HEC E1
MICROECONOMIE
CONTRÔLE N° 5 PROPOSITION DE CORRECTION
1- Quelles conclusions à propos de l’efficacité du marché peut-on tirer des deux théorèmes
de l’économie de bien-être ?
Le premier théorème de l’économie de bien être montre, sous l’hypothèses classiques de la théorie
néo-classique, que tout équilibre général walrassien est également un optimum de Pareto, c’est-à-dire
qu’on ne peut améliorer la situation d’un individu sans détériorer celle d’au moins un autre. Dans ce
cas de figure tous les échanges permettant une amélioration mutuelle de la situation des individus
concernés sont réalisés. D’autre part l’allocation des ressources correspond à la situation la plus effi-
cace possible.
L’économie concurrentielle de marché représente alors le moyen le plus efficace d’allouer les res-
sources disponibles.
Le second théorème pose, sous certaines hypothèses, qu’à chaque optimum de Pareto, correspond un
équilibre général walrassien. Le marché permet ainsi de répondre à n’importe quel critère de justice
sociale. Dans cette perspective un choix de politique sociale passe par une modification des dotations
initiales des individus puis par le libre jeu du marché.
Au regard de l’économie de bien être, l’économie de marché permet de combiner efficacité écono-
mique et justice sociale.
2- En quoi le théorème du second best (que vous énoncerez) conduit-il à douter de ces con-
clusions ?
Le théorème du second best (Lancaster et Lipsey) démontre que, si on ne peut atteindre un optimum
de Pareto parce que les marchés ne sont pas complets (c’est-à-dire qu’il existe des productions pour
lesquelles le jeu du marché ne permet pas de déterminer un prix) alors il n’est pas possible de déter-
miner un « second best », c’est-à-dire une situation où l’État corrigerait les défaillances du marché et
où la concurrence serait à l’œuvre dans les autres domaines, ce qui permettrait de se rapprocher d’un
optimum parétien.
Si on accepte ce théorème alors la question de l’efficacité relative du marché et d’autres modes
d’allocation des ressources apparaît difficile, sinon impossible à trancher.
3- « Tout d'abord, les politiques de régulation devraient conduire à l'ajustement de l'offre le
plus rapidement possible, c'est-à-dire de rendre l'offre élastique. Cela conduirait toute va-
riation de la demande à se traduire par plus de biens mis en vente et en construction, plutôt
que de passer en hausses de prix de l'immobilier. À défaut, les aides seront inflationnistes. »
Etienne Wassmer Alain Trannoy - Document de travail du CAE sur le prix du logement
A partir de vos connaissances sur les conséquences de l’intervention de l’État sur un marché de
concurrence, explicitez le texte ci-dessus. Vous pourrez faire un graphique.
Le marché de l’immobilier est caractérisé par un déséquilibre entre l’offre et la demande de logement.
Dans ce domaine, la régulation étatique peut apparaître nécessaire compte tenu de l’importance de cette
question dans la vie quotidienne. Pour E. Wassmer et A. Trannoy, l’axe essentiel de l’intervention publique
doit porter sur l’élasticité de l’offre de logement : une forte pression de la demande doit pousser à une
augmentation de l’offre. Si cette offre n’est pas suffisamment élastique, la demande accrue se traduira par
un effet inflationniste générant des déséquilibres.
On lit ici une critique en creux des politiques actuelles qui privilégient la solvabilisation de la demande.
4- « S’il existe en apparence une multitude d’enseignes à Paris, le groupe Casino domine en ré-
alité très largement le marché avec une part de marché qui se situe autour de 60 % en sur-
face de vente et entre 50 et 70 % en chiffre d’affaires. Il exploite 375 points de vente (en-
seignes Franprix, Leader Price, Casino Supermarché, Marché d’à coté, Petit Casino, Spar,
Vival...) et c’est encore lui qui détient les magasins Monoprix (89 magasins), conjointement
avec le groupe Galeries Lafayette !
Résultat : la pression concurrentielle sur le groupe Casino est insuffisante pour le conduire
à baisser ses prix, alors que le niveau des marges nettes réalisées en amont (au niveau des
centrales d’achat) et en aval (au niveau des magasins de détail) pourrait le permettre.
Le constat de l’Autorité de la concurrence rejoint celui de l’UFC-Que choisir, qui a réalisé en
septembre 2011 une enquête sur un panier de produits de marques nationales montrant
que les magasins des enseignes Casino et Monoprix visités pratiquaient des prix de 13,39 %
supérieurs à la moyenne nationale.
L’Autorité de la concurrence ne remet pas en cause le comportement du groupe Casino, qui
a acquis sa position grâce à sa stratégie et ses mérites propres en investissant dans de nou-
veaux magasins, en rénovant les points de vente existants et en cherchant à adapter son
modèle commercial à la demande (format de proximité).
Pour autant, sa position constitue un obstacle à la concurrence aujourd’hui difficilement
réversible. C’est pourquoi l’Autorité de la concurrence propose de donner une portée effec-
tive à ses pouvoirs et réclame un nouveau moyen d’action, “l’injonction structurelle”, c’est-
à-dire la possibilité de pouvoir par exemple ordonner des cessions de magasins à des en-
seignes concurrentes, dans les zones de chalandise où la situation concurrentielle est réel-
lement problématique. »
Rapport annuel 2011 de l’Autorité de la Concurrence
Commenter cette citation en mettant en avant les enjeux théoriques
Le groupe Casino détient une position dominante sur le marché de la distribution alimentaire à Paris.
Cette position dominante apparaît comme le résultat d’une stratégie efficace de réponse aux besoins de la
clientèle parisienne.
Cette situation permet alors au groupe Casino de capter une rente grâce à son pouvoir de marché au dé-
triment essentiellement des consommateurs parisiens.
Le jeu spontané de la concurrence ne permet pas d’exercer une pression sur cette rente compte tenu de la
position privilégiée des enseignes Casino qui représente une véritable barrière à l’entrée, le marché appa-
raît difficilement contestable.
Aux yeux de l’Autorité de la Concurrence cette situation justifie une intervention correctrice de la puis-
sance publique : elle souhaite pouvoir contraindre le groupe à céder certains de ses magasins à la concur-
rence dans les zones où celle-ci apparaît trop limitée. Le bon fonctionnement de l’économie de marché
suppose alors l’intervention de la puissance publique.
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