IEP 4e année Gouvernance économique internationale
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Gouvernance économique
internationale
A. Cartapanis
Introduction générale 1
1. Crise globale et déficit de gouvernance internationale 1
2. Après la crise, quelle mondialisation? 1
3. En réponse à la crise de la globalisation, la redécouverte du débat sur la gouvernance
économique internationale 1
Chapitre 1 : De l’économie internationale à l’économie politique internationale 1
1. Les limites d’une analyse strictement économique de la globalisation 1
2. Définitions de l’économie politique internationale : champs, principaux concepts et
méthodes 1
3. Périodisation de la globalisation et relations internationales 1
Chapitre 2 : Les principaux courants de l’économie politique internationale 1
1. Modèle libéral et théories néo-libérales 1
2. Théories marxistes et mouvements alter-mondialistes 1
Hypothèses 1
Deux types dapproche à l’échelle mondiale 1
3. Modèle réaliste et théories néo-réalistes 1
Les hypothèses du modèle réaliste 1
Adaptation du libéralisme à la question de l’économie globale 1
Chapitre 3 : La problématique des régimes internationaux 1
1. Répondre à un problème d’action collective 1
2. Qu’est-ce qu’un régime international? 1
Définitions 1
Éléments-clés 1
La question des institutions 1
3. Les types de régimes internationaux 1
Chapitre 4 : Les approches en termes de stabilité hégémonique 1
1. Définitions et cadre d’analyse 1
2. Applications : ordre monétaire international, ordre commercial mondial... 1
La puissance 1
La notion de stabilité 1
Le leadership 1
3. La question du déclin de l’hégémon 1
Chapitre 5 : Déséquilibres internationaux et déficit de gouvernance macro 1
1. Un nouveau système monétaire international? 1
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Laprès G20 2
Retour sur la périodisation 2
2. La grille de lecture économique : les caractéristiques d’un système monétaire
international 2
1er niveau : La question du régime de changes 2
2nd niveau : La question de la liquidité ou monnaie internationale 2
3e niveau : Lajustement international 2
4ème niveau : La mobilité des capitaux 2
5ème niveau : La mise en place ou non dune organisation internationale chargée de
mettre en oeuvre lensemble des ingrédients précédents 2
3. Retour à l’économie politique internationale 2
L’école néo-réaliste américaine 2
Les tenants de lapproche en termes de régime 2
Chapitre 6 : Gouvernance financière internationale 2
1. Les causes de la crise : une situation à risque 2
2. Les mesures adoptées par le G20 pour minimiser les risques 2
3. Un changement de paradigme : la re-règlementation 2
Premier niveau : Renforcer la transparence sur les marchés et responsabiliser les acteurs2
Deuxième niveau : La réglementation bancaire 2
Troisième niveau : La défense de lintégrité des marchés financiers 2
Conclusion provisoire : La gouvernance économique internationale en question 2
Partiel : question de réflexion, 3h, pas plus de 8 pages.
23/09/10
Introduction générale
1. Crise globale et déficit de gouvernance internationale
• Dans un environnement de plus en plus globalisé, caractérisé par des externalités (c’est-à-dire des
facteurs dépendant de phénomènes qui prennent naissance en dehors du champ d’application
traditionnel des Etats), les instruments de politique économique traditionnels ne suffisent plus il
est nécessaire de faire appel à la notion de gouvernance. La gouvernance est l’art de gouverner
sans gouvernement, c’est-à-dire d’essayer de mettre un peu d’ordre dans les affaires du monde. Les
acteurs sont nationaux mais les problèmes sont globaux ; or il n’y a pas de gouvernement mondial,
cela reste aujourd’hui une utopie.
La crise actuelle n’est pas seulement une crise financière : en raison du poids des ajustements
nécessaires et de l’importance des conséquences sur la croissance économique, elle est la plus grave
depuis celle des années 20. Aux Etats-Unis, le taux de chômage avoisine désormais les 10-12%
(contre 4,5 ou 5% avant la crise) et la durée du chômage s’allonge. Aucun pays n’a échappé à la
contagion, révélant les interdépendances financières mais aussi commerciales. Le volume des
échanges de biens et services a chuté de 40% c’est la marque d’un canal de propagation
extrêmement puissant. On peut donc considérer que cette crise marque une rupture historique.
Depuis les 80s avec la ‘révolution néolibérale’ qui s’est imposée d’abord en Grande-Bretagne
(Thatcher) puis aux Etats-Unis (Reagan), se substituant aux années keynésiennes d’après-guerre, on
assiste à une vague de dérèglementation et à un retrait des Etats (privatisations). Cette période,
en s’ajoutant à la disparition de la polarisation politique sur le plan mondial (chute de l’URSS),
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avait laissé imaginer qu’il n’existait plus aucune alternative au capitalisme : institutionnalisation
du retrait des Etats.
Mais tout cela est terminé. La crise actuelle ne marque pas la fin du capitalisme ; mais elle
introduit une prise de conscience de l’exigence de revaloriser le rôle des acteurs publics. Si les
banques centrales n’étaient pas intervenues de façon aussi importante lors de la crise de septembre-
octobre 2008, c’est le système financier mondial qui se serait effondré (les systèmes de paiement
étaient menacés). On a donc redécouvert la nécessité du ‘prêteur en dernier ressort’ (la banque
centrale). Les gouvernements ont également soutenu la demande.
Cette réaction a été menée par des gouvernements nationaux et des banques centrales nationales
(sauf BCE) très vite sont apparues des difficultés de coordination. On a alors senti la nécessité
de la mise en place d’une politique de re-règlementation, d’un système de règles pour encadrer le
rôle des opérateurs financiers, dont le G20 s’est fait le porteur. Il s’agissait de redéfinir pour
l’avenir des modes de gouvernance de l’économie mondiale.
Cela s’est pourtant réalisé de manière improvisée : les institutions qui préexistaient n’étaient
pas à même de répondre à ces divers défis, bien qu’à partir de l’après-guerre avait été mis en
place tout un ensemble d'institutions chargées d’assurer la coordination. Ex: le Fonds Monétaire
International, qui s’est révélé n’avoir ni les moyens, ni les outils, ni même la légitimité pour mener
des actions de gouvernance à l’échelle internationale car le multilatéralisme qui s’exerçait dans son
fonctionnement était complètement inadapté.
Toute ces questions relatives à l’action des Etats dans un contexte globalisé sont au coeur de la
gouvernance économique internationale, qui peut s’exprimer de 2 façons :
- En se dotant de règles communes en matière monétaire, budgétaire, financière (ex : la façon
dont les banques se définissent à l’échelle globale au terme d’un accord international)
- En opérant des transferts de compétences à des institutions/acteurs qui viendraient pallier les
limites que rencontrent les Etats de par leur caractère exclusivement national question de la
légitimité d’une instance qui n’est pas un Etat. Le meilleur exemple une échelle régionale) est
la création de la Banque Centrale Européenne (BCE) : une instance politiquement indépendante
chargée des questions de politique qui ne pouvaient plus être réglées de façon efficace à l’échelle
des pays. Cela était envisageable en Europe car le processus d’intégration était déjà en cours
(économique + doté d’instruments politiques). Certains proposent aujourd’hui la création d’une
BC mondiale.
Cette gouvernance économique internationale doit avoir un champ d’application très large (car
la globalisation est un phénomène multidimensionnel) : questions financières, de pilotage
macroéconomique, mais aussi d’environnement (qui est un exemple d’externalité : phénomène
contre lequel un pays ne peut lutter seul si ce n’est au plan symbolique), domaine des droits de
propriété (brevets, notamment dans le domaine de la santé).
2. Après la crise, quelle mondialisation?
Il est possible qu’on assiste à une véritable reconfiguration de la mondialisation. La crise était au
départ une crise de la finance américaine : des innovations à risque s’étaient développées à cause de
la dérégulation du système bancaire en 1999 (qui était une critique de la définition des fonctions
respectives des banques commerciales et des banques d’affaires finies par le Banking Act de
1933) et de la titrisation du crédit.
• Cela ne suffit cependant pas à explique la crise pour les deux raisons suivantes :
1. La diffusion de la crise
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Très vite cette crise se diffuse. Certains changements apportés à la finance et certains
comportements nés au sein du système financier américain s’étaient propagés crise de la finance
globale par contagion et par mimétisme.
Démonstration du fait que les systèmes financiers sont aujourd’hui extrêmement imbriqués : ils
forment une entité qui se décompose en systèmes nationaux. Les plus gros opérateurs n’ont plus
aujourd’hui d’appartenance géographique précise (échelle planétaire). D’autre part les marchés eux-
mêmes sont mondiaux. Cette crise était donc une crise de la finance globale.
2. La crise présente des caractères réels
• On s’est également rendu compte que la crise n’était pas seulement financière, mais beaucoup plus
fondamentale : elle présente des caractères réels, en réponse à ce que la mondialisation avait
engendré notamment en termes de déséquilibres macroéconomiques.
Cette crise apparaît au terme d’une période d’une quinzaine d’années durant laquelle l’économie
mondiale a énormément changé:
- Arrivée des pays émergents : démarrage notamment de l’Asie et de l’Amérique latine (qui n’est
plus le continent maudit)
- Cela a créé des déséquilibres entre ces diverses zones en matière de balance des paiements.
- Cette configuration nouvelle a joué un rôle important dans l’apparition d’un «nouveau régime de
croissance» parmi les pays veloppés : à cause de la concurrence de plus en plus lourde des
pays émergents (et du fait que les coûts salariaux de nombre de ces pays pèse désormais très
lourdement sur le marché mondial) s’est créée une modération salariale surtout parmi les non-
qualifiés, une pression sur les coûts salariaux qui s’est accompagnée du partage de la valeur
ajoutée (entre revenu issu du travail et revenu issu du capital).
- Cela a bouleversé le processus de croissance économique la situation n’a pu être
provisoirement résolue que par la fuite en avant qu’a été le processus d’endettement (on a fait
appel à la finance).
- Cela s’est traduit par des situations de surendettement, un temps camouflées par des
innovations financières jusqu’à ce que ce processus éclate. Les déséquilibres globaux de la
balance des paiements ont mis au coeur de l’économie mondiale des liquidités dans des
montants considérables, condition permissive de la crise financière.
- Autre facteur : depuis une vingtaine d’années les pays développés sont parvenus peu ou prou à
maîtriser l’inflation, ce dont les banques centrales s’attribuent le rite. Avec l’entrée des
travailleurs des pays émergents sur le marché mondial, on a vu apparaître une offre globale
excédentaire de travail au niveau mondial, qui a pesé sur la masse salariale.
3. En réponse à la crise de la globalisation, la redécouverte du débat sur la
gouvernance économique internationale
La mondialisation telle qu’on a pu l’observer ces dernières années associait dérégulation et
retrait des Etats dans le domaine de la politique économique et des règlementations.
Aujourd’hui, après la crise, le rôle des Etats est réhabilité. Comment cela va-t-il se traduire?
Historiquement, on a souvent observé au sortir des grandes crises que le réflexe immédiat des
pouvoirs politiques et des lobbies économiques consiste à se diriger vers des politiques de repli et
de recours au protectionnisme commercial et financier, se traduisant par une réduction des
degrés d’ouverture des économies sur l’extérieur et par des attitudes non-coopératives (chacun
essaie de s’en tirer au mieux, sur le dos de ses partenaires s’il le faut). Cela s’exprime notamment
de manière très nette sur la question des taux de change, qui déterminent le prix relatif du coût
de la main d’oeuvre et des biens (beaucoup s’étaient inquiétés à tort d’un effondrement éventuel
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de l’Euro, or à présent le processus s’inverse ; controverse récente sur les politiques d’intervention
de la Banque centrale du Japon pour éviter que le Yen ne s’apprécie).
• Mais aujourd’hui les tentations du repli sont très loin d’atteindre l’ampleur de celles des années 30
(on avait observé de nombreuses dépréciations compétitives : chercher à exporter son chômage en
dépréciant sa monnaie, mouvement des capitaux largement interrompu). A l’heure actuelle on peut
considérer que la tentation du repli a été assez bien maîtrisée par les Etats, ce qui s’explique car
:
- Mémoire chez les banquiers centraux (notamment président de la FED) et les Etats de ce qui s’est
passé dans les 30s
- Jamais on n’était allé aussi loin dans la globalisation réelle des économies un retour en
arrière pourrait s’avérer extrêmement coûteux pour tous les protagonistes. Les entreprises ont
considérablement internationalisé la chaîne de production de la valeur : intégration à l’échelle
de plus en plus globale des processus de production, dont la mise en cause serait longue et
coûteuse.
- Le rebond auquel on a assisté depuis l’été 2009 n’est pas du tout du même rythme selon les zones
de l’économie mondiale (la Chine reste à 10% de croissance annuelle, l’Inde à 8). Par même,
les pays développés ont besoin de continuer à être ouverts sur l’extérieur (ex : Allemagne qui
a besoin des ses marchés extérieurs pour compenser la faible croissance à base purement
domestique)
- Les pays développés (le G7), à la fois compte tenu de la situation macroéconomique d’avant crise
mais aussi à cause du système de gestion de la crise financière, sont en proie à des déséquilibres
sur le plan budgétaire et en termes de balance des paiements d’une ampleur telle qu’ils ont
besoin de faire appel à l’épargne des pays émergents.
Pour autant, il est de plus en plus clair que dans plusieurs grandes zones de l’économie mondiale
on voit se dessiner des revendications et des actions politiques tendant à juger opportun de
conforter la dimension régionale des relations économiques et financières, un peu à l’image de
l’UE ou de ce qui s’est constitué sur le continent nord-américain (l’ALENA). Une économie-
monde n’est pas une économie mondiale, c’est un espace qui peut s’auto-suffire, s’auto-réguler, se
doter d’instruments propres à l’échelle régionale (ex : initiatives prises en Amérique latine). Il y a
certains signe de repli non pas national mais régional, avec la constitution d’espaces intégrés (non
seulement en termes de flux d’échanges, ce qui était déjà le cas, mais aussi désormais en termes de
gouvernance et de règles). Ex : la crise asiatique de 97 a été gérée par le fonds monétaire américain
; désormais ces espaces se dotent aussi d’instruments propres, à l’image de l’Europe.
• Il y a donc si l’on exclut la solution protectionniste deux scénarios qui se dessinent :
- Celui de la régionalisation, avec un fractionnement de l’économie mondiale en un petit
nombre d’économies-mondes (ex : le Canada, les Etats-Unis et le Mexique présentent une
véritable cohérence économique sans qu’il y ait de véritable ambition politique)
- Celui de l’approfondissement de la mondialisation, mais en reconfigurant les pouvoirs
économiques sur une base non plus uniquement nationale mais de caractère global : construction
d’une gouvernance internationale de manière à mieux maîtriser les désordres observés en
définissant des règles d’action collective et en construisant un nouveau régime international
cela ressemble à un nouveau paradigme. La condition est que l’on soit capable de définir soit des
règles (mais il faut en surveiller le respect), soit des institutions qui à l’échelle multilatérale voire
supra-nationale feraient respecter les règles.
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