Chapitre 2 : Le financement par recours au crédit bancaire

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Chapitre 2 : Le financement par recours au crédit bancaire. Le pouvoir
monétaire des établissements de crédit
SECTION 1 : Le processus de création monétaire
§1 : La création monétaire dans le cas d’une banque unique
Dans cet univers abstrait lorsque la banque décide d’accorder un crédit à un
client, elle émet une dette sur elle-même qui prend la forme d’un dépôt à vue
(DAV) qui est par définition de la monnaie scripturale.
Client :
Actif
Compte chèque
bancaire : 1000
(DAV)
Passif
Prêt à
rembourser à la
banque : 1000
Banque :
Actif
Passif
Crédit accordé : Compte chèque
1000
bancaire du
client : 1000
(DAV)
Dans cette opération la banque ne prête pas de la monnaie qui existait déjà. Elle
ne collecte pas de l’épargne préalable pour la prêter ensuite. La banque crée de
la monnaie qu’elle prête. La monnaie n’existait pas avant. L’agrégat monétaire va
donc augmenter de 1000.
Le dépôt à vue est la conséquence (non la cause) du crédit qui a été accordé par
la banque à son client. On dit que dans cette opération « les prêts font les
dépôts ». Par contre une institution financière non bancaire peut prêter de la
monnaie, la monnaie prêtée a été au préalable collectée auprès d’épargnants ; ici
les dépôts font les prêts.
Dans quels cas notre unique banque va-t-elle utiliser son pouvoir de création
monétaire ? Dans 3 types d’opérations :
- Lorsque la banque accorde des crédits aux agents économiques
(voir ci-dessus).
- Lorsque la banque achète des devises détenues par les agents économiques
Les agents économiques peuvent détenir des devises qu’ils peuvent transformer
en monnaie nationale.
Client :
Actif
Devise : -1000
Banque :
Actif
Achat de devises
pour 1000
Passif
Compte chèque
bancaire du client
(CCB) : + 1000
-
Lorsque la banque accorde des avances à l’état en achetant des titres émis
par le trésor public
Trésor Public :
Actif
Passif
CCB du Trésor :
Obligations
1000
émises : 1000
Banque :
Actif
Obligations du
trésor public :
1000
Passif
CCB du trésor
public (DAV) :
1000
De la même façon qu’il y a un processus de création monétaire il y a un
processus symétrique de destruction monétaire qui repose sur 3 opérations
symétriques :
- Il y a destruction monétaire lorsque l’établissement rembourse le crédit
- Lorsque l’agent économique achète des devises
- Lorsque le trésor public rembourse les titres qu’il a émis
Dans cette économie hypothétique le pouvoir de création monétaire de la
banque est infini, illimité puisque tous les agents économiques ont
nécessairement recours à la monnaie de la seule et unique banque. Ce qui signifie
que les opérations de règlement monétaire entre agents économiques prennent la
forme de virements internes à la banque. Il n’y a pas de fuite dans son système
monétaire parce qu’elle est la seule. A contrario, s’il existe plusieurs banques de
même s’il existe de la monnaie fiduciaire (donc une banque centrale) alors chaque
banque commerciale va connaître des fuites dans son système, fuites qui limitent
son pouvoir de création de la monnaie.
§2 : La création monétaire dans un système bancaire diversifié et hiérarchisé
Diversifié signifie qu’il y a plusieurs banques et hiérarchisé signifie qu’il y a une
banque d’un niveau supérieur (la banque centrale) car c’est la seule à pouvoir
créer une monnaie acceptée par tous les agents : la monnaie fiduciaire.
L’entreprise A demande un crédit de 10 000 € au crédit agricole (CA)
Entreprise A :
Actif
Passif
CCB du CA : + 10 000
CCCB au CA : - 10 000
Prêt à rembourser 10 000
Dette envers B : - 10 000
CA :
Actif
Prêt consenti à A = 10 000
Passif
CCB de A : + 10 000
Entreprise B :
Actif
Créance sur A : - 10 000
CCB à la BNP : + 10 000
BNP :
Actif
Créance sur le CA : 10 000
Passif
Passif
CCB de B : + 10 000
L’entreprise A a utilisé une partie de ce prêt pour acheter des marchandises à
B.
La BNP a désormais une créance sur le crédit agricole, elle n’a aucun intérêt à
conserver cette créance puisque les banques étant concurrentes, elles n’ont pas
à se faciliter leur métier or si la BNP conservait la créance sur le crédit agricole
elle faciliterait l’octroie de crédit par ce crédit agricole. En conséquence la BNP
va demander au crédit agricole de lui racheter la créance qu’elle détient sur lui
dans la seule monnaie admise par tous les agents économiques à savoir de la
monnaie fiduciaire. Cependant il faut tenir compte de l’activité d’octroie de
crédit par la BNP qui va conduire le crédit agricole à détenir lui-même des
créances sur la BNP. Donc ce qui fera l’objet d’une transaction ce ne sont pas les
créances brutes mais le solde net après compensation interbancaire.
Créance de la BNP sur le CA = + 10 000
Créance du CA sur la BNP = + 4300
 Compensation interbanaire = créance de la BNP sur le CA = 10 0004300=5700
La créance nette après compensation interbancaire n’implique pas la circulation
physique de monnaie fiduciaire car chaque banque commerciale a obligatoirement
un compte ouvert auprès de la banque centrale. La monnaie qui va y circuler entre
banque commerciale va prendre la forme de virements dans les comptes au passif
du bilan de la banque centrale.
Banque centrale :
Actif
Passif
Compte de la BNP : + 5700
Compte du CA : - 5700
Compte de la société générale :
La monnaie qui intervient dans le mécanisme de compensation interbancaire est
tout à fait particulière puisqu’il s’agit d’une monnaie fiduciaire qui reste
dématérialisée. On parle soit de monnaie fiduciaire scripturale/dématérialisée ou
de monnaie centrale ou encore monnaie interbancaire. Une autre expression
consiste à dire que le solde créditeur d’une banque commerciale à la banque
centrale représente les réserves en monnaie fiduciaire de cette banque
commerciale. Et une banque commerciale doit détenir des réserves pour 6
raisons :
- Assurer la compensation interbancaire en cas de solde négatif envers les
autres établissements de crédit.
- Assurer la conversion par ses clients d’une partie de sa monnaie
scripturale en monnaie fiduciaire -> retraits de billets.
- Assurer les transactions de sa clientèle avec des agents économiques
ayant leur compte auprès de la banque centrale. Certain agents
économiques ont obligatoirement un compte ouvert à la banque de France,
ca concerne le trésor public et tous les comptables publics. Les
particuliers et les entreprises n’ont plus le droit d’avoir de comptes à la
banque de France.
- Participer à des achats de titres émis par le trésor public
- Pouvoir acheter des devises auprès de la banque centrale afin satisfaire
les besoins de sa clientèle en devises.
- Respecter le coefficient de réserve obligatoire dans le cas où un tel
coefficient a été mis en place par la banque centrale. C’est ce qu’on appelle
un instrument de politique monétaire.
On en conclut que les réserves en monnaie fiduciaire d’une banque commerciale
sont stratégiques car elles conditionnent l’activité de la banque. On comprend
alors l’enjeu pour les banques commerciales d’avoir accès à des sources stables
de monnaie fiduciaire. Il faut distinguer 2 grandes stratégies :
- Celle des banques de dépôt qui ont le droit de collecter des dépôts aussi
bien des dépôts à vue que des dépôts à terme. C’est le cas des banques
françaises.
-
Celle des banques d’investissement (=banques d’affaires) qui elles, ne
collectent pas des dépôts où en tout cas de manière insuffisante et qui
pour se procurer de la monnaie fiduciaire doivent émettre des titres sur
les marchés financiers. Pour ces banques d’investissement l’accès à des
ressources en monnaie fiduciaire est beaucoup plus aléatoire car en temps
de crises elles auront plus de mal à émettre des titres et à les vendre.
Elles auront donc beaucoup plus de mal à avoir accès à des ressources.
 le modèle de banque d’affaire est un modèle périmé pour quelque temps
vue la crise. Se transformer en banque de dépôt leur a permis d’avoir
accès à des ressources stables.
Dans le cas où une banque commerciale manque de monnaie fiduciaire elle peut
en trouver sur un marché spécifique (marché interbancaire) en s’adressant à
d’autres banques commerciales qui elles, ont un excès de réserve en monnaie
fiduciaire.
§3 : Les sources de la création monétaire : les contreparties de l’agrégat M3
L’agrégat de référence M3 et la banque de France et la BCE calculent les
contreparties de M3 qui sont une mesure des opérations monétaire et financière
qui ont donnés lieu à création monétaire pour une période donnée.
Il y a 2 catégories de M3 :

Les contreparties d’origine externe
Il s’agit des créances nettes détenues sur des non-résidents. C'est-à-dire que
les entrées nettes de capitaux étrangers provoquent une croissance de la masse
monétaire M3.
Exemple 1 :
Touriste Américain en France qui dépense 5000$
 opération de change : il obtient 4000€
Touriste Français aux Etats-Unis : il dépense 2500$
 opération de change préalable en France de 2000€
Donc M3 de la zone Euro : + 4000 – 2000 = + 2000
Exemple 2 :
Société française achète des actions d’une société britannique
Pour 10 000 livres <- (opération de change) <- 20 000 €
Société des E-U qui achète des actions d’une société française
Pour 50 000$ <- (opération de change) <- 45 000 €
Donc M3 zone Euro : - 20 000 + 45 000 = croissance de 25 000
 L’entrée nette de capitaux provoque une croissance de la masse monétaire,
symétriquement s’il y a une sortie nette de capitaux il y a formation d’une
diminution de la masse monétaire.

Les contreparties d’origine interne
On distingue les créances détenues sur les administrations publiques, il s’agit de
la part de la dette publique financée par les institutions financière monétaires
(banques commerciales) et les créances sur les agents économiques résidents
hors administration qui peuvent elle-même prendre 2 formes :
- Les crédits
- Les titres émis par les banques
Exemple : Situation le 30/09/2007
Créances nettes sur les non résidents : 674 milliards d’€
Créances sur les administrations publiques : 811 milliards d’€
Créances sur les résidents hors administration : 13 043 milliards d’€
Divers : 2603 milliards d’€
Dans divers il y aura des postes assez hétérogènes comme les immobilisations
non financières détenues par les banques comme les immeubles et les intérêts
sur les dépôts que les banques n’ont pas encore reçues mais qu’elles auraient due
recevoir.
M3 = 8373 milliards
 écart : 17131 – 8373 = 8758 représente des créances n’ayant pas données
lieu à création monétaire.
On distingue dans les 8758 milliards 2 sous catégories :
- une part divers de 3220
- une autre part de 5530
Les 5530 milliard représentent les ressources non monétaires des banques. Ce
sont tout d’abord des dépôts à terme dont l’échéance est supérieure à 2 ans
auxquels on ajoute les titres émis par les banques, titres dont l’échéance est
également supérieure à 2 ans auxquels on ajoute encore les dépôts
remboursables avec un préavis supérieur à 3 mois auxquels on ajoute enfin le
capital social et les réserves des établissements d’administration publique.
Pour ces ressources non monétaires, les banques se comportent comme si elles
étaient des non banques c'est-à-dire qu’elles se comportent sans utiliser leur
pouvoir de création monétaire.
D’après les chiffres, environ 1/3 des contreparties de M3 ne donnent pas lieu à
création monétaire.
Si on s’intéresse au taux de croissance de M3 on a :
ΔM3/M3 = (ΔC/C x C/M3) + (ΔA/A x A/M3) + (ΔE/E x E/M3) – (ΔR/R x R/M3)
C = créance sur résidents hors administration
A = créance sur les administrations publiques
E = créance nettes sur les non résidents
R = ressources non monétaires
SECTION 2 : La limite au pouvoir de création monétaire des banques : la
liquidité bancaire
§1 : Les facteurs de la liquidité bancaire
Concernant ce concept de liquidité bancaire, il faut l’étudier à 2 niveaux :
 Au niveau microéconomique (au niveau d’une banque commerciale)
La liquidité bancaire est représentée par la somme des avoirs de la banque en
monnaie fiduciaire et de ces actifs jugés équivalents c'est-à-dire des actifs qui
peuvent être transformés en monnaie fiduciaire ceci sans délai et sans coûts.
C’est donc la somme de 4 postes :
- Les billets de banque que la banque a dans son coffre
- Le solde créditeur de la banque dans son compte ouvert à la banque
centrale.
- Le solde créditeur des comptes de cette banque auprès du trésor public
Exemple : Le trésor public verse son traitement à son fonctionnaire qui a luimême un compte chèque bancaire à la société générale.
Société générale :
Actif
Passif
Créance sur le
Trésor public : +
4000
Banque de France
Actif
CCB du
fonctionnaire : +
4000
:
Passif
Compte du trésor Public : X euros -4000
Société générale : Y euros +4000
Le solde nette créditeur auprès des autres banques commerciales résidentes
qu’elles soient françaises ou étrangères.
 Au niveau macroéconomique
Au niveau de l’ensemble des banques on dira que la liquidité du système bancaire
est la somme de la liquidité de chaque banque composant ce système. Au niveau
macroéconomique le 4ème facteur de liquidité disparaît, il n’y a donc que les 3
premiers.
Quels sont les causes de la variation de liquidité bancaire ? Il y a 4 causes
explicatives de la liquidité bancaire :
-
la première renvoie aux habitudes de paiement en monnaie fiduciaire des
agents économiques.
En France, la monnaie fiduciaire représente 10% (M1 = 10%). En moyenne
lorsqu’une banque distribue un crédit de 100€ cela provoque un dépôt à vue de
100. La banque sait qu’en moyenne sur ces 100, 10 vont être transformés en
monnaie fiduciaire. Il lui faut donc une réserve en monnaie fiduciaire de 10. Les
banques savent que l’usage de la monnaie fiduciaire dépend de l’âge du client,
dépend de la profession du client, dépend de l’importance de l’économie
souterraine, dépend de la période. Par exemple les banques savent qu’entre le 25
et le 5 du mois suivant les retraits sont importants de même qu’avant noël.
- les opérations avec les administrations publiques
Exemple : la liquidité bancaire diminue pendant les périodes où les agents
économiques doivent payer leurs impôts locaux ou sur le revenu.
- les opérations avec l’extérieur en particulier le solde de la balance
commerciale :
Solde commercial = (X – M)
 Si le solde est positif il y a un excèdent commercial ce qui signifie que les
agents économiques résidents détiennent une créance nette sur
l’extérieure qui prend la forme de devises. Devises que ces agents
économiques vont revendre à leur banque commerciale et cette banque
commerciale revend ces devises à la banque de France alors le compte de
cette banque à la banque de France sera crédité, il y aura donc
amélioration de la liquidité bancaire.
 Si le solde est négatif, il y a un déficit ce qui signifie que les agents ont
une dette à acquitter en devises. Ces agents économiques pour payer cette
dette vont acheter des devises à la banque commerciale qui elle-même les
achètera auprès de la banque centrale. Elle payera la banque centrale par
un débit de son compte à la banque centrale. Par conséquent la liquidité
bancaire se détériore.
Ces 3 facteurs ont un point commun : ils ne sont pas contrôlables par la banque
centrale. Par contre le quatrième facteur (suivant) est directement contrôlé par
la banque centrale puisqu’il est un instrument de sa politique monétaire.
- Il prend la forme des réserves obligatoires
Cela signifie que la banque centrale peut décider de mettre en œuvre un
coefficient de réserve obligatoire. Ce coefficient de réserve obligatoire peut
être calculé sur certains postes d’actif ou de passif des bilans bancaire.
Société Générale :
Actif
Passif
Crédits distribués
Dépôts à vue
Dépôts à terme
BCE : réserve sur les dépôts inférieurs à 2 ans
Taux de réserve obligatoire de 2% -> chaque fois qu’une banque de la zone
euro a un dépôt échéance inférieur à 2 ans elle doit obligatoirement en verser 2
sur son compte à la banque centrale.
BCE :
Actif
Passif
Compte de la banque: 10
SG : + 2
Dépôts < 2ans : 100 -> 2
98
Les réserves obligatoires sont instaurées chaque fois qu’une banque centrale
veut réduire la liquidité bancaire en créant un besoin artificiel en monnaie
fiduciaire des banques commerciales. Artificiel signifiant que ce comportement
ne renvoie pas à des comportements microéconomiques. La banque centrale fait
cela parce qu’elle estime que les 3 facteurs précédents qui lui échappent sont
insuffisants c'est-à-dire qu’ils laissent la liquidité bancaire trop élevé qui rend
impossible le contrôle des banques commerciales par la banque centrale. Il faut
que la banque commerciale soient obligée de se tourner vers la banque centrale, il
faut donc qu’elles soient à un certain moment illiquide.
Crédit de 100 -> dépôt à vue de 100
Monnaie fiduciaire = 10
Réserve obligatoire de la banque centrale = 2 ; par ces
réserves obligatoire la banque centrale peut créer un besoin artificiel en monnaie
fiduciaire.
Base monétaire H = B + R -> ΔH = ΔB + ΔR
B = monnaie fiduciaire (billet en circulation)
R = réserve en monnaie fiduciaire des banques commerciale
M1 = B + S
S = monnaie scripturale (dépôt à vue)
On sait que B = bM1 -> S=(1-b)M1
et R=rS -> r(1-b)M1 = (r-rb)M1
H = bM1 + (r-rb)M1
H = (b+r-rb)M1 (1)
Donc : ΔH = (b+r-rb)ΔM1 (2)
On pose (b+r-rb) =d
D’où ΔH = dΔM1 (3)
 il existe une relation mathématique simple entre les variations de la base
monétaire et l’agrégat M1
Il existe 2 lectures possibles :

1ère lecture : ΔH -> ΔM1 (la variable explicative est ΔH et variable
expliquée ΔM1) ou plutôt ΔR -> ΔM1
On pose B = constante -> ΔB = 0 -> ΔH = ΔR -> ΔR = dΔM1 (4)
C’est une lecture monétariste en termes de multiplicateur de crédit.
ΔM1 = f(ΔR)
ΔM1 = 1/d ΔR (5)
On parle de multiplicateur parce que 1/d > 1.
On sait que d = b+r-rb ; en France b ≈ 0,10
Si d > +1 implique que r > +1 ce qui est impossible car r est forcément inférieur à
1 parce que les banques font des réserves inférieures aux dépôts.
Du coup d < +1  1/d > + 1 -> ΔM1 > ΔR
Exemple : b = 0,10 et r = 0,15 -> d = 0,235 -> 1/d = 4,25
Si maintenant b = 0,10 et r = 0,02 -> d = 0,118 -> 1/d = 8,47
Dans le schéma de ΔR->ΔM1 la banque centrale a un contrôle absolu de la masse
monétaire et de son évolution parce qu’il suffit à cette banque centrale de
contrôler l’évolution de R pour contrôler l’évolution de la masse monétaire. On dit
que dans ce cadre là l’offre de monnaie est exogène. Les banques commerciales
ne maitrisent pas l’offre de monnaie.
Certain auteur comme Milton Friedman et Maurice Allais proposent une valeur
de r = 1. Si r = +1 quelque soit b alors d = +1. Du coup ΔM1 = ΔR, il n’y a donc plus
d’effet multiplicateur. Pour ces auteurs les banques commerciales ont un pouvoir
monétaire trop important qui est la source de déséquilibre économique (inflation,
crises de liquidité ou solvabilité). Ces auteurs pensent que si on veut limiter ce
déséquilibre il faut commencer par limiter le pouvoir monétaire des banques et
imposer des réserves obligatoires à 100%. C’est une solution radicale pour
supprimer les crises bancaires. Le fait de faire varier r module le pouvoir des
banques.
1ère possibilité extrême : r = +1  d = 1 -> ΔM1 = ΔR
2ème possibilité extrême : r = 0  d = b -> ΔM1 = 1/b ΔR, cas où les banques ont
le plus de pouvoir de création monétaire. Si b = 0,10 -> ΔM1 = 10ΔR.
 La banque centrale choisit r entre 0 et 1.

2ème lecture : ΔM1 -> ΔR
ΔR = dΔM1 (6) ; c’est une approche post-keynésienne et des partisans de la
« Banking school ».
Les banques commerciales distribuent des crédits donc créées de la monnaie
scripturale sans se soucier du niveau de leur réserve en monnaie fiduciaire. Celuici n’apparaît pas comme une contrainte. Ensuite, une fois les crédits distribués
les banques commerciales constatent que cette distribution de crédit a provoqué
une fuite en monnaie fiduciaire donnée par (6) puisque 0 < d < 1.
C'est-à-dire que ΔR < ΔM1. Les banques peuvent agir comme cela parce qu’elles
sont sûres d’être refinancées par la banque centrale. Ainsi l’offre de monnaie est
ici endogène c'est-à-dire qu’elle est sous le contrôle des banques commerciales il
n’y a donc pas de contrôle de la banque centrale.
Il faut distinguer selon les économies que l’on considère, le clivage est plutôt
entre Etats-Unis et zone euro. Dans le cas des Etats-Unis on est dans une
situation de multiplicateur de crédit (ΔM1 = 1/d ΔR ; offre de monnaie exogène ;
la banque centrale a un rôle très actif). Dans le cas de la zone euro on est plutôt
dans la situation du diviseur de crédit (ΔR = d ΔM1 ; offre endogène, BCE
passive).
Dans le cas du multiplicateur de crédit les banques commerciales sauf en
situation de crise arrivent à se refinancer entre-elles donc sans intervention de
la Fed, on dit que les banques sont « hors Banque ». Par contre dans une situation
de type diviseur de crédit les banques commerciales ont structurellement besoin
de la banque centrale pour se refinancer, on dit que les banques sont « en
Banque ». Tout cela dépend de l’usage de la monnaie fiduciaire par les agents
économiques donc de la valeur de b, plus la valeur de b est faible plus les banques
commerciales pourront se refinancer elles-mêmes. Inversement plus l’usage de la
monnaie fiduciaire est importe plus b est important, plus les banques
commerciales sont en banque. Au Etats-Unis la valeur de b est beaucoup plus
faible que celle de la zone euro.
§3 : Le rôle du marché interbancaire
Lorsqu’une banque commerciale est illiquide, elle doit se refinancer en
intervenant sur un marché particulier appelé le marché interbancaire. Depuis
1986 on distingue 2 compartiments sur le marché monétaire :
- le marché interbancaire
- le marché des TCN (Titres de créance négociable)
A- Le marché interbancaire
Les différents intervenants :
Les banques et établissements de crédit soit cherchent des liquidités ou
cherchent à prêter car ils sont sûr-liquides.
La caisse des dépôts et consignation (CDC) dispose de ressources financière
très importantes car le CDC gère les caisses de dépôt et consignation et surtout
gère les livrets A. Si l’administration fiscale demande 3 millions et on pense
qu’elle a tord, dans un premier temps on va payer les 3 millions et si on gagne on
se fera rembourser et pendant le temps du litige la somme est dite consignée
que seul la CDC peut utiliser.
Le trésor public
La banque de France
Les animateurs du marché qui sont de 3 types :
- Les agents du marché interbancaire :
Il s’agit de courtiers qui ont pour mission de servir d’intermédiaire entre les
banques qui cherchent des liquidités et les banques qui en ont trop.
- Les opérateurs principaux du marché :
Il s’agit de grandes banques qui vont être les interlocuteurs privilégiés de la
banque centrale dans ses opérations de politique monétaire. Depuis janvier 1999
ces opérateurs principaux ont changés de nom et s’appellent contrepartie de
réglage fin. La banque centrale mène trois types d’opérations de politique
monétaire :
 des opérations qui ont lieu chaque semaine (court terme)
 des opérations structurelles (échéance 3 mois à 5 ans)
 des opérations de réglage fin « fine tuning » où la banque centrale
s’adresse à des intervenants.
- Les spécialistes en valeur du trésor (SVT) :
Il s’agit de grands établissements bancaires qui ont des relations privilégiées
avec le trésor public lorsque celui-ci émet des titres.
Une banque illiquide va chercher sur le marché interbancaire une banque qui elle
est au même moment sûr-liquide, si elle la trouve ces 2 banques vont réaliser
entre-elles des opérations de prêt interbancaire qui n’a pas fait intervenir la
banque centrale. On dit alors que les banques commerciales sont « hors Banque ».
Cette opération financière peut prendre 2 formes si elle est temporaire :
Exemple d’opération en blanc :
La société générale (SG) est illiquide pour 100 millions, elle emprunte aux
banques populaires (BP) à échéance 24 heures à i = 4,10%.
Actif
Passif
CC SG = + 100
CC BP = - 100
24 heures plus tard la SG rembourse aux BP : 100 + 100 (4,10/360 x 1/100)
= 100,0113889 millions €. (Il y a 360 jours en sur le marché interbancaire).
C’est le taux d’intérêt qui prend en compte ce risque. Il est librement fixé entre
la banque qui emprunte et celle qui prête. Pendant la crise, ces opérations en
blanc ont été bloquées.
Pendant la mise en pension les Banques populaires sont bien propriétaire des
titres et peuvent même les vendre et doivent les redonner à la fin.
Dans la vente à réméré la banque illiquide va vendre des titres à une banque
sûr-liquide avec la possibilité (non plus l’obligation) de les racheter pendant une
période de 5 ans. Si au bout de 5 ans, la banque n’a pas rachetée les titres alors
ils deviennent propriété de la banque qui les a reçus.
Les opérations définitives signifient qu’une banque illiquide vend définitivement
des titres à une banque qui, elle, est sûr-liquide pour une valeur supérieure aux
liquidités qu’elle va recevoir.
Exemple : BNP Paribas est illiquide pour 200 millions. Elle vend des bons du
trésor au crédit agricole dont l’échéance est dans 85 jours. La BNP vend des
bons du trésor pour 200 + 200 (4,8/100 x 85/360) = 202,266667 millions
d’euros.
Remarque : Pour qu’elle fonctionne il faut que la banque illiquide possède des
titres suffisamment sûrs pour être acceptés par la banque sûr-liquide.
Les opérations définitives sont plus rares que les opérations provisoires parce
qu’une opération définitive signifie que la banque illiquide pense être illiquide de
manière durable donc de manière structurelle ce qui est rare.
On va en déduire qu’il existe une gamme de taux d’intérêt qui varie en fonction
de 2 grands paramètres, d’une part l’échéance de l’opération et d’autre part le
risque de l’opération. De plus quelque soit l’échéance si la garantie est faible le
taux d‘intérêt sera élevé. Quoiqu’il en soit il y a tout de même 2 taux qui servent
de référence :
 EONIA (euro overnight index average)
C’est ce qu’on appelle le taux au jour-le-jour, c'est-à-dire que c’est le taux des
opérations en blanc échéances 24 heures.
Le 15 octobre : = 3,69%
 EURIBOR (euro interbank offerd rate) ou en français le TIBEUR (=taux
interbancaire offert en euro)
Il mesure la rémunération entre les banques de 1er rang offertes pour des
dépôts interbancaires selon 13 échéances possibles. Echéance 1 semaine, 2 mois,
3mois…12 mois.
Le 15 octobre : Euribor à 1 moi = 4,773% ; Euribor = 4,905%
 ces 2 taux sont des taux calculés et non pas côtés.
EONIA est calculé par la banque de France tous les jours à partir d’un
échantillon de 57 banques en fonction du taux que ces 57 banques ont pratiquées
dans leurs opérations en blanc en 24 heures. La banque de France calcule la
moyenne en pondérant par le volume des opérations.
EURIBOR est calculé selon la même procédure mais la banque commerciale
retire les 15 valeurs extrêmes pour faire le calcule de la moyenne.
Le taux d’intérêt est librement négocié mais se réfère à l’EONIA et à
l’EURIBOR et le taux d’intérêt est borné par un couloir de 2 taux (max et min)
qui dépendent la politique monétaire de la BCE :
- Le premier est le taux d’intérêt de la facilité de prêt marginal :
Il mesure le taux d’intérêt auquel la BCE sur l’initiative d’une banque
commerciale illiquide lui prête de la monnaie fiduciaire pour une échéance de 24
heures. En conséquence ce taux représente le taux plafond pour les opérations
interbancaires à 24 heures. Il est actuellement de 4,75%. Ici les banques
commerciales ne sont pas contraintes, ce sont elles qui demandent à la BCE de
prêter des liquidités et la BCE ne peut pas refuser. Si une banque commerciale
se refinance auprès d’une autre banque le taux sera forcément inférieur à
4,75%.
- Le second est le taux d’intérêt de la facilité de dépôt marginal :
Il mesure le taux d’intérêt auquel la BCE accepte de rémunérer sur initiative
d’une banque commerciale sûr-liquide un dépôt échéance 24 heures. Il
représente lui le plancher du marché interbancaire pour les opérations à 24
heures, il est actuellement de 2,75%.
 il y a donc un couloir dans lequel le taux va fluctuer
En situation de type A le taux interbancaire est proche du plafond, le marché
interbancaire est tendu, il y a donc plus de banques qui cherchent des liquidités
que celles qui en ont à prêter.
En situation de type B il y a de plus de banques sûr-liquides que de banques qui
en cherchent donc le taux d’intérêt plonge. Cela signifie que les banques ont trop
de réserves, elles risquent de créer trop de monnaie donc d’être source
d’inflation.
Il peut y avoir des périodes où il n’y a pas assez de banques sûr-liquides ou
encore des périodes où les banques sûr-liquides ne veulent plus prêter aux
banques illiquides. Dans ce cas les banques illiquides sont obligées de se tourner,
de se refinancer auprès de la banque centrale. On dira alors que les banques sont
« en Banque ». Dans le cas où la banque centrale doit intervenir elle peut le faire
selon 3 modalités :
 2 modalités pour lesquelles l’initiative est à la BCE
- Les opérations hebdomadaires de mise en pension :
Chaque semaine la banque centrale européenne demande aux banques de la zone
Euro de lui transmettre leurs besoins en monnaie fiduciaire. La banque centrale
calcule la somme des besoins puis arrête le montant de son refinancement. Le
refinancement se faisant à un coût connu dés le départ qui est ce qu’on appelle le
taux de mise en pension (ou taux REPO) et est aujourd’hui à 3,75 environ. Il y a
incertitude sur le volume de refinancement des banques.
Exemple : 4 banques commerciales ; besoin de refinancement déclaré à la BCE :
A = 200
B = 150
C = 400
D = 250
Total : 1000
La BCE peut refinancer pour les 1000 mais elle peut aussi refinancer pour une
partie des 1000, surtout si on se situe vers B. La BCE refinance pour 500 par
exemple.
Donc A recevra 100 (moitié)
B = 75
C = 200
D = 125
Les banques commerciales sont alors illiquides. Si la BCE s’aperçoit qu’elle n’en a
pas assez donné elle peut dans les jours suivant en remettre 300 par exemple.
- Les opérations structurelles
 1 modalité pour laquelle l’initiative est aux banques commerciales
B- Le marché des TCN
Depuis de 1986, le marché des TCN est ouvert à 3 catégories d’agents
économiques :
- Les sociétés non financières résidentes ou non résidentes qui peuvent
émettre des billets de trésorerie.
- Les banques résidentes ou non résidentes qui peuvent émettre des
certificats de dépôt.
- Le trésor public qui, lui, émet des bons du trésor.
Ces 3 catégories ont 6 caractéristiques communes :
- Ces titres financiers sont négociables c'est-à-dire qu’on peut les revendre
avant leur échéance.
- Ces titres ont une valeur faciale importante puisque la valeur faciale
minimale est de 150 000 euros.
- L’échéance est comprise entre un jour et un an (court-terme) sauf pour les
bons du trésor qui ont 3 échéances possibles (13 semaines, 26 semaines,
52 semaines -> qu’on appelle des bons à taux fixes précomptés (BTF)).
Exemple : BTF = 150 000 euros, mais on les paye 150 000 euros moins intérêts
et on sera remboursé de 150 000.
- La rémunération est librement fixée par l’émetteur.
- L’émetteur doit se faire noter par une agence de notation pour mesurer le
risque de solvabilité des titres qui viennent d’être émis. Cette obligation
de notation n’intervient pas si l’émetteur est le trésor public, si l’émetteur
est la caisse de dépôt et consignation et si l’émetteur est un
établissement de crédit de la zone euro.
- Ces titres sont dématérialisés depuis janvier 1993.
Une quatrième forme de TCN a été introduite en 1992 qu’on appelle les bons à
moyen terme négociable et peuvent être émis soit par des sociétés non
financière soit par des banques et la seule différence porte sur l’échéance c'està-dire que l’échéance minimale est de 1 an et 1 jour et pas de limite maximum.
Ce marché des TCN est surtout utilisé par les établissements de crédit afin de
se procurer des liquidités. 80% des émissions annuelles de TCN prennent la
forme de certificats de dépôts. De plus les TCN ayant une valeur faciale très
élevée (minimum 150 000 euro) sont très rarement achetés par des ménages et
donc les ménages en achètent indirectement. En effet ils achètent des actions
d’une SICAV monétaire qui elle peut acheter ces TCN ave l’épargne qu’elle a
collectée.
Actif
Passif
TCN = 5 milliards
Actions émises par la SICAV et
achetées par les ménages : 5 milliards
Emissions nettes de TCN de 2005 à 2007 (milliards d’euros)
2005
2006
2007
Billet de trésorerie
15,70
15
4,70
Certificat de dépôt
77,5
140,7
14,7
Bon du trésor
3,4
-17
19
L’émetteur principal concerne les établissements de crédit car l’émission de
certificat de dépôt permet aux établissements de crédit de trouver des crédits
pour une échéance plus longue que les financements sur le marché interbancaire.
On peut avoir des valeurs négatives (bon du trésor en 2006) signifie que l’agent
concerné a plus remboursé de titres qui arrivaient à échéance qu’il n’en a émit de
nouveaux.
Les TCN ont une valeur nominale très forte (minimum 150 000 euros) donc les
ménages peuvent difficilement en détenir directement. Les ménages les
détiennent indirectement en achetant des actions de SICAV monétaire. Les
SICAV (société d’investissement à capital variable) monétaire font partie des
OPCVM (organismes de placement collectif en valeur mobilière) monétaires.
Parmi ces OPCVM il y a les SICAV monétaires et les FCP (fond commun de
placement) monétaires. Une SICAV est une société dotée de la personnalité
juridique alors qu’un FCP n’est qu’une copropriété donc qui n’a pas la personnalité
juridique. La SICAV émet des actions comme n’importe qu’elle SA lesquelles sont
achetées par des épargnants.
Bilan de la SICAV :
Actif
Passif
Titres du marché monétaire (TCN)
Actions émises : X millions
- Certificat de dépôt
La SICAV déroge aux règles de principe de droit commercial parce qu’elle peut
augmenter ou diminuer son capital sans pour autant réunir des AG
extraordinaires.
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