IEP 4e année — Gouvernance économique internationale
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• Très vite cette crise se diffuse. Certains changements apportés à la finance et certains
comportements nés au sein du système financier américain s’étaient propagés → crise de la finance
globale par contagion et par mimétisme.
• Démonstration du fait que les systèmes financiers sont aujourd’hui extrêmement imbriqués : ils
forment une entité qui se décompose en systèmes nationaux. Les plus gros opérateurs n’ont plus
aujourd’hui d’appartenance géographique précise (échelle planétaire). D’autre part les marchés eux-
mêmes sont mondiaux. Cette crise était donc une crise de la finance globale.
2. La crise présente des caractères réels
• On s’est également rendu compte que la crise n’était pas seulement financière, mais beaucoup plus
fondamentale : elle présente des caractères réels, en réponse à ce que la mondialisation avait
engendré notamment en termes de déséquilibres macroéconomiques.
• Cette crise apparaît au terme d’une période d’une quinzaine d’années durant laquelle l’économie
mondiale a énormément changé:
- Arrivée des pays émergents : démarrage notamment de l’Asie et de l’Amérique latine (qui n’est
plus le continent maudit)
- Cela a créé des déséquilibres entre ces diverses zones en matière de balance des paiements.
- Cette configuration nouvelle a joué un rôle important dans l’apparition d’un «nouveau régime de
croissance» parmi les pays développés : à cause de la concurrence de plus en plus lourde des
pays émergents (et du fait que les coûts salariaux de nombre de ces pays pèse désormais très
lourdement sur le marché mondial) s’est créée une modération salariale surtout parmi les non-
qualifiés, une pression sur les coûts salariaux qui s’est accompagnée du partage de la valeur
ajoutée (entre revenu issu du travail et revenu issu du capital).
- Cela a bouleversé le processus de croissance économique → la situation n’a pu être
provisoirement résolue que par la fuite en avant qu’a été le processus d’endettement (on a fait
appel à la finance).
- Cela s’est traduit par des situations de surendettement, un temps camouflées par des
innovations financières jusqu’à ce que ce processus éclate. Les déséquilibres globaux de la
balance des paiements ont mis au coeur de l’économie mondiale des liquidités dans des
montants considérables, condition permissive de la crise financière.
- Autre facteur : depuis une vingtaine d’années les pays développés sont parvenus peu ou prou à
maîtriser l’inflation, ce dont les banques centrales s’attribuent le mérite. Avec l’entrée des
travailleurs des pays émergents sur le marché mondial, on a vu apparaître une offre globale
excédentaire de travail au niveau mondial, qui a pesé sur la masse salariale.
3. En réponse à la crise de la globalisation, la redécouverte du débat sur la
gouvernance économique internationale
• La mondialisation telle qu’on a pu l’observer ces dernières années associait dérégulation et
retrait des Etats dans le domaine de la politique économique et des règlementations.
Aujourd’hui, après la crise, le rôle des Etats est réhabilité. Comment cela va-t-il se traduire?
• Historiquement, on a souvent observé au sortir des grandes crises que le réflexe immédiat des
pouvoirs politiques et des lobbies économiques consiste à se diriger vers des politiques de repli et
de recours au protectionnisme commercial et financier, se traduisant par une réduction des
degrés d’ouverture des économies sur l’extérieur et par des attitudes non-coopératives (chacun
essaie de s’en tirer au mieux, sur le dos de ses partenaires s’il le faut). Cela s’exprime notamment
de manière très nette sur la question des taux de change, qui déterminent le prix relatif du coût
de la main d’oeuvre et des biens (beaucoup s’étaient inquiétés à tort d’un effondrement éventuel