Homelie 21è du T.O
« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ». En ce 21è dimanche du temps de
l’église, le Seigneur nous demande de fournir un effort pour entrer par la porte
étroite. La version de Saint Matthieu montre que beaucoup choisissent le chemin
large et spacieux, malheureusement qui mène à la perdition : « …Large et spacieux
est le chemin qui mène à la perdition, et il en est beaucoup qui s’y engagent. Mais
étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la vie et il en est peu qui le
trouvent» Mt 7, 13-14. Le chemin que propose le Seigneur est celui de la simplicité,
de la privation, de la foi, de l’adoration, bref de la crainte du Seigneur et du respect
du prochain. Chemin d’ascèse et de confiance. Ce chemin c’est Jésus lui-
même comme il le dit en Lc 14,6 : « Moi je suis le chemin la vérité et la vie, personne
ne va au Père sans passer par moi ». En d’autres mots, ce chemin est celui qui
mène au Père, à la vie, au vrai bonheur. On ne peut pas parcourir ce chemin sans
risque de fatigue, de découragement, d’abandon. Parce que ce chemin n’est autre
que le chemin de la croix, qui aboutit à la victoire de la résurrection. Les Français se
sont appropriés la phrase de Pierre Corneille qui dit qu’: « A vaincre sans péril on
triomphe sans gloire’’. Depuis le jour de Pâques, nous vivons la victoire acquise par
la mort et la résurrection de Jésus. Mais il faut également faire nos combats de tous
les jours, ceux de la conversion et de la charité. Nous sommes dans un monde et
dans une société où il est difficile de choisir ce chemin qui exige de nous de fournir
beaucoup plus d’effort. C’est plutôt la facilité, les intérêts rapides et visibles. Un
monde extérieur et matérialiste ; un monde individualiste et égoïste. Tout cela nous
fait penser que la promesse de participer au banquet céleste n’est pas une urgence.
L’évangile nous rappelle que cela peut être tard : « Lorsque le maître de maison se
sera levé pour fermer la porte, si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la
porte…il vous répondra : je ne sais pas d’où vous êtes. » Il est plus que temps de se
mettre en mouvement, de lever notre regard vers le haut pour éviter de rester dans
les pleutreries de ce monde. Cette entrée est dans le présent de Dieu, l’aujourd’hui
de Dieu, qui ne considère pas la durée, mais plutôt la qualité du moment précis.
C’est ainsi que les premiers pourraient être les derniers et les derniers les premiers.
C’est au moment même où nous allons à la rencontre de celui qui vient que nous
avons ce que nous méritons. Ne soyons pas en retard, levons-nous et marchons ! Il
est vrai que parfois dans notre parcours, nous vivons des désagréments, des
faiblesses, des échecs, de façon à nous interroger sur la présence et la puissance de
Dieu. L’épitre aux hébreux nous présente une telle situation comme une leçon que le
Seigneur nous donne pour l’aimer plus. Les latins disent : Qui bene amat, bene
castigat : « Qui aime bien châtie bien. » Le Seigneur ne nous laisse pas seul à
endurer la fatigue du chemin. Il est toujours présent. Mais pour découvrir qu’il est là,
il faut savoir dialoguer avec lui, ouvrir la porte de nos cœurs pour qu’il entre. Ainsi il
connaitra nos actions et nos pensées, il nous rassemblera de toutes les nations pour
faire un seul peuple comme le dit le prophète Isaïe. Nous serons un jour parmi les
convives et bénéficierons du bonheur éternel, à la droite de Dieu le Père, Amen.