Chapitre 2 : Le financement par recours au crédit bancaire. Le pouvoir monétaire des établissements de crédit SECTION 1 : Le processus de création monétaire §1 : La création monétaire dans le cas d’une banque unique Dans cet univers abstrait lorsque la banque décide d’accorder un crédit à un client, elle émet une dette sur elle-même qui prend la forme d’un dépôt à vue (DAV) qui est par définition de la monnaie scripturale. Client : Actif Compte chèque bancaire : 1000 (DAV) Passif Prêt à rembourser à la banque : 1000 Banque : Actif Passif Crédit accordé : Compte chèque 1000 bancaire du client : 1000 (DAV) Dans cette opération la banque ne prête pas de la monnaie qui existait déjà. Elle ne collecte pas de l’épargne préalable pour la prêter ensuite. La banque crée de la monnaie qu’elle prête. La monnaie n’existait pas avant. L’agrégat monétaire va donc augmenter de 1000. Le dépôt à vue est la conséquence (non la cause) du crédit qui a été accordé par la banque à son client. On dit que dans cette opération « les prêts font les dépôts ». Par contre une institution financière non bancaire peut prêter de la monnaie, la monnaie prêtée a été au préalable collectée auprès d’épargnants ; ici les dépôts font les prêts. Dans quels cas notre unique banque va-t-elle utiliser son pouvoir de création monétaire ? Dans 3 types d’opérations : - Lorsque la banque accorde des crédits aux agents économiques (voir ci-dessus). - Lorsque la banque achète des devises détenues par les agents économiques Les agents économiques peuvent détenir des devises qu’ils peuvent transformer en monnaie nationale. Client : Actif Devise : -1000 Banque : Actif Achat de devises pour 1000 Passif Compte chèque bancaire du client (CCB) : + 1000 - Lorsque la banque accorde des avances à l’état en achetant des titres émis par le trésor public Trésor Public : Actif Passif CCB du Trésor : Obligations 1000 émises : 1000 Banque : Actif Obligations du trésor public : 1000 Passif CCB du trésor public (DAV) : 1000 De la même façon qu’il y a un processus de création monétaire il y a un processus symétrique de destruction monétaire qui repose sur 3 opérations symétriques : - Il y a destruction monétaire lorsque l’établissement rembourse le crédit - Lorsque l’agent économique achète des devises - Lorsque le trésor public rembourse les titres qu’il a émis Dans cette économie hypothétique le pouvoir de création monétaire de la banque est infini, illimité puisque tous les agents économiques ont nécessairement recours à la monnaie de la seule et unique banque. Ce qui signifie que les opérations de règlement monétaire entre agents économiques prennent la forme de virements internes à la banque. Il n’y a pas de fuite dans son système monétaire parce qu’elle est la seule. A contrario, s’il existe plusieurs banques de même s’il existe de la monnaie fiduciaire (donc une banque centrale) alors chaque banque commerciale va connaître des fuites dans son système, fuites qui limitent son pouvoir de création de la monnaie. §2 : La création monétaire dans un système bancaire diversifié et hiérarchisé Diversifié signifie qu’il y a plusieurs banques et hiérarchisé signifie qu’il y a une banque d’un niveau supérieur (la banque centrale) car c’est la seule à pouvoir créer une monnaie acceptée par tous les agents : la monnaie fiduciaire. L’entreprise A demande un crédit de 10 000 € au crédit agricole (CA) Entreprise A : Actif Passif CCB du CA : + 10 000 CCCB au CA : - 10 000 Prêt à rembourser 10 000 Dette envers B : - 10 000 CA : Actif Prêt consenti à A = 10 000 Passif CCB de A : + 10 000 Entreprise B : Actif Créance sur A : - 10 000 CCB à la BNP : + 10 000 BNP : Actif Créance sur le CA : 10 000 Passif Passif CCB de B : + 10 000 L’entreprise A a utilisé une partie de ce prêt pour acheter des marchandises à B. La BNP a désormais une créance sur le crédit agricole, elle n’a aucun intérêt à conserver cette créance puisque les banques étant concurrentes, elles n’ont pas à se faciliter leur métier or si la BNP conservait la créance sur le crédit agricole elle faciliterait l’octroie de crédit par ce crédit agricole. En conséquence la BNP va demander au crédit agricole de lui racheter la créance qu’elle détient sur lui dans la seule monnaie admise par tous les agents économiques à savoir de la monnaie fiduciaire. Cependant il faut tenir compte de l’activité d’octroie de crédit par la BNP qui va conduire le crédit agricole à détenir lui-même des créances sur la BNP. Donc ce qui fera l’objet d’une transaction ce ne sont pas les créances brutes mais le solde net après compensation interbancaire. Créance de la BNP sur le CA = + 10 000 Créance du CA sur la BNP = + 4300 Compensation interbanaire = créance de la BNP sur le CA = 10 0004300=5700 La créance nette après compensation interbancaire n’implique pas la circulation physique de monnaie fiduciaire car chaque banque commerciale a obligatoirement un compte ouvert auprès de la banque centrale. La monnaie qui va y circuler entre banque commerciale va prendre la forme de virements dans les comptes au passif du bilan de la banque centrale. Banque centrale : Actif Passif Compte de la BNP : + 5700 Compte du CA : - 5700 Compte de la société générale : La monnaie qui intervient dans le mécanisme de compensation interbancaire est tout à fait particulière puisqu’il s’agit d’une monnaie fiduciaire qui reste dématérialisée. On parle soit de monnaie fiduciaire scripturale/dématérialisée ou de monnaie centrale ou encore monnaie interbancaire. Une autre expression consiste à dire que le solde créditeur d’une banque commerciale à la banque centrale représente les réserves en monnaie fiduciaire de cette banque commerciale. Et une banque commerciale doit détenir des réserves pour 6 raisons : - Assurer la compensation interbancaire en cas de solde négatif envers les autres établissements de crédit. - Assurer la conversion par ses clients d’une partie de sa monnaie scripturale en monnaie fiduciaire -> retraits de billets. - Assurer les transactions de sa clientèle avec des agents économiques ayant leur compte auprès de la banque centrale. Certain agents économiques ont obligatoirement un compte ouvert à la banque de France, ca concerne le trésor public et tous les comptables publics. Les particuliers et les entreprises n’ont plus le droit d’avoir de comptes à la banque de France. - Participer à des achats de titres émis par le trésor public - Pouvoir acheter des devises auprès de la banque centrale afin satisfaire les besoins de sa clientèle en devises. - Respecter le coefficient de réserve obligatoire dans le cas où un tel coefficient a été mis en place par la banque centrale. C’est ce qu’on appelle un instrument de politique monétaire. On en conclut que les réserves en monnaie fiduciaire d’une banque commerciale sont stratégiques car elles conditionnent l’activité de la banque. On comprend alors l’enjeu pour les banques commerciales d’avoir accès à des sources stables de monnaie fiduciaire. Il faut distinguer 2 grandes stratégies : - Celle des banques de dépôt qui ont le droit de collecter des dépôts aussi bien des dépôts à vue que des dépôts à terme. C’est le cas des banques françaises. - Celle des banques d’investissement (=banques d’affaires) qui elles, ne collectent pas des dépôts où en tout cas de manière insuffisante et qui pour se procurer de la monnaie fiduciaire doivent émettre des titres sur les marchés financiers. Pour ces banques d’investissement l’accès à des ressources en monnaie fiduciaire est beaucoup plus aléatoire car en temps de crises elles auront plus de mal à émettre des titres et à les vendre. Elles auront donc beaucoup plus de mal à avoir accès à des ressources. le modèle de banque d’affaire est un modèle périmé pour quelque temps vue la crise. Se transformer en banque de dépôt leur a permis d’avoir accès à des ressources stables. Dans le cas où une banque commerciale manque de monnaie fiduciaire elle peut en trouver sur un marché spécifique (marché interbancaire) en s’adressant à d’autres banques commerciales qui elles, ont un excès de réserve en monnaie fiduciaire. §3 : Les sources de la création monétaire : les contreparties de l’agrégat M3 L’agrégat de référence M3 et la banque de France et la BCE calculent les contreparties de M3 qui sont une mesure des opérations monétaire et financière qui ont donnés lieu à création monétaire pour une période donnée. Il y a 2 catégories de M3 : Les contreparties d’origine externe Il s’agit des créances nettes détenues sur des non-résidents. C'est-à-dire que les entrées nettes de capitaux étrangers provoquent une croissance de la masse monétaire M3. Exemple 1 : Touriste Américain en France qui dépense 5000$ opération de change : il obtient 4000€ Touriste Français aux Etats-Unis : il dépense 2500$ opération de change préalable en France de 2000€ Donc M3 de la zone Euro : + 4000 – 2000 = + 2000 Exemple 2 : Société française achète des actions d’une société britannique Pour 10 000 livres <- (opération de change) <- 20 000 € Société des E-U qui achète des actions d’une société française Pour 50 000$ <- (opération de change) <- 45 000 € Donc M3 zone Euro : - 20 000 + 45 000 = croissance de 25 000 L’entrée nette de capitaux provoque une croissance de la masse monétaire, symétriquement s’il y a une sortie nette de capitaux il y a formation d’une diminution de la masse monétaire. Les contreparties d’origine interne On distingue les créances détenues sur les administrations publiques, il s’agit de la part de la dette publique financée par les institutions financière monétaires (banques commerciales) et les créances sur les agents économiques résidents hors administration qui peuvent elle-même prendre 2 formes : - Les crédits - Les titres émis par les banques Exemple : Situation le 30/09/2007 Créances nettes sur les non résidents : 674 milliards d’€ Créances sur les administrations publiques : 811 milliards d’€ Créances sur les résidents hors administration : 13 043 milliards d’€ Divers : 2603 milliards d’€ Dans divers il y aura des postes assez hétérogènes comme les immobilisations non financières détenues par les banques comme les immeubles et les intérêts sur les dépôts que les banques n’ont pas encore reçues mais qu’elles auraient due recevoir. M3 = 8373 milliards écart : 17131 – 8373 = 8758 représente des créances n’ayant pas données lieu à création monétaire. On distingue dans les 8758 milliards 2 sous catégories : - une part divers de 3220 - une autre part de 5530 Les 5530 milliard représentent les ressources non monétaires des banques. Ce sont tout d’abord des dépôts à terme dont l’échéance est supérieure à 2 ans auxquels on ajoute les titres émis par les banques, titres dont l’échéance est également supérieure à 2 ans auxquels on ajoute encore les dépôts remboursables avec un préavis supérieur à 3 mois auxquels on ajoute enfin le capital social et les réserves des établissements d’administration publique. Pour ces ressources non monétaires, les banques se comportent comme si elles étaient des non banques c'est-à-dire qu’elles se comportent sans utiliser leur pouvoir de création monétaire. D’après les chiffres, environ 1/3 des contreparties de M3 ne donnent pas lieu à création monétaire. Si on s’intéresse au taux de croissance de M3 on a : ΔM3/M3 = (ΔC/C x C/M3) + (ΔA/A x A/M3) + (ΔE/E x E/M3) – (ΔR/R x R/M3) C = créance sur résidents hors administration A = créance sur les administrations publiques E = créance nettes sur les non résidents R = ressources non monétaires SECTION 2 : La limite au pouvoir de création monétaire des banques : la liquidité bancaire §1 : Les facteurs de la liquidité bancaire Concernant ce concept de liquidité bancaire, il faut l’étudier à 2 niveaux : Au niveau microéconomique (au niveau d’une banque commerciale) La liquidité bancaire est représentée par la somme des avoirs de la banque en monnaie fiduciaire et de ces actifs jugés équivalents c'est-à-dire des actifs qui peuvent être transformés en monnaie fiduciaire ceci sans délai et sans coûts. C’est donc la somme de 4 postes : - Les billets de banque que la banque a dans son coffre - Le solde créditeur de la banque dans son compte ouvert à la banque centrale. - Le solde créditeur des comptes de cette banque auprès du trésor public Exemple : Le trésor public verse son traitement à son fonctionnaire qui a luimême un compte chèque bancaire à la société générale. Société générale : Actif Passif Créance sur le Trésor public : + 4000 Banque de France Actif CCB du fonctionnaire : + 4000 : Passif Compte du trésor Public : X euros -4000 Société générale : Y euros +4000 Le solde nette créditeur auprès des autres banques commerciales résidentes qu’elles soient françaises ou étrangères. Au niveau macroéconomique Au niveau de l’ensemble des banques on dira que la liquidité du système bancaire est la somme de la liquidité de chaque banque composant ce système. Au niveau macroéconomique le 4ème facteur de liquidité disparaît, il n’y a donc que les 3 premiers. Quels sont les causes de la variation de liquidité bancaire ? Il y a 4 causes explicatives de la liquidité bancaire : - la première renvoie aux habitudes de paiement en monnaie fiduciaire des agents économiques. En France, la monnaie fiduciaire représente 10% (M1 = 10%). En moyenne lorsqu’une banque distribue un crédit de 100€ cela provoque un dépôt à vue de 100. La banque sait qu’en moyenne sur ces 100, 10 vont être transformés en monnaie fiduciaire. Il lui faut donc une réserve en monnaie fiduciaire de 10. Les banques savent que l’usage de la monnaie fiduciaire dépend de l’âge du client, dépend de la profession du client, dépend de l’importance de l’économie souterraine, dépend de la période. Par exemple les banques savent qu’entre le 25 et le 5 du mois suivant les retraits sont importants de même qu’avant noël. - les opérations avec les administrations publiques Exemple : la liquidité bancaire diminue pendant les périodes où les agents économiques doivent payer leurs impôts locaux ou sur le revenu. - les opérations avec l’extérieur en particulier le solde de la balance commerciale : Solde commercial = (X – M) Si le solde est positif il y a un excèdent commercial ce qui signifie que les agents économiques résidents détiennent une créance nette sur l’extérieure qui prend la forme de devises. Devises que ces agents économiques vont revendre à leur banque commerciale et cette banque commerciale revend ces devises à la banque de France alors le compte de cette banque à la banque de France sera crédité, il y aura donc amélioration de la liquidité bancaire. Si le solde est négatif, il y a un déficit ce qui signifie que les agents ont une dette à acquitter en devises. Ces agents économiques pour payer cette dette vont acheter des devises à la banque commerciale qui elle-même les achètera auprès de la banque centrale. Elle payera la banque centrale par un débit de son compte à la banque centrale. Par conséquent la liquidité bancaire se détériore. Ces 3 facteurs ont un point commun : ils ne sont pas contrôlables par la banque centrale. Par contre le quatrième facteur (suivant) est directement contrôlé par la banque centrale puisqu’il est un instrument de sa politique monétaire. - Il prend la forme des réserves obligatoires Cela signifie que la banque centrale peut décider de mettre en œuvre un coefficient de réserve obligatoire. Ce coefficient de réserve obligatoire peut être calculé sur certains postes d’actif ou de passif des bilans bancaire. Société Générale : Actif Passif Crédits distribués Dépôts à vue Dépôts à terme BCE : réserve sur les dépôts inférieurs à 2 ans Taux de réserve obligatoire de 2% -> chaque fois qu’une banque de la zone euro a un dépôt échéance inférieur à 2 ans elle doit obligatoirement en verser 2 sur son compte à la banque centrale. BCE : Actif Passif Compte de la banque: 10 SG : + 2 Dépôts < 2ans : 100 -> 2 98 Les réserves obligatoires sont instaurées chaque fois qu’une banque centrale veut réduire la liquidité bancaire en créant un besoin artificiel en monnaie fiduciaire des banques commerciales. Artificiel signifiant que ce comportement ne renvoie pas à des comportements microéconomiques. La banque centrale fait cela parce qu’elle estime que les 3 facteurs précédents qui lui échappent sont insuffisants c'est-à-dire qu’ils laissent la liquidité bancaire trop élevé qui rend impossible le contrôle des banques commerciales par la banque centrale. Il faut que la banque commerciale soient obligée de se tourner vers la banque centrale, il faut donc qu’elles soient à un certain moment illiquide. Crédit de 100 -> dépôt à vue de 100 Monnaie fiduciaire = 10 Réserve obligatoire de la banque centrale = 2 ; par ces réserves obligatoire la banque centrale peut créer un besoin artificiel en monnaie fiduciaire. Base monétaire H = B + R -> ΔH = ΔB + ΔR B = monnaie fiduciaire (billet en circulation) R = réserve en monnaie fiduciaire des banques commerciale M1 = B + S S = monnaie scripturale (dépôt à vue) On sait que B = bM1 -> S=(1-b)M1 et R=rS -> r(1-b)M1 = (r-rb)M1 H = bM1 + (r-rb)M1 H = (b+r-rb)M1 (1) Donc : ΔH = (b+r-rb)ΔM1 (2) On pose (b+r-rb) =d D’où ΔH = dΔM1 (3) il existe une relation mathématique simple entre les variations de la base monétaire et l’agrégat M1 Il existe 2 lectures possibles : 1ère lecture : ΔH -> ΔM1 (la variable explicative est ΔH et variable expliquée ΔM1) ou plutôt ΔR -> ΔM1 On pose B = constante -> ΔB = 0 -> ΔH = ΔR -> ΔR = dΔM1 (4) C’est une lecture monétariste en termes de multiplicateur de crédit. ΔM1 = f(ΔR) ΔM1 = 1/d ΔR (5) On parle de multiplicateur parce que 1/d > 1. On sait que d = b+r-rb ; en France b ≈ 0,10 Si d > +1 implique que r > +1 ce qui est impossible car r est forcément inférieur à 1 parce que les banques font des réserves inférieures aux dépôts. Du coup d < +1 1/d > + 1 -> ΔM1 > ΔR Exemple : b = 0,10 et r = 0,15 -> d = 0,235 -> 1/d = 4,25 Si maintenant b = 0,10 et r = 0,02 -> d = 0,118 -> 1/d = 8,47 Dans le schéma de ΔR->ΔM1 la banque centrale a un contrôle absolu de la masse monétaire et de son évolution parce qu’il suffit à cette banque centrale de contrôler l’évolution de R pour contrôler l’évolution de la masse monétaire. On dit que dans ce cadre là l’offre de monnaie est exogène. Les banques commerciales ne maitrisent pas l’offre de monnaie. Certain auteur comme Milton Friedman et Maurice Allais proposent une valeur de r = 1. Si r = +1 quelque soit b alors d = +1. Du coup ΔM1 = ΔR, il n’y a donc plus d’effet multiplicateur. Pour ces auteurs les banques commerciales ont un pouvoir monétaire trop important qui est la source de déséquilibre économique (inflation, crises de liquidité ou solvabilité). Ces auteurs pensent que si on veut limiter ce déséquilibre il faut commencer par limiter le pouvoir monétaire des banques et imposer des réserves obligatoires à 100%. C’est une solution radicale pour supprimer les crises bancaires. Le fait de faire varier r module le pouvoir des banques. 1ère possibilité extrême : r = +1 d = 1 -> ΔM1 = ΔR 2ème possibilité extrême : r = 0 d = b -> ΔM1 = 1/b ΔR, cas où les banques ont le plus de pouvoir de création monétaire. Si b = 0,10 -> ΔM1 = 10ΔR. La banque centrale choisit r entre 0 et 1. 2ème lecture : ΔM1 -> ΔR ΔR = dΔM1 (6) ; c’est une approche post-keynésienne et des partisans de la « Banking school ». Les banques commerciales distribuent des crédits donc créées de la monnaie scripturale sans se soucier du niveau de leur réserve en monnaie fiduciaire. Celuici n’apparaît pas comme une contrainte. Ensuite, une fois les crédits distribués les banques commerciales constatent que cette distribution de crédit a provoqué une fuite en monnaie fiduciaire donnée par (6) puisque 0 < d < 1. C'est-à-dire que ΔR < ΔM1. Les banques peuvent agir comme cela parce qu’elles sont sûres d’être refinancées par la banque centrale. Ainsi l’offre de monnaie est ici endogène c'est-à-dire qu’elle est sous le contrôle des banques commerciales il n’y a donc pas de contrôle de la banque centrale. Il faut distinguer selon les économies que l’on considère, le clivage est plutôt entre Etats-Unis et zone euro. Dans le cas des Etats-Unis on est dans une situation de multiplicateur de crédit (ΔM1 = 1/d ΔR ; offre de monnaie exogène ; la banque centrale a un rôle très actif). Dans le cas de la zone euro on est plutôt dans la situation du diviseur de crédit (ΔR = d ΔM1 ; offre endogène, BCE passive). Dans le cas du multiplicateur de crédit les banques commerciales sauf en situation de crise arrivent à se refinancer entre-elles donc sans intervention de la Fed, on dit que les banques sont « hors Banque ». Par contre dans une situation de type diviseur de crédit les banques commerciales ont structurellement besoin de la banque centrale pour se refinancer, on dit que les banques sont « en Banque ». Tout cela dépend de l’usage de la monnaie fiduciaire par les agents économiques donc de la valeur de b, plus la valeur de b est faible plus les banques commerciales pourront se refinancer elles-mêmes. Inversement plus l’usage de la monnaie fiduciaire est importe plus b est important, plus les banques commerciales sont en banque. Au Etats-Unis la valeur de b est beaucoup plus faible que celle de la zone euro. §3 : Le rôle du marché interbancaire Lorsqu’une banque commerciale est illiquide, elle doit se refinancer en intervenant sur un marché particulier appelé le marché interbancaire. Depuis 1986 on distingue 2 compartiments sur le marché monétaire : - le marché interbancaire - le marché des TCN (Titres de créance négociable) A- Le marché interbancaire Les différents intervenants : Les banques et établissements de crédit soit cherchent des liquidités ou cherchent à prêter car ils sont sûr-liquides. La caisse des dépôts et consignation (CDC) dispose de ressources financière très importantes car le CDC gère les caisses de dépôt et consignation et surtout gère les livrets A. Si l’administration fiscale demande 3 millions et on pense qu’elle a tord, dans un premier temps on va payer les 3 millions et si on gagne on se fera rembourser et pendant le temps du litige la somme est dite consignée que seul la CDC peut utiliser. Le trésor public La banque de France Les animateurs du marché qui sont de 3 types : - Les agents du marché interbancaire : Il s’agit de courtiers qui ont pour mission de servir d’intermédiaire entre les banques qui cherchent des liquidités et les banques qui en ont trop. - Les opérateurs principaux du marché : Il s’agit de grandes banques qui vont être les interlocuteurs privilégiés de la banque centrale dans ses opérations de politique monétaire. Depuis janvier 1999 ces opérateurs principaux ont changés de nom et s’appellent contrepartie de réglage fin. La banque centrale mène trois types d’opérations de politique monétaire : des opérations qui ont lieu chaque semaine (court terme) des opérations structurelles (échéance 3 mois à 5 ans) des opérations de réglage fin « fine tuning » où la banque centrale s’adresse à des intervenants. - Les spécialistes en valeur du trésor (SVT) : Il s’agit de grands établissements bancaires qui ont des relations privilégiées avec le trésor public lorsque celui-ci émet des titres. Une banque illiquide va chercher sur le marché interbancaire une banque qui elle est au même moment sûr-liquide, si elle la trouve ces 2 banques vont réaliser entre-elles des opérations de prêt interbancaire qui n’a pas fait intervenir la banque centrale. On dit alors que les banques commerciales sont « hors Banque ». Cette opération financière peut prendre 2 formes si elle est temporaire : Exemple d’opération en blanc : La société générale (SG) est illiquide pour 100 millions, elle emprunte aux banques populaires (BP) à échéance 24 heures à i = 4,10%. Actif Passif CC SG = + 100 CC BP = - 100 24 heures plus tard la SG rembourse aux BP : 100 + 100 (4,10/360 x 1/100) = 100,0113889 millions €. (Il y a 360 jours en sur le marché interbancaire). C’est le taux d’intérêt qui prend en compte ce risque. Il est librement fixé entre la banque qui emprunte et celle qui prête. Pendant la crise, ces opérations en blanc ont été bloquées. Pendant la mise en pension les Banques populaires sont bien propriétaire des titres et peuvent même les vendre et doivent les redonner à la fin. Dans la vente à réméré la banque illiquide va vendre des titres à une banque sûr-liquide avec la possibilité (non plus l’obligation) de les racheter pendant une période de 5 ans. Si au bout de 5 ans, la banque n’a pas rachetée les titres alors ils deviennent propriété de la banque qui les a reçus. Les opérations définitives signifient qu’une banque illiquide vend définitivement des titres à une banque qui, elle, est sûr-liquide pour une valeur supérieure aux liquidités qu’elle va recevoir. Exemple : BNP Paribas est illiquide pour 200 millions. Elle vend des bons du trésor au crédit agricole dont l’échéance est dans 85 jours. La BNP vend des bons du trésor pour 200 + 200 (4,8/100 x 85/360) = 202,266667 millions d’euros. Remarque : Pour qu’elle fonctionne il faut que la banque illiquide possède des titres suffisamment sûrs pour être acceptés par la banque sûr-liquide. Les opérations définitives sont plus rares que les opérations provisoires parce qu’une opération définitive signifie que la banque illiquide pense être illiquide de manière durable donc de manière structurelle ce qui est rare. On va en déduire qu’il existe une gamme de taux d’intérêt qui varie en fonction de 2 grands paramètres, d’une part l’échéance de l’opération et d’autre part le risque de l’opération. De plus quelque soit l’échéance si la garantie est faible le taux d‘intérêt sera élevé. Quoiqu’il en soit il y a tout de même 2 taux qui servent de référence : EONIA (euro overnight index average) C’est ce qu’on appelle le taux au jour-le-jour, c'est-à-dire que c’est le taux des opérations en blanc échéances 24 heures. Le 15 octobre : = 3,69% EURIBOR (euro interbank offerd rate) ou en français le TIBEUR (=taux interbancaire offert en euro) Il mesure la rémunération entre les banques de 1er rang offertes pour des dépôts interbancaires selon 13 échéances possibles. Echéance 1 semaine, 2 mois, 3mois…12 mois. Le 15 octobre : Euribor à 1 moi = 4,773% ; Euribor = 4,905% ces 2 taux sont des taux calculés et non pas côtés. EONIA est calculé par la banque de France tous les jours à partir d’un échantillon de 57 banques en fonction du taux que ces 57 banques ont pratiquées dans leurs opérations en blanc en 24 heures. La banque de France calcule la moyenne en pondérant par le volume des opérations. EURIBOR est calculé selon la même procédure mais la banque commerciale retire les 15 valeurs extrêmes pour faire le calcule de la moyenne. Le taux d’intérêt est librement négocié mais se réfère à l’EONIA et à l’EURIBOR et le taux d’intérêt est borné par un couloir de 2 taux (max et min) qui dépendent la politique monétaire de la BCE : - Le premier est le taux d’intérêt de la facilité de prêt marginal : Il mesure le taux d’intérêt auquel la BCE sur l’initiative d’une banque commerciale illiquide lui prête de la monnaie fiduciaire pour une échéance de 24 heures. En conséquence ce taux représente le taux plafond pour les opérations interbancaires à 24 heures. Il est actuellement de 4,75%. Ici les banques commerciales ne sont pas contraintes, ce sont elles qui demandent à la BCE de prêter des liquidités et la BCE ne peut pas refuser. Si une banque commerciale se refinance auprès d’une autre banque le taux sera forcément inférieur à 4,75%. - Le second est le taux d’intérêt de la facilité de dépôt marginal : Il mesure le taux d’intérêt auquel la BCE accepte de rémunérer sur initiative d’une banque commerciale sûr-liquide un dépôt échéance 24 heures. Il représente lui le plancher du marché interbancaire pour les opérations à 24 heures, il est actuellement de 2,75%. il y a donc un couloir dans lequel le taux va fluctuer En situation de type A le taux interbancaire est proche du plafond, le marché interbancaire est tendu, il y a donc plus de banques qui cherchent des liquidités que celles qui en ont à prêter. En situation de type B il y a de plus de banques sûr-liquides que de banques qui en cherchent donc le taux d’intérêt plonge. Cela signifie que les banques ont trop de réserves, elles risquent de créer trop de monnaie donc d’être source d’inflation. Il peut y avoir des périodes où il n’y a pas assez de banques sûr-liquides ou encore des périodes où les banques sûr-liquides ne veulent plus prêter aux banques illiquides. Dans ce cas les banques illiquides sont obligées de se tourner, de se refinancer auprès de la banque centrale. On dira alors que les banques sont « en Banque ». Dans le cas où la banque centrale doit intervenir elle peut le faire selon 3 modalités : 2 modalités pour lesquelles l’initiative est à la BCE - Les opérations hebdomadaires de mise en pension : Chaque semaine la banque centrale européenne demande aux banques de la zone Euro de lui transmettre leurs besoins en monnaie fiduciaire. La banque centrale calcule la somme des besoins puis arrête le montant de son refinancement. Le refinancement se faisant à un coût connu dés le départ qui est ce qu’on appelle le taux de mise en pension (ou taux REPO) et est aujourd’hui à 3,75 environ. Il y a incertitude sur le volume de refinancement des banques. Exemple : 4 banques commerciales ; besoin de refinancement déclaré à la BCE : A = 200 B = 150 C = 400 D = 250 Total : 1000 La BCE peut refinancer pour les 1000 mais elle peut aussi refinancer pour une partie des 1000, surtout si on se situe vers B. La BCE refinance pour 500 par exemple. Donc A recevra 100 (moitié) B = 75 C = 200 D = 125 Les banques commerciales sont alors illiquides. Si la BCE s’aperçoit qu’elle n’en a pas assez donné elle peut dans les jours suivant en remettre 300 par exemple. - Les opérations structurelles 1 modalité pour laquelle l’initiative est aux banques commerciales B- Le marché des TCN Depuis de 1986, le marché des TCN est ouvert à 3 catégories d’agents économiques : - Les sociétés non financières résidentes ou non résidentes qui peuvent émettre des billets de trésorerie. - Les banques résidentes ou non résidentes qui peuvent émettre des certificats de dépôt. - Le trésor public qui, lui, émet des bons du trésor. Ces 3 catégories ont 6 caractéristiques communes : - Ces titres financiers sont négociables c'est-à-dire qu’on peut les revendre avant leur échéance. - Ces titres ont une valeur faciale importante puisque la valeur faciale minimale est de 150 000 euros. - L’échéance est comprise entre un jour et un an (court-terme) sauf pour les bons du trésor qui ont 3 échéances possibles (13 semaines, 26 semaines, 52 semaines -> qu’on appelle des bons à taux fixes précomptés (BTF)). Exemple : BTF = 150 000 euros, mais on les paye 150 000 euros moins intérêts et on sera remboursé de 150 000. - La rémunération est librement fixée par l’émetteur. - L’émetteur doit se faire noter par une agence de notation pour mesurer le risque de solvabilité des titres qui viennent d’être émis. Cette obligation de notation n’intervient pas si l’émetteur est le trésor public, si l’émetteur est la caisse de dépôt et consignation et si l’émetteur est un établissement de crédit de la zone euro. - Ces titres sont dématérialisés depuis janvier 1993. Une quatrième forme de TCN a été introduite en 1992 qu’on appelle les bons à moyen terme négociable et peuvent être émis soit par des sociétés non financière soit par des banques et la seule différence porte sur l’échéance c'està-dire que l’échéance minimale est de 1 an et 1 jour et pas de limite maximum. Ce marché des TCN est surtout utilisé par les établissements de crédit afin de se procurer des liquidités. 80% des émissions annuelles de TCN prennent la forme de certificats de dépôts. De plus les TCN ayant une valeur faciale très élevée (minimum 150 000 euro) sont très rarement achetés par des ménages et donc les ménages en achètent indirectement. En effet ils achètent des actions d’une SICAV monétaire qui elle peut acheter ces TCN ave l’épargne qu’elle a collectée. Actif Passif TCN = 5 milliards Actions émises par la SICAV et achetées par les ménages : 5 milliards Emissions nettes de TCN de 2005 à 2007 (milliards d’euros) 2005 2006 2007 Billet de trésorerie 15,70 15 4,70 Certificat de dépôt 77,5 140,7 14,7 Bon du trésor 3,4 -17 19 L’émetteur principal concerne les établissements de crédit car l’émission de certificat de dépôt permet aux établissements de crédit de trouver des crédits pour une échéance plus longue que les financements sur le marché interbancaire. On peut avoir des valeurs négatives (bon du trésor en 2006) signifie que l’agent concerné a plus remboursé de titres qui arrivaient à échéance qu’il n’en a émit de nouveaux. Les TCN ont une valeur nominale très forte (minimum 150 000 euros) donc les ménages peuvent difficilement en détenir directement. Les ménages les détiennent indirectement en achetant des actions de SICAV monétaire. Les SICAV (société d’investissement à capital variable) monétaire font partie des OPCVM (organismes de placement collectif en valeur mobilière) monétaires. Parmi ces OPCVM il y a les SICAV monétaires et les FCP (fond commun de placement) monétaires. Une SICAV est une société dotée de la personnalité juridique alors qu’un FCP n’est qu’une copropriété donc qui n’a pas la personnalité juridique. La SICAV émet des actions comme n’importe qu’elle SA lesquelles sont achetées par des épargnants. Bilan de la SICAV : Actif Passif Titres du marché monétaire (TCN) Actions émises : X millions - Certificat de dépôt La SICAV déroge aux règles de principe de droit commercial parce qu’elle peut augmenter ou diminuer son capital sans pour autant réunir des AG extraordinaires.