
Envoyé par Isabelle.
LES FORMES EN –ANT
Les formes en –ant, réparties entre participes présents et gérondifs, sont des formes non personnelles
du verbe (ne subissant aucune variation en personne dans leur morphologie) et non temporelles
(inaptes à situer le procès dans la chronologie, mais peuvent exprimer une chronologie relative).
Tout comme l’infinitif est la forme nominale du verbe, car il peut assumer toutes les fonctions du nom,
le participe présent est la forme adjectivale du verbe car il peut tenir le rôle d’un adjectif qualificatif et le
gérondif en est la forme adverbiale, car il peut caractériser un verbe ou d’autres constituants à la
manière d’un adverbe complément circonstanciel.
Ces deux formes ont une double nature : elles sont capables de se comporter comme des adjectifs et
des adverbes mais conservent leurs prérogatives verbales :
-possibilité de régir des compléments du verbe (complément d’agent, d’objet ou circonstanciel) : quittant
la route soudainement, la voiture a fait des tonneaux
-possibilité d’être suivi d’un attribut : en restant calme, tu ouvres la porte
-possibilité de supporter la négation verbale à deux éléments : ne croyant plus à son succès, il renonça à écrire
Ces deux modes, en tant que formes verbales, expriment un procès, c'est-à-dire une action soumise à
une durée interne. Ce procès présuppose nécessairement un support : l’être ou la chose qui est déclaré le
siège du procès. Aucun des deux modes ne peut cependant dater le procès : chacun dépend de
l’indication extérieure que donne le verbe principal et tire sa coloration temporelle du contexte. Aucun
n’a donc de valeur temporelle.
En revanche, le gérondif et le participe présent possèdent une valeur aspectuelle de non-accompli à la
forme simple : le procès est envisagé à l’intérieur de son déroulement, sans que soient prises en compte
les limites, sans que l’on puisse en distinguer le début ou la fin (aspect sécant). A la forme composée, ces
formes indiquent que le procès est accompli et renseignent sur l’état nouveau résultant de cet
achèvement : La pluie tombant, je ne sors pas. (aspect inaccompli) # La pluie ayant cessé, j’ai fini par sortir un peu.
(aspect accompli)
I – LE GERONDIF
Le gérondif se forme à partir du participe présent précédé du mot en, parfois renforcé par l’adverbe tout,
qui insiste sur la simultanéité des procès. Originellement préposition à valeur temporelle (du latin in), en
a perdu son statut de préposition pour ne plus garder qu’un rôle purement morphologique
d’identification en français moderne. On l’appelle indice du gérondif.
Jusqu’au 18ème siècle, le gérondif pouvait se forger sans l’indice en, ce qui rend sa distinction d’avec le participe
présent difficile. Le français garde des traces de cet état ancien de la langue dans des tours figés (chemin faisant,
tambour battant, argent comptant). Après des verbes de mouvement, certains auteurs contemporains continuent de
refuser la distinction nette entre gérondif et participe, en employant le gérondif sans son indice : Anna chante, quand
Henri vient portant un seau d’eau. On est à la frontière entre deux analyses : participe présent qualifiant le sujet,
gérondif complétant le verbe conjugué.
Le gérondif est invariable en personne et en nombre.
Le support du gérondif doit se confondre avec le sujet du verbe principal dans la langue moderne : en
sortant, Pierre m’a vu critère de co-référentialité. La langue classique admettait les entorses à ce critère,
d’où des formules comme l’appétit vient en mangeant ou la Fortune vient en dormant, dans lesquelles le support
du gérondif est un autre actant que le sujet.