Chapitre 0 : Introduction

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Chapitre 0 : Introduction
22/01/2007
Selon Daniel Noin, la géographie de la population « vise à décrire la population
terrestre dans toute sa diversité et à comprendre les relations entre les sociétés
humaines et l’espace ». Elle diffère ainsi peu de la géographie générale.
Mais elle diffère de la démographie, qui est une science qui « a pour objet l’étude
des populations envisagée principalement d’un point de vue quantitatif ». La
démographie est la science du nombre.
Le géographe de la population s’appuie sur les chiffres des démographes pour
expliquer les faits de population comme la mortalité, la natalité, la nuptialité, etc.
selon le lieu, le sexe, la catégorie socio-professionnelle, etc. Il met ces données en
lien avec des questions de société.
La démographie a une approche quantitative et la géographie de la population une
approche qualitative. La géographie de la population dispose ainsi d’un champ
d’investigation élargi, qui intègre l’histoire, la sociologie, l’ethnographie ou encore les
sciences politiques. Elle constitue ainsi une discipline de synthèse.
Ses sources sont entre autres le recensement. Il s’agit d’une « opération
administrative qui vise au dénombrement exhaustif d’une population à un moment
donné et de ses principales caractéristiques démographiques, économiques et
sociales ».
Le recensement a ainsi un caractère exhaustif et instantané.
L’ONU a recommandé un recensement de tous les pays du monde autour de l’an
2000. Pour certains pays, il s’agissait d’une première. Par exemple, il existe des
difficultés pour tenir les états-civils à jour dans les PED : un état-civil bien tenu est un
luxe de pays riche.
Ce fait signifie que les statistiques sont sujettes à caution. Il existe également des
risques de falsification des résultats par les autorités nationales. Là où le besoin de
connaître la population est le plus grand que les sources sont les moins fiables.
Dans les pays occidentaux, il y a un problème lié à l’impératif d’exhaustivité. En
France, on recense la population à 0,8% près, soit une incertitude concernant 500
000 personnes. Il s’agit d’un des meilleurs résultats en termes de recensement et
dénote une grande fiabilité dans ses résultats.
Aux USA, lors du dernier recensement, 8,5 millions de personnes y ont échappé,
soient 3% de la population. Celà concerne surtout les pauvres et les minorités.
Parfois, des personnes sont comptées 2 fois. (cf. résidences secondaires et
populations étudiantes).
Un autre problème : la périodicité. Il s’agit d’un processus lourd, long et coûteux. On
observe également une tendance à l’allongement des délais entre 2 recensements.
Pour pallier à ce problème, la France a décidé de changer de méthode en 2000. Elle
a adopté le recensement rénové, ou « recensement en continu ».
La méthode consiste à partager les communes en 2 groupes :
communes de moins de 10 000 habitants
communes de plus de 10 000 habitants.
Pour les communes de moins de 10 000 habitants, on distingue 5 groupes que l’on
recense tous les 5 ans.
Pour les communes de plus de 10 000 habitants, on procède par échantillonage.
8% de la population sera ainsi recensée chaque année. Au terme de 5 années, 40%
de la population sera recensée.
Cette nouvelle formule a été mise en application en 2004. Tous les ans, l’INSEE
pourra ainsi produire des chiffres actualisés.
S’agit-il encore d’un recensement dans la mesure où l’opération perd son caractère
exhaustif ? Il s’agit davantage d’une opération proche des méthodes de sondage,
basés sur des échantillonages.
Chapitre 1 : La population mondiale : état et dynamique
24/01/2007
I. Un peuplement de la planète très inégal
La population désigne l’ensemble des habitants d’un territoire défini par des limites
politiques et administratives.
Le peuplement est la manière dont un territoire est occupé. Il s’agit d’un jugement
qualitatif et relatif.
La densité est le rapport entre une population et une superficie donnée. Les densités
moyennes peuvent recouvrir des réalités très disparates.
A. Les grands traits de la répartition spatiale
Asie = plus de 60% de la population mondiale ;
Afrique = 14% de la population mondiale pour 22% des terres émergées.
Les Hommes s’accumulent sur une toute petite portion de la planète.
2/3 des Hommes vivent sur 10% des terres émergées ;
1/4 de la superficie de la planète accueille moins de 2% de la population.
90% de la population se situent dans l’hémisphère Nord. En règle générale, la
population mondiale se concentre sur les lattitudes tempérées et secondairement sur
les lattitudes tropicales.
2/3 de la population mondiale vit à moins de 50km des côtes.
On parle de dispositions littorales, ou périphériques.
Les 3 foyers les plus densément peuplés sont :
L’Asie de l’Est avec la Chine notamment ;
Le sous-continent indien ;
L’Europe.
Ces 3 foyers regroupent 60% de l’humanité. Ils sont caractérisés par l’étalement des
fortes densités. En Europe, les fortes densités restent cependant surtout urbaines.
Il existe des foyers secondaires avec des densités beaucoup plus discontinues :
Nord-Est des Etats-Unis, dans la région des Grands Lacs ;
Indonésie (île de Java) ;
Golfe de Guinée ;
Basse vallée du Nil et la région du croissant fertil ;
Sudeste brésilien (vers Saõ Paulo) ;
Caraïbes.
Il existe enfin des espaces très faiblement peuplés, à très faibles densités et avec
une très grande discontinuité du peuplement. Ces espaces représentent 1/3 des
terres émergées. Il s’agit de 3 types d’espace :
déserts blancs (10% des terres émergées) ;
déserts secs (1/70 de la population mondiale, 10% des terres émergées) ;
déserts verts (c’est-à-dire certains milieux tropicaux ou équatoriaux comme la forêt
amazonienne).
B. Les facteurs explicatifs
Il n’y a pas de déterminisme qui supposerait un lien direct entre le milieu physique et
le peuplement.
Les régions les moins peuplées subissent souvent des conditions climatiques
extrêmes et des contraintes du milieu physique mais pas au point d’une impossibilité
physique d’y vivre. La limitation de l’habitat est liée à la limitation des possibilités de
culture ou d’élevage.
Il s’agit de définir l’écoumène, c’est à dire l’espace qui se prête à la vie permanente
des Hommes.
On peut également considérer le rôle de l’Histoire parmi les facteurs explicatifs. Il faut
prendre en compte l’ancienneté du peuplement : en 1500, les 3 grandes
concentrations de population correspondaient déjà aux 3 grands foyers de
peuplement.
Il s’agit d’un processus accumulatif, sur longue durée. C’est un phénomène de
croissance par inertie. Plus un territoire est peuplé précocément, plus il a de chances
d’être densément peuplé.
Il s’agit également d’évaluer le niveau de développement économique et social, soit
constater la capacité inégale des Hommes à occuper un territoire. Par exemple, la
riziculture est "peuplante" dans le sens où elle exige une main d’oeuvre nombreuse
et permet de nourrir une population nombreuse.
C. Les notions de sous-peuplement et de surpeuplement
Il s’agit de notions indépendantes de la densité. Une forte densité de population ne
vaut pas un surpeuplement. Tout comme un surpeuplement n’est pas toujours lié à
une forte densité.
Par exemple, le Sahel connait un surpeuplement malgré de faibles densités, car ce
territoire ne parvient pas à fournir les ressources nécessaires pour subvenir. Le
Japon, malgré sa forte densité, ne peut être considéré comme surpeuplé car le pays
peut nourrir sa population.
Le surpeuplement et le sous-peuplement consistent en des problèmes d’équilibre
entre une population et ses ressources. Il s’agit de l’« excès ou de l’insuffisance de la
population dans un territoire donné par rapport à une situation économique et sociale
donnée ».
Il s’agit ainsi de notions relatives dans le temps et dans l’espace.
Le sous-peuplement désigne des sociétés qui ne peuvent pas fonctionner dans des
conditions optimales faute d’un peuplement suffisant.
29/01/2007
II. L’évolution de la population mondiale
En 2005, on a estimé la population mondiale à 6,5 milliards d’habitants.
En l’espace de 2 siècles, la population a été multiplié par 6,5. La population mondiale
était d’1 milliard d’habitants en 1800.
Cependant, le décollage démographique date de 2 siècles seulement. Cette
accélération brutale et rapide est le résultat de la transition démographique.
La transition démographique désigne le passage d’un équilibré démographique
cractérisé par une natalité et une mortalité élevées (soit, régime démographique
traditionnel), à un nouvel équilibre démographique caractérisé cette fois par une
natalité et une mortalité basses (régime moderne).
Quand le taux de natalité est supérieur au taux de mortalité, on parle
d’accroissement naturel.
Dans le régime traditionnel, cet accroissement est faible.
Dans le régime moderne, il est faible également.
L’accroissement naturel n’est élevé que dans le régime transitionnel.
(Le premier à avoir décris la transition démographique sous le terme de "révolution
démographique" est le français Adolphe Landry).
A. Le régime démographique traditionnel
Il a prévalu en Europe occidentale jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.
Il est caractérisé par la faible maîtrise de l’Homme sur la natalité et la mortalité.
Ces deux indicateurs sont élevés.
1. La mortalité
Au XVIIIe siècle en France, le taux de mortalité avoisine les 40, 45‰
C’est surtout la mortalité infantile qui est élevée avec un taux de 250 à 300‰.
1/4 des enfants meurent avant 1 an.
La moitié des enfants n’atteind pas 10 ans.
Ces données sont liées à des mauvaises conditions d’hygiène et à la faiblesse de la
médecine, mais aussi à certaines pratiques sociales, comme l’abandon des enfants
ou les mises en nourrice.
Le taux élevé de mortalité infantile fausse la moyenne de l’espérance de vie, qui
n’atteind que 25 ans en 1750 : ceux qui passaient l’âge de 10 ans connaissaient une
vie assez longue par la suite.
2. La natalité
Au XVIIIe siècle en France, le taux de natalité se situait également autour de 40 à
45‰, soient 6 à 8 enfants par femme.
Celà reste peu à l’égard de la fécondité naturelle des femmes, soient 12 enfants
environ.
Celà indique qu’il y avait des formes de limitation des naissances :
l’allaitement maternel était une forme de contraception naturelle ;
la pratique sociale du mariage tardif et un taux élevé de célibat définitif (15% des
hommes ne se mariaient pas) ;
plus marginalement des pratiques d’avortement ou d’infanticides.
Il y a également des phénomènes de prises de conscience collectives. Par exemple,
les hommes ont toujours limité leur descendance. On observe plus généralement
dans l’Histoire ce type de formes de régulation spontanée de la démographie par les
sociétés.
Il y avait également la trilogie querre/famine/épidémie qui provoquaient des pics de
mortalité et qui annihilaient les périodes de croissance démographique.
La démographie s’est ainsi maintenue équilibrée avec des taux de mortalité et de
natalité équivalents.
B. La transition démographique
Les courbes de natalité et de mortalité n’évoluent plus de la même façon : dans une
première phase, le taux de mortalité chute alors que le taux de natalité se maintient ;
celui-ci ne chute que dans une deuxième phase pour rejoindre le taux de mortalité.
Tout le processus de transition démographique tient dans ce décallage.
1. La mortalité
La mortalité baisse. Ceci s’explique en grande partie par les progrès médicaux et
sanitaires, à l’amélioration de l’hygiène publique et à une meilleure organisation des
villes (cf. réseaux de distribution de l’eau, l’assainissement, etc.).
Les progrès de la médecine sont de l’ordre de la stérilisation (Pasteur) ou de la
vaccination. Les grandes épidémies et pandémies disparaissent progressivement.
Les enfants sont les premiers bénéficiaires de ces progrès car la mortalité infantile
chute considérablement.
Les progrès agricoles liés à l’accroissement des rendements et la pratiques des
jachères et l’importation de plantes nouvelles praticipent à ce processus. La quantité
de denrées disponibles augmente et la nourriture contribue à augmenter l’espérance
de vie.
En 1800, l’espérance de vie est de 28 ans.
en 1900, l’espérance de vie est de 45 ans.
2. La natalité
Elle baisse avec un temps de retard.
On a longtemps accusé les théories de Malthus d’être à l’origine de la baisse de la
natalité.
Malthus était un pasteur qui a publié à la fin du XVIIIe siècle son Principe de la
population, théorie qui expriment le décalage entre la nature de la croissance de la
production agricole et l’évolution démographique.
La production agricole connaît une augmentation arithmétique.
La population connait une augmentation géométrique.
Il se creuse ainsi un écart entre la production agricole et la population, soit une
évolution en ciseaux.
Partant de ce constat, Malthus a préconisé une limitation des naissances (surtout
pour les pauvres...) et s’est appuyé sur la chasteté avant le mariage et la continence
pendant.
Une autre théorie, celle des « naissances de remplacement » consiste à expliciter le
lien entre natalité et mortalité.
Si l’on faisait beaucoup d’enfants dans le régime traditionnel, c’est que l’on savait
que beaucoup d’entre eux risquaient de mourrir tôt. L’idée était alors d’augmenter les
chances de voir ses enfants parvenir à l’âge adulte.
Avec la baisse de la mortalité, les couples auraient pris conscience qu’ils pouvaient
abaisser la natalité. Il s’agirait d’un ajustement naturel de la fécondité.
Cette théorie est valable mais à relativiser dans la mesure où l’on constate dans
certains PED des faits contraires. Ce facteur est bon dans une certaine mesure mais
n’est pas suffisant en soi pour expliquer la baisse de la natalité.
Un deuxième facteur est la modernisation de l’économie et les progrès de la société.
Il s’agit d’un processus lié au XIXe siècle et à la Révolution industrielle, à l’exode
rural et à l’urbanisation.
L’économie transforme en profondeur les conditions de vie et de travail, donc les
comportements et les mentalités, jusqu’aux rapports aux enfants et à la famille.
Quelques mesures sociales allongent la durée de la scolarité et réduisent de fait la
contribution des enfants aux ressources de la famille.
Les enfants deviennent ainsi une charge qui amène les couples à réduire la taille de
la famille.
Ceci correspond à la première révolution contraceptive, c’est-à-dire à la première
forme de limitation des naissances à grande échelle.
C. Le régime démographique moderne
On retrouve un état d’équilibre démographique et un affaiblissement de
l’accroissement naturel.
La mortalité et la natalité son relativement bien maîtrisées par l’Homme.
Toutes les populations connaissent ou ont connu une transition démographique. Il
s’agit d’un modèle universel qui supporte des particularités.
La France a connu par exemple un schéma "atypique" : la baisse de la natalité s’est
faite en même temps que la baisse de mortalité, vers 1790. Pour comparaison, les
pays européens n’ont connu leurs premières baisses de natalités qu’en 1880 pour la
Belgique, 1910 pour l’Allemagne et 1920 pour l’Italie.
La France a eu un mouvement de baisse de la natalité précoce alors que les
conditions sanitaires et économiques étaient comparables à celles des autres pays.
Ce mouvement est essentiellement lié à la Révolution de 1789, c’est-à-dire à une
évolution des mentalités et des pratiques sociales.
suppression du droit d’aînesse qui entraine une limitation des descendances des
propriétaires terriens par peur de morcellement du patrimoine ;
recul de la religion (lien étroit entre Eglie et natalité) ;
évolution du rapport homme/femme et de la place de la femme dans la société ; on
légalise le divorce ;
développement de l’individualisme et de l’esprit bourgeois influencés par les
Lumières.
La Révolution française a donc joué ici le rôle d’accélérateur.
Concrètement, la France ne va pas avoir d’accroissement démographiquement
conséquent, habituel dans les périodes de transition démographique.
C’est ce qui explique, qu’au cour du XIXe siècle, la France devient un pays
d’immigration au contraire des pays voisins européens. Si l’on extrapole, celà
explique pourquoi la France n’a pas participé au vaste mouvement européen
d’émigration vers les nouveaux mondes.
Chapitre 2 : La diversité des situations démographiques
29/01/2007 - suite
Les pays du monde sont à différents niveaux de la transition démographique.
Il existe 2 planètes démographiques :
les pays développés, en fin de transition ;
les PED, avec une natalité encore élevée.
I. L’après-transition des pays industrialisés
Depuis la moitié du XXe siècle, la transition démographique est achevée en Europe.
Le régime démographique moderne est également nommé "post-transitionnel" ou
encore désigné comme une "maturité démographique".
L’accroissement naturel est faible : 0,3%/an pour l’ensemble du monde développé.
Les contrastes existent :
Amérique du Nord : 0,6%/an ;
Union Européenne : 0,1%/an.
A. La mortalité
Le taux de mortalité pour l’ensemble du monde développé est de 10‰ et l’espérance
de vie de 76 ans.
Le recul de la mortalité continue surtout depuis la moitié du XXe siècle, grâce à des
nouveaux progrès de la médecine et des sciences.
On peut ajouter d’autres facteurs explicatifs :
amélioration générale des conditions de vie et d’activité ;
progrès sociaux et systèmes de solidarités ;
société sensibilisée à l’information et à la prévention.
Ces nouveaux éléments profitent davantage aux adultes qu’aux enfants : la mortalité
infantile ayant atteint des taux très bas pour l’ensemble du monde développé :
7‰ pour l’ensemble des pays développés ;
3,4‰ pour la France. On parle alors de seuils d’incompressibilité, c’est-à-dire
qu’on estime qu’on ne pourra plus vraiment faire baisser encore plus la mortalité
infantile.
La tendance générale correspond à la lutte contre le vieillissement. Actuellement,
l’espérance de vie en France est de 80 ans (pour 45 ans en 1900).
Les progrès médicaux sont considérables dans la lutte contre la mortalité. Les
démographes parlent de véritable « révolution silencieuse ».
De manière plus isolée en Russie et en Europe de l’Est, on observe des régressions
de l’espérance de vie.
05/02/2007
Le taux de mortalité y a doublé.
1964 : 64 ans ;
2006 : 59 ans ;
Quels sont les facteurs explicatifs ? On peut citer :
La détérioration des services de santé ;
La mauvaise alimentation ;
Les dégats causés par le tabac et l’alcool.
En France en 2006 :
Espérance de vie des hommes : 77 ans ;
Espérance de vie des femmes : 84 ans.
Même s’il se creuse, cet écart s’explique par un facteur biologique qui fait que
l’espérance de vie des femmes est naturellement plus élevée et par un facteur
comportemental et socio-culturel qui fait que les hommes ont davantage de
comportements à risques.
Il existe également des inégalités d’espérances de vie en fonction des catégories
socio-professionnelles.
B. La natalité et la fécondité
Le régime post-transitionnel est caractérisé par une natalité basse : 11‰ dans
l’ensemble des pays développés, soit également 1,7 enfants par femme : ce qui
signifie un non-renouvellement des générations.
Aux Etats-Unis : 2,1 enfants par femme.
En France : 2 enfants par femme.
On calcule l’indice de fécondité de 2006 sur les femmes de 15 à 49 ans qui ont eu
des enfants en 2006.
Même si les indices sont forcément conjoncturels, la France se porte plutôt bien par
rapport aux autres pays de l’OCDE. Ces derniers sont concernés par ce qu’on
appelle le baby bust, par opposition au baby boom.
Ces baisses de la natalité n’ont pas été prévues ni anticipées par les démographes.
Quels sont les facteurs explicatifs de ces baisses ?
1. Conjoncture sociale
Les enfants coûtent cher, ce qui est renforcé par des temps d’études qui s’allongent.
Les perspectives d’avenir paraissent obstruées, en lien avec le chômage et la crise
économique.
2. Les facteurs techniques
La fécondité volontaire s’est étendue avec la maîtrise voire la planification des
naissances. Des dispositifs législatifs ont été élaborés dans ce sens : Loi Neuwirt sur
la circulation des contraceptifs en 1968, Loi Veil sur l’IVG en 1975 et Pillule du
lendemain dans les lycées par Ségolène Royal.
On parle de "seconde révolution contraceptive" : la couverture contraceptive est
quasi-totale :
75% des femmes utilisent des contraceptifs ;
75% des couples utilisent le préservatif masculin.
Pour autant, il faut préciser que la contraception orale et l’avortement ne sont pas
responsables de la baisse de la natalité : on observe une baisse de la fécondité
avant la commercialisation de la pillule et la loi sur l’IVG.
3. La remise en cause du mariage et de la famille
La transformation de la famille est très liée à celle du statut des femmes dans la
société.
Celles-ci sont de plus en plus nombreuses à faire des études et à accéder à un
emploi, et ainsi à devenir autonomes.
Elles se marrient ainsi de plus en plus tard :
28,8 ans pour les femmes ;
30,9 ans pour les hommes.
Ainsi, plus on se marie tard, moins on a de chance de fonder une grande famille... et
plus on attend de se marier, moins on a de chance de franchir le pas.
En 2006, il y ’a eu 2 fois moins de mariages qu’en 1978 en France. Ce constat est le
même dans les autres pays développés.
Jusqu’aux années 1970, le modèle dominant est la famille nucléaire (tryptique pèremère-enfants), fondée sur des nécessités économiques : l’homme ramenait l’argent
au foyer et fournissait aux femmes une sécurité matérielle.
Depuis les années 1970, l’individu a pris sa place au coeur de la famille : il s’agit du
modèle de la famille relationnelle.
La vocation première du couple n’est plus la procréation mais l’épanouissement. Ce
modèle familial est ainsi un avatar de la société individuelle.
Parallèlement, le mariage a tendance à se désinstitutionnaliser, et avec lui la famille.
De nouvelles formes d’union comme le PaCS ou les unions libres concurrencent
voire se substituent au mariage.
2006 : 59% des naissances se font hors mariage ;
1975 : moins de 6% des naissances se font hors mariage.
La famille évolue : certaines familles deviennent monoparentales ou recomposées,
voire parfois homoparentales.
Cette évolution se fait parallèlement à une fragilisation des unions, liée à la fragilité
des liens affectifs et amoureux.
1975 : 12 divorces pour 100 mariages ;
2006 : 42 divorces pour 100 mariages.
3 fois plus de couples non-mariés se séparent que de couples mariés.
La durée de vie d’un mariage est de 4 ans en moyenne.
On divorce de plus en plus jeune. Le taux de divorce chez les personnes âgées a
aussi doublé.
Dans 3 cas sur 4, c’est la femme qui demande le divorce.
L’allongement de la durée de vie confère au mariage une obligation d’engagement
beaucoup plus longue qu’auparavant.
1 mariage sur 3 est un remariage pour au moins l’un des deux conjoints.
Ces rémises en cause du mariage infléchissent ainsi négativement la fécondité. On
observe aussi que les unions libres font moins d’enfants que les couples mariés.
Les séparations jouent également négativement sur la fécondité mais le phénomène
des remariages aboutit aussi à davantage d’enfants par personne.
4. Le travail des femmes
En 2006, plus de 80% des femmes de 25 à 49 occupaient un emploi.
Le recul de l’âge au premier emploi s’explique par l’allongement des études.
En 2006, la première maternité est à 29,7 ans ;
En 1975, elle était à 22 ans.
Ce recul a une incidence directe sur la fécondité.
Si l’on observe la courbe physiologique de la femme, l’on observe que les femmes
ont un potentiel de fécondité inférieur à 30 ans : le maximum se situe autour de 20 à
22 ans.
L’activité des femmes réduit également la taille de la famille.
Il y a quelques temps, quand une femme avait des enfants, elle pouvait arrêter
momentanément son activité professionnelle pour prendre le temps de les élever
puis elles retrouvaient un emploi par la suite.
Aujourd’hui, les femmes choisissent de ne pas s’arrêter de travailler pour élever leurs
enfants. Elles savent aussi que si elles arrêtent de travailler pour élever leurs
enfants, il leur sera beaucoup plus difficile de réintégrer par la suite le marché du
travail.
Il est aussi à noter que de plus en plus de pères participent à l’éducation de leurs
enfants.
On observe ainsi un resserrement de la famille autour d’1 ou 2 enfants. On parle de
familles réduites.
Toutes ces évolutions sont valables pour l’ensemble du monde industrialisé.
Souvent, la propagation des modèles familiaux et démographiques s’est faite à partir
des pays scandinaves.
Ces évolutions sont apparues dans les années 1975 en Suède ;
Dans les années 1980 en France et en Europe de l’Ouest ;
Dans les années 1990 en Europe du Sud et du pourtour méditerranéen ;
Dans les années 2000 en Europe centrale et orientale.
On assiste ainsi à une uniformisation des comportements démographiques. Ils
correspondent à un état de société et de développement, lié à l’individualisation des
relations sociales.
Cette culture de basse fécondité porte le nom de syndrome Dink (double income).
12/02/2007
II. Dans les PED, une croissance encore mal maîtrisée
Dans les années 1950, la transition démographique était terminée dans l’ensemble
des pays développés.
En revanche, dans le Tiers-Monde, la transition démographique ne démarre qu’au
milieu du XXe siècle.
La transition démographique y est ainsi plus tardive mais aussi d’une ampleur plus
importante. La baisse de la mortalité est très brutale et la natalité reste élevée.
L’écart entre les deux est très important dans la première phase de la transition
démographique. On parle d’explosion démographique du Tiers-Monde.
En 1950, les grandes puissances occidentales décident d’exporter le progrès
médical et sanitaire. Le transfert technologique opéré permet
une baisse sensible de la mortalité infantile ;
le recul spectaculaire des grandes endémies de facteur exogène.
Toutefois, les natalités restent stables.
A. La mortalité
Taux de mortalité : 9‰ : la population est plus jeune et se structure par âge.
Taux de mortalité infantile : 65‰.
Espérance de vie moyenne : 63 ans (40 ans en 1950).
La situation est très inégales selon les pays.
En Afrique, l’espérance de vie moyenne est de 55 ans et la mortalité infantile s’élève
à 90 ‰ (jusqu’à 150 ‰ en Afrique subsaharienne). De plus, 1 enfant sur 5 meurt
avant 5 ans.
Les causes de décès sont différentes selon les régions.
Dans les PED, ils relèvent de la tuberculose, de la malaria, du paludisme, de la fièvre
jaune, du SIDA, etc.
70 % des personnes porteuses du virus du SIDA vivent en Afrique subsaharienne
pour 10 % de la population mondiale.
30 % de la population de certains pays comme le Botswana sont atteints par le
virus.
Il s’agit d’une catastrophe sanitaire qui implique une déformation de la pyramide des
âges et qui a des répercutions sociales : déscolarisations, beaucoup d’orphelins,
moins de force de travail, etc.
B. Natalité et fécondité
Taux de natalité : 25 ‰.
Indice de fécondité : 3,5 enfants par femme (soit beaucoup moins que dans les
années 1970 où il était question de 6 enfants par femme).
Le niveau de fécondité africain est une exception car supérieur aux PVD :
le niveau de mortalité infantile y est élevé donc on pratique une politique de
remplacement des enfants décédés en donnant de nouvelles naissances ;
les gouvernements africains sont plutôt hostiles à une politique de limitation des
naissances (en 1984, le sommet de Kilimanjaro a convenu de mettre en route cette
politique mais peu de chemin parcouru) ;
10 % des femmes utilisent la contraception (cette moyenne tombe à moins de 5 %
dans certains pays) ;
culture de forte fécondité (normes sociales, nécessités économiques et valeurs
culturelles la justifient : les enfants constituent des ressources économiques car ils
participent aux travaux, constituent une assurance pour aider les parents si difficultés
et sont susceptibles d’émigrer pour accéder à une meilleure situation sociale).
le statut de l’homme se définit par rapport aux nombres d’enfants ; les femmes
n’ont pas la maîtrise de leur fécondité.
les conditions d’accouchement sont meilleures car moins de mortes en couche et
moins de morts-nés ; moins de maladies stérilisantes.
Les situations démographiques sont hétérogènes ; il existe trois types de situation :
Les pays au seuil de la seconde phase de transition entrent tout juste dans cette
seconde phase qui correspond à une baisse de la natalité : 5 à 6 enfants par femme
en moyenne. C’est encore une phase explosive avec une croissance de 3% par an.
Les pays concernés sont peu nombreux mais se situent pour l’essentiel en Afrique,
mais aussi au Yémen, en Arabie Saoudite et en Afghanistan.
Les pays au milieu de la transition sont à un niveau bien avancé de la second
phase : la croissance reste élevée (entre 2,5 et 3 %) malgré une baisse de la
fécondité, liées à une population jeune. Beaucoup de PED sont dans cette situation,
notamment en Amérique latine, au Maghreb, au Proche-Orient et dans beaucoup de
pays asiatiques comme l’Inde ou l’Indonésie.
Les pays en fin de transition pratiquent une politique de limitation des naissances
comme Taïwan ou la Chine. Ils sont peu nombreux. La fécondité se situe à moins de
2 enfants par femme. Leurs caractéristiques les rapprochent des pays développés.
L’espérance de vie y est de 75 ans, mais la différence tient à la jeunesse de leur
population et à une croissance démographique encore soutenue et une mortalité
infantile encore élevée.
III. Conclusion
La coupure entre les pays développés et les pays en voie de développement établie
dans les années 1960 n’est plus valable (par exemple pour la Chine, Cuba).
En 1960, tous les PVD connaissaient une homogénéité démographique. On parle
désormais d’émiettement démographique.
La transition démographique a démarré dans les pays d’Europe occidentale au début
du XVIIIe siècle mais elle n’est toujours pas achevée à l’échelle de la planète. Il s’agit
d’un processus long qui prendra au minimum 250 ans.
Elle est pratiquement achevée pour plus de 50 % de la population mondiale ; un peu
plus de 13 % ne sont pas encore entrés dans la seconde phase.
Il y a un freinage de croissance réel depuis 1970 mais il reste très relatif (en valeur
absolue, la population mondiale continue de croître). Le taux de croissance est de
1,2 % pour une population de 6,5 milliards, soient une progression de 75 millions
d’individus par an...
Dans les années 1970, le taux de croissance était de 2 % par an et le gain n’était
que de 50 millions d’invidus par an.
Il s’agit d’un phénomène d’inertie démographique.
Selonl’ONU, la population mondiale devrait se stabiliser vers 2050 à 8 à 9 milliards
d’habitants. Mais il ne s’agit que de prévisions.
Pour l’Afrique, on pronostique 2 milliards d’habitants en 2050 (pour 9 millions en
2006). Celà va ainsi accentuer la dérive démographique des continents. L’écart va se
creuse entre l’Afrique, les PED et le reste du monde.
98 % des gains de population se feront dans les PED ;
15 % seront dûs aux pays africains ;
1 enfant sur 2 verra le jour en Afrique...
Le XXIe siècle sera celui de la démographie africaine.
Chapitre 3 : Les politiques de population
12/02/2007 - suite
La politique démographique désigne l’ensemble des principes et des mesures qui
guident l’action des pouvoirs publics et qui visent à influer directement ou
indirectement sur la démographie.
Les politiques publiques peuvent se faire à l’initiative des gouvernements ou des
grands organismes comme l’ONU ou l’OMS.
Elles peuvent intervenir dans 3 domaines :
mortalité : grande opération de vaccination par exemple ;
migration : quand un gouvernement décide de contrôler l’immigration... ;
natalité : programme de limitation des naissances.
La définition est réductrice quand on parle de politique de population car on retient
toujours le champ de natalité et de la fécondité.
Il existe 2 grands comportements : nataliste et antinataliste :
les politiques natalistes militent en faveur d’une augmentation de la natalité pour
augmenter la population ;
les politiques antinatalistes, néomalthusiennes visent à la limitation des naissances
pour réduire la croissance de la population.
26/02/2007
I. Les politiques de population dans les pays développés
A. Pourquoi des politiques de population ?
La natalité baisse sauf aux Etats-Unis.
En Europe, il y a 1,45 enfant par femme. En 2050, l’Europe devrait perdre 10% de sa
population (soient 20 millions d’habitants). La Russie perd déjà environ 1 million
d’habitants chaque année.
Il y a un phénomène d’implosion démographique en Europe. La population diminue
et vieillit.
En France, la population a doublé en 200 ans.
Le vieillissement de la population révèle un double processus :
par le bas : baisse de la natalité et donc de la part des jeunes ;
par le haut : allongement de l’espérance de vie et augmentation de la part des
personnes âgées.
Depuis 50 ans, c’est l’augmentation de la part des personnnes âgées qui est
constaté.
Tous les pays développés sont touchés par le vieillissement de la population. On
parle de gérontocroissance.
En 2025, 1/3 de la population aura plus de 60 ans et 1/4 plus de 65 ans.
Le papyboom pose le problème du finacement des retraites aux vues de
l’augmentation de la part des retraités. Ils sont issus de la génération des
babyboomers.
La part des retraités augmente tandis que celui des actifs diminue.
B. Les moyens des politiques de population
Pour encourager les politiques natalistes :
Moyens financiers : aides financières. Plus la taille de la famille est importante,
plus le niveau de vie est important. Si l’on veut favoriser la natalité, alors il faut une
redistribution des revenus des couples sans enfants et avec enfants (redistribution
horizontale).
En France, l’allocation familiale est versée à partir de 2 enfants : la PAJE (prestation
accueil jeunes enfants) et l’APE (allocation parentale d’éducation. 1994), les
allocations (demi-SMIC) attribuées aux femmes qui arrêtent de travailler pendant 6
mois, 1 an, 2 ans, le quotient familial (calcul de l’impôt sur les revenus en fonction du
nombre d’enfants - allégé par nombre d’enfants/allourdi sans enfant).
Mesures sociales : crèches, garderies (en France, 17% y sont accueillis) ;
politiques étucatives (1/3 des enfants vont à l’école à 2 ans ; en Scandinavie la
crèche s’étend jusqu’à 6 ans et les repas sont gratuits pour les enfants le midi) ;
politiques de santé (vaccins gratuits...).
On parle de politique plus de politique familiale que politique nataliste. La politique
familiale insiste plus que l’amélioration du niveau de vie que sur l’augmentation de la
natalité. La politique nataliste consiste en un ensemble de mesures destinées à
influer sur la formation et la taille des familles.
C. Les limites des politiques familiales
L’intervention des pouvoirs publics peut-elle avoir des impacts sur les
comportements privés et intimes ?
A l’échelle des politiques communes, on voudrait des politiques familiales
communes. Mais les pays de l’Union Européenne ont des réactions différentes. On
distingue 3 groupes :
l’Europe du Sud et de l’Est qui ne connaît pas de politique démographique ;
le Royaume-Uni et l’Allemagne qui connaît des inquiétudes mais où les
gouvernements rechignent à intervenir ;
la France et la Scandinavie qui sont des modèles en matière de politique familiale.
1. En Europe du Sud et Europe de l’Est
a. Les PECO
La politique communiste a été généreuse envers les familles dans un but
démographique et surtout social : logique de redistribution horizontale.
Cette politique a été démantelée à la fin du communisme pour des raisons
économiques et financières.
Cette donnée est essentielle pour comprendre en partie l’effondrement de la natalité.
b. Europe du Sud
Les pays du sud européen connaissent des pratiques très différentes :
Aucune mesure pour aider les familles (allocations dérisoires, abscence de crèche
et de garderie).
Pouvoirs publics réticents pour intervenir dans ce domaine (même si niveau de
fécondité très bas).
Encore en mémoire le mouvement d’émigration des années 1970 vers la France,
l’Allemagne car trop plein démographique. Cette période historique est ressentie
encore comme un moment douloureux.
La faible fécondité est dans ce contexte ressentie comme un soulagement...
Les politiques natalistes de Mussolini et de Franco ont également marqué
négativement les esprits.
En Italie, le modèle familial est encore marqué par les éléments suivants :
Les femmes sont traditionnellement au service de la famille.
Les hommes ne consacrent qu’une heure par semaine pour les tâche domestiques
et l’éducation des enfants (pour comparaison : 2h en Espagne, 14h en France, 10h
en Allemagne).
2. Le Royaume-Uni et l’Allemagne : des pays atypiques
Le discours politique est favorable à la famille mais ne se traduit pas dans la
pratique.
a. Le Royaume-Uni
La politique d’aide aux familles est relativement généreuse mais concerne
uniquement les plus pauvres.
Il n’y a pas de réelle politique familiale car le principe retenu ne concerne pas
l’ensemble de la société sans distinction de revenus. Ces politiques sont plutôt
d’ordre social car elles interviennent auprès des populations les plus défavorisées.
Les aides financières sont versée pour les bas revenus.
La redistribution est ainsi verticale et non horizontale : pour les britaniques, l’Etat n’a
pas vocation à intervenir dans la vie privée des gens (« privacy »).
b. L’Allemagne
Elle manque d’équipements pour la petite enfance (les crèches concernent 3% des
enfants, elles sont hors de prix et avec des horaires incompatibles : elles ferment à
13h tandis que l’école ferme à l’heure du déjeuner).
Les aides financières sont assez importantes mais sont réservées aux femmes qui
restent à la maison.
Il s’agit d’un trait culturel allemand :les 3K : Kinder, Kircher, Kuchen.
Cette pratique politique est entretenue par le CDU conservateur.
Les chrétiens démocrates et une large partie de la population allemande estiment
que la place des femmes est à la maison ; si une femme travaille, c’est une mauvaise
mère.
1 femme sur 3 n’a pas d’enfant.
Plus de 50% des femmes diplômées du supérieur n’ont pas d’enfant.
Depuis 2, 3ans : on constate une évolution des mentalités. Angela Merkel n’a pas
d’enfant par exemple.
Le temps scolaire a été augmenté et des crèches sont construites.
3. La France et les pays Scandinaves
Ces Etats connaissent des politiques familiales très affirmées.
Les Pays scandinaves : tout est fait pour venir en aide aux familles
Ces aides peuvent être financières, tout comme relever des infrastructures (90% des
enfants sont accueillis dans des crèches avec des tarifs bas) ou de mesures sociales
(travail à temps partiel, 60 jour de congés par an par parent pour s’occuper des
enfants malades, congé parental : 1 parent arrêté pendant 15 mois avec 90% de son
salaire).
Cette politique coûte très cher aux pouvoirs publics.
Il s’agit d’un système récent (années 1980).
A l’époque, la démographie se portait mal.
Il s’agit d’un système efficace car la fécondité a réaugmenté dans les années 1990 :
2.1 puis 1.8.
b. La France
3% du PIB est consacré à la politique familiale (Scandinavie : 3.7%, Sud de l’Europe
:0.3%).
Le renouvellement des générations et le financement du système des retraites est au
cœur de l’actualité.
L’indice de fécondité est d’1,9 enfants par femme, soit un indice élevé. La fécondité a
commencé à baisser dès la fin du XVIIIe siècle. Depuis, la France est obsédée par
cette baisse : peur de manquer de population, de main d’oeuvre ou de soldats.
La politique familiale de la France s’est étoffée au cours du temps :
1939 : système d’aide aux familles.
1994 : allocation parentale d’éducation (congé parental).
Il s’agit d’un système complexe et très important.
La politique familiale française est surtout axée sur les aides financières (3/4 des
dépenses en faveur des familles).(Scandinavie : plutôt sociale : aide financière 30%).
En France, la politique familiale est très ancienne (années 1950) et s’appuie sur un
modèle de famille dominant avec l’homme au travail et la femme au foyer.
Dans ce contexte, les prestations financières étaient équivalentes à un salaire entier
pour une famille avec 2 enfants : celà compensait le fait que la femme ne travaillait
pas.
Mais aujourd’hui, plus de 50% des femmes travaillent. Se pose alors le problème des
horaires aménagées, de la place dans les crèches...
La politique familale française parait ainsi obsolète, dépassée.
Celle-ci est axée sur les femmes ; on ne parle pas beaucoup des hommes (à part
pour le congé de paternité de 14 jours après la naissancede l’enfant).
Le congé parental est souvent choisi par les femmes faute de mieux, car souvent
aucune possibilité de faire garder les enfants.
Ainsi, le congé parental détourne massivement les femmes du marché du travail.
Il s’agit d’un véritable problème de régression sociale.
12/03/2007
4. Conclusion
Les situations sont très hétérogènes entre les différents pays (pour des raisons
d’usages politiques, des facteurs historiques, des états des mentalités).
Cependant, tous les pays européens ont évolué dans le sens de la reconnaissance
de l’importance de mener des politiques de population.
La priorité est ainsi axée sur la mise en place de réelles politiques familiales.
Les enjeux sont de taille. On évoque souvent le problème du financement des
retraites : en 2008 en France, 45% des foyers auront plus de 60 ans.
Cette donne démographique conduit à une politique vieillesse plus importante.
Le vieillissement de la population entraîne une baisse de la fécondité.
La référence demeure les pays scandinaves avec l’idée d’offrir aux couples la
possibilité d’horaires aménagés et le constat d’une relation positive entre le travail
des femmes et la fécondité. Quand les femmes travaillent, elles font plus d’enfants.
Il faut donc donner aux femmes la possibilité de travailler.
II. Les politiques de population dans les PED
A. Pourquoi des politiques de population
Le problème commence à se poser dans les années 1950 avec l’effondrement de la
mortalité et le maintien d’une forte natalité (explosion démographique).
La transition démographique ne se fait pas, contrairement aux pays industrialisés,
dans le cadre d’une modernisation de l’économie.
Le niveau de développement n’évolue pas de la même façon qu’évolue la population.
La solution est alors de limiter les naissances par l’instauration d’une politique de
population.
Celle-ci s’inspire par la pratique des pays industrialisés. On peut y voir des tentations
hégémoniques de leur part mais également un intéressement lié à des gains
financiers énormes.
Il y’a un intérêt par exemple de la part de l’industrie pharmaceutique pour développer
le marché de la contraception.
En 1965 a lieu la Conférence de Belgrade organisée par l’ONU.
Les grandes puissances proposent leur aide en matière de politique de population
mais les PVD ne se sentent pas interpellés.
Il s’y décide la création du FNUAP (Fond des Nations Unies pour la limitation des
naissances) et la tenue d’une conférence tous les 10 ans.
La conférence de Bucarest de 1970 révèle quelques tensions. Les pays industriels
veulent faire passer l’idée que la hausse démographique des PED empêche le
développement du Tiers Monde.
Ils sont les partisans de l’interventionisme démographique inspiré par Malthus.
Pour les PVD, le sous développement est la cause du problème démographique.
Pour eux, seule une forte croissance économique permettra une baisse naturelle de
la fécondité, comme celà a été observé dans les pays industrialisés.
Ils sont les partisans du laisser-faire : « La meilleure pillule, c’est le développement »
(slogan d’Alger).
En 1984 se tient la conférence de Mexico durant laquelle les Etats-Unis évoluent sur
leur position et pronent le non-interventionisme.
Il se fait le constat que le programme de limitation des naissances n’a pas eu les
effets escomptés.
L’évolution de la position américaine s’explique par la pression de lobbies antiavortement qui ordonnent leur gouvernement de se retirer du FNUAP.
Lors de la conférence du Caire de 1994, est signé un accord unilatéral sur la
nécessité de limiter les naissances (la seule opposition est venue des pays
musulmans).
Ce compromis a fait passer l’idée que le problème était réglé et qu’il ne fallait dès
lors plus convoquer de nouvelle conférence.
B. Les Moyens
1. Les Moyens psychologiques
Des campagnes d’information sont mises en place à travers notamment les centres
du plannig familial où les personnels de santé informent la population sur la natalité...
En Asie, on met l’accent surtout sur la dissuasion psychologique.
Le « Club des mères » qui regroupe une dizaine de mères de famille fait la promotion
de la contracption.
Au Bangladesh, le message est relayé par une série télévisée qui a beaucoup de
succès depuis 15 ans et qui racontre l’histoire et les péripéties d’une jeune femme
traversant le pays pour promouvoir la limitation des naissances.
2. Les Moyens techniques
L’avortement est largement pratiquée en Asie mais très peu en Amérique Latine
(longtemps illégal et freiné par le poids de la culture et de la religion) et en Afrique.
La contraception orale est plutôt utilisée en Afrique (surtout en Egypte) mai peu
utilisée en Afrique noire et en Asie (l’utilisation compliquée de la pilule nécessite un
certain niveau d’instruction et un minimum d’information).
La stérilisation est très utilisée en Asie (2/3 des couples) et en Amérique Latine (36%
et jusqu’à 60% au Mexique).
En Amérique latine, la contraception est surtout féminine (facteurs culturels,
machisme).
En Asie, elle est surtout masculine.
La stérilisation, le stérilet et la pilule sont les techniques les moins répandus dans les
PVD.
3.Les mesures sociales
Le mariage précoce des fille joue un rôle déterminant pour la fécondité.
L’âge du mariage se retarde par des mesures qui reculent l’âge légal.
La plupart des pays ont pris des mesures allant dans ce sens.
Mais les lois sont peu respectées (au Bangladesh et au Pakistan, plus de la moitié
des filles mariées le sont avant 15 ans alors qu’âge légal est porté à 18 ans). On
peut voir là un solide ancrage des pratiques traditionnelles.
Allonger la durée de la scolarisation obligatoire joue également un rôle dissuasif
efficace.
La polygamie est très souvent limitée voire interdite.
De manière générale, toutes les mesures en faveur de l’émancipation des femmes
sont bonnes pour réduire la fécondité (interdire le port du voile est exemple de
mesure émancipatrice).
4. Les moyens financiers
Ils consistent souvent en la suppresion des allocations familiale à partir d’un certain
nombre d’enfants (exemple en Iran, à partir du quatrième enfant).
C. Les exemples de la Chine et de l’Inde
1. L’Inde
En 1965, le gouvernement indien décide de limiter les naissances.
Il met d’abord l’accent sur l’information par le biais du planning familial.
Il s’agit d’efforts pour sensibiliser la population à la limitation des naissances. Ceux-ci
sont importants dans la mesure où l’Inde est un pays très grand et peu développé à
cette époque.
Cette politique ne porte pas ses fruits.
Le gouvernement lance alors une campagne de stérilisation.
Il incite les hommes à se faire stériliser en échange de bien matériels (des postes de
radios...).
Cette politique, qui repose sur le volontariat n’apporte que peu de résultats.
Face à l’état d’urgence, le gouvernement impose une stérilisation obligatoire pr
tous les hommes qui ont au moins trois enfants.
L’armée est réquisitonnée et des rafles sont alors organisées.
Des opérations à la chaine se mettent en place : 1 stérilisation toutes les 10 minutes.
Les médecins sont payés au rendement.
Une insurrection en 1977 pousse la Premier Ministre Indhira Ghandi à la démission.
L’Inde est encore en plein dans sa transition démographique.
En 2050 sa population devrait augmenter de 50% (soit plus de 500 millions
d’habitants).
En 2030, il s’agira du pays le plus peuplé du monde, devant la Chine.
En 30 ans pourtant, la fécondité a réduit de moitié : on arrive à 3,1 enfants par
femme (reste énorme compte tenu de la population indienne et du nombre de
jeunes).
2. La Chine
A partir du début des années 1970, la politique de limitation des naissance démarre.
La campagne de 1971 repose sur 3 grands principes :
Wan(tard),
Xi(peu),
Shao(espacé).
C’est-à-dire :
Retardement du mariage et espacement des naissances.
Moyens psychologiques (slogans percutants), contraintes sociales (examens
gynécologiques réguliers, surveillance sociale pour veiller à la chasteté avant
mariage, affiche du calendrier menstruels des ouvrières dans les usines, restriction
de l’intimité).
Les résultats restent insuffisants (alors que de 1970 à 1980, la fécondité est divisée
par 2).
La campagne de 1979 impose le principe d’un enfant par couple.
Les couples respectant ce principe se voient accordés des avantages :
retraites majorées,
priorité dans la recherche d’emploi..
Les couples contrevenant à ce principe se voient sanctionnés :
retrait du permis de conduite,
coupures de l’électricité...
Pourtant, les résutats sont jugés encore insuffisants. Celà est lié probablement à
« l’inertie de la population » (population jeune et ainsi beaucoup de parents
potentiels).
La campagne de 1982 correspond à une vague d’avortements, à la stérilisation
forcée des femmes après leur premier enfant.
Face aux réactions de la population, le gouvernement chinois fait pourtant marche
arrière.
La politique de l’enfant unique est assouplie :
dans les campagne, on autorise un deuxième enfant si le premier est une fille ;
en ville, les restrictions sont maintenues.
On constate ainsi une certaine "humanisation" de la politique de limitation des
naissances.
Pourtant, la liberté des couples reste très encadrée. Ces derniers doivent par
exemple s’inscrire sur une liste d’attente s’ils veulent avoir un enfant.
Ainsi, la fécondité s’est effondrée :
1970 : 6 enfants par femme ;
2000 : moins de 2 enfants par femme.
Ce résultat a été obtenu sous un délai record (à titre de comparaison, la France a
mis 150 ans pour achever sa transition).
La Chine a ainsi évité 400 millions de naissances grâce aux mesures politiques.
On estime à 2030 une baisse de la croissance démographique.
Aussi, le renouvellement de la population n’est plus assuré mais celle-ci augmente
toujours par inertie.
Aujourd’hui, la Chine annonce un indice de fécondité de 1,8 enfants par femme.
Il ne faut cependant pas sous-estimer le nombre de naissances illégales.
19/03/2007
D. Bilan
Quelles sont les portées et les limites des politiques de population dans les PVD ?
Une politique de limitation des naissances peut avoir des résultats...
Pourtant, ce genre de politique est souvent autoritaire, coercitif et assujettissant...
Cela pose un problème éthique car il y a atteinte aux libertés individuelles.
En Chine comme en Inde, les populations ne se sont jamais remises des campagnes
de stérilisation forcée.
Les jeunes Chinois supportent de moins en moins l’intervention de l’Etat dans la
sphère privée.
Des enfants naissent dans la clandestinité ("enfants noirs") : en théorie, ces enfants
n’ont aucun droit et sont relégués au gros du travail clandestin.
Il y a entre 8 et 9 millions de naissances illégales en Chine chaque année...
Il existe également de nombreuses pratiques d’infanticide et d’abandon d’enfants : ce
sont surtout les filles qui en sont victimes.
Ceci s’explique par la tradition patrilinéaire de la Chine qui désigne le garçon comme
l’héritier. C’est aussi dû au fait que les garçons sont mieux à même de prendre en
charge des parents confrontés à la vieillesse et à la maladie. Les filles représentent
de plus une charge, liée au financement de la dot lors du mariage.
L’échographie pratiquée à grande échelle (interdite pourtant à seule fin de connaître
le sexe de l’enfant) permet de détecter si l’enfant sera un garçon ou une fille. Si c’est
une fille, l’avortement "sélectif" est alors souvent pratiqué.
Désormais, le sexe-ratio en Chine est de 122 hommes pour 100 femmes, voire 130 à
149 dans certaines provinces.
La normalité est de 105 hommes pour 100 femmes.
Ceci pose un problème sur le plan démographique et social : des générations ne
trouveront pas de femmes avec qui se marier...
Aussi, depuis quelques temps les autorités cherchent à inverser le mouvement.
En Chine et en Indre, le problème du vieillissement par la base de la population se
fait en accéléré.
D’ici 2050, un tiers de la population aura plus de 65 ans... (10% en 2006).
C’est le problème du "4-2-1" : chaque enfant aura potentiellement à sa charge 2
parents et 4 grands parents.
Il se posera également à court terme des effets négatifs sur le développement
économique...
Si l’Inde et la Chine ont longtemps constitué des modèles de développement pour les
PVD, on est désormais conscients des limites et des dérives de ces politiques.
On constate également une efficacité relative de ces politiques si l’on compare les
démographies chinoises et indiennes avec d’autres démographies asiatiques...
On constate par exemple que l’Indonésie a su mener une politique de limitation des
naissances beaucoup plus efficace. L’axe qui a été privilégié a porté sur l’éducation
des filles, entraînant le retardement de l’âge du mariage et une valorisation du statut
social des femmes.
Les politiques autoritaires sont ainsi loin d’être efficaces. Les politiques sociales qui
misent sur l’instruction des filles réussissent car elles aboutissent à une prise en
charge par les femmes de leur fécondité. Il y a ainsi un glissement d’une attitude
fataliste à une attitude volontariste.
De plus, s’il y a eu effectivement une limitation des naissances réelle en Chine, c’est
sans doute davantage lié à l’instruction des filles qu’aux mesures coercitives.
Si la politique indienne est un échec, c’est que l’Inde est un pays peuplé
d’analphabètes. 60 % des femmes n’y savent ni lire ni écrire.
Chapitre 4 : La mobilité spatiale des populations
19/03/2007 - suite
D’un point de vue géographique, la mobilité est le phénomène le plus intéressant car
il s’inscrit le plus dans l’espace.
La mobilité concerne tous les déplacements de la population à la surface du globe.
En fait partie la mobilité internationale, dont les migrations internationales, qui
désignent un déplacement de longue durée (1 an minimum) et qui s’accompagne du
franchissement d’une frontière et qui entraîne un changement durable voire définitif
du lieu de résidence.
Le tourisme n’est pas concerné par les migrations internationales.
Selon l’ONU, il y a 200 millions de migrants internationaux à travers le monde.
Il s’agit donc d’un phénomène important mais relativement faible car il ne concerne
que 3 % de la population mondiale.
C’est un phénomène surtout visible, et auquel l’opinion publique est plus sensible.
Les migrations sont de manière générale très chargées symboliquement,
idéologiquement et affectivement.
On lui adjoint également des confrontations culturelles.
Il s’agit d’un phénomène ancien et inhérent au fonctionnement normal des sociétés.
Ceci dit, le phénomène s’est amplifié ces dernières décénies.
Cette amplification est liée à l’augmentation de la population mondiale en valeur
absolue et à l’amélioration des transports.
Aussi, les types de migration se sont diversifiés :
immigration de travail ;
regroupement familial ;
demandeurs d’asile ;
travailleurs qualifiés ;
éco-réfugiés ;
etc.
En général, ce sont des circonstances dramatiques qui déclenchent le départ : on
migre rarement de gaieté de coeur. Il s’agit souvent d’un traumatisme accompagné
de multiples ruptures.
La migration est avant tout un phénomène individuel : derrières les flux migratoires, il
y a surtout l’addition de décisions personnelles.
Aussi, la perception de la migration sera très différente selon si elle individuelle ou
collective.
A l’heure de la mondialisation, le paradoxe est important :
souhait de plus en plus important de migrer ;
de plus en plus d’Etats s’évertuent à rétablir des contraites à l’immigration.
Les souhaits des migrants ne correspondent pas en général aux volontés des
dirigeants politiques.
La barrière qu’entrainent certaines politiques migratoires fait se développer
l’immigration clandestine : celle-ci représente 10 % des migrations internationales.
I. La mondialisation des migrations
A. Historique
Jusqu’au milieu du XXe siècle, le système migratoire mondial est dominé par deux
grands ensembles de flux :
entre l’Europe et l’Amérique ;
entre pays asiatiques.
Entre l’Europe et l’Amérique, il s’agit des grandes migrations transocéaniques qui ont
commencé dès le XVe siècle et se sont amplifiées au XIXe siècle en relation avec les
progrès de la navigation et l’apparation des grandes lignes régulières
transatlantiques. Entre 1850 et 1914, ce sont plus de 60 millions d’Européens qui ont
quitté l’Europe, soient 1 million chaque année. L’Europe est alors un continent en
crise et en pleine transition démographique. Malgré l’émigration, la population
européenne est passée de 180 à 420 millions d’habitants.
Toute l’Europe - sauf la France - est surpeuplée au XIXe siècle. Certains pays sont
particulièrement touchés par l’émigration. C’est le cas de l’Irlande qui perd les 2/3 de
sa population en 2 ans (soient 1 million d’Irlandais).
Ces populations émigrent en général vers les Etats-Unis, ailleurs sur le continent
américain, vers l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou l’Afrique du Sud.
Ces flux de migrants atteignent leur apogée en 1900. 1913 est l’année du record des
personnes au départ : 1 400 000 Européens quittent ainsi le continent.
Puis, les deux guerres mondiales et la crise économique de l’entre-deux-guerre
freinent les flux migratoires. De leur côté, les Etats-Unis limitent également
l’immigration.
En 1945, les flux ne reprennent pas : l’Europe a achevé sa transition
démographique. La période est également marquée par la prospérité économique.
L’Europe devient ainsi une terre d’immigration. Les flux Est-Ouest sont supplantés
par les flux Sud-Nord.
B. Le système migratoire actuel
Il existe 4 grands foyers de départ :
l’Amérique centrale, les Caraïbes et quelques pays latino-américains dont la zone
d’immigration est les Etats-Unis ;
le sud et l’est de la Méditerrannée dont la zone d’immigration est l’Europe ;
l’Europe centrale et orientale (espace relativement récent lié à la chute du
communisme), vers l’Europe occidentale ;
l’Asie où les migrations sont souvent interasiatiques ; les migrations internationales
y entretiennent une culture de diaspora.
Les espaces d’immigration :
l’Amérique du Nord : 23 % des migrants internationaux ;
l’Europe : 32 % ;
l’Australie et la Nouvelle-Zélande ;
les pays pétroliers du Moyen-Orient (phénomène récent lié à l’exploitation du
pétrole ; les migrants représentent par exemple 85 % de la population du Qatar et 89
% de celle des Emirats arabes unis ;
le Japon et les NPAI où l’immigration est souvent issue des autres pays asiatiques.
C. Les causes des migrations
1. La démographie
Il existe un brouillage des schémas migratoires, c’est-à-dire beaucoup de pays
deviennent à la fois des espaces d’immigration et d’émigration.
Il émerge des pays de transit. C’est le cas du Mexique (aux marges des Etats-Unis),
du Maroc (vers l’Europe) ou de la Lybie.
La première cause des migrations est la démographie. Les pays en pleine transition
démographique constituent ainsi un réservoir important de migrants. Les zones
d’appel sont quant à eux des pays qui ont achevé leur transition démographique et
qui connaissent à la fois une faible croissance économique et une populations
vieillissante, avec de bonnes conditions de vie.
C’est ce qu’on appelle un mécanisme de "push and pull" : combinaison de facteurs
qui poussent à l’émigration et qui attirent l’immigration. Il s’agit du principal moteur de
la mécanique migratoire.
Les dynamiques migratoires reflètent avant tout les grands déséquilibres
planétaires : 2/3 des migrants sont issus des pays pauvres...
02/04/2007
2. La mondialisation
L’occident est souvent idéalisé par les habitants des pays du Tiers monde ; la
tentation d’y venir est grande. Il persiste une idée d’El dorado.
3. l’instabilité politique
Les réfugiés, c’est-à-dire toutes les populations qui échappent à des conflits dans
leurs pays représentent un flux qui équivaut à 10 à 15 % des migrations
internationales, soient 25 millions de personnes.
Le nombre de réfugiés n’a cessé d’augmenter : dans les années 1970, ils n’étaient
que 2,5 milions.
Les réfugiés sont majoritairement issus de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique, où la
situation est la plus préoccupante.
Les migrations sont souvent régionales : elles concernent dans la plupart des cas les
pays limitrophes, qui deviennent alors des pays d’accueil. Ces pays sont pourtant la
plupart du temps des pays pauvres.
Ces régions sont les terrains d’intervention d’un grand nombre d’ONG humanitaires.
Le Malawi, par exemple est le pays le plus pauvre au monde et il accueille plus d’un
millions de réfugiés. Celà est mal vécu par les populations locales.
II. L’immigration aux Etats-Unis
Les Etats-Unis sont le pays qui accueille le plus d’immigrés au monde :
1 milion par an sont légaux.
1 autre million sont clandestins.
34 millions d’étrangers vivaient aux Etats-Unis en 2005
12% de la population est né a l’étranger.
10 millions seraient en situation irrégulières.
L’accueil est soumis à des conditions de plus en plus strictes ; la demande étant de
plus en plus forte.
A. Une Grande vague d’immigration
La vague d’immigration de peuplement des USA a eu lieu de 1820 à 1920,
principalement de pays européens.
de 1820 à 1880 : c’est la « vieille immigration » d’Europe du Nord et d’Ouest,
représentant 10 millions de personnes.
de 1880 à 1920 : c’est la « nouvelle immigration » d’Europe du Sud et d’Est,
représentant 24 millions de personnes.
Le point culminant de l’arrivée d’immigrants se situe à la veille de la première guerre
mondiale : 1,3 millions d’immigrants en 1914.
Les étrangers représentent alors 15% de la population américaine. Il n’y a eu aucune
opposition à l’entrée d’immigrants, hormis le Chineseact en 1882, limitant
l’immigration asiatique.
Le principe du Push and Pull s’applique ici. Les migrants sont partis à cause de la
rudesse de la vie en Europe et de l’attractivité des Etats-Unis en plein
développement.
B. De 1921 à 1965 : la politique des quotas
Les Etats-Unis ont mis en place un système de quotas par pays,en se basant sur
l’origine des personnes qui vivent déjà aux USA.
1921 : loi Harding : « Chaque pays aura droit à un contingent d’immigrés, soient
3% de ses nationaux déjà établis aux USA en 1910. »
1924 : loi reed Johnson : le quotas passe à 2% et l’année de référence passe a
1890.
L’objectif est de diminuer le niveau d’immigrants ; le nombre varie de 150 000
entrées par an à moins de 100 000 (voir tableau).
C’est une façon de sélectionner en fonction de la nationalité. La loi de 1924 donne
l’avantage aux communautés les plus anciennes d’Europe du Nord et de l’Ouest. Les
immigrés de ces parties de l’Europe sont considérés comme plus éduqués et ayant
un potentiel d’intégration plus élevé ; contrairement aux Européens de l’Est, souvent
analphabètes, sans métiers ni qualifications.
Les flux remontent après la Seconde Guerre Mondiale mais restent loin des 1,3
millions.
C. De 1965 à nos jours
1965 : loi « nationality immigration act » ou loi des frères et sœurs : suppression
du système des quotas mais sélection sur la qualification (on sélectionne les
individus susceptibles d’être utiles à l’économie américaine) et on facilite l’entrée de
famille de citoyens américains.
1980 : « redugee act » : accueil de 50 000 réfugiés par an.
1990 : loi qui ajoute aux dispositions prises en 1965 un système de tirage au sort
pour accueillir un contingent de 50 000 immigrants supplémentaire par an. L’objectif
étant de diversifier l’origine des migrants.
La loi de 1965 relance l’immigration, mais elle entraîne un changement radical dans
l’origine des migrants. Elle se destinait aux migrants Européens, pour les
regroupements familiaux.
Mais en Europe, la transition démographique est terminée, ; l’économie se porte
bien ; il n’y a aucune raison de partir ; la vie est sereine. Les migrants qui vont
profiter de ces dispositions sont Asiatiques ou d’Amérique du Sud.
Leur arrivée se fait surtout par la côte Ouest ou le sud avec le Texas et la Floride.
C’est la Californie qui représente 28% du total des entrées.
Additionnés, les états de Floride, du Texas et de la Californie représentent plus de
50% des immigrants aux Etats-Unis.
La composition ethnique se transforme également. Les Hispaniques représentent
désormais 12% de la population ; leur augmentation de 60% en valeur absolue est
dûe à l’immigration et au taux de natalité. Ils sont devenus la première minorité,
devant les Noirs-Américains.
En Californie , 50% de la population est hispanique. On peu vivre en Californie sans
parler Anglais. Cette donne repose la question du Melting Pot.
Les USA demeurent un foyer d’immigration très actif, tant par l’immigration légale
qu’illégale. La population immigrée joue un rôle important au niveau démographique ;
plus du tiers de l’accroissement de la population depuis 1970, directement ou
indirectement, s’est faite par leurs venue, ou reproduction.
III. Le système migratoire européen
Il y a 1,4 million de migrants légaux (5% de la population européenne) par an et 500
000 migrants illégaux qui s’installent en Europe.
L’immigration estun fait récent en Europe : elle date de l’après-guerre.
La France est un cas particulier : ayant fait sa transition démographique plus tôt, elle
est devenue terre d’accueil dès la fin du XIXe.
Jusqu’en 1945 l’Europe était une terre d’émigration.
A. De 1945 à 1973 : une vague d’immigration
Tous les pays d’Europe ont fait appel à l’immigration pour remettre en état les
économies dévastée par la guerre et dynamiser la démographie. La France et
l’Allemagne ont ainsi été les pays d’accueil de la moitié de l’immigration en Europe.
C’était une immigration de travail à 95% avec à la clé des emplois peu ou pas
qualifiés. Il s’agissait alors de migrations provisoires.
L’Italie, l’Espagne, et le Portugal (qui a fourni le plus grand nombre de migrants : plus
de 2 millions) puis le Maroc, l’Algérie, et la Turquie furent les principales zones
d’émigration vers l’Europe.
La France a passé des accords avec l’Espagne, le Maroc, etc. pour ouvrir des
agences de recrutements dans ces pays. _ Il y a une nette volonté d’organiser et de
contrôler ces flux migratoires.
Les usines recrutent directement sur place (Michelin).
On constate également des migrations initiées par les migrants eux-même.
En France, les trois quarts des immigrants sont entrés de cette façon, c’est-à-dire
« illégalement ». A l’époque cela ne dérangeait absolument pas. Le dynamisme
économique aidant. La situation arrangeait tout le monde et chacun pensait qu’il
s’agissait d’une situation seulement provisoire.
B. De 1973 à aujourd’hui : la fermeture des frontières
Il existe trois raisons à celà :
Restructuration de l’appareil de production : on a de moins en moins besoin de
main d’oeuvre non qualifiée, c’est-à-dire des postes occupés en priorité par les
immigrés. La robotisation et la mécanisation remplacent ces hommes.
Forte montée du chômage liée à la crise pétrolière. De plus, la génération babyboom entre sur le marché du travail. Les immigrés dérangent, on les accuse
d’occuper « nos » emplois.
Les immigrés deviennent plus « visibles » Tous les pays européens entre 1972 et
1973 ferment leurs frontières aux entrées de travailleurs. En 1973, on estime que le
problème est réglé.
A partir de 1973, les motivations des migrants ne sont plus les mêmes.
Le travail n’est plus la principale raison de migration. Les raisons deviennent
politiques, concernent les réfugiés et les demandeurs d’asile.
Un étranger qui fait la demande de statut de réfugié doit attendre 6 à 12 mois pour
obtenir une réponse. En attendant l’étranger a le statut de demandeur d’asile et il
profite ainsi de certaines aides (droit au logement...).
La France se réfère à la convention de Genève pour régler ces problèmes. L’Italie,
qui compte 50 000 demandes d’asile par an, se retrouve ainsi au premier rang des
pays sollicités.
La hausse des demandeurs d’asile est due à la fermeture des frontières des pays
d’accueil. On migre pour des raisons politiques et familiales.
Le regroupement familial a tout de même été favorisé après 1973. Très souvent les
femmes et enfants restés dans leurs pays sont venus en France.
Les flux reprennent massivement et ont pour effet de fixer, sédentariser les
migrations. Elles vont transformer une immigration de main d’oeuvre en une
immigration de peuplement. La population immigrante va se rajeunir et se féminiser.
Une autre donnée marque cette période : l’immigration clandestine. Celle-ci touche
beaucoup l’Europe du Sud où il existe une police spécifique pour traquer les boat
people .
La « babélisation » illustre une situation de diversité des lieux d’origine des migrants.
C. La politique migratoire européenne
1985 : signature des Accords de Schengen (Europe des 15 sans le Royaume-Uni
et l’Irlande)
1995 : entrée en vigueur des accords de Schengen qui garantissent la libre
circulation des Européens au sein de l’espace Schengen et la fermeture stricte des
frontières aux non Européens, sauf avec la détention de visas.
Schengen est une sorte de police dont le rôle est de réprimer les migrations
clandestines.
Sur 100 demandeurs d’asile, 5% obtiennent le statut de réfugié : celà comporte un
effet dissuasif efficace.
Aussi, les 95 % non reçus se retrouvent en situation irrégulière et ils ne retournent
que très rarement dans leurs pays. Ils préfèrent souvent rester clandestins.
Les Etats européens gèrent l’immigration au niveau national : il n’existe pas encore
de politique communautaire en la matière. Les politiques en matière de migration
sont dépendantes de l’état des opinions publiques nationales.
IV. Bilan
On constate une forte différence de perception de l’immigration entre l’Europe et les
Etats-Unis.
Aux Etats-Unis, l’immigration est perçue de façon positive. _ C’est traditionnellement
un pays d’accueil : historiquement, c’est de sa manière que le pays s’est peuplé. Les
élites comme le peuple sont conscient qu’une grande partie de l’économie repose
sur les migrations.
En Europe, l’immigration est perçue plutôt négativement, malgré son rôle historique
en France et dans d’autres pays. _ Il existe en Europe dans les opinions publiques
une « psychose » migratoire, une véritable peur de l’invasion.
Cela induit deux types de politiques différentes.
Aux Etats-Unis, tout en luttant contre l’immigration clandestine, on continue a
favoriser l’immigration dès lors qu’elle est jugée nécessaire aux intérêts économique.
Entre 1970 et 2002, on est passé de 9,5 millions à 32 millions d’immigrés.
En Europe est privilégiée la politique d’immigration zéro. Celà consiste en une
fermeture hermétique des frontières et les territoires nationaux se transforment ainsi
en "forteresses assiégées".
La pression migratoire n’a jamais été aussi forte. Elle est dûe a un écart
démographique et des inégalités sociales qui se creusent.
L’immigration choisie en France consiste à faire venir en France les immigrés dont
on a besoin pour l’économie : les infirmières, etc... C’est en tout cas l’orientation
développée par le ministre de l’intérieur du gouvernement 2002-2007 Nicolas
Sarkozy.
La solution résiderait ainsi dans l’aide aux pays pauvres. Le développement est ainsi
perçu comme une réponse satisfaisante dans la mesure où un pays
économiquement prospère n’offre plus de raison valable à l’émigration.
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