Travail long Dossiers néologiques et lexicaux TRD-1001 – Lexique et dictionnaires Michel Côté Mélina Gosselin Présenté à Julie Pelletier Université Laval 7 juin 2017 Table des matières Néologismes .................................................................................................................................................. 3 chronotouriste, n. (élément du grec + base française= hybride (dér. préf. savante, grec)) .................... 3 Sinimpérialisme n. m. (élément du latin + base française = hybride (dér. Préf. savante, latin)) .............. 4 manfra, n. m. (contraction de manga et français = mot-valise) ................................................................ 5 Bisouthérapie n. f. (mot français + élément de composition = mot-valise) .............................................. 6 takoyaki -> croque-pieuvre, n. m. (base + base = mot composé français) ............................................... 7 Ocarina -> Flûte d’oie, n. f. (mot français + préposition + mot français = figement) ................................ 8 Synthèse ........................................................................................................................................................ 9 Aspect linguistique .................................................................................................................................... 9 Aspect sémantique .................................................................................................................................... 9 Réflexion personnelle .............................................................................................................................. 10 Bibliographie ............................................................................................................................................... 11 Références des néologismes ................................................................................................................... 11 ANNEXE I ..................................................................................................................................................... 13 ANNEXE II .................................................................................................................................................... 14 Néologismes ] n. – 2009 ¤ de chrono- et touriste ▪ Personne qui, à l’aide d’une machine à voyager dans le temps, se déplace vers différentes époques et les visite pour son plaisir. Des chronotouristes partent en vacances dans la préhistoire. chronotouriste [ chronotouriste, n. (élément du grec + base française= hybride (dér. préf. savante, grec)) chronotouriste est construit à partir du préfixe chrono- provenant de l’ancien grec khrônos signifiant « temps » et du nom touriste que Le Petit Robert 2010 définie comme étant une « personne qui se déplace, voyage pour son plaisir ». Le mot chronotouriste servirait à désigner une personne voyageant dans le temps dans un but strictement ludique. Bien que le voyage temporel soit un concept hypothétique, réservé pour le moment au monde de la science-fiction et du fantastique, il n’y a jamais eu de mot pour désigner un personnage fictif qui effectue ce genre de voyages. Certes, il y a eu voyageur temporel ou explorateur temporel, mais aucun d’eux ne font référence à la notion du plaisir et du loisir de la chose. Par dérivation, on pourrait parler de chronotourisme lorsqu’on parle du fait de voyager, de parcourir pour son plaisir une époque autre que celle où l’on vit habituellement et de chronotouristique pour ce qui concerne les voyages et les déplacements des chronotouristes. (ex : séjour chronotouristique, guide chronotouristique). Rappelons que la base française touriste a servi de base également au nom écotouriste défini par Termium comme étant « une personne qui se déplace pour son plaisir dans des espaces verts et qui s'intéresse surtout à son environnement naturel ». C’est d’ailleurs ce nom qui nous a inspiré la possibilité d’ajouter un préfixe à touriste pour décrire notre concept ci-dessus. Tout comme touriste, chronotouriste peut prendre la marque du masculin aussi bien que la marque du féminin (un chronotouriste / une chronotouriste). 3 ] n. m. – 2009 ¤ de sin(o)- et impérialisme ▪ Tendance des autorités de la République populaire de Chine à vouloir réduire d’autres États sous sa dépendance politique et économique. sinimpéralisme [ Sinimpérialisme n. m. (élément du latin + base française = hybride (dér. Préf. savante, latin)) Sinimpérialisme est construit à partir du préfixe sin(o)-, tiré du latin tardif Sinae, nom d'un peuple d'Extrême-Orient, transcrit du grec (Ptolémée, IIe s. apr. J.-C.), entrant dans la construction d'adjectifs et de substances écrits sans trait d'union, relatifs à la Chine; on l’accole ici au mot français impérialisme. Sinimpérialisme désigne donc l’impérialisme propre à la Chine. L’impérialisme est une tendance d'un État à mettre d'autres États sous sa dépendance politique, économique, culturelle ou sous la dépendance d’une doctrine correspondante. Par dérivation, on pourrait parler de sinimpérialiste lorsqu’on parle d’un fonctionnaire ou d’un dirigeant, au gouvernement de la République populaire de Chine, qui travaille pour faire progresser le sinimpérialisme. Il est intéressant de noter que le mot impérialisme est très rarement, sinon jamais, utilisé comme base d’un nouveau mot. L’ajout d’une épithète est généralement préféré. Exemples : impérialisme communiste; impérialisme religieux; impérialisme américain; etc. Il s’agit donc d’une nouvelle façon de définir une notion sociopolitique de façon plus concise qu’avec l’épithète. L’utilisation du néologisme serait de plus en plus fréquente vu la situation économique actuelle; elle est pratique dans les domaines de la sociologie, de la politique et de l’histoire, englobant une notion sociopolitique propre à la situation mondiale actuelle et future. 4 manfra, n. m. (contraction de manga et français = mot-valise) Ce mot est apparu pour la première fois en 2005 (d’une source inconnue mais repris par la suite par nombreux magazines, forums, sites Internet et émissions de télévision) pour désigner les bandes dessinées d’inspiration japonaise (mangas) créées par des auteurs francophones. Deux autres termes synonymiques (quoique inusités) ont simultanément fait leur apparition pour désigner ce référant, soit Franga (mot-valise venant de français et manga) et moonka (de Moonkey [pseudonyme du premier auteur de manfra répertorié] et mangaka [auteur de manga en japonais]). Le mot manga (漫画) est un mot d’origine japonaise désignant la bande dessinée. Le mot est entré officiellement en 1991 dans Le Petit Robert où on le désigne comme étant un « mot japonais signifiant littéralement image dérisoire. Bande dessinée, dessin animé japonais » (PR 2010). Parce que la bande dessinée japonaise à ses propres règles ainsi qu’un style graphique unique (combats dynamiques, yeux énormes, effet super-déformé) la différenciant grandement de la bande dessinée telle qu’on l’entend ici en Occident, il a été nécessaire d’inventer un nouveau mot pour désigner une bande dessinée faite par un francophone (d’où l’utilisation des trois premières lettres de français pour compléter ce mot-valise) mais s’inspirant de ce genre afin de la différencier des autres bandes dessinées dites franco-belges (Tintin, Gaston Lagaffe, Spirou…), elles aussi produites par des francophones. Il est possible que la nécessité d’avoir inventé ce néologisme pour dénommer cette réalité fût aussi par souci identitaire et socioculturel afin de se démarquer des auteurs japonais travaillant dans le même créneau et ainsi créer un sentiment d’appartenance et d’authenticité au sein de la francophonie. On peut observer cette tendance dans d’autres pays où par exemple, aux États-Unis, on retrouve le terme non lexicalisé amerimanga (mot-valise formé des mots américain et manga) pour désigner les bandes dessinées d’inspiration japonaise, mais crées par des Américains. Voire Annexe I pour consulter les entrées trouvées sur Internet concernant ce néologisme. 5 Bisouthérapie n. f. (mot français + élément de composition = motvalise) Bisouthérapie est construit à partir du mot français bisou, mot de niveau familier pour désigner baiser ou bise, ainsi que de l’élément de composition –thérapie, qui vient du grec therapeia, signifiant « soin, cure » et qui désigne un moyen de traitement psychosomatique, psychique. Bisouthérapie désigne donc un traitement psychosomatique ou psychique par l’utilisation de baisers. Il se développe, aujourd’hui, une multitude de nouveaux traitements psychosomatiques et psychiques, tels que la chocothérapie, la luminothérapie, la calinothérapie, etc. Tous des néologismes créés par la méthode de mot-valise. La popularité de chacun de ces traitements étant très variable, il est difficile de prévoir si le néologisme survivra au temps. Il est important de noter que bisouthérapie est également beaucoup employé dans un contexte familier pour désigner le bien-être que procure une « séance de bises » avec son copain ou sa copine. Il est donc doublement utile à la langue puisqu’il est déjà polysémique. La polysémie entraîne ici une ambigüité, il est donc nécessaire de bien définir le terme. En quoi consiste exactement la bisouthérapie en milieu professionnel, cela nous paraît encore obscure. Voire Annexe II pour consulter les entrées trouvées sur Internet concernant ce néologisme. 6 Takoyaki -> croque-pieuvre, n. m. (base + base = mot composé français) Le takoyaki (たこ焼き) signifiant littéralement « pieuvre frite », est un plat d’origine japonaise composé de cinq à dix boulettes de pâtes frites contenant des morceaux de pieuvres cuites, de la mayonnaise et des assaisonnements variés. Il s’agit d’un mot-valise japonais formé du mot « tako » signifiant « pieuvre » et du mot « yaki » signifiant « frit ». Bien que le takoyaki fasse tranquillement son entré sur les menus des restaurants japonais à travers les pays francophones, le mot « takoyaki » n’est répertorié dans aucun dictionnaire et n’a pas d’équivalent français à ce jour. Nous avons francisé ce signifiant d’origine étrangère en usant de la composition comme mode de formation. Nous avons pu ainsi créer le mot « croque-pieuvre ». Le trait d’union sert à lier la forme verbale croque (du verbe croquer) et le nom commun pieuvre. Selon Le Petit Robert 2010, le verbe croquer a été créé à partir du radical onomatopéique Krokk-, exprimant un bruit sec. L’adjectif croquant est aussi dérivé du verbe croquer désignant « quelque chose qui croque sous la dent, résiste et cède brutalement » (PR 2010). En ce qui concerne d’autres mots dérivant du verbe croquer, notons croquette, désignant « des boulettes qu’on fait frire dans l’huile après les avoir panées » (PR 2010). Notons que le met que définie ce mot se rapproche sensiblement du takoyaki. Nous nous sommes également inspirés du mot croque-monsieur, désignant « un sandwich chaud fait de pain de mie grillé, avec du jambon et du fromage » (PR 2010). Ainsi, d’un seul coup d’œil, les francophones (public cible) sauront en voyant le mot croque-pieuvre qu’ils auront non seulement affaire à un plat à base de pieuvre, mais à un met croquant. il est intéressant de mentionner que nous aurions tout aussi bien pu utiliser le mot poulpe, désignant exactement le même référant (Octopus aegina) et ainsi former le mot croque-poulpe. Nous avons finalement opté pour le nom pieuvre pour notre mot composé puisqu’au Québec, pieuvre est beaucoup plus utilisé dans le langage courant que poulpe peut l’être. 7 Ocarina -> Flûte d’oie, n. f. (mot français + préposition + mot français = figement) Flûte d’oie est formé à partir du mot flûte, désignant « l’instrument de musique à vent formé d’un tube percé de plusieurs trous, ou de tubes d’inégale longueur » (PR 2010). Nous y accolons le complément d’oie en référence au mode de formation utilisé en italien pour construire le mot ocarina. Ocarina signifie petit oie et désigne ce type de flûte par analogie de forme, puisque l’instrument ressemble à une tête d’oie. Flûte d’oie fait également un clin d’œil aux figements flûte de pan et flûte à bec. Flûte de pan pour ce qui est de la forme du figement, bien que Pan fût un personnage mythologique et non un animal. Flûte à bec pour ce qui est de l’analogie de forme, puisque l’embout à la forme d’un bec. Il est donc approprié de faire une telle analogie avec l’oie, en plus d’être fidèle à l’analogie en italien. L’instrument tombe dans l’oublie après la Seconde Guerre mondiale, mais retrouve sa popularité avec l’apparition du jeu vidéo Zelda dans lequel le personnage utilise une telle flûte. Depuis, sa popularité augmente de façon impressionnante et il est l’objet de développement dans plusieurs pays du monde où sont inventées de nouvelles formes avec plus de notes ou une meilleure sonorité. L’instrument est populaire dans les pays anglophones, s’intègre tranquillement aux orchestres au Japon, mais s’étend difficilement dans les pays francophones, ce pourquoi un terme français pourrait être utile et rejoindre plus de gens dans la francophonie. 8 Synthèse Aspect linguistique Il est intéressant de noter que les néologismes non répertoriés dans les dictionnaires que nous avons relevés sont tous les deux des mots-valises. Nous avons remarqué que cette méthode de formation était à la mode et très tendance de nos jours puisqu’elle est facile à utiliser, innovante, voire Bulbizarre même amusante. Que ce soit pour des termes techniques (chocothérapie, courriel, clavardage,etc.) ou pour des concepts imaginaires dans des œuvres de fiction (choixpeau1, bulbizarre2, etc.) les mots-valises sont partout et on les retrouve dans toutes les langues (takoyaki, brunch, smog, tölva, etc.). Lors de la création de nos néologismes pour remplacer des emprunts aux langues étrangères, nous avions utilisé la méthode de mot-valise pour rester dans cette tendance. Le mot pieuvrette avait initialement été créé – de pieuvre et boulette – pour remplacer takoyaki, mais cela portait à confusion. On aurait pu croire qu’il s’agissait d’une petite pieuvre vu l’ambigüité avec le suffixe -ette. Pour ce qui est de flûte d’oie, nous avions d’abord pensé à flûte à tête d’oie, mais le figement nous paru lourd. Concernant nos deux définitions, bien qu’il ait été simple de faire un renvoi vers leur mot de base, nous avons opté pour des définitions complètes, reprenant les définitions de touriste et d’impérialisme. Aspect sémantique Nous avons surtout utilisé la dérivation savante pour la formation des mots liés à des concepts réels ou hypothétiques. Il s’agit d’une méthode plutôt simple : en prenant un concept réel, on peut y ajouter un affixe savant qui vient dériver la signification originale et créer un nouveau concept hypothétique, plus précis. Sinimpérialisme est donc un impérialisme spécifique à la Chine ; chronotouriste une forme de touriste en lien avec le temps. La dérivation est donc simple et le 1 Mot-valise formé à partir de choix et chapeau provenant de l’univers d’Harry Potter. 2 Mot-valise formé à partir de bulbe et bizarre provenant de Pokémon. 9 lien entre le signifiant et le référent est motivé, ce qui est plus pratique en plus de favoriser la fréquence d’utilisation du néologisme. Réflexion personnelle Concernant les deux définitions lexicographiques que nous avons créées, nous nous sommes basés sur différents modèles apparaissant dans Le Petit Robert 2010 plutôt que sur ceux d’un dictionnaire encyclopédique, puisqu’une approche linguistique nous paraissait beaucoup plus appropriée qu’une autre. La microstructure de nos définitions comporte la prononciation, la catégorie grammaticale, la datation, l’étymologie et la définition pour chacun des mots choisis. Nous avons conclu de l’exercice qu’il était essentiel d’avoir une définition claire et simple allant droit au but. Nous aurions pu ajouter des citations littéraires, mais cela nous paraissait inapproprié puisque nous venions d’inventer les mots en question. Nous avons évité les renvois et préféré des définitions complètes. Le plus difficile fut de trouver les néologismes non répertoriés. Avec les différentes banques de données terminologiques, les nouveaux termes techniques sont rapidement inscrits dans la langue. Il fallait donc trouver des néologismes en lien avec des domaines moins techniques, mais couramment utilisés. Le monde de la bande dessinée en est un bon exemple. C’est à travers cette recherche que nous avons remarqué qu’une majorité de néologisme étaient des mots-valises. L’ironie est que le mot mot-valise n’en est pas un, mais qu’il provient de la traduction du mot portemanteau qui lui est un mot-valise utilisé en anglais et formé à partir des mots français porter et manteau. 10 Bibliographie COLLECTIF, Le Petit Larousse illustrée 2010, Paris, 2009 Le Trésor de la Langue Française informatisée, [En ligne]. http://atilf.atilf.fr/tlf.htm (page consultée le 20 octobre 2009) Office québécois de la langue française, Grand dictionnaire Terminologique, [En ligne]. http://www.olf.gouv.qc.ca/ressources/gdt.html (page consultée le 20 octobre 2009) ROBERT, Paul et coll. Le Petit Robert 2010, Paris, Dictionnaires Le Robert, 2009 Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, Termium [En ligne]. http://www.termium.com (page consultée le 20 octobre 2009) Références des néologismes Bisouthérapie Femina, [En ligne]. Les bienfaits de la bisouthérapie : http://www.femina.fr/sexo/news/lesbienfaits-de-la-bisoutherapie/(gid)/433605 (page consultée le 20 octobre 2009) Senioractu, [En ligne]. Les Panthères Grises lancent un atelier de bisouthérapie pour la journée de la femme : http://www.senioractu.com/France-Les-Pantheres-Grises-lancent-un-atelier-debisoutherapie-pour-la-journee-de-la-femme_a2285.html (page consultée le 20 octobre 2009) Yanous, [En ligne]. Polyhandicap : sortie du néant : http://www.yanous.com/espaces/parents/parents090508.html (page consultée le 20 octobre 2009) Manfra Acouma manga, [En ligne]. Le (page consultée le 20 octobre 2009) manfra : http://www.acoumamanga.fr/crbst_34.html Actualitté, [En ligne]. Un manfra qui fait rêver : http://www.termium.com (page consultée le 20 octobre 2009) Libfly, [En ligne]. Manga, manhwa, manhua, manfra : http://www.acoumamanga.fr/crbst_34.html (page consultée le 20 octobre 2009) 11 Ocarina Wikipedia, [En ligne]. Ocarina : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ocarina (page consultée le 20 octobre 2009) Takoyaki Wikipedia, [En ligne]. Takoyaki : http://fr.wikipedia.org/wiki/Takoyaki (page consultée le 20 octobre 2009) 12 ANNEXE I 13 ANNEXE II 14