Mots, tensions et discriminations.
Les mots Entre Classe, Race et Genre
Les mots dans L'imbrication du
sexisme et du racisme
La portée des mots
Gustave le Bon (1879)
Dans les races les plus intelligentes, comme les Parisiens, il y a une
notable proportion de la population féminine dont les crânes se
rapprochent plus par le volume de ceux des gorilles que des crânes du
sexe masculin les plus développés elles représentent les formes les
plus inférieures de l’évolution humaine et sont beaucoup plus prés
des enfants et des sauvages que de l’homme adulte civilisé … On ne
saurait nier sans doute, qu’il existe des femmes fort distinguées très
supérieures à la moyenne des hommes, mais ce sont des cas aussi
exceptionnels que la naissance d’une monstruosité quelconque, telle par
exemple qu’un gorille à deux têtes et par conséquent négligeables
entièrement.
Sexe n’est pas genre
Le sexe appartient au domaine de la biologie. Il se réfère aux différences
biologiques entre l'homme et la femme.
Le concept de genre est un concept social. Il permet d’expliquer
ce qui se passe entre les êtres de sexe différent. Il tient compte
des différences biologiques entre les sexes et se concentre plus
particulièrement sur les différences, les inégalités des rôles
entre les hommes et les femmes en fonction du contexte socio-
économique, historique, politique, culturel et religieux des
diverses sociétés dans lesquelles vivent les hommes et les
femmes. Il permet dexpliquer les différents comportements des
hommes et des femmes dans leur contexte.
Les êtres humains naissent sexués. Si le sexe détermine les
caractéristiques physiques, la socialisation conditionne les comportements,
les valeurs, les attentes différentes selon que l'on
est homme ou femme. Le genre regroupe les rôles et les fonctions
assignées respectivement aux hommes et aux femmes.
Le Monde selon les femmes
CFCM
« L’une voilée l’autre pas » co-écrit avec Saïda Kada (présidente
de l’association Femmes Françaises Musulmanes et Engagées),
on voit bien comment, pour les musulmanes françaises qui témoignent, le foulard représente un
« rappel de l’égalité » : « rappelle toi que je suis un être digne, rappelle toi que tu me dois le respect,
rappelle toi que je suis ton égale ». Ce qui est loin d’être le cas pour un certain nombre de musulmans
et de non-musulmans…
Entretien avec Dounia Bouzar :
membre du bureau du Conseil
français du culte musulman
mardi 15 avril 2003
Dounia Bouzar est la seule femme à siéger au bureau du Conseil
français du culte musulman. Elle est également au sein du CFCM, l’une des rares
personnalités indépendantes des Etats d’origine. Spécialiste de l’islam des jeunes,
Dounia Bouzar répond à nos questions en définissant son rôle au sein du CFCM et
nous présente les projets qu’elle compte développer.
Votre nom a été conseillé au ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy en vue
d’intégrer le Conseil français du culte musulman. Nicolas Sarkozy a accepté en
vous intégrant au bureau du CFCM. Vous attendiez-vous à cette nomination ?
Non, pas du tout… J’ai appris que le Cheikh Bentounès avait proposé mon nom, me
témoignant ainsi de toute sa confiance, en grande partie sur la base des deux livres que j’ai
rédigés à destinations des jeunes musulmanes « A la fois Française et musulmane » mais
aussi pour les non musulmans qui ont des ami(e)s musulman(e)s avec l’ouvrage « Etre
musulman aujourd’hui » (La Martinière Jeunesse). Je crois que le critère qui a décidé le
Ministre, est d’une part mon implication auprès des jeunes musulmans nés en France ( de
par mes recherches et mon travail à la PJJ) et dans une certaine mesure, mon parcours un
peu « atypique » : le fait de ne « pas avoir été toujours musulmane » m’aide à trouver les
mots pour parler de l’islam aux non-musulmans et pour parler de ce que pensent les non-
musulmans des musulmans. Mon engagement auprès des femmes, a dû également compter.
J’ai cru comprendre que pour le Ministère, il y avait notamment une réelle nécessité de
« rassurer » l’ensemble des Français sur notre religion, afin de réduire les tensions et les
discriminations.
Vous êtes la seule femme à siéger au bureau du CFCM. Comment expliquez-vous
l’absence des femmes au sein de cette institution ?
Vous savez bien que les autres religions - à part les protestants - n’ont pas plus de femmes
pour organiser leur culte ! L’islam est donc précurseur ! Ceci dit, être une femme est à mes
yeux un « plus » car nous ne sommes pas dans une « quête de pouvoir ». Ce qui compte
avant tout, ce sont les idées que l’on défend, … Je n’ai pas l’intention de me cantonner aux
« questions concernant spécifiquement les femmes » ! Je suis persuadée qu’une plus grande
implication des femmes dans les débats de société, constituera le meilleur moyen
d’améliorer « l’image de l’islam » !
La plupart des membres du CFCM ont un parcours qui ne correspond pas au vécu
des jeunes issus de l’immigration. N’y a-t-il pas là un décalage entre les attentes
de ces jeunes et les motivations de ces responsables communautaires ?
Il est évident qu’entre les musulmans qui ont grandi dans les pays d’origine et ceux qui ont
grandi en France, la vision du monde n’est pas exactement la même. La relation avec la
mémoire, avec l’autre, avec soi-même est différente selon l’histoire de chacun. La relation à
l’islam est aussi quelque peu différente. Bien entendu, il y a une unicité du message
coranique, mais la recherche de sens, de valeurs, d’une éthique est prédominante chez les
jeunes. Ils ont une réelle volonté de remettre en question certaines traditions issues des
cultures d’origine, qu’ils distinguent bien du message de leur religion. Les femmes sont
notamment un peu entre deux feux. Elles cherchent à se « redéfinir » entre d’un côté
certains musulmans non français qui vivent l’islam à travers leur culture et de l’autre côté
certains français non musulmans qui utilisent ce qui se passe dans certains pays étrangers
pour les empêcher de vivre sereinement leur foi ici. L’exemple du foulard est typique. Dans
mon livre « L’une voilée l’autre pas » co-écrit avec Saïda Kada (présidente de l’association
Femmes Françaises Musulmanes et Engagées), on voit bien comment, pour les musulmanes
françaises qui témoignent, le foulard représente un « rappel de l’égali » : « rappelle toi
que je suis un être digne, rappelle toi que tu me dois le respect, rappelle toi que je suis ton
égale ». Ce qui est loin d’être le cas pour un certain nombre de musulmans et de non-
musulmans…
D’une manière générale, autant pour les parents, comme le dit très bien Saïda, l’islam était
encore « une partie de là-bas », autant pour les jeunes Français, c’est bien souvent une aide
pour mieux vivre ici, et même pour mieux « se sentir d’ici ». De là découle le grand
malentendu entre les musulmans et les non musulmans : les signes de visibilité musulmane
sont compris comme un refus dintégration, de la République Française, alors que pour les
jeunes, ils représentent au contraire des preuves d’intégration, au sens où ils se sentent
chez eux et veulent se construirent librement, authentiquement, avec toutes les références
qui les constituent. Ces signes de visibilité musulmane remettent en question l’image du
français avec son béret, sa baguette, son sandwich au jambon et sa bouteille de vin…
Dans ce dernier livre L’une voilée, l’autre pas, co-rédigé avec Saïda Kada, vous
affirmez être « devenue musulmane à force d’étudier l’islam ». Il y a en France
une très forte demande d’enseignement de l’Islam, mais aucun véritable Institut
d’études Islamiques digne de ce nom qui pourrait notamment enseigner la
théologie musulmane. Au-delà des questions liées au culte que devra gérer le
CFCM et sans déranger aux principes de laïcité, l’ouverture d’un Institut d’études
Islamiques ne constitue-t-il pas un dossier prioritaire ?
Bien sûr, c’est vraiment la priorité des priorités. Mais à mon avis, nous devons aller bien au-
delà de la communauté musulmane. Il faudrait que l’ensemble des Français s’approprie un
minimum de connaissances de base sur l’islam. Lorsqu’une bombe éclate en Irlande, il ne
vient à l’idée de personne de vérifier ce qui est écrit dans la Bible, parce que tout le monde
sait bien que cette religion ne peut pas justifier cela. Il faut arriver à la même conclusion
avec l’islam : que chaque Français soit intimement persuadé que notre religion est porteuse
de positif avant tout. Lorsque je parle d’intégrer la référence musulmane aux côtés des
autres références qui constituent le patrimoine français, c’est de cela dont je parle. Que
l’islam fasse partie de la « culture commune » de tous les Français… Cela réglerait bon
nombre de problèmes. Certains jeunes peuvent intérioriser cette idée d’un « islam
dangereux », si les seules fois où ils entendent parler de leur religion à travers une image
liée à des meurtres, à des femmes enfermées et malmenées, etc… Colporter une autre
image de l’islam est une responsabilité collective qui incombe à tous les français, et
notamment aux médias.
Toujours dans ce même livre, vous vous demandez si « le foulard ne parasite pas
le débat de fond en concentrant l’attention sur lui. Il le déplace sur le domaine
juridico-laïque au lieu de se concentrer sur la question essentielle des valeurs ».
Pouvez-vous développer ce point de vue ?
C’est selon moi une question essentielle, qui est assez complexe. Le débat du foulard tourne
autour du port des attributs religieux et de la laïcité. Je pense néanmoins que cela est un
faux débat. Cette question du voile est souvent perçue comme un obstacle à
l’épanouissement, à l’égalité et la liberté de la femme. Du coup, on réduit les femmes
voilées à leur foulard, sans jamais, à quelques exceptions près, s’interroger sur le sens
qu’elles donnent à ce port du voile. La façon dont les médias ont abordé ce sujet en a fait le
symbole même de l’islam, autant pour les musulmans que pour les non musulmans. On se
retrouve dans une situation où les filles voilées sont perçues comme celles qui défendent
leur islam « à tout prix », contrairement aux autres… Personnellement, je me bas contre
tous les modèles uniques. Je trouve d’ailleurs que c’est un des fondement de l’islam : que
chacun se construise comme il le sent, en fonction de sa propre évolution, de sa propre
histoire et de ses propres choix, en relation directe avec Dieu. Cela revient à dire que je
voudrais me battre sur deux plans : que les femmes qui choisissent de ne pas se voiler
soient autant considérées comme musulmanes que les autres, et que les femmes
qui choisissent de se voiler soient autant considérées comme françaises que les
autres… Autrement dit, ce qui me paraît fondamental, c’est la question des valeurs. Qu’est-
ce qu’elle défend, cette femme, sous le voile ? Qu’est-ce qu’elle veut ? L’accès au savoir, au
dialogue, à la contradiction, à la citoyenneté ? Ou au contraire se séparer des autres, se
sentir supérieure et mépriser tout ce qui n’est pas comme elle ?
Pour moi, il est important que tous les français se rejoignent sur des valeurs communes,
quelle que soit la référence qu’ils utilisent pour y accéder. On se doit de faire comprendre
que l’islam peut être un moyen d’accès à ces valeurs universelles. Il convient de faire
comprendre que les valeurs universelles sont aussi dans l’islam. Mais pour cela, il faudrait
arriver à parler de valeurs au lieu d’être enfermés dans la question du port des attributs
religieux en système laïque, et discuter de ce qui sous-tend tel ou tel choix. Dans le livre, je
me demande donc si le foulard ne retarde pas le débat sur les valeurs puisqu’il cristallise les
débats sur la question de la laïcité. Mais Saïda répondrait ici que si elle doit enlever son voile
pour débattre, elle ne pourra jamais prouver qu’il n’est pas incompatible avec égalité,
liberté, fraternité, citoyenneté… Et elle m’a convaincue sur ce point : ce n’est pas le foulard
qui bloque, ce sont les préjugés dont il est l’objet, toujours en reflet de la situation
étrangère.
De quelles valeurs par exemple parlez-vous ?
Et bien, de celles-ci : liberté, égalité, fraternité, citoyenneté, modernité… Prenons la
dernière : que signifie être moderne ? C’est dire « je » - ne pas laisser le(s) clan(s) définir
l’individu - et utiliser la raison pour remettre en cause les traditions ancestrales. Qu’est-ce
que font la plupart des filles qui pratiquent l’islam ? Elles retournent elles-mêmes aux textes
sacrés de l’islam et s’aperçoivent que, souvent, il y a une confusion entre traditions et
religion. Elles découvrent qu’elles ont « l’obligation d’acquérir le savoir » comme les
hommes, qu’il n’y a aucun critère ethnique dans le mariage musulman, que leur
consentement est obligatoire, que notre Prophète (Paix et Salut sur lui) avait un
comportement exemplaire avec les femmes, etc… En passant par l’islam, elles disent « je »
et elles remettent en cause les traditions ancestrales dans lesquelles on a souvent essayé de
les enfermer, donc elles accèdent à la modernité. Ce qui ne veut pas dire qu’il faille
absolument « passer » par l’islam pour atteindre la modernité, ni que tous les jeunes qui
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