Déclaration du secrétaire général de l`UPADS

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Déclaration du secrétaire général de l’UPADS
Conférence de presse du samedi 6 octobre 2007 à l'hôtel Méridien de Brazzaville
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Mesdames et Messieurs de la Presse,
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Distingués invités,
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Chers camarades,
« La lumière naturelle fait connaître à chacun que l’homme, ayant été fait
raisonnable, il ne doit rien faire que par raison, puisque autrement il ferait
contre sa nature, et par conséquent contre celui-là même qui est son créateur. Elle
enseigne encore que plus un homme est grand et élevé, plus il doit faire
état de ce principe. » (Fin de citation)
Je me suis autorisé ce propos, en prologue à mon intervention, pour nous inviter à
une méditation sur ce qu’a écrit au XVIIè siècle, ce grand homme politique français
que fut le Cardinal De Richelieu.
Il suggère qu’à la raison, colle la notion de responsabilité.
En tant que formation politique ayant assuré les plus hautes charges dans le pays,
l’U.PA.D.S s’efforce d’être, en effet, un Parti de raison et donc de responsabilité.
Ni radicalité dans son discours, ni compromission dans son action, tel a toujours été
le comportement politique de l’U.PA.D.S qui se justifie par le fait que nous
considérons le terrain politique comme un marché. Le domaine par excellence du
compromis où tout le monde perd un peu en gagnant un peu. Et c’est à ce prix que
peut s’affirmer la noble ambition d’œuvrer à la construction d’une Nation
démocratique, fraternelle et tolérante.
Mesdames et Messieurs,
Le 16 Mars 2006 à l’hôtel Saphir, l’U.PA.D.S marquait sa première entrée politique
après près de dix ans d’hibernation et d’absence dans le paysage politique
congolais.
Depuis, les événements liés à son fonctionnement se sont succédés, apportant
chacun et chaque jour une pierre nouvelle à la reconstruction du Parti.
Les événements les plus marquants sont indiscutablement, le Congrès extraordinaire
de Décembre 2006 et la participation aux dernières élections législatives.
L’un s’est imposé comme l’unique moyen de règlement de la longue crise de
légitimité qui gangrenait le Parti.
L’autre est apparu comme un test de notre capacité de mobilisation et de l’impact de
notre discours dans le pays.
Aussi, toutes les initiatives prises dans le cadre de la relance des activités du Parti,
ont-elles contribué à étancher la soif des militants de voir l’U.PA.D.S reprendre sa
place au sein du microcosme politique congolais.
Au total, nous pouvons dire : l’U.PA.D.S est de retour. Et même s’il est vrai que le
travail à réaliser pour atteindre le niveau d’organisation et de mobilisation d’avant le
coup d’Etat, dans un contexte tout aussi particulier, est encore énorme, il reste
que notre détermination à jouer le rôle de principal Parti de l’Opposition au Congo et
de contre poids politique à la dérive clanique et monarchique du pouvoir, demeure
plus forte que jamais.
Cette rentrée politique coïncide avec l’année politique qui sera la charnière entre
deux élections nationales majeures, les législatives chaotiques de 2007 et la
présidentielle de 2009 qui, elle, s’annonce sous des sombres auspices, tant le feu de
la tricherie allumé par le pouvoir paraît inextinguible. A cette occasion, j’adresse mes
premiers remerciements aux militants de l’U.PA.D.S.
A ces femmes et ces hommes qui ont bravé la peur, résisté au chantage funeste de
repartir dans les forêts s’ils ne votaient pas les candidats du pouvoir.
A ces jeunes qui ont pu faire revivre la flamme du Parti dans une ambiance parfois
carnavalesque, je leur dis à eux tous que leurs sacrifices ne sont pas vains.
Viendra le jour de la récompense.
Ensuite, je tiens à remercier nos camarades de l’Opposition, Partis et personnalités
confondus qui nous ont soutenus et accompagnés dans cette belle aventure, courant
parfois le risque d’une accusation de parti pris dans la crise interne de l’U.PA.D.S.
Enfin, je manquerai à un devoir moral si je ne témoignais pas ma reconnaissance à
l’endroit de la presse, en particulier à la presse écrite, pour l’attention et parfois la
sympathie que nous manifestent certains organes, défiant la censure et les menaces
du pouvoir. Qu’ils soient tous remerciés.
Mesdames et Messieurs de la Presse,
La présente rentrée politique de l’U.PA.D.S intervient dans un contexte national qui
n’incite pas à l’optimisme. Pourtant, comme depuis dix ans, la propagande du
pouvoir au travers du traditionnel message du Chef de l’Etat sur l’Etat de la Nation,
s’apprête à nous peindre un tableau mirifique de la situation économique, sociale et
politique du Congo où tout est globalement positif, selon la vieille formule soviétique.
A la dure réalité sociale qu’ils vivent quotidiennement, les Congolais résignés, mais
pas dupes, écouteront bientôt le Président de la République vanter :
- la bonne gouvernance au Congo ;
- les performances démocratiques atteintes par le Congo ;
- la bonne marche de l’Etat de droit ;
- la paix civile et sociale restaurée ;
- le maillage du territoire par la construction des infrastructures physiques et
intellectuelles ;
- la croissance économique à 7% ;
- Enfin, ce qu’il considère comme le fleuron de la nouvelle espérance, c’est-à-dire la
municipalisation accélérée ».
Cet exercice de pure fiction s’adresse davantage à la Communauté internationale
qui n’en est toujours pas convaincue, puisque le Congo continue de courir le
parcours du combattant pour atteindre le point d’achèvement de l’initiative P.P.T.E,
après avoir péniblement accédé au point de décision. Il n’a pas convaincu non plus
les organisations non gouvernementales comme Global Witness, Transparency
International pour qui le Congo, en matière de gestion des ressources pétrolières, est
un Etat voyou.
Quant au Peuple Congolais, plongé dans un profond désarroi, c’est dans son
glorieux passé qu’il se réfugie pour se donner une raison de vivre, l’avenir étant
incertain et le présent si désastreux.
Mais au-delà des discours, des promesses, d’un volontarisme trompeur, je vous
invite à constater la réalité, à identifier le mal congolais et à suggérer les pistes qui
conduisent à une autre politique. Plus humaine, plus solidaire, créatrice de richesses
et d’emplois.
Par un constat simple, objectif, débarrassé de la polémique stérile et sans offense,
par des propositions de solutions alternatives tout aussi simples, dans un esprit
républicain et un élan patriotique, nous croyons ainsi apporter au débat politique en
cours, la vision de l’U.PA.D.S que sous-tendent les valeurs qui fondent son combat.
Quelle est notre lecture de la situation actuelle et que proposons-nous ?
I/- La gestion économique et sociale
Incontestablement, le Congo notre pays laisse s’envoler des formidables
opportunités de décollage économique par des choix hasardeux et irrationnels etune
gestion patrimoniale des ressources disponibles.
En dix (10) ans de pouvoir dont cinq (5) ans interrompus de boom pétrolier, le Congo
n’a pas créé des richesses. Le pays reste tributaire du pétrole, notre principale
ressource naturelle. Il fournit, selon les statistiques de la Banque Mondiale, 80% de
recettes ordinaires. Il constitue 75% de l’ensemble de nos exportations. Enfin, il
participe à hauteur de 85% à la formation du P.I.B. Tous ces chiffres exposent la
vulnérabilité de l’économie congolaise.
Autrement dit, si la production pétrolière s’arrête, ou s’il y a un renversement du
marché, le Congo plonge immédiatement dans la récession.
Heureusement, on n’en est pas là pour le moment, mais comment ne pas y penser,
car gérer c’est prévoir. Nous avons parlé de la chance dont bénéficie ce pouvoir.
Oui, en effet, ce pouvoir est des plus chanceux. Par deux facteurs combinés, le
régime actuel se retrouve devant une fortune colossale à la constitution de laquelle il
n’a pris aucune part. Ce sont les cours mondiaux du pétrole en hausse depuis cinq
ans et, on ne le dit jamais, la grande réforme pétrolière engagée par Pascal
LISSOUBA aux termes de la loi de 1994 instituant le Code des hydrocarbures, qui a
remplacé le vieux Code minier en vigueur depuis les années 60.
Par une batterie de mesures législatives, Pascal LISSOUBA a maximisé les profits
pétroliers. Ces mesures portent sur :
- Le Contrat de partage de production au terme duquel l’Etat congolais reçoit 34% de
la production pétrolière totale du pays contre 17,5% avant cette réforme.
- Le prix plafond du baril fixé à 22 dollars au moyen duquel, lorsque le prix du baril
dépasse 22 dollars, la différence entre ce prix et le prix plafond est partagé à hauteur
de 85% pour le Congo et 15% pour les sociétés et ceci pour chaque baril.
- La mise en place d’une Provision pour Investissement diversifié (PID) qui permet
d’affecter des ressources disponibles découlant de la règle de partage de
production, aux secteurs sociaux (santé, éducation) et aux collectivités locales
décentralisées.
- La réorganisation de la sous-traitance pétrolière par un meilleur contrôle du secteur
et surtout par son ouverture aux nationaux qui n’y avaient pas accès.
- L’abrogation du système de concessions et son remplacement par un système de
permis d’exploitation.
Le système de concession offrait un droit de jouissance de 50 à 90 ans à toute
entreprise contractante qui s’approprierait ainsi une partie du territoire national, et
donc, de la souveraineté nationale. Pascal LISSOUBA y avait mis un terme et l’avait
remplacé par le système de permis d’exploitation d’une durée de 10 à 15 ans
renouvelable pour 5 ans.
Le nouveau Code des hydrocarbures a eu pour effet immédiat de mieux protéger
notre première ressource et surtout d’augmenter les profits qu’elle génère.
C’est donc à Pascal LISSOUBA qu’il convient de rendre un hommage mérité pour
avoir contribué à l’enrichissement du pays et non à celui qui, par mégalomanie,
gaspille les ressources disponibles et hypothèque l’avenir du Congo.
1.
L’environnement économique
- Les procédures administratives
L’inexistence ou le non respect des procédures administratives compromet les
fondements de l’Etat.
Cette situation doit au plus vite être corrigée.
Ainsi, les hommes et les femmes placés aux commandes de l’Etat d’une part et les
procédures administratives d’autre part doivent être capables de doper l’action
publique qui doit toujours gagner en efficacité.
Il s’agit de mettre effectivement en œuvre une politique d’incitation à la création de
véritables banques d’appui au développement mobilisatrices de crédits en faveur des
projets porteurs et fiables notamment dans les secteurs agricoles, de l’élevage et
de l’agro-industrie.
- Le Rôle de l’Etat
Face à la désorganisation actuelle, le rôle de l’Etat sera principalement régulateur à
l’exception des secteurs de souveraineté qui appellent de facto le rôle d’agent
économique (recherche et production pétrolière ou minière, production d’énergie et
transport, chemin de fer, aéroports et ports, etc.).
Le secteur des hydrocarbures qui tire encore toute l’économie congolaise devrait
figurer parmi les exceptions comme la SONATRACH en Algérie et la
SONANGOL en Angola, qui sont demeurées dans le portefeuille de l’Etat.
-
Les privatisations
En mettant en œuvre la privatisation du secteur pétrolier aval, le cas d’Hydro Congo,
et des télécommunications, le cas de l’ONPT, personne n’avait imaginé que des
clans familiaux et des intérêts plus ou moins opaques et puissants s’empareraient de
l’Etat pour le privatiser. Le cas le plus flagrant reste Hydro Congo. En effet, un
triangle clanique et familial s’est emparé de cette entreprise.
Le nouvel habillage d’Hydro Congo s’appelle Société Nationale des Pétroles du
Congo (SNPC). La SNPC a mis la main sur les ressources pétrolières. Elle détient à
ce jour dans son portefeuille toutes les activités, les mêmes exercées hier par Hydro
Congo (achat des produits pétroliers pour le compte de nouvelles sociétés
prestataires dites privées pourtant encore revendeuses et dont certaines se sont
constituées avec des capitaux certainement issus d’un recyclage habile des
ressources publiques. La SNPC s’est en outre accaparé de tous les actifs ’Hydro
Congo (villas, immeubles) mais, paradoxalement, les travailleurs attendent toujours
l’apurement total de leurs droits.
Le plus inquiétant pour notre pays est que la SNPC agit avec deux autres
partenaires du clan familial.
En effet, la SNPC enregistre et comptabilise la part du brut de pétrole exploité dans
le cadre des contrats de partage de production.
Il s’en décharge en confiant la commercialisation et le transport vers les clients
sélectionnés respectivement à la Congolaise de Trading, société
familiale de courtage, et à la COTRAM (Compagnie de transport maritime) gérée elle
aussi par la famille.
Le triangle constitué par la SNPC, la COTRAD et la COTRAM est ainsi bouclé.
Ainsi, la principale richesse nationale est gérée par une seule et même
famille dont on peut aisément imaginer le niveau d’enrichissement.
Pendant ce temps, l’arrière pays manque depuis bientôt dix (10) ans de pétrole
lampant, obligeant les populations à s’éclairer au moyen de graisses ou de
certaines sèves inflammables d’arbres comme au moyen âge.
- En matière de privatisation, l’U.PA.D.S pense que les différents cahiers de charges
et tous les montages financiers y relatifs doivent non pas seulement
améliorer les recettes publiques, mais doivent aussi permettre le paiement intégral
des droits des travailleurs.
La cession des actifs doit s’effectuer dans la plus grande transparence et selon les
règles de l’art et le respect des procédures juridiques et comptables s’y rattachant.
Les privatisations ne doivent en aucune manière compromettre la souveraineté
nationale et hypothéquer la dignité des travailleurs congolais concernés.
C’est pourquoi, l’U.PA.D.S exige qu’il soit commandé sans délai un audit sur les
privatisations. L’U.PA.D.S saisira son Groupe parlementaire pour demander la mise
en place d’une Commission d’enquête parlementaire.
2.
La gestion de la dette
Etablie à 4.522 milliards 200 millions de F.CFA en 2003, la dette congolaise nous
interpelle tous. Elle est lourde, à la fois réelle et fausse. Les facilités de son paiement
ne nous sont toujours pas accordées par le FMI. La dette congolaise plombe donc
notre économie.
Rappelons à ceux qui ont la mémoire courte que le Gouvernement de l’U.PA.D.S et
de ses alliés de l’époque, avait réussi à signer avec le FMI et la Banque Mondiale en
moins de trois (3) ans, alors que celui de La Nouvelle Espérance court derrière cet
accord depuis dix (10) ans.
La dernière annulation de la dette congolaise concerne celle exigible au 1er janvier
1986 que le Président SASSOU avait lui-même contractée pendant le boom
pétrolier de 1982-1986. Tandis que celle rééchelonnée et en attente de l’être pèsera
sur nos enfants innocents qui se chargeront de rembourser une dette contractée par
des dirigeants insouciants de leur devenir.
Le traitement de la dette, au regard de l’enjeu qu’il suscite sur le plan des relations
bilatérales et multilatérales, sera, du point de vue de l’U.PA.D.S, géré et piloté par
une commission d’experts.
Il est établi que la dette congolaise, surtout celle qui a été gagée, devient une source
d’enrichissement.
Elle doit par conséquent faire l’objet d’une enquête publique pour en cerner tous les
contours et établir son exactitude d’autant qu’elle détermine l’avenir de nos relations
avec les institutions de Breton Woods (FMI, Banque Mondiale).
3.
La lutte contre la pauvreté
De nos jours, la misère ou la pauvreté est la plus grande violence faite à l’humanité.
Dans notre pays, plus de 80% de la population vivent en dessous du seuil de
pauvreté.
La pauvreté est sécrétée entre autre par le déficit de justice sociale et d’équité qui
demeurent la thérapie majeure face à ce fléau qui fait désormais l’objet d’un enjeu
universel.
Dans la gestion des ressources publiques par exemple, les affectations doivent
intégrer le principe de redistribution juste et équitable après avoir identifié les choix
prioritaires porteurs de solidarité, de fraternité et d’unité nationale.
En conséquence, ces affectations porteront à titre indicatif sur les besoins vitaux, à
savoir : l’école, la santé, l’habitat, l’emploi, les infrastructures de base,
l’assainissement urbain et la protection sociale.
4.
La municipalisation
L’organisation tournante de la fête de l’indépendance lancée par le Président Pascal
LISSOUBA le 15 août 1996 à Pointe-Noire, a été détournée de sa vocation.
Elle est devenue l’alibi d’un gâchis financier sans précédent. Sous le vocable
incongru de « municipalisation accélérée » et dans la précipitation, des milliards sont
engloutis dans des opérations qui ne créent localement aucune richesse et donc, pas
de valeur ajoutée, pas d’emplois durables et par
conséquent n’améliorent pas le niveau de vie des populations.
Des opérations à but propagandiste sont ainsi réalisées en dehors du cadre
budgétaire légal. Sans consultation des élus locaux sur leur opportunité, ces
opérations sont engagées à la discrétion du Président de la République. Dans
quelques années, le Congo aura ses « éléphants blancs ». Ils s’appellent notamment
le grand marché à étage d’Owando, qui a été préféré à une adduction d’eau potable,
à la construction des écoles et des dispensaires dans un Département qui n’en est
pas si pourvu. La reconstruction de nos villes que l’on désigne par « municipalisation
accélérée », trouverait sa pleine traduction dans une politique de développement
régional à travers la décentralisation.
5.
La Direction Générale des Grands Travaux
C’est le monstre ou la pieuvre du pouvoir. Toute la politique d’investissement
d’aujourd’hui et la municipalisation accélérée s’appuient sur cette structure placée
sous l’autorité personnelle du Président de la République. La Direction Générale des
Grands Travaux est gérée par un autre homme de confiance et membre du clan
familial.
Elle seule opère des choix majoritairement incompatibles avec le destin commun des
Congolais, non prioritaires, inopportuns. Les Congolais ignorent combien coûtent
avec précision les investissements des grands travaux effectués en leur nom et avec
l’argent public.
Ils ne savent même pas comment les bénéficiaires et exécutants de tous ces travaux
sont rémunérés. Le sont-ils par virements bancaires, chèques bancaires ou
trésor, espèces, etc., à partir de quel centre de paiement ou quelle institution
financière ? La Direction Générale des Grands Travaux attribue les
marchés et rétribue les bénéficiaires à partir d’un Comité de trésorerie géré par un
cercle fermé.
On en déduit donc que la Direction Générale des Grands Travaux n’a qu’une mission
de recyclage des ressources pétrolières. Elle est en double emploi avec la
Commission centrale des contrats et marchés de l’Etat, d’une part, et avec le
Ministère du Plan ayant en charge la politique d’investissement dans notre pays
,d’autre part.
Elle est au service d’un clan familial qui a en même temps la mainmise sur les
ressources pétrolières. Elle doit être dissoute d’autant qu’elle constitue un
double emploi avec le Gouvernement.
II/- LE VOLET SOCIAL
·
L’Ecole
Outre que l’Education est le moteur essentiel de développement, elle est un droit
garanti par la Constitution du 2O janvier 2002 en son article 23. Les principes
fondamentaux de l’Education sont : l’égalité, la gratuité et l’obligation scolaire.
Malgré toutes ces protections juridiques, le système éducatif du Congo se trouve
dans une double impasse, financière et pédagogique. Les parents d’élèves sont
d’ailleurs en droit de traduire l’Etat congolais en justice pour non respect de ses
obligations constitutionnelles.
C’est en effet un des grands secteurs de la vie nationale qui est abandonné par le
régime actuel. Et ce ne sont pas les actions dites « Coup de poing »
réalisés sporadiquement et sans cohérence, à l’occasion de la rentrée scolaire et
sous la menace de grèves des enseignants, qui en apporteront les solutions
appropriées attendues. Et ce ne sont pourtant pas non plus les moyens financiers qui
feraient défaut. L’état des lieux est accablant.
1°)- L’Ecole publique laïque, gratuite et obligatoire est en voie de disparition au profit
des écoles privées dont plusieurs ne répondent pas aux normes scolaires et
pédagogiques.
- Ne sont scolarisés aujourd’hui que les enfants dont les parents disposent de
ressources financières.
- Les taux d’abandon et de déperdition sont effrayants.
- Vétusté des infrastructures.
- manque criard d’enseignants.
- Absence de politique de formation.
- Démission de l’Etat.
- Avenir de la jeunesse congolaise compromis.
Au plus vite, il faut s’attaquer à ce problème qui menace l’existence même de notre
Nation.
Pour sortir des sentiers battus avec les opérations extraordinaires, une loi de
programmation annuelle (cinq ans maximum) devra être votée dans les plus
brefs délais. Elle prévoira la budgétisation sur cinq ans des actions qui concourent au
redressement du système éducatif. A l’école publique en particulier :
- Construction des infrastructures ;
- Equipement ;
- Formation des enseignants avec l’ouverture des écoles normales d’instituteurs par
zone. Par exemple :
Zone I (Kouilou et Pointe-Noire) ; Zone II (Les Pays
du Niari) ; Zone III (Pool- Brazzaville -Plateaux) ;
Zone IV (les deux Cuvettes) ; Zone V
(Sangha-Likouala).
·
La santé
Tout autant que l’éducation, la santé est aussi dans une situation de quasi abandon.
Elle se traduit par l’insuffisance de couverture sanitaire, l’inexistence
de contrôle et d’encadrement, le vieillissement des équipements médicaux,
l’insuffisance de personnel.
La solution proposée au redressement de l’éducation devra également s’appliquer à
la santé.
·
Le pouvoir d’achat
Le blocage des salaires des agents de la Fonction Publique qui représentent près de
75% des salariés congolais, explique en grande partie la baisse considérable du
pouvoir d’achat et la progression de l’indice de pauvreté. Et ce n’est pas la hausse
de 10% des minima sociaux décidés en 2006 qui ne concernent qu’une infime
minorité de salariés, qui enrayerait cette baisse. Voilà maintenant douze (12) ans que
les fonctionnaires congolais perçoivent le même salaire, avec des conséquences sur
la consommation intérieure, et ce, paradoxalement au moment où l’Etat est si riche.
Quel est l’historique de ces abattements de salaires ?
En 1995, la réduction de la masse salariale était une des conditions du FMI à la
conclusion avec le Congo, d’une facilité d’ajustement structurel renforcée
(FASR). La renégociation de la dette estimée à 5,3 milliards de dollars, entièrement
contractée pendant le premier Plan quinquennal, et la relance de l’économie
nationale en ruine en dépendaient. Pour y parvenir, le Gouvernement de Pascal
LISSOUBA n’eut d’autre choix que d’agir sur l’un ou l’autre des deux seuls leviers
entre ses mains :
- la réduction des effectifs de la Fonction Publique que le recrutement politicien de
10.000 agents opéré peu avant la Conférence Nationale Souveraine, avait
outrancièrement gonflés.
- les abattements des salaires.
Par souci de solidarité, la deuxième variante fut préférée à la première. Toutes les
autres possibilités explorées et mises en œuvre, à savoir : la réduction
drastique du train de vie de l’Etat avec la contraction des dépenses de souveraineté,
des salaires et des indemnités de fonctions, ne permettaient pas, hélas, de ramener
le déficit budgétaire au niveau compatible avec les recettes propres de l’Etat. Le prix
du baril de pétrole, la principale ressource nationale, se situait autour de 15 dollars.
Le dollar lui-même était à son cours le plus bas historique.
Ainsi furent décidés ces abattements des salaires, violemment combattus par ceux
qui sont aujourd’hui au pouvoir. Il restait à fixer la temporalité de ces
lourds sacrifices pour apaiser les craintes légitimes d’une pérennisation de cette
opération.
Jouissant à ce temps-là de toutes leurs libertés, les organisations syndicales
négocièrent rondement avec le Gouvernement. Les garanties contractuelles ci-après
stipulées furent obtenues :
- rétablissement au plus tard le 31 décembre 1998, soit 3 ans après, des niveaux de
salaires d’avant les abattements ;
- maîtrise des prix à la consommation et report de l’application de la TVA sur les
produits de première nécessité ;
- de même, la durée hebdomadaire de travail fut réaménagée. La semaine anglaise
non remise en cause jusqu’à ce jour, fut instituée.
Autant les raisons d’hier sur l’opportunité de ces abattements sont ouvertement
exposées, autant celles de son incompréhensible maintien jusqu’à cette date
sont ignorées.
Et comment le pouvoir peut-il expliquer au Peuple congolais cette contradiction
frappante entre un enrichissement considérable de l’Etat et la pérennisation d’une
opération à l’origine limitée à 3 ans ?
Comment peut-on vanter la bonne santé de l’économie congolaise qui enregistre un
taux de croissance de 7% de son PIB et ne pas redistribuer les fruits de cette
croissance, entre autre, par le déblocage des salaires des agents de l’Etat qui vivent
dans une précarité inouïe ?
III/- LES INSTITUTIONS PUBLIQUES
Depuis janvier 2002, le Congo est doté d’une Constitution qui a créé un régime plus
que présidentiel, personnel. Et c’est tout le défaut des institutions qui en découlent :
l’atavisme, comme le péché originel.
Tous les pouvoirs sont concentrés dans les mains d’un homme qui en use et
forcément en abuse. Et quand on analyse le fonctionnement de nos institutions, on
ne peut que s’indigner sur l’institutionnalisation d’un absolutisme présidentiel. Le
Président de la République décide seul et de tout. Le Gouvernement ou
ce qui en tient lieu est ravalé à une sorte de gadget et les ministres à pire que les rois
fainéants.
La Direction Générale des Grands Travaux s’est substitué au Gouvernement, et le
Délégué Général qui concentre dans ses mains les prérogatives de tous les
ministres pour les investissements supérieurs à 500 millions de F.CFA, est
indubitablement le vrai Premier Ministre.
Quant aux institutions de régularisation ou de contrôle de l’action publique telles la
Cour Constitutionnelle, la Cour des Comptes, la Cour Suprême, elles ne sont qu’un
bluff démocratique à l’endroit de la Communauté internationale.
Au total, l’Etat a disparu et avec lui le rêve de la Nation. On assiste impuissant à la
prolifération des associations ethniques, parce que seules capables
d’assurer la protection de leurs appartenants.
L’allégorie que j’emprunte à Hervé MAHICKA-MOUNKALA dans son analyse sur le «
Manifeste fédéral au Congo » est saisissante. Il écrit, je cite : « Le Congo s’est
transformé en une famille polygamique où les dix épouses rivales et leurs enfants
essayant de prendre le contrôle de la maisonnée avec le soutien de leurs
frères utérins après avoir massacré les autres demi-frères, en jurant ensuite
gouverner au nom du père et dans l’intérêt de tous les enfants du père.
Alors qu’au fond, la patrie est devenue la fratrie utérine sans que personne n’ose
l’avouer au grand jour et sans que nul n’en soit plus dupe. La Nation est une
illusion à laquelle personne ne croit plus. » (Fin de citation).
Et l’Armée, le dernier rempart, a cessé d’être ce creuset des jeunes gens provenant
de toutes les régions et de toutes les ethnies du pays, pour n’être aujourd’hui qu’un
mélange bigarré des brigands nationaux et étrangers, de milices politiques
déguisées en forces nationales.
L’extrême tribalisation de l’Armée pourrait sonner le glas de la Nation congolaise, car
elle est en voie de perdre l’élément central de sa structuration.
La réorganisation de la Force Publique selon les exigences de la démocratie et de
l’Etat de droit, est un problème urgent à résoudre impérativement.
L’U.PA.D.S est prête à apporter sa contribution au débat national sur la
réorganisation de la Force Publique.
CONCLUSION
Par cette conférence de presse qui marque la rentrée politique de l’U.PA.D.S au titre
de cette année 2007-2008, nous avons passé en revue les grands problèmes qui
touchent à la vie des Congolais. C’est d’ailleurs toute la noblesse de la politique que
de s’intéresser au quotidien des personnes.
Notre ambition en tant que Parti politique est de contribuer au mieux vivre et au
mieux être des Congolais. En tant que Parti d’Opposition, notre devoir est de
marquer la différence dans la manière de conduire les destinées du pays. De sorte
que ce qui est bon pour le pays le soit pour l’U.PA.D.S, et nous souhaitons que ce
qui est bon pour l’U.PA.D.S le soit également pour le pays.
A la vérité et loin de toute polémique, nous affirmons que le Congo est malade. Il est
artificiellement maintenu en vie grâce à la bonne tenue de la production pétrolière et
du marché. Les maux dont souffre notre pays s’appellent :
- la forte personnalisation du pouvoir non pas au service de la stabilité du pays, mais
des intérêts du clan.
- l’absence de l’Etat, puissance publique, avec toutes ses conséquences : la
corruption, l’affairisme, l’impunité, le règne de la loi du Talion.
- le déficit du dialogue politique entre pouvoir et opposition.
- l’intolérance politique.
- la mauvaise gestion des ressources qui aggrave les déséquilibres sociaux.
S’agissant de la prétendue ouverture à l’Opposition dont se prévaut le Secrétaire
Permanent du PCT pour avoir offert à l’U.PA.D.S la présidence d’une commission
permanente, outre qu’il s’agit d’une application du Règlement Intérieur de
l’Assemblée Nationale et d’une pratique qui a cours dans toutes les institutions
parlementaires, nous disons que l’ouverture ne se résume pas au partage de
quelques marocains.
L’ouverture, c’est le dialogue permanent sur les questions sensibles du pays, comme
l’organisation consensuelle des élections.
L’ouverture c’est la transparence dans la gestion des ressources pétrolières.
L’ouverture, c’est l’accès de tous les Congolais aux fonctions civiles et militaires en
fonction des compétences reconnues.
Enfin, l’ouverture c’est une véritable réconciliation nationale qui n’exclue personne et
qui n’est pas fondée sur des considérations subjectives ou sur la conclusion d’un
pacte d’allégeance.
C’est pourquoi, en l’absence d’un accord sur ces questions sensibles, l’U.PA.D.S
dont le Président est injustement et arbitrairement condamné à l’exil, et
avec lui ses dirigeants KOUKEBENE Benoît, NGUILLA MOUNGOUNGA NKOMBO
ainsi que le Ministre Philippe BIKINKITA, rejette toute éventuelle participation à un
soi-disant Gouvernement d’Union Nationale.
Dans tous les cas, l’U.PA.D.S ne s’engagera pas dans une telle aventure en dehors
d’une concertation avec les Partis amis de l’Opposition, l’Opposition au sein de
laquelle notre Parti entend jouer tout son rôle.
Ceux des nôtres qui participeraient à ce Gouvernement, n’auront ni la caution ni la
confiance du Parti et seront considérés comme démissionnaires du Parti.
Mesdames et Messieurs,
Ce pays est nôtre, et personne n’a le droit de s’en approprier. C’est pourquoi,
l’U.PA.D.S se battra avec les moyens démocratiques à sa disposition pour sortir
le Congo de toute forme de domestication et de privatisation.
Je vous remercie.
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