Chapitre 2 : Le financement par recours au crédit bancaire. Le pouvoir
monétaire des établissements de crédit
SECTION 1 : Le processus de création monétaire
§1 : La création monétaire dans le cas d’une banque unique
Dans cet univers abstrait lorsque la banque décide d’accorder un crédit à un
client, elle émet une dette sur elle-même qui prend la forme d’un dépôt à vue
(DAV) qui est par définition de la monnaie scripturale.
Client :
Actif
Passif
Compte chèque
bancaire : 1000
(DAV)
Prêt à
rembourser à la
banque : 1000
Banque :
Actif
Passif
Crédit accordé :
1000
Compte chèque
bancaire du
client : 1000
(DAV)
Dans cette opération la banque ne prête pas de la monnaie qui existait déjà. Elle
ne collecte pas de l’épargne préalable pour la prêter ensuite. La banque crée de
la monnaie qu’elle prête. La monnaie n’existait pas avant. L’agrégat monétaire va
donc augmenter de 1000.
Le dépôt à vue est la conséquence (non la cause) du crédit qui a été accordé par
la banque à son client. On dit que dans cette opération « les prêts font les
dépôts ». Par contre une institution financière non bancaire peut prêter de la
monnaie, la monnaie prêtée a été au préalable collectée auprès d’épargnants ; ici
les dépôts font les prêts.
Dans quels cas notre unique banque va-t-elle utiliser son pouvoir de création
monétaire ? Dans 3 types d’opérations :
- Lorsque la banque accorde des crédits aux agents économiques
(voir ci-dessus).
- Lorsque la banque achète des devises détenues par les agents économiques
Les agents économiques peuvent détenir des devises qu’ils peuvent transformer
en monnaie nationale.
Client :
Actif
Devise : -1000
Banque :
Actif
Achat de devises
pour 1000
- Lorsque la banque accorde des avances à l’état en achetant des titres émis
par le trésor public
Trésor Public :
Actif
Passif
CCB du Trésor :
1000
Obligations
émises : 1000
Banque :
Actif
Passif
Obligations du
trésor public :
1000
CCB du trésor
public (DAV) :
1000
De la même façon qu’il y a un processus de création monétaire il y a un
processus symétrique de destruction monétaire qui repose sur 3 opérations
symétriques :
- Il y a destruction monétaire lorsque l’établissement rembourse le crédit
- Lorsque l’agent économique achète des devises
- Lorsque le trésor public rembourse les titres qu’il a émis
Dans cette économie hypothétique le pouvoir de création monétaire de la
banque est infini, illimité puisque tous les agents économiques ont
nécessairement recours à la monnaie de la seule et unique banque. Ce qui signifie
que les opérations de règlement monétaire entre agents économiques prennent la
forme de virements internes à la banque. Il n’y a pas de fuite dans son système
monétaire parce qu’elle est la seule. A contrario, s’il existe plusieurs banques de
même s’il existe de la monnaie fiduciaire (donc une banque centrale) alors chaque
banque commerciale va connaître des fuites dans son système, fuites qui limitent
son pouvoir de création de la monnaie.
§2 : La création monétaire dans un système bancaire diversifié et hiérarchisé
Diversifié signifie qu’il y a plusieurs banques et hiérarchisé signifie qu’il y a une
banque d’un niveau supérieur (la banque centrale) car c’est la seule à pouvoir
créer une monnaie acceptée par tous les agents : la monnaie fiduciaire.
L’entreprise A demande un crédit de 10 000 € au crédit agricole (CA)
Entreprise A :
Actif
Passif
CCB du CA : + 10 000
CCCB au CA : - 10 000
Prêt à rembourser 10 000
Dette envers B : - 10 000
CA :
Actif
Passif
Prêt consenti à A = 10 000
CCB de A : + 10 000
Entreprise B :
Actif
Passif
Créance sur A : - 10 000
CCB à la BNP : + 10 000
BNP :
Actif
Passif
Créance sur le CA : 10 000
CCB de B : + 10 000
L’entreprise A a utilisé une partie de ce prêt pour acheter des marchandises à
B.
La BNP a désormais une créance sur le crédit agricole, elle n’a aucun intérêt à
conserver cette créance puisque les banques étant concurrentes, elles n’ont pas
à se faciliter leur métier or si la BNP conservait la créance sur le crédit agricole
elle faciliterait l’octroie de crédit par ce crédit agricole. En conséquence la BNP
va demander au crédit agricole de lui racheter la créance qu’elle détient sur lui
dans la seule monnaie admise par tous les agents économiques à savoir de la
monnaie fiduciaire. Cependant il faut tenir compte de l’activité d’octroie de
crédit par la BNP qui va conduire le crédit agricole à détenir lui-même des
créances sur la BNP. Donc ce qui fera l’objet d’une transaction ce ne sont pas les
créances brutes mais le solde net après compensation interbancaire.
Créance de la BNP sur le CA = + 10 000
Créance du CA sur la BNP = + 4300
Compensation interbanaire = créance de la BNP sur le CA = 10 000-
4300=5700
La créance nette après compensation interbancaire n’implique pas la circulation
physique de monnaie fiduciaire car chaque banque commerciale a obligatoirement
un compte ouvert auprès de la banque centrale. La monnaie qui va y circuler entre
banque commerciale va prendre la forme de virements dans les comptes au passif
du bilan de la banque centrale.
Banque centrale :
Actif
Passif
Compte de la BNP : + 5700
Compte du CA : - 5700
Compte de la société générale :
La monnaie qui intervient dans le mécanisme de compensation interbancaire est
tout à fait particulière puisqu’il s’agit d’une monnaie fiduciaire qui reste
dématérialisée. On parle soit de monnaie fiduciaire scripturale/dématérialisée ou
de monnaie centrale ou encore monnaie interbancaire. Une autre expression
consiste à dire que le solde créditeur d’une banque commerciale à la banque
centrale représente les réserves en monnaie fiduciaire de cette banque
commerciale. Et une banque commerciale doit détenir des réserves pour 6
raisons :
- Assurer la compensation interbancaire en cas de solde négatif envers les
autres établissements de crédit.
- Assurer la conversion par ses clients d’une partie de sa monnaie
scripturale en monnaie fiduciaire -> retraits de billets.
- Assurer les transactions de sa clientèle avec des agents économiques
ayant leur compte auprès de la banque centrale. Certain agents
économiques ont obligatoirement un compte ouvert à la banque de France,
ca concerne le trésor public et tous les comptables publics. Les
particuliers et les entreprises n’ont plus le droit d’avoir de comptes à la
banque de France.
- Participer à des achats de titres émis par le trésor public
- Pouvoir acheter des devises auprès de la banque centrale afin satisfaire
les besoins de sa clientèle en devises.
- Respecter le coefficient de réserve obligatoire dans le cas où un tel
coefficient a été mis en place par la banque centrale. C’est ce qu’on appelle
un instrument de politique monétaire.
On en conclut que les réserves en monnaie fiduciaire d’une banque commerciale
sont stratégiques car elles conditionnent l’activité de la banque. On comprend
alors l’enjeu pour les banques commerciales d’avoir accès à des sources stables
de monnaie fiduciaire. Il faut distinguer 2 grandes stratégies :
- Celle des banques de dépôt qui ont le droit de collecter des dépôts aussi
bien des dépôts à vue que des dépôts à terme. C’est le cas des banques
françaises.
- Celle des banques d’investissement (=banques d’affaires) qui elles, ne
collectent pas des dépôts où en tout cas de manière insuffisante et qui
pour se procurer de la monnaie fiduciaire doivent émettre des titres sur
les marchés financiers. Pour ces banques d’investissement l’accès à des
ressources en monnaie fiduciaire est beaucoup plus aléatoire car en temps
de crises elles auront plus de mal à émettre des titres et à les vendre.
Elles auront donc beaucoup plus de mal à avoir accès à des ressources.
le modèle de banque d’affaire est un modèle périmé pour quelque temps
vue la crise. Se transformer en banque de dépôt leur a permis d’avoir
accès à des ressources stables.
Dans le cas où une banque commerciale manque de monnaie fiduciaire elle peut
en trouver sur un marché spécifique (marché interbancaire) en s’adressant à
d’autres banques commerciales qui elles, ont un excès de réserve en monnaie
fiduciaire.
§3 : Les sources de la création monétaire : les contreparties de l’agrégat M3
L’agrégat de référence M3 et la banque de France et la BCE calculent les
contreparties de M3 qui sont une mesure des opérations monétaire et financière
qui ont donnés lieu à création monétaire pour une période donnée.
Il y a 2 catégories de M3 :
Les contreparties d’origine externe
Il s’agit des créances nettes détenues sur des non-résidents. C'est-à-dire que
les entrées nettes de capitaux étrangers provoquent une croissance de la masse
monétaire M3.
Exemple 1 :
Touriste Américain en France qui dépense 5000$
opération de change : il obtient 4000€
Touriste Français aux Etats-Unis : il dépense 2500$
opération de change préalable en France de 2000€
Donc M3 de la zone Euro : + 4000 2000 = + 2000
Exemple 2 :
Société française achète des actions d’une société britannique
Pour 10 000 livres <- (opération de change) <- 20 000 €
Société des E-U qui achète des actions d’une société française
Pour 50 000$ <- (opération de change) <- 45 000 €
Donc M3 zone Euro : - 20 000 + 45 000 = croissance de 25 000
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