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stricte fidélité au Führer (Meine Ehre heißt Treue : « mon honneur, c’est ma fidélité ») et à la
hiérarchie SS, qui est parallèle à celle de l’armée. A l’intérieur des SS, se distinguent déjà
ceux qui se consacrent à l’encadrement de la police, qui dépend en fait de Himmler, ceux qui
vont se consacrer à l’encadrement des camps (qui seront les SS « tête de mort ») et la guerre
amènera l’essor d’unités combattantes SS, les Waffen SS. Les premiers camps de
concentration ont été ouverts par les SA en 1933 et sont maintenant sous l’autorité des
SS : il n’y a aucune indépendance de la justice, et les camps constituent un monde à part.
Les magistrats sont astreints à prêter serment au Führer, et les opposants (communistes,
sociaux-démocrates, pacifistes) ou les marginaux (homosexuels, juifs) peuvent être détenus
sans jugement, et maintenus en détention après la fin de leur peine officielle. Il s’agit
officiellement de camps de travail, installés à proximité des villes (Dachau près de
Munich, Buchenwald près de Weimar, Oranienburg près de Berlin), et les SS traitent
durement les détenus, qui seront souvent loués à des entreprises privées dans des camps
annexes. Chaque annexion se traduira par de nouvelles arrestations et de nouveaux
camps : Mauthausen en Autriche, Theresienstadt en Bohême. Les détenus restent surtout
allemands, et peuvent finalement être libérés, mais en général ils évitent de trop parler de leur
expérience, et les familles préfèrent aussi garder le silence…
Le racisme est au cœur de l’idéologie du régime, qui enseigne que les Allemands
constituent une race supérieure dont on doit préserver la pureté, et que les juifs sont un
élément pernicieux que l’on doit séparer du peuple allemand. La montée du nazisme s’est
accompagnée de violences contre les commerçants et les intellectuels juifs, et les lois raciales
de Nuremberg définissent en 1935 qui est juif et interdisent le mariage et les relations
sexuelles entre Allemands et juifs. Ceux-ci sont exclus d’un certain nombre de professions
libérales, où ils étaient nombreux et exerçaient une certaine influence, de l’enseignement, et
l’accès des juifs aux études est strictement limité.
En fait un des buts de cette politique est de priver les juifs de leurs liens avec la société et des
les pousser à émigrer en abandonnant leurs biens, et ceux qui survivront seront surtout
ceux qui quittent l’Allemagne avant 1938. Quelques célébrités allemandes du monde de la
culture et de la science vont alors quitter le pays, à commencer par Albert Einstein, Fritz
Lang, etc. A la fin de cette année 1938, le meurtre d’un diplomate allemand sert de prétexte
le 9 novembre à une sorte de pogrom violent (la « Nuit de Cristal ») où on attaque les
synagogues, on s’en prend physiquement aux juifs et où on leur extorque une amende
collective : c’est une première étape vers une persécution encore plus violente.
Dans ce contexte les opposants éventuels ont peu de moyens d’expression, et sont très isolés.
L’Eglise catholique apprécie peu le nazisme, mais ne le dit guère, et elle acceptera l’annexion
de l’Autriche. Les protestants sont divisés : une partie adhère à l’Eglise du Reich qui est
ouvertement pronazie, mais les pasteurs de « l’Eglise confessante » seront sans doute le
groupe résistant le plus actif. Certains militaires s’inquiètent des ambitions belliqueuses du
Führer, mais comment s’opposer à un leader qui remporte tant de succès diplomatiques ?
En fait le régime n’est pas que répressif, et sa propagande s’appuie sur une mise en
condition de l’ensemble de la société. La jeunesse est embrigadée systématiquement, avec
une politisation de l’enseignement et une mobilisation en uniforme dans les organisations du
Parti (Jeunesses hitlériennes, etc.), en séparant strictement garçons et filles : celles-ci
doivent se préparer à être de bonnes mères de famille, car le régime encourage la natalité, et
les garçons doivent se préparer à être de bons soldats. Le sport est l’occasion de mobiliser