu'il faut manger le pain descendu du ciel; mais c'est à propos de l'expiation que Jésus parle de manger sa chair et de boire son sang, et
qu'il ajoute: «Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi, et moi en lui. » C'est
l'expiation surtout qui est mise en saillie, et la nécessité d'y avoir sa part. Celui qui croit à la réalité de
l'incarnation, accepte aussi avec bonheur celle de la rédemption; mais personne qui rejette la rédemption, n'a réellement cru à l'incarnation au point de vue de Dieu. La croix sera toujours une pierre
d'achoppement pour celui qui voit dans l'incarnation de Jésus, le simple fait de son humanité; mais si
l'âme a été enseignée de Dieu touchant la gloire personnelle de Celui qui a été fait chair, elle comprend
aussi, avec bonheur, que son incarnation a eu lieu en vue d'une chose plus merveilleuse encore; qu'il
est venu en ce monde, afin de mourir, afin de glorifier Dieu par sa mort, et de devenir ainsi la nourriture de ceux qui croient en Lui.
Jésus ajoute à la fin de ce chapitre un nouveau contraste. S'il s'agissait de le recevoir non comme le
Messie, mais comme le Fils de l'homme qui devait mourir, il était également vrai que le Fils de
l'homme, monterait là où il était auparavant (vers. 62.) Cette humanité qu'il avait prise après être descendu du ciel, il la transporterait en sa personne dans la gloire céleste que, Lui seul connaissait comme
étant le Fils du Père.
Le chapitre 7 part de ce dernier point de vue. Les frères de Jésus, voyant la puissance merveilleuse
qui accompagnait tous ses actes, se disent qu'il y a là pour eux et pour lui, une ressource dont il faut
absolument tirer parti. N'ayant aucune idée de la gloire personnelle du Seigneur, ils veulent se servir
de Lui pour satisfaire leur orgueil. Jésus répond que l'heure de la manifestation de sa gloire n'est pas
encore venue et que, pour le moment, c'est à la haine du monde qu'il a affaire, tandis qu'eux, étant du
monde, doivent nécessairement agir comme le monde. Toutefois Il se rend en secret à Jérusalem, et
apparaît dans le temple, comme on était déjà au milieu de la fête; la plus grande incertitude règne à son
sujet; on s'étonne de ses paroles, mais point de conviction réelle; cependant «plusieurs d'entre la foule
crurent en lui et disaient: Le Christ, quand il sera venu, fera-t-il plus de miracles que celui-ci n'en a
fait? » Les pharisiens en conçoivent de l'inquiétude, et envoient des huissiers pour prendre Jésus. Malgré cela, en la dernière journée, la grande journée de la fête (le huitième jour, qui indiquait une gloire
de résurrection en dehors de la création actuelle, mais qui, pour le moment, devait s'accomplir dans la
puissance de l'Esprit), Jésus se tint là, et cria, disant: « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il
boive. Celui qui croit en moi, selon ce qu'a dit l'Écriture, des fleuves d'eaux vives couleront de son
ventre. » Ce n'est plus manger le pain de Dieu, ni, après la mort de Christ, se nourrir de sa chair et
boire son sang; mais, comme au chap. 4, il s'agit ici de la puissance du Saint Esprit, non de la personne
de Jésus. L'explication est donnée au verset suivant: « Or il disait cela de l'Esprit qu'allaient recevoir
ceux qui croyaient en lui; car l'Esprit n'était pas encore, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié.» Il y a deux choses à distinguer: celui qui a soif vient vers Jésus qui lui donne, à boire; et la puissance de l'Esprit découle chez le croyant, de l'homme intérieur, pour rafraîchir les autres.
Le Seigneur considéré comme monté au ciel en sa personne humaine après avoir accompli la rédemption; entré dans la gloire après avoir passé par la mort, confère, du lieu de gloire où il se trouve,
le Saint Esprit à ceux qui croient. Le grand jour de fête et de joie, pour les Juifs et pour le monde, le
huitième jour de la fête des tabernacles, ne sera inauguré par Lui que plus tard, après la moisson et la
vendange de la fin du siècle. Dans ce chapitre, le Saint Esprit n'est plus envisagé comme source d'une
nouvelle nature, ou comme puissance de vie et d'adoration en communion avec Dieu et le Père, mais
comme un fleuve d'eau vive découlant de celui qui croit, résultat immédiat de ce que Jésus est entré
comme Fils de l'homme dans la gloire céleste, après avoir accompli la rédemption. De cette façon encore, le judaïsme est mis de côté, dont l’espérance était une gloire et un repos terrestres. Jusqu'à ce que
Jésus revienne du ciel et se manifeste aux yeux du monde entier, les fleuves de l'Esprit remplacent la,
fête des tabernacles. Ce n'est pas de repos qu'il s'agit, mais de la joie que procure la puissance du Saint
Esprit durant l'absence de Jésus. Le principe dont il est parlé au chapitre 4 a trouvé, en un certain sens,
son accomplissement chez la Samaritaine et ceux qui reçurent Christ à cette époque: la personne du
Fils causait même alors dans leurs cœurs une abondance de joie divine, bien que le Saint Esprit n'ait
pas été réellement communiqué avant l'ascension de Jésus; le Père était déjà révélé sur la terre par Celui même qu'ils adoraient. Mais, dans ce chapitre-ci, il est évident que le Seigneur est considéré
comme envoyant le Saint Esprit sur la terre après qu'il est monté dans la gloire céleste. Dans le désert,
les Israélites pouvaient s'abreuver à l’eau du rocher, mais la source était en dehors d’eux ; ici, au contraire, le Saint Esprit n'est point seulement une source dans le croyant, comme au chap. 4, mais encore
une source qui déborde et se répand au dehors de lui.
Quel contraste avec l'état du peuple que ce chapitre nous dépeints d'une manière si frappante! Ils ne
savent quel parti prendre vis-à-vis de Jésus, et enfin chacun s'en retourne dans sa maison, sans que la
question ait été résolue.
Ici se termine l'exposé dos aspects variés de la personne du Seigneur en contraste avec le judaïsme.
Lois et ordonnances, droits au royaume, adoration juive, attente du Messie pour satisfaire les besoins
terrestres de son peuple, et pour introduire le repos et la gloire: tout cela est remplacé par un nouvel
ordre de choses que Jésus promet à ceux qui croient en Lui, et où il n'y a plus de distinction entre Juifs
et gentils. Cependant les paroles de Dieu demeurent éternellement, et, bien que Le système juif ait été
éclipsé pour un temps, toutes les promesses et toutes les menaces que Dieu a prononcées seront accomplies un jour au milieu du peuple d'Israël.
(À suivre)
__________________________
COMPTER SUR DIEU
(Juges 20)
On pourrait se demander si cette triste histoire de Juges 20 a quelque rapport avec les problèmes du
temps présent. Nous souvenant que, selon le témoignage du Saint Esprit, «toutes les choses qui ont été
écrites auparavant ont été écrites pour notre instruction» (Romains 15, 4) nous devons à juste raison
croire que ce chapitre renferme des enseignements pour nous et les rechercher humblement.
Juges 19 à 21 forment un seul récit caractérisé par ces mots: « En ces jours-là, quand il n'y avait pas
de roi en Israël» (19, 1), et le chap. 21, 25 ajoute: «Chacun faisait ce qui était bon à ses yeux.» Ces
jours étaient donc marqués au coin de la propre volonté et de la faiblesse. De plus, ce n'est qu'occasionnellement qu'il est fait allusion à la sacrificature dont le devoir était d'exercer le jugement en
Israël; cette institution divinement instaurée était réduite à une simple fonction.
Il n'est pas difficile de discerner la similitude entre ces jours et les nôtres. Nous devons donc nous attendre à trouver, dans cette portion de l'Écriture, quelque chose qui puisse nous être utile à nousmêmes.
Un crime immonde avait été commis dans la ville de Guibha, qui faisait partie de Benjamin. Il est
inutile de revenir sur les faits que le Saint Esprit a jugé bon de consigner au chapitre 19, mais nous
remarquerons simplement que ni ces faits ni la culpabilité des personnes impliquées dans cette affaire
ne furent mis en question.
Le «mal» lui-même était si révoltant et une telle publicité lui fut donnée, que lorsque le peuple fut
averti, il fut décidé d'entreprendre une action énergique contre les coupables. Malheureusement: les
Israélites agirent dans la chaleur de l’indignation, sans avoir consulté l'Éternel. Le résultat fut qu'un
cas de discipline qui paraissait simple en arriva à englober non seulement la tribu de Benjamin mais
aussi toute la nation d'Israël et dégénéra en véritable guerre civile. Ne trouverions-nous pas dans
l'Église, de notre temps, plus d'un cas où un mal qui aurait pu être localisé s'est étendu jusqu’à ce
qu’un grand nombre soit engagé dans les difficultés ?
Deux tentatives furent faites pour traduire les coupables en justice, mais elles échouèrent, de telle
sorte que pendant longtemps on put croire que le mal prévaudrait. Cela parut ainsi jusqu'au moment où
la pensée de l'Éternel fut recherchée et obtenue (Chap. 20).
Deux questions se posent. Pourquoi les deux premières tentatives d'Israël pour exercer la discipline
furent-elles vouées à l'insuccès? Quel changement dut se produire dans leur conduite avant que Dieu
pût intervenir? Autrement dit, agir justement n'est pas suffisant, mais la façon d'agir et l'esprit qui
guide nos actions sont d'une importance primordiale.
Aux versets 12, 13, on voit qu'Israël commence par envoyer un véritable ultimatum à Benjamin, demandant, non pas que Benjamin mît à mort les criminels de Guibha, mais qu'ils fussent livrés à Israël
afin que ce dernier pût procéder au châtiment. N'avaient-ils donc pas confiance en leurs frères pour
faire ce qui était juste? Pourquoi ce manque de confiance? Il semble qu'Israël éprouvait une certaine
fierté de sa propre intégrité et saisissait l'occasion d'en faire étalage. Combien il est aisé d'aller de
l'avant pour condamner quelqu'un quand nous nous croyons parfaitement justes nous-mêmes! (Cf.
Jean 8, 2-11)
Une intervention si dépourvue de tact eut le résultat que l’on pouvait en attendre: elle provoqua la
révolte, à l'endroit même où l'on avait avant tout besoin d'aide. Cette attitude présomptueuse d'Israël ne
coûta pas moins de soixante cinq mille vies humaines (v.21, 25, 35), sang imputable autant à Israël
qu'à ceux qui étaient à l'origine de l'affaire. Il est intéressant de noter qu'après le verset 13 du chap. 20,
on ne trouve plus aucune mention de la cause première du trouble et qu'il n'est question ni par qui ni
comment la punition du méchant serait exécutée.
Ce qui aurait pu être limité à Guibha comme une affaire de discipline locale devint un conflit généralisé et apporta la division entre les tribus. N'y a-t-il pas quelque chose d'infiniment triste dans les derniers mots du verset 11 : « Et tous les hommes d'Israël se rassemblèrent contre la ville, unis comme un
seul homme» ? Où voyons-nous la nation ainsi unie comme un seul homme pour garder la Pâque ou
une autre fête de l'Éternel? C'est une querelle personnelle, souillant quiconque à s'en occuper, qui unit
ici le peuple de Dieu comme un seul homme ! Les faits de ce genre, sont-ils inconnus aujourd’hui ?
La première attaque d'Israël contre Benjamin n'eut pas d'autre résultat que de produire de l'amertume
et d'élargir le conflit. Ils firent ce qu'ils purent pour imposer leur volonté à la tribu sœur. Israël disposait de quatre cent mille combattants (v. 17) et ils calculèrent (v. 10) qu'un dixième de leurs forces,
quarante mille hommes, suffirait pour écraser l'opposition. On voit, versets 21 et 25, que ces quarante
mille hommes furent mis hors de combat avant que rien ne fût accompli. Cela ne nous enseigne-t-il
pas que Dieu réduit à néant tous les moyens charnels employés par son peuple, même s'il s'agit de
poursuivre la justice?
Chaque parti avait ses ressources particulières sur lesquelles il s'appuyait. Guibha possédait sept
cents hommes d'élite gauchers (v. 15) capables de lancer la pierre avec une fronde contre un cheveu et
de ne pas le manquer (v. 16). Israël avec ses quatre cent mille hommes tirant l'épée était numériquement plus fort. Mais Dieu souffla sur tout cela, l'élite de la force nationale fut perdue sans qu'on eût
avancé vers la solution du problème.
Pourtant, avant de commencer la guerre, Israël n'avait-il pas demandé conseil à Dieu? Oui, sans
doute (v. 18), mais seulement quant au point de savoir lequel d'entre eux monterait le premier. Il y
avait comme un point d'honneur à être le premier dans l'exécution du jugement! Dieu montra Sa désapprobation en permettant qu'Israël subît une grave défaite devant Benjamin.
La faute d'Israël pourrait bien avoir, été sa propre suffisance. Ils dirent à Benjamin:« Quel est ce mal
qui est arrivé au milieu de vous?» (v 12), non pas parmi nous, mais au milieu de vous. Cela ne revenait-il pas à dire: nous ne nous serions pas rendus coupables d'une telle atrocité? Quand on agit à
l'égard de quelqu'un qui est tombé dans le mal, on doit l'exhorter « dans un esprit de douceur, prenant
garde à toi-même, de peur que toi aussi tu ne sois tenté» (Galates 6, 1). N'est-ce pas l'opposé de la précipitation à être le premier dans l'action?
Israël fut mis en fuite la première fois qu'il attaqua Benjamin (v. 20, 21) et il nous est dit qu'ils pleurèrent devant l'Éternel jusqu'au soir» (v. 23). Il y a là une apparence de contrition, mais ce qui suit en
montre le manque de profondeur. Ils attaquèrent une seconde fois et furent de nouveau défaits (v. 25).
Dieu ne leur enseignait-Il pas la leçon qu'une simple apparence de piété n'est pas acceptable devant
Lui? Il recherche un véritable travail de cœur.
Israël retourna de nouveau près de l'Éternel (v. 26) et par la suite ils furent victorieux. Que firent-ils
donc cette fois-là qu'ils n’aient pas fait auparavant ? Si l'on compare les versets 23 et 26, on verra que,
bien qu'ils fussent venus près de l'Éternel et y eussent pleuré, comme ils l'avaient fait précédemment, il
y eut cette fois trois chose nouvelles : 1) ils demeurèrent là devant l'Éternel ; 2) ils jeûnèrent jusqu'au
soir; 3) ils offrirent des holocaustes et des sacrifices de prospérité devant l'Éternel.
Auparavant, ils avaient été trop pressés. Cette fois, ils demeurèrent devant l'Éternel, attendant paisiblement qu'Il fît connaître sa pensée. Il est facile de parler beaucoup sur la nécessité de s'attendre au
Seigneur, mais comment le réalisons-nous? Désireux d'être débarrassés de nos difficultés, nous
sommes disposés à agir promptement au lieu d'attendre avec patience qu'il plaise au Seigneur de nous
faire connaître sa volonté que soit le délai que, dans sa sagesse, Il juge bon de nous imposer (Psaume
27, 14).
Puis ils jeûnèrent. Quel sérieux et quelle sincérité cela implique: leurs besoins matériels légitimes
délibérément mis de côté jusqu'à ce que la volonté de l'Éternel fût connue (Conférer Genèse 24, 33).
Enfin ils offrirent des holocaustes et des sacrifices de prospérité. On peut être surpris qu'ils n'aient
pas offert de sacrifice pour le péché comme étant plus approprié aux circonstances. Il convient néanmoins de se souvenir que l'holocauste pouvait être accepté pour propitiation (Lévitique 1, 4) car il typifiait la mort du Seigneur Jésus. Manifestement un tel sacrifice fut agréable à Dieu en cette occasion.
Il est bien nécessaire d'acquérir l'esprit de douceur (Galates 6, 1; voir aussi 1 Corinthiens 10, 12) indispensable pour agir à l'égard de ceux qui ont été surpris par quelque faute. Un tel esprit ne peut être ob-
tenu que par la contemplation de Celui de qui parlent l'holocauste et le sacrifice de prospérité, Celui
qui a été doux et humble de cœur, obéissant jusqu'à la mort et à la mort de la croix.
Cette fois Dieu écouta le cri d'Israël et l'instruisit touchant la tactique qu'il devait adopter. Le peuple
avait déjà auparavant éprouvé l'amertume de la défaite devant Aï (Josué 7 et 8) parce qu'il y avait du
péché au milieu de lui. Quand le péché eut été ôté, ils employèrent une tactique d'embuscade et triomphèrent. Israël avait-il oublié cela? Il le semble bien. En tous cas, il est remarquable que, pour aider
l'homme, il n'était pas dans les voies de Dieu de révéler quelque chose de nouveau, mais plutôt de rappeler quelque chose qu'ils avaient oublié. Il est possible que, de nos jours, le peuple de Dieu oublie les
leçons que ses pères ont apprises au cours d'une dure expérience.
Le résultat, au verset 35, est que «l'Éternel battit Benjamin devant Israël »: Les moyens ne produisent de l'effet que quand Dieu Lui-même les emploie. Comme tout devient simple quand Dieu prend
les affaires en main! N'aurait-il pas mieux valu qu'Israël attendit ? Puissions-nous apprendre ce que
c'est que de compter sur Dieu, sans nous lancer en avant, et d'attendre jusqu'à ce que nous soyons certains d'avoir la pensée du Seigneur (Proverbes 20, 22).
E. A. P
____________________________________.
EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. K.
Cher frère,
... Il y a un grand principe dont on ne pourra jamais reconnaître assez l'immense importance. Quand
il y a des difficultés, des désaccords, de l'irritation dans nos relations, produites dans nos cœurs et dans
notre esprit, commençons toujours par rentrer en nous-même pour nous sonder devant le Seigneur.
N'ayons pas de l'amour-propre qui pense avant tout, à soi-même. L'amour-propre dans le monde est
apprécié; celui-ci l'estime et le juge nécessaire pour réussir dans la vie ici-bas et pour acquérir de la supériorité sur les autres. C'est l'orgueil, nous dit la Parole et «Dieu hait l'orgueil ».
L'amour-propre dans le chrétien, c'est la propre volonté, c'est la mettre au-dessus de celle des autres,
c'est mépriser celle de Dieu qui doit être le seul mobile dans notre marche.
Le vieil homme est toujours là en nous et nom ne le tenons pas pour mort. Ne pouvons-nous pas
confesser que, quand quelque chose nous blesse n'est pas conforme à nos désirs, nous surprend ; l'ennemi cherche aussitôt à atteindre notre cœur par un dard enflammé et à produire des divisions ?
Tant que le monde actuel durera, il n'y aura pas de paix. Christ seul l'établira à sa venue, mais jusque
là il y aura guerre sur guerre ; et il y aura des divisions:
Entre nations: innombrables exemples;
Entre famines: tribus d'Israël ;
Dans les familles: Michée 7, 6 et 7 ;
Entre chrétiens: 1 Corinthiens 3, 3.
J'ai passé 65 ans dans l'assemblée avec les frères, j'ai fait l’expérience de la bienfaisante influence de
la mise en pratique du jugement de soi-même suivi de la confession à nos frères de nos fautes; le jugement du moi doit être profond et devrait toujours précéder celui des autres. N'usons pas de grâce envers nous-même, usons-en largement envers nos frères, sachant combien nous en avons besoin pour
nous-même.
J'ai vu bien des divisions parmi les frères: celles de Raven, de Tunbridge Wells ... et combien
d'autres encore, moins apparentes et moins générales, parfois locales. Cela nous montre ce que nous
sommes, nous les frères, malgré l'immense privilège que nous avons de posséder la Parole dans toute
sa pureté et les écrits de conducteurs qui nous ont instruits par le Saint Esprit qui nous a été donné.
Les principes de la marche du croyant sont fermes, ils ne renferment aucune contradiction entre eux;
mais il faut beaucoup de sagesse pour les appliquer fidèlement, simplement, sans raisonnements.
Quand l'homme y introduit ses raisonnements, ceux-ci le conduisent à mettre en opposition la justice,
la grâce, l'amour, et la séparer ces caractères divins et infiniment beaux dans leur unité; il se sert de
l'un pour infirmer les autres.
Combien il est important de ne rien abandonner des principes de la vérité, de tenir ferme afin de ne
pas être entraîné dans le chemin large de la chrétienté en s'associant à ceux qui n'ont que la forme de la
piété; mais combien aussi il est important de ne pas éloigner ceux qui sont ballottés, des brebis égarées, et de les attirer plutôt que de les repousser!
C'est là ce qui demande une grande dépendance du Seigneur, la prière, afin de ne pas être (en me
servant des expressions dans leur bon sens) ni trop large, ni trop étroit. Que le Seigneur nous dirige
dans cet esprit.
J'ai vu des frères très éminents qui, à la suite d'un relâchement ont fini par s'égarer, alors que
d'autres, des frères simples, se sont maintenus dans cette simplicité de la foi et s'étaient revêtus du
bouclier de la foi.
Je le répète: il faut de la sagesse, et la demander à Dieu: «Et si quelqu'un de vous...» (Jacques 1, 5).
Je vous adresse mes affectueuses salutations dans le Seigneur.
……………………………………
ENSEIGNEMENTS DE L'ÉPÎTRE DE JACQUES AU SUJET DE LA PRIÈRE
L'Épître de Jacques met en relief la responsabilité de tous ceux qui font profession de christianisme.
Quiconque a la vie de Dieu doit, par ses œuvres, en rendre témoignage devant le monde, montrant ainsi la réalité de sa foi; par ailleurs, toute sa marche extérieure doit être le reflet de sa vie intérieure. En
d'autres termes: d'une part, la vie de Christ que possède le croyant doit être vue dans l'accomplissement d'œuvres de foi; d'autre part, la profession extérieure doit correspondre à une vie intérieure, faute
de quoi elle ne serait qu'une hypocrite apparence, susceptible de tromper les hommes mais non Celui
qui connaît l'état des cœurs. Cela juge bien entendu le chrétien qui n'a qu'une simple profession extérieure de christianisme mais aussi, ne le perdons pas de vue, le vrai croyant quand son comportement
extérieur va bien au delà de ce qu'il connaît et réalise dans son cœur.
Cette Épître insistant de manière si particulière sur le côté pratique de la vie chrétienne, il est certainement instructif et édifiant pour nos âmes d'y chercher ce qu'elle nous enseigne au sujet de la prière.
D'une part, en effet, la prière traduit les besoins et les aspirations de «l'homme, intérieur », elle fait
partie intégrante die la vie intérieure du croyant; d'autre part, il n'est pas possible de vivre une vie à la
gloire de Dieu, dans tous les détails de la marche ici-bas, sans le secours d'en haut réclamé par la
prière.
Puisse la méditation de ce sujet produire en nous des effets pratiques et nous conduire à être beaucoup plus que nous ne le sommes, des hommes de prière! Quel bien il en résulterait dans nos vies individuelles et dans la vie des assemblées
*
*
*
1 - «Vous n'avez pas, parce que vous demandez pas» (4, 2). Dieu, dans sa grâce, nous accorde tant
de bienfaits, matériels et spirituels, qu'ils vont bien au-delà de ce que nous demandons et peut-être
même que bien souvent nous ne demandons pas. Que cela ne nous fasse pas perdre de vue le côté de
notre responsabilité! Dieu désire que nous soyons exercés quant à nos besoins et que nous les Lui exposions, manifestant ainsi notre dépendance de Lui et notre confiance en Lui. Il voudrait que nous
ayons faim et soif de bénédictions spirituelles, des vraies richesses qu'Il est prêt à nous dispenser. Si
nous ne sentons pas le besoin d'être spirituellement enrichis et comblés, Dieu peut arrêter, ou au moins
limiter la pluie de bénédictions qu'Il aimerait répandre sur nous: «Vous n'avez pas, parce que vous ne
demandez pas
Peut être manquons-nous de pasteurs et de docteurs, d'hommes «fidèles qui soient capable d'instruire
aussi les autres» (2 Timothée 2, 2), d'évangélistes dévoués, annonçant l'évangile en toute pureté et
avec les seuls moyens que Dieu puis approuver. Peut-être les réunions sont-elles languissantes, sans
beaucoup de vie et de fraîcheur peut-être est-ce parce qu'il y manque la liberté, la dépendance de l'Esprit. Peut-être encore le rassemblement est-il abandonné trop souvent par un trop grand nombre, les
réunions de prières surtout, alors qu'elles devraient être les plus fidèlement suivies (si tant est que l'on
puisse faite, à cet égard, une distinction entre les différentes réunions d'assemblée). Il est possible aussi
que la séparation soit mal réalisée, parce que mal comprise par certains, et que cela nuise à la communion des saints et à leur témoignage. Mais nous n'en finirions pas d'énumérer tout ce que «nous
n'avons pas» soit dans l'assemblée, soit dans nos maisons, soit pour ce qui nous concerne chacun individuellement! Posons-nous la question: n'est-ce pas bien souvent parce que nous ne le demandons pas?
Dieu veuille nous exercer à cet égard, nous accordant de désirer avec ardeur les bénédictions spirituelles dont Il se plaît à combler ceux qui en ont soif et savent rechercher avec diligence ce qu'ils ont
demandé. Qu'Il nous donne avant tout de demeurer dans un état spirituel et moral tel qu'Il puisse nous
bénir richement! Il y a peut-être aussi tant de choses qui nous font défaut pour que nous nous trouvions
dans cet état et que nous n'avons pas parce que nous ne les demandons pas.
2 - « Vous demandez, et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, afin de le dépenser
pour vos voluptés» (4, 3). Si nous sommes en général peu zélés pour demander à Dieu des biens spirituels, nous le sommes par contre beaucoup plus pour le prier de nous accorder ce qui plaît à notre cœur
naturel, mais qu'Il ne nous donne pas parce qu'Il sait que ce ne serait pas pour notre bien. Nous demandons et nous ne recevons pas. Il s'agit là de la prière qui n'est ni le fruit de la communion avec Dieu ni
l'expression de la dépendance de Lui. Quel contraste avec celle qui peut être faite au nom du Seigneur
en comptant \Sur es promesses: «En vérité, en vérité, je vous dis, que toutes les choses que vous demanderez au Père en mon nom, il vous les donnera. Jusqu'à présent vous n'avez rien demandé en mon
nom; demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit accomplie» (Jean 16, 23, 24). « Demandant
mal », nous attendons cependant parfois l'exaucement parce que nous avons terminé notre prière à
Dieu en disant: « C'est au nom du Seigneur que nous te le demandons ». S'il ne s'agit que de l'usage
d'une formule employée dans la pensée qu'elle nous assurera ce que désire notre cœur, nous n'avons
pas prié en fait « au nom du Seigneur» et « nous ne recevrons pas ». Et pourtant la promesse est là:
«toutes les choses que vous demanderez ». Mais dans cette expression ne peuvent être comprises que
celles que le Seigneur sait bonnes et utiles pour nous et que par conséquent nous pouvons vraiment
demander en son nom. Demander au nom du Seigneur, c'est demander ce qui est selon la volonté de
Dieu car le Seigneur n'a jamais désiré autre chose. Alors seulement nous pouvons avoir l'assurance de
l'exaucement. «Et c'est ici la confiance que nous avons en lui, que si nous demandons quelque chose
selon sa volonté, il nous écoute; et si nous savons qu'il nous écoute, quoi que ce soit que nous demandions, nous savons que nous avons les choses que nous lui avons demandées» (1 Jean 5, 14, 15). Tandis que « nous ne recevrons pas» si nous «demandons mal ».
3 - «Et si quelqu'un de vous manque de sagesse, qu'il demande à Dieu, qui donne à tous libéralement
et qui ne fait pas de reproches, et il lui sera donné; mais qu'il demande avec foi, ne doutant nullement...» (1, 5, 6). Le verset 3 de ce chapitre nous parle de l'épreuve de la foi. Elle produit la patience et
la patience doit avoir «son œuvre parfaite », afin que nous soyons « parfaits et accomplis» c'est-à-dire
n'ayant aucune volonté propre, entièrement soumis à celle du Seigneur, et «ne manquant de rien ». Si
nous manquons de sagesse pour marcher ainsi, nous sommes exhortés à la demander à Dieu. Il veut
nous l'accorder, cela nous est assuré. En douterions-nous ? Ce serait douter de Lui-même, de sa parole!
Pour toute notre vie pratique, notre marche dans ce monde, la sagesse d'en haut nous est nécessaire
afin que nous puissions «marcher comme lui a marché» (1 Jean 2, 6) ; Lui, notre parfait Modèle, pouvait dire en vérité: « Je ne puis rien faire, moi, de moi-même; ... car je ne cherche pas ma volonté, mais
la volonté de celui qui m'a envoyé» (Jean 5, 30). Le croyant est exhorté à suivre le Seigneur dans ce
sentier, il est responsable, «par une bonne conduite » de « montrer ses œuvres avec la douceur de la sagesse » (Jacques 3, 13 - voir également le verset 17). Éphésiens 5, 15 nous dit encore : « Prenez donc
garde à marcher soigneusement, non pas comme étant dépourvus de sagesse, mais comme étant
sages ». Combien nous avons à demander à Dieu qu'Il nous donne toute la sagesse nécessaire pour
marcher ici-bas d'une manière digne du Seigneur! Le faisons-nous avec assez de persévérance, avec
assez de confiance ? Il convient en effet, nous dit l'apôtre Jacques, de « demander avec foi, ne doutant
nullement ». La prière doit être l'expression de notre dépendance de Dieu mais aussi d'une entière confiance en Lui, la confiance de la foi. Celui qui n'a qu'une simple profession chrétienne, «cet hommelà» de Jacques 1, 7, ne peut être exaucé car il n'y a pas chez lui, et il ne peut y avoir la confiance de la
foi. Mais ce qui est dit dans ce passage n'est pas seulement pour les chrétiens de profession, n'ayant
pas la vie de Dieu, il y a un enseignement pour nous croyants. Cela doit nous amener à nous poser
cette question: ne ressemblons-nous pas parfois à «cet homme-là» ? N'y a-t-il pas des doutes dans nos
cœurs au lieu de l'assurance que Dieu répond toujours à la prière de la foi?
Et les doutes que nous éprouvons quant à ce que Dieu peut accomplir ne nous conduisent-ils pas à
une sorte de résignation à une vie chrétienne pauvre, étiolée et pratiquement stérile, ou à des prières
sans grande conviction, «vaines redites» peut-être? Nous ne pensons pas que Dieu exaucera nos demandes, encore moins qu'Il peut même « faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou
pensons, selon la puissance qui opère en nous» (Éphésiens 3, 20). Si nous avions plus de foi, ne verrions-nous pas de merveilleux déploiements de la puissance de Dieu opérant en nous, nous communiquant cette sagesse qui nom manque en tant de circonstances et qui nous conduirait à mettre de côté
notre volonté propre pour faire celle de notre Dieu et Père?
Ces doutes, qui les sème dans nos cœurs si ce n'est l'ennemi, celui qui revient sans cesse avec le
« Quoi, Dieu a dit? » de Genèse 3, 1 ! C'est seulement en «prenant le bouclier de la foi» que «nous
pourrons éteindre tous les dards enflammés du méchant» (Éphésiens 6, 16).
4 - «Quelqu'un parmi vous est-il maltraité, qu'il prie» (5, 13). Telle est la grande ressource du
croyant dans les tribulations qu'il peut avoir à traverser; nombre de passages des Écritures sont là pour
nous le rappeler, Romains 12, 12 et Philippiens 4, 6, 7 parmi tant d'autres. Et si c'est «en faisant le
bien» que le fidèle est appelé à souffrir, «cela est digne de louanges devant Dieu », «car aussi Christ a
souffert pour vous, vous laissant un modèle, afin que vous suiviez ses traces» (1 Pierre 2, 20-21).
Maltraité, le croyant est parfois conduit à murmurer, peut-être même, au mépris de l'enseignement
de Romains 12, 17 à 21, cherche-t-il à se venger de celui dont il a eu à souffrir. C'est ce à quoi incitent
les pensées du cœur naturel. La vie divine en nous doit se manifester de façon tout à fait différente:
« qu'il prie ». Et les sujets de prière ne manquent pas pour celui qui est maltraité : prier pour avoir la
force, la patience de supporter jusqu'au bout, sans plaintes ni désir de vengeance pour être rendu capable de glorifier Dieu dans l'épreuve, en manifestant quelques caractères de Christ, Celui qui «lorsqu'on l'outrageait, ne rendait pas d'outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement» (1 Pierre 2, 23). N'a-t-Il pas, Lui, prié pour ses bourreaux? (Luc 23, 34).
Étienne, imitateur du parfait Modèle, ne l'a-t-il pas fait également pour ceux qui le lapidaient? (Actes
7, 60). Et l'apôtre Paul, imitateur de Christ lui aussi, n'écrit-il pas à Timothée: « Dans ma première défense, personne n'a été avec moi, mais tous m'ont abandonné: que cela ne leur soit pas imputé» ? (2
Timothée 4, 16).
5 - « Quelqu'un parmi vous est-il malade, qu'il appelle les anciens de l'assemblée, et qu'ils prient
pour lui en l'oignant d'huile au nom du Seigneur; et la prière de la foi sauvera le malade, et le Seigneur
le relèvera; et s'il a commis des péchés, il lui sera pardonné» (5, 14, 15).
Remarquons tout d'abord que ces deux versets, dont on veut se servir pour justifier le recours à
maints guérisseurs, n'autorisent en aucune manière leur activité, pas plus qu'ils n’autorisent un malade
à aller les trouver ou à les appeler. Que nous enseignent-ils ?
«Qu'il appelle, les anciens de l'assemblée ». Il s'agit donc d'un malade qui connaît l'Assemblée de
Dieu et ce qui en est l'expression dans la localité où il se trouve. C'est vers l'assemblée qu'il doit se
tourner et ce sont «les anciens de l'assemblée» qu'il fait appeler. Aujourd'hui, il n'y a plus d'anciens
établis parce que l'autorité apostolique n'est plus, qui seule pouvait les investir de cette charge (cf.
Actes 14, 23). Il est vrai qu'il y a cependant des frères auxquels le Seigneur a mis à cœur de remplir ce
service dans les assemblées; 1 Timothée 3, 1 à 7 et Tite 1, 6 à 9 sont les deux principaux passages qui
nous donnent les caractères qu'ils doivent manifester afin d'être qualifiés pour cela. Bien que n'étant
pas établis officiellement dans la charge, de tels frères sont pourtant reconnus comme anciens ainsi
que nous y exhorte 1 Thessaloniciens 5, 12, 13. C'est donc à eux qu'il conviendrait de faire appel. Mais
s'ils acceptent d'aller, ne serait-ce pas, de leur part, se reconnaître eux-mêmes comme « les anciens de
l'assemblée» et peut-être une telle assurance serait-elle la preuve qu'ils n'en présentent pas tous les caractères? De telle sorte que, nous le pensons tout au moins, l'état actuel du témoignage ne permet
guère à « quelqu'un parmi vous qui est malade» d'user de la ressource indiquée dans ces deux versets.
En considérant le verset suivant nous trouverons, semble-t-il, la confirmation de cette pensée, en
même temps que l'indication du secours auquel un malade peut faire appel en tous temps.
Que devaient faire «les anciens de l'assemblée» appelés par un malade? Prier pour lui, l'oindre
d'huile au nom du Seigneur. Cette onction d'huile a troublé beaucoup de chrétiens. Elle se rattache sans
aucun doute aux ordonnance lévitiques; il ne faut pas perdre de vue à cet égard que l'Épître de Jacques
est adressée « aux douze tribus qui sont dans la dispersion» (1, 1). Plusieurs de ceux auxquels écrivait
l'apôtre, bien que possédant la vie de Dieu, étaient encore liés au système juif. Et cela aussi nous permet de penser que les versets 14 et 15 n'ont eu qu'une application limitée aux temps apostoliques durant lesquels il y avait encore, d'une part, des anciens officiellement établis et, d'autre part, des
croyants demeurant attachés aux ordonnances mosaïques. Ce qui était important, c'était que l'onction
d'huile fût faite «au nom du Seigneur », et que la prière fût « la prière de la foi ». Cela impliquait, de la
part des anciens appelés, une jouissance de la communion avec Dieu, une spiritualité leur permettant
de discerner en présence de quel cas ils se trouvaient.
La maladie pouvait être, et peut toujours être un acte du gouvernement de Dieu, châtiment envoyé
par Lui à la suite d’un péché commis et non confessé, ou encore discipline nécessaire pour amener celui qui en est l'objet à connaître quel que chose du but indiqué en Hébreux 12, 10. Si les anciens, ayant
la pensée de Dieu, jugeaient que le résultat de l'épreuve était atteint, ils pouvaient alors demander
« avec foi », selon 1 Jean 5, 14-15 et « au nom du Seigneur », selon Jean 16, 23-24, la guérison du malade. Si des péchés avaient été commis ; il ne s'agit pas bien entendu, de péchés dont le caractère et la
gravité eussent nécessité l'exclusion du coupable selon les enseignements de 1 Corinthiens 5 ; ils
étaient pardonnés, la discipline prenant fin. La prière des anciens de l'assemblée, dans un cas de ce
genre, n'était pas celle-ci: «Seigneur, si tu le trouves bon, si telle est ta volonté, guéris ce malade» ; ils
pouvaient, sans aucune réserve, demander la guérison car ils avaient la connaissance de la pensée de
Dieu et savaient ainsi qu'Il pouvait et voulait guérir. Et cela nous conduit à poser la question: y a-t-il
aujourd'hui des frères prêts à répondre à l'appel d'un malade dans une circonstance semblable?
Et l'activité des guérisseurs modernes s'exerce-t-elle dans des conditions conformes à l'enseignement
de ces deux versets? Il est bien clair que non. Demander la guérison d'un malade est d'ailleurs toujours
chose extrêmement délicate, si même c'est toujours ce que notre cœur peut désirer. La maladie n'est
pas seulement une des conséquences du péché, atteignant à ce titre tous les hommes indistinctement,
elle est aussi un moyen dont Dieu se sert pour opérer un travail dans l'âme. Elle sera employée par Lui
pour arrêter un in0rédule sur un chemin de perdition et l'amener à la connaissance de Jésus comme
Sauveur; elle fait partie de la discipline à laquelle sont soumis tous les enfants de Dieu. Demander une
guérison, chercher à l'obtenir quand même, et qui sait par quels moyens, lorsque Dieu ne l'envoie pas,
n'est-ce pas en fait mettre de côté la volonté de Dieu et n'agir que suivant la sienne propre! Est-ce là la
sagesse? C'est s'opposer au travail que Dieu voudrait opérer dans une âme, l'entraver en tout cas.
L'apôtre a-t-il guéri Épaphrodite «malade, fort près de la mort»? Le cas était grave cependant et,
d'autre part, quelle ardente affection avait Paul pour celui qu'il appelle « mon frère, mon compagnon
d'œuvre et mon compagnon d'armes» ! Mais il place toutes choses entre les mains de Dieu, attendant
la délivrance de Lui seul (Philippiens 2, 25 à 27). N'a-t-il pas «laissé Trophime malade à Milet» ? (2
Timothée 4, 20). Et alors que son cher enfant Timothée avait de « fréquente indispositions» (1 Timothée 5, 23), il se borne à lu donner un conseil mais n'exerce pas sa puissance en guérison, puissance
qu'il avait cependant reçue de Dieu (voir par exemple: Actes 19, 11, 1 et 28, 8, 9). Nous pouvons être
émus de compassion en voyant la souffrance chez d'autres, nom pouvons désirer ne pas souffrir nousmêmes, car nous n'aimons ni souffrir ni voir souffrir, mais sachons regarder en haut, demandant à
Dieu ce qu'I1 veut nous enseigner par le moyen des circonstances qu'Il permet, au lieu d'essayer de le
forcer pour en changer le cours.
Et que dire du trouble que l'on provoque dans l'âme de plusieurs en les assurant qu'ils ne devraient
pas être malades et que, s'ils le sont, c'est parce qu'ils manquent de foi, de piété, de zèle pour servir
Dieu? Il est bien difficile, dans la plupart des cas, de savoir pourquoi Dieu permet ou envoie, telle ou
telle maladie. Puissions-nous être gardés de mettre quelque obstacle que ce soit à l'accomplissement
du travail qu'Il veut produire dans l'âme! (Voir Job 33, 16 à 30).
6 - «Confessez donc vos fautes l'un à l'autre, et priez l'un pour l'autre, en sorte que vous soyez guéris:
la fervente supplication du juste peut beaucoup» (5, 16).
Que l'appel aux « anciens de l'assemblée» n'ait été possible que dans les premiers temps de l'histoire
de l'Église nous semble confirmé par l'enseignement du verset 16, faisant suite à celui des deux versets
précédents. Il n'y a plus aujourd'hui d'anciens officiellement établis, mais Dieu a donné une ressource
qui demeure: la confession des fautes, non pas à un ancien, mais «l'un à l'autre ». Ce n'est plus ici la
prière des anciens de l’assemblée mais «priez l’un pour l’autre ». Sans doute, la ressource du verset 16
avait-elle sa place même lorsqu'était possible le recours aux «anciens de l'assemblée », et elle demeure, seule des deux semble-t-il, pour le temps actuel. Savons-nous en user?
Que de croyants gémissent parfois sous le poids d'une faute non confessée! Leur conscience est mal
à l'aise et peut-être aussi ont-ils, de ce fait, à souffrir dans leur corps ? S'il s'agit d'un manquement envers Dieu ou à l'égard d'une autre personne, la confession à Dieu, selon 1 Jean 1, 9, est toujours nécessaire et le pardon est assuré à celui qui le fait; mais ne convient-il pas aussi d'aller, avec humilité et
droiture, vers celui auquel il faut également confesser sa faute? Et s'il s'agit d'un manquement qui n'est
pas spécialement à l'égard de quelqu'un, celui qui l'a commis peut alors se confier à un frère pieux et
sage, discret, lui confessant sa faute, lui ouvrant son cœur, soulageant sa conscience. Cette confession
ouvre la voie à la prière, à laquelle Dieu répondra par la guérison s'Il avait envoyé la maladie comme
discipline envers le coupable.
7 - «Élie était un homme ayant les mêmes passions que nous, et il pria avec instance qu'il ne plût
pas, et il ne tomba pas de pluie sur la terre durant trois ans et six mois; et il pria de nouveau, et le ciel
donna de la pluie, et la terre produisit son fruit» (5, 17, 18).
Les trois enseignements qui nous sont donnés dans le chapitre 4 (v. 2 et 3) et dans le premier chapitre (v. 5 et 6) se rattachent plutôt aux exercices de l'âme, à ta vie intérieure du croyant; les trois
autres (5, 13-14 et 15-16) aux circonstances pratiques de la vie chrétienne. L'exemple d'Élie est présenté en septième lieu afin d'illustrer la plupart de ces enseignements, pour nous les montrer dans la
vie, d'un «homme ayant les mêmes passions que nous».
Certes, Élie n'était pas de ceux qui «n'ont pas» parce qu'ils « ne demandent pas» ou de ceux qui
« demandent et ne reçoivent pas » parce qu'ils « demandent mal ». Il n'était pas non plus de ceux qui
doutent de la puissance et de l'amour de Dieu; tout au contraire, il «demande avec foi, ne doutant nullement». Sa prière est bien «la prière de la foi» pour la guérison du peuple malade et le pardon de ses
péchés; elle est la « fervente supplication du juste ». Sans doute demanda-t-il «avec instance qu'il ne
plût pas », que la bénédiction fût retenue, mais s'il le fit c'est parce qu'il avait l'intelligence des pensées
de Dieu, fruit de sa communion avec Lui. Il pouvait dire en vérité: «L'Éternel, le Dieu d'Israël, devant
qui je me tiens» (1 Rois 17, 1), de sorte que ce qu'il demande est en plein accord avec ce que Dieu veut
faire; il est donc assuré de l'exaucement. Élie n'a en vue que la gloire de l'Éternel et il aime le peuple
d'un amour vrai, qui recherche son bien et sa prospérité; il a une pleine confiance dans le Dieu auquel
il s'adresse et auquel il demande ce qui est «selon sa volonté» (cf. 1 Jean 5, 14-15), de sorte qu'à sa
prière, « il ne tomba pas de pluie» et, à sa prière encore, «le ciel donna de la pluie» (cf. le « sinon à ma
parole» de 1 Rois 17, 1). Puissions-nous l'imiter dans une intelligente, fervente et persévérante intercession en faveur du peuple de Dieu!
Que par ces enseignements, par cet exemple, nous soyons encouragés à la prière, à la « prière de la
foi» ; qu'ainsi notre vie intérieure soit nourrie et enrichie et que notre marche extérieure en soit le vivant témoignage public!
P. F.
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LES CONSÉQUENCES DU CHOIX DE LOT
Considérons cette triste mais instructive histoire du neveu d'Abraham sous l'angle de la responsabilité des parents vis-à-vis de leurs enfants.
Apprenant la querelle entre ses bergers et ceux de Lot, Abraham proposa à celui-ci la séparation,
plutôt que d'offrir au Cananéen le fâcheux spectacle d'une dispute entre les serviteurs du vrai Dieu.
Dans un remarquable esprit de douceur, Abraham, quoique le plus ancien, invita son neveu à choisir
où il voulait aller. Mais ce fut de la part de Lot une non moins remarquable manifestation d'égoïsme
que d'accepter une telle invitation.
C'est ce qu'il fit pourtant, choisissant pour sa nouvelle résidence les plaines bien arrosées de Sodome. Combien de fois ne nous arrive-t-il pas de mettre, sans que cela soit nécessaire, les nôtres en
contact avec la souillure du monde, dans l'espoir d'un profit pour eux ou pour notre bourse?
Combien il eût été préférable pour Lot de conserver sa situation présente ou même de devenir pauvre
plutôt que d'accroître ses richesses en faisant prospérer ses troupeaux dans les riches pâturages de Sodome ! Son regard de convoitise fut le point de départ du chemin glissant, le long des plaines bien arrosées, dressant ses tentes progressivement «jusqu'à Sodome» (Genèse 13, 12) pour habiter en définitive dans la cité même et y occuper finalement une place officielle de juge à la porte. Nous savons que
Lot tourmentait de jour en jour son âme juste dans cette ville corrompue. Devons-nous en inférer qu'il
avait agi sous l'influence des siens en s'y établissant et en y restant malgré les questions exerçantes
pour son âme qui venaient se poser quotidiennement? Les avantages que cette, cité favorisée présentait
pour ses enfants y étaient-ils pour quelque chose? Quoi qu'il en soit, selon toute apparence il eut des
filles qui épousèrent des hommes de Sodome et se fixèrent décisivement dans cette ville.
Mais ce que nous lisons en Genèse 19, 14 me paraît l'a partie la plus triste de cette triste histoire :
«Et, Lot sortit, et parla à ses gendres qui avaient pris ses filles, et dit: Levez-vous, sortez de ce lieu, car
l'Éternel va détruire la ville. Et il sembla aux yeux de ses gendres qu'il se moquait. »
Le verbe traduit par «se moquer» est rendu ailleurs par « rire, plaisanter». Il sembla donc aux yeux
de ses gendres que Lot plaisantait. N'y a-t-il pas là une leçon des plus solennelles? Car il est permis de
penser que, pour que ses gendres prissent pour une plaisanterie le terrible avertissement qu'il leur
adressait, il fallait que Lot n'eût pas toujours usé avec les siens de paroles empreintes de gravité malgré
l'affliction quotidienne de son âme une affliction connue de Dieu seul, il était tenu pour capable de paroles légères. Et ses filles et leurs familles périrent dans la destruction de la ville alors qu'on avait pu
croire qu'il plaisantait !
Il y a là une application du verset de l'Ecclésiaste : «Les mouches mortes font sentir mauvais, elles
font fermenter l'huile du parfumeur; ainsi fait un peu de folie à l'égard de celui qui est estimé pour sa
sagesse et sa gloire ».
Il n'est pas étonnant de trouver dans le Nouveau Testament des exhortations sérieuses pour ceux qui
ont une position de responsabilité dans l'Assemblée à la sobriété et à la gravité (v. en particulier 1 Timothée 3, 2, 8 ; Tite 1, 7, 2, 2) ainsi qu'un avertissement, à l'égard des paroles folles et des plaisanteries qui ne sont pas bienséantes (Éphésiens 5, 4). Or il y a deux formes de plaisanteries spécialement
malséantes: la première, monnaie courante dans le monde, qui est de faire de l'esprit à propos du péché, la seconde, plus propre aux chrétiens, qui est d'en faire au sujet de la Parole en en faisant des citations et des applications déplacées. Il nous en sera demandé compte.
On voudrait que se termine là cette lamentable histoire de Lot et de sa famine. Hélas elle se poursuit,
pire encore. Le regard en arrière de sa femme trahit où habitait son cœur et « elle devint une statue de
sel», solennel avertissement pour nous tous. Ses deux dernières filles, délivrées de Sodome, enivrent
leur père en deux nuits successives. Y auraient-elles pensé et l'auraient-elles pu si cela ne lui était pas
arrivé déjà ? Et pour sa honte éternelle comme pour la leur, elles devinrent mères des Moabites et des
Ammonites, deux des ennemis les plus acharnés d'Israël.
Tel est l'aboutissement du chemin d'un homme qui commença par un regard de convoitise vers les
plaines bien arrosées du monde.
Que notre Dieu nous garde, demandons-le Lui.
Traduit de l'anglais
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INTRODUCTION À L'ÉTUDE DES ÉVANGILES
Jean 8
(Suite de la page 132)
Je dois commencer l'étude de cette partie de notre Évangile par une remarque qui se rattache au dernier verset du chapitre précédent. Le récit de la femme adultère (7, 53 - 8, 11) est considéré comme
apocryphe par un grand nombre de critique et, chose triste à dire, même par des chrétiens. Les preuves
extérieures qu'on allègue sont de nature diverse: quelques copistes du Nouveau Testament omettent
cette histoire, sans aucune indication particulière, d'autres laissent en blanc la partie correspondante du
manuscrit, d'autres au contraire l'ont transcrite, mais avec des marques d'incertitude, d'autres enfin l'ont
intercalée ailleurs; ajoutez à cela de nombreuses variantes et, comme on le prétend, certaines particularités d'expression: il n'en fallait pas davantage pour soulever des doutes sur son authenticité. Je suis
loin de méconnaître la valeur des objections formulées à cet égard, et malgré cela, une étude réfléchie
et minutieuse du texte m'a convaincu encore une fois de l'insuffisance de la critique humaine lorsqu'il
s'agit des pensées de Dieu. Le contenu de cette histoire et ses rapports avec les discours qui la suivent,
manifestent, à mon avis, une intention divine si marquée, que jamais homme n'eût été capable de
l'inventer, ni surtout de l'intercaler d'une telle manière en cet endroit de l'Évangile ; or ces indications
morales au spirituelles, concluantes est vrai pour ceux-là seuls qui sont capables de saisir la pensée de
Dieu et d'en jouir, sont infiniment supérieures à toutes les preuves externes Mais, plus que cela, j'ose
affirmer en même temps que les preuves externes ne sont nullement aussi faibles qu'on veut bien le
prétendre, parce qu'il est facile de trouver une explication très simple des faits matériels que j'ai énumérés plus haut de telle sorte, les difficultés qu'on allègue disparaissent devant un examen sérieux des
causes mêmes auxquelles elles doivent leur origine. D'où proviennent les divergences ou les lacunes
des manuscrits ? Je crois pouvoir les attribuer à de motifs purement humains. Combien souvent, par
bonne ou par mauvaise intention, les hommes n'ont-ils pas tenté de corriger la parole de Dieu
Incapables d'en saisir la beauté, animées d'un jalousie humaine et ignorante, par crainte, de l’opinion
du monde, nombre de personnes ont essayé d'éliminer tel ou tel passage des Écritures. C'est ce qui est
arrivé à celui-ci, comme nous l'ayant vu précédemment pour Luc 22, 43-44. Augustin témoin irrécu-
sable et presque aussi ancien que le plus vieux manuscrits ou l'histoire de la femme adultère est omise,
nous affirme que plusieurs copistes ont craint de la transcrire à cause des scrupules qu'elle leur suggérait. Or, ce passage est au contraire en intime harmonie avec les paroles subséquentes du Seigneur que
tous les copistes on conservées, exactement comme le refus de Jésus de monter à la fête et de se montrer au monde, concorde avec ce qu'il dit sur le don du Saint Esprit, au chap. 7, ou comme le miracle
des pains, avec ses déclarations touchant la nourriture du chrétien, au chap. 6. En ces trois cas, les faits
eux-mêmes et les discours qui suivent, sont en liaison indissoluble les uns avec les autres.
Quel est effectivement le principe divin qui caractérise la conduite et les paroles de Jésus, lorsque
les scribes et les pharisiens Lui amènent la femme adultère? Il s'agit d'un péché flagrant; mais ils ne
manifestent : ni une sainte horreur du mal, ni pitié pour la pécheresse: « Maître, cette femme a été surprise sur le fait même, commettant adultère; or, dans la loi, Moïse nous a commandé de lapider de
telles femmes ; toi donc, que dis-tu ? Or ils disaient cela pour l'éprouver, afin qu'ils eussent de quoi
l'accuser.» Si Jésus s'opposait à la loi, il se déclarait l'adversaire des commandements de Dieu; s'il approuvait la loi, il contredisait ses actes et ses paroles. Au fond les pharisiens, bien qu'ennemis de la
grâce, qu'ils ne comprenaient ni ne voulaient accepter, pensaient évidemment que Jésus, même en un
cas aussi grave, agirait contre la loi et se compromettrait définitivement aux yeux du peuple, parce
qu'ils s'entaient bien qu'il y avait dans sa personne quelque chose de nouveau et d'incompatible avec le
système juif. Mais quel résultat inattendu ! La lumière divine éclate dans les paroles de Jésus et remplit ses adversaires d'une telle confusion qu'ils sont forcés de se retirer. La grâce de Dieu n'entre jamais
en conflit avec la loi; au contraire, elle en maintient l'autorité partout où la loi trouve son application ;
elle donne force à la loi et à tous les principes divins, à toutes les relations établies par Dieu; elle seule
les éclaire et en fait comprendre l'importance. Personne, comme Jésus, n'a jamais développé la pensée
et l'intention de Dieu relativement au mariage (Matthieu 19) ; personne avant Lui n'a montré la valeur
d'un petit enfant aux yeux de Dieu. La grâce, je le répète, maintient toutes les obligations de l'homme
au point de vue divin, et voilà précisément ce dont nous trouvons ici un exemple remarquable. Loin
d'affaiblir la portée de la loi, Jésus l'applique avec la puissance de la lumière divine, non point seulement à la femme publiquement convaincue de péché, mais encore au mal caché de ses accusateurs. La
lumière, en sondant les replis secrets de leurs cœurs, démasque leur fausse justice, et repris par leur
conscience, ils sont contraints de se retirer, laissant la femme et Jésus seuls en présence l'un de l'autre.
Impossible, je le dis encore, de trouver, dans toute l'Écriture, une liaison plus étroite entre les faits et
la doctrine, que celle qui apparaît ici aux yeux de quiconque a la moindre intelligence des choses de
Dieu. Ce chapitre tout entier resplendit pour ainsi dire de la lumière de Dieu et de sa Parole en la personne de Jésus. Dans l'incident de la femme adultère, et dans le discours qu'il adresse ensuite aux pharisiens, le Seigneur se montre comme étant la lumière du monde, par la parole de Dieu qui est en Lui,
lumière infiniment supérieure à la loi, et qui toutefois en maintient strictement l'autorité. Dieu seul
était capable d'agir ainsi, de montrer la grâce entière, unie à la sainteté absolue; c'est la grâce personnifiée en Jésus, qui seule maintient la sainteté immaculée de Dieu.
Lorsque les pharisiens eurent formulé leur accusation, Jésus s'étant baissé, écrivit avec son doigt sur
la terre, afin de leur laisser le temps de réfléchir ; mais comme ils continuaient de l'interroger sur le
même ton, s'étant relevé, il leur dit: « Que celui de vous qui est sans péché, jette le premier la pierre
contre elle. » Ils avaient eu l'occasion de peser leurs intentions et leurs paroles; mais voyant leur persistance, Jésus, loin de s'opposer directement à leur désir inique, leur manifeste en quelques mots l'état
de leur cœur, après quoi il se baisse de nouveau, afin qu'ils eussent le temps de peser leur réponse. Or
l'effet des paroles prononcées par le Seigneur fut immédiat ; elles pénétrèrent jusqu'au fond de la conscience de ces pharisiens ; pas un d'eux n'osa lever une pierre contre la femme qu'ils venaient d'accuser;
leurs paroles, leurs pensées, leur vie entière étaient jugées : « Et eux, l'ayant entendu, sortirent un à un,
en commençant depuis les plus anciens jusqu'aux derniers; et Jésus fut laissé seul avec la femme devant lui. » Jamais la loi n'avait produit quelque chose de pareil. Tous ces gens l'avaient apprise et enseignée, mais ils s'en étaient joués jusqu'à ce jour, puisqu'ils n'en faisaient usage que pour condamner
leur prochain. Or voici que tout à coup la lumière divine jette sa clarté non seulement sur la loi, dont
elle maintient les droits, mais encore sur l'état réel de ces propres justes, atteint leur conscience, et dévoile le fond de leur cœur. Chez eux, nul désir de connaître Dieu et ses voies; nul désir d'apprendre la
vérité; ils détestent cette lumière qui manifeste leurs œuvres, et ils se retirent sans pouvoir répliquer
une seule parole. Le Seigneur agit ici comme étant la lumière. Au lieu de déclarer à la femme que ses
péchés lui sont pardonnés, il dit: « Moi non plus je ne te condamne pas ; va, dorénavant ne pèche
plus.» Ce n'est pas le pardon, ce n'est pas la miséricorde qui caractérise la réponse de Jésus, mais la
lumière; va et ne pèche plus, ne signifie pas : Ta foi t'a sauvée, va-t'en en paix.
En rapport direct avec la scène qui vient de se passer, Jésus s'adresse aux personnes qui l'entourent
encore, après que les accusateurs ont disparu (voyez vers. 12), et leur déclare qu'il est la lumière du
monde. Il avait agi comme étant la lumière, à l'égard des scribes et des pharisiens qui en appelaient à
l'autorité de la loi; ici la sphère d'action de cette lumière s'étend sur tous les hommes: «Celui qui me
suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie.» La vie était la lumière des
hommes; Christ était pour ceux qui le Suivaient la révélation parfaite et le guide de la vie, tandis que la
loi n'a jamais donné la lumière ni la vie; aussi répond-il aux pharisiens qui contestent la vérité de son
témoignage: «Mon témoignage est vrai; car je sais d'où Je suis venu et où je vais; mais vous, vous ne
savez pas d'où je viens et où je vais. Vous, vous jugez selon la chair.» Plongés dans les ténèbres du
monde, se glorifiant d'une loi qu'ils enfreignaient tous les jours, et d'une justice qu'ils étaient incapables d'accomplir, leur jugement était faux d'un bout à l'autre. Malgré leur haine, le Seigneur continue
à leur adresser des paroles de plus en plus solennelles, jusqu'à ce qu'ils prennent enfin des pierres pour
les jeter sur Lui.
Dans tout cet Évangile, Jésus s'adresse aux hommes avec la certitude d'être rejeté par eux, mais en
même temps, rien n'échappe à son jugement moral, parce qu'il est la lumière. Aussi n'a-t-I1 garde de
pousser les choses jusqu'à leurs dernières conséquences, en dévoilant à ses adversaires l'état réel de
leur cœur et la place qu'ils occupent en contraste avec Lui; il leur déclare qu'ils sont de la terre, Lui du
ciel; qu'ils mourront dans leurs péchés, qu'ils ne ressemblent pas à Abraham, mais à Satan leur père.
Christ, apparaît ici, en toutes choses, comme étant la lumière du monde, la lumière de Dieu, rejetée des
hommes, la lumière non point seulement dans ses actes, mais dans sa parole même, comme il leur dit
autre part qu'elle les jugera au dernier jour. Aussi lorsque les Juifs lui demandent qui il est, Jésus leur
répond: «Absolument ce qu'aussi je vous dis: » Il est non seulement la lumière, en sorte qu'il n'y a en
Lui nulles ténèbres, mais, quant à l'essence de sa nature, ni plus ni moins que ce qu'il exprime. Jésus
seul pouvait affirmer que sa parole était l'expression de ce qu'il est; Jésus seul est la vérité. La nature
humaine, le monde, sont tellement plongés dans la fausseté, que la puissance de l'Esprit, en nous révélant Christ par le moyen de la Parole, nous préserve seule de l'erreur et du mal de toute espèce, nousmêmes qui croyons en Lui. Il manifeste à la fois ce qu'est Dieu et ce qu'est l'homme; par Lui toutes
choses sont mises en évidence. Pas un acte, pas une parole de Jésus qui n'ait déclaré ce qu'il était, rien
qui ait pu Lui donner l'apparence de ce qu'il n'était pas; ce qu'il dit, c'est la vérité explicite touchant sa
personne. Le Seigneur annonce aux Juifs que lorsqu'ils auront élevé le Fils de l'homme, alors ils connaîtront que c'est Lui; il ajoute: «et que je ne fais rien de moi-même, mais que, selon que le Père m'a
enseigné, je dis ces choses.» C'est de la vérité qu'il s'agit, non point de miracles; Christ est la vérité en
sa personne, puis il parle la vérité, il l'annonce et la dit au monde. Bien qu'il fût la vie éternelle qui
était auprès du Père, la Parole qui, au commencement, était avec Dieu, Jésus n'en était pas moins un
homme ici-bas, le Fils de l'homme et le Fils de Dieu; tel il apparaît à nos yeux dans l'Évangile de Jean,
depuis le verset 14 du premier chapitre, et tel aussi dans la scène qui nous occupe, d'abord par ses
actes, ensuite par sa parole: il disait au monde les choses qu'il avait ouïes de Celui qui l'avait envoyé.
Ses actes et sa parole témoignaient que, Jésus, en sa personne humaine, était le Fils de Dieu.
C'est encore sur la valeur de sa parole que le Seigneur insiste auprès des Juifs qui avaient cru en Lui.
« Si vous persévérez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples; et vous connaîtrez la vérité, et
la vérité vous affranchira. Ils lui répondirent: Nous sommes la postérité d'Abraham, et jamais nous ne
fûmes dans la servitude de personne; comment dis-tu, toi: vous serez rendus libres ? Jésus leur répondit: En vérité, en vérité, je vous dis: Quiconque pratique le péché est esclave du péché; or l'esclave ne
demeure pas dans la maison pour toujours; le fils y demeure pour toujours. Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres. » La parole de Jésus, non point la loi, est par conséquent le seul
moyen de connaître la vérité, et la liberté qui en résulte. Dieu avait donné des commandements, il avait
mis la capacité de l'homme à l'épreuve ; or l'homme ayant prouvé que le bien est au-dessus de sa portée, Dieu se manifestait au monde en la personne et en la parole de Christ ; cette parole étant la vérité,
elle mettait l'homme à l'épreuve par rapport à la vérité: « Si vous persévérez dans ma parole, vous êtes
vraiment mes disciples, et vous connaîtrez la vérité.» Mais si la vérité apprise dans la parole de Jésus
est le seul fondement de la liberté, une fois qu'elle est connue, on ne la possède pas seulement comme
étant l'expression de sa pensée, mais aussi de sa personne même, ainsi qu'il est dit au verset 36 : « Si
donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres.» Celui qui prétend accepter et connaître la
vérité, sans s'incliner devant la gloire du Fils, prouve par cela même que la vérité n'est pas en lui. En
revanche, il se peut qu'on reçoive la vérité, tout en restant d'abord dans une grande ignorance, parce
qu'elle a fait pénétrer seulement une partie de la lumière de Dieu dans le cœur. Il est bien rare que
l'âme soit aussitôt illuminée de toute la gloire de Jésus; elle ne la perçoit généralement que par degrés;
mais si elle a réellement reçu la vérité, c'est Dieu qui l'enseigne, et la lumière pénètre de plus en plus,
la gloire de Christ lui apparaît toujours plus radieuse, et sa joie augmente en proportion, parce qu'elle
accepte avec empressement la moindre révélation nouvelle concernant la gloire du Fils de Dieu. La vérité reçue dans le cœur a pour conséquence inévitable de lui manifester toujours davantage, bien que
lentement peut-être, la personne de Jésus. Mais si, au lieu de la vérité, il n'y a dans le cœur qu'une intelligence de Jésus fondée Sur la tradition, si la connaissance qu'on prétend avoir de sa personne n'est
qu'une simple théorie, un raisonnement historique, un sentiment peut-être, mais un sentiment humain,
le cœur est toujours désagréablement impressionné par la présentation de sa gloire; plus elle éclate et
plus on s'en détourne; c'est une lumière trop intense, trop puissante, que la plénitude divine qui habitait
en Lui. Il se montre alors, et c'est là l'épreuve de la Vérité, que le cœur, loin de connaître Jésus, est
dans l'ignorance à son égard, dans l'ignorance à l'égard de Dieu qui l'a envoyé, et que la vie éternelle
enfin, la joie de la vie éternelle, lui est encore inconnue.
En même temps, il s'agit ici d'un nouveau contraste avec la loi. Auparavant, c'étaient la lumière et la
vérité, qui étaient mises en contraste avec elle, maintenant c'est le Fils, en la personne de Christ. Ces
Juifs s'enorgueillissaient de la loi, et cependant ils l'enfreignaient, de sorte qu'ils étaient, sous la loi, les
esclaves du péché; or ce n'est pas l'esclave, mais le fils qui demeure à toujours dans la maison. Ils
n'avaient par conséquent ni liberté, ni sûreté; mais si le Fils les affranchissait, ils seraient véritablement
libres. Ainsi les paroles prononcées par Jésus concordent également avec les faits qui nous sont racontés au commencement du chapitre: les pharisiens, sous la loi et employant la loi pour condamner autrui, se trouvaient être esclaves du péché. Aux yeux de Dieu, et en sa présence, il ne s'agissait point
seulement du péché de la femme adultère, mais de leur état personnel. Condamnés en leurs consciences, ils furent contraints de se retirer de devant la présence du Dieu d'Israël, selon les paroles
mêmes de Jésus, que «l'esclave ne demeure pas dans la maison. »
Le Seigneur continue à exposer aux Juifs leur condition réelle : ils sont bien la postérité d'Abraham,
mais non pas ses enfants, puisqu'ils ne font pas les œuvres d'Abraham; leurs œuvres sont celles de Satan, c'est son esprit qui les anime, c'est lui qui est réellement leur père, lui meurtrier et proférant le
mensonge, car ils cherchent à tuer Jésus et sont incapables de saisir sa parole. La vérité enseignée est
le moyen de comprendre le langage de la vérité: «Pourquoi n’entendez-vous pas mon langage? » leur
dit Jésus: « parce que vous ne pouvez pas ouïr ma parole.» Bref, toutes choses, dans ce chapitre, sont
mises en évidence et sous leur vrai jour au moyen de la lumière: la loi, les pharisiens, les Juifs, le
monde, les faux et les vrais disciples de Jésus, le Fils de Dieu, Satan; Dieu enfin, que les Juifs nommaient leur Dieu sans le connaître, apparaît dans son caractère véritable. Abraham est dépeint comme
ayant été l'opposé de ses prétendus enfants: «Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu'il verrait
mon jour; et il l'a vu, et s'est réjoui.» Il avait prévu le jour de la manifestation glorieuse de Christ, le
jour de l'accomplissement des promesses qui lui avaient été faites; il avait joui d'avance, par la foi, des
bénédictions milléniales apportées par le Messie. Or Jésus pouvait dire cela d'Abraham, parce qu'Il
existait avant lui et de toute éternité. Non seulement il témoigne qu'il est le Fils de Dieu, mais plus que
cela encore, son entretien avec les Juifs se termine par ces paroles merveilleuses: «Avant qu'Abraham
fût, je suis. » Voilà la vérité tout entière sur la personne de Christ; la haine des Juifs, leur mépris de sa
parole, le conduisent peu à peu à leur révéler cette vérité que l’homme qui leur parlait alors sur la terre
n'était rien moins que Jéhovah en personne.
(À suivre)
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ASSEMBLÉE DE DIEU ET TÉMOIGNAGE DE DIEU
Extrait (1869)
...Les assemblées de frères, dits de Plymouth, sont si loin de se dire l'assemblée ou «l'église de Dieu»
dans une localité, qu'elles se sont toujours formellement opposées à ce titre... Ces frères croient qu'eux
seuls se réunissent sur le vrai principe de l'église de. Dieu, ce dont je ne doute nullement; mais ils
croient, que l'église est en ruine, et que la prétention d'être l'église de Dieu dans un endroit serait une
prétention fausse. J'ajoute que, si tous les chrétiens d'un endroit se trouvaient réunis, ce qui formerait,
dans l'ordre, l'assemblée de l'endroit, je ne lui accorderais pas ce titre, parce que l'église universelle
n'est pas rassemblée, et je ne crois pas à des églises indépendantes; je crois qu'il y a eu autrefois des
églises locales, représentant, dans un certain sens, le tout, dans leurs localités mais nous sommes bien
loin de là maintenant. Tous ceux qui ont voulu se donner la peine de s'en enquérir, savent ou ont pu
savoir que, dès le commencement, les frères en question se sont fondés sur le principe de Matthieu 18,
comme ressource donnée de Dieu dans la ruine générale. La prétention d'être l'assemblée de Dieu a
toujours été repoussée par les frères en question. Toute assemblée réunie par la volonté d'e Dieu autour
de la personne de Jésus soit en son nom, est une assemblée de Dieu, s'il ne s'agit que de la force des
mots; mais quand il s'agit d'être l'assemblée de Dieu d'une localité, elle ne l'est pas dans le sens vrai du
mot et ne saurait l'être vu l'état de l'église universelle. Elle peut se réunir sur le principe de l'église de
Dieu, trouver la bénédiction promise être la seule qui se réunisse selon ce principe dans la localité et
y attacher une immense importance; et elle devrait y attacher une immense importance, si elle veut être
obéissante et fidèle; mais elle est le témoignage de Dieu seulement en tant que, par sa marche à part,
elle rend témoignage à la fidélité de Dieu, aux principes divins qui gouvernent sa marche, et à l'état véritable où l'Église se trouve comme un tout. Dans ce cas elle sera le témoignage de Dieu. Il est certain
qu'elle devrait l'être.
J. N. D.
…………………………………
LE JUSTE VIVRA DE FOI
Méditation sur Hébreux 11
La clé de ce chapitre 11 se trouve à la fin du chapitre précédent: «le juste vivra de foi» ; il en est en
quelque sorte le commentaire pratique.
On peut dire, d'une façon générale, que l'épître aux Hébreux introduit le chrétien dans le lieu très
saint, par le sang de Jésus. Nous remarquerons en passant qu'il n'y a rien de si difficile à tenir ferme
que cette vérité, que comme croyants nous pouvons entrer hardiment dans le lieu très saint, en tout
temps et en toute circonstance. Il arrive souvent que les croyants se tiennent pour ainsi dire à la porte,
pensant qu'ils ne sont pas propres à entrer, et cela donne à Satan et au monde le temps d'agir. Avezvous manqué? En ce cas courez au lieu saint. Sentez-vous que vous n'êtes pas dans un état convenable? Eh bien! La foi entre directement avec le sang de Jésus. Êtes-vous troublé par votre méchant
cœur et le monde est-il trop fort pour vous? Réfugiez-vous dans le lieu saint, là seulement il y a sécurité et repos. Lorsque, dans le lieu saint, nous avons le sentiment d'être chez nous, nous ne nous sentons
plus chez nous dans le monde. Si nous possédons Christ, le monde ne peut pas grande chose sur nous.
La foi au Fils de Dieu donne une entière victoire sur le monde, ainsi que Jean nous le dit (1 Jean 5, 4).
Nous voyons dans le chapitre précédent, que ces chrétiens des premiers temps acceptaient joyeusement l'enlèvement de leurs biens, sachant qu'ils avaient pour eux-mêmes des biens meilleurs et permanents (Hébreux 10, 34).
Un autre caractère important de cette épître est la façon dont l'Esprit de Dieu, tout en développant en
détail le sacrifice et la sacrificature de Christ, donne une place prééminente à sa personne comme Fils
de Dieu. C'est Jésus, le Fils de Dieu, qui est «le grand Souverain Sacrificateur qui a traversé les cieux»
(Hébreux 4, 14). C'est là la façon particulière à l'apôtre Paul de présenter Christ. Immédiatement après
sa conversion «il prêcha Jésus dans les synagogues disant que lui est le Fils de Dieu» (Actes 9, 20). De
même dans son épître aux Galates il écrit « ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi,
la foi au Fils de Dieu...» S'il avait écrit « le Seigneur Jésus» est-ce que cela n'aurait pas été aussi bien?
Certainement non. Cela nous aurait parlé de Jésus comme homme exalté à la droite de Dieu, la même
personne bénie assurément, mais il y a une grande puissance dans le fait qu'Il est le Fils de Dieu, notre
vie et notre objet.
Revenons à notre chapitre. Le premier verset place devant nous la foi dans sa puissance et ses effets
pratiques. C'est par elle que nous tenons ferme les choses «que nous espérons », les estimant comme
de substantielles réalités, et elle est la présente démonstration à nos âmes des choses « qui ne se voient
pas ».
Le second verset nous enseigne que la foi était l'énergie intérieure par laquelle les saints des âges
passés ont marché devant Dieu et « ont reçu témoignage ». Le reste de ce chapitre donne une suite
d'exemples caractéristiques disposés dans un ordre spécial.
Dans le troisième verset, la foi nous enseigne ce que les anciens philosophes n'ont jamais possédé
malgré toute leur sagesse et que les philosophes d'aujourd'hui ne peuvent comprendre malgré toutes
les acquisitions d'une science dont ils se vantent. Nous savons comment les mondes furent créés. La
parole de Dieu nous dit tout ce que nous avons besoin de savoir au sujet d'un monde que nous devons
bientôt quitter. Le monde fut formé par la parole de Dieu, Dieu le détruisit par le déluge et maintenant
sa Parole nous dit qu'il est conservé pour le feu. Si nous croyons que tout va être brûlé, nous ne nous
attacherons certainement à rien dans ce monde et nous n'en ferons pas cas, mais notre but principal sera bien plutôt d’en sortir. Les philosophes pourront spéculer nuit et jour sur l'origine et la destinée du
monde, mais si nous faisons intervenir Dieu nous pourrons leur dire que « nous comprenons ». Dieu a
parlé et le monde a été, et maintenant il attend seulement que Dieu parle pour être détruit par le feu.
Toute bouche est ainsi fermée, et c'est ce que l'homme n'aime pas.
Dans le quatrième verset nous avons la foi comme ce qui constitue un véritable adorateur, en contraste avec celui qui ne pouvait en être un. Caïn apporte une offrande d'es fruits de la terre, pensant que
puisque cela lui était agréable, ce devait l'être aussi pour Dieu, mais Dieu le rejeta. Nous pouvons bien
nous demander si toutes ces cérémonies compliquées dans de prétendus lieux d'adoration ne sont pas
exactement la même chose. On pense facilement que ce qui plaît aux sens de l'homme est aussi
agréable à Dieu. Il semble que la sagesse de Dieu est mise en relief d'une façon remarquable quand Il
nous parle de l'adoration, II nous dit ce qu'il en est dans un court verset. Abel, un pauvre pécheur sans
prétention, apporte un agneau qui avait été sacrifié, dont le sang avait été répandu. En tant que pécheur, sous le coup de la mort et du jugement, il plaça entre Dieu et lui-même le sang d'une victime
sacrifiée. Il introduisit d'une façon typique bien entendu, la mort de Christ. Les choses étant ainsi, Dieu
lui rendit le témoignage « qu'il était juste ». Dieu ne donne un tel témoignage qu'à ceux qui se tiennent
en sa présence en présentant le sang de son Fils. Quoi que ce soit que vous fussiez ou apportiez de plus
Le vous vaudra pas ce témoignage d'être justes (Comparez Romains 3, 24, 26).
Le verset cinq nous fait voir en Enoch un exemple de foi des plus remarquables. Il est beaucoup parlé, dans la Bible, de David, Salomon, Josias et de bien d'autres, mais ce qui nous est dit au sujet
d'Énoch est qu'il marcha avec Dieu et qu'il ne fut plus trouvé parce que Dieu l'avait enlevé et qu'
«avant son enlèvement il a reçu le témoignage d'avoir plu à Dieu ». Sans aucun doute, il eut des manquements comme nous en avons tous, mais le trait caractéristique de sa vie fut « qu'il marcha .avec
Dieu ». C'est ce que le Saint Esprit nous rappelle. Ce qui me paraît si remarquable dans ce récit, c'est
qu'Énoch n'est pas un homme planant bien au-dessus de nous, dans des circonstances mystérieuses,
mais qu'il marcha avec Dieu dans toutes les circonstances de la vie journalière, dans ses occupations et
dans sa famille. Très probablement il prit soin de ses troupeaux comme un simple berger; certainement, car la Parole de Dieu nous le déclare, « il engendra des fils et des filles », et ce fut dans ces relations qu'il marcha avec Dieu.
Il y a une grande différence entre le fait d'être dans le monde avec la connaissance que Dieu est pour
nous, et celui d'être simplement ici-bas pour Dieu! Pour illustrer cette différence, considérons Abraham et Énoch. Abraham savait que Dieu était pour lui dans tous ses intérêts ici-bas; la conséquence en
fut qu'au lieu d'être occupé du Dieu de gloire, il fut souvent dans des troubles et des soucis. Dieu lui
dit de quitter son pays et sa parenté, mais il ne le fit pas entièrement avant la mort de Térakh son père.
Quand il fut dans le pays il y eut une famine et Abraham descendit en Égypte pour y séjourner. Là il
craignit pour sa vie à cause de la beauté de la femme que Dieu lui avait donnée, de sorte qu'il mentit à
son sujet. Dieu lui fit ensuite de grandes promesses, mais il ne sut pas attendre, il alla et se mit dans de
grandes difficultés avec Ismaël. En contraste avec tout cela, Énoch paraît avoir été dans ce monde
simplement pour Dieu. Nous pouvons croire que l'objet de sa prière n'était pas: «Éternel, donne-moi
ceci ou cela », mais « Éternel, aide-moi à te plaire pendant que je suis ici-bas ». Tout cela est très simple; si nous trouvons notre plaisir en Dieu, Il remplira nos cœurs. Ne pensez-vous pas qu'il est bien naturel que nous désirions Lui plaire? Cela doit être certainement notre but! Remarquons encore
qu'Énoch suit Abel de près. Son point de départ pour entrer dans la gloire est pour ainsi dire l'Agneau
d'Abel. La croix de Christ ici-bas et l'Agneau dans la gloire au milieu du trône, tandis que dans l'intervalle, il marche avec Dieu et Lui plaît.
Cela ne nous fait-il pas voir que le point de départ de notre marche ici-bas est la croix de Christ liée
à ce fait que le Seigneur Jésus vient pour nous prendre avec Lui, ? S'il en est ainsi nous ne désirerons
rien d'autre que de Lui plaire; c'est plus que la conversion et plus que d'être heureux en Lui. Quand on
a trouvé Christ on éprouve beaucoup de joie en Lui et il est bon de demeurer dans cette joie. Cependant il est bon d'avertir les âmes jeunes dans la foi que c'est d'abord à Christ qu'il faut s'attacher plutôt
que d'être occupé de sa joie. Supposez que vous veniez à perdre cette joie, que ferez-vous alors? Tenez
ferme Christ, vous ne pourrez pas le perdre, et si cela n'est pas la joie elle ne sera véritablement nulle
part; Lui ne peut manquer. Tenez-le ferme, marchez avec Lui et votre cœur sera si plein de joie qu'aucun mot ne saurait l'exprimer. Nous voyons cela d'une façon merveilleuse en 1 Pierre 1, 8 : «Lequel :
quoique vous ne l'ayez pas vu, vous aimez; et, croyant en Lui, quoique maintenant vous ne le voyiez
pas, vous vous réjouissez d'une joie ineffable et glorieuse. »
Quelle chose merveilleuse que d'être dans ce monde sans aucune anxiété, ni souci, ni désir, n'ayant
qu'une chose à faire, marcher dans la foi et ainsi de plaire à Dieu, car «sans la foi il est impossible de
lui plaire.» (Hébreux 11, 6.)
Pour plaire à Dieu nous ne devons pas seulement avoir foi en Lui, mais nous devons aussi nous souvenir qu'il est le rémunérateur de ceux qui le recherchent. Cela ne signifie pas qu'il faille lui apporter
seulement de grandes peines, des épreuves ou de grandes joies, laissant de côté les petites choses
comme si elles n'avaient aucune importance. Il faut au contraire Le rechercher dans les plus petites
circonstances de notre vie, en toutes choses, comme nous le voyons en Philippiens 4, 6. Nous, devons
tout Lui apporter, et alors nous trouverons que Dieu est le rémunérateur de ceux qui font ainsi. Si Dieu
nous a donné la vie éternelle, ne pensez-vous pas qu'Il nous donnera aussi une coupe d'eau froide si
nous le lui demandons? Certainement Il le fera et cela avec autant de dignité que s'Il nous donnait un
trône.
Pourquoi tant de gens font-ils des dettes, pourquoi volent-ils? Précisément parce qu'ils ne croient
pas Dieu. Si nous le croyions, Il nous donnerait tout ce dont nous avons besoin. Voyez comment Dieu
parle à Israël en Malachie 3, 10 : «Éprouvez-moi par ce moyen, dit l'Éternel des armées, si je ne vous
ouvre pas les écluses des cieux, et ne verse pas sur vous la bénédiction, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus assez de place. » Si nous avons foi en Dieu, Il nous donnera tout ce dont nous avons besoin, et si quelqu'un a de la foi pour d’autres, il peut compter sur Dieu pour les autres. C'est ainsi que Paul dit :
« Mon Dieu suppléera à tous vos besoins selon ses richesses en gloire par le Seigneur Jésus.» (Philippiens 4, 19.) Connaissons davantage ce qu’Il est en le recherchant avec diligence dans la prière de la
foi !
(À suivre)
__________________________________
INTRODUCTION À L'ÉTUDE DES ÉVANGILES
Jean 9
(Suite de la page 167)
Dans le chapitre qui précède, c'est la parole de Jésus, dans le 96, ce sont ses œuvres qu'on rejette.
Cette différence rappelle un peu celle qui existe entre les chapitres 5 et 6. Au 56, le Seigneur apparaît
comme étant le Fils de Dieu qui vivifie; mais Son témoignage, est, inutile et par conséquent une résurrection en jugement devient le sort des incrédules. Au 66, il est le Fils de l'homme venu pour Souffrir,
pour mourir, et non pour régner. La place qu'il prend ici-bas est pour la gloire de Dieu, non pour la
sienne; or la gloire de Dieu en un monde de péché ne peut être accomplie que par l'humiliation, le service, la mort du Fils de l'homme donnant sa vie pour les pécheurs et à cause du péché. De même aussi,
au chapitre 8, Jésus est la Parole rejetée, et il se déclare être le Dieu éternel. Plus les hommes s'opposent à la vérité, plus elle se dresse lumineuse devant leurs yeux; plus ils sont incrédules, plus Jésus leur
atteste la gloire de Sa personne, jusqu'à ce qu'elle leur devienne intolérable, parce qu'ils ne peuvent
souffrir la réalité de la présence de Dieu. Au 9ème, en revanche, Jésus est rejeté dans ses œuvres et en
sa qualité d'homme, bien qu'il se dise être le Fils de Dieu et qu'il soit adoré comme tel (Vers. 36, 38.)
C'est l'humanité de Christ qui est mise en saillie dans ce chapitre, comme étant la forme que la bonté
divine devait nécessairement revêtir afin de pouvoir bénir les hommes, afin d'opérer les œuvres de
Dieu en grâce sur la terre. Ici l'homme n'apparaît point seulement comme pécheur, mais comme
aveugle de sa nature, ce qui nécessite la guérison. Certes, la lumière manifeste aussi, dans ce chapitre,
le mal et l'incrédulité du cœur humain; mais la chose essentielle ici, c'est la grâce de Jésus qui cherche
l'homme, qui va au-devant de ses besoins, sans qu'il songe seulement à être guéri par elle. En contraste
avec l'aveugle de Jéricho mentionné dans les autres Évangiles, celui-ci ne s'adresse nullement à Jésus;
il ne lui crie point: «Fils de David, aie pitié de moi.» Là, en effet, Jésus finit toujours par être présenté
aux Juifs comme étant le Fils de David, non seulement en Matthieu qui s'occupe spécialement du Messie, mais en Marc aussi et en Luc. L'Évangile de Jean, au contraire, ne nous présente pas Jésus sous cet
aspect, et le cas dont il s'agit ici diffère totalement des autres: l'état de cet aveugle est désespéré, mais
il devient l'objet d'une grâce sans réserve, d'une grâce qui s'occupe de son état, bien qu'il ne s'adresse
point à Jésus pour être guéri. Le Fils est venu chercher ce qui était perdu, son amour pour l'homme l'a
fait condescendre à devenir tel ici-bas, afin de le délivrer de sa misère.
Les disciples, qui ne sortent pas des idées juives, demandent à Jésus: «Rabbi, qui a péché: celui-ci,
ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle? » Du commencement à la fin de l'Évangile de Jean, Jésus
agit en opposition avec les pensées et le système Juifs, il les combat de toute manière chez ceux qui le
pressent de leurs questions sans croire à ses paroles, et particulièrement chez ses disciples habitués
comme le reste du peuple aux notions erronées du judaïsme. Les voies de Dieu ne sont pas celles des
hommes, et la révélation de ces voies offre un contraste absolu avec les idées juives de la justice. Cet
homme n'était pas aveugle de naissance à cause des péchés de ses parents, ou de ceux que Dieu avait
prévu qu’il commettrait pendant sa vie: « Ni celui-ci n'a péché, ni ses parents; mais c'est afin que les
œuvres de Dieu soient manifestées en lui. » Jésus ne veut certes point dire que ces gens fussent sans
péché ; mais la cause de cette maladie ne gisait ni dans la nature humaine, ni dans la loi, ni dans la nécessité d'une justice rétributive selon le gouvernement de Dieu. Le regard de Jésus découvrait au delà
une cause supérieure et bien différente: la bonté de Dieu; c'était une occasion de manifester les œuvres
de Dieu, une occasion pour Christ de faire les œuvres de Celui qui l’avait envoyé. Un cas désespéré,
une maladie incurable, quel moment favorable pour la grâce! Si l’homme n'a plus de ressources, il est
en encore auprès de Dieu ; voilà le thème principal de ce chapitre. Jésus n'enseigne pas ici comme
étant la parole de Dieu, mais il opère les œuvres de Dieu selon la grâce absolue qui n'est restreinte par
aucune condition: « Il me faut faire les œuvres de celui qui m'a envoyé, tandis qu'il est jour.» La grâce
éclate ici dans toute sa perfection, parce qu'il ne s'agit point seulement de la bonté de Dieu exauçant
celui qui s'adresse à elle, mais de sa bonté qui adresse Jésus à l'homme, qui l'envoie vers l'homme, et
de l'œuvre de Jésus en sa faveur. Telle est, dans la plénitude de son caractère, la grâce de Dieu en la
personne de Jésus. Le Seigneur agissait, dit-il, pendant qu'il faisait jour : « La nuit vient, en laquelle
personne ne peut travailler. Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. » Le jour
durait aussi longtemps que la présence de Jésus ; mais une fois le Messie absent une fois que le Fils de
Dieu aurait quitté la terre, c'était la nuit pour les Juifs, la nuit pour le monde. Il est vrai que des choses
plus excellentes devaient être établies comme conséquence de l'ascension de Jésus au ciel, et, en rapport avec cela, une lumière nouvelle, l'étoile du matin dans les cœurs de ceux qui auraient compris la
grâce; mais ce passage-ci parle simplement du contraste entre la présence et l'absence de Jésus par
rapport à ce monde.
À côté de la différence que j'ai signalée plus haut, il y a donc entre les chap. 8 et 9 une liaison intime,
en ce sens que Christ y est présenté également comme étant la lumière, et la lumière du monde. Ici encore, le système juif est mis de côté à un nouveau point de vue. Les notions juives sur le péché s'arrêtaient à la simple apparence, à une règle extérieure de conduite, tandis qu'outre les cas particuliers qui
amènent un châtiment de Dieu, il y a encore le péché inhérent à chaque individu, la ruine de l'homme
par le péché, mais en regard, la grâce absolue apportée par Christ. La question des disciples, au verset
2, prouve qu'ils n'avaient aucune idée de l'état de l'homme aux yeux de Dieu, ni de ce qu'il mérite
comme pécheur. Bien que Jésus se présente donc aussi dans ce chapitre comme étant la lumière du
monde, ce n'est pas comme auparavant au moyen de la Parole qui prouve à l'homme qu'il est pécheur,
et lui manifeste la nature de Dieu ainsi que la gloire personnelle du Fils, mais il est la lumière du
monde en montrant que Dieu opère en grâce au moyen d'une puissance qui agit en contraste avec la
nature humaine. La lumière ici ne se présente pas aux yeux de l'homme ; au contraire, la possibilité de
la percevoir est communiquée à quelqu'un qui en est absolument incapable. Le Seigneur commence
par mettre de la boue sur les yeux de l'aveugle, ce qui avait trait à son humanité, au corps qu'il avait
pris afin d'accomplir la volonté de Dieu au milieu des hommes ; il était le Fils de Dieu ayant un corps
que Dieu Lui avait formé. (Hébreux 10.) Mais le fait qu'étant le Fils de Dieu, il avait un corps humain,
voilà précisément ce que les hommes ne peuvent comprendre ni admettre, tandis que si, par la foi, on
soumet à la parole de Dieu, sa grâce apparaît au contraire d'autant plus précieuse, et l'on admire la sagesse de ses voies ; l'humanité du Fils de Dieu reste un mystère, mais on en comprend avec bonheur la
nécessité pour l'homme. La boue que Jésus plaça sur les yeux de ce mendiant ne lui donna pas la vue
sur-le-champ, et s'il n'eût pas été aveugle, il n'en fallait certes pas davantage pour l'empêcher de voir;
mais la guérison a lieu aussitôt après qu'il s'est lavé au réservoir de Siloé, en obéissant à la Parole du
Seigneur.
Cet acte est une image de l'application à l'âme, par le moyen du Saint Esprit, de la Parole qui révèle
Christ comme étant l'Envoyé de Dieu. (Voyez vers. 7 et 5, 24.) L'aveugle ainsi guéri n'a point seulement la vue extérieure, mais la lumière a pénétré dans son cœur: il reconnaît que celui qui lui a parlé
est un prophète de la part de Dieu (vers. 17, 33), que Jésus avait par conséquent la mission de faire sur
la terre les œuvres de Dieu, en contraste avec l'incapacité absolue de l'homme. Recevoir avec obéissance la parole de Christ, a pour conséquence invariable de faire découvrir la gloire divine du Sauveur
en la personne du Fils de l'homme, et la puissance qui correspond aux besoins de l'âme d'une manière
conforme à cette gloire.
Le témoignage de l'aveugle guéri est un résultat de l'action exercée par la parole de Jésus, car elle
met toujours le cœur de l'homme à l'épreuve, soit qu'on l'ait acceptée avec obéissance, ou qu'on y soit
hostile; ainsi la foi et l'incrédulité sont mises en évidence. Les questions des pharisiens, les conséquences inévitables de son témoignage, loin d'ébranler cet homme, lui inspirent une hardiesse croissante, .et en même temps la haine des pharisiens contre Jésus et ceux qui le confessent, nous apparaît
ici plus ouverte, plus déclarée que jamais. L'œuvre de la grâce venait de prouver qu'en réalité, au point
de vue de Dieu, il n'y avait pas de sabbat possible, parce que Dieu était obligé de travailler, s'il s'agissait de délivrer l'homme et de le bénir. Du moment que Dieu se révélait sur la terre, l'observation extérieure la plus rigoureuse de formes prescrites, de devoirs religieux imposés par la loi, ne pouvait cacher l'affreuse réalité que l'homme était incapable de garder un sabbat tel que Dieu pût le reconnaître.
Nul doute quant à la sainteté du sabbat et quant à l'obligation des Juifs; mais l'état de l'homme c'est le
péché, et toutes les tentatives d'y porter remède n'avaient prouvé qu'une seule chose: le mal profond, le
mal incurable de l'homme. Les Juifs saisissaient fort bien la partie morale de ces miracles opérés pendant le sabbat; car il était évident qu'un prophète de Dieu pouvait seul guérir d'une pareille manière;
mais si Jésus était réellement Dieu, s'il était effectivement la lumière du monde, le sabbat, signe de l'alliance de Jéhovah avec Israël, se trouvait donc écarté par Jéhovah lui-même, et que penser alors du judaïsme? Quelle valeur avait-il désormais aux yeux de Dieu? Il s'agissait là évidemment d'une question
de vie ou de mort pour les Juifs. Mais plus les pharisiens cherchent à annuler la gloire de Christ, plus
leurs efforts développent, au contraire, par la grâce de Dieu, l'œuvre commencée dans l'âme de
l'aveugle après qu'il avait recouvré la vue; sa foi est ainsi peu à peu exercée et fortifiée, par l'incrédulité. Et la haine des ennemis de Christ. Une foi simple augmente toujours en présence des attaques dirigées contre la personne de Jésus. Il est beau de voir comment le Saint Esprit se plaît ici à nous raconter
les détails de ce témoignage rendu à Jésus par un pauvre mendiant enseigné de Dieu, et auquel la grâce
communique le courage et la force de répondre à des adversaires tels que les pharisiens. Le monde religieux d'alors ne pouvait supporter un témoignage rendu à la puissance et à la grâce de Jésus: «Ils répondirent et lui dirent: Tu es entièrement né dans le péché, et tu nous enseignes! Et ils le chassèrent
dehors. » Mais loin des pharisiens, l'homme qui avait été guéri se trouve seul avec Jésus, et il apprend
que l'auteur de sa guérison miraculeuse n'est pas seulement un prophète, mais le Fils de Dieu. Chassé
de la synagogue, il trouve ce qui peut seul remplir son âme d'une joie ineffable, le vrai objet de la foi
et de l'adoration.
Après cela, Jésus annonce les deux conséquences morales de sa venue dans le monde: « Je suis venu
dans ce monde pour le jugement, afin que ceux qui ne voient pas voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles... » Il avait dit auparavant qu'il était venu pour sauver, pour donner la vie, et non pas
pour juger; tel était en réalité le désir de son cœur, et certes il l'a montré. Mais le fait même de sa présence dans le monde produisait deux effets moraux absolument contraires, et les hommes se trouvaient
déjà jugés, en principe, selon l'opinion qu'ils avaient d'eux-mêmes en présence du Seigneur au milieu
d'eux. «Si vous étiez aveugles, vous n'auriez pas de péché; mais maintenant vous dites: Nous voyons!
Votre péché demeure.» Se reconnaître aveugle, sentir son état de péché, voilà ce qui donnait la vue et
délivrait du péché. Quant au jugement, non plus moral, mais extérieur et manifeste, sur ceux qui prétendent voir et qui, à cause de cela, sont jugés comme aveugles, il aura lieu plus tard; Jésus n'était pas
alors sur la terre pour l'exécuter.
(À suivre)
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L'ARCHE ET LE PROPITIATOIRE
Exode 25, 10 à 22.
L'arche
L'arche et le propitiatoire, qui sont deux choses différentes, forment un tout. Leur description nous
en est donnée .séparément et il convient de suivre l'ordre dans lequel l'Écriture nous les présente: «Et
ils feront une arche de bois de Sittim; sa longueur sera de deux coudées et demie, et sa largeur d'une
coudée et demie et sa hauteur d'une coudée et demie. Et tu la plaqueras d'or pur; tu la plaqueras dedans
et dehors, et tu y feras un couronnement d'or tout autour et tu fondras pour elle quatre anneaux d'or, et
tu les mettras à ses quatre coins, deux anneaux à l'un de ses côtés, et deux anneaux à l'autre de ses côtés. Et tu feras des barres de bois de Sittim, et tu les plaqueras d'or; et tu feras entrer les barres dans les
anneaux, aux côtés de l'arche, pour porter l'arche par elles. Les barres seront dans les anneaux de
l’arche ; on ne les en retirera point. Et tu mettras dans l'arche le témoignage que je donnerai. Et tu feras
un propitiatoire, d'or pur: sa longueur sera de deux coudées et demie, et sa largeur d'une coudée et demie. Et tu feras deux chérubins d'or; tu les feras d'or battu, aux deux bouts du propitiatoire. Fais un
chérubin au bout de deçà, et un chérubin au bout de delà; vous ferez les chérubins tirés du propitiatoire, à ses deux bouts. Et les chérubins étendront leurs ailes en haut couvrant de leurs ailes le propitiatoire, et leurs faces seront vis-à-vis de l’autre ; les faces des chérubins seront tournées vers le propitiatoire. Et tu mettras le propitiatoire sur l'arche, par-dessus, et tu mettras dans l’arche le témoignage que
je te donnerai. Et je me rencontrerai là avec toi, et je parlerai avec toi de dessus le propitiatoire, d'entre
les deux chérubins qui seront sur l'arche du témoignage, et je dirai tout ce que je te commanderai pour
les fils d'Israël» (Exode 25, 10-22.)
Il y a plusieurs choses à considérer en rapport avec l'enseignement typique de l'arche. Nous avons
d'un côté la manifestation de Dieu en Christ et de l'autre nous voyons l'arche présentée comme étant le
trône de Dieu et de son gouvernement en Israël.
Nous trouvons dans l'arche une figure de la personne de Christ et cela d'abord dans les matériaux qui
la composaient. Elle était faite de bois de Sittim et recouverte d'or pur. Le bois de Sittim est une variété de l'acacia, un bois que l'on dit impérissable. Quoi qu'il en soit, il est un type de ce qui est humain et
si ce bois comme on l'affirme ne pourrit pas, s'il est incorruptible, il convient d'autant mieux comme
emblème de l'humanité de notre Seigneur. L'or est toujours le symbole de ce qui est divin. Nous avons
donc dans la structure de l'arche la figure de l'union des deux natures dans la personne de Christ. Il
était parfaitement Dieu et parfaitement homme. «Au commencement était la Parole, et la Parole était
auprès de Dieu, et la Parole était Dieu.» Il est ajouté: « Et la Parole devint chair, et habita au milieu de
nous (et nous vîmes sa gloire, une gloire comme d'un fils unique de la part du Père) pleine de grâce et
de vérité» (Jean 1, 14). Ainsi il était Dieu et homme, Dieu manifesté en chair.
Le contenu de l'arche est sous ce rapport très significatif: « Et tu mettras dans l'arche le témoignage
que je te donnerai» (v. 16) c'est-à-dire les deux tables de pierre qui portaient gravés les dix commandements; elles étaient déposées dans l'arche et c'est là la raison pour laquelle elle est souvent appelée
l'arche de l'alliance (Nombres 10, 33 ; Deutéronome 31, 26) parce qu'elle contenait la loi sur laquelle
l'alliance était fondée. Elle nous présente Christ d'une manière toute spéciale. Parlant par l'Esprit,
Christ dit au Psaume 40, 7: «Voici, je viens; il est écrit de moi dans le rouleau du livre. C'est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, ta loi est au dedans de mes entrailles ». C'est
pourquoi le témoignage placé dans l'arche est l'expression de la loi de Dieu magnifiée en Christ, né
dans le monde, la semence de David selon la chair, né sous la loi, loi à laquelle il a parfaitement obéi.
« Ta loi est au dedans de mes entrailles» nous montre la perfection de son obéissance. Dieu a trouvé en
Lui et en Lui seul la vérité dans l'homme intérieur, ainsi qu'une pleine et entière réponse à tout ce que
réclamait sa sainteté. Parce qu'Il faisait toujours les choses qui lui étaient agréables, Dieu a exprimé la
satisfaction de son cœur par cette parole: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon
plaisir» (Matthieu 3, 17).
Les anneaux et les barres (v. 12 à 15) ont aussi un enseignement pour nous; les barres placées dans
les anneaux aux côtés de l'arche servaient à porter l'arche (v. 14). Le peuple de Dieu, pèlerin dans le
désert, était en route pour le lieu que Dieu avait préparé pour lui. Le temps viendra dans lequel il entrera en possession de l'héritage; alors le temple qui sera élevé sera digne de la magnificence de la gloire
du roi d'Israël. Les barres, qui dans le désert ne devant pas être retirées des anneaux de l'arche (v. 15),
seront alors enlevées (2 Chroniques 5, 9) parce que le pèlerinage étant fini, l'arche ainsi que le peuple
seront entrés «dans son repos» (Ps. 132, 8). Les barres dans les anneaux nous parlent par conséquent
de Christ accompagnant son peuple, étant Lui-même avec eux dans les circonstances du désert. C'est
Christ dans ce monde, Christ dans toute sa perfection comme homme ; Christ, en un mot, dans tout ce
qu'Il était comme Celui qui nous a révélé Dieu; car en vérité, Il était la parfaite présentation de Dieu à
l'homme. «Personne ne connaît le Fils, si ce n'est le Père; ni personne ne connaît le Père si ce n'est le
Fils, et celui à qui le Fils voudra le révéler» (Matthieu 11, 27.)
En second lieu l'arche avec le propitiatoire et les chérubins, formait le trône de Dieu sur la terre au
milieu d'Israël. À l'intérieur était déposée la loi, témoignage de ce que Dieu exigeait de l'homme; au-
dessus était le propitiatoire qui, avec les chérubins, constituait le trône. Ceux-ci s'élevaient à droite et à
gauche, accessoires inséparables de ce trône. Dieu nous est ainsi présenté dans les Écritures comme
demeurant entre les chérubins. Les chérubins sont apparemment les symboles des attributs de Dieu et
nous voyons alors le trône de Dieu maintenu par tout ce que Lui est. Pour cette raison nous les voyons
tout au long de l'Ancien Testament exerçant le pouvoir judiciaire; depuis que Dieu a eu affaire avec les
pécheurs son trône conserve l'aspect judiciaire. Nous voyons ainsi Dieu assis sur son trône de justice
entre les chérubins. On pourrait se demander pourquoi Israël qui a constamment violé la loi n'a pas été
immédiatement détruit; nous avons la réponse (quoique anticipant la vérité du propitiatoire) dans l'attitude des chérubins. Comme exécuteurs du pouvoir judiciaire de Dieu ils devaient appliquer le châtiment dû au transgresseur. Mais «leurs faces seront l'une vis-à-vis de l'autre; les faces des chérubins seront tournées vers le propitiatoire» (v.20). Ils voient ainsi le sang; qui a été aspergé sur le propitiatoire,
le sang qui annuellement a été placé là le grand jour des expiations (Lévitique 16), et par lequel les
droits de Dieu ont été pleinement satisfaits et lui-même devenu favorable au coupable. S'il en avait été
autrement, Dieu gouvernant en justice devait détruire son peuple.
C'était aussi de dessus le propitiatoire, entre les deux chérubins, que Dieu parlait avec Moïse (v.
22). Le lieu où l'Éternel se rencontrait avec son peuple était la porte de la tente d'assignation (Chap. 29
42-43). Moïse seul (à part le grand sacrificateur exceptionnellement au grand jour des expiations)
jouissait du privilège de rencontrer Dieu et de recevoir les communications qu'Il lui donnait du propitiatoire; en grâce il était reconnu comme le médiateur. Tous les croyants de l'économie actuelle jouissent de ce privilège et cela en vertu de l'efficacité de l'œuvre de la rédemption. Il n'en était pas ainsi
d'Israël, Moïse seul avait la liberté d'entrer en tout temps dans la présence de Dieu. C'était là que Dieu
parlait avec lui (Nombres 7, 89) et lui confiait ses commandements pour diriger les enfants d'Israël.
C'est là seulement que la voix de Dieu peut être entendue et ses pensées connues ; quiconque veut faire
des progrès dans la connaissance de sa volonté doit se retirer dans le secret pour être seul avec Dieu.
Si nous considérons le livre des Nombres, nous trouverons les directions pour le transport de l'arche
à travers le désert. «Et lorsque le camp partira, Aaron et ses fils entreront et ils démonteront le voile
qui sert de rideau et en couvriront l'arche du témoignage; et ils mettront dessus une couverture de
peaux de taissons, et étendront pardessus un drap tout de bleu; et ils y placeront les barres » (Nombres
4, 5 et 6.) Le voile est un emblème de l'humanité de Christ, sa chair (Hébreux 10, 20). Nous avons
donc premièrement l'arche; c'est-à-dire Christ caché sous le voile de son humanité ; ensuite les peaux
de taissons, expression de 1a sainte vigilance par laquelle Il se préservait du mal, comme on le voit par
exemple dans l'écriture: « Par la parole de tes lèvres je me suis gardé des voies de l'homme violent»
(Psaume 17, 4). Ensuite vient le drap tout de bleu : symbole de ce qui est céleste. Les peaux de taissons étaient à l'intérieur, parce que, Christ gardant sa perfection séparé de tout mal, on ne voyait se
manifester en Lui que ce qui était céleste. Nous avons par conséquent Christ comme traversant le désert toujours caractérisé par ce qui est céleste. Comme tel, ne l'oublions pas, Il est notre modèle: «celui
qui dit demeurer en Lui, doit lui-même marcher, comme Lui a marché».
Le propitiatoire
Le propitiatoire, quoique formant le couvercle et complétant ainsi la structure de l'arche, est dans un
certain sens complet en lui-même; et à cause de l'importance qu'il revêt il mérite d'être considéré séparément. Il était placé « sur l'arche, par-dessus » (v. 21) ; il se trouvait par conséquent dans le lieu très
saint, scène de la manifestation spéciale de Dieu et, comme nous l'avons déjà dit, la base de son trône.
Dieu habitait là entre les chérubins. Le propitiatoire différait de l'arche en ce que le bois de Sittim n'entrait pas dans sa composition. Il était fait d'or pur, comme, l'étaient aussi les chérubins, tirés du propitiatoire à ses deux bouts. L'or est l'emblème de ce qui est divin : de la justice divine. Si pour un moment nous le considérons en rapport avec le témoignage qui est dans l'arche, nous avons l'union de
l'homme parfait et de la justice divine; les tables de la loi nous parlant de la justice de l'homme qui
était dans les entrailles de Christ, et l'or de la justice divine qui était en Lui. Le propitiatoire est par
conséquent d'une manière bien particulière un type de Christ. L'apôtre applique directement à Christ
cette expression lorsqu'il dit: «étant justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est dans
le Christ Jésus, lequel Dieu a présenté .pour propitiatoire, par la foi en son sang» (Romains 3, 24-25).
Cette allusion sera facilement comprise si l'on se reporte à l'activité du sacrificateur au grand jour
des expiations. Après avoir mis l'encens sur le feu devant l’Éternel, il est dit: « Et il prendra du sang du
taureau et il en fera, aspersion avec son doigt sur le devant du propitiatoire, vers l’orient ; et il fera aspersion du sang avec son doigt sept fois devant le propitiatoire» (Lévitique 16, 14). Il agissait de
même avec le sang du bouc du sacrifice pour le péché pour le peuple. Deux questions nous donneront
la signification de cet acte. Premièrement, pourquoi le sang était-il aspergé dessus et devant le propitiatoire? Pour faire propitiation pour les péchés du peuple. Étant pécheurs, les Israélites ne pouvaient
paraître dans la présence d'un Dieu saint. Le sang par conséquent était porté selon l'enseignement divin, et aspergé de la manière décrite, sur le propitiatoire pour faire propitiation pour les péchés du
peuple; et de même devant le propitiatoire mais sept fois, pour que le sacrificateur lorsqu'il s'approchait trouvât un parfait témoignage de l'efficacité de l'œuvre. Une seule fois, comme on l'a souvent dit,
était suffisante pour l'œil de Dieu, mais en grâce Il condescendait à ce qu'il fût aspergé sept fois pour la
pleine assurance de l'œil et du cœur de l'homme. Et en second lieu, qu'accomplissait-il? Il accomplissait l'expiation, satisfaisant à tous les saints droits de Dieu à l'égard du peuple. Quelle chose quand
nous pensons au sang de Christ qui a pleinement glorifié Dieu dans tout ce qu'Il est, le glorifiant pour
toujours en ce qui concerne la question du péché, de sorte que Celui qui était contre nous à cause de
notre culpabilité est maintenant pour nous à cause du sang! Le propitiatoire nous parle avant tout de
Christ; ainsi que Jean le dit dans sa première épître: «lui est la propitiation pour nos péchés, et non pas
seulement pour les nôtres, mais aussi pour le monde entier» (1 Jean 2, 2). Les péchés des croyants sont
ôtés et ôtés pour toujours; la valeur de la propitiation est telle que Dieu peut maintenant en justice et
dans sa grâce faire proclamer l'évangile dans le monde entier et supplier les pécheurs d'être réconciliés
avec Lui (2 Corinthiens 5, 20). Christ, nous le répétons, est figuré par le propitiatoire et ainsi nous apprenons que c'est par Lui seul que l'on peut s'approcher de Dieu de même que, dans le désert, on ne
pouvait s'approcher de Dieu que propitiatoire. Mais béni soit son Nom, quiconque s'approche de Lui
par Christ trouvera le parfait témoignage rendu à la valeur de son œuvre expiatoire dans la présence de
Dieu. Mais, considérons-le bien, c’est par le sang seul que nous avons accès auprès de Lui; Il nous est
« présenté comme propitiatoire, par la foi en son sang». En conséquence, croyant dans la valeur de son
sang selon le témoignage de Dieu, quiconque s'approche peut venir avec assurance, ne doutant nullement, dans la pleine confiance que le chemin est ouvert pour le plus coupable, le plus vil, jusque dans
la présence même de Dieu. Car: «Christ étant venu, souverain sacrificateur des biens à venir, par le tabernacle plus grand et plus parfait qui n'est pas fait de main, c'est-à-dire qui n'est pas de cette création,
et non avec le sang de boucs et de veaux, mais avec son propre sang, est entré une fois pour toutes
dans les lieux saints, ayant obtenu une rédemption éternelle» (Hébreux 9, 11, 12).
Les chérubins faisaient partie du propitiatoire. Comme déjà dit, ils sont les symboles des attributs divins et, comme tels, du pouvoir judiciaire. Depuis que Dieu a été glorifié par le sang placé sur le propitiatoire tous ses attributs sont en harmonie et tous s'exercent eu faveur des croyants. À la croix, la bonté et la vérité se sont rencontrées, la justice et la paix se sont entre-baisées; tous les droits de la justice
ayant été satisfaits les chérubins eux-mêmes sont favorables à ce que miséricorde soit faite à tous ceux
qui s'approchent en se confiant dans la valeur du sang. Vérité bénie! Tout ce que Dieu est dans sa nature est opposé au péché, et maintenant, en tout ce qu'Il est, Il est favorable au croyant. Le sang qui est
sur le propitiatoire a opéré ce merveilleux changement.
E. D.
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LA GLOIRE CÉLESTE DE MOÏSE
Le chapitre 7 des Actes nous apprend que le rejet du Seigneur Jésus Christ par la terre fut l'occasion
(je n'oublie pas, naturellement, que toutes les œuvres de Dieu sont connues de Lui dès le commencement du monde) de lui donner dans le ciel et en relation avec une famille céleste, une gloire d'un
ordre plus élevé que toute gloire qu'Il aurait connue si la terre l'avait reçu au lieu de le rejeter. Mais ce
chapitre nous montre aussi que ce mystère avait été typifié d:ans les histoires de Joseph et de Moïse.
Joseph fut vendu, et Moïse refusé par ses frères, mais, à cause de cela, Joseph obtint la joie, la gloire et
une famille en Égypte, et Moïse obtint en une certaine mesure les mêmes choses et en tout cas une famille en Madian ; et chacun d'eux fut ainsi, en son jour, une ombre de la gloire et de la joie du Fils de
Dieu, au milieu de la famille céleste, en conséquence de ce qu'Il fut rejeté en son jour aussi, par Israël
et par la terre.
Mais, en suivant l'histoire de Moïse, nous le trouvons une seconde fois séparé d'Israël, et cette séparation est suivie elle aussi des mêmes résultats célestes. Le péché d'Israël au pied du mont Sinaï, par
lequel l'alliance fut rompue et la bénédiction perdue, rejette encore Moïse dans une position céleste.
Après ce péché du veau d'or la tente d'assignation est dressée hors du camp. L'Éternel désavouant en
justice son peuple révolté. Mais là Moïse rencontre l'Éternel, et le rencontre d'une nouvelle manière
«face à face, comme un homme parle avec son ami» (Exode 33, 11). Il n'en avait pas été ainsi auparavant. C'était l'expression d'une intimité accrue entre l'Éternel et Moïse, introduite dans une relation
d'ami avec le Seigneur, telle que celle où se trouve l'Église maintenant (Jean 15, 15). C'était une chose
nouvelle pour Moïse, un nouveau caractère de gloire en Lui, comme son habitation en Madian parmi
les Gentils avait été une chose nouvelle en son jour. Et c'est précisément là ce qui a distingué Moïse de
tous les grands hommes ou prophètes juifs et l'a élevé au-dessus d'eux; ainsi que nous le lisons: « Et, il
ne s'est plus levé en Israël de prophète tel que Moïse que l'Éternel ait connu face à face» (Deutéronome 34, 10). Et étant dans cette position d'intimité, cette position céleste, il agit selon les prérogatives
élevées qu'elle comporte. Il passait et repassait du glorieux tabernacle protégé par la nuée au camp de
la congrégation (Exode 33, 11). Et ce mouvement exprimait son égal accès au ciel et à la terre, et montrait Moïse comme un médiateur, l'ombre de notre Sacrificateur céleste, le Christ Jésus. Josué pendant
ce temps était gardé dans le tabernacle, comme le serviteur séparé, il est vrai, du peuple souillé et révolté (comme le résidu fidèle le sera au dernier jour), mais sans être cependant introduit dans la position d'intimité, la position céleste, que Moïse occupait.
Dans une autre occasion, Moïse agit selon les hautes prérogatives de son nouveau caractère céleste.
Il prend une femme éthiopienne (Nombres 12), une femme d'entre les Gentils, et de ceux qui étaient le
moins estimés parmi eux (Jérémie 13, 23). Les membres de sa famille, ses parents selon la chair, ne
sont pas préparés à cela; ils parlent contre lui et refusent de lui reconnaître sa position d'autorité. Lui,
étant un homme, de caractère céleste, plus doux que tous les hommes qui étaient sur la face de la terre,
ne répond rien à tout cela. Mais le Seigneur plaide sa cause et, en le faisant, le justifie sur la base
même de ce caractère céleste qu'il a acquis dans les jours du veau d'or, c'est-à-dire de l'apostasie, du
peuple terrestre. « Écoutez mes paroles », dit l'Éternel à Aaron et à Marie. « S'il y a un prophète parmi
vous, moi l'Éternel je me ferai connaître à lui en vision, je lui parlerai en songe. Il n'en est pas ainsi de
mon serviteur Moïse, qui est fidèle dans toute ma maison; je parle avec lui bouche à bouche, et en me
révélant clairement, et non en énigmes; et il voit la ressemblance de l'Éternel. Et pourquoi n'avez-vous
pas craint de parler contre mon serviteur, contre Moïse?»
L'Éternel plaide ici d'une manière frappante en faveur de Moïse et en le justifiant pleinement d'un
acte que ses parents selon la chair ne comprenaient pas et n'étaient pas préparés à comprendre, Il revendique l'intimité avec Lui-même que Moïse avait acquise par suite du péché précédent de ce peuple
terre Cette intimité, ou l'entretien «face à face» avec l'Éternel, l'avait ainsi élevé bien au-dessus du niveau juif ou terrestre et lui avait clairement donné un caractère céleste, dont il avait maintenant exercé
l'une des prérogatives en épousant une femme éthiopienne, de même qu'il avait précédemment, ainsi
que, nous Venons de le voir, exercé une autre de ces prérogatives en passant et repassant de l'Éternel
dans le tabernacle de gloire au peuple dans le camp.
Il faut remarquer l'importance du mot « toute» dans ce passage. C'est très frappant en rapport avec
notre sujet : « qui est fidèle dans toute ma maison », dit l'Éternel, paroles qui devaient montrer à Aaron
et à Marie que Moïse était un personnage d'une dignité particulière, ayant accès à toutes les parties de
la maison de l'Éternel. Ce n'était pas seulement qu'il était fidèle, mais fidèle dans toutes les parties de
la maison, ayant le droit d'être dans le lieu très saint, ou céleste, aussi bien que dans le lieu assigné à la
congrégation, ou le parvis. Car c'est la dignité de Moïse aussi bien que sa fidélité que son divin Avocat
revendique ici.
Tout ceci me frappe comme étant très clair et très puissant; et ainsi le second mariage de Moïse,
avec l'Éthiopienne, nous parle, aussi bien que son premier mariage avec la Madianite. Tous deux nous
le montrent dans son caractère céleste et comme un type du Seigneur dans son union avec l'Église.
Ainsi Moïse devient participant de l'appel céleste et, par suite, comme nous allons le voir maintenant,
il occupe à la fin la position céleste.
Nous le voyons par exemple sur le mont Pisga, regardant le pays de Canaan étendu au-dessous de lui
(Deutéronome 34). C'était pour lui une nouvelle montagne de Dieu. Elle s'élevait un peu en dehors du
pays promis, mais lui en offrait une vue complète. C'était une éminence élevée, le sommet du Pisga,
sur le mont Nebo, dans la chaîne d'Abarim. La terre avait cessé désormais de le reconnaître comme
sien, Israël ne le connaissait plus, le désert était entièrement passé, et l'Éternel seul était avec lui sur la
montagne qui dominait le pays de la promesse. Combien toute cette scène exprime bien la position de
l'Église ou la gloire céleste! Sur la hauteur avec l'Éternel, Moïse regarde au-dessous de lui l'héritage
terrestre, la place des tribus d'Israël, Galaad jusqu'à Dan, Nephthali, Éphraïm et Manassé, et tout le
pays de Juda jusqu'à la mer, et le midi, et la vallée de Jéricho, la ville des palmiers, jusqu'à Tsoar. Une
position d'où l'on peut dominer de tels objets au-dessous de soi, et dans une telle compagnie, est en vé-
rité céleste. Moïse est sur la hauteur avec l'Éternel, regardant les villes et les plaines où les tribus terrestres d'heureux rachetés devaient habiter. Ce n'est que du ciel qu'une telle possession bénie de la
terre, dans la justice et la paix, pourra être vue par le Seigneur et ses enfants de résurrection. ¹
¹ Nous avons aussi un témoignage de la gloire céleste d'Aaron, l'associé de Moise. Il meurt comme sacrificateur sur le
sommet de la montagne, le peuple terrestre étant au-dessous de lui et le connaissant seulement comme un sacrificateur dans
les lieux célestes (Nombres 20).
Moïse nous est présenté encore une fois dans les lieux célestes quand nous le voyons, dans le Nouveau Testament, sur une autre montagne, celle de la transfiguration. Pierre, Jacques et Jean sont là, représentant Israël et le peuple terrestre, et ils sont à l'extérieur. Mais Moïse est là, encore en compagnie
du Seigneur, avec un autre cohéritier de la gloire céleste, et ils sont dedans, enveloppés dans la nuée de
la gloire magnifique, le vrai voile qui sépare le lieu saint du parvis, ou les cieux de la terre. Moïse est
du côté céleste de ce voile, glorifié en la ressemblance du Seigneur de gloire Lui-même.
Ce sont là deux témoignages puissants et clairs de la gloire céleste de Moïse, nous le montrant d'une
manière frappante dans les lieux célestes, en compagnie de l'Éternel sur le sommet de deux montagnes ; de l'une il contemple l'héritage terrestre au-dessous de lui, et de l'autre le peuple terrestre en
dehors de lui. Et ainsi j'estime que tous ces témoignages que nous avons entendus ici nous enseignent
quels sont l'appel et la gloire célestes, ou le caractère et la position célestes de ce serviteur de Dieu fidèle et honoré. Il est un enfant de la résurrection et un cohéritier de Dieu avec Jésus Christ.
Ainsi Moïse perd la terre, mais gagne le ciel. Il perd Canaan par sa propre faute, ne tenant pas
compte, comme nous le savons, de la grâce et de la puissance de la verge qui avait bourgeonné ; mais
il gagne la gloire sur le sommet de la montagne dominant Canaan, par la bonté inépuisable et l'amour
de Dieu son Sauveur. Les lois décrètent avec raison qu'aucun homme ne tirera avantage du tort qu'il a
commis; car la justice n'admet pas la pensée que quelqu'un puisse tirer un bénéfice .du mal qu'il a fait.
Mais la grâce n'agit pas selon la loi, car la gloire qu'elle nous donne, comme pécheurs pardonnés; est
beaucoup plus riche et plus brillante que celle que connaissait Adam dans l'innocence. Notre histoire
donne la solution de l'énigme de Dieu, celui qui mange fournissant la nourriture, et le fort la douceur.
Moïse et l'Église illustrent tous deux cela; à travers cette terre de péché, tous deux vont en avant, conduits par la main du Fils de Dieu, vers le sommet de la montagne où l'on voit au-dessous les tentes si
belles de Jacob (Nombres 24, 5). Bien-aimés, quelles gens devrions-nous être! Puissent la vie et
l'énergie du Saint Esprit demeurant en nous, nous garder de plus en plus séparés pour un caractère céleste et des espérances célestes! Amen, Seigneur Jésus!
B. T.
………………………………………
JUGEMENT DU MAL DANS L'ASSEMBLÉE
Les croyants des tout premiers jours de l'Église ne connaissaient pas toutes les vérités aujourd'hui
révélées et enseignées en particulier, celle concernant l'Église corps de Christ, objet des révélations
faites à l'apôtre Paul, mais ils vivaient ce qu'ils savaient. Le début du livre des Actes nous donne de ces
temps un tableau plein de fraîcheur; il nous montre aussi comment l'ennemi variant ses moyens, a essayé de s'opposer au travail de Dieu, s'efforçant de détruire le puissant témoignage rendu par l'assemblée à Jérusalem. C'est ainsi que très rapidement, agissant avec ruse du serpent, il a fait pénétrer le mal
dan l'assemblée. Actes 5 nous dit comment il a opéré pour atteindre ce but, mais aussi comment le mal
a été jugé aussitôt. Il est sans doute opportun de rappeler les enseignements qui nous sont donné là, car
nous serions peut-être aujourd'hui plein d'indulgence pour une semblable manifestation du mal, disposés même parfois, par manque de discernement spirituel ou par faiblesse, à en tolérer de plus graves.
Ananias et Sapphira avaient vendu une possession pour que le produit, apporté aux pieds de apôtres,
en fût « distribué à chacun, selon que l'un ou l'autre pouvait en avoir besoin». La piété des premiers
croyants se montrait de plusieurs manières, et, entre autres, par des actes comme celui que se proposèrent Ananias et Sapphira (Actes 4, 32 à 37). Seulement, désireux d'en imiter d'autres, Ananias et sa
femme, tout en cherchant à faire eux aussi une manifestation publique de piété, convinrent entre eux
de garder une partie du prix de leur terre. Il n'y avait certes aucune obligation pour eux d'apporter le
tout, mais leur péché était celui-ci : ne donnant qu'une partie, ils prétendaient cependant donner tout.
C'était un manque de franchise et de droiture, une hypocrisie et un mensonge. Ce péché est si grave
aux yeux de Dieu que le mal est réprimé aussitôt par l'exercice d€ son gouvernement.
Les apparences de piété ne peuvent tromper Celui qui connaît l'état des cœurs. Elles ne trompent pas
non plus un œil spirituel exercé; il y a chez Pierre un tel discernement que, dès qu'Ananias entre devant lui, il dévoile le mal: «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, que tu aies menti à l'Esprit
Saint, et que tu aies mis de côté une partie du prix de la terre? ... Tu n'as pas menti aux hommes, mais
à Dieu». Le mal discerné et mis au jour, il est immédiatement jugé: « Et Ananias, entendant ces paroles, tomba et expira». De même, pour Sapphira (Actes 5, 3 à 5 et 7 à 10).
Sans doute, dans ces premiers jours de l'histoire de l'Assemblée sur la terre, l'Esprit Saint pouvait
agir sans que rien n’entravât son action, et le déploiement de puissance spirituelle fût tel que le mal
était aussitôt discerné, manifesté et jugé. Aujourd'hui, le Saint Esprit, contristé de tant de manières, ne
peut agir au sein de la ruine comme il le faisait dans l'Assemblée fidèle, car il n'est pas possible que
Dieu, par une action puissante de son Esprit, mette son sceau sur la ruine de l'Église. Mais la sainteté
de Dieu est toujours la même, le mal n'a pas changé de caractère à ses yeux et ceux qui désirent maintenir le témoignage confié à l'assemblée ne sont pas moins responsables que ne l'étaient les premiers
croyants, ils le sont beaucoup plus car ils ont reçu bien davantage : de garder pur un domaine où le mal
ne doit pas entrer et où, s'il entre, il doit être immédiatement jugé.
Tout croyant dans le témoignage est responsable de veiller sur sa marche personnelle, de vivre dans
le jugement de soi-même, afin de plaire au Seigneur et de n'apporter aucune souillure, de chair ou
d'esprit, à la table de Celui qui est le Saint et le Véritable. S'il manque en cela, l'assemblée est responsable d'intervenir, par amour et fidélité envers lui comme aussi et surtout envers le Seigneur, cette intervention s'exerçant par le moyen de disciplines appropriées; lorsque ces disciplines demeurent inefficaces, l'assemblée doit « ôter le méchant », selon l'enseignement de 1 Corinthiens 5. Si elle faiblissait
à cet égard, tolérant ainsi le mal dans son sein, son infidélité amènerait le jugement du Seigneur sur le
coupable et probablement aussi, d'une manière ou de l'autre, sur elle-même. À Corinthe, le Seigneur
avait dû exercer son jugement sur plus d'un coupable. Ce que l'apôtre écrivait à cette assemblée a toute
sa valeur encore aujourd'hui (cf. 1 Corinthiens 1, 2) : «C'est pour cela que plusieurs sont faibles et malades parmi vous, et qu'un assez grand nombre dorment. Mais si nous nous jugions nous-mêmes, nous
ne serions pas jugés» : jugés par le Seigneur (1 Corinthiens 11, 30, 31). L'on peut sans doute penser
que de nos jours aussi, des croyants de:meurent faibles et malades, d'autres ont été retirés parce que
eux ou d'autres n'ont pas pratiqué ce jugement de soi-même auquel nous sommes exhortés, parce
qu'ensuite l'assemblée n'a pas fait son devoir envers eux. À propos du jugement exercé par le Seigneur
sur une assemblée, on peut citer l'exemple de Thyatire. Que lui est-il reproché? De tolérer dans son
sein un mal doctrinal, de «laisser faire»: «Mais j'ai contre toi, que tu laisses faire...» Le Seigneur use
de patience, Il « donne du temps» pour se repentir, mais s'il n'y a pas repentance et jugement du mal,
c'est alors Lui qui exerce son jugement à l'égard de l'assemblée, et tout spécialement de sa partie la
plus responsable (Apocalypse 2, 20 à 23).
Demandons à Dieu qu'Il nous donne un sain discernement du mal. Nous ne l'aurons que dans la mesure où nous vivrons près du Seigneur, dans le sanctuaire. Demandons-lui ensuite qu'Il nous accorde
assez d'énergie spirituelle pour opérer le jugement d'un mal discerné.
L’ennemi s'efforce en tout premier lieu, d'obscurcir notre discernement spirituel et de nous faire considérer comme infirmités à supporter ce qui pourtant devrait être jugé. Il sait aussi comment nous arrêter pour nous empêcher de juger le mal lorsque nous l'avons discerné: il met en avant parfois des liens
de famille, des relations personnelles auxquelles on donne plus de valeur qu'au maintien de la sainteté
qui convient dans l'assemblée; ou encore, il voudrait nous laisser croire que la mise au jour du mal
risque de troubler les âmes et que le jugement de ce mal entraverait la prospérité du témoignage. L'ennemi prenant soin des âmes et du témoignage ! Combien ses raisonnements sont subtils et dangereux!
Si au lieu d'écouter sa voix nous considérons ce que Dieu nous enseigne dans sa Parole, nous verrons
quels sont, en fait, les résultats de l'exercice du jugement du mal dans l'assemblée, en dehors de ceux,
essentiels, que constituent, d'une part, la purification de l'assemblée et, d'autre part, la recherche du
bien et de la restauration de celui qui a péché. Actes 5 nous présente quatre de ces résultats:
1° - «Une grande crainte s'empare de toute l'assemblée et de tous ceux qui entendaient parler de ces
choses» (v. 5 et 11). Les âmes sont conduites à discerner quelque peu ce qu'est le mal aux yeux de
Dieu et à voir quelles en sont les conséquences sous son gouvernement. Chacun est ainsi amené à veiller sur ses voies; il y a davantage de crainte de Dieu, de sainteté pratique. C'est aussi ce que nous enseigne Deutéronome 21, 21: «Tu ôteras le mal du milieu de toi, et tout Israël l'entendra et craindra ».
Et Proverbes 14, 16 se trouve vérifié: «Le sage craint, et se retire du mal ». Au contraire, l'absence de
jugement du mal risque d'inciter les croyants à imiter de mauvais exemples.
2° - Il y a un grand déploiement de puissance spirituelle, avec tous les fruits qui en découlent (v. 12,
15 et 16). Tandis qu'à l'inverse, la puissance spirituelle est perdue lorsque le mal n'est pas jugé. Une
assemblée qui persisterait dans cet état n'en arriverait-elle pas à perdre même son caractère d'assemblée de Dieu?
3° - L'assemblée est préservée de l'intrusion d'éléments qui n'ont pas place dans son sein: « d'entre
les autres, nul n'osait se joindre à eux» (v. 13). Ces éléments fuient un milieu où ils savent que le mal
est jugé, tandis qu'ils viendront volontiers là où il est toléré.
4° - Des âmes sont attirées, des âmes fidèles qui ont à cœur de faire partie du témoignage et qui,
elles, y ont vraiment leur place: « des croyants d'autant plus nombreux se joignaient au Seigneur, une
multitude tant d'hommes que de femmes» (v. 14). N'hésiterait-on pas à agir parfois dans l'exercice du
jugement du mal, dans la crainte de voir se réduire le nombre de ceux qui sont dans le rassemblement?
Remarquons d'ailleurs à ce sujet que, dans un temps de ruine comme celui auquel nous sommes parvenus, ce n'est pas le nombre qu'il faut chercher. Soyons gardés de penser et d'agir comme le monde
qui estime, lui, que la puissance d'un groupement est fonction du nombre de ceux qui le composent.
On entend dire quelquefois: « notre nombre augmente; nous avons maintenant une réunion de tant de
personnes et nous sommes à l'étroit dans notre local...», toutes choses qui ne peuvent être un sujet de
joie et le signe de la bénédiction de Dieu que si accroissement en nombre et accroissement spirituel
vont de pair. En est-il toujours ainsi? Ce qui importe, par dessus tout et avant tout, c'est l'accroissement d'Éphésiens 4, 15, 16, «l'accroissement de Dieu» de Colossiens 2, 19. Il serait grave et attristant
qu'un accroissement numérique, tellement souhaité parfois et qui, aux yeux de certains, est toujours
signe de force et de bénédiction, ne résulte que de l'entrée dans le témoignage de ceux « d'entre les
autres» dont Actes 5, 13 nous dit qu'alors « nul n'osait se joindre à eux ». Ne perdons pas de vue non
plus que l'un des caractères du témoignage dans des jours de déclin, c'est qu'il est peu nombreux et
sans apparence (Juges 7) et demandons-nous si, en bien des cas, il n'existe pas une tendance à rechercher précisément et le nombre et l'apparence.
Dieu veuille accorder aux siens de marcher dans l'obéissance à sa Parole, n'oubliant pas que « la
sainteté sied à sa maison» (Psaume 93, 5), que par conséquent l'assemblée, «maison de Dieu ... assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité» (1 Timothée 3, 15), est un lieu où le mal, s'il
y pénètre, doit être jugé. Que puisse être maintenu ainsi un témoignage fidèle, sans prétention aucune,
ne recherchant ni le nombre ni l'apparence, mais jaloux des droits et de la gloire du Seigneur .et croissant «de l'accroissement de Dieu» ! Pour cela, que les âmes soient occupées du bien, nourries de
Christ, réchauffées dans la jouissance de son amour, heureuses dans sa communion, affermies par sa
grâce, tenues tout près de Lui « qui a le pouvoir de nous garder sans que nous bronchions, et de nous
placer irréprochables devant sa gloire avec abondance de joie» (Jude 24). Alors, malgré la ruine de l'Église, malgré la faiblesse de ceux qui désirent être gardés dans le témoignage que le Seigneur maintiendra jusqu'à son retour, il pourra être dit des assemblées, encore aujourd'hui, ce qui a été dit autrefois, au commencement, des assemblées de la Judée, de la Galilée et de la Samarie: «elles étaient en
paix, étant édifiées, et marchant dans la crainte du Seigneur; et elles croissaient par la consolation du
Saint Esprit» (Actes 9, 31).
Fais-nous marcher dans ta lumière,
Près de toi garde notre cœur,
Et que ton Église en prière
S'égaie en toi, puissant Sauveur!
P. F.
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LE JUSTE VIVRA DE FOI
Méditation sur Hébreux 11
(Suite de la page 175)
Au verset 7, la foi est placée devant nous avec force et simplicité comme l'énergie par laquelle nous
atteignons le salut. Il est à noter ici, que la foi n'est pas un héritage que nous recevons en tant qu'enfants d'Adam ou simplement comme créatures, mails qu'elle est l'effet de la révélation et n'est le partage que de ceux qui s'inclinent devant cette révélation. «Tous n'ont pas obéi à l'évangile» déclare
Paul, et il nous dit en Romains 10, 17 : «la foi est de ce qu'on entend, et ce qu'on entend par la Parole
de Dieu ». Noé est un exemple frappant die quelqu'un dont l'âme s’est inclinée devant la révélation que
Dieu lui donnait, et cela produisit en lui cette foi à salut qui est appelée dans l'Écriture «l'obéissance de
la foi »; Il fut sauvé par la foi qui fut l'énergie divine par laquelle il fit ce que Dieu lui avait dit. Dieu
lui avait révélé qu'Il allait submerger la terre entière, et la crainte du jugement imminent provoqua,
sans doute, en lui comme dans le cas du geôlier de Philippes, cette demande: «Que dois-je faire pour
être sauvé? » Lorsque Dieu lui dit: « Construis une arche », il le fait sans questionner, il croit, il craint
et obéit.
Nous ne pouvons pas, ici, passer rapidement sur les pensées pleines de grâce de Dieu, concernant le
salut, quant à tous ceux qui sont chers à nos cœurs. Dieu dit à Noé de faire une arche pour lui-même et
pour sa maison. La foi de Noé les engloba tous, « Noé fit selon tout ce que Dieu lui avait commandé».
Le monde pouvait rire et le prendre pour un insensé, on lui disait sans doute: Que fais-tu Noé? N'es-tu
pas fou de construire cet immense vaisseau qui rie servira jamais à rien? Si loin de la mer et tellement
au-dessus de son niveau, d'où lui viendrait l'eau pour le faire flotter ? Pendant cent vingt ans, il continua paisiblement son travail en dépit des sarcasmes incrédules, prêchant la justice par paroles et par
actes aux hommes qui l'entouraient. Chaque clou que Noé plantait dans l'arche les condamnait, chaque
parole de sa bouche leur disait qu'il regardait au jugement qui allait fondre sur le monde, mais qu'il y
aurait salut pour lui.
Est-ce ainsi que nous faisons? Il n'est d'aucune utilité de lire la parole de Dieu si nous ne la mettons
pas en pratique; cela ne servirait qu'à nous enfler dans nos propres pensées, comme le fait toute connaissance intellectuelle. Nous devons nous tenir dans la lumière de la sainteté de Dieu et laisser agir sa
Parole qui est plus aiguë qu'aucune épée à deux tranchants. Il est inutile de courir le monde en disant:
Je suis sauvé, mais cela doit être connu par chacune de nos paroles ou nos actions. Remarquons-le encore, il ne fut pas dit à Noé de bâtir une arche pour lui seul, mais aussi pour sa maison.
Pouvons-nous avoir confiance en l'homme qui dit: Je suis sauvé, puis qui s'assied les bras croisés en
disant: Si mes enfants doivent être sauvés, ils le seront? Il faut que ce soit un cœur dur que celui qui
peut .laisser à l'abandon le salut de ses enfants, comme un sujet à l'égard duquel il n'a ni soin ni responsabilité.
La foi, en tant qu'énergie par laquelle le croyant suit Dieu dans le sentier de la bénédiction, est décrite dans les versets 8 et 9. C'est le sentier de la foi et Abraham est un brillant exemple de ceux qui le
suivent. Nous avons en Genèse 12 le fait historique de l'appel d'Abraham, et la façon dont Étienne le
présente en Actes 7 jette une lumière supplémentaire sur ce sujet. Abram, qui vint après le déluge alors
que Satan avait usurpé la place die Dieu dans l'esprit de ses créatures, était d'une famille idolâtre adorant le bois et la pierre (Josué 24, 2). Dieu se révéla personnellement à lui et lui dit d'aller au pays qu'Il
lui montrerait. Il ne lui dit pas, tout d'abord, de quel pays il s'agissait. Dieu voulait qu'Abram le suivît
sans savoir où il allait; cela impliquait de la part d'Abram une entière confiance en Celui qui le conduisait. Il est certain qu'au début, la foi d'Abram était faible et chancelante; il attendit jusqu'à la mort de
Térakh, mais après tout il partit simplement avec Dieu, ne sachant où il allait.
Nous devons introduire la foi dans chaque détail de la vie journalière. Sommes-nous un Abel apportant à Dieu un sacrifice acceptable? Sommes-nous un Énoch marchant avec Dieu? Sommes-nous un
Noé condamnant le monde? Sommes-nous, comme Abram, un témoin pour Dieu, ou encore comme
les Thessaloniciens, qui, de même que lui, s'étaient tournés des idoles vers Dieu pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils? (Comparez Josué 24, 2, 14 - 1 Thessaloniciens 1, 9,
10.)
Réalisons-nous suffisamment dans nos cœurs ce que c'est que d'être un chrétien? Nous sommes heureux de nous savoir sauvés et d'avoir l'assurance d'être bénis dans le ciel à la fin, mais qu'en est-il de
notre appel céleste? Si nous disons: «notre bourgeoisie est dans les cieux », Il ne nous laissera, pas
nous installer ici-bas. Il veut que nous soyons pèlerins et étrangers. Nous aimons à faire les plans et à
nous arranger confortablement dans la vie, mais Dieu renverse tout cela. Quand nous demandons dans
nos prières à être rendus conformes à Christ, voulons-nous dire par là que nous désirons d'être débarrassés de tout ce qui peut être un obstacle à une telle ressemblance ? Il veut la réalité dans nos prières.
Abram s'en alla ne sachant où il aillait, il alla avec Dieu seul. C'est ce que nous devons faire, et pour
cela il nous faut une foi simple.
Au verset 9, la foi d'Abraham brille d'une façon touchante et d'une manière qui nous humilie souvent, car nous sommes bien capables de laisser nos enfants en dehors de la bénédiction. Hébreux 11
nous montre deux exemples d'enfants amenés à la même place que leurs parents: Noé construisit une
arche pour lui-même et pour sa maison, Abraham demeura sous des tentes avec Isaac et Jacob, héritiers avec lui. Remarquons qu'ici, il est parlé non seulement du fils, mais aussi du petit-fils. Ce qu'il
nous faut c'est une foi qui prenne Dieu au mot; s'il en est ainsi que n'aurons-nous pas? Certainement
des bénédictions sans nombre pour nous-mêmes et pour les autres.
C'est la conscience que Dieu était présent et le conduisait, qui rendit Abraham capable d'aller vers
un pays qu'il ne connaissait pas et d'emmener toute sa famille avec lui.
À mesure que nous avançons dans ce chapitre, nous voyons de plus en plus comment la foi reçoit
toute chose des mains de Dieu, même les plus naturelles et les plus simples. En lisant le verset 10, il
est bon d'avoir présent À l'espriT, que ni l'homme ni Satan n'ont Jamais rien créé. On pouRra alors se
demander: Dieu a-t-il vraiment créé telle et telle chose que l'on voit maintenant si manifestement opposée à ce qu'Il est? Certainement Il l'a fait, mais une chose devient mauvaisE par l'usage, l'abus qu'en
fait l'h/mme la rend oPposÉe à Dieu. Dieu a crée la cité, c'étAit une pensée divine et non humaine, de
sorte qu'Abraham pouvait attendre une cité, mais c'était celle « qui a les fondements, de laquelle Dieu
est l'architecte et le créateur». Quand les hommes commencèrent à construire une ville, ils le firent en
manifestant leur méfiance à l'égard de Dieu, ils voulurent se faire un nom et ne pas être dispersés Sur
la surface de la terre dont Dieu avait dit qu'ils devaient la remplir. Le temps arrêté par Dieu pour l'édification d'une cité n'était pas encore venu, aussi Il confondit le langage de toute la terre et les hommes
furent incapables de finir ce qu'ils avaient entrepris.
Dieu n'avait pas alors de cité, aussi Abraham ne voulut-il pas en avoir et il demeura sous des tentes
attendant la cité de Dieu. Abraham aurait eu grandement tort s'il avait voulu participer aux intérêts
d'une cité. Cela est pour nous d'une grande portée pratique, nous devons considérer si nous voulons
être sans cité et sans droit de cité, ou si, au contraire, nous désirons avoir un nom ici-bas. Le monde retient dans ses annales le nom des hommes qui ont été grands à ses yeux, mais Dieu a, Lui aussi, ses
annales dans lesquelles Il consigne tout ce que nous faisons, soit bien, soit mal; Il nous a donné dans
les quatre évangiles un exemple de ce que sont ces annales, nous avons là la relation de, ce que le Seigneur Jésus a fait dans la mesure où il a plu à Dieu de nous le conserver pour notre joie présente et
notre bénédiction. Le reste, nous le connaîtrons bientôt dans le ciel, rien n'a été perdu ou négligé. Dieu
sait tout ce que son Fils bien-aimé a dit et fait et Il l'a précieusement gardé; quel trésor ce doit être si
nous nous reportons à Jean 21, 25. Dieu note aussi tous nos actes, toutes nos paroles et nos pensées et
tout ce qui sera trouvé dans son livre déterminera notre place de dignité dans le ciel.
Nous devons bien comprendre que ce n'est pas une question de salut mais de récompense. Tous
ceux qui sont sauvés seront dans le ciel, mais tous n'y auront pas la même place. Le Seigneur Jésus aura naturellement la place la plus élevée et cela non seulement parce qu'Il est le Fils de Dieu, mais parce
qu'il a toujours pris ici-bas la dernière place et servi Dieu en perfection. Ce n'est pas le plus grand sur
cette terre qui sera le plus élevé au ciel et certains qui ont été parmi les plus pauvre, seront les plus
riches. Cela ne veut nullement dire que nous avons à acheter une place au ciel au moyen de nos
œuvres ici-bas, mais « il faut que nous soyons tous manifestés devant le tribunal du Christ, afin que
chacun reçoive les choses accomplies dans le corps.» (2 Corinthiens 5, 10) et de même qu'« une étoile
diffère d'une autre étoile en gloire, ainsi aussi est la résurrection des morts» (1 Corinthiens 15, 41, 42.)
Ceux qui pour l'amour de Christ n'ont rien eu ici-bas auront une riche part en haut.
Au verset 11, nous avons la foi comme véritable source de la vie domestique. Nous trouvons Sara figurant dans les mystères de Dieu, pour ce que nous pourrions appeler les choses les plus natuœ11ers.
Sa foi compte sur Dieu et Dieu nous fait voir ce qui est de Lui, car Il attend pour agir qu'il n'y ait plus
d'espérance du côté de la nature. Il leur avait promis une semence, Abraham devait devenir une grande
nation, et cependant ils n'avaient pas de fils. Comment cela se réaliserait-il ?
La foi attend la réponse de Dieu, et dans un sens, Sara devint la mère de Christ, car d'Isaac est issu
Juda et de Juda est sorti le Christ. N'est-il pas remarquable de voir comment Dieu, dans ses archives,
passe sous silence tant de taches et de manquements que nous saurions trouver au sujet d'Abraham et
de Sara? Il passe même sur le rire de Sara et ne rappelle que sa foi.
Au verset 13 il nous est dit: «Tous ceux-ci sont morts dans la foi ». Dans la mort naturelle ellemême, la foi était en activité, ce n'est pas par la foi, ou selon la foi, mais dans la foi. Leur foi tenait
ferme les choses invisibles, et ils moururent dans la certitude de les posséder. Leur mort n'était pas, selon l'expression usuelle, payer sa dette à la nature, mais une énergie de vie divine qui agissait dans la
mort.
C'est une chose de voir les choses de loin et c'en est une autre toute différente de les saisir. Abraham
saisit les promesses et cela fit de lui un pèlerin.
Ce n'est pas qu'il y ait aucun mal à avoir une maison et à demeurer dans une ville, cela peut être très
convenable pour nous dans un certain sens, mais il peut y avoir du danger dans l'emprise que ces
choses exercent sur nos cœurs. Nous devons, dans toute notre manière d'être ici-bas, manifester que
nous sommes des étrangers et déclarer intelligiblement que nous cherchons une patrie. Il est évident
que nous devons employer les choses terrestres, mais elles ne doivent pas faire l'objet de nos cœurs. Il
suffit parfois de bien peu de choses pour nous bouleverser et nous priver de la communion avec le
Seigneur: nous pouvons vite nous mettre en colère et parler légèrement. Quand Lot choisit le chemin
qu'Abraham aurait pu préférer, ce dernier dit simplement: « Qu'il n'y ait point de contestation entre
moi et toi... si tu prends la gauche j'irai à droite. ». La chose n'avait aucune emprise sur son cœur et il
pouvait dire qu'il accepterait tout plutôt qu'une querelle.
Nous devrions manifester clairement dans chaque petit détail de la vie que nous attendons une patrie.
En est-il ainsi et le monde voit-il une différence entre nous et lui, en toute chose? Puisse-t-il en être
ainsi par la grâce de Dieu.
C.W.
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INTRODUCTION À L'ÉTUDE DES ÉVANGILES
Jean 10
(Suite de la page 182)
Au chapitre 10, le Seigneur développe les voies de la grâce dans un contraste nouveau avec le système juif, et en rapport avec l'homme chassé de la synagogue, mais trouvé par Lui, en dehors du judaïsme, où la vraie adoration est impossible. Après avoir vu l'histoire spirituelle d'une brebis de Christ,
nous trouvons ici la manifestation des voies de la grâce en la personne du Berger lui-même, depuis le
commencement jusqu'à la fin de sa vie. «En vérité, en vérité, en vous dis: Celui qui n'entre pas par la
porte dans la bergerie des brebis, mais qui y monte par ailleurs, celui-là est un voleur et un larron.
Mais celui qui entre par la porte, est le berger des brebis. À celui-ci le portier ouvre; et les brebis écoutent sa voix. » Jésus était entré par la porte, et conformément à ce que l'Écriture avait annoncé
.touchant sa personne et sa venue; bien qu'il fût Fils, il s'était soumis à toutes les conditions prescrites
par Dieu pour le Berger de son peuple terrestre. Dieu avait pris soin d'indiquer, soit directement, soit
en type, chaque détail au moyen duquel on pût reconnaître la présence du vrai Christ; or l'époque et le
lieu de sa naissance, sa famille, sa mère, tout concordait avec les données exactes de la parole de Dieu,
tout avait été accompli sous ce rapport; son œuvre même était en harmonie avec ce qui avait été prédit
dans la loi et les prophètes. Le jugement des nations et la domination d'Israël, le règne glorieux du
Messie sur la terre, cela, il est vrai, restait encore à accomplir, et demeurait réservé pour d'autres
temps. Dieu avait donc préparé, par sa grâce, quelques cœurs en Israël: Siméon, Anne, Jean-Baptiste,
d'autres encore, à recevoir Jésus comme Celui que les prophètes avaient annoncé; il avait ouvert la
porte au Berger ; puis les brebis écoutaient sa voix, comme nous le voyons dans tous les Évangiles,
surtout en celui de Luc. Ensuite, faisant allusion à ce qui venait de se passer, Jésus ajoute: « Et il appelle ses propres brebis par leur nom, et les mène dehors.» Le mendiant avait bien été exclu de la synagogue, mais lie Seigneur interprète à sa manière la méchanceté des pharisiens: l'homme chassé par
eux ne se doutait pas que le résultat de son témoignage était réellement dû à la grâce de Jésus, qui av it
eu soin de le mener dehors, en le séparant de cers incrédules, dont le péché toutefois n'était pas atténué
pour cela; car s'ils persécutaient le disciple, c'était par haine de son Maître. « Et quand il a mis dehors
toutes ses propres brebis, il va devant elles. » Jésus avait déjà fait l'expérience de la haine et du mépris
des hommes, mais il lui restait encore à traverser un abîme de douleurs avant d'être séparé corporellement de ses brebis. De toute manière donc, en principe ou en fait, Jésus allait devant elles, et ses brebis
le suivaient, « car elles connaissent sa voix.» La voix de Jésus, voilà leur sûreté, et elles le suivent,
conduites par un instinct spirituel, non point par leur habileté ou leur intelligence à découvrir et à
combattre l'erreur; leur forcie consiste à s'attacher à Christ et à la vérité, parce qu'elles le connaissent.
L'aveugle guéri vient de nous en donner un exemple frappant: en réponse aux objections des pharisiens, ce qu'il connaît de Jésus lui suffit, parce que la nouvelle lumière qu'il a reçue lui découvre leurs
prétentions, leur orgueil, leur fausseté et leur haine. Ils ont beau lui dire: Donne gloire à Dieu, cela
même ne le trompe pas ; ils sont des étrangers pour lui, et « les brebis ne suivront point un étranger,
mais elles s'enfuiront loin de lui, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers.» Le moyen
direct et véritable, le moyen divin de sûreté pour les brebis de Christ ne réside pas dans la puissance de
discerner le mal et l'erreur, mais c'est de connaître sa voix et d'y trouver leur plaisir. Alors, par cela
même, la voix des étrangers n'a aucun attrait pour elles, aucune puissance sur leur cœur. Le mendiant
ne réfute pas les pharisiens en se servant de leur jargon théologique, mais ses simples réponses atteignent directement leur conscience.
Jésus, voyant que cieux auxquels il s'est adressé ne le comprennent point, leur tient un langage plus
direct et plus intelligible: «En vérité, en vérité, je vous dis, que moi je suis la porte des brebis. » Il était
entré par la porte dans la bergerie; mais, malgré cela. Les Juifs qui enfreignaient la loi, ne voulurent
pas recevoir le Berger qui leur était annoncé par la loi et les prophètes; alors il appelle ses propres brebis et les conduits hors du bercail juif, en allant devant elles. Puis il devient Lui-même la porte des
brebis. D'autres (Theudas et Judas, par exemple) avaient prétendu être des bergers, mais «tous, autant
qu'il en est venu avant moi, sont des voleurs et des larrons; mais les brebis ne les ont pas écoutés.»
Après cette parenthèse, le Seigneur insiste encore sur ce qu'il est, Lui seul, la porte non pas uniquement pour les brebis juives, mais aussi pour tout le monde: « Moi, je suis la porte: si quelqu'un entre
par moi, il sera sauvé; et il entrera, et il sortira, et il trouvera de la pâture.» Ici donc, nouveau contraste
avec la loi en la personne de Jésus, qui est la seule porte pour entrer et être sauvé; ce n'est plus, comme
au chapitre précédent, la grâce qui communique la lumière, mais la grâce qui sauve et qui invite chacun, gentils et Juifs, à entrer par la porte, car en dehors de Christ, pais de salut possible; il n'y a qu'une
porte, et il s'agit d'entrer par elle. Puis, outre le salut, voici encore la liberté, en contraste avec l'esclavage de la loi et de plus, la pâture, car la grâce donne toutes choses en Christ ; les brebis trouvent des
provisions abondantes qui ne leur manqueront jamais. Ensuite, le Seigneur continue encore la parenthèse précédente, mais il ajoute: «Moi, je suis venu afin qu'elles aient la vie, et qu'elles l'aient en abondance. » La vie avait bien existé autrefois, sous la promesse et sous la loi, car depuis que la mort était
entrée dans le monde, Christ avait toujours été le seul moyen d'avoir la vie; mais maintenant Lui aussi
était entré dans le monde, et non pas seulement afin que ses brebis eussent la vile, mais afin qu'elles
l'eussent en abondance. C'était une bénédiction tout nouvelle, incomparablement plus élevée que celles
des croyants de l'ancienne alliance, bénédiction digne de la présence du Fils de Dieu, digne de son
abaissement dans ce monde, et de sa mort sur la croix, digne enfin de la gloire de Dieu le Père qui a
été glorifié en Lui.
Après cela, Jésus insiste de nouveau sur ce qu'il avait dit au verset 2: c'est Lui qui est le vrai berger.
Il était le vrai berger du bercail juif, car il était entré par la porte ; mais, obligé de mener ses brebis
hors de ce bercail où il n'avait rencontré que haine de la part des conducteurs du peuple, il devient Luimême la porte par laquelle il faut entrer pour être sauvé; en même temps il reste le berger, et cela en
contraste non seulement avec ceux qui étaient venus pour voler et détruire, mais encore avec d'autres
prétendus bergers qui, sans avoir des motifs aussi infâmes, ne cherchaient cependant que leur profit, et
abandonnaient les brebis au moment du danger. Quelle différence avec Lui! «Moi, je suis le bon berger: le bon berger met sa vie pour les brebis.» - « Moi, je suis le bon berger, et je connais les miens, et
je suis connu des miens, comme le Père me connaît et moi je connais le Père; et je mets ma vie pour
les brebis. » Jésus se montre comme étant le bon berger, parce qu'il connaît ses brebis, et que ses brebis le connaissent, en contraste avec l'homme à gages auquel les brebis n'appartiennent pas en propre
(vers. 12) ; or la manière dont les brebis de Christ le connaissent est tellement divine, tellement admirable, qu'elle ne peut être comparée qu'à une chose: «Comme ... moi je connais le Père; » voilà où la
grâce nous a placés! D'autre part, Jésus ne connaît pas seulement ses brebis comme son Père le connaît, de sorte qu'à tous égards la connaissance réciproque de Jésus et de ses brebis correspond à celle
de Jésus et du Père, mais il met sa vie pour elles. Ensuite, il s'agit d'autres brebis encore que celles
d'entre les Juifs: «Et j'ai d'autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie; il faut que je les amène elles
aussi ; et elles écouteront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger. »
Au reste, le plaisir du Père ne reposait pas sur Jésus seulement parce qu'il mettait sa vie pour ses
brebis, mais parce qu'il laissait sa vie: « À cause de ceci le Père m'aime, c'est que moi je laisse ma vie,
afin que Je la reprenne. Personne ne me l'ôte, mais moi, je la laisse de moi-même.» Ce n'est donc point
seulement pour ses brebis qu'il est mort, mais afin de prouver sa confiance absolue et parfaite en son
Père. Jésus ne pouvait donne davantage que sa vie; c'était l'abandon de Lui-même non pas simplement
en vue de délivrer ses brebis, mais, chose plus glorieuse, plus admirable encore, afin de manifester
comme homme sa confiance inébranlable en son Père, dans un monde où l'homme avait continuellement déshonoré Dieu. Jésus, pendant tout le cours de sa vie terrestre, avait manifesté en pensées, en
paroles, en actes, la perfection d'un homme vis-à-vis de Dieu; sa vie montrait ce que c'est que la vie
d'un homme dépendant de Dieu; mais il l'a laissée afin de manifester cette dépendance d'une manière
plus merveilleuse encore, et le Père l'aime à cause de ce qu'il a été non seulement en sa vie, mais en sa
mort. Toutefois une vérité étonnante nous est encore révélée: laisser sa vie était un acte de la volonté
souveraine de Jésus, aussi bien que la preuve de son obéissance entière à celle de son Père; ainsi le
même acte émane à la fois de sa volonté personnelle et dé sa soumission à celle de son Père. « Personne ne me l'ôte, mais moi, je la laisse, de moi-même; j'ai le pouvoir de la laisser, et j'ai le pouvoir de
la reprendre: j'ai reçu ce commandement de mon Père.» La clef de ce mystère se trouve au verset 30 :
« Moi et le Père, nous sommes un. » Ils étaient un dans son amour pour les brebis, un dans leur nature
divin d'où provenait naturellement la grâce en faveur de l'homme, un en toutes choses.
Après cela, Jésus reparle encore de ses brebis (vers. 27), et montre qu'elles sont dans une sûreté parfaite, chose importante, puisque le Berger allait mourir. Cette mort devait-elle mettre les brebis en
danger? Bien au contraire: «Mes brebis écoutent ma voix, et moi je les connais, et elles me suivent, et
moi, je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais; et personne ne les ravira die ma main. »
S'il ne s'agissait que du don de la vie éternelle, on pourrait objecter que la possession durable de cette
vie dépend peut-être d'une condition à remplir par ceux qui l'ont reçue. Loin de là, ce n'est pas seulement la vie qui est éternelle en sa nature, mais les brebis elles-mêmes ne périront jamais. Enfin, si la
sécurité des brebis ne dépend pas de leur faiblesse morale, y a-t-il toutefois quelque puissance extérieure à craindre pour elles ? Non, sous ce rapport aussi, rien qui leur doive causer la moindre inquiétude. Un seul pourrait en inspirer, un seul en aurait le droit, Dieu lui-même, qui est au-dessus de tout;
mais c'est précisément entre ses mains qu'elles se trouvent, entre les mains du Père comme entre celles
du Fils. Oui, le Berger allait mourir; mais cette mort même était leur sûreté. Il avait en Lui la vie éternelle, et la puissance de cette vie sur la mort serait prouvée par sa résurrection, dont le résultat devait
être une abondance de vie pour les brebis. Elles sont pour toujours à l'abri de tous les dangers possibles.
Comme les Juifs lèvent de nouveau des pierres pour le lapider, parce que, étant homme, il se faisait
Dieu, Jésus réfute leur objection par ces paroles: «N'est-il pas écrit dans votre loi: Moi j'ai dit: Vans
êtes des dieux? S'il appelle dieux ceux à qui la parole de Dieu est venue, (et l'Écriture ne peut être
anéantie), dites-vous à celui que le Père a sanctifié, et qu'il a envoyé dans le monde: Tu blasphèmes,
parce que j'ai dit: Je suis le Fils de Dieu? » Il est évident que si leurs rois, leurs juges, leurs gouverneurs, avaient été appelés dieux, comme pouvoirs ordonnés de Dieu et manifestant ici-bas son caractère d'autorité et de jugement, Jésus avait à plus forte raison le droit de se nommer Fils de Dieu, Lui
qui avait été directement envoyé du ciel; or, qu'il fût Fils de Dieu, ses œuvres mêmes le prouvaient surabondamment, car jamais personne n'en avait opéré de pareilles. Le fait que Jésus insiste sur ses œuvres en contraste avec ses paroles, relie ce chapitre au précédent, tandis qu'au 8ème, c'est sa parole qui
est repoussée. Le voilà donc ouvertement rejeté à tous égards, soit comme étant l'expression de Dieu
en ce monde, soit comme faisant les œuvres de la grâce au milieu des hommes, et manifestant de cette
manière les œuvres de Dieu. (9, 3.)
La haine des Juifs ne connaît plus de bornes, leur seule pensée est de se débarrasser de Lui, et Jésus
les quitte pour se rendre à l'endroit où Jean avait baptisé au commencement.
(À suivre)
_______________________________
AVEC TOUS LES SAINTS
Éphésiens 3, 18.
Il est deux façons de tomber dans le sectarisme. Nous pouvons nous placer sur un terrain nettement
sectaire en nous associant avec des croyants unis par le lien d'une interprétation commune de points
particuliers de doctrine touchant le gouvernement de l'Église. Nous pouvons d'autre part, tout en professant nous tenir sur le terrain de l'Église de Dieu, devenir sectaires en rétrécissant nos pensées, notre
intérêt et nos affections aux quelques-uns avec qui nous exprimons la communion. Dans les deux cas,
nous sommes hors de la pensée de Dieu. Quelques illustrations tirées de l'Écriture éclaireront et justifieront pleinement ce point de vue.
Après le retour du résidu de Babylone et quand, malgré bien des négligences et des infidélités, ils eurent achevé la construction de la maison de Dieu, encouragés par Aggée le prophète et Zacharie fils
d'Iddo, on vit s'assembler tous ensemble «les fils d'Israël, les sacrificateurs et les lévites, et le reste des
fils de la transportation », et ils « célébrèrent la dédicace de cette maison de Dieu avec joie» (Esdras 6,
14-17).
De fait, ces «fils d'Israël» ne constituaient qu'un faible résidu des tribus de Juda et de Benjamin,
outre les sacrificateurs et les lévites. Dans un tel moment ils auraient pu être tentés d'oublier, peut-être
même d'exclure, ceux de leurs frères qui n'avaient pas répondu à la proclamation de Cyrus, et ne
s'étaient pas joints à eux pour retourner au pays de leurs pères qui leur avait été donné par l'Éternel
leur Dieu. Préférer la vie de Babylone, facile malgré la captivité, plutôt que de partager l'affliction .de
ceux que l'Esprit de Dieu avait réveillés et préparés à affronter les dangers d'un long voyage aussi bien
que les périls attachés à leur habitation dans un pays qui était maintenant au pouvoir de leurs ennemis,
est-ce que cela ne leur enlevait pas tout droit à faire partie du peuple de Dieu? Un esprit dur aurait raisonné ainsi, mais ce pauvre résidu, si misérable que fût sa condition, possédait la pensée de Dieu. C'est
pourquoi, à cette fête de la dédicace du temple, ils offrirent en plus des autres sacrifices, «un sacrifice
pour le péché, pour tout Israël, douze boucs, selon le nombre des tribus d'Israël ». Le cœur de Dieu
embrassait tous lies fils d'Israël, car Il ne les avait pas choisis à cause de ce qu'ils étaient, mais parce
qu'Il les aimait et pour garder le serment qu'Il avait juré à leurs pères (Deutéronome 7, 7 et 8). Si
grande que fût leur infidélité et où qu'ils fussent dispersés sur la face de la terre, ils étaient toujours son
peuple; c'est pourquoi, en pleine communion avec la pensée et le cœur de Dieu, le résidu fidèle pouvait représenter tout Israël dans le sacrifice pour le péché qu'il offrait ce jour-là. S'il en avait été autrement, si ces fils de la transportation avaient oublié leurs frères et qu'ils eussent été tentés de se croire
eux seuls les objets des pensées de Dieu, ils auraient constitué une secte et rien de plus, en dépit du fait
que leur position présente paraissait mettre en évidence leur obéissance et leur fidélité. Comme on l'a
souvent remarqué, alors que les pieds doivent demeurer dans un sentier étroit, le cœur doit rester large.
Occupons-nous maintenant d'une autre scène, bien antérieure. C'était aux jours d'Élie le Thishbite,
un des plus sombres moments de l'histoire d'Israël. Achab avait laissé sa femme Jésabel séduire les
serviteurs de Dieu, en les entraînant à commettre la fornication et à manger des choses sacrifiées aux
idoles (Apocalypse 2, 20). Israël était devenu apostat. Il y avait, il est vrai, sept mille hommes que
Dieu connaissait et qui n'avaient pas fléchi le genou devant Baal, mais Élie le Thishbite était le seul
représentant d'un témoignage public à la vérité de Dieu. Dans l'énergie de l'Esprit de Dieu, il fait face à
l'idolâtrie et défie les prophètes de Baal. Du matin jusqu'au soir, ces misérables prophètes offrirent des
sacrifices et prièrent, et en témoignage de leur dévotion «ils crièrent à haute voix et se firent des incisions selon leur coutume, avec des épées et des piques jusqu'à faire couler le sang sur eux... et ils prophétisèrent jusqu'à l'heure où l'on offre le gâteau; et il n'y eut pas de voix et personne qui répondît et
personne qui fît attention» (1 Rois 18, 29).
C’était maintenant le tour d'Élie, seul, répétons-le, comme témoin public; seul en face de la masse
servile hésitant entre Dieu et Baal; seul en face des apostats déclarés. Son premier acte fut de re1ever
l'autel de l'Éternel qui avait, été renversé: l'état de l'autel était la manifestation de l'état du peuple.
Alors «Élie prit douze pierres, selon le nombre des tribus des fils de Jacob, auquel vint la parole de
l'Éternel, disant: Israël sera ton nom ; et il bâtit avec les pierres un autel au nom de l’Éternel» (1 Rois
18, 31). Il n'y avait jamais eu d'époque si sombre et si propre à décourager un serviteur de Dieu,
comme Élie le fut d'ailleurs par la suite comme nous le lisons au chapitre suivant. Mais au Carmel, faisant face à l'ennemi et soutenu par la puissance du Saint Esprit, il fut rendu capable de s'appuyer sur
Dieu et sur sa fidélité, de sorte que sa foi put embrasser les douze tribus; l'homme de foi ne saurait
abandonner ce que Dieu n'abandonne pas, aussi proclame-t-il, en dépit de l'apostasie et de la rébellion,
l'unité du peuple de Dieu. Rempli des pensées de Dieu, il lui appartient de se mouvoir sur ce terrain de
l'unité du peuple : si Élie en avait, même involontairement, adopté un autre moins étendu, il aurait été
sectaire. On peut ajouter qu'il ne peut y avoir de place pour le découragement, même au milieu d'une
période de grande confusion et d'éloignement de la vérité, aussi longtemps que nous sommes en communion avec le cœur de Dieu au sujet de son peuple. La triste condition de celui-ci sera surtout un aiguillon pour nous inciter à un service continuel à son égard, soit en exercices soit en prière.
Prenons un autre exemple. Quand Paul parlait pour lui-même devant Agrippa, il dit : « Et maintenant
je comparais en jugement pour l'espérance de la promesse faite par Dieu à nos pères, à laquelle nos
douze tribus, en servant Dieu sans relâche, nuit et jour, espèrent parvenir» (Actes 26, 6, 7). Regarder
aux douze tribus telles qu'elles étaient alors pouvait sembler bien difficile. Dix tribus étaient perdues,
les deux qui avaient été ramenées de Babylone avaient crucifié leur Messie, et elles cherchaient maintenant à faire mourir son serviteur Paul. Cependant la foi se réclame de toutes et les voit toutes servant
Dieu nuit et jour, en vue de l'accomplissement des promesses faites aux pères. De même, dans le désert, quel que fût l'état moral du camp, les douze pains couverts d'encens pur étaient offerts en permanence, sur la table d'or du lieu saint, devant l'Éternel. C'est ainsi que la foi entre dans les pensées et les
desseins de Dieu, et voit les choses comme elles existent devant Lui.
Venons-en, maintenant, au passage cité en tête de cet article. Nous y trouvons appliqué le même
principe. L'apôtre demande dans ses prières, que les Éphésiens puissent comprendre avec tous les
saints, quelle est la largeur et la hauteur... etc. Le moment venait, s'il n'était pas venu déjà, où la vérité
serait perdue de vue, où tous ceux qui étaient en Asie se détourneraient, où Démas abandonnerait
l'apôtre, ayant aimé le présent siècle; les Corinthiens étaient sur le point de renier son autorité apostolique ; mais, malgré tout cela, étant en communion avec le cœur de Dieu, il ne pouvait pas ne pas exposer devant le Père de notre Seigneur Jésus Christ les désirs qui remplissaient son cœur à leur égard.
L'amour de Dieu Lui-même embrassait tous ses enfants, dans son désir de les voir croître et progresser, objets de ses soins perpétuels de tendresse et de grâce. L'apôtre agissait de la même façon.
La leçon est facile à comprendre. Nous devons, nous aussi, de la même manière, comprendre tous les
saints dans nos affections et nos prières Il convient de remarquer que cet élargissement du cœur en
vue duquel nous plaidons, n'a rien à voir avec l'élargissement de notre sentier. Christ est notre modèle
dans les deux cas. Si nous devons nous aimer les uns les autres comme Il nous a aimés (Jean 15, 12)
nous devons aussi marcher comme Lui a marché (1 Jean 2, 6). Puissent ces deux choses être manifestées en nous de façon croissante, à la gloire du Nom béni de notre Seigneur et Sauveur.
E. D.
_______________________________
LETTRE DE H. R.
A M. U. D.
7 avril 1913:
Bien cher frère,
Votre lettre m'a fait grand plaisir en m'apportant des nouvelles de vous tous et quelque espoir de
vous voir une fois de nos côtés. Je suis certain que votre visite réjouirait les frères, sans parler de moimême. Voici quels sont mes projets, s'il convient au Seigneur d'y mettre son approbation. Depuis
l'Ascension à la Pentecôte y comprise, je pense être à Genève. De là jusque vers la fin de mai, à Bâle.
De retour à Vevey pour le mois de juin, puis la campagne en été et une espèce de détente qui devient
une nécessité à mon âge.
Je me hâte de répondre à vos questions. La question des «anges qui ont péché» (2 Pierre. 2, 4) Se
rapporte à Genèse 6, tout mystérieux que soit ce passage. C'était du reste la pensée qui prévalait dès le
commencement du christianisme, (et, si je ne me trompe, aussi chez les Juifs). Les frères ont beaucoup
contribué à accréditer l’opinion que les fils de Dieu étaient de la race de Seth, ce que je crois absolument injustifié.
Représentez-vous des frères, épousant des païennes et engendrant des géants! Je ne suis nullement
coupable de l'article du Messager de 1867, n'ayant été rédacteur que depuis 1870. J'ai cependant laissé
une fois un passage douteux sur ce sujet dans le Messager, pensant qu'en ces questions secondaires et
dont on tirait des conclusions morales utiles, il ne fallait pas se montrer trop intransigeant. Cependant,
encore dernièrement, j'ai supprimé un passage des articles sur les patriarches qui affirmait que c'étaient
les fils de Set et l'ai remplacé par une assertion contraire. Par contre, en rééditant la Genèse de Mc. Intosh, je l'ai laissé subsister autant que je m'en souviens, ne me sentant pas responsable de cet ouvrage.
Vous trouverez dans mon traité sur «Jude ou les derniers jours de la chrétienté» ma conviction absolue
sur ce passage. Du reste, ma conviction importe fort peu, mais c'était celle de J. N. D. (publiée dans
ses lettres anglaises) et de W. Kelly qui a touché la question un peu plus longuement ; c'est en général
actuellement celle des frères. J'insiste sur le fait que la Parole est à dessein mystérieux sur ce sujet et,
aussi dégoûtant à sa manière que le péché contre nature de Sodome. Et je crois que nous avons à garder la même retenue.
……………………………………
ORDRE DANS L'ASSEMBLÉE
L'apôtre Paul avait laissé Tite en Crète afin, lui dit-il, « que tu mettes en bon ordre les choses qui restent à régler, et que, dans chaque ville, tu établisses des anciens, suivant que moi je t'ai ordonné» (Tite
1, 5). Des âmes avaient été amenées à la connaissance de la vérité, des assemblées formées, il convenait que l'ordre selon Dieu y fût vu et maintenu. Le témoignage que l'Assemblée est appelée à rendre,
et celA est vrai Pour chaque AssemBlée locale, est incompatible avec le désordre: tout désordre ternit
le, témoignage et peut même aboutir à sa destruct)on, ce qui est le but poursuivi par l'adversaire.
L'ordre selon Dieu est celuI qui est enseigné par lA Parole de Dieu et c'est l'Esprit de Dieu qui nous
donne la sagesse et le discernement nécessaires pour mettre en pratique ses enseignements, la puissance qui .convient pour rejeter tout ce qui serait, dans l'assemblée, un élément de désordre. Le rassemblement des saints, le service, les rapports fraternels, la marche pratique de chacun, d'une manière
générale tout ce qui concerne la vie de l'assemblée doit manifester les caractères de l'ordre que Dieu
désire voir maintenu dans son témoignage afin qu'y brille quelque chose de sa gloire. «Dieu n'est pas
un Dieu de désordre» (1 Corinthiens 14, 33).
Timothée et Tite avaient reçu de l'apôtre inspiré des instructions particulières concernant l'assemblée; le premier devait plus spécialement veiller sur la saine doctrine, le second sur l'ordRe de la
maison de Dieu. MaIS les deux choses sont étroitement liées; c'est pourquoi, d'une part, Timothée
pouvait lire dans la lettre qui lui était adressée: «Je t'écris ces choses... afin que tu saches comment il
faut se Conduire dans la maison de Dieu, qui est l'assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien
de la vérité» et, d'autre pArt, Tite était exhorté à «annoncer les choses qui conviEnnent au sain enseignement» (1 Timothée 3, 14, 15 ; Tite 2, ). Par conséquent, pour savoir comment « il faut» se conduire dans la maison de Dieu, pour que l'ordre y soit maintenu, il est nécessaire de connaître et de
mettre en pratique la saine doctrine, le sain enseignement. Il restera toujours vrai que l'on ne peut agir
selon la pensée de Dieu si d'abord on ne la connaît. De là l'importance de l'exercice du ministère dans
l'assemblée. Il convient que les âmes soient nourries et fortifiées en étant occupées de Christ ; c'est le
premier point, il est fondamental et nous l'oubLions trop souvent qu'elles soient instruites, mises en
présenCe des enseignements de la Parole et exhortées à les suIVre.
No-br%ux Sans doute sont CeUx qui pEnsent qUe là se borne le service À remplir et
qUi manIfestent eNsuIte qUelque surprise lorsque apparaissenT et persistent Certains déSordres.
C'est oublier que si l'exercice des dons est nécessAire, celui des chargEs locales nE l'Est Pas moIns.
N'eSt-ce pas trOp souveNt pErdu de vue? Certes, il ne saurait être question de choi3ir Tel ou tel frère
pour lui confier une charge d'ancien, puisque la Parole nous l'enseigne, seul l'apôtre, ou son délégué,
avait l'autorité de le faire. Si cette désignation des anciens avait été de la compétence de l'assemblée,
ce n'est pas à Tite que l'apôtre aurait demandé de les établir mais bien à l'assemblée elle-même (Tite 1,
5). Cependant, il est à désirer que des frères aient à cœur d'aspirer à la surveillance (1 Timothée 3, 1),
dans l'esprit dans lequel la Parole demande qu'elle soit exercée. De tels frères doivent être coNnus et
estimés «à cause de leur œuvRe» (1 Thessaloniciens 5, 12, 13). Il ne doit y avoir chez eux aucune prétention à exercer une quelconque autorité mais, au contraire, la manifestation des caractères qui nous
sont indiqués dans des passages comme 1 Timothée 3, 1 à et Tite 1, 6 à 9 pAr exemple. C'est ce qui
donnera à l'ancien l'autorité morale nécessaire pour remplir sa charge il doit d'une parT, présenter
certaines qualités, d’avoir unE conduite personnelle « irréprochable » et, d'autre part connaître les
Écritures et manifester un réel attachement à la Parole. Les plus belles qualités morales ne peuvent suffire; elles pourraient même, si elles n'étaient accompagnées de la connaissance intelligente de la Parole, conduire un ancien à engager un frère ou une sœur à une marche qui ne serait, pas selon l'enseignement de l'Écriture.
Tite 1, 9 nous montre qu'une double charge incombe à l'ancien: exhorter par un sain enseignement,
réfuter les contredisants. Les deux impliquent une profonde connaissance de la vérité de Dieu puisée
dans la Parole inspirée. L'exhortation doit toujours être faite «avec toute longanimité et doctrine »,
qu'il s'agisse de l'exhortation présentée par le ministère (2 Timothée 4, 2) au par l'ancien dans l'exercice de sa charge; une exhortation qui n'a pas une base scripturaire est sans puissance aucune, c'est de
la banne morale chrétienne peut-être, mais pas autre chose. De même, pour «réfuter les contredisants»
il faut présenter la Parole, «épée de l'Esprit », arme dont le Seigneur s'est servi, lors de la tentation au
désert, pour repousser l'adversaire et lui fermer la bouche. Les versets 10 et suivants de Tite 1, nous
donnent les caractères des « contredisants » et montrent bien qu'ils sont en fait des instruments entre
les mains de l’adversaire ; pour leur « fermer la bouche» (v. 11) il faut l'autorité et la puissance de la
Parole.
L'ancien doit donc, nous venons de le voir, manifester les vertus qui lui donneront une réelle autorité
morale et, d'autre part, connaître les Écritures. Peut-être ne sera-t-il jamais appelé à présenter la Parole
dans l'exercice d'un ministère dans l'assemblée, et il en sera ainsi s'il n'a pas reçu un don pour cela ; et
se limitera-t-il à ce qui correspond exactement à sa charge selon Tite 1, 9: «exhorter par un sain enseignement» et « réfuter les contredisants ». Nous touchons là précisément une des distinctions qui existe
entre l'exercice d'un ministère et celui d'une charge d'ancien. Qu'un frère ayant un don de pasteur ou de
docteur, parlant comme «oracle de Dieu », présente la Parole dans l'assemblée, chacun est responsable
d'écouter et de recevoir ce qui est ainsi donné comme venant de Dieu. Celui qui exerce son ministère
pourra faire, de la Parole, une application plus ou moins directe, selon que Dieu le lui donnera, aux
circonstances et aux besoins de ceux auxquels il s'adresse, mais là s'arrête son service public. !lest
certes à désirer qu'il continue son service, mais alors dans le secret, demandant à Dieu de bénir sa Parole et de produire Lui-même des fruits en chacun de ceux qui l'ont entendue. Tandis que d'une manière générale un ancien s'adressera à un frère ou à une sœur dont marche est de nature à porter atteinte au bon ordre qui doit régner dans l'assemblée de Dieu; il saura lui présenter les exhortations nécessaires, basées sur le «sain enseignement», toucher son cœur, parler à sa conscience, de telle manière
que soit redressé ce qui doit l'être et que l'ordre soit maintenu. L'ancien a connaissance des faits, des
circonstances qui motivent son intervention et c'est ce qui l'amène à agir; un pasteur ou un docteur,
exerçant son ministère dans l'assemblée, peut donner, conduit par l'Esprit de Dieu, la parole à propos
sans avoir aucune connaissance de l'état de ceux auxquels il s’adresse.
Que des « contredisants » viennent exercer parmi les saints leur activité subversive, se révélant
comme «insubordonnés vains discoureur et séducteurs », sans doute le ministère pourra-t-il s'exercer
pour la présentation de la vérité et son application à l'état des âmes, mais c'est aux frères remplissant la
charge d'anciens qui incombe la responsabilité d'intervenir auprès d'eux. C'est aux anciens qu'il appartient, ayant rappelé les enseignements de la Parole, d'en faire l'application pratique dans les circonstances survenues. Cela demande beaucoup de discernement spirituel et implique, par conséquent, une
vie de piété, dans la crainte du Seigneur et la jouissance d’une vraie communion avec Lui.
Ne nous arrive-t-il pas de soupirer parfois, en pensant à telle ou telle circonstance: « Que de désordres, ici et là ! » Nous exprimons sans doute une réelle tristesse en considérant un état de choses qui
n'est pas à la gloire de Dieu, mais n'y a-t-il pas dans de telles paroles un certain découragement ? Nous
oublions que Dieu nous donne toutes les ressources nécessaires pour que dans sa maison, soit maintenu l'ordre qui convient. Que d'assemblées peut-être dans lesquelles il ne semble pas y avoir un seul
frère remplissant vraiment une charge d'ancien! Doit-on être surpris si l'on y voit surgir quelque désordre, relâchement dans la marche ou activité de contredisants?
Que Dieu veuille nous réveiller Et nous exer#er à cet égarD! Que dans les assemblées, Il mette LuImême au cœur de frères fidèles le désir de remplir la si utilE charge d'ancien, indispensable, pouvonsnous dire, pour que l'ordre soit maintenu! Que, pour cela, Il accorde de maNifester les qualités et Les
vertus, enseignées par l'apôtre en 1 Timothée 3 et Tite, 1, qui leur donneront l'autorité morale sans laquelle ils failliraient à leur tâche! Qu'Il leur donne aussi cette connaissance intelligente de la Parole,
nécessaire pour « exhorter par un sain enseignement,» et «réfuter les contredisants » ! Qu'enfin, Il les
enseigne et les dirige Lui-même pour toute action à exercer, dans l'amour mais avec fermeté, afin
qu'un bel ordre soit vu dans l'assemblée et que le nom du Seigneur y soit glorifié en toutes choses!
P. F.
______________________________
COLOSSIENS 2
Ce chapitre nous donne d'importantes mises en garde contre l'ingérence deúl'hommE dans la merveilleuse révélation que Dieu nous donne. Il est bon que le cœur tienne ferme la vérIté fondamentale
que tout esT de Dieu et ne doit pas être soumis à la raison -ais reçu par la foi. Plus cette foi sera
simple, plus nous entrerons dans la pensée de Dieu. Nous avons besoin pour cela que, selon la prière
bien connue d'Éphésiens 1, Dieu nous honne «l'esprit de sagesse et de révélation dans sa õonnaissance,
les yeux de notre cœur étant éclairés... », etc.
Ici aussi, Paul exprime le désir de son cœur qu'il y ait partout dans les saints cette connaissance du
mystère de Dieu qui seule est capable de satisfaire l'âme, de telle sorte qu'elle ne recherche rien
d'autre. La commune participation des saints à ces choses unirait leurs cœurs dans l'amour. L'apôtre le
désirait non seulement pour ceux de Colosses, mais aussi «pour tous ceux qui n'avaient pas vu son visage en la chair ». Son ministère s'étendait à l'ÉglIse entière; ce qu'il désirait pour les uNs, il le désiraIt
pour tous, et il combAttait pour eux tous.
Il avait reçu une mission spéciale, l'administration du mystère de Dieu lui était confiée. Ce n'eSt pas
seulemEnt qu il en ressentît la responsabilité, «malheur à moi si je n'évangélise pas », mais les affections de son cœur avaient été gagnées par Christ, comme Celui qui était mort et ressuscité pour lui, et
dont l'amour manifesté en sa faveur alors qu'i, était encore dans ses péchés, le contraiGnait à vivre
maintenant pour Lui.
«Dans le mystère de Dieu sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance.» Si cela
est compris, les paroles les plus séduisantes de l'homme ne tromperont personne. Il peut offrir des
choses de belle apparence, de façon à égarer l'imprudent ou l'ignorant, mais tout cela n'est au plus
qu'une pauvre imitation dont l'ennemi se sert pour distraire les âmes et les éloigner de Christ.
Les quelques mots d'éloge ajoutés ensuite dans un esprit de grâce étaient prOpres à encourager dans
le sentieR de la vertu ceux qui étaient déjà en danger de s'en écarter. C'était, dans la sagesse de l'Esprit,
le vrai moyen de gagner les cœurs, en ne les blâmant pas Pour leurs manquements mais en reconnaissant leur ordre et la fermeté de leur foi en Christ.
Cependant, l'apôtre les exhorte aussitôt à « marcher en Lui» (v. 7), à ne paS se satisfaire des progrès
déjà faits; surtout, il leur fallait tenir toujours plus ferme cELui qu'ils connaissaient déjà. Être enraCinés et édifiés en Lui, tenir ferme Celui qu'ils av:aient connu par grâce, tout cela impliquait la croissance, de toute manière. En Philippiens 3 nous avons aussi Christ à la droite de Dieu comme source de
toute grâce, et de toute bénédiction, et comme objet céleste pour le cœur. Son sentier d'abaissement
ici-bas est également placé devant nous dans cette même épître, car en toute chose nous devons refléter sa pensée et sa marche.
Ce sera seulement si nous avons devant nous un tel objet que notre sentier sera droit, tout le reste ne
serait qu'efforts de la chair. Cette dernière, si sincère que soit l'âme dans ses désirs, succombera sûrement sous la pression intérieure ou extérieure; tout ce qu'elle produira sera une apparence de piété, une
piété de la nature, une chair se prétendant sanctifiée, et non la manifestation de la vie de Jésus dans nos
corps mortels. C'est une tentative toujours infructueuse que d'essayer de marcher comme approuvé de
Dieu, si nous n'avons pas saisi cet objet béni: «Ce que je vis dans la chair, je le vis dans la foi, là foi au
Fils de Dieu qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi» (Galates 2, 20). Le jugement de soimême peut débarrasser notre œil des brumes qui l'ont obscurci, et nous avons certes besoin d'y être
constamment exercés, mais c'est pour que cet œil reste posé sur Christ; voir Christ dans la lumière sans
nuage de la gloire de Dieu communique l'énergie nécessaire pour que notre position soit maintenue
contre lies entreprises de l'ennemi.
La philosophie humaine, les pures spéculations de l'esprit, et de l'imagination touchant les principes
moraux, tracent un chemin qui pour un cœur orgueilleux semble plus aisé, et les fidèles avaient besoin
d'être mis en garde à cet égard. D'un autre côté, les traditions, l'observation de la loi, et d'autres choses
semblables voudraient aussi se recommander à l'esprit et à la conscience, mais après tout elles venaient
après les éléments du monde; quand Dieu eut abandonné ses voies avec l'homme sur ce terrain de la
loi ces choses ne furent plus, elles aussi, que de misérables éléments.
En donnant la loi, Dieu a pris l'homme dans la chair en vue de l'instruire selon certains principes moraux. Si l'homme adoptait de cœur ces principes et les acceptait comme une définition de la justice
humaine, ils l'amenaient à se découvrir incapable de les garder, et il était ainsi manifesté que par nature l'homme était coupable et sans force. Ces commandements devinrent donc un ministère de mort et
de condamnation. Toutefois, cela ne représentait pas toutes les voies de Dieu à l'égard de l'homme, et
moins encore quand ces principes ne furent plus qu'une tradition humaine, si sainte qu'elle pût paraître
en raison de son antiquité même. Christ, un Christ céleste, est maintenant révélé, révélation de l'amour
parfait de Dieu envers l'homme, répondant à tous ses besoins et apportant, en vertu de ses souffrances
et de sa mort expiatoire, le remède à l'état de péché dans lequel cet homme se trouvait. Un Christ ressuscité et glorifié est maintenant la mesure de la place et de l'acceptation de l'homme dans les lieux célestes. Comparées à Christ, toutes les traditions humaines, et même la loi si sainte qu'elle fût et quel
qu'ait pu être le propos de Dieu en la donnant, sont réduites à néant.
Puis vient une chose merveilleuse. « Car en Lui habite toute la plénitude de la déité corporellement;
et vous êtes accomplis en Lui, qui est le chef de toute principauté et autorité. » Il convient, en effet,
que de telles vérités soient rappelées à l'esprit de saints en danger de rechercher un autre chemin: la
plénitude divine, la plénitude de la déité demeurant dans un homme! Quant à la croix elle-même, de
quelle façon frappante n'est-elle pas présentée: « Car en lui, toute la plénitude s'est plu à habiter, et, par
lui, à réconcilier toutes choses avec elle-même, ayant fait la paix par la sang de sa croix» (Colossiens
1, 20). Quelle œuvre complète il a fallu pour que nous fussions nous-mêmes réconciliés!
Les versets 10 à 15 exposent quelques aspects de cette «plénitude» ; on dirait que l'Esprit de Dieu
anticipe tous les besoins que nous pouvons éprouver pour nous montrer qu'il y est pleinement répondu.
Le remède divin étant connu, il n'est aucun besoin de ceux que l'homme proposerait!
Un Juif serait venu avec la circoncision dont il aurait fait valoir l'institution divine; de fait cela se
présenta très tôt, ainsi que nous le montre l'épître aux Galates. En Christ, nous avons la vraie circoncision, le corps de la chair mis de côté, et tout ce à quoI La loi s'applIquaiT ensevEli danS la mort de
Christ. Mais il y a plus Encore, nous avons été « ensevelis avec Lui dans le baptême », noN que nous
soyons restés dans la tombe, mais la foi dan3 l'œuvre De Dieu qui A R%ssuscitÉ ChRist d'entre les
morts Nous a liéS, identifiés aVec lui dans cette nouvElle place devant Dieu.
Mon histoire, en rapport avec la Ruine à laquelle j'étais lié, est close maintenant, une nouvelle commence pour moi, celle d'un homme ressuscité en Christ. Sorti de mon ancienne condition naturelle de
mort dans mes péchés, je suis maintenant dans une condition toute nouvelle, ressuscité ensemble avec.
Lui; et quant aux péchés qui étaient l'expression de mon état précédent, ils sont tous pardonnés. Son
amour nous a apporté une délivrance complète, de telle sorte que, la conscience étant libre de toute
culpabilité, le cœur peut se réjouir en Dieu. Maintenant je ne suis plus devant Lui comme «privé de la
vie de Dieu», mais mon privilège comme vivant en Christ est de vivre pour Lui qui nous a ainsi délivrés
et
rachetés
Il a donc été pouRvu d'Une façon béniE à tous les besoins de ma condition personnelle, mais il y a
encore deux choses qui me sont opposées et tendent à me priver de la bénédiction. La première est la
loi, non pas considérée dans ses droits sur moi, mAis comme donnée au Juif et étant son privilège distinctif: si elle place le JuIf dans une position de privilèGe, elle met en même temps le Gentil dehOrs.
Cette question a été réglée à la croix ainsi que le monTre pleinement Éphésiens 2. La barrière a été
enlevée et il n'y a plus d'obstacle à l'entrée des Gentils dans la pleine faveur de Dieu, dans une proximité que n'avait jamais connue le Juif et encore moins un homme dans la chair.
En second lieu, les principautés et les autorités, sous la domination desquelles je me trouvais, ont
été vaincues. «Ayant dépouillé les principautés et les autorités, il les a produites en public, triomphant
d'elles en la croix» (Colossiens 2, 15). Nous sommes délivrés du pouvoir des téNèbres Et transportés
dans le royaume du Fils de son Amour (Colossiens 1, 13). Ainsi chaque besoin reÇoit sA réponse, Mais non
seul%ment
cela,
toute
bénédiCtio
Que Dieu dans sa sagesse a voulu nOus donner, noUs est aussi conféRée. Que les voies de Dieu sont
merveilleuses ! Nous poUvons bien dive: ‹Qu'est-ce que DieU a fait?»
Si telle est nOtre place de bénédiction, lEs exhortatioNs qui sUiVeNt sonT simples. Je dois refuSer Les orDonnAnces De l'homme et toutes les choses Par lesquelles il voudrait restreindre ma liberté; les accepter serait renier le christianisme. Qu'ont à faire les viandes, les breuvages et les fêtes
avec une vie céleste en résurrection telle qu'est la nôtre? La vie éternelle n'est pas ainsi limitée ou bornée; le corps est du Christ et appartient à une scène différente de celle où nous sommes maintenant
pour un temps. Les fêtes sont des ombres des choses à venir, mais elles se rattachent à la terre, pour
être observées par ceux que leur appel met en relation avec la terre dans la scène de bÉnédiction millénIale.
Nous n'acceptons pAs davantage l'intrus)on de quelques-uns qui se pRésentent soUs une apparence
de fausse humIlité; ceux qui voudraient mettre des anges, des saInts ou des prêtres entre Dieu et Moi,
posant ainsi un obstacle fataL à ma croissance spIrituelle et poUvant mÊme causer ma chute. La véritable humilité accompagne la foi et met Dieu à sa vraie placE comme le donateur
et moi-même comme celui qui reçoiT ses bienfaiTs. S'il convient à Dieu de conférer libéralement les
plus hautes bénédictions aux moins méritants, ce qui nous convient est de recevoir ce qu'Il donne, avec
des cœurs reconnaissants et heureux. De même, nous savons que tout nous est donné en conséquence
du fait que Christ a glorifié Dieu; nous nous trouvons ainsi dans une heureuse liberté devant Lui,
comme identifiés par grâce à la « bonne odeur de cette précieuse offrande. N'oublions pas cependant
qu'une fissure, n'aurait-elle que l'épaisseur même d'une feuille d'or, entre la tête et les membres, est
aussi funeste, quoique moins visible, qu'une large brèche.
Puissions nous toujours réaliser que toute la plénitude est en Lui, de telle sorte que nous jouissions
de Lui continuellement par la foi, et que Lui reçoive la gloire qui Lui est due. Morts et ressuscités avec
Lui, nous sommes à la fois séparés de tout le mal dans lequel l'homme est plongé et amenés à cette
nouvelle scène où «les choses vieilles sont passées; ...toutes choses sont faites nouvelles et toutes sont
de Dieu» (2 Corinthiens 5, 17). Notre privilège est de chercher les choses qui sont en haut où Christ
est assis à la droite de Dieu, de vivre comme étrangers et pèlerins sur la scène où Il a été rejeté, et de
l'attendre, Lui qui est notre vie, pour être manifestés avec Lui quand Il sera manifesté en gloire.
R.T.G.
_________________________________
INTRODUCTION À L'ÉTUDE DES ÉVANGILES
Jean 11-12
(Suite de la page 218)
Bien que l'épreuve fût ainsi terminée, Dieu voulait néanmoins manifester d'une manière éclatante,
par quelques témoignages encore, ce qu'était la gloire du Christ rejeté et qui allait mourir. Considérés à
ce point de vue, les deux chapitres suivants contiennent la même idée. Le 11ème nous montre sa gloire
personnelle dans un événement qu'aucun autre Évangile ne mentionne, et qui contraste précisément
avec la haine et le mépris des Juifs. À Béthanie, aux portes mêmes de Jérusalem, le Fils de l'homme,
rejeté prouve de la manière la plus évidente, la plus admirable, qu'il était le Fils de Dieu, déterminé
Fils de Dieu en puissance, selon l'Esprit de sainteté, par la résurrection des morts (Romains 1, 4). Il
fournit ici la démonstration éclatante que Lui seul pouvait dire ici-bas: «Je suis la résurrection et la
vie», tandis qu'on ne s'attendait, de la part du Messie, qu'à la résurrection des morts au dernier jour de
l'épître aux Romains ne fait pas une allusion particulière à la résurrection de Jésus lui-même, mais il
établit que le fait d'avoir ressuscité des personnes mortes a été la démonstration puissante qu'il était le
Fils de Dieu. Certes sa propre résurrection a prouvé cela d une manière merveilleuse ; mais alors il ne
s'agissait plus de son ministère comme homme ici-bas. Plus tard, en la résurrection des saints, cette
puissance du Fils de Dieu apparaîtra dans toute son étendue. Le passage des Romains exprime donc le
fait d'une manière générale : la résurrection des morts est la preuve capitale que Jésus était le Fils de
Dieu; c'est là que s'est déployée sa puissance divine d'une manière irrécusable. À ce point de vue, il est
facile de comprendre pourquoi l'Évangile de Jean, qui s'attache principalement à faire ressortir la
gloire personnelle de Jésus, comme étant le Fils de Dieu, nous raconte lui seul la résurrection de Lazare, et en l'accompagnant d'une foule de détails qui en précisent le caractère merveilleux. Jésus avait
appliqué cette puissance de résurrection à d'autres morts qu'à Lazare; mais nulle part ailleurs elle n'apparaît à nos yeux d'une manière aussi éclatante, nulle part ailleurs Jésus ne se révèle comme étant la
résurrection et la vie pour le moment actuel, et celui dont la puissance sur la mort ne dépend ni de l'accomplis, ni des temps prophétiques, ni de l'arrivée du dernier jour. D'autre part, la dépendance de
Christ comme étant le Fils de l'homme, ressort dans ce chapitre d'une manière non moins remarquable
que sa gloire comme Fils de Dieu. Sa dépendance est si parfaite que la volonté du Père est le seul mobile de ses moindres actions, de sorte que la gloire de 'sa personne ne diminue jamais, à aucun degré,
la perfection de son obéissance. Lorsqu'on Lui annonce que celui qu'il aime est malade, motif en apparence irrésistible pour le pousser à agir en faveur de Lazare, le Seigneur répond simplement: « Cette
maladie n'est pas à la mort, mais pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle ».
Il n'a point l'air de s'en émouvoir, et sa lenteur pouvait ressembler à de l'indifférence puisque, après
avoir appris que Lazare était malade, il resta même encore deux jours au lieu où il était; toutefois « Jésus aimait Marthe, et sa Sœur, et Lazare ». Pourquoi donc tarder encore? C'est que son affection ne
chargeait en rien sa dépendance de Dieu, et qu'il attendait pour agIr, la volonté de son Père. Enfin le
SeigneUr dit à ses Disciples: «Retournons en Judée. Les disciples lui disent: Rabbi, les Juifs cherchaient tout à l'heure à te Lapider, et tu y vas encoRe ! Jésus répondit: N'y a-t-il pas douze h%ures au
jour? Si quelqu'un marche de jour, il ne bronche pas, car il voit la lumière, de ce monde; mais si quelqu'un marche de nuit, il bronche, car la lumière n'est pas en lui.» Il n'y avait rien en Jésus que la lumière absolue, il était Lui la lumière, il marchait dans la splendeur éclatante de la lumière de Dieu ; il a
réalisé, Lui seul, d'une manière complète ces paroles qu'il adressait un jour aux foules: «Si donc ton
œil est simple, ton corps tout entier sera plein de lumière» (Matthieu 6, 22). Or, marchant dans ce
monde selon la perfection de cette lumière, Jésus attendait, avant d'agir, la parole de son Père; mais
alors, Il ne tardait plus, et fout ce qui allait arriver s'offrait d'avance à ses regards: «Lazare, notre ami,
s'est endormi, mais je vaIs pour l'éveiller ».
Quelle ignoraNce et quelle iNcrédulité chez ses disciples 1ui l'aimaient cependant! Ils lui répondent
d'abord: «Seigneur, s'il s'est endormI, il sera guéRi» ; puis, lorsque Jésus leur dit ouvertement: «Lazare est mort; et je me réjouis à cause de vous, de ce que je n'étais pas là, afin que vOus croyiez»,
Thomas réplique: «Allons-y, nous aussi, afin que nous mourions avec lui ». Jésus allait montrer sa
puissance de résurrection, et les disciples, eux, ne pensent qu'à sa mort.
Ce qui se passe au sépulcre, avant la résurrection de Lazare, nous montre, en Jésus, et la conscience
qu'il avait de sa divinité, et en même temps son humanité parfaite, parce que les sentiments qu'il exprime comme étant homme sont le résultat de ce que la Divinité habitait en Lui corporellement. Non
seulement il prend part à la dOuleur que causait La mort de Lazare, mais pluS que cela, il éprouve
comme nul autre nE le pouvait faire, ce que signifie la puissance, de la mort dans ce monde. Jésus n'a
pas res3uscité Lazare avant d'avoir pris sur son cœur, pour ainsi dire, le poids tout entier du sentimEnt
de
la
puissance
de
la
mort
(Comparez Matthieu 8, 17.) L'apÔtre dit (Romains 8) Que l'Esprit intercède pour nous Par des soupirs inexprImaBles: lorsque Jésus frémit devant le sépulcre de Lazare, lorsqu'il esT dit qu'il se trouBla, c’était l'expression adéquate de la douleur sans mélange d’imperfection, qui pesait sur son âme;
tandis que chez nous, au contraire, quelque chose empêche toujours que nos sentiments ne soient parfaits. Il est donc nécessaire que l'Esprit subvienne sous ce rapport à notre infirmité et remplace, vis-àvis de Dieu, l'incapacité provenant de la chair. Chez Christ, tout était parfait; jamais la chair ne se mêlait aux sentiments qu'il éprouvait, et il les exprimait à Dieu dans la perfection de ce que l'Esprit fait
actuellement pour le chrétien. La réponse est conforme à cette gloire morale de Jésus: LazAre sort du
tombeau. Nous sommes trop portés à ne voir en Chris4 que sa puissance de guérir et de ressusciter.
Les sentiments qu'éveillait en Lui la misère de l'homme à cause du pÉché et qu'il exprimait à Dieu,
ajoutent à sa puissance la preuve de son amour parait, De sa profonde sympathie.
Ce même principe se retrouve daNs toutes les cIrconstanceS de sa ViE. Ainsi l'œuvre expiatoire
de ChRist et l'angoisse qu'il éprouvait d'avance ne sont point une même chose. Sur la croix seule,
assurément, Jésus a été fait péché ; sur la croix seule, il a enduré la colère de Dieu et il a accompli
l'expiation; mais n'en est pas moins vrai que le Seigneur a anticipé non seulement la souffrance expiatoire, mais encore tout ce qui devait1a précéder, tout ce que Satan et les hommes ont ajouté à la colère
de Dieu; il en a porté devant Dieu le poids qui pesait sur son cœur. L'acte suprême du sacrifice pour le
péché n'a nullement constitué à lui seul toutes les souffrances de Christ; Gethsémané a précédé le Calvaire. (Voyez aussi 12, 27; 13, 21.) J'insiste sur ce point, parce que nombre de chrétiens n'ont jamais
vu dans les miracles autre chose que le simple exercice de la puissance de Jésus, oubliant que Matthieu
cite expressément Ésaïe 53, 4, comme dépeignant le caractère de sa vie ici-bas. Lui qui voyait devant
ses yeux les créatures de Dieu telles que Dieu les avait faites, et en même temps les conséquences affreuses du péché, les ravages que la maladie et la mort exerçaient au milieu d'elles, il y a sympathisé
comme Dieu seul pouvait le faire, et sa puissance pour guérir n'était égalée que par la profondeur de
son amour et de sa commisération. Ainsi, dans ce chapitre, Jésus ne s'approche pas du sépulcre avec
les signes apparents de la puissance et de la majesté divines, il n'opère pas la résurrection de Lazare
avec forfanterie et d'un tour de main, pour ainsi dire. Au contraire, quelle perfection morale! Bien qu'il
eût la conscience de sa gloire, bien qu'il fût le Fils de Dieu, et qu'il sût que le Père l'exauçait toujours,
il pleure et frémit en présence du pouvoir de la mort, Lui qui en comprenait la cause, Lui que son
amour pour l'homme avait amené sur la terre, Lui qui allait donner sa vie en rançon pour le péché.
Jésus ressuscite les morts, il délivre l'homme de la puissance de la mort, et les Juifs voyant cela, se
décident à le faire mourir. Depuis longtemps déjà les zélés de Jérusalem, les chefs du peuple, les pharisiens, les représentants de la religion, cherchaient à se débarrasser de Lui; ce miracle les confirme
dans leur résolution, et le souverain sacrificateur prononce la sentence de mort sur le Fils de Dieu.
C'est que sa puissance de résurrection manifestée publiquement aux portes mêmes de Jérusalem, et
d'une manière particulièrement solennelle, avait excité au plus haut degré la haine de celui qui avait le
pouvoir de la mort. La splendeur de la gloire de Jésus menaçait l'autorité du prince de ce monde et de
ses acolytes; un pareil affront ne pouvait Lui être pardonné. Quant à la multitude, il est probable
qu'elle ne s'est bien rendue compte des conséquences de la haine des Juifs, que lorsque la résolution de
faire mourir Jésus eut été ouvertement déclarée.
Si d'un côté Satan excite à la haine et au meurtre les hommes qui lui appartiennent, de l'autre Dieu a
soin de faire rendre témoignage à la gloire de Jésus, en vue de sa mort, par un cœur dans lequel sa
grâce a pénétré. Jean seul mentionne ici Marie, la sœur de Lazare, tandis que Matthieu (26, 7) et Marc
(14, 3) ne nous disent pas son nom; lui seul aussi ajoute que Lazare était un des convives et que
Marthe servait. Mais voici encore une autre différence: si l’on compare le récit de Matthieu ou de
Marc avec celui de Jean, il est hors de doute que Marie a oint non seulement les pieds, mais aussi la
tête de Jésus; Matthieu et Marc ne parlent que de la tête, tandis qu'ici nous lisons au contraire: «Marie
donc, ayant pris une livre de parfum de nard pur, de grand prix, oignit les pieds de Jésus et lui essuya
les pieds avec ses cheveux. » Oindre la tête était chose naturelle, mais oindre les pieds est un acte d'affection particulière que Jean voulant nous signaler, et que nous rencontrons à deux points de vue différents, d'abord au 7ème de Luc, puis dans ce chapitre-ci. Luc nous parle d'une femme qui était pécheresse, mais dont il tait le nom, qui certainement n'était pas Marie la sœur de Lazare et que rien ne
prouve non plus avoir été Marie Madeleine. Cette femme oignit seulement les pieds de Jésus, en les
couvrant aussi de ses larmes et de ses baisers, et en les essuyant avec ses cheveux. Son nom n'est pas
indiqué, et cela pour une raison, morale qui me semble pleine de beauté; mais il est inscrit au ciel, et
cela suffit; quant à Marie, au contraire: « En vérité, je vous dis : En quelque lieu que cet Évangile soit
prêché dans le monde entier, on parlera aussi de ce que cette femme a fait, en mémoire d'elle.» L'acte
est le même dans les deux cas; mais la pécHeresse se trouvE aux pieds de Jésus dans le sentiment de
son amour ineffable malgré tous les péchés qu'elle a commis, tandis que Marie s'y trouve dans Le sentiment de la gloire de Jésus et non sans avoir un instI.ct du danger qui le menaçait. Ces deux femmes
se taisent; mais les pensées de leur cœur se manifestenT par l'hommage qu'elles rendent au SeignEur,
qui les comprend et les approuve.
En contraste avec Marie, nous 6oyons Judas dans la même scène: elle remplie d'affecTion pour Jésus
dont elle a saisi la gloire, lui, ne songeant qu'à satisfaire son avarice. Combien souvent les mêmes circonstances servent à manifester à la fois la fidélité et le dévouement d'une part, d'autre part la fausseté,
l'égoïsme, ou la mondanité du cœur! Après cela, nous assistons à l'entrée du Seigneur à Jérusalem en
sa qualité de Fils de David, témoignage rendu au Messie. Puis, en apprenant que des Grecs, montés à
la fête, désiraient le voir, Jésus se présente sous le caractère du Fils de l'homme: « L'heure est venue
pour que le Fils de l'homme soit glorifié. En vérité, en vérité, je vous dis: À moins que le grain dei
blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul ; mais s'iL meurt, il porte beaucoup de fruit. » Pour
que la gloire du Fils de l'homme, pour que sa puissance apparaisse, la mort est néceSsaire ; c'est le
couronnEment de sa vie d'obéissance, de sa perfection vis-à-vi3 de Dieu, et en même temps lE seul
moyen pour que d'autres hommes aient part à la gloire du Fils de Dieu. Ici, comme plus tard en Gethsémané, Jésus anticipe cette heure terrible, car ce n'est point en stoïcien qu’il est allé au-devant de la
mort : «Maintenant mon âme est troublée; et que dirai-je? Père, délivre-moi de cette heure; mais c'est
pour cela que je suis venu à cette heure. » Toutefois la pensée constante de Jésus, c'est la gloire de
Dieu: «Père, glorifie ton nom». Ceci avait eu lieu lors de la résurrection de Lazare, et devait se manifester d'une manière plus admirable encore en la résurrection de Jésus. Une voix du ciel répond: «Et Je
l'ai glorifié, et je le glorifierai de nouveau ».
Après
cela,
Jésus annonce
encore
une
fois
le
jugement de
ce
moNde
et parle, de sa croix comme DeveNant lE point d'attracTion pour toUs les hommes, en contraste aVec L'attente JuIve d'Un Messie éternel. Sa soumission à la volonTé du Père ne coNnAît
point De bornes; mais lEs résultats dE Cette oBéissance sont aussi saNs limites. Cependant la Foule
Ne cOmprend Rien nI À la nécessité de ses souffrances, ni à sa gloire personNelle. D'un Côté, on
répond à Jésus: « Nous, nous avons appris de la loi que le Christ demeure éternellement : et comment,
toi, dis-tu qu'il faut que le Fils de l'homme soit élevé? Qui est ce Fils de l'homme?» De l'autre, il est dit
au verset 37: « Et quoiqu'il eût fait tant de miracles devant eux, ils ne crurent pas en lui.» Toujours le
même, mystère impénétrable subsiste pour l'intelligence de l'homme : la divinité de Jésus et son humanité. La loi et les prophètes avaient parlé de la gloire personnelle du Messie, et ils ne peuvent la
conCilier avec la grÂce et la vérité dont la mort de Jésus devait êtr% la suprême manifestation; la loi
et lEs prophètes avaient parlé des souffrances de Christ, mais lorsque Jésus annonce sa mor4, les Juifs
répliQuent que le Messie vit éternellement. La Voix de lA grâce et de la vérité, c'était celle de Christ
veNu pour mourir Dans la honte, en sacrifice pour les pécheurs, bien que qUant à sa personne il fût
éternel. Lorsqu'on n'attache de prix qu'à lA loi, on n'est capable de comprendre ni Jésus, ni la loi. Au
reste, le prophète Ésaïe l'avait dit longtemps d'avance : « Qui a cru à ce que nous avons fait entendre,
et à qui le bras de l'Éternel a-t-il été révélé?» (Ésaïe 53, 1). Jamais ils n'avaient écouté la voix de leurs
prophètes, et leurs oreilles sont restées sourdes à celle de Jésus; la lumière est venue; mais leurs yeux
étaient aveuglés. Si même plusieurs d'entre les chefs crurent en Lui, ce ne fut point la foi réelle du
cœur qui détermine la confession: «Mais à cause des pharisiens, ils ne le confessaient pas, de peur
d'être exclus de la synagogue ; car ils ont aimé la gloire des hommes plutôt que la gloire de Dieu. »
Enfin Jésus rend son dernier témoignage, et s'écrie: « Je suis venu dans le monde, la lumière, afin
que quiconque croit en moi, ne demeure pas dans les ténèbres ». Tel il nous est apparu depuis le premier chapitre ; mais les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient
mauvaises; tels aussi ils se sont montrés pendant toute la durée du ministère de Christ: la lumière a fait
ressortir les ténèbres où ils se trouvaient. Jésus termine en rappelant encore qu'il n'avait pas parlé de
Lui-même, mais comme étant l'envoyé du Père, et que la conséquence de ses paroles est : ou la vie
éternelle ou le jugement au dernier jour: «Si quelqu'un entend mes paroles et ne les garde pas, moi, je
ne le juge pas; car je ne suis pas venu afin de juger le monde, mais afin de sauver le monde. Celui qui
me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles, à qui le juge; la parole que j'ai dite, celle-là le jugera au
dernier jour. Car moi, je n'ai pas parlé de moi-même; mais le Père qui m'a envoyé, Lui-même m'a
commandé ce que je devais dire et comment j'avais à parler; et je sais que son commandement est la
vie éternelle. Les choses donc que moi je dis, je les dis comme le Père m'a dit. »
(À suivre)
___________________________________
REMARQUES SUR JEAN 1
Dans ce chapitre, «le disciple que Jésus aimait» rassemble devant nous les noms personnels et les
titres de Christ, magnifiques dans leur grandeur et leur étendue, se déployant depuis l'éternité (la Parole) jusqu'au royaume (le Fils de l'homme) et comprenant chaque dignité et chaque gloire personnelle.
L'éternité de son être, sa personne, sa déité, son identité avec Dieu, sont des vérités profondes que
nous trouvons dans les quatre premiers versets de cet évangile. Aucune langue n'avait jusqu'alors exprimé des choses aussi merveilleuses, aucune plume ne les avait décrites. Il était selon Dieu que des
vérités si importantes fussent exposées en quelques phrases saisissantes; la sagesse humaine les aurait
appuyées de preuves soigneusement choisies et élaborées, mais Dieu est Dieu et l'homme est l'homme.
Il suffit pour la foi que Dieu ait parlé, elle reçoit ce que Dieu a dit et elle adore en présence d'une si extraordinaire révélation qui disperse et anéantit la philosophie païenne ancienne ou moderne comme la
balle emportée par le vent.
Mais « la Parole» n'était pas l'expression d'une pensée, «elle» était une personne vivante et éternelle,
car le troisième verset, qui coïncide dans le temps avec le premier verset de la Bible, dit: «Toutes
choses furent faites par elle », c'est-à-dire par la Parole. Ceci réduit à néant l'enseignement des gnostiques qui, du temps même de Jean, prétendaient que le Seigneur Lui-même, avait commencé à exister,
car « sans elle pas une seule chose ne fut faite de ce qui a été fait », C'est alors que vient cette phrase si
précieuse vérité caractéristique de l'évangile du Fils: «en elle était la vie» (v. 4). Nous avons par grâce
la vie en Lui, Lui l'avait en Lui-même, Il est la fontaine et la source. Il était la vie et en manifesta le ca-
ractère et les bénédictions dans ses voies au milieu des hommes: «et la vie était la lumière des
hommes».
Toutes les voies préparatoires d'autrefois, comme la conscience, le gouvernement, les promesses et
la loi, avaient eu comme but essentiel l'épreuve et la manifestation de l'homme. Y avait-il encore
quelque espoir pour l'homme? Y avait-il dans la créature un atome de bien acceptable pour Dieu?
L'homme en général et le Juif en particulier pouvaient-ils acquérir un titre à la vie sur le terrain de la
justice légale? Chaque moment de l'histoire de l'homme, et tout particulièrement la fin, montre de façon saisissante que cela était impossible. En Adam, l'homme est un pécheur, sous Moïse un transgresseur, en présence de Christ il est un ennemi de Dieu. Mais la vie éternelle est le don de Dieu conféré
au croyant en grâce souveraine. Elle n'était pas révélée dans l'Ancien Testament bien Que cependant
elle existât (elle est mEntionnée deux fois seulement dans les aNciens oracles: Psaume 13 , 3 et Daniel 12, 2). C'était la promesse ©ternelle de Dieu faite à Christ (Tite 1, 2) et ce trésor était Trop
précieux pour être confié à un Prophète de l'A.cien Testament ou à un apôtre du Nouveau. Le Fils devait recevoir cette faveur sans prix et en donner la révélation aux hommes. Il la garderait pour les Héritiers de la gloire à trAvers les âges éternels.
Il est ajouté: «La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont pas comprise. » La vie était la
lumière des hommes, non celle des anges, et cela ne s'applique pas non plus à d'autres systèmes célestes, même s'il y en a des millions plus vastes et plus grands que le nôtre. «La lumière des hommes
», quelle bénédiction merveilleuse qu'une telle lumière ait brillé au milieu de nos circonstances humaines marquées par le chagrin, la douleur, les larmes et la mort! Mieux que cela, elle a «brillé dans
les ténèbres », emblème tout particulièrement approprié de l'état de l'homme, qui n'est pas seulement
un état de culpabilité. En tant que coupable l Homme a besoin de jUstification, comme mort il lui
faut la vie, comme étant dans les ténèbres il a besoin de lumière. Il convient de remarquer les temps: la
lumière brille, c'est le PrÉsent; les ténèbres ne l'ont pas comprise, c'est le passé historique. Ici, Dieu
qui connaît la fin dès le commencement, donne en une seule phrase cE qui a résulté d5 fait que la lumière luit dans les ténèbres. Elle a brillé sous le regard de Dieu et en présence de la misère et du péché. Apportez une lumière dans une chambre obscure et immédiatement l'obscurité disparaît, mais le
Saint Esprit nous dit que quand la vraie lumière brilla, les ténèbres étaient si épaisses dans l'âme de
l'homme et en particulier d'Israël, qu'elle ne fut pas comprise.
Qui peut comprendre la lumière? Sera-ce l'homme, un saint, un ange? «Personne ne connaît le Fils si
ce n'est le Père. » MAis vous pouvez saiSir ce que vous ne pouVez probablement pas comprendre.
NouS avonS seulement indiqué ce que sont ces merveilleuses vérités et où nous pouvons les trouver. Pour aider dans une étude plus approfondie, nous ajoutons ici les divisions de ce chapitre; on peut
en compter quatre.
D'abord, versets 1 À 18, Dieu révélé. Ensuite Jean le Baptiseur, «une voix» annonçant la Venue de
Jéhovah, versets 9 à 2 . TroisièmEment les deux aspects De l'œuvre de Christ sur la croix lorsque
comme l'Agneau de Dieu Il règle la question du péché, puis sur le trône baptisant du Saint Esprit, versets 29 à 34. Enfin le rassemblement de l'Église et d'Israël autour de la personne du Seigneur, en des
occasions distinctes à des jours différents et de manières variés, versets 35 à 51.
W.S
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ADORATION
Jean 12, 1-11
Elle n'était pas venue pour écouter un sermon, bien que le plus .grand des prédicateurs fût là.
S'asseoir à ses pieds et écouter sa parole n'était pas non plus soN but, si béniE que pût être 5ne telle
place. Elle n'était pas venue non plus pour Lui présenter une rEquête; le temps était passé où dans
une profonde soumiss)on à sa voLonté, elle était tombée à ses pieds en disant: «Seigneur, si tu eusses
été ici, mon frère ne serait pas Mort» (Jean 11, 32). Il ne s'agissait plus d'ex:primer sa supplication devant Celui qui Était sa seule ressource, car son frère était assis à table
Il n'était pas davantage question de rencontrer les saints, bien que Plusie5rs d'entre eux fussent là. La
communion avec eux était une chose bénie et sans aucun doute souvent réalisée, mais là n'était pas son
objet. Elle ne, vient pas après le labeur et la fatigue d'une semaine de combat avec le monde, pour être
rafraîchie par Lui, bien que sûrement, comme chacun de nous, elle eût éprouvé les souffrances du désert.
Personne mieux qu'elle, sans doute, ne connaissait la source bénie et rafraîchissante qui était en Lui.
Elle vient au moment même où le monde exprimait sa plus profonde haine à son égard, pour répandre
ce qu'elle avait soigneusement préparé, ce qu'elle avait de plus précieux, tout ce qu'elle avait sur la
terre, pour oindre la personne de Celui dont l'amour avait captivé son cœur et conquis ses affections.
Elle ne pensait pas à Simon le lépreux, ni aux disciples qui étaient là, ni à son frère et à sa sœur en la
chair et dans le Seigneur. Jésus seul remplissait son âme. Ses yeux étaient fixés sur Lui, son cœur battait pour Lui et elle oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux.
Adoration, hommage, louange, bénédiction, étaient sa seule pensée, et tout cela en l'honneur de Celui qui pour elle était tout en tous. Combien une telle adoration dut être rafraîchissante pour Lui!
Certains pouvaient désapprouver et murmurer, mais le Seigneur prit en mains la cause de Marie et
montra comment Il appréciait le tribut reconnaissant d'un cœur qui connaissait le prix et la valeur de
son Sauveur et ne pouvait rester silencieux. Un témoignage durable est conservé de ce qu'est l'adoration, par Celui-là même qui l'a acceptée.
Et maintenant, cher lecteur, est-ce ainsi que vous adorez, ou allez-vous simplement, le jour du Seigneur, écouter un sermon, dire des prières, rencontrer les saints ou être rafraîchi après six jours de travail? Si l'œil de chacun était fixé sur Jésus seul, si chaque cœur était droit devant Lui, si chacun de
nous ne désirait voir personne que Jésus seul, quelle louange il y aurait! Ce ne seraient pas de vases
d'albâtre, mais de cœurs remplis du Saint Esprit qu'un courant d'adoration et d'actions de grâce du caractère le plus élevé s'élèverait en l'honneur du Sauveur béni qui est maintenant la gloire du ciel. Qu'il
nous soit donné de l'adorer ainsi en Esprit et en vérité.
Traduit de l'anglais.
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FRAGMENT
Il y a dans la nature de Dieu, deux grands principes reconnus de tous les enfants de Dieu: sainteté et
amour. Le premier découle nécessairement de sa nature et s'impose à tous ceux qui s'approchent de
Lui; le deuxième est l'énergie même de cette nature.
Dieu est amour, Il n'est pas Celui qui aime mais Il 'est amour. Il est cela dans la source essentielle de
son être. Par le péché nous en faisons un juge, car Il est saint et a toute autorité, mais Il est amour et
cela ne dépend pas de ce que nous avons fait, ni de ce que nous sommes. S'il y a quelque part de
l'amour vrai, cela vient de Dieu car Dieu est amour, c'est là l'énergie bénie de son être. Dans l'exercice
de l'amour, Il amène jusqu'à Lui en vue de la bénédiction éternelle ceux qui sont ainsi rassemblés. La
manifestation de l'amour est en Christ et Christ Lui-même en est le centre et la puissance. Ses conseils
sont à la gloire de sa grâce, leur application aux pécheurs et les moyens qu'Il emploie pour cela sont
les richesses de sa grâce.
J.N.D.
……………………………………………
LES QUATRE EXHORTATIONS DE 2 TIMOTHÉE 4, 5
Lorsqu'il écrivait sa seconde Épître à Timothée, l'apôtre Paul arrivait au terme de sa course, ayant
pleinement conscience de l'avoir « achevée ». Dans le verset qui suit celui cité en tête de ces lignes, il
considère le moment présent: « Pour moi», dit-il, « je sers déjà de libation, et le temps de mon départ
est arrivé» ; puis, au verset 7, il jette un regard en arrière et peut assurer en vérité, rendant ainsi témoignage à la grâce de Dieu qui l'a soutenu jusqu'au bout: «J'ai combattu le bon combat; j'ai achevé la
course, j'ai gardé la foi ». Celui qui avait vécu comme étant manifesté, constamment, à la pleine lumière du tribunal de Christ : «nous avons été manifestés à Dieu» (2 Corinthiens 5, 11), celui qui avait
été «imitateur de Christ» pouvait s'arrêter sur le chemin parcouru, avec le sentiment d'avoir rempli le
service qui lui avait été confié. Aussi, dans le verset 8, dirige-t-il ses regards vers l'avenir avec une
pleine assurance: ce qui lui est réservé, c'est «la couronne de justice ». Le Seigneur, qui la lui donnera,
est un, « juste juge », Il connaît les pensées et les intentions des cœurs, Il sait quels sont les mobiles
qui font agir le servItEur, Il pèse tout ce à quoi le fidèle doit renoncer pour le témoignage, Il mesure
tout #e qu'il en coûte au combattant pour luttEr et vaincre, Il voit toutes les larmes versées, sympathise
à toutes les souffranC%s enduRées et, «dans ce jour-là », Il donnera Lui même la récompense au serviteur fidèle. À l'apôtre, et aussi « à tous ceux qui aiment son apparition ». Pourrait-on « aimer son
apparition» si l'on avaIt devant soi d'être « couvert de honte, de par lui, à sa venue ?» (cf. 1 Jean 2, 28).
Ces versets 6 à 8, présent, passé, avenir ; peuvent être considérés comme les dernières paroles de
l'apôtre. Les versets 9 et suivants, de ce chapitre, offrent un, caractère particulier, facile à remarquer,
bien que tous les détails qui y sont contenus renferment un utile enseignement.
Dans ces dernières paroles qu'il lui adresse, l'apôtre semble dire à Timothée: je suis au terme du
chemin, voilà ce qu'il a été et voici ce que j'ai maintenant devant moi. Tout à la fois, exemple et encouragement pour celui qui avait désormais à servir et à combattre, alors que déjà les premiers signes de
la ruine de l'Église, étaient manifestes. Tout au long de sa lettre, l'apôtre présente à « Son enfant bienaimé» les ressources qui demeurent quel que soit le déclin, et toUt particulièrement « la volonté de
Dieu» et « la promesse de la vie qui est dans le Christ Jésus» ; «la puissance de Dieu, qui nous a sauvés, et nous a appelés d'un saint appel» ; la ParOle, dont il est question dans tous les chapitres, arme
dont l'apôtre s'est servi et qu'il place maintenant entre les mains de celui qui est appelé, à son tour, à
lutter et à vaincre; le Saint Esprit, Esprit «de puissance, et d'amour, et de conseil» (cf. Aggée 2, 5). Si
tout paraît ébranlé, « toutefois le solide fondement de Dieu demeure ». Ce qui est de Dieu ne peut être
atteint par la ruine, et c’est ce qui est consolant et encourageant pour le fidèle dans les temps les plus
sombres. Ces ressources, l'apôtre en avait éprouvé la valeur tout au long de son ministère, Il pouvait en
garantir l'efficacité pour les avoir expérimentées lui-même. À la présentation de ces ressources, suffisanteS jusqu'a5 bout, l'apôtre ajoute tout un enSemble d'exhortations, de directions, communIquées par inspiration divine et également fruit de sa longue expérience chrétienne et d'une vie de
communion avec le SEigneur. Combien TiMothée, en lisant cette lettre, a dû renDre grâces à Dieu, ne
pouvons-nous pas le penser ? Pour Les ressources qui lui étaient rappelées
comm% aussi pour les exhortations qui lui étaient adressées! Il sentait sans aucun doute combien il
aurait besoin de s'appuyer sur les premières, de suivre les secondes. Mais cette lettre est également
pour nous avec tous les enseignements qu'elle contient, tout ce sur quoi la foi peut s'appuyer dans tous
les temps, toutes les directions auxquelles le fidèle doit être rendu attentif s'il veut pouvoir, lui aussi, «
achever la course ». Sommes-nous assez reconnaissants pour le contenu de cette épître, si utile et si
importante dans les jouRs auxquels nous sommes parvenus? Et dans quelle mesure retenons-n/us ses
précieux enseignements ?
Ranimer le don de grâce qu'il avait reçu, prendre part aux souffrances de l'évangile, avoir un modèle
des saines parOles, garder le bon dépôt, s'étudier à se présenter comMe approuvé à Dieu, exposer justement la parole de la vérité, éviter les discours vains et profanes, fuir les cOnvoitises de la jeunesse,
poursuivRe la justice, la foi, l'amour, la paix avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un cœur pur, enseigner avec douceur les opposants, se détourner de ceux dont les caractères sont indiqués au début du
chapitre 3, demeurer dans les choses apprises, prêcher la parole, insister en temps et hors de temps,
convaincre, reprendre, exhorter avec toute longanimité et doctrine, telles sont les principales exhortations ou injonctions adressées par l'apôtre à Timothée tout au long de l'épître et qui ont toute leur valeur aujourd'hui pour nous qui sommes appelés à vivre le christianisme dans ces « temps fâcheux» des
« derniers jours », où nous voyons sous nos yeux les différents traits du tableau déjà brossé à l'avance
par l'apôtre dans cette épître.
« Il y aura un temps où ils ne supporteront pas le sain enseignement» (2 Timothée 4, 3). Ne sommesnous pas dans ce temps-là? Non seulement le « sain enseignement» n'est pas reçu, mais encore il n'est
pas «supporté» : on ne veut même pas l’entendre, on veut tout autre chose! Et c'est ainsi, écrit l'apôtre :
qu’ils «s'amasseront» des docteurs «selon leurs propres convoitises» détournant leurs oreilles «de la
vérité» pour se tourner «vers les fables» (2 Timothée 3, 4). C'est ce qui a caractérisé autrefois le peuple
d'Israël : ils cherchaient aussi « des docteurs selon leurs propres convoitises» ceux qui disaient «aux
voyants: Ne voyez pas, et à ceux qui ont des visions : N'ayez pas pour nous des visions de droiture;
dites-nous des choses douces, voyez des tromperies; déviez du chemin, détournez-vous du sentier;
ôtez de devant nous le Saint d'Israël» (Ésaïe 30, 10-11). Telle est en effet la parole qui dépeint si fortement l'état moral du peuple: il ne veut pas avoir devant lui «le Saint d'Israël ». Il veut entendre « des
choses douces », ce qui plaît au cœur naturel, mais rien de ce qui présente la sainteté de Dieu, du Dieu
qui nous dit: « Soyez saints, car moi je suis saint» (cf. 1 Pierre 1, 15, 16). Et environ un siècle après,
l'Éternel devra dire de ce peuple: «Une chose étonnante et horrible est arrivée dans le pays: les prophètes prophétisent avec mensonge, et les sacrificateurs dominent par leur moyen ; et mon peuple
l’aime ainsi» (Jérémie 5, 30-31). Et mon peuple l'aime ainsi! Il est remarquable de voir un même état
moral au sein du peuple terrestre et parmi la chrétienté parvenue à la fin de son histoire sur la terre.
Comme l'ennemi est habile pour susciter tant de faux docteurs, agréables à entendre, appréciés, encensés même, qui parlent sur l'Écriture mais en évitant soigneusement le tranchant de la Parole pour la
chair! Il y en a pour tous les auditoires, pour tous les niveaux intellectuels: l'un fera valoir son intelligence en traitant de sujets élevés, en dissertant de philosophie chrétienne ; un autre laissera parler son
imagination et présentera, plus ou moins romancés, les récits des Écritures ou encore, exposera certaines vérités mais à l'exclusion de celles auxquelles elles devraient être rattachées pour que l'ensemble
soit vraiment la vérité de Dieu. Il est facile de faire vibrer les sentiments, de créer un enthousiasme généralement contagieux et que l'on prend pour un vivant et puissant christianisme, fausse apparence tellement séduisante aux yeux de plusieurs! Tout cela répond aux « convoitises» du cœur naturel et c'est
ainsi que les oreilles se détournent de la vérité.
Ici se placent les quatre exhortations du verset 5 de 2 Timothée 4, les quatre dernières adressées par
l'apôtre à Timothée, ce qui souligne leur importance. Celles que nous trouvons dans les versets 9 et
suivants ont un caractère spécial, elles ont trait à la captivité de l'apôtre et à la prochaine venue de Timothée auprès de lui. Ces quatre exhortations sont précédées du «Mais toi..., » que nous trouvons à
plusieurs reprises sous la plume de l'apôtre, particulièrement dans cette deuxième Épître. « Mais toi, tu
as pleinement compris ma doctrine..., » ; « mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises et dont
tu as été pleinement convaincu...» (2 Timothée 3, 10, 14) : en présence de toute la corruption morale et
spirituelle qui se développe en face de tous les hommes méchants et imposteurs, Timothée ne devait
être épouvanté en rien; il avait «pleinement compris» la «doctrine », il était «pleinement convaincu»
des choses qu'il avait apprises par le ministère de Paul, c'était « dans ces choses» qu'il devait « demeurer », il ne fallait les abandonner à aucun prix. Là seulement il trouverait ce qui convenait pour résister à toute la puissance du mal. L'exhortation est aussi pour nous maintenant, alors que le sain enseignement n'est pas supporté, tandis que l'on amasse des docteurs selon ses propres convoitises, se
déTournant ainsi de la vérité; il y a encore Un «Mais toi », s'adressant à chaque Fidèle comme à Timothée autrefois, et suivi $es quatre exhortations sur lesquelles nous désirons nous arrêter.
1. - « Sois sobre en toutes choses» Sobriété en tout, dans le domaine des choses matirielles comme
dans cElui des choses spirituelLes. Cette sobriéti est en contraste avec l'imagination dont font preuve
les faux docteurs dans la présentation de l'Icriture, avec les efforts qu'ils déploient pour orner la vérité,
n'aboutissant ainsi qu'à la travestir, de telle sorte que ceux qui les écoutent «se tournent vers les
fables». Dans ce verset, la sobriété est surtout, fait observer le traducteur (N.T. Pau-Vevey 1872 - note
en bas de page), « cette sobre clarté d'esprit résultant de l'absence de fausses influences par le fait que
l'on n'est pas mêlé avec ce qui enivre ». Séparé, dégagé de tout ce qui peut être aliment ou stimulant
pour la chair, le croyant aura cette « sobre clarté d'esprit» indispensable pour remplir un service fidèle;
au contraire, soumis à de mauvaises influenCes, mêlé avec ce qui enivre, il sera incapable d'avoir discernement spirituel et jugement sobre. Cette première des quatre exhortations de 2 Timothée n'est-elle
pas d'une importance tout à fait particulière dans les jouRs auxquels Nous sommes?
« Nous vivons dans un temps où les prédictions de l'apôtre se réalisent pleinement. Nous sommes
donc exposés à en subir l'influence et malheureusement nous ne la subissons que trop. La Parole de
Dieu est le remède efficace pour lutter contre ce courant d'indépendance et d'erreur... Nous avons à lutter contre le besoin d'entendre des paroles agréables à l'oreille, car il nous expose à chercher nos jouissances en dehors du terrain de la vérité. Ceux qui font ainsi paraissent n'être pas étroits, vaudraient
prouver que l'on peut s'associer à tout ce qui est bon sur quelque terrain que ce sait. Ils prétendront
aussi qu'ils vont entendre prêcher l Évangile, plus clairement, plus à la portie de chacun, que dans le
cercle restReint Où l'obéissance ` la Parole les aurait placés. Un autre moyen dont l'ennemi se sert efficacement pour faire perdre le goût de la PaRole de Dieu et la capacité de la comprendre, ce sont les
lectures religieuses diversEs qui foisonnent de nos jours... Satan sait sE déguiSer en ange de lumière et
ses serviteurs en ministres de justIce. Il sait distribuer l'erreur en dilutions et la présenter sous des formeS très attrayantes, à l'insu même des instruments qu'il emploie, et dans lesquels on ne soupçonnerait
ni mauvaise intention, ni mauvaise doctrine. Il ne commence jamais par présenter ouvertement sa pensée. Il prépare le terrain en l'arrosant de bonté, d'amour fraternel large, d'une charité qui admire le bien
où qu’il se fasse, d'une indulgence qui se contente d'intentions louables là où les procédés ne seraient
pas scripturaires… Le maintien de la vérité et de la sainteté est une condition essentielle du témoignage rendu au Seigneur. L'ennemi fait son possible pour nous faire passer légèrEment sur des choses
aussi importantes. TouS admettent cependant que la vérité doit jtre maintenue, mais le désir d'un)on
parmi les chrétiens, l'œuvre de l évangélisation, l'amour entre tous, la font considérer comme chose
secondaire...» (M.E. 1923, p. 324, et suivantes.)
Si nous avons repris les expressions de l'un de nos devanciers, c'est parce qu'il nous parAît difficiLe
de mieux dépeindre les principaux, caractères du « temps» dans lequel nous vivons. Qu'un croyant se
détourne plus ou moins de la vérité et, à cet égard, les progrès sont très rapides ; se laissant gagner par
les influences qui s'exercent de tant de, manières dans la chrétienté, par paroles ou par écrits, il sera
inévitablement privé de la sobre clarté d'esprit que donne le sain enseignement. Il est très frappant de
constater que, dans de tes cas, le jugement spirituel est toujours faussé. Que Dieu nous accorde la
grâce de demeurer «sobres en toutes choses ».
2. - « Endure les souffrances ». Présenter la Parole avec fidélité, rejeter tout ce qui serait susceptible
d'altérer le caractère de la vérité, n'ira pas sans susciter de l'opposition de la part de ceux qui préfèrent
«s'amasser des docteurs selon leurs propres convoitises ». Il y aura donc des souffrances à endurer, à
supporter patiemment. Il faut poursuivre le chemin en dépit de toutes les oppositions, malgré les difficultés rencontrées, confiant dans le Seigneur. Les faux docteurs sont admirés, flattés, encensés, tandis
que le serviteur fidèle, « sobre en toutes choses », aura à connaître critiques, moqueries, mépris peutêtre, qui seront autant de causes de souffrances pour lui. Il est exhorté à supporter tout cela avec patience. L'apôtre pouvait dire: « C'est pourquoi j'endure tout pour l'amour des élus» (2 Timothée 2, 10),
faisant sans doute directement allusion aux souffrances qui étaient les siennes en tant que « lié de
chaînes comme un malfaiteur », mais ayant aussi devant lui, nous pouvons le penser, l'ensemble des
souffrances qu'il endurait dans un service fidèle pour le Seigneur et pour les siens.
Il est encore une autre souffrance à endurer: celle qu'éprouve un serviteur, un croyant fermement attaché au Seigneur et désireux de garder le sain enseignement, lorsqu'il voit tant d'âmes se détourner de
la vérité et rechercher des docteurs selon leurs propre,s convoitises. Est-il possible de ne pas souffrir
en considérant les résultats du travail de l'ennemi? Ce sont là aussi des souffrances qu'il faut supporter
patiemment.
3. - «Fais l'œuvre d'un évangéliste ». Le point important, ici, n'est pas de, savoir si Timothée avait ou
n'avait pas le don d'évangéliste. La pensée de l'apôtre nous paraît être celle-ci : en présence de toute
l'activité des docteurs dont il est question au verset 3, Timothée ne devait pas s'engager dans des controverses, suivre sur leur terrain ceux qui, en présentant l'Écriture, déployaient les ressources de leur
intelligence naturelle, les facultés de leur imagination ; en fait, tout cela est l'activité de la chair,
s'exerçant dans le domaine des choses de Dieu. Dans des cas de ce genre, l'on est trop généralement
porté à la discussion, espérant par ce moyen faire prévaloir la vérité. L'on n'y parvient pour ainsi dire
jamais, précisément parce que, comme nous l'avons vu, le discernement spirituel de ceux qui «détournent leurs oreilles de la vérité », ne supportant plus le sain enseignement, est obscurci par les influences charnelles ; celles de la « chair religieuse » auxquelles ils sont soumis. Que faut-il faire alors?
« L'œuvre d'un, évangéliste », c'est-à-dire présenter les vérités les plus simples, les vérités élémentaires
et fondamentales du christianisme, « enseigner quels sont les premiers rudiments des oracles de
Dieu », donner du « lait» (cf. Hébreux 5, 12).
Tel est le chemin tracé à un croyant, à un serviteur dans le temps où le sain enseignement n'est pas
supporté: d'abord, demeurer en dehors de toutes les influences susceptibles d'obscurcir le discernement
spirituel, la clarté d'esprit: «sois sobre en toutes choses» ; ensuite, ne pas se laisser arrêter par la souffrance, soit celle que l'on peut connaître de la part de ceux qui se détournent de la vérité, soit celle que
l'on peut éprouver à leur sujet du fait de leur égarement, mais au contraire la supporter avec patience:
«endure les souffrances » ; en troisième lieu, et ici il s'agit d'un service actif, présenter les vérités fondamentales de la Parole, le simple et pur Évangile dans le sens le plus étendu du terme (celui que lui
donne l'apôtre dans des passages comme Romains 1, 15, 2, 16, 16, 25 ; Philippiens 1, 5 ; 2 Timothée 2,
8 par exemple), agir d'une telle manière plutôt que d'engager discussions et controverses. Enfin, l'exhortation à persévérer en cela jusqu'au bout.
4. - «Accomplis pleinement ton service ».
Ce mot « pleinement » revient plusieurs fois sous la plume de l'apôtre, au chapitre 3 d'abord (v. 10 et
1.4), ensuite au chapitre 4 (v. 5 et 17). C'est entièrement, complètement, sans rien laisser de côté de ce
qui doit être compris de ce qui doit être fait et de ce qui doit être dit. L'apôtre pouvait assurer les anciens d'Éphèse qu'il n'avait «rien caché des choses qui étaient profitables », qu'il n'avait « mis aucune
réserve à leur annoncer tout le conseil de Dieu» ; son seul désir, même si pour cela il devait souffrir la
mort du martyre, c'était « d'achever sa course, et le service qu'il avait reçu du Seigneur Jésus pour
rendre témoignage à l'évangile de la grâce de Dieu» (Actes 20, 20, 27, 24) et, tout à la fin de sa course,
il pouvait rendre témoignage à la fidélité du Seigneur qui, alors que tous l'avaient abandonné, s'était
tenu près de lui, l'avait fortifié, afin que par lui « la prédication fût pleinement accomplie, et que toutes
les nations l'entendissent» (2 Timothée 4, 17). Quel exemple et quel encouragement pour Timothée! Et
quelle autorité morale avait l'apôtre pour adresser à son «enfant bien-aimé» cette ultime exhortation :
« accomplis pleinement ton service» !
Timothée, faible et craintif, aurait pu dire: mais à quoi bon « faire l'œuvre d'un évangéliste », on ne
supporte plus le sain enseignement, on se détourne de la vérité, on veut des docteurs selon ses propres
convoitises ! Non, aurait répondu l'apôtre, prêche la Parole, présente et enseigne « les premiers rudiments des oracles de Dieu », que rien ne t'arrête, que rien ne te décourage, le Seigneur se tiendra près
de toi comme Il s'est tenu près de moi, Il te fortifiera comme Il m'a fortifié, persévère jusqu'au bout
sans défaillance, «accompli pleinement ton service»!
Cette dernière exhortation de l'apôtre rappelle l'injonction adressée par l'Éternel à Ézéchiel. Le prophète était envoyé vers un peuple rebelle et au cœur obstiné; l'Éternel Lui-même dénonce le caractère
de ce peuple désobé1ssant, Il sait bien où Il envoie son serviteur. Mais, quoi qu'il en soit de l'état du
peuple, Ézéchiel est invité à présenter la parole de l'Éternel : « Et tu leur diras mes paroles, soit qu’ils
écoutent, soit qu'ils n'en fassent rien» (Ézéchiel 2, 7). Ils n'écouteront pas? Qu'importe, « accomplis
pleinement ton service » Et c'est encore aujourd'hui la responsabilité du fidèle au sein de la ruine de
l'Église, alors que sont manifestés les caractères du temps dont parle l'apôtre dans les versets 3 et 4 de
2 Timothée 4 ; sans faiblesse, sans défaillance, s'ans découragement. On est si facilement découragé
quand on voit les âmes se détourner de la vérité et se tourner vers les fables! Mais avec le secours du
Seigneur, la force que seul n peut communiquer, « tu leur diras mes paroles, soit qu'ils écoutent, soit
qu'ils n'en fassent rien ».
L'injonction adressée par l'Éternel à Ezéchie1 nous conduit à rappeler un enseignement dont l'importance doit être soulignée. Ce que Timothée était exhorté à présenter c'était l'évangile, dans le sens
étendu du terme, la Parole, la vérité d'un mot, c'était Christ. Ce qu'Ézéchiel avait à dire, e'était la parole
de l'Éternel : « tu leur diras mes paroles», mais pour qu'il puisse faire face à sa responsabilité il devait
obéir à ce que l'Éternel lui dit ensuite: «Et toi, fils d'homme, écoute ce que je te dis, ne sois pas rebelle,
comme cette maison rebelle ; « ouvre ta bouche, et mange ce que je te donne », et encore : « Fils
d'homme, toutes mes paroles que je te dirai, reçois-les dans ton cœur et écoute-les de tes oreilles; et va,
vers ceux de la transportation, vers les fils de ton peuple, et tu leur parleras et tu leur diras: Ainsi dit le
Seigneur l'Éternel, soit qu'ils écoutent, soit qu'ils n'en fassent rien» (Ézéchiel 2, 8 ; 3, 10, 11). Il fallait
que d'abord, Ézéchiel se nourrisse lui-même de ce que l'Éternel lui donnait avant de remplir sa mission; il ne pourrait s'en acquitter que tout autant que lui-même se serait nourri des paroles écoutées de
ses oreilles et reçues dans son cœur.
C'est dans la mesure où l'âme sera nourrie de la Parole, de Christ Lui-même, que le service pourra
être rempli selon la pensée du Seigneur, sans défaillance et sans découragement. Aussi, nous comprenons pourquoi l'apôtre présente la Personne de Christ tout au long de cette seconde Épître à Timothée:
la promesse de la vie est « dans le christ Jésus» ; le témoignage, c'est celui «de notre Seigneur» ; la
grâce nous a été donnée « dans le christ Jésus avant les temps des siècles» et elle a été « manifestée
maintenant par l'apparition de notre Sauveur Jésus Christ, qui a annulé la mort et a fait luire la vie et
l'incorruptibilité par l'évangile»; la foi et l'amour sont «dans le christ Jésus », comme aussi la grâce
dans laquelle le fidèle est exhorté à se fortifier; c'est «le Seigneur» qui seul donne de l'intelligence en
toutes choses; c’est de «Jésus Christ, ressuscité d'entre les morts» que Timothée, et le croyant avec lui,
doit se souvenir; le salut est « dans le christ Jésus », avec la gloire éternelle; c'est « avec lui» que nous
sommes appelés à vivre et à souffrir, avant de régner «aussi avec lui» ; «Lui demeure fidèle », même si
nous sommes incrédules; «Le Seigneur connaît ceux qui sont siens» et «quiconque prononce le nom
du Seigneur» est tenu de se retirer de l'iniquité, afin de poursuivre « la justice, la foi, l'amour, la paix »
avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un cœur pur » ; c'est « le Seigneur» qui a délivré Paul de toutes
les persécutions endurées; vivre pieusement « dans le christ Jésus» conduit à souffrir; les saintes lettres
peuvent rendre sage à salut par la foi qui est « dans le christ Jésus» ; c'est «le christ Jésus, qui va juger
vivants et morts» et c'est «le, Seigneur juste juge» qui donnera la couronne de justice à Paul, et aussi à
tous ceux qui aiment son apparition; «le Seigneur» se tient près des siens et les fortifie, les délivre de
toute mauvaise œuvre et les conserve pour son royaume céleste; et c'est « à Lui» qu'appartient la gloire
aux siècles des siècles. Enfin, l'apôtre termine par ce souhait: « Le seigneur Jésus Christ soit avec ton
esprit» (1, 1, 8, 9, 10, 13 ; 2, 1, 3, 7, 8, 10, 12, 13, 19, 22 ; 3, 11, 12, 15 ; 4, 1, 8, 17, 18, 22). Ce n'est là
qu'une longue énumération, alors qu'il conviendrait de s'arrêter sur chacun de ces passages; nous y verrions comment toutes les vérités prés,entées se lient à la Personne de Christ, ce qu'est Jésus pour le fidèle, les ressources qui sont en Lui et demeurent jusqu'à la fin. Considérons ces divers passages chacun pour ce qui nous concerne, méditons-les; que cette méditation attache nos cœurs à Celui qui est fidèle et en qui nous avons tout déjà présentement, si sombres que soient les temps, et pour l'éternité! Et
qu'ainsi nous soyons rendus capables de mettre en pratique les quatre dernières exhortations adressées
par l'apôtre à Timothée: «Mais toi, sois sobre en toutes choses, endure les souffrances, fais l'œuvre
d'un évangéliste, accomplis pleinement ton service.»
P. F.
_________________________
ACAN
(Josué 7)
On a dit que le Nouveau Testament est caché dans l'Ancien, et que ce dernier est révélé dans le
Nouveau. Nous pourrions plutôt dire que l'Ancien Testament est le livre qui illustre les principes exposés dans le Nouveau Testament. Le livre de Josué, par exemple, qui nous parle des conflits du
peuple terrestre de Dieu lorsqu'il s'agit de prendre possession de la terre promise, illustre pour nous
l'épître aux Éphésiens. Dans cette épître, le chrétien est vu dans son héritage céleste, en conflit non
avec la chair et le sang, mais avec la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes. En d'autres termes, en conflit avec le diable et ceux qui dépendent de lui.
Jusqu'au chapitre 6 de Josué, les Israélites avaient remporté une suite ininterrompue de victoires et la
crainte était tombée sur leurs ennemis. Pleins de confiance ils avançaient vers la petite cité d'Aï, mais
ils furent mis en déroute avec pertes par les habitants du pays. C'était pour le moins inattendu, et nous
sommes directement intéressés par les causes et les conséquences de cette défaite.
Il nous est dit que notre Seigneur a été manifesté pour détruire les œuvres du diable. Il a dit luimême: «Ayez bon courage, j'ai vaincu le monde ». Par conséquent, quand un enfant de Dieu subit une
défaite devant ses ennemis, le diable ou le monde du diable, il lui convient de rechercher sérieusement
et humblement devant Dieu, comment cela s'est produit. Que nous subissions des défaites, cela n'est,
hélas, que trop évident, mais que Dieu nous garde de nous y accoutumer et de cesser d'être exercés par
elles. Cela ne doit pas être.
La défaite d'Israël à Aï peut nous enseigner beaucoup à cet égard. Pourquoi Israël fut-il défait? La
cause réelle était la désobéissance d'un seul homme et elle était demeurée cachée. L'effet de cet acte
sur toute la congrégation fut de fortifier en eux cette notion que le peuple était un, que personne ne
pouvait agir d'une façon indépendante sans nuire à tout l'ensemble. S'il en était ainsi à cette époque,
combien cela est-il plus vrai maintenant. Nous avons des passages tels que Romains 14, 7 : « car nul
de nous ne vit ayant égard à lui-même, et nul ne meurt ayant égard à lui-même ». C'est en somme le
principe général, mais nous avons des passages plus directs comme 1 Corinthiens 12, 12 et 26 : « Car
de même que le corps est un et qu'il a plusieurs membres, mais que tous les membres du corps, quoiqu'ils, soient plusieurs, sont un seul corps,... » - « et si un membre souffre tous les membres souffrent
avec lui; si un membre est glorifié, tous les membres se réjouissent avec lui. » C'est une pensée très sérieuse que qui que ce soit d'entre nous, lorsqu'il tolère quelque péché dans sa vie, peut non seulement
détruire sa propre communion avec le Seigneur, mais peut être aussi un moyen d'entraver la puissance
dans l'Église de Christ parmi l'église professante entière, dans la compagnie où nous nous trouvons
nous-mêmes, ou dans notre propre réunion. S'il y a un tel manque de puissance, ne convient-il pas à
chacun de nous de s'adresser la question: « Seigneur, est-ce moi?»
Cela peut être en premier lieu un sujet d'action collective, mais il y a aussi une application personnelle nettement définie, et c'est sur cette base que nous désirons envisager la question. Auparavant
il y a deux points qui doivent retenir notre attention, deux dangers qu'il importe de signaler.
1. Le premier est de sous-estimer l'ennemi.
C'est une grave erreur, dans laquelle ceux qui ont été vainqueurs dans le passé, sont le plus en danger
de tomber. Comparée à Jéricho, Aï était une petite ville. Jéricho était tombée, et l'avis que les espions
donnèrent à Josué était empreint de sagesse humaine: «ne fatigue pas tout le peuple en l'envoyant là;
car ils sont peu nombreux.» C'est une grande folie pour un chrétien que de sous-estimer son ennemi,
son adversaire le diable. Bien des tentations qui nous assaillent peuvent nous paraître de petites
choses, mais derrière chacune d'elles se trouvent la ruse et la puissance de Satan qui s'applique à nous
faire tomber. On peut découvrir ses artifices dans les endroits les plus inattendus. Nous en avons un
exemple en Matthieu 16, quand au moment où le Seigneur annonce sa mort, Pierre s'écrie: «Seigneur,
Dieu t'en préserve, cela ne t'arrivera point! » Sans aucun doute, son cœur ardent s'élevait contre la pensée de voir son bien-aimé Seigneur et Maître, souffrir une mort ignominieuse, cependant le Seigneur
discerne dans l'expression spontanée de son disciple la suggestion de Satan. C'est pourquoi Il prononce
ces mots en apparence si durs, mais en réalité si justifiés: «Va arrière de moi, Satan! » Il ne nous conviendra jamais de dire d'une tentation ou d'une épreuve: ce n'est qu'une chose sans importance. Éphésiens 6, le chapitre de la lutte, nous avertit de revêtir l'armure complète de Dieu « afin que, au mauvais
jour vous puissiez résister », c'est le conflit actuel «et après avoir tout surmonté, tenir ferme.» Cela
veut dire que quand la bataille est finie, nous devons encore veiller constamment, nous attendant à une
nouvelle attaque toujours possible. Ne sous-estimons pas l'ennemi.
2. Le second est le découragement.
D'un autre côté nous devons remarquer l'attitude de Josué. Il ne convient nullement de critiquer ce
grand serviteur, et nous devons lire cette histoire pour y trouver matière à enseignement pour nousmêmes; nous pouvons tout au plus noter que nous ne voyons pas ici Josué à son niveau habituel. Il est
bon que le chrétien sente ses échecs et soit ainsi humilié. Cependant il est mauvais qu'il se laisse aller à
s'apitoyer sur lui-même et à douter de l'issue de la lutte. Josué envisage l'échec total de la campagne
alors qu'on sent très bien qu'une telle issue ne pouvait être. Bien plus il ne manifeste aucun désir de
connaître la cause profonde du désastre alors que ce devrait être le premier soin du chrétien en face
d'une défaite. Il y a pourtant dans sa plainte, un trait qui est très beau, c'est le souci qu'il montre du
grand nom de l'Éternel. Nous pouvons bien l'imiter en cela. Notre défaite aura certainement pour effet
de nous faire perdre la face, mais ce qui doit nous affecter davantage c'est le déshonneur qui peut être
jeté sur le nom de Celui que nous aimons et désirons servir.
Il convient de remarquer ici trois résultats du châtiment sur le peuple de Dieu, tels qu'ils nous sont
présentés en Hébreux 12. Nous lisons: « Mon fils, ne méprise pas la discipline du Seigneur.» Il est
possible que notre orgueil refuse de reconnaître cette discipline, que nous la traitions stoïquement
comme étant le lot commun de tous les hommes. C'est un tort et une folie, car le but que Dieu a en vue
pour nous ne peut être atteint si nous persévérons dans une telle attitude. D'un autre côté, l'erreur opposée ne vaut pas mieux : «ne perds pas courage quand tu es repris par lui ». C’est l’autre extrême, le
découragement que nous avons remarqué en Josué, qui considère que tout est perdu et qui est prêt à
abandonner la lutte. Cela aussi va à l'encontre du but.
Nous usons plus loin (Hébreux 12, 11) au sujet de la discipline, que « plus tard, elle rend le fruit
paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle ». Si cette discipline n'est pas accueillie par un
dédain méprisant, ni reçue comme une irréparable calamité, mais comme un exercice pour nous, l'âme
dit: Seigneur que veux-tu m'enseigner par là? Où ai-je manqué? Le résultat est alors «le fruit paisible
de la justice ». Certainement le psalmiste avait réalisé quelque chose de ces exercices quand il disait :
« Il est bon pour moi que j'aie été affligé, afin que j'apprenne tes statuts» (Psaume 119, 71). Si nos
échecs nous amènent à apprendre d'une façon plus réelle et plus personnelle ce que le Seigneur veut
nous enseigner, alors ils n'auront pas été vains.
Occupons-nous maintenant de celui qui est le personnage central de cette histoire: Acan. La véritable
cause de la défaite devant Aï ne résidait pas dans la valeur particulière des hommes de cette cite, mais
il y avait dans le camp d'Israël une source secrète de faiblesse. Si nous transposons cela dans le langage de l'épître, aux Éphésiens, leur défaite ne fut pas l'œuvre de leur ennemi extérieur c'est-à-dire «la
puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes », mais d'un ennemi intérieur, qui
représente pour nous « le péché dans la chair » Notre combat n'est pas seulement contre Satan :et son
armée, si rude et si constant que ce conflit puisse être, mais il est aussi contre notre « vieille nature »,
la chair, car nous lisons en Galates 5, 17: « car la chair convoite contre l'Esprit, et l'Esprit contre la
chair; et ces choses sont opposées l'une à l'autre afin que vous ne pratiquiez pas les choses que vous
voudriez. »
Il arrive souvent qu'un chrétien qui a résisté avec succès aux ruses de l'ennemi, tombe sous le pouvoir de la vieille nature laquelle «ne se soumet pas à la loi de Dieu car aussi elle ne le peut pas» (Romains 8, 7). Dans notre chapitre nous voyons Acan convoiter un manteau de prix et de l'or. Il fit plus
que de les convoiter, il les prit et les cacha, pensant s'en servir un jour. La gravité de son acte venait de
ce que l'Éternel avait donné des instructions formelles à tout le camp (Josué 6 18, 19) et personne ne
devait garder de butin: Tout était anathème, excepté l'or et l'argent, et ces derniers étaient consacrés à
l'Éternel. Il y avait donc eu une désobéissance flagrante à l'Éternel dans ce cas, et c’est ce qui avait
motivé le retrait de sa bénédiction et les rigueurs de sa justice.
À part la question de la désobéissance d'Acan, l'acte de ce dernier nous fait voir la racine de plus
d'une chute, et une cause de la faiblesse au milieu de nous. Nous pouvons résumer sa faute en deux
points. Le premier était la mondanité: un beau manteau de Shinhar. Ce n'était pas un vêtement convenable pour quelqu'un qui suivait l'Éternel ; il pouvait être splendide et faire paraître à son avantage celui qui le portait, mais il n'appartenait pas à Israël. Gela nous rappelle le salutaire enseignement de
Romains 12, «ne vous conformez pas à ce siècle» qui vise la conformité extérieure. C'était justement
cette conformité extérieure avec Babylone que recherchait Acan. Il est bien vrai que comme chrétiens
nous sommes dans le monde, mais nous savons bien que nous n'en faisons pas partie. Si nous sommes
placés dans le monde comme témoins de notre Seigneur et maître c'est précisément parce que nous
n'en sommes plus. On a, dit que la conformité au monde nous laisse sans puissance pour lui résister et
lui rendre un témoignage effectif. Ne convoitons donc pas ce qu'il nous offre. L'exhortation de 2 Pierre
3, 11 est bien à sa place ici: «Toutes ces choses devant donc se dissoudre, quelles gens devriez vous
être en sainte conduite et en piété. » Que le Seigneur nous accorde de bien peser la réponse à cette
question.
Deuxièmement Acan est coupable de retenir ce que l'Éternel avait réclamé pour Lui-même. L'or et
l'argent devaient être consacrés à l'Éternel, personne n'avait le droit d'en garder pour son compte personne1. Est-ce que cela ne nous remet pas en mémoire ces, paroles de Malachite 3, 8 : « Un homme
frustrera-t-il Dieu ? Toutefois vous me frustrez et vous dites: En quoi te frustrons-nous? Dans les
dîmes et dans les offrandes élevées. » On pourra dire: mais nous ne sommes plus maintenant sous la
loi, et l'obligation de donner la dîme de nos revenus n’existe plus. La réponse à cette objection est que
la dîme était la reconnaissance que tout venait de l'Éternel, et Lui appartenait, et de plus nous Lui appartenons aussi; 1 Corinthiens 6, 20 nous dit « Glorifiez donc Dieu dans votre corps. »
En écrivant ainsi, nous avons bien dans la pensée que notre Seigneur et Maître n'est pas ainsi que le
dit le mauvais serviteur dans la parabole, «un homme sévère» (Luc 19, 21) faisant valoir durement ses
droits sur ceux qui le suivent. Bien au contraire, « Il nous donne toutes choses richement pour en
jouir », (1 Timothée 6, 17). Ce que nous voulons mettre en évidence est simplement ceci: que notre
vie, notre âme tout doit être à sa disposition et gardé pour Lui. Combien de fois devra-t-il pour ainsi
dire nous les rendre afin que nous puissions les employer à Sa gloire ! Nous avons besoin de réaliser
que s'Il attend que nous Lui livrions ce que nous pouvons avoir, Il a le droit de faire ainsi.
Le manquement dans ces choses, nous conforme au monde, et retenir par devers nous ce qu'Il nous a
confié, fera que nous serons nécessairement faibles devant l'ennemi, sans force pour le combat ou le
témoignage. Il ne peut y avoir ni progrès, ni restauration, ni victoire jusqu'à ce que le péché soit jugé.
Pour Acan ce fut une chose solennelle. Nous voyons les tribus, les famines, les maisons, défiler silencieusement devant Josué, jusqu'à ce que la tribu, la famille, la maison, l'homme coupable, soient manifestés. Il faut s'enquérir soigneusement et nous pouvons comme David au Psaume 139 être amenés à
dive: « Sonde-moi, ô Dieu! Et connais mon cœur; éprouve-moi et connais mes pensées. Et regarde s'il
y a en moi quelque voie de chagrin, et conduis-moi dans la voie éternelle.» Cette requête est des plus
nécessaires car nous ne pouvons avoir aucune confiance en nos cœurs.
Le jugement d'Acan et de tout ce qui était à lui est une chose terrible et nous frissonnons en le lisant.
Par ce moyen, l'Esprit de Dieu, veut présenter à nos âmes, dans la Parole inspirée, quelle chose vraie et
profonde doit être le jugement touchant le péché qui a provoqué la chute. Il y a toutefois dans ce jugement de nous-mêmes, l'espoir d'une communion retrouvée, et Osée 2, 15 parle de la vallée d'Acor
comme d'une porte d'espérance. De cet endroit, où le péché a été jugé en présence de Dieu, le peuple
se lève pour continuer sa marche victorieuse. C'est pourquoi, en terminant cette méditation sur une
page terrible de l'Ancien Testament nous devons répéter qu'il ne peut jamais y avoir de place pour le
découragement. Si loin que nous soyons égarés, si durement que nous soyons tombés, la vallée d'Acor
est une porte d'espérance. La réalisation, la confession et le jugement de notre péché sont le point de
départ de la restauration, du pardon et de la communion retrouvée. Le péché d'Acan était le péché de la
nation, et cela étant jugé, Dieu peut encore prendre son plaisir en eux. Pour nous, si nous confessons
nos péchés, « Il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité» (1
Jean 1, 9).
H. W. M.
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FRAGMENT SUR EXODE 29
C'est afin qu'il puisse demeurer au milieu des siens que Dieu les a rachetés (versets 43-46). Cela sera
pleinement réalisé quand l'habitation de Dieu sera avec les hommes (Apocalypse 21, 3). Aujourd'hui,
Dieu habite par son Esprit dans l'Église (Éphésiens 2, 19-22) ; c'est un accomplissement partiel de ce
qui aura lieu alors. Le Saint Esprit peut être contristé, mais il est là pour agir au milieu des saints et en
chacun d'eux, pour produire la louange, faire comprendre la Parole, faire marcher dans les bonnes
œuvres. La responsabilité de l'Église serait beaucoup plus sentie si nous avions un plus profond sentiment de la présence de Dieu qui nous a tirés du monde pour habiter au milieu de nous. Depuis la Pentecôte il n'est plus parlé du Saint Esprit que comme étant sur la terre, avec l'Église, bien que comme
Dieu, il soit partout. Le sentiment de notre responsabilité et notre force, proviennent du sentiment que
le Saint Esprit est au milieu de nous.
Aaron seul, dans sa consécration, est un type de Christ. Aaron et ses fils représentent l'Église quand
ils sont pris ensemble.
Il y a plusieurs choses communes entre la purification du lépreux et la consécration du sacrificateur :
le chrétien, en effet, doit être purifié du péché et consacré à Dieu pour être sacrificateur. Les offrandes
ne pouvaient être présentées que lorsque le sacrificateur avait été purifié.
J.N.D.
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INTRODUCTION À L'ÉTUDE DES ÉVANGILES
Jean 13
(Suite de la page 246)
Les deux chapitres 13 et 14 servent d'introduction à la dernière partie de l'évangile de Jean. Rien ne
manquait au témoignage que Jésus avait rendu, non pas avec l'espoir d'être reçu par les hommes, mais
à la gloire de Dieu qui l'avait envoyé. Dès lors, il se sépare des hommes pour prendre une place digne
à la fois de sa gloire intrinsèque, de sa gloire comme Fils de Dieu, et de celle qui Lui est conférée en sa
qualité de Fils de l'homme, ainsi que pour donner aux siens une part avec Lui dans cette gloire céleste,
au lieu d'établir son règne messianique sur la terre en rapport avec le peuple d'Israël. Il ne s'agit plus ni
des Juifs, ni des hommes en général, et Jésus s'adresse aux siens qui sont dans le monde, objets constants de son amour inaltérable; il s'adresse à eux comme étant sur le point de quitter ce monde, pour
prendre la place qui sied à sa nature divine et à la gloire que le Père Lui a destinée, mais pour la prendre d'une manière toute nouvelle, comme homme ressuscité, car le ciel était une chose nouvelle pour
l'homme Jésus sur cette terre. Bien que le Seigneur sache d'avance qu'un de ses disciples le trahira
qu'un autre le reniera, son amour ne se laisse point rebuter, et n leur donne un signe visible du service
que cet amour devait leur rendre, des soins qu'il prendrait d'eux, après avoir quitté la terre pour entrer
dans sa gloire.
Lorsque Jésus était au milieu de ses disciples, il leur avait prodigué son affection et sa sollicitude, ils
avaient eu part avec Lui; désormais, il ne s'agissait plus de la terre, mais du ciel, des soins de sa grâce,
en rapport avec la gloire où il serait, en rapport avec cette position toute nouvelle qu'il allait prendre;
les disciples ici-bas devaient avoir part avec Lui dans le ciel, comme ils avaient été unis avec Lui sur
la terre, et c'était de nouveau à leur service qu'il serait dans la gloire, comme il l'avait été dans la honte
et le mépris. « Si je ne te lave, tu n'as pas de part avec moi.» Le lavage des pieds n'indique pas l'expiation du péché, ni la souffrance pour les péchés, mais les soins de l'amour de Jésus en faveur des saints,
afin de les rendre capables d'avoir communion avec Lui ici-bas, avant d'être réunis avec Lui dans les
demeures célestes. Pour entrer dans la gloire avec Jésus, il faut être net, il faut avoir été une fois nettoyé, lavé de ses péchés dans son sang ¹ ; mais pour vivre en communion pratique avec Lui tel qu'il est
maintenant dans la gloire, il faut le lavage continuel par l'application de la Parole : «Celui qui a tout le
corps lavé, n'a besoin que de se laver les pieds ».
¹ Les disciples n'étaient pas encore nettoyés par le sang de Christ, mais déjà nés d'eau et d'Esprit; l'Esprit avait produit cette
œuvre morale en eux par la parole de Jésus. (Voyez 15, 3.)
L'acte du Seigneur, en lavant les pieds de ses disciples, signifie l'emploi de la Parole par le moyen du
Saint Esprit, en rapport avec tout ce qui est opposé, pendant notre marche terrestre, à nos relations
avec Christ glorifié dans le ciel. Le Saint Esprit applique la Parole à nos consciences, afin de nous
faire éviter ce qui tend à interrompre notre communion avec Jésus, ou afin de nous ramener dans cette
communion lorsque nous l'avons perdue. Son œuvre ici-bas correspond à la sollicitude de Jésus dans le
ciel, à son activité en faveur de ceux avec la cause desquels il s'identifie. Le Seigneur indique à ses
disciples, que ce lavage de leurs pieds fait allusion à une chose qu'ils comprendront plus tard, et qui a
une signification mystique. Bien que son amour et sa condescendance apparussent d'une manière étonnante dans l'attitude même qu'il prenait devant ses disciples, toutefois cet amour s'était montré déjà
auparavant de tant de manières différentes, que le lavage des pieds devait nécessairement signifier
autre chose qu'un simple service extérieur, ce qui ressort également des paroles suivantes de Jésus:
«Vous m'appelez maître et seigneur, et vous dites bien, car je le suis ; si donc moi, le Seigneur et le
Maître, j'ai lavé vos pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds, les uns aux autres.» Ce que
Pierre ne comprenait pas, mais, qu'il comprendrait dans la suite, ce n'était donc nullement la bonté du
Seigneur ici-bas., qui ne reculait devant aucun service lorsqu'il s'agissait de ses disciples, mais d'une
grâce nouvelle, d'un service tout différent de ce que Jésus avait fait durant sa carrière terrestre. Le lavage des péchés a eu lieu par le sang Christ ; mais à côté de cela, il y a le lavage d'eau à deux points de
vue différents : le lavage de la régénération, inséparable de la rédemption par son sang qui a eu lieu
également une fois pour toutes (Tite 3, 5 ; Éphésiens 5, 26 ; Hébreux 10, 22 ; Jean 3, 5 ; 1 Pierre 1,
23) ; et le lavage des pieds, c'est-à-dire l'application constamment renouvelée, constamment nécessaire
de la Parole à nos consciences par l'opération du Saint Esprit, lequel nous fait ainsi découvrir les
choses incompatibles avec notre position d'enfants de Dieu,et nous amène à nous juger dans les détails
de notre marche journalière.
Quel contraste entre cette grâce de Jésus et la trahison de Judas! Ici encore, il est dit que Jésus fut
troublé dans son esprit. À la fin du chapitre, Judas étant sorti pour le livrer entre les mains des Juifs, il
parle de sa mort comme devant glorifier Dieu: « Maintenant le Fils de l'homme est glorifié, et Dieu est
glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même, et incontinent il le glorifiera.» Sa mort n'est pas envisagée au point de vue du pardon et de la délivrance des siens, mais
comme le moyen suprême de glorifier Dieu, car Jésus n'a pas reculé devant la croix pour cela, et en lui
Dieu a été glorifié bien davantage que si le péché n'était jamais entré dans le monde. Maintenant nous
savons que Dieu aussi l'a glorifié. Les Juifs attendent la gloire terrestre du Messie, mais les paroles que
Jean nous rapporte, annoncent la glorification de Jésus après sa mort, bien avant l'époque de la manifestation publique de sa gloire sur la terre. Dans sa mort, il a été seul; l'arche a dû précéder le peuple
dans le Jourdain: «Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant, mais tu me suivras plus tard. »
(À suivre)
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DEUX FRAGMENTS
Quand Dieu agit en puissance pour rassembler autour de lui-même, il agit au milieu d'un mal dont il
faut être séparé entièrement pour être avec Lui. Point d'union sans séparation! La séparation n'est pas
le but; elle est le point de départ. En Adam il en eut été autrement: on aurait joui ensemble des bénédictions de Dieu, sans le mam. Depuis que le mal est entré dans le monde, il faut s'en séparer. Le
monde cherche l'unité pour se réunir: c'est le principe de Babel; et l'union du monde est, comme fait,
plus puis ante que celle de l'église. Tout tend vers une unité qui sera Babylone et que Dieu confondra
(voyez Apocalypse 18).
Il y a une autre union, que le monde et Satan cherchent ; c'est celle du bien et du mal. Satan tient à
cette union, comme Dieu tient à la séparation. Avant le déluge, Satan unit les enfants de Dieu, avec les
filles des hommes ; ensuite il mêla les Israélites avec les Cananéens, et maintenant il mêle l'Église et le
monde. Satan a cherché à détruire l'isolement de ce que Dieu avait séparé, à unir le bien et le mal, et à
détruire le témoignage : cette union-là est l'œuvre de Satan.
Quand Dieu veut un peuple pour lui-même, il dit à Abraham: Sors (Genèse 12, 1). Dieu sépara Israël
des autres nations (Deutéronome 32, 8 ; Nombres 23, 9). Voilà l'unité basée sur la séparation.
*
*
*
Le chrétien doit éviter de prendre de mauvais moyens pour faire de bonnes choses. Si Dieu envoie
des missionnaires, je m'en réjouis; mais je ne veux pas employer des moyens que Dieu n'emploie pas
pour en avoir; je ne peux pas marcher avec ces moyens. Dieu est responsable du but, mais non pas
nous; nous le sommes des moyens. L'homme dit: nous pouvons faire, nous devons faire; ce n'est pas la
foi. Nous sommes responsable de l'obéissance à Celui à qui nous sommes. On nous attaquera comme
ne voulant pas le but, si nous ne voulons pas les moyens que l'homme imagine! Nous ne sommes pas
du monde parce que Christ n'en est pas et a été rejeté par lui, et la fidélité demande que nous souffrions avec Christ.
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LA CÊNE DU SEIGNEUR À SA TABLE
Il est clair que « participer à la Table du Seigneur» (1 Corinthiens 10, 21), c'est prendre la Cène avec
l'assemblée « réunie ensemble» (11, 20). Derrière la figure de langage nous trouvons le repas commun,
pris en souvenir de la mort du Seigneur. Ce privilège, car ce n'est nullement une ordonnance, pas plus
qu'un sacrement, est proposé à tous les chrétiens. Ils en usaient, au temps de l'apôtre, dans la séparation du paganisme et du judaïsme, et ceux de Corinthe étaient avertis qu'ils ne pouvaient « participer à
la Table du Seigneur et à la table des démons ». Ils devaient « fuir l'idolâtrie », et du moment qu'ils
avaient part à la Cène, ils ne pouvaient s'associer à quoi que ce fût des cultes idolâtres, même si, con-
vaincus de l'inanité des faux dieux, ils n'y participaient qu'extérieurement ou de loin, par exemple en
mangeant des viandes qui avaient été offertes aux idoles. En effet, dans la Cène ils exprimaient la
communion du sang du Christ en buvant de la coupe, et la communion du corps du Christ en rompant
le pain; ils témoignaient qu'ils étaient «un seul pain, un seul corps », le corps du Christ. Pouvaient-ils
donc faire participer le corps du Christ à l'idolâtrie?
La question était simple. Elle le reste dans son principe. Ce qui la complique aujourd'hui, c'est que la
chrétienté, si elle professe être séparée de l'idolâtrie comme du judaïsme, a laissé pénétrer chez elle
quantité des « éléments du monde », et qu'elle s'est divisée en groupes différents dont chacun affirme
prendre le repas institué par le Seigneur. Les uns y ajoutent, les autres y retranchent. Ceux ci en font
un sacrement, ceux-là le monopole des tenants d'une doctrine particulière. Ici on admet chacun sous sa
responsabilité personnelle, là On exige une profession de foi. Mais, quelle que soit la confusion, le
principe posé à propos de l'idolâtrie à Corinthe demeure, savoir que la table exprime la communion:
quiconque prend part au repas a « communion avec l'autel », c'est-à-dire avec le culte rendu et l'ensemble de ceux qui le rendent. De sorte que d'une part «quiconque mange le pain ou boit la coupe du
Seigneur indignement sera coupable à l'égard du corps et du sang du Seigneur» (11, 27), et d'autre part
s'asseoir à une « table» associe le participant à ce qui la caractérise, tout comme manger des sacrifices
offerts aux idoles mettait en «communion avec les démons» (10, 20).
Un chrétien qui a les intérêts du Seigneur à cœur a donc le devoir de s'assurer qu'il rompt le pain selon Sa pensée. Il doit d'abord, le faire d'une manière «digne» quant à lui-même, selon l'enseignement
de 1 Corinthiens 11, 27-29, chacun «s'éprouvant soi-même» avant de venir pour manger du pain et
boire de la coupe. Voilà le côté individuel. Mais il ne peut prendre la Cène seul, il le fait à la Table où
s'exprime la communion: c'est donc le rassemblement tout entier qui, avec lui, doit reconnaître le Seigneur dans tous ses droits, sinon ce chrétien s'expose à se trouver en communion avec ce qui déshonore le nom du Seigneur. Une conscience éclairée ne saurait rompre le pain dans un rassemblement où
la responsabilité collective de l'Assemblée, telle que nous l'enseigne 1 Corinthiens 5, ne serait pas ressentie, pour recevoir ou pour écarter, et où la souillure de chair ou d'esprit ne serait pas jugée, dans
l'exercice de la discipline selon la Parole, pouvant aller si nécessaire jusqu'au retranchement ¹. Elle ne
le pourrait pas davantage dans un rassemblement qui ne serait pas celui de l'Assemblée réunie au nom
du Seigneur, avec Sa présence personnelle assurée selon la promesse de Matthieu 18, 20, mais qui serait un rassemblement opéré selon une pensée et une organisation humaines. Un rassemblement sectaire, c'est-à-dire fondé sur une doctrine particulière, et dont les adeptes prennent un nom à part dans la
chrétienté, n'est pas plus à reconnaître qu'une Église de multitude avec son clergé. La Table du Seigneur ne peut se trouver que là où l'Assemblée se rassemble comme telle, simplement mais réellement
au nom du Seigneur.
¹ Il s'agit du principe. La pratique sera toujours marquée de l'imperfection humaine. Mais le Seigneur, qui marche au milieu des sept lampes d'or, supporte longuement, avertit, reprend, et intervient en châtiment au temps convenable, jusqu'à ôter
la lampe de son lieu.
Il n'y a certes, aucune difficulté à estimer que des âmes pieuses mais mal éclairées se souviennent de
la mort du Seigneur n'importe où elles ont part à ce qui leur est présenté comme la Cène, et qu'elles y
trouvent joie et réconfort. Nous ne pouvons que bénir Dieu de ce qu'elles éprouvent là.
Mais chacun est tenu de marcher selon la lumière qu'il a reçue. Si nous avons été enseignés quant à
la sainteté de la Table du Seigneur, et quant à l'unité du Corps de Christ qui y est proclamée, nous
avons à conformer notre pratique à cet enseignement de l'Écriture. Il ne nous sera pas Possible de penser que nous avons la liberté d'aller ici ou là pour participer à la Table du Seigneur comme si elle était
partout, ou presque partout. Elle ne peut pas être partout ou presque partout. Il y a un lieu, et un seul,
où Lui-même l'établit.
Je n'ai pas à évaluer la mesure dans laquelle des chrétiens réunis, soit dans les grandes Églises de
multitude soit à titre indépendant, se souviennent du Seigneur; Lui le sait, qui connaît toutes choses.
Mais j'ai à m'assurer que moi je le fais à Sa Table, là où Il rassemble les siens, dans l'unique séparation
du mal. Si l'instruction de Matthieu 18, 20 est la seule à cet égard, elle est d'une parfaite clarté. Même
pour ce que les sacrificateurs de l'ancienne alliance pouvaient appeler la «table de l'Éternel» (Malachie
1, 7), il ne suffisait pas d'un autel, ou d'une table de pains de proposition, mais il fallait se trouver au
lieu que l'Éternel lui-même avait choisi. Et n'est-il pas significatif de voir les évangiles insister sur le
soin avec lequel le Seigneur fixe le lieu, la chambre garnie toute prête, où les disciples devaient préparer cette pâque pour laquelle il allait se mettre à table avec les douze, et au cours de laquelle Il allait
instituer la Cène? « Où veux-tu? » demandent les disciples. « Apprêtez là la pâque », leur dit Jésus.
« Et les disciples firent comme Jésus leur avait ordonné» (Matthieu 26, 17, 20 ; Marc 14, 12-17 ; Luc
22, 7-14).
Si exerçant et douloureux que ce puisse être, nous ne pouvons donc appeler Table du Seigneur
quelque « table» de la chrétienté que ce soit, dressée sur une autre base que l'unité du Corps du Christ.
Cela implique que nous ne saurions y reconnaître la célébration de la Cène, quoi que d'autres puissent
y trouver: sinon nous serions coupables de ne pas nous sentir libres d'y participer.
Toute équivoque sur ce point est à écarter. Une distinction existe, de toute évidence, entre la Table
du Seigneur, telle qu'elle est présentée en 1 Corinthiens 10, 21, où le côté primordial est celui de la
communion, et la Cène du Seigneur telle qu'en est présentée en 1 Corinthiens 11, où c'est le mémorial
qui est considéré ¹. Mais il est tout aussi évident que la Table n’est telle que parce qu’on y prend la
Cène. Dans les deux cas c’est la même célébration du même repas commun commémoratif, l’accent
étant à mettre dans le premier sur « commun », dans le second sur « commémoratif». Si donc on voulait insister sur la difficulté de les séparer, ce ne pourrait être pour en conclure que la Table du Seigneur est partout sous prétexte que la Cène serait partout, mais bien au contraire que, pour celui qui
veut être fidèle, la Cène du Seigneur n’est pais partout parce que la Table du Seigneur n’est pas partout. Quand les Corinthiens célébraient « indignement» la Cène, l’apôtre leur dit que ce faisant ils ne
mangeaient pas le souper du Seigneur (autrement traduit Cène dominicale), et qu’ils méprisaient
l’Assemblée de Dieu.
¹ Ce sujet a été maintes fois traité. Nous recommandons à nos lecteurs, entre autres:
- J. N. D. et F. P. Lettres et fragments sur la Cène et la Table du Seigneur (Messager Évangélique 1909).
- C. H. M. Pensées sur la Cène du Seigneur (Idem. 1929).
- H. R. La Table du Seigneur et la Cène du Seigneur (2ème édition) Vevey, 1924.
- A. L. La Cène. La Table du Seigneur et la Cène du Seigneur (2ème édition) Vevey 1934.
En définitive, la seule question est celle-ci : le Seigneur nous appelle-t-il à dresser une table de plus
parmi les nombreuses qui s’offrent dans la chrétienté, ou à prendre place à celle que Lui-même dresse
en dehors du camp et qui seule est la sienne ? Notre responsabilité apparaît d’autant plus grande de
maintenir tous ensemble la sainteté d’une Table à laquelle Il nous fait la grâce Car c’est pure grâce –
de participer.
Il s’agit là d’un fait, mis en relief par l’enseignement de l’Écriture. Le reste est théologie.
A.G.
__________________________________
QUELQUES ENSEIGNEMENTS TIRÉS D'ACTES 6 ET 7
Ce que Dieu a trouvé bon de nous dire de la vie et de la mort d'Étienne est consigné dans les chapitres 6 et 7 du livre des Actes. Étienne nous y est présenté depuis le début de son service jusqu'au
moment où, l'ayant achevé, « il s'endormit ». Saul de Tarse, qui alors consentait à sa mort, évoquera
plus tard cette fin glorieuse, le sang d'Étienne répandu, «d'Étienne, ton témoin» dit-il (Actes 22, 20), le
fidèle témoin du Seigneur, le premier des martyrs dont nous parle le livre des Actes. La vie Étienne
tout autant que sa mort est digne d'arrêter particulièrement notre attention ; nous pourrions penser qu'il
ne nous sera pas demandé de sceller notre témoignage de notre sang, ce n'est donc pas tant dans sa
mort qu'Étienne est pour nous un exemple ; encore qu'il y ait d'utiles enseignements à dégager du récit
qui termine le chapitre 7 ; c'est surtout sa vie, son service que nous pouvons considérer avec fruit, demandant à Dieu qu'Il nous accorde la grâce d'imiter en quelque mesure un tel exemple.
D'un seul, l'Homme Christ Jésus, la vie a été parfaite, du commencement à la fin. Dieu a « sondé son
cœur », l'a « visité de nuit », « éprouvé au creuset? » et «n'a rien trouvé» (Psaume 17, 3), rien trouvé
qui ne soit pour sa gloire et la satisfaction profonde de son cœur. Étienne, comme tous les disciples du
seul «témoin fidèle» (Apocalypse 1, 5), a eu sans nul doute ses faiblesses, mais il est très remarquable
que le récit d'Actes 6 et 7 ne nous en rapporte aucune. Ces deux chapitres nous le montrent sans défaillances, reproduisant de façon admirable les traits de l'Homme parfait. Le fait mérite d'autant plus d'être
souligné que nous n'avons pas beaucoup d'exemples semblables dans les Écritures.
Le premier trait qui caractérise Étienne nous est indiqué avant même que son nom ait été donné.
C'est à propos des difficultés survenues à Jérusalem à l'occasion de l'exercice de la bienfaisance qu'il
est parlé de «sept hommes» ayant un bon témoignage, pleins de l'Esprit Saint et de sagesse» ; Étienne
était l'un d,es sept qui furent choisis comme présentant ces caractères. Les murmures qui s'élevèrent
alors constituaient un nouvel effort de l'ennemi contre l'assemblée ; aujourd'hui encore, l'adversaire se
sert parfois de ce même moyen pour s'attaquer au témoignage. Dans les premiers jours de l'histoire die
l'Église, les dons étaient apportés « aux pieds des apôtres; et il était distribué à chacun, selon que l'un
ou l'autre pouvait en avoir besoin» (Actes 4, 35). Le verset 2 d'Actes 6 nous montre bien que les apôtres remplissaient à cet égard un service actif; le Seigneur leur fait toucher du doigt que ce n'était pas
là ce qui convenait: d'une part, ils « laissaient la parole de Dieu », étaient en quelque mesure empêchés
de «persévérer dans la prière et dans le service de la parole », d'autre part « il s'élevait un murmure des
Hellénistes contre les Hébreux» (Actes 6, 2, 4, 1). En apparence, n'était-ce pas mieux que les apôtres
s'occupent eux-mêmes de cette charge? Sans doute, mais la Parole nous montre quelles en furent les
conséquences pour tous, pour l'assemblée aussi bien que pour eux. Lorsqu’une action est exercée d'une
manière qui n’est pas selon la pensée du Seigneur, l'on peut être assuré que, tôt ou tard, trouble et désordre surviendront. Aujourd'hui, le danger n'est sans doute pas tant que des frères qui devraient avant
tout « persévérer dans la prière et dans le service de la parole », cultivant et exerçant le don qu'ils ont
reçu du Seigneur, consacrent une partie de leur temps à remplir la charge de « celui qui distribue»
(Romains 12, 8), il est plutôt que tous les frères d'une assemblée locale pensent avoir à s'occuper de
cette « distribution ». Une réflexion, couramment entendue et faite sans doute en bonne conscience,
montre combien est peu compris parfois l'enseignement des Écritures sur ce point: du moment, dit-on,
que je participe à la collecte en vue de l'exercice de la bienfaisance (selon 1 Corinthiens 16, 2 et Hébreux 13, 16), je puis bien faire entendre ma voix lorsqu'il s'agit de « distribuer» ce qui a été recueilli,
à tout le moins savoir comment a été employé ce que j'ai libéralement donné. Cela semble juste et l'argumentation paraît sans réplique. Mais où trouvons-nous un principe semblable dans les Écritures?
Certes, nous le trouvons dans le monde: une saine démocratie n'y faillira pas. Mais Dieu nous garde de
l'esprit et des principes de ce monde! Il vaut d'ailleurs la peine de noter, et cela ne saurait nous surprendre, que lorsque sont méconnus, dans l'exercice de la bienfaisance, les principes d'Actes 6, 3, il se
produit un jour ou l'autre du mécontentement, générateur de murmures et de désordre, dont les conséquences s'étendent parfois jusque dans d'autres assemblée
Lorsque nous participons à la collecte faite en vue de la bienfaisance, à qui apportons-nous notre offrande? N'est-ce pas au Seigneur Lui-même, pour son œuvre et pour les besoins des siens? Si nous en
avons pleine conscience, serons-nous tellement préoccupés de savoir ce qui sera fait de ce que nous
avons donné? La responsabilité des frères : « Jetez donc les yeux, frères..., » est de choisir, parmi eux,
ceux qui sont qualifiés pour être « établis sur cette affaire» (Actes 6, 3). L'enseignement de l'Écriture
nous paraît clair: cette « affaire » n'est pas celle de tous les frères, encore bien moins des sœurs ; mais
de quelques-uns seulement, qualifiés pour s'en occuper.
Exercer la bienfaisance, «distribuer» le produit des collectes est certes une «affaire» délicate entre
toutes. Ce qu'il faut distribuer, c'est ce qui a été donné pour le Seigneur, c'est à son œuvre que nous
sommes responsables de coopérer, ce sont ceux de ses rachetés qui peuvent se trouver dans la difficulté qu'il faut aider; il y a des besoins ici et là, il importe de discerner les vrais besoins et d'y pourvoir
avec sagesse. Quel exercice avec le Seigneur, quelle communion de ses pensées cela demande! Pour
remplir avec fidélité une telle charge, il ne convient pas de se fier aux apparences, d'agir par routine,
avec une sorte d'automatisme et dans le respect de traditions établies. Il est facile de remettre un don, il
est très difficile de le faire avec sagesse et discernement. Un don peut apporter beaucoup de bien, non
seulement matériellement mais aussi spirituellement; il peut aussi produire des fruits de nature opposée si, par exemple, il constitue un encouragement, un témoignage de communion dans le service,
pour celui qui, au contraire, aurait besoin d'être averti, peut-être même repris, ou encore s'il favorise
une tendance a la paresse et a l'oisiveté. C'est le bien spirituel de celui vis-à-vis duquel la bienfaisance
est exercée qu'il faut avoir en vue, n'oubliant pas que l'on risque parfois d'aboutir au résultat inverse
tout en croyant, par la remise d'un don, coopérer à l'œuvre du Seigneur. La manière suivant laquelle le
don est remis a aussi son importance; il y a sans doute, dans bien des cas, une parole à dire et il faut
que ce soit la « parole dite en son temps », celle qui est « bonne» (Proverbes 15, 23). La « parole» peut
être au point de vue spirituel, plus utile encore que le don.
Pour une «affaire» aussi difficile, quels sont les frères qui doivent être choisis? N'arrive-t-il pas, hélas! que l'on désigne tel ou tel simplement parce que ses occupations professionnelles l'ont familiarisé
avec les questions d'argent, les opérations comptables, les envois de fond, la correspondance? C'est
probablement plus courant que nous ne le pensons. Et il peut se faire qu'un tel frère, bien que très dévoué et fidèle, ne présente cependant pas l'ensemble des qualités requises pour justifier ce choix. À
considérer les expressions employées par les apôtres, l'on peut comprendre l'importance de la charge
confiée aux frères choisis pour la remplir: ils doivent avoir «un bon témoignage» et être « pleins de
l'Esprit Saint et de sagesse» (Actes 6, 3).
Un bon témoignage, c'est le premier point. Rien dans la vie pratique, dans l'assemblée et hors de
l’assemblée ne doit porter atteinte à l’autorité morale nécessaire pour exercer la charge; il faut une
vraie piété, la crainte de Dieu qui donne la connaissance de son « secret» (cf. Psaume 25, 14). Mais ce
premier point, s'il est nécessaire, n'est pourtant pas suffisant; c'est, en outre, un frère spirituel qui doit
être choisi: il faut qu'il soit « plein de l'Esprit Saint », que ses pensées soient formées par le Saint Esprit. Il aura ainsi le discernement de ce qui est pour le Seigneur et en vue de son œuvre. Enfin, il faut
qu'il soit « plein de sagesse », c'est-à-dire capable de mettre en pratique ce que l'intelligence spirituelle
lui aura permis de discerner. Car il ne suffit pas de voir les choses, il convient d'agir en conséquence et
c'est souvent le plus difficile. Il peut arriver parfois que l'on ait conscience que, dans tel cas, il vaudrait
mieux, pour le bien de l'ouvrier et de l'œuvre du Seigneur, s'abstenir de donner ce qui sera pris pour un
encouragement et une marque de communion, et que l'on n'ait cependant pas la sagesse nécessaire
pour agir comme il conviendrait.
Des frères pourraient sans doute reculer en considérant ce qui est requis de ceux qui ont à assurer la
distribution des offrandes recueillies comme aussi d'ailleurs, en présence des caractères que doivent
manifester les « anciens» pour être qualifiés dans l'exercice de leur charge (1 Timothée 3, 1 à 7 ; Tite
1, 6 à 9). Qu'il s'agisse des charges de « serviteur» (Actes 6, 3 ; 1 Timothée 3, 8-13) ou d'ancien, la Parole nous présente un tel ensemble de caractères à revêtir que l'on pourrait à bon droit s'écrier: mais je
ne saurais prétendre ni à l'une ni à l'autre de ces charges! Et sans doute il ne convient de prétendre à
aucune. Que cependant celui qui « aspire à la surveillance» soit assuré qu'il « désire une œuvre bonne»
(1 Timothée 3, 1) et qu'exercé avec le Seigneur, il s'applique, car il y faut une réelle « application» ;
c'est une école, l’école de Dieu ; à laquelle nous « apprenons » (cf. 2 Corinthiens 5, 9 et Tite 3, 8 et 14)
à manifester les caractères qui les qualifieront pour cela.
Lorsque les frères eurent entendu les paroles des apôtres, ils n'opposèrent aucune objection et obéirent avec joie: puissions-nous toujours agir de même en présence des enseignements de l'Écriture ! Il
nous est dit que « ce discours plut à toute la multitude» et qu'aussitôt, ils choisirent sept hommes
d'entre eux, Étienne le premier (Actes 6, 5). Il était donc bien un frère dont on pouvait dire qu'il avait «
un bon témoignage» et qu'il était « plein de l'Esprit Saint et de sagesse ». Tels sont les caractères qui le
marquaient déjà lorsque nous le voyons paraître sur la scène. Quel heureux commencement de sa vie
chrétienne, de son service public! Jeunes croyants, jeunes frères, encore au début de votre chemin,
n'avez-vous pas le désir d'un aussi beau départ? Dans ce domaine, soyez ambitieux. Que Dieu Luimême vous anime de saintes et pures ambitions, pour le servir tous les jours de votre vie, comme
Étienne l'a servi!
Une autre remarque: les noms de ces sept hommes nous sont donnés au verset 5 ; pour Étienne seul
(exception faite encore, à la rigueur, de Nicolas, duquel il est simplement dit qu'il était «prosélyte
d'Antioche») un détail est ajouté: « homme plein de foi et de l'Esprit Saint ». Plein de foi! La foi est ici
ce que la grâce avait mis dans son cœur pour lui faire saisir Christ ; sa foi s'emparait d'une manière réelle et complète de l'objet placé par Dieu devant elle. Déjà dès les premiers pas de son sentier, Étienne
est tout entier rempli de Celui qui est l'objet de sa foi. Quelle vie que la sienne: rempli de Christ au début et tout au long de son ministère, rempli de Lui encore à la fin! C'est le secret d'un service fidèle,
d'une vie à la gloire du Seigneur. Plein de foi! Sans doute aussi, plein d'une entière confiance en Celui
qu'il désire suivre et servir, qu'il suivra et servira jusque dans sa mort même. Il aura à rencontrer, et de
quelle manière, la puissance de l'adversaire du commencement à la fin de sa course, ces deux chapitres
nous le montrent, mais il est revêtu du «bouclier de la foi ». Aussi il ira sans crainte, fidèle jusqu'au
bout, «fidèle jusqu'à la mort ».
Remarquons encore que le choix dont il est question au verset 5 d'Actes 6, est celui de serviteurs; il
est de la compétence des frères, alors que celui des anciens ne pouvait être fait que par l'autorité apostolique (cf. Tite 1, 5 : l'apôtre n'aurait pas chargé Tite, son délégué, d'établir des anciens si cela avait
été de la compétence des frères ou des assemblées). L'imposition des mains, dont il est parlé à la fin du
verset, n'est pas autre chose qu'un acte d'identification: tous les frères sont pleinement d'accord avec
ceux qui ont été choisis; ils agiront eux sept au nom de tous, ils ont la communion des frères dans
l'exercice de leur charge. Cette charge, c'est eux qui ont à la remplir et bon l'ensemble des frères mais
il y a entre eux tous, entière confiance et réelle communion. Aucun désir de s'enquérir, de s'immiscer
dans un service qui est la charge de quelques-uns, à plus forte raison de vouloir exercer une sorte de
contrôle qui serait la négation de toute confiance. Certes, les frères qui ont l'exercice de la charge sont
heureux de pouvoir, chaque fois que cela leur paraît utile, demander une pensée, un conseil même, à
tel ou tel; ils répondront toujours aux questions suscitées par un intérêt réel et intelligent pour l'œuvre
et non par la curiosité.
Ils auront à cœur d'agir dans l'humilité, l'oubli de soi-même et la recherche de la communion des
saints. Quelle perte ce serait si ce service, comme d'ailleurs tout service était accompli sans que cette
communion soit réalisée ou, pis encore, de manière qu'elle en serait troublée! Soulignons enfin ce dernier point: ce n'est pas parce que la responsabilité d'un tel service incombe à quelques-uns seulement
que ceux qui n'en sont pas chargés doivent penser qu'ils peuvent se désintéresser de besoins susceptibles de se manifester; il y a toujours une responsabilité personnelle à cet égard, à laquelle chacun doit
faire face, ne serait-ce qu'en signalant de vrais besoins aux frères chargés de la répartition des dons, et
en les présentant au Seigneur dans une persévérante intercession. Tout cela est fait dans la communion
fraternelle mais sans porter atteinte au principe: la responsabilité incombe à ceux qui ont la charge, ils
agissent ayant la confiance des frères et de l'assemblée avec discrétion qui fait trop souvent défaut.
(À suivre)
_________________________________
INTRODUCTION À L'ÉTUDE DES ÉVANGILES
Jean 14
(Suite de la page 279)
Jésus est, dans son amour pour les siens ici-bas, occupé de la communion pratique qui doit les unir
avec Lui-même, élevé dans la gloire. Ceci est en contraste avec le règne du Messie sur la terre: la
même pensée se retrouve au ch. 14 : « Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. » Invisible au
monde au lieu de se manifester en gloire et en puissance, il devait être l'objet de la foi ici-bas, comme
l'était Dieu lui-même; désormais l'espérance de disciples ne pouvait plus se borner à des bénédictions
terrestres, le caractère même de leur espérance devant être en rapport avec la gloire de Jésus invisible
dans le ciel; mais ce genre nouveau de bénédictions était supérieur à tout ce qu'ils pouvaient imaginer:
«Dans la mais,on de mon Père, il y a plusieurs demeures; s'il en était autrement, je vous l'eusse dit, car
je vais vous préparer une place. Et si je m'en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je
vous prendrai auprès de moi; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi. » Voilà ce que leur déclare le Fils, les prophètes parlaient d'une autre espérance; celle-ci, le Fils seul était digne de la révéler,
le Fils seul pouvait être le premier qui annonçât aux disciples sur la terre leur part dans cette scène
d'amour, de sainteté et de gloire, qu'il connaissait si bien. L'espérance dont il s'agit pour eux, c'est
d'être avec Lui: «Afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi. » Désormais, pour un disciple de
Christ, tout dépend de ce privilège. La place due au Fils de Dieu était celle que la grâce voulait donner
aux enfants de Dieu. C'est donc bien davantage encore que les soins de Jésus pour maintenir des
hommes en communion avec Lui dans la gloire, puisque en quittant la terre pour monter au ciel, il ne
faisait que précéder ses disciples, allant là où ils seraient eux-mêmes un jour avec Lui; pour comble de
grâce, il veut encore prendre sur Lui seul, pour ainsi dire, le soin de faire entrer les siens dans la gloire
où il se trouve: « Et si je m'en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrAi
auprès de moi. » Voilà une attEnte qui, sOus tous les rapports, dépasse les plus brillantes espérances
du peuple *uif.
Ensuite, Jésus montre à ses disciples quel est le fondement réel de leur espérance; c'est sur Lui
qu'elle repo3e: «Vous savez où moi je vais, et vous en savez le chemin,» leur dit-il d'abord; mais les
disciples ne comprennent pas assez la gloire de sa personne: « Nous ne savons pas où tu vas! » Alors
Jésus ajoute: «Je suis le chemin, et la vérité, et la vie. » Il s'agissait d'aller auprès du Père, et nul ne
vient au Père que par Lui; en croyant à Jésus, en le recevant, on vient au Père, C'est l'unique moyen.
Les disciples auraient dû savoir qu'il était la seule révélation possible du Père, puisqu'il était le Fils de
Dieu; il était dans le Père et le Père en Lui, et comme les paroles qu'il disait Lui étaient dictées du
Père, de même aussi c'était le Père qui faisait les œuvres. Mais le Seigneur, outre qu'il est le chemin,
est aussi la vérité la révélation parfaite de toutes choses, la révélation de toutes choses comme Dieu les
envisage; la vérité en Jésus ne consiste pas dans la communication de l'omniscience à ceux qui croient
en Lui, mais dans la capacité de juger de toutes choses au point de vue de Dieu, selon la pensée de
Dieu. Enfin, il est la vie en laquelle précisément on est rendu capable de saisir la vérité et d'en jouir par
la puissance du Saint Esprit La première partie de ce chapitre nous montre donc Jésus révélé à ses disciples selon sa gloire personnelle de Fils de Dieu, et en qui seul le Père est connu. Ils croyaient bien
que le Seigneur n'était pas seulement le fils de Marie, mais le Fils du Père; toutefois les conséquences
de cette gloire leur échappaient totalement, sans quoi ils eussent compris ce que Jésus leur disait touchant son départ. Tout dans sa personne, ses paroles, ses œuvres, témoignait de sa gloire, que les disciples ne saisissaient que faiblement, et l'espérance qu'il leur donne est en rapport direct avec cette
gloire manifestée sur la terre.
À partir du verset 12, Jésus déclare autre chose à ses disciples, non plus ce qu'ils auraient dû comprendre, ce qu'ils avaient eu l'occasion de connaître en Lui, mais une chose nouvelle impossible à saisir pour le moment. « En vérité, en vérité, je vous dis: Celui qui croit en moi, fera lui aussi les œuvres
que moi je fais, et il en fera de plus grandes que celles-ci; parce que moi, je m'en vais au Père. Et quoi
que vous demandiez en mon nom, Je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils.
Si vous demandez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai. Si vous m'aimez, gardez mes commandements; et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, pour être avec vous
éternellement, l'Esprit de vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu'il ne le voit pas et ne le
connaît pas; mais vous, vous le connaissez parce qu'il demeure avec vous, et qu'il sera en vous. Je ne
vous laisserai pas orphelins; je viens à vous. Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus;
mais vous, vous me verrez; parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez. En ce jour-là, vous connaîtrez
que moi je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous. » Il s'agit donc ici de la promesse du
Saint Esprit et des conséquences de ce qu'il serait communiqué aux disciples. Le Saint Esprit ne devait
pas être avec eux d'une manière passagère ici-bas, comme Jésus, mais séjourner à demeure avec eux,
rester éternellement, en contraste avec toute espèce de bénédictions temporaires; plus que cela, il devait être en eux, ce qui exprime une intimité qu'aucun exemple humain ne saurait présenter à la pensée. Au verset 13, Jésus leur indique qu'au lieu de pleurer son absence, garder ses commandements est
la meilleure manière de Lui témoigner de l'affection.
Voilà donc les deux grandes vérités contenues en ce chapitre: la part future des disciples avec Jésus
dans la maison du Père, puis ici-bas, la demeure du Saint Esprit avec eux et en eux, comme conséquence de la vie éternelle en Jésus ressuscité. Possédant ainsi le Saint Esprit comme la puissance de la
vie en Lui, les disciples connaîtraient Jésus d'une manière plus intime, ils seraient plus rapprochés de
Lui que s'ils l'avaient eu au milieu d'eux comme le Messie, dans la gloire de sa royauté, parce que
«vous connaîtrez que moi je suis en lion Père, et vous en moi, et moi en vous.
Outre cela, l'habitation du Saint Esprit en eux devait produire des résultats nouveaux quant à leur
marche ici-bas, et cela de deux manières: non seulement la connaissance de Jésus et du Père, telle
qu'elle est exprimée au verset 20, mais d'abord l'amour du Père et de Jésus, et la manifestation de Jésus
au cœur et à l'âme, comme résultat conditionnel de leur obéissance, puis la demeure du Père et du Fils
en ceux qui garderaient la parole de Jésus. « Celui qui a mes commandements, et qui les garde, c'est
celui-là qui m'aime; et celui qui m'aime, sera aimé de mon Père; et moi je l'aimerai, et je me manifesterai à lui. » Outre l'amour de Dieu pour ses enfants parce qu'ils sont tels, il est parlé ici de l'amour du
Père et du Fils pour eux en raison de leur obéissance. Ensuite, il ne s'agit pas seulement d'observer des
commandements, mais de garder la parole de Jésus: «Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et
mon Père l'aimera; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. Celui qui ne m'aime
pas, ne garde pas mes paroles. Et la parole que vous entendez, n'est pas la mienne, mais celle du Père
qui m'a envoyé. » Il y a une différence entre obéir à ses commandements et suivre sa pensée et sa volonté; mais aussi une différence dans la bénédiction qui en résulte. Lorsque l'obéissance est plus apparente que réelle, et qu'on n'a pas jugé l'égoïsme et la mondanité de son cœur, on se borne à ces deux
questions : Faut-il que je fasse ceci? Dois-je laisser cela? On cherche à rattacher ses actes à des commandements péremptoires, afin d'être libre dans toutes les choses qui ne sont pas expressément défendues. La bénédiction du verset 21 ne s'adresse certainement pas à un état pareil du cœur; mais il se
peut néanmoins que, tout en désirant marcher avec le Seigneur, notre vie consiste plutôt à éviter le mal
qu'à agir selon sa pensée animés d'une profonde affection pour Lui.
Quiconque aime Jésus, garde ses commandements ; mais garder sa parole est le signe qu'on connaît
sa volonté, que le cœur est attentif à la suivre, et elle imprime alors à toute notre vie un cachet particulier; on comprend la volonté du Seigneur et ce qui Lui est agréable, sans avoir recours à des commandements formels. Celui qui ne l'aime pas, ne garde ni sa parole, ni même ses paroles (vers. 24). Ni
l'ensemble des pensées de Jésus, ni ses instructions particulières, ne dirigent sa marche. Un chrétien
observera bien pour le moins quelques-unes de ses paroles, mais dans ce cas, il ne peut s'attendre à aucune des bénédictions promises à l'obéissance. Si notre cœur et notre vie tout entière sont formés par
l'obéissance, quelle joie alors, quelle puissance dans cet assujettissement volontaire aux pensées de Jésus, dans cette communion pratique avec le Père et le Fils! Oserions-nous dire qu'une telle marche caractérise notre vie journalière?
Jésus termine ce discours en disant aux disciples que l'Esprit Saint leur enseignerait toutes choses et
leur remettrait en mémoire tout ce qu'il leur avait communiqué pendant qu'il était ici-bas avec eux.
Puis le Seigneur ajoute: « Je vous laisse la paix; je vous donne ma paix; je ne vous donne pas, moi,
comme le monde donne. » La paix était le résultat de la mort de Jésus; mais sa paix, c'était celle qu'il
avait connue, sur la terre, celle qui l'avait caractérisé comme homme marchant sous le regard de Dieu.
Dans ce monde, on se donne mutuellement bien des choses, mais en gardant les meilleures pour soi ;
Jésus seul, parce qu'il était Dieu, pouvait donner autrement, sans réserve, même ce qui était le plus
précieux. D'autre part, il s'attend aussi à une confiance illimitée, et désire une affection pareille à la
sienne, sans mélange d'égoïsme: « Que votre cœur ne soit pas troublé ni craintif. Vous avez entendu
que moi je vous ai dit : Je m'en vais, et je viens à vous. Si vous m'aviez aimé, vous vous serez réjouis
de ce que je m'en vais au Père, car mon Père est plus grand que moi. »
Ici-bas, toutefois, c’était à Satan que Jésus allait avoir affaire, bien que Satan n’eût rien en Lui ; mais
afin de montrer son obéissance jusqu’à la mort, et qu’ainsi le monde connût qu’il aimait le Père, et
qu’il agissait comme le Père lui avait commandé.
(À suivre)
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L'EXPÉRIENCE CHRÉTIENNE
(Philippiens 1)
MÉDITATION DE J.N.D. N° 263
L'Esprit de Dieu nous décrit dans cette épître l'expérience chrétienne, et nous fait voir chez l'apôtre
la conscience d'une supériorité absolue sur toutes les circonstances et toutes les difficultés, depuis la
nouvelle naissance jusqu'à la fin de la course. Il y a le combat avec Satan même, mais tout tourne à salut, car Dieu est au-dessus de tout. L'expérience chrétienne est l'introduction de la puissance divine au
milieu du mal : il faut que nous le réalisions davantage. C'est dans la conscience qu'il n'a pas atteint le
but que chacun a à travailler à son propre salut, et il est bon de le savoir pour n'être pas léger. Si nous
étions fidèles nous aurions nous aussi la conscience d'être au-dessus des circonstances.
Deux choses sont à la base de ce combat, pour le chrétien. D'abord nous ne sommes pas à nousmêmes. Toute volonté propre, toute action personnelle est un tort fait à Dieu. Le chrétien a été acheté à
prix: s'il fait quelque chose pour lui-même, il s'éloigne de la base chrétienne.
En second lieu, nos cœurs sont les temples du Saint Esprit. Telles sont les deux grandes bases de la
vie chrétienne (1 Corinthiens 6, 19-20).
C'est parce qu'il s'agit de l'expérience chrétienne dans l'épître aux Philippiens que Paul y emploie
toujours le mot salut dans le sens de la délivrance finale, de l'entrée dans la gloir%: « Nous attendons
le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire» (Philippiens 3, 21). « Je ne pense pas moi-même l'avoir saisi », c'est-àdire je n'estime pas avoir atTeint le but, «mais je fais une chose... je cours droit au but pour le prix de
l'appel céleste de Dieu dans le christ Jésus» (3, 14).
«C'est Dieu qui opère en vous et le, vouloir et le faire selon sOn bon plaisir» (2, 13). En Exode 17,
16 nous lisons: «L'Éternel aura la guerre contre Amalek de génération en génération ». Il s'agit là
d'Israël mais l'application demeure vraie maintenant encore. Dieu peut agir dans le croyant de telle
manière que le mal ne l'atteigne pas. Ce n’est pas qu'il n'y ait pas la chair et que le chrétien n'ait pas
besoin d'une écharde, et il reste toujours vrai que la chair doit être mâtée dans un sens pratique et moral. L'expérience chrétienne, c'est justement l'expérience de la puissance divine dans le croyant, de
telle sorte que la chair n'agit pas: c'est la seule chose que Dieu reconnaît comme une expérience chrétienne. «Pour moi, vivre c'est Christ, et mourir un gain... ; mais si je dois vivre... il en vaut bien la
peine...» (1, 21, 22). Satan est là sans doute et il y a la lutte; mais même cela me «tournera à salut ».
Quelques-uns prêchent Christ par envie et par un esprit de contention; Paul est en prison, pensent-ils,
c'est une bonne occasion pour faire de l'opposition. Eh bien, de toute manière, dit Paul, je me réjouis,
puisque Christ est annoncé, Que peut-on faire à un homme qui n'est qu'un instrument dans la main de
Dieu qui dirige tout? «Toutes choses sont à vous» dit Paul en 1 Corinthiens 3, 23. Christ a remporté
une complète victoire; le malin n'a plus aucune puissance contre quelqu'un qui Le suit, il s'enfuit.
Christ a mesuré cette puissance et, l'ayant détruite, en a fini avec elle.
Aux versets 27-28 du chapitre 1, nous lisons: « Combattant ensemble d'une même âme, avec la foi
de l'évangile, et n'étant en rien épouvantés par les adversaires... ce qui... est une démonstration... de
votre salut, et cela de la part de Dieu. »
Il s'agit de ceux qui sont justifiés; Dieu est là pour eux. Paul avait été en prison pendant quatre ans.
En son absence il écrit aux Philippiens: « Travaillez à votre propre salut... c'est Dieu qui opère en vous
et le vouloir et le faire» (2, 13). Satan n'entre pas en ligne de compte. Paul était un esprit actif, énergique, déjà avant d'être converti; il l'est encore plus après sa conversion. Il voit surgir des opposants
pendant qu'il est en prison, enchaîné à un soldat pendant des années : «Réjouissez-vous toujours!»
écrit-il. Il n'aurait pas pu parler ainsi s'il n'avait pas eu le dessus sur tout et sur lui-même. «Dieu nous
mène en triomphe» dit-il aux Corinthiens (2ème épître, 2, 14). Dieu l'avait consolé quand il était abattu,
il Le connaissait mieux maintenant, et il peut répéter: « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ».
Remarquons ce qu'il écrit au chap. 1, v. 19-20 : « car je sais que ceci me tournera à salut... selon ma
vive attente et mon espérance que je ne serai confus en rien, mais qu'avec toute hardiesse, maintenant
encore comme toujours, Christ sera magnifié dans mon corps, soit par la vie, soit par la mort» : par la
vie, oui, on le comprend; mais par la mort? C'est qu'on allait faire son procès devant Néron, un persécuteur des chrétiens. C'est alors que l'apôtre écrit: «pour moi, vivre c'est Christ », et, si je meurs, j'aurai
Christ. Je ne sais que choisir. C'était une telle joie des deux côtés! Quelle en est la conséquence? Son
bonheur est tellement grand, il se sent l'objet d'une telle grâce qu'il est débarrassé de tout égoïsme et
libre pour penser aux autres. Et son procès? Il en décide lui-même (v. 24-25) tellement il est certain de
l'amour de Christ pour l'Église. Par cette mise de côté totale du moi, il pouvait voir et décider toutes
choses, ayant l'œil net et simple. Ce n'est pas de la résignation, mais quelle supériorité sur tout!
L'amour en exercice lui donnait un bonheur qui laissait le moi absolument de côté. Voilà l'expérience
chrétienne, la vie divine dans un homme maintenu au-dessus des circonstances tout en les sentant.
Christ, Lui, les a senties plus que quiconque. Mais voici un homme vivant de la vie de Dieu et la manifestant: cela se réalise en portant dans le corps la mort dans un sens spirituel et moral, sinon ce sont les
circonstances qui agissent sur nous. Paul dit ailleurs qu'il portait partout dans son corps cette mort de
Jésus (2 Corinthiens 4, 10). Ainsi donc, dans ce premier chapitre de notre épître, on s'occupait de juger
un homme qui avait déjà en lui-même la sentence de mort (2 Corinthiens 1, 9). S'il doit être condamné,
il est très heureux; s'il a la vie sauve, il est très heureux ; c’est pour lui un bien dans les deux cas.
Quelqu'un dira: c'était particulier à Paul; il avait d'ailleurs fait des progrès. Mais si Dieu n'avait pas été
toujours pour lui, il n'aurait pas fait ces progrès. L'expérience faite par lui garantissait la possibilité
d'une expérience identique pour tout chrétien. Quand il était faible, alors il était l fort (2 Corinthiens
12, 10). Quand sommes-nous vraiment faibles? C'est quand nous nous croyons forts et que nous oublions que nous sommes faibles. Nous avons à notre disposition la grâce qui suffit pour la position où
nous nous trouvons. C'est Dieu qui opère en nous le vouloir et le faire; «travaillez avec crainte et
tremblement ». Si nous sentons la présence de Dieu dans le combat contre l'ennemi, nous agirons avec
crainte et tremblement, non pas à la légère. Mais il ne s'agit pas d'avoir peur de Dieu. C'est Dieu qui
travaille en nous. Satan est là qui s'oppose; et s'il y a l'activité de la chair, il en profite; si nous nous tenons pour morts, il n'aura pas de prise sur nous. En trois jours Paul a, appris cette leçon. Avant sa conversion c'était sa propre justice qui le rendait ennemi de Christ. Il avait une bonne conscience, il était
irréprochable quant à la loi, mais il était un ennemi acharné de ChriSt. Il n'y eut en ,ui pas un seul motif, pas un 3eul mouvement, même le plus beau, pas une seule chose qui ne fût mise à nu par la vue
de Christ : ce fut un boul vErsement coMplet. Il nous faut ChriSt. Tout ce qui nous exalte est une
perte quant à l'amour de ChrisT. C'est lor3que tout ce qui est dans notre cœur est placé devant notre
consciEnce par la lumière de Dieu que nous trouvons que tout e3t péché, parce que cela nous cache
Christ: il nous faut Christ au lieu du moi, il nous faut une justice divine. Ce travail de Dieu est nécessaire pour que, après, l'on puisse être utile. Satan sait très bien que notre moi, ne peut pas combattre
contre lui. On peut dire que Satan avait eu ses griffes enfoncées dans le cœur de Paul.
La découverte que tout le moi, est péché nous force à chercher une justice de Dieu. C'est ainsi que le
chrétien qui a jugé son moi comme péché peut, affranchi, servir dans le combat. La chose fut faite
d'une manière rapide en Paul. Pour nous, ou Christ est notre motif, ou c'est notre moi: il n'y a pas de
milieu.
Nous lisons maintenant: « Ne vous inquiétez de rien» (4, 6). N'est-ce pas être supérieur aux circonstances? Que Dieu nous garde de l'indifférence; mais il est dit: « Exposez vos requêtes à Dieu... ». Est-
ce que Dieu est inquiet? C'est Lui qui s'occupe de nous. Il nous aide à traverser les circonstances: la
tribulation produit la patience ; et la patience, l'expérience; et l'expérience, l'espérance.
Nous voyons beaucoup plus clair dans les choses du ciel quand nous sommes un peu brisé sur la
terre. Dieu nous poursuit quand nous allons mal; Il ne nous lâche pas. Je suppose que vous me confiiez
vos enfants: mais s'ils ne se conduisent pas bien je vous les rends. Dieu ne fait pas ainsi; Il ne nous
lâche pas: Il châtie ceux qu'Il aime.
« En toutes choses exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions
de grâces...» (4, 6). Quelle en est la conséquence ? La paix de Dieu gardera nos cœurs, une paix qui
surpasse toute intelligence. Si nous avons des circonstances faciles, tant mieux, Dieu en soit béni! Il
est tout naturel alorS que nous puissions en éprouver de la paix. Mais que, $ans des circonstances
écrasantes, la paix de Dieu garde nos cœurs, c'est cette paix-là qui surpasse toute intelligence ! La
grande circonstance, c'esT Dieu. Il y a des difficultés posiTives: des coups, les dangers, la faim, la
soif,
le
naufrage
(2
Corinthiens
11,
25
et
Philippiens
4,
11-13)
E( bien, dit Paul, j'ai trouvé que ChRist me suffit toujours ; j'ai appris à être content dans toutes les
circonstances. Je suis bien partout, je suis content partout. Voilà un homme qui peut tout, qui supporte
tout, qui est joyeux en tout. Quant au péché, Dieu est glorifié, Paul n'y vit plus; quant à tout le reste, ce
chrétien est content.
Savez-vous ce que c'est qu'un ami? Vous ne le savez pas si vous n'avez pas été dans la détresse,
quand le cœur est blessé, froissé. Le chrétien connaît cela sur la terre: Christ Lui-même a souffert ainsi, de la part de Judas, de Pierre. C'est là qu'on trouve Christ montrant ce qu'Il est, toujours l5i-même,
toujours divin, toujours 0arfait. Qu'il soit le charpentier, ou qu'il s'annonce comme le Fils de Dieu, toujours ferme quand il le faut, en même temps doux comme un agne!u, il n'est entAmé paR aucune
chOse ici-bas: tEl est Christ. Voilà aussi, en Paul, le chrétien. Nous avons ici un homme sujet aux
mêmes infirmités que nous, mais dans les choses ordinaires comme dans les choses extRaordinaires,
il vivait toujours Christ, qui était en lui. L'activité produite par Celui qui opère le vouloir et le faire
est la recherche de Christ. La chair subsiste, la lutte continue, Dieu nous aide dans le combat.
Mais est-ce qu'il y a en nous l'œil net? C’est l'œil qui n'a pas d'autre objet que Christ, de sorte que le
cœur n'est pas partagé. Ce n'est pas la perfection dans l'absence de la chair; c'est la perfection dans la
conscience de la sentence de mort sur la chair et de la puissance de la vie divine en nous. Bonheur
ineffable, paix qui surpasse toute intelligence!
Que Dieu nous donne, car c'est le secret de la chose, de regarder à Christ ! Il est tout; Il s'est donné
pour nous dans sa mort, et Il pense à tout, Il fait tout pour sa chère brebis.
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LETTRE
L'Etivaz, 16 juillet 1931.
Bien cher frère J.H.
Je vous remercie de tout cœur de votre bonne lettre du 10. Je suis heureux d'avoir quelques détails
concernant le cher frère O. que j'aimais et appréciais beaucoup. Cela m'a été pénible de le sentir quitter
ce monde sans l'avoir revu. Mais nous passerons l'éternité ensemble, c'est là la grande consolation
qu'éprouvait déjà l'apôtre Paul quant aux Thessaloniciens (chap. 2, 17-20 de la 1ère épître).
Quel bonheur de s'avancer sûrement vers ce but glorieux, où tous les désirs du nouvel homme seront
satisfaits, les désirs infinis du Dieu d'amour l'étant aussi.
Le souvenir de ce cher frère O. sera en bénédiction en Italie. «Considérant l'issue de leur conduite,
imitez leur foi. » C'est leur foi qu'il faut imiter, parce qu'elle a pour objet Celui qui est le même hier,
aujourd'hui et éternellement. Nous ne sommes pas appelés à faire ce qu'ils ont fait: il faudra peut-être
faire autre chose, mais la foi étant en activité reçoit du Seigneur ce que nous avons à faire, Lui qui
connaît les temps et les circonstances qui peuvent varier d'une génération à l'autre. C'est pourquoi Il ne
remplace aucun serviteur, car Il demeure pour fournir ce qui convient au moyen de sa Parole qui ne
change pas et qui s'applique à tous les temps et à toutes les circonstances individuelles et du témoignage collectif. Puissions-nous tous puiser constamment à cette source intarissable!
...C'est pénible de voir tout le travail et de ne pas pouvoir y coopérer; mais le Seigneur peut se passer
de nous. Il y a quelque chose de vrai « dans les morts souvent », quoique littéralement ce soit pour
Paul la mort littérale. Mais elle faisait aussi réaliser la mort pratique. C'est précisément là ce qui est
difficile, ou plutôt pénible, mourir avant de déloger, comme disait mon père. C'est tellement vrai. On
ne déloge pas avant de mourir. Et le Dr R. disait que le chrétien a affaire avec la mort tant qu'il vit icibas, et lorsqu'il déloge, il en a fini avec la mort. Tandis que l'homme du monde croit vivre ici-bas, et
lorsqu'il meurt il entre dans la mort pour l'éternité. Nous sommes heureux de savoir que si l'homme extérieur dépérit, l'homme intérieur se renouvelle de jour en jour. Mais il faudrait réaliser davantage que
la mort opère en nous pour que la vie de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle. Seulement ce
n'est pas à nous de constater cela, c'est le Seigneur qui le voit et qui le manifestera alors qu'en le contemplant dans sa gloire, ce que nous aurons manifesté de Lui ici-bas sera reflété glorieusement pour
l'éternité. Laissons-le donc opérer la mort en nous pour qu'un tel résultat soit produit à sa gloire!
Votre attaché frère dans le Seigneur
S. P.
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LE CENTENAIRE DU MESSAGER ÉVANGÉLIQUE
Avec le présent numéro le Messager Évangélique termine un siècle d'existence. Il a paru en effet
pour la première fois en janvier 1860.
Le monde célèbre de tels centenaires avec autant d'éclat que possible. Une seule attitude nous convient pour marquer celui-ci : à genoux, dans la prière.
Nous devons avant toutes choses rendre grâces à Dieu. Arrivés à cette borne du chemin et regardant
en arrière, nous nous souvenons avec des cœurs émus de la miséricorde dont Il n'a cessé d'user, nous
reconnaissons Sa bonté qui demeure à toujours, et nous célébrons Sa grâce.
C'est cette grâce avec laquelle le Seigneur prend soin de son Assemblée qui a soutenu notre journal à
travers les orages et en dépit des attaques répétées de l'ennemi. C'est elle qui a répondu aux prières
adressées si souvent à Dieu, au cours de ces cent années, par beaucoup de ses enfants, pour qu:e soit
atteint le but que se sont proposé, dès la naissance du Messager, tous ceux qui ont eu le privilège de
s'en occuper. Ce but est défini ainsi dans l'article, de tête du premier numéro de 1860: «Nous désirons
présenter aux brebis du troupeau de Christ une nourriture spirituelle qui, bénie de Dieu, puisse contribuer à leur instruction danS la vériTé, à leur édification, à leuR consolation. »
Le Seigneur a daigné utiliser ce périodique comme Un canal Pour fournir cette nourriture spirituellE
et édifier son AssemblÉe. La faiblesse et les imperfections des instruments n'ont pas empêché la bénédiction, qui vient de Lui seul. Il a permis en particulier qu'il diffuse régulièrement de nombreux et
précieux travaux de nos anciens conducteurs, destinés à attirer notre attention sur la doctrine et les vérités de la Parole de Dieu. Mois après mois, ils ont apporté aux lecteurs aussi bien le lait que la nourriture solide nécessaires pour instruire, encourager, fortifier et consoler tout le long du chemin.
Il n'est pas d'autre nourriture efficace, nous le savons bien, que cette Parole. Tout écrit qui tendrait à
se substituer à elle au lieu de placer les âmes à son contact dIrect serait néfaste. Le désir des rédacteurs
du MessageR Évangélique a donc toujours été d'amener ou $e ramener les lecteurs à la Parole, et rien
qu'à la Parole, la vivante et permanente Parole de Dieu, pour qu'elle soit lue, étudiée et méditéE avec
prière. Ils ont eu le souci constant d'écarter tout ce qui n'aurait pas correspondu au so5s-titre du journal: «Feuille d'édification chrétienne».
Dans quelle mesure cela aura-t-il été réalisé? Dieu seul En est juge. Mais que cette ligne de conduite
ait pu être maintenue pendant un siècle est une preuve, non point certes de la fidélité de l'homme, mais
de l'amour de Dieu et de la longue patience du Seigneur. Ne pouvons-nous pas voir là une réponse à
cette prière de l'apôtre qui a figuré à cent reprises déjà sur la page de titre du Messager, au numéro de
janvier de chaque année: «Que le Seigneur incline vos cœurs à l'amour de Dieu et à la patience du
Christ» (2 Thessaloniciens 3, 5) ? Cette prière est la nôtre maintenant encore, au moment où le journal
aborde une nouvelle étapE. Nous demandons à tous nos frè2es et sœurs de s'y associer avec ferveur.
Le but que nos devaNciers avaIent en vue et que nous venons de rappeler reste et doit rester le
mêMe, sans qUe nous désirions y changer quoi que cE soit. Dans cEs temps où tant d'esprits sont à
l'affût de noUveautés, où même de p2étendues r©vélations nouvelles trouvent crédit, où de bien des
côtés on adapte l'Évangile à ce que l'on appelle les besoins du monde moderne et où en réalité les
hommes ont « perverti les paroles du Dieu vivant, de l'Éternel des armées, notre Dieu» (Jérémie 23,
36), il nous faut nous attacher plus fermement que jamais à l'Écriture : « Tenez-vous sur les chemins,
et regardez, et enquérez-vous touchant les sentiers anciens, quelle est la bonne voie; et marchez-y, et
vous trouverez du repos pour vos âmes» (Jérémie 6, 16).
En demandant à nos lecteurs leur collaboration par la prière, nous avons à cœur aussi de leur dire
que nous serons toujours heureux de les voir manifester leur intérêt pour le Messager Évangélique en
nous écrivant, dans une pleine liberté chrétienne, leurs remarques, réFlexions ou suggestions.
Nous avons confiance, d'autre part, que lE Seigneur mettra au cœUr d'un plus grand nombre de
frères, qualifiés p/ur cEla, de rédiger des articles propres à édifier, et nous leur demandons, dans la
même liberté fraternelle, de nous les envoyer en vue de leur publication. Qu’il nous soit permis de
leur rappeler Colos3iens 4, 17. « Or à Celui qui a le pouvoir de vous garder sans que vous bronchiez,
et de vous placer irréprochables devant sa gloire avec abondance de joie, au seul Dieu, notre Sauveur,
par notre Seigneur Jésus Christ, gloire, majesté, force et pouvoir, dès avant tout siècle, et maintenant,
et pour tous les siècles! Amen» (Jude 25).
Les Rédacteurs du Messager Évangélique
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QUELQUES ENSEIGNEMENTS TIRÉS D'ACTES 6 et 7
(Suite de la page 294)
Un troisième trait caractérisant Étienne nous est donné au verset 8 de ce même chapitre 6 du livre
des Actes: «plein de grâce et de puissance », il «faisait parmi le peuple des prodiges et de grands miracles ». Avant qu'il soit fait mention de ses paroles, il est question de ses actes : là encore, nous pouvons le considérer comme imitateur du parfait Modèle, Celui qui «faisait» d'abord, «enseignait» ensuite (cf. Actes 1, 1). Étienne, fidèle dans son service de diacre, avait rapidement «acquis un bon degré» pour lui et «une grande hardiesse dans la foi qui est dans le christ Jésus» (1 Timothée 3, 13), aussi
sera-t-il appelé à servir dans une sphère plus étendue. Dieu élargit ses limites premières et est avec lui
dans ce qui maintenant lui est confié, de sorte qu'il peut agir «plein de grâce et de puissance». Il est
tout entier consacré à l'œuvre de son Maître: il est «plein» de l'Esprit Saint et de sagesse, de foi et de
l'Esprit Saint, de grâce et de puissance (v. 3, 5 et 8). La puissance manifestée dans son service est intimement liée à la grâce, à la foi, à la spiritualité, et il en est toujours ainsi dans un service fidèle.
Puis, lorsqu'il est question de ses paroles: « ils ne pouvaient pas résister à la sagesse et à l'Esprit par
lequel il parlait» (vers. 10). Ses actes donnent de l'autorité à ses paroles mais tout actes aussi bien que
paroles, découle de ce dont il était « plein» : sagesse, Esprit Saint. Quand il agit, Il est plein de grâce et
de puissance, quand il parle c'est la même puissance qui opère, de sorte qu'aucun de ses adversaires ne
pouvait résister.
Tout cela ne nous fait-il pas mieux comprendre pourquoi il y a si peu de puissance dans notre service : actes et paroles ; pourquoi il est tellement marqué du sceau de la faiblesse?
Ne pouvant résister «à la sagesse et à l'Esprit par lequel il parlait », les Juifs auront recours au mensonge, ils iront chercher de faux témoins. N'ont-ils pas déjà agi de la même manière à l'égard de Celui
dont Étienne était l'imitateur? (cf. Matthieu 26, 59 à 68). En entendant ces faux témoins l'accuser
d'avoir « proféré des paroles contre le saint lieu et contre la loi », quelle est l'attitude d'Étienne ? Tous
ceux qui étaient assis dans le sanhédrin ont devant leurs yeux un saisissant témoignage: ils «virent son
visage comme le visage d'un ange» (Actes 6, 15). C'est le cinquième trait qui caractérise Étienne dans
ce récit. Au terme de son ministère, il nous est présenté « plein de l'Esprit Saint, et ayant les yeux attachés sur le ciel », voyant «la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu» (7, 55), mais déjà ne
jouissait-il pas de la contemplation d'un Christ céleste et glorieux? Tel Moïse jadis qui « ne savait pas
que la peau de son visage rayonnait parce qu'il avait parlé avec Lui» (Exode 34, 29) ! Et c'est l'homme
céleste, « contemplant, à face découverte, la gloire du Seigneur» qui, «transformé en la même image,
de gloire en gloire» (cf. 2 Corinthiens 3, 18), va prononcer les paroles qui établissent la culpabilité du
peuple tout au long de son histoire, depuis le rejet de Joseph par ses frères (Actes 7, 9) jusqu'à la crucifixion « du Juste» (vers. 52), Celui dont Joseph n'était qu'un type.
La vérité présentée à leurs consciences endurcies produit chez les Juifs un déploiement de haine
contre le fidèle témoin: «Ils frémissaient de rage dans leurs cœurs, et ils grinçaient les dents contre lui»
(vers. 54). «Mais lui... », deux mots qui nous présentent, ici comme en tant d'autres passages, un contraste saisissant entre un ensemble qui ne veut pas de Christ et le témoin dont la foi brille d'un éclat
d'autant plus vif qu'est plus sombre le fond du tableau. Les Juifs, après avoir rejeté leur Messie, restent
insensibles à l'invitation qui leur est encore adressée comme une réponse à l'intercession de Celui qui,
sur la croix, a demandé à son Père de pardonner à ceux qui, alors, «ne savaient ce qu'ils faisaient» (Luc
23, 34). « Mais lui », « plein de l'Esprit Saint» comme il l'a toujours été, a «les yeux attachés sur le
ciel ». Sixième trait à souligner dans l'histoire d'Étienne. Quelle contemplation pour celui qui a ainsi
« les yeux attachés sur le ciel !» Il voit «la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu; et il dit:
Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu» (Actes 7, 55-56).
C'est «le Fils de l'homme », et non le Messie, qu'Étienne voit « debout à la droite de Dieu ». Scène
unique, comme il n'y en avait jamais eu de semblable Jusqu'alors: un homme sur la terre pouvait contempler un homme, l'homme Christ Jésus, dans le ciel ! Jésus, son seul Objet, Celui dont il a été rempli
tout au long de son ministère, c'est Jésus qu'il voit dans la gloire du ciel! «Plein de l'Esprit Saint» dès
le début de son service et même avant d'être choisi pour servir, il est encore «plein de l'Esprit, Saint»
au moment où son service est à son terme. Quel commencement et quelle fin! Quel sentier parcouru
dans lequel, d'après le récit de ces deux chapitres (et c'est tout ce que l'Écriture nous rapporte de la vie
d'Étienne), tout a été à la gloire de Dieu! Merveilleux reflet de Christ! Étienne l'a été dans sa vie, il le
sera aussi dans sa mort ; dans la mesure où il pouvait l'être, et de quelle manière remarquable!
C'est le septième trait sur lequel nous désirons arrêter notre attention complète un ensemble qu'il
vaut la peine de considérer tant il est riche d'instruction pour nous, édifiant pour nos âmes, car nous
pouvons voir en Étienne, non seulement un reflet du Seigneur Jésus mais aussi la personnification d'un
croyant qui jouit d'un Christ céleste, objet de sa foi, dans une mesure telle que, dans son service, il en
reproduit quelques caractères.
Les dernières parles que leur adresse Étienne : « Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de
l'homme debout à la droite de Dieu» (7, 56) portent à son paroxysme la haine des Juifs; ils ne se contentent plus de frémir de rage dans leurs cœurs et de grincer les dents contre lui, comme ils l'avaient
fait après qu'il leur avait parlé « du Juste ... mis à mort» (v. 52, 54), maintenant qu'il leur présente vivant et glorieux Celui qu'ils avaient élevé sur une croix, leur violence se déchaîne et ne connaîtra plus
de limites: ils bouchèrent leurs oreilles, refusant d'entendre un tel message, «et d'un commun accord se
précipitèrent sur lui» (vers. 57). Jésus a été crucifié « près de la ville», Il a «souffert hors de la porte»
(Jean 19, 20 ; Hébreux 13, 12), les formes de la loi avaient été respectées, elles le seront aussi pour
Étienne : «et l'ayant poussé hors de la ville, ils le lapidaient» (Actes 7, 58 ; cf. Deutéronome 17, 5 à 7 :
les « témoins» sont là et Étienne est traité comme un homme qui a fait « ce qui est mauvais aux yeux
de l'Éternel », présentant les caractères indiqués en Deutéronome 17, 2 et 3).
Comme son Maître a enduré les souffrances qui lui ont été infligées par les hommes, de la troisième
à la sixième heure, Étienne supporte sans une plainte les douleurs de la lapidation. Et lui aussi il prie!
Imitateur de Christ dans sa mort comme il l'a été dans sa vie, il intercède pour ses bourreaux sans toutefois employer exactement les paroles prononcées par le Seigneur sur la croix; absorbé par la contemplation de l! gloire, jouissant de Christ d'une mAnière plus précieuse encore qu'il ne l'avait fait durant
son ministère, il est transformé à sa resSemblance morale et, priant, il a les paroLes qui conviennent
alors: «Et s'étant mis à genoux, il cria à haute voix: Seigneur, ne leur impute point ce péché».
« Et quand il eut dit cela, il s'endormit» (Actes 7, 60). L'Écriture parle plus d'une fois de « s'endormir », pour «mourir », dans l'ancien comme dans le nouveau Testament (par exemple 1 Rois 2, 10;
Matthieu 27, 52 ; Jean 11, 11). Mais Étienne est le premier des croyants dont l'Écriture fasse mention
comme «s'endormant» pour aller auprès de Jésus; son départ donne le caractère de tous les croyants de
la période actuelle, celle de l'Église, qui auront à passer par la mort, puisse sa vie aussi nous caractériser, une vie tout au long de laquelle il a manifesté une vraie conformité à un Christ rejeté par les
hommes, glorifié dans le ciel!
Et que Dieu nous accorde la grâce de tirer quelque profit des enseignements contenus dans les chapitres 6 et 7 du livre des Actes, en relation avec la vie et la mort de ce fidèle témoin!
P. F.
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INTRODUCTION À L'ÉTUDE DES ÉVANGILES
Jean 15
(Suite de la page 300)
Au chapitre 15, Jésus se substitue à Israël envisagé comme étant ici-bas la vigne de Dieu, responsable de porter du fruit pour Lui; il ne prend pas la place de l'homme tel quel, pécheur et perdu,
mais du peuple établi par Dieu, élu selon ses conseils, du peuple auquel appartenaient les privilèges,
les promesses, les espérances, ainsi qu'il l'avait dit Lui-même (ch. 4) : Le salut vient des Juifs. Cette
place d'honneur qui leur avait été accordée, les rendait d'autant plus coupables d'avoir abandonné Dieu
et rejeté leur Messie; dorénavant il n'y avait plus aucun rapport entre Israël et ceux que Jésus appelait à
Lui hors du monde. La vigne de Jéhovah (Ésaïe 5) n'avait rapporté que des grappes sauvages; Christ
seul était le véritable cep ici-bas, selon la pensée de Dieu; en dehors de Lui, tout était tombé au pouvoir de Satan, et la seule bénédiction possible était désormais rattachée à sa personne. Au chapitre précédent, le Seigneur avait terminé son discours en disant aux disciples: «Levez-vous, partons d'ici.» Je
pense que ces paroles indiquent, de sa part comme de celle des disciples, l'abandon de toute espèce de
rapport avec cette terre. De même que Jésus s'était levé, ch. 13, 4, considérant ainsi d'avance son
œuvre terrestre comme achevée, et se préparant à la continuer pour eux d'une nouvelle man ère comme
leur souverain sacrificateur dans les lieux célestes, de même aussi, il appelle maintenant les disciples à
quitter leurs rapports terrestres avec Lui au milieu de son peuple. C'est Lui qui se substitue désormais
à tous les liens religieux qui moralement les avaient rattachés au système juif et avaient exercé de
l'empire sur leur esprit; car il était devenu évident que le judaïsme ne pouvait procurer ni bénédiction
ni sécurité à l'âme dans ce monde. De toute manière il n'y a plus que Christ, rien en dehors de Lui.
« Moi, je suis le vrai cep, et mon Père est le cultivateur » : non seulement il se substitue au judaïsme,
mais encore le Père remplace désormais le Jéhovah d'Israël ou le Dieu Tout Puissant; c'est au Père de
Jésus que les disciples ont affaire, c'est Lui qui prendra soin d'eux. «Tout sarment en moi, qui ne porte
pas de fruit, il l'ôte ; et tout sarment qui porte du fruit, il le nettoie, afin qu'il porte plus de fruit. » Du
fruit, voilà ce que Dieu veut, et non point seulement l'observation de certaines règles de conduite extérieure. Ceux qui prennent la position de sarments du vrai cep, doivent s'attendre soit à être retranchés,
s'ils ne portent pas de fruit, soit à être émondés, s'ils en portent, afin qu'ils en donnent davantage; tel
est le principe général. Quant aux disciples, le Seigneur dit expressément : «Vous êtes déjà nets, à
cause de la parole que je vous ai dite.» Les versets 4 et 5 contiennent des exhortations qui s'appliquent
à cet état des disciples: pour porter du fruit, ils doivent demeurer en Lui. Il n'est point question dans ce
chapitre de la grâce divine qui sauve les pécheurs, efface leurs iniquités, oublie leurs transgressions,
mais de la puissance de la Parole employée à juger tout ce qui est contraire au caractère de Dieu manifesté en Christ ou, plutôt encore, à la volonté du Père révélée en Lui, règle morale de conduite infiniment supérieure à la loi de Moïse, qui n'était que négative, tandis que la parole de Christ est positive.
Cette parole les avait déjà rendus nets; la loi, bien que divine, ne suffisait pas. Ensuite le Seigneur
ajoute: « Comme le sarment ne peut pais porter de fruit de lui-même, à moins qu'il ne demeure dans le
cep, de même vous non plus vous ne le pouvez pas, à moins que vous ne demeuriez en moi.» - « Si
quelqu'un ne demeure pas en moi, il 'est jeté dehors comme le sarment, et il sèche; et on les amasse et
on les met au feu, et ils brûlent. » Ce n'est donc pas la grâce de Dieu agissant en faveur de ceux qui
sont perdus, mais la ligne de conduite tracée pour ceux qui se trouvent ainsi associés à Christ, et aux
versets 2 à 6, les voies de Dieu, les voies de son Père, envers quiconque professe avoir cette position.
J'insiste là-dessus, il s'agit d'une profession de foi et non point exclusivement de ceux qui possèdent la
vie éternelle. Les Juifs étaient en dehors du cep qui remplaçait désormais le judaïsme sur la terre; aujourd'hui tous ceux qui se nomment chrétiens sont des branches de ce cep, mais sans être nécessairement des membres du corps de Christ. Jésus s'adresse à ses disciples qui étaient nets, et il parle en
même temps, d'une manière générale, de tous ceux qui le suivent, car plusieurs qui avaient cru en Lui,
venaient déjà de le quitter. On pouvait en apparence avoir abandonné le système juif pour venir à
Christ, on pouvait avoir tout laissé pour Lui, en dépit de la haine et de la moquerie, chose grave assurément et difficile, qui semblait dénoter une conviction profonde, une sincérité réelle, et néanmoins cela même, ne suffisait pas; il fallait encore une autre preuve: demeurer en Christ. C'est là une des expressions les plus caractéristiques de l'Évangile de Jean, tant au point de vue de la grâce qu'à celui du
gouvernement de Dieu, parce que le christianisme n'est pas la révélation d'un dogme, mais celle d'une
personne qui a opéré la rédemption, et qui aussi, cela va sans dire, a la vie en elle-même et la communique. Il en résulte donc une responsabilité d'un genre tout nouveau, d'autant plus frappant dans cet
Évangile, qu'il insiste particulièrement sur l'amour absolu de Dieu, sa grâce sans condition et sans réserve. (Voyez chap. 3.) C'est que malheureusement, la chair est capable d'imiter la foi; elle peut prendre pour longtemps une apparence de religion, et renoncer aux choses qui caractérisent le monde; des
multitudes allaient bientôt quitter le judaïsme et se faire baptiser pour Christ; mais le baptême, pas davantage que tout autre ordonnance, n'est la pi%rr% de touche de la vraie piété; il n'y en a qu'une seule:
demeurer en Lui.
Au verset 4, Jésus dit aux disciples: « Demeurez en moi, et moi en vous. » C'est de responsabilité
qu'il s'agit, alors l'hommE vient en premier lieu; au contraire, dès qu'il s'agit de la grbce, c'est Jisus qui
vient en premier lieu. Lui, il est le même hier, aujourd'hui, éternellement ; sous ce rapport, entière sécurité. Mai3 dès qu'il est question de l'homme de sa responsabilité, c'est bien autre chose: il faut donc
regarder constamment à Lui, s'attacher à Lui, vivre dans sa dépendance. À la fin du verset 4, il n'est
pas dit: À moins que je ne demeure en vous, mais: À moins que vous ne demeuriez en moi.
« Je suis le cep, vous les sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup
de fruit; car, séparés de moi, vous ne pouvez rien faire.» Ce n'est pas de la foi que le Seigneur parle ici,
mais des actes dont la foi, il est vrai, est la seule source. Jésus désire que nous portions beaucoup de
fruit; or impossible de porter du fruit sans demeurer en Celui en qui nous croyons. Qu'il s'agisse d'une
personne ou d'un système religieux quelconque, auxquels on s'attache plutôt qu'à Lui, si l'on espère
porter du fruit ainsi, on s'abuse; les hommes peuvent alors admirer nos œuvres, mais Dieu les renie.
Ainsi donc Jésus n'est pas seulement la vie éternelle pour l'âme qui croit en Lui, mais aussi la seule
force qui la rende capable de porter du fruit, lorsqu'on l'a reçu. Pour que cette force agisse, il faut que
le cœur soit occupé de Lui; que l'âme vive dans sa dépendance; qu'il soit, Lui seul, l'objet de nos pensées au milieu des épreuves, des difficultés et des devoirs de la vie; car, même en accomplissant un
simple devoir, il faut avoir Christ, devant ses yeux. Or une vie pareille devient insupportable, lorsqu'on
n'a pas appris à se juger soi-même, à jouir de Christ, à persévérer dans la prière. Alors on se détourne
de Lui pour chercher sa satisfaction autre part. On s'occupe de sentiments religieux, d'expériences, de
systèmes humains; on cherche à réhabiliter l'homme d'une manière ou d'une autre; on a recours au sacerdoce, aux ordonnances, au légalisme. De telles personnes retournent ainsi, en principe, à la mauvaise vigne, au lieu de rester attachées au vrai cep. Il se peut même qu'elles retombent dans le monde,
cet ennemi déclaré du Père; et ceci arrive fréquemment, lorsque après être sorti des systèmes légaux,
de la religion charnelle et de ses prétendus privilèges, on se lasse de suivre Jésus. Cette religion-là
n'est pas nouvelle, elle existait avec une apparence de perfection au milieu du peuple d'Israël; mais, en
présence de Christ, elle a montré ce qu'elle valait: la forme ne laissait rien à désirer, la réalité manqua:it de toute manière. Cette religion n'a produit que des adversaires de Dieu, incapables de comprendre ses pensées: « Ils ont, et vu, et haï et moi et mon Père.» C'est toujours Christ qui met définitivement le cœur de l'homme à l'épreuve.
Après avoir déclaré qu'il est impossible de produire du fruit sans être dans le cep, et si l'on ne demeure pas en Lui, le Seigneur ajoute ces paroles solennelles : « Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il
est jeté dehors.» Appliquez ce langage à la vie éternelle, ou, mieux encore, à notre union avec Christ,
l'Évangile n'offrira plus la moindre sécurité, et vous tomberez dans une confusion inextricable. Lorsqu'il s'agit de la possession de la vie en Christ, ou de l'union des croyants avec Lui, aucun passage ne
mentionne la possibilité de perdre cette vie, ni la possibilité qu'un membre de Christ soit retranché.
Mais il arrive bien souvent que ceux dont la religion n'est qu'affaire d'intelligence, loin de se convertir,
finissent par renier ouvertement le Seigneur et par tomber dans toute espèce de corruption (Voyez la
deuxième épître de Pierre). La simple connaissance des vérités divines, quelque grande qu'elle puisse
être, ne communique à elle seule, aucune énergie, aucune force de résistance; la moindre occasion de
scandale, le premier désappointement font perdre courage; on cesse de suivre Christ, et l'état de ces
personnes devient pire qu'auparavant; c'est alors la ruine éternelle: «Arbres d'automne, sans fruit, deux
fois morts, déracinés.» (Jude 12.) L'expérience prouve en effet, que ceux qui n'avaient pas la vie en
Christ, et qui ont professé Lui appartenir, deviennent, après l'avoir abandonné, plus hostiles à la piété
qu'ils ne l'étaient auparavant. « Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment, et il sèche. Et on les amasse, et on les met au feu, et ils brûlent. » Sans une foi réelle, aucune dépendance du Seigneur, aucune force pour marcher. Les vérités du christianisme ont plu à l'intelligence,
mais sans pénétrer dans le cœur. Mieux vaudrait ne les avoir jamais acceptées.
(À suivre)
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ENTRETIEN SUR JEAN 21, 1-19
C'est la troisième manifestation du Seigneur à ses disciples après sa résurrection d'entre les morts.
Chaque manifestation a sa signification spirituelle particulière.
La première manifestation eut lieu le jour de sa résurrection. Les disciples, sauf Thomas, étaient rassemblés et Jésus vint, et se tint au milieu d'eux. Cette scène nous parle de Christ et de l'assemblée.
La seconde se place huit jours après. En ce premier jour de la semaine Thomas était présent; cela
nous parle de la révélation de Jésus Lui-même aux Juifs, leur incrédulité devant être dissipée par la
vue des blessures de la crucifixion.
Dans la troisième occasion, nous voyons ce qui représente la manifestation publique de sa puissance.
L'accent est mis sur l'incapacité des sept pêcheurs à arriver à quelque chose, même dans le domaine de
leurs occupations habituelles. Ils doivent répondre à une voix venue de la rive: «Enfants, avez-vous
quelque chose à manger?» Il faut bien qu'ils admettent qu'ils n'ont rien, et sans donner d'explication ils
répondent: « Non. » Ainsi la puissance vient toute de Lui, de même que la pêche abondante, car les filets ne se rompent pas ainsi qu'il était arrivé dans une précédente occasion (Luc 5). Bien plus, Il n'est
en rien limité par ce qu'ils avaient pris car il y a du feu sur la rive et du poisson mis dessus.
Ce fut quand la vanité d'une nuit de travail eut été reconnue par les disciples et que se fut produit le
miracle du matin, que le disciple que Jésus aimait connut qui était Celui qui veillait sur la rive. Dès
que Pierre en fut averti, il se jeta dans la mer dans sa hâte d'atteindre Celui qui, il le s'entait bien, le
cherchait. « Les autres disciples vinrent dans la petite nacelle... traînant le filet de poissons. »
Avec quelle grâce, Il leur donne une part dans l'œuvre: «Apportez quelques-uns des poissons que
vous venez de prendre », et Simon Pierre, qui devait être l'apôtre d'Israël, « monta et tira le filet à terre,
plein de cent cinquante-trois gros poissons ». Jésus leur est manifesté alors qu'ils se rassemblent autour
de Lui, et sans le savoir, ils forment un tableau prophétique d'un jour à venir, cher au cœur de beaucoup, quand Celui qui ayant préparé un résidu pour Lui-même, rassemblera une multitude d,a la mer
des peuples.
« Quand donc ils furent descendus à terre, ils voient là de la braise, et du poisson mis dessus et du
pain (vers. 9) ... Jésus leur dit: Venez, dînez » (vers. 12).
Ils l'avaient déjà vu deux fois auparavant. Les portes fermées ne l'avaient pas empêché d'entrer. Ils
avaient ouï sa voix, et la salutation qu'Il leur avait adressée n'avait jamais été entendue avant sa crucifixion: «Paix vous soit. » Mais Il n'était pas resté avec eux et lorsqu'Il était parti un sentiment d'abandon était tombé sur eux tous; ils avaient été heureux de Le voir et son départ les avait attristés. Il
semble bien qu'alors, ils n'avaient pas compris l'importance de cette salutation de paix fondée sur la
rédemption qu’Il avait accomplie. Ils sentaient toujours la perte du Messie promis et n'avaient pas saisi
leur position nouvelle et bénie devant Dieu en Jésus ressuscité; cependant, maintenant qu'Il était mort
et ressuscité, Il les avait placés dans la même position que Lui-même devant son Père et son Dieu.
C'est pourquoi, avant cette troisième manifestation de Lui-même à ses disciples, ces derniers étaient
restés sous une certaine impression de, tristesse agitée, et c'est Pierre, qui traduisant leurs pensées en
paroles, déclare: «Je m'en vais pêcher », pensant trouver de la sorte quelque allègement à ses préoccupations. Les autres disent alors: «Nous allons aussi avec toi », liés par leur commune douleur, et par
leur commune crainte des ennemis de Jésus. Ils allèrent donc et s'embarquèrent immédiatement, et
cette nuit-là ils ne prirent rien.
Il n'y eut aucun signe de sa présence durant la nuit, mais qui dira qu’il ignorait ce qu'ils faisaient,
qu'Il ne connaissait pas leurs craintes et le sentiment d'isolement qu'ils éprouvaient? Mais «le soir, les
pleurs viennent loger avec nous, et le matin il y a un chant de joie.» (Psaume 30, 5).
Le matin de sa troisième manifestation marquait la fin du labeur inutile de la nuit et le commencement d'une joie plus profonde que celle qu'ils avaient connue jusqu'alors. « Quand ils furent donc descendus à terre, ils voient là de la braise, et du poisson mis dessus, et du pain.» C'était Lui qui pourvoyait à tout et sa voix bien connue qui leur disait : « Venez, dînez.»
C'était une invitation adressée à ceux-là mêmes qui s'étaient enfuis dans les ténèbres, l'abandonnant à
ceux qui cherchaient sa vie, c'était une voix marquée .d'un accent de bienvenue et n'impliquant aucun
reproche pour la désertion et le reniement. Cependant tous l'avaient abandonné et s'étaient enfuis, et
l’un d’entre eux l’avait renié. Ils avaient pensé ne plus entendre cette voix, si ce n'est dans leur mémoire, car ses derniers accents étaient tombés d'une croix. Us avaient cru qu'Il était « Celui qui devait
délivrer Israël» (Luc 24, 21) et ils étaient laissés à leur douleur. Sa présence avait toujours été leur ressource, ce n'était pas un geste vain quand sa main était étendue pour bénir, et jamais Il ne parlait inutilement. Ils avaient vu un mort répondre à cette voix, et nulle autre main quel la sienne ne pouvait toucher le souillé pour le guérir, et demeurer pure. Ces souvenirs de sa vie avec eux semblaient ajouter à
la perte qu'ils avaient faite, et la tragédie de Golgotha les avait bouleversés, car là, la voix de Celui qui
était abandonné avait crié dans les ténèbres. Ils l'avaient vu mort, compté parmi les transgresseurs, ses
mains étaient clouées sur une croix et sa voix s'était éteinte dans le silence de la mort.
Ils avaient besoin de Lui de nouveau. Ils désiraient voir Celui qui était plus que Salomon, régnant
comme aucun roi n'avait régné avant Lui.
Que de telles pensées aient été dans leur esprit, cela paraît évident d'après la question qu'ils posent en
Actes 1, 6. « Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu rétablis le royaume pour Israël? » Mais la pensée
présente du Seigneur était leur propre restauration et Il les attire à Lui afin d'opérer cette œuvre de
grâce. Non seulement ils ne sont pas mis en accusation devant Lui comme devant une cour de justice,
mais ils sont avec Lui, autour de son feu et Il a rompu le pain avec eux. Qui donc, nous pouvons humblement le demander, avait préparé cette braise ardente, mis dessus du poisson et apporté du pain ?
Il y a deux circonstances seulement dans le Nouveau Testament où soit mentionné un feu de ce genre ¹ ; elles sont très dissemblables dans leur caractère. Pierre n'avait pu oublier la première, c'était dans
la maison du souverain sacrificateur : « or les esclaves et les huissiers, ayant allumé un feu de charbon,
se tenaient là et se chauffaient» (Jean 18, 18). C'était là, autour de ce feu, qu'il avait renié Jésus, tel
avait été le résultat d'une confiance enthousiaste en lui-même. Luc nous montre le Seigneur se retournant et regardant Pierre; il n'y avait aucun reproche dans ce regard, mais il rappela à Pierre sa belle assurance, « et Pierre se ressouvint de la parole du Seigneur... et étant sorti dehors il pleura amèrement»
(Luc 22, 61, 62). Ce fut une douleur profonde et poignante ; comment dans les heures qui suivirent
oublier cette scène?
¹ Le «feu de charbon» et la « braise» de Jean 18, 18 et de Jean 21, 9, sont deux traductions différentes du même mot grec
(anthrakia, brasier de charbon): il s'agit, bien entendu, d'un feu de charbon de bois. (N. de la R.)
Il a cherché un dérivatif dans son travail d'autrefois ; les autres se sont joints à lui, la même douleur
les conduisant l'un vers l'autre. Cependant, bien qu'ils aient travaillé toute la nuit, ils n'ont rien pris. Et
voici qU'au milieu même de leur faillite et de leur défection, le Seigneur fait connaître à nouveau sa
présence à Pierre, d'une façon si personnelle, mais non pas, ici encore, pour le réprimander. Comme la
beauté du caractère du Seigneur se déploie dans cette œuvre de restauration! Comme Il connaît bien ce
qui étreint le cœur de Pierre, alors qu'Il prépare son «feu de charbon » ! Quelle compréhension dans ce
feu de bienvenue, dans ces provisions apprêtées, de quoi effacer pour toujours de l'esprit torturé de
Simon, fils de Jonas, le souvenir douloureux de cet autre feu?
C'est le préliminaire de la triple question du Seigneur: « Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu plus que
ne font ceux-ci? » Pierre entend son nom naturel sortir des lèvres de Jésus, il comprend l'insistante patience de cette voix si douce, jusqu'à ce qu'enfin il réalise que c'est sa confiance en lui-même qui a été
la cause de sa chute. Avec quelle soumission et quel soulagement il fait son humble confession: «Tu
sais que je t'aime.» C'est le triple antidote au triple reniement. C'est ainsi que Pierre progresse dans la
connaissance de l'amour de Christ qui surpasse toute connaissance, de l'amour qui non seulement le
restaura, mais encore, grâce merveilleuse, lui remit le soin des brebis que Jésus avait rachetées.
E.T.W.
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MARCHER D'UNE MANIÈRE DIGNE...
Il est intéressant de noter lies trois façons différentes suivant lesquelles l'apôtre Paul insiste auprès
des chrétiens afin qu'ils marchent d'une manière digne de leur position chrétienne.
En Éphésiens 4, 1 ils doivent «marcher d'une manière digne de l'appel dont ils ont été appelés. »
En Colossiens 1, 10 ils sont exhortés à « marcher d'une manière digne du Seigneur pour lui plaire à
tous égards. »
En 1 Thessaloniciens 2, 12 il doivent « marcher d'une manière digne de Dieu qui les appelle à son
propre royaume et à sa propre gloire. »
On voit, au premier abord, que le motif proposé pour diriger notre marche est différent dans chaque
cas, et il est d'un grand intérêt de rechercher la raison de ces différences.
Ce qui est en vue dans le premier cas, c'est l'habitation de Dieu par l'Esprit. On voit cela nettement si
l'on note que le chapitre 3 est une parenthèse et qu'ainsi l'exhortation qui commence le chap. 4 se relie
au dernier verset du chap. 2.
Dans ce verset, Paul dit aux saints d'Éphèse, qu'eux et les autres croyants sont « édifiés ensemble
pour être une habitation de Dieu par l'Esprit». Ils avaient été appelés à cette position bénie mais solennelle par la souveraine grâce de Dieu, ils devaient marcher d'une manière qui en fût digne. Sans doute,
cet appel renferme d'autres choses, mais le grand fait qui est mis en évidence est que tous les chrétiens
forment ensemble la maison de Dieu sur la terre. C'est au sujet de cet aspect de l'Église que Paul écrit à
son enfant Timothée; « afin que tu saches comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est
l'assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité » (1 Timothée 3, 15). Ce que nous
avons à noter ici d'une façon spéciale, c'est que les chrétiens sont appelés à marcher d'une manière
digne de la maison de Dieu que de fait ils constituent. Bien que toutes les catégories de bénédictions et
de responsabilités dans lesquelles se trouvent engagés les chrétiens soient envisagés ici, le regard est
dirigé sur Dieu Lui-même. Si nous comprenons que c'est le Saint Esprit qui demeure actuellement
dans la maison, Il prend devant nous une importance spéciale dans cette première exhortation qui nous
est adressée, de marcher d'une manière digne du Seigneur, et cela de deux façons. D'un côté nous
sommes mis en relation avec Lui comme Dieu demeurant au milieu des croyants; d'un autre côté, Il est
celui qui forme et maintient l'unité dans laquelle ils ont été introduits.
Afin de marcher d'une manière digne de l'appel dont nous avons été appelés, nous devons, premièrement, marcher d'une manière appropriée à ce qu'est Dieu Lui-même dans sa nature et dans ses voies.
C'est pourquoi l'humilité et la douceur sont les premiers caractères requis; c'est ainsi que Jésus a mar-
ché, « débonnaire et humble de cœur» comme nous le voyons en Matthieu 11. Une marche digne de
Dieu dans sa propre maison ne peut qu'être empreinte d'humilité et de douceur. Quoi que nous puissions en penser, nous ne marchons pas d'une manière digne de notre appel, maintenant réellement la
vérité relative à l'Église, à moins que l'humilité et la douceur ne nous caractérisent comme elles ont caractérisé Jésus devant Dieu.
C'est le point essentiel dans notre marche en tout temps. Parler de marcher d'une manière digne de
notre appel alors que manquent les éléments essentiels de toute marche sainte est folie, et cela met à nu
la dureté de cœur et le manque de conscience. Bien plus, la seconde partie de l'exhortation relative à
cette marche « avec longanimité, vous supportant l'un l'autre dans l'amour; vous appliquant à garder
l'unité de l'Esprit par le lien de la paix », est impossible à réaliser si la douceur et l'humilité devant
Dieu sont absentes. Si nous ne marchons pas droitement avec Dieu nous ne pouvons marcher droitement avec les autres. Si nous marchons avec Dieu dans l'humilité et la douceur, ce que Dieu est dans
sa nature et dans ses voies à notre égard sera trouvé en nous dams nos rapports avec autrui. Le caractère de Dieu, en longanimité, en support dans l'amour, sera manifesté en nous, et en même temps il y
aura une véritable application à garder l'unité de l'Esprit par le lien de la paix.
Les voies saintes et bénies de Dieu doivent exister dans le secret de nos cœurs devant Lui, avant
qu'elles puissent se manifester dans notre marche à l'égard des autres. Cela est spécialement important
pour ceux qui sont appelés à être des conducteurs. Il a fait connaître ses voies à Moïse et ses actes aux
enfants d'Israël et Il a dit: «Il fera marcher dans le droit chemin les débonnaires et il enseignera sa voie
aux débonnaires» (Psaume 25, 9).
Le second cas, dans lequel le croyant est exhorté à marcher « d'une manière digne », place exclusivement le Seigneur devant nous. Nous avons vu qu'en Éphésiens, marcher d'une manière digne de
notre appel se rapportait à notre relation devant Dieu en tant qu'unis les uns aux autres en un seul
corps. L'humilité, la douceur, la longanimité, le support en amour, ont en vue ceux avec qui nous
avons à marcher d'une façon qui convienne aux relations dans lesquelles nous nous tenons devant Dieu
comme sa maison. Ici, en Colossiens, les autres n'ont aucune place mais il s'agit de notre marche individuelle avec le Seigneur, dans un monde qui lui est opposé. Nous avons à « marcher d'une manière
digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards ». C'est le sentier qu'a suivi Énoch, et avant d'être enlevé il a reçu le témoignage d'avoir plu à Dieu. Par-dessus tout, c'est le sentier de Celui qui dans toute sa
perfection personnelle pouvait dire: « Je fais toujours les choses qui Lui plaisent. »
N'y eût-il pas un seul autre chrétien dans le monde, je devrais marcher d'une manière digne du Seigneur pour Lui plaire à tous égards; quelles que soient pour les croyants leurs relations en tant que
corps ici-bas, ils ont pour obligation première et impérative de marcher individuellement avec le Seigneur, d'une manière qui Lui soit agréable.
L'apôtre, pénétré de la gravité d'une telle marche, exprime le sérieux de ses propres sentiments sous
la forme d'une exhortation adressée aux Saints, mais ici son cœur s'en remet à Dieu pour eux et il le dit
dans un langage plein de force et de beauté: «Nous ne cessons pas de prier et de demander pour vous
que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle,
pour marcher d'une manière digne du Seigneur pour Lui plaire à tous égards» (Colossiens 1, 9). Non
seulement nous trouvons ici la prière au lieu de l'exhortation, mais ce qui est demandé pour la marche,
est bien différent de ce que nous avons vu précédemment.
Les dispositions pleines de grâce de l'âme, son humilité, sa douceur, la longanimité, le support en
amour, tout ce qui est essentiel pour une « marche digne de l'appel» en rapport avec les autres saints
n'est pas directement en question ici. Cette marche convenant au Seigneur pour lui plaire à tous égards,
demande tout d'abord que nous soyons remplis de la connaissance de sa volonté, et qu'il ne s'agisse pas
pour nous d'une loi à laquelle nous essayons de nous conformer, mais plutôt que nous soyons intérieurement remplis de l'intelligence de sa volonté, formant, par la puissance de l'Esprit qui habite en nous,
chaque pensée et chaque sentiment. La sagesse et l'intelligence du croyant sont formées par la volonté
de Dieu, connue et réalisée avec joie dans nos affections, de telle sorte que cette volonté est pour nous
la seule source de pensée et d'action.
Jésus a réalisé cela d'une façon parfaite. « C'est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon
plaisir, et ta loi est au-dedans de mes entrailles. » De là venait l'expression pratique de la vie divine et
céleste, entièrement agréable à Dieu, qu'Il a vécue comme homme sur la terre. Il a marché ici-bas dans
une entière dépendance de Dieu et dans une parfaite obéissance à sa volonté.
C'est devant un tel chemin, où le caractère de Dieu est exprimé dans tout ce que fait ou dit le chrétien, où tout est digne de Christ, que la prière de l'apôtre monte vers Dieu afin que les saints v soient
engagés.
Telle est la marche sainte et élevée qui seule convient à celui qui croit en Christ. C'était le sentier
dans lequel marchait l'apôtre lui-même et qu'il définissait dans ces mots: « que nous soyons présents
ou que nous soyons absents, nous nous appliquons avec ardeur à lui être agréables.» Que notre prière
incessante pour nous-mêmes et pour tous les saints, soit que nous marchions d'une manière digne du
Seigneur.
Dans le troisième cas, le croyant est exhorté à «marcher d'une manière digne de Dieu qui nous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire.» Cela donne à nos cœurs un motif pour notre marche.
Il n'est pas dit ici que nous devions marcher d'une manière digne de Dieu Lui-même, ce ne serait que
la répétition de ce qui est dit en Colossiens, ni non plus que nous ayons à marcher d'une manière digne
du royaume et de la gloire, ce qui donnerait une trop grande importance à la position elle-même, mais
il s'agit de Dieu comme nous associant avec Lui-même dans ce qu'Il va établir pour sa propre gloire. Il
veut que nous soyons avec Lui dans cette manifestation.
Tel était le motif, merveilleux et puissant, bien que touchant aussi, que Paul, comme un père donnait
aux saints de Thessalonique, pour former leur marche dans ce monde en attendant des cieux le Fils de
Dieu.
Ici encore, il convient de remarquer que c'est la marche individuelle du chrétien qui est en question.
Chacun ayant sa propre place dans le royaume de Dieu et dans la gloire, la marche de chacun, indépendamment de celle des autres, doit correspondre à la position élevée où la grâce de Dieu veut introduire les siens.
L'appel que Dieu nous adresse par le moyen de son serviteur Paul est des plus touchants. De même
que Dieu pouvait dire autrefois à Israël, son peuple terrestre: « Qu'y avait-il encore à faire pour ma
vigne que je n'aie pas fait pour elle? », de même Il peut s'adresser à nous maintenant d'une façon plus
solennelle et dire: Que puis-je vous donner de plus que ce que je vous ai donné? Je veux vous avoir
dans mon propre royaume et ma propre gloire, pour partager tout ce que je possède avec le Fils de
mon amour. Et maintenant, pendant que vous êtes ici-bas dans ce monde où tout est éloigné de moi et
déshonore Christ, je désire que vous marchiez d'une manière qui réponde à la grâce et à la dignité que
je vous confère.
Il est encore un autre motif directeur de notre marche. Il v a derrière nous la croix elle-même, révélation infinie de l’amour de Dieu, fondement de toutes nos bénédictions, par laquelle nous sommes sauvés et engagés sur le chemin du ciel. Puis il y a la révélation de la gloire vers laquelle nous nous dirigeons; encore, n'est-ce pas simplement la gloire, mais Dieu Lui-même nous attend dans cette gloire:
«Il nous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire» (1 Thessaloniciens 2, 12).
Quelle différence cela ne ferait-il pas pour nous à tous égards, Ici ce royaume et cette gloire étaient
toujours devant nos yeux comme le terme prochain de notre pèlerinage! Combien, si nous avions devant nous la position élevée que nous allons occuper, les vanités de ce monde perdraient leur pouvoir
sur nous! Satan est le .dieu et le prince de ce monde; les royaumes de ce monde et leur gloire sont à sa
disposition. Si nous voulons avoir une place ou une part ici-bas, nous devons la recevoir des mains de
l'ennemi et la posséder en association avec lui. Pensée terrible mais vraie!
Comme croyants, notre part est entièrement dans ce monde futur où Dieu a le pouvoir et la gloire,
mais il faut que nous marchions d'une manière digne de Lui dans le temps présent. Ce qui convient
devant Lui, doit être maintenant manifesté en nous puisque nous devons avoir part à la puissance et à
la gloire futures qui sont à Lui. Le cie1 ne nous donnera pas cette occasion de marcher d'une manière
digne de Dieu.
Qu'il nous soit fait la grâce de témoigner à ceux de ce monde qu'aucun des motifs qui gouvernent
leur cœur et commandent leurs actions, ne gouverne ni ne commande les nôtres. C'est ainsi seulement
que nous pourrons manifester que nous marchons d'une manière digne de Lui, qui nous appelle à son
propre royaume et à sa propre gloire.
Cela ne nous sera possible que si nous suivons humblement Celui qui a foulé avant nous le sentier et
si nous mettons en Lui toute notre confiance. Comme Lui, nous devons rencontrer Satan, et toutes !ses
séductions, et, comme Lui, nous avons à manier, dépendants et obéissants, l'épée de l'Esprit: «Il est
écrit, tu rendras hommage au Seigneur ton Dieu, et tu le serviras Lui seul.» Le monde ne doit trouver
en nous que ce qu'il a trouvé en Lui, qui pouvait dire: « afin que le monde connaisse que j'aime le
Père, et selon ce que le Père m'a commandé, ainsi je fais ».
C.W.
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TABLE DES MATIÈRES
de la centième année
Acan
Josué 7
Adoration
Jean 12, 1-12
À propos de la prière d'Actes 4, 24-30
Arche (L') et le propitiatoire
Exode 25, 10-22
Assemblée de Dieu et témoignage de Dieu
Attente
Actes 1
« Avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un cœur pur»
2 Timothée 2, 22
Avec tous les saints
Éphésiens 3, 18
Baptêmes d'eau et rémission des péchés
Cène (La) du Seigneur à sa Table
Centenaire (Le) du Messager évangélique
Colossiens 2
Compter sur Dieu
Juges 20
Conséquences (Les) du choix de Lot
Considérations sur le ministère de l'apôtre Paul
Demeure dans les choses que tu as apprises
2 Timothée 3, 14 ; 4, 1-5
Deux fragments
Enseignements de l'épître de Jacques au sujet de la prière
Entretien sur Jean 21, 1-19
Éternité (L') des peines
Expérience (L') chrétienne
Philippiens 1
Extrait d'une lettre
Extrait d'une lettre de M.K
Fragment
Fragment
Fragment sur Exode 29
Gloire (La) céleste de Moïse
Introduction à l'étude des évangiles
« Je viens bientôt; tiens ferme ce que tu as...»
Apocalypse 3, 11
Jugement du mal dans l'Assemblée
Juste (Le) vivra de foi
Hébreux 11
Lèpre (La)
Lévitique 13
Lettre à un frère
Lettre de H.R
Lettre de S.P.
Marcher d'une manière digne
Ordre dans l'Assemblée
Pensées
Position, (La) la marche et la foi
Quatre (Les) exhortations de 2 Timothée 4, 5
Quelques enseignements tirés d'Actes 6 et 7
Que voyons-nous en Christ?
Remarques sur Jean 1
Témoignage chrétien (Le)
*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*
H.W.M.
Trad. L’Anglais
W.J.H.
E.D.
J.N.D.
W.F.B.
P.F.
E.D.
A.G.
A.G.
-----R.T.G.
E.A.P.
Trad. L’Anglais
C.E.S.
C.S.
-----P.F.
E.T.W.
A.G.
J.N.D.
A.H.R.
-----G.V.W.
J.N.D.
J.N.D. +
B.T.
-----+
P.F.
P.F.
B.T.
+
P.F.
+
S.P.
C.W.
P.F.
J.N.D.
A.G.
P.F.
P.F.
W.E.
W.S.
J.N.D.
+
+
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