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L’attrait de l’UMP pour le modèle américain est connu. On peut de ce fait s’étonner
que Christian Jacob ne pousse pas sa logique jusqu’à proposer des durées de contrat
calées sur celles des mandats politiques de manière à entrer de plein pied dans le
« spoil system », permettant ainsi à une équipe politique de se débarrasser de
l’administration en place, au profit d’une nouvelle totalement convertie à ses options
idéologiques.
Après la proposition de loi Gorge, du 21 janvier 2009, dont Georges Tron, l’actuel
Ministre chargé de la Fonction publique était signataire, qui envisage de légiférer sur
une loi « instituant la liberté de recrutement par les Collectivités Territoriales », et qui
propose d’instaurer le recours au contrat de travail de droit commun, et transformant
le recrutement par concours comme « exception »dans la fonction publique territoriale,
nous avons droit 2 ans après, à la proposition de loi visant à réserver le statut de la
fonction publique aux agents exerçant une fonction régalienne, présentée par J. F.
Mancel, le 13 janvier 2011.
Ce serait donc cela, moderniser la Fonction publique ?
Enfin, pour terminer, nous pensons qu’une gestion locale progressiste ne peut se
traduire par le choix mortifère entre augmentation de la pression fiscale et réduction
des moyens consacrés au service et à l’emploi public.
Dans le cadre du vote des budgets 2011, la désobéissance républicaine nous semble
rester nécessaire. Les collectivités doivent refuser le diktat du gouvernement et du
patronat. Pour cela, les exécutifs doivent voter des budgets de combat et de progrès
social garantissant la pérennité des missions et de l’emploi publics, y compris si cela se
traduit par le vote de budgets en déséquilibre. La CGT Services publics est prête à
prendre toute sa part dans les batailles citoyennes qui en découleront.
Le gouvernement et ses représentants préfectoraux doivent être ainsi placés devant
leurs contradictions : c’est bien sur eux et non sur les élus locaux, les populations et les
personnels que doit peser la responsabilité des conséquences sur le service public local
de la réforme territoriale et de son pendant financier.
Les ressources financières peuvent être trouvées, en supprimant le bouclier fiscal ;
en imposant avec une forte majoration les rémunérations comme les stocks-options
et autres ; en renforçant l’impôt sur le revenu et sa progressivité ; en réformant la
fiscalité locale avec entre autres la transformation de la taxe professionnelle en un
impôt pour l’emploi et le développement solidaire des territoires, impôt auquel
seraient assujetties les entreprises et qui permettrait de conserver le lien fiscal
indispensable entre celles-ci et les territoires, et enfin en taxant les profits
financiers.
Avec la Révision générale des Politiques publiques et la Réforme territoriale, se
déroule une offensive sur trois fronts : le statut, les moyens et la démocratie locale.
C’est bien la République décentralisée, la démocratie de proximité, la Fonction
publique comme outil de contrôle démocratique sur les services publics qui sont dans
le viseur du gouvernement et de ses mandants patronaux.
Pour la Fédération CGT des Services publics, je vous remercie.