Envoyé par Marianne. LE MORPHEME "ON" INTRODUCTION On appelle "on" morphème car il pose un problème de définition de la partie du discours auquel il appartient. Il est à la fois rigide dans sa forme et sa syntaxe et souple dans son emploi et son sémantisme: on l'appelle le pronom caméléon. Partons sur la base de deux tentatives d'approche: syntaxique et sémantique, ce qui nous amène à déceler trois paradoxes. I UN ESSAI DE DEFINITION SYNTAXIQUE On peut en faire un pronom personnel. Problème: en sémantique, il peut représenter beaucoup de choses donc il s'approche plutôt de l'indéfini. D'un point de vue syntaxique, c'est un pronom personnel rigide, invariable en genre et en nombre. Il est toujours sujet et toujours conjoint. On ne peut mettre qu'une négation faible entre lui et le verbe. 1er paradoxe: ce pronom est toujours associé à un verbe à P3, mais quand il reprend un autre pronom (quand il est anaphorique) c'est celle du pluriel P4. le cas échéant, il peut être repris pour P5. 2nd paradoxe: il est invariable mais transmet la marque du genre et du nombre au participe passé en fonction de son référent II UN ESSAI DE DEFINITION SEMANTIQUE Ce pronom vient de homo en latin qui signifie tout homme. Il est donc indéfini et renvoie toujours à un agent humain indéterminé. "On" ne renvoie jamais à un inanimé. La valeur de base de "On" selon Riegel: c'est celle d'un pronom indéfini renvoyant à une personne ou à un ensemble de personnes d'extension variable que le locuteur ne peut ou ne veut pas identifier de façon plus précise. Il peut être équivalent à nous, à quelqu'un, à tout le monde, à toi, à vous. Cela rend ce pronom apte à être le substitut de tous (ou presque ) les autres pronoms personnels en les jetant dans l'anonymat. 3ème paradoxe: ce pronom qu'on croirait personnel dynamite les catégories habituellement définies par les pronoms ( locuteur/ locutaire/ délocuté, sujet parlant/ sujet non parlant, défini/ indéfini ). Ce pronom provoque une tension permanente entre ce qui relève de l'identifiable et ce qui relève du non-identifiable, du nommable et de l'innommable. III APPLICATION 1. "on" substitut de P4 et P1 C'est une simplification morphologique de P4: en effet, P3 est plus simple d'utilisation que P4. Ex: on dira plus facilement "on a fait ça" que "nous avons fait ça". Il peut traduire la modestie et l'effacement de la personne. Quelquefois le "on" peut se substituer au "je" dans par exemple "on fait aller". C'est un refus, par pudeur ou par lâcheté, de s'autodéterminer comme acteur du procès, le "on" s'inclut dans la masse des semblables. 2."on" substitut de P2 Il apparaît dans des phrases du style "On fait des manières?" ou "On est un gentil chien!". Le locuteur s'adresse à un allocutaire. Dans le deuxième exemple, on a affaire à un allocutaire qui ne peut pas répondre, un allocutaire non valable, un délocuté. Dans un exemple comme "On a un gros bobo?" on s'adresse à un enfant ( de infans: qui ne parle pas ), la situation de communication ne se fait pas d'égal à égal, il y a un dominant et un dominé. Parler de cette façon à une personne de notre âge sous-entend qu'on se pose en situation de domination par rapport à lui. Ce peut être un moyen de contourner un rapport direct impossible ou refusé, il s'agit alors d'un rapport hypocoristique marquant l'asymétrie de l'échange verbal. 3. "on" substitut de P3 Sa valeur générale est la valeur étymologique ( "on" : l'homme ). La catégorie du nombre ou du référent précis est alors effacée. 4. "on" substitut de P6 C'est un moyen de prendre une distanciation ironique en estompant la précision de la référence.