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Son optimum correspond ainsi aux gazons bordant les berges
des retenues d’eau où elle peut s’étendre, en condition favorable,
par reproduction végétative et sexuée. Le groupement à
Caropsis verticillatinundata, l’Eleocharitetum multicaulis, est
principalement représenté par le Scirpe à tiges nombreuses
(Eleocharis multicaulis), l’Hydrocotyle vulgaire (Hydrocotyle
vulgaris), l’Elodès des marais (Hypericum elodes), l’Agrostide
stolonifère (Agrostis stolonifera). La forme stérile, se reproduisant
végétativement et appartenant au Thorello submersae-
Littorelletum uniflorae, se rencontre surtout en compagnie de la
Littorelle uniflore (Littorella uniflora).
Le groupement à Faux cresson de Thore peut évoluer vers une
cariçaie notamment à Laiche élevée (Carex elata). On peut ainsi
le rencontrer au sein du Magnocaricion elatae, dans les zones
ouvertes entre les touradons.
Quelques habitats de l’annexe I
susceptibles d’être concernés
3110 - Eaux oligotrophes très peu minéralisées des plaines
sablonneuses (Littorelletalia uniflorae) (Cor. 22.11 x 22.31)
6410 - Prairies à Molinia sur sols calcaires, tourbeux ou argilo-
limoneux (Molinion caeruleae) (Cor. 37.31)
Répartition géographique
Le Faux cresson de Thore est une espèce eu-atlantique, endé-
mique des zones humides d’Europe occidentale. Sa répartition
est limitée au Portugal (Beira, Estremadura, Algarve) et à
la France ; sa présence est également suspectée en Espagne et
particulièrement en Galice.
En France, son aire de répartition actuelle est disjointe et limitée
à trois départements littoraux atlantiques. Le Faux cresson de
Thore se rencontre d’une part en Loire-Atlantique (marais
de Brière) et d’autre part dans le Sud-Ouest où il a été revu
récemment en Gironde (étang de Carcans, lac de Lacanau) et
dans les Landes (lacs de Biscarosse, de Parentis, à Léon et à
Soustons sur les rives nord de l’Étang blanc).
Statuts de l’espèce
Directive « Habitats-Faune-Flore » : annexes II et IV
Convention de Berne : annexe I
Convention de Washington : annexe I
Espèce protégée au niveau national en France (annexe I)
Cotation UICN : monde : rare ; France : vulnérable
Présence de l’espèce
dans des espaces protégés
Aucune des stations de Caropsis verticillatinundata ne se trouve
au sein d’un espace protégé.
Évolution et état des populations,
menaces potentielles
Évolution et état des populations
En France, l’espèce apparaît nettement en régression dans tous
les départements où elle est présente, principalement suite à
l’évolution des pratiques et des aménagements agricoles. À
l’heure actuelle, il est difficile de dénombrer avec exactitude les
stations de Caropsis verticillatinundata, tant le nombre de sites
perturbés pouvant avoir conservé une potentialité de reconquête
du biotope est important.
Des stations ont autrefois été signalées dans le Morbihan, l’Indre
(Brenne), le Lot-et-Garonne et dans les Pyrénées-Atlantiques.
Elles sont aujourd’hui éteintes ou n’ont pas été revues. Seuls la
Brière et les étangs aquitains (Gironde et Landes), malgré la
disparition de très nombreuses stations, présentent toujours de
belles populations en bordure d’étang.
Menaces potentielles
Depuis toujours, les zones humides tirent leur richesse biolo-
gique d’un équilibre entre les particularités du milieu et
l’exploitation qui était faite de leurs richesses naturelles. Or,
actuellement, suite à l’évolution des pratiques de gestion, cet
équilibre est remis en question.
L’espèce peut être menacée par la destruction directe de ses
stations : du fait d’opérations de drainage, d’aménagements tels
que la construction de ports de plaisance, notamment sur les
rives des sites girondins et landais, de la mise en culture des
zones humides.
L’abandon progressif des activités agricoles traditionnelles en
rapport avec les zones humides (pâturage, fauche, récolte du
roseau pour la confection de toitures, extraction de la tourbe)
conduit à la disparition des habitats pionniers favorables au Faux
cresson de Thore. Le milieu se ferme et connaît alors une évolution
vers la cariçaie à Laiche élevée et la phragmitaie à Roseau
commun (Phragmites australis) ou la saulaie à Saule roux (Salix
acuminata) qui s’accompagne d’une surélévation du niveau du
sol (atterrissement).
Le maintien d’un niveau d’eau élevé durant la période estivale
perturbe le cycle biologique de l’espèce, l’absence de période
d’exondation empêche la formation des ombelles.
Plantation de résineux : cette perturbation anthropique a conduit
à la disparition de l’espèce, par assèchement et fermeture du
milieu, dans l’étang de Barreyre (en Gironde), transformé en
zone boisée.
Ajoutons enfin la colonisation des groupements aquatiques et
amphibies par les espèces envahissantes, en particulier la Jussie
à grandes fleurs (Ludwigia grandiflora).
Angiospermes
Rare, très rare ou localisé
Disparu ou non revu depuis 1990