- Corrigé du BTS Blanc TABLEAU DE CONFRONTATION Doc 1 : illustration pour un poème de Hugo (1880). Illustratif Le dessin représente la machine comme un monstre qui dévore les enfants, devenus esclaves du progrès Les enfants ne sont plus des êtres humains mais les rouages d’une machine. Doc 2: extrait du roman « Voyage au bout de la nuit » de Céline, 1932 Illustratif Le personnage est la victime de la machine (fordisme) : « fracas Enormes de la mécani-que (l.14) La machine abrutit l’homme et l’empêche d’être heureux (l.22) L’humanité est broyée L’homme devient un par la machine ; seule animal, voire un robot compte la production asservi à la machine (l. 4 ;13) Doc 3: extrait d’un magazine d’info du minist. Aff étrang. 1997 Analytique, texte guide Doc.4 : extrait d’un Article, « Les ratés de L’âge industriel » de Jacques Marseille, 2000 Analytique Chaque progrès de la civili- Paradoxe de la rév. Ind. La -sation occidentale présente machine est une menace aujourd’hui un revers (indivi- pour les techniques hum. -dualisme, technique, indust.,(l.39-42) science) (l.5 à17) Le mythe du progrès est Le progrès technique a un mort. Le progrès doit désor- impact limité sur la crois-mais être considéré comme -sance économique. (l.11) renfermant des régressions. (l.18 à 25) Le développement est une La machine est un monstre « machine » (l.27 à 31). qui impose sa loi (l.52) Le développement éco. n’interdit pas le dévlppt humain et moral. Même si nouveaux besoins se créent, l’homme doit faire face à la menace de la machine. (l.32-36) La crise est mondiale, car on Phénomène qui touche a exporté notre modèle. l’ensemble des pays (l.27-29) Industrialisés (l.11-18) EcrasantE domination dE la machinE sur l’hommE - Asservissement de l’homme par la machine - L’homme ne peut pas être heureux ainsi ConséquEncEs néfastEs sur l’hommE - (4) Impact néfaste sur l’hom-me : - déshumanisation. (2) Domination de la machine sur l’homme : La crise de civilisation entraî- L’homme est obligé de se -ne la perte de certaines plier au rythme de la machi- - Asservissement - Epanouissement valeurs (sentiments… -ne, alors que ce devrait être impossible l’inverse (l.50-51) (1) La compétition économique accélérée risque d’entraîner une hausse du chômage. (l.47-48) II. Impact néfaste sur la société : - pour chaque progrès, il y a un revers. Progrès n’apporte que peu d’éléments positifs Avec la machine, l’homme ne peut plus s’évader par la pensée (l.44-45) La crise provient d’outils de Le processus ne va faire pensée obsolètes ; nous que s’aggraver (l.53-54) n’avons pas de clé pour sortir de la crise. (l.49) I. Idées pour le plan Déshumanisation Concurrence dangereuse / chômage III. Conséquences néfastes sur la société - Paradoxe du progrès technique (avantages/inconvénients) - Processus mondial - Processus impossible à arrêter et qui s’aggrave. Impact néfaste sur la socié-té : - processus que l’on ne peut arrêter (5) Impact sur l’homme : le progrès technique peut entraîner le chômage (3) Impact sur la société : Le monde entier est frappé. (6) (Introduction) Le progrès technique a longtemps été assimilé à un facteur de croissance indispensable pour les sociétés industrialisées, car il a engendré de nombreuses révolutions technologiques, sociales et scientifiques. Cependant, depuis quelques années déjà, la question se pose : le progrès technique est-il réellement au service de l’homme ou l’homme en estil devenu l’esclave ? Le corpus de documents va permettre de répondre en partie à cette brûlante interrogation ; il est en effet composé de deux extraits d’articles de magazines spécialisés : « Entretien avec Edgar Morin » de A. Rapin, extrait de Label France du Ministère des Affaires Etrangères et « Les ratés de l’âge industriel » de J. Marseille , extrait du numéro 239 de L’Histoire , mais également de deux documents illustratifs, à savoir une illustration datant de 1880 pour un poème de V. Hugo et un extrait du roman Voyage au bout de la nuit de Céline. Ces documents semblent tous souligner la nette domination de la machine sur l’homme qu’a engendré le progrès technique. Ils montrent également que c’est l’homme qui doit supporter les conséquences néfastes de ce progrès technique, censé à l’origine le soulager de ses peines. Finalement, il apparaîtrait que c’est la société toute entière qui est la victime de ce processus délétère, car elle ne peut désormais plus se passer du progrès technique, devenu un élément fondamental des sociétés industrialisées. * En effet, l’homme semble être devenu la victime de sa propre création : le progrès technologique est devenu, d’une certaine manière, son bourreau. Ainsi c’est l’être vivant qui est devenu dépendant de la machine et qui doit s’y adapter. L’illustration datant de 1880, à l’époque de la première révolution industrielle, évoque déjà ce problème majeur, à travers la dénonciation du travail des enfants. La machine est représentée sous la forme d’un monstre, d’une sorte de dragon, dont les rouages constituent les yeux. La fumée qui s’échappe semble s’enfuir de naseaux et la créature apparaît alors infernale. Les enfants sont à l’intérieur de la gueule du monstre, asservis car ils sont en position accroupie, pieds nus. La machine a donc englouti les êtres vivants et les a asservis. On retrouve la même forme de critique chez Céline, lorsqu’il dépeint l’ouvrier comme l’esclave de la machine dont il se sert. En effet, l’auteur écrit que la machine est « en catastrophe cette infinie boîte aux aciers et nous on tourne dedans et avec les machines et avec la terre »(l.23). L’être humain n’est plus libre de ses mouvements, il doit suivre le mouvement initié par la machine. Jacques Marseille dénonce lui aussi ce retournement de la hiérarchie entre l’homme et la machine ; il compare ainsi le métier de tisserand avant et après l’apparition des machines. Le constat est sans appel : l’homme est contraint de suivre le rythme de la machine, sans possibilité d’arrêt. Il décrit en ces mots la situation désormais cruelle de l’être humain : « il faut bien que l’homme se conforme au métier, que l’être de sang et de chair, où la vie varie selon les heures, subisse l’invariable de cet être d’acier » (l.52). L’homme se retrouve donc pris au piège du progrès technique : les machines qu’il a créées pour soulager sa peine sont en train de lui imposer leur loi. Par conséquent, l’homme ne peut plus s’épanouir dans son travail, car il est privé de sa liberté de mouvement et de pensée. Céline, dans son roman, décrit très bien l’état déplorable dans lequel est plongé l’ouvrier prisonnier du système fordiste : « On résiste tout de même, on a du mal à se dégoûter de sa substance, on voudrait bien arrêter tout ça pour qu’on y réfléchisse, […] mais ça ne se peut plus » (l.20-22). Le personnage est résigné et il accepte d’être la victime malheureuse de ce système. De même, J. Marseille explique que c’est surtout la disparition de l’imaginaire au travail qui rend le travailleur esclave de la machine et malheureux : « Le travail solitaire du tisserand était bien moins pénible. Pourquoi ? C’est qu’il pouvait rêver. » (l.45). Cependant, il ne faut pas pour autant diaboliser le progrès technique comme le suggère le magazine du Ministère des Affaires Etrangères de juillet 1997 ; en effet, il y est affirmé qu’en soi le développement de l’économie ne constitue pas forcément un obstacle à l’épanouissement des hommes : « le développement, envisagé uniquement sous un angle économique, n’interdit pas, au contraire, un sous-développement humain et moral »(l.32). Il n’est donc a priori pas impossible de conjuguer développement technique et développement personnel de l’être humain ; cependant, l’ensemble des documents note que ce n’est pas la voie sur laquelle sont engagées les sociétés industrialisées. L’homme subit donc un renversement de hiérarchie entre lui et la machine, mais quelles sont exactement les conséquences néfastes de cette nouvelle situation ? ** En effet, l’homme est asservi par le progrès technique, au point de s’en retrouver déshumanisé. Il perd son humanité en devenant dépendant des machines. C’est d’ailleurs ce que montre l’illustration du poème de V. Hugo, car les enfants qui travaillent au service du progrès technique deviennent eux-mêmes les rouages de la machine. Ils ne sont plus des êtres vivants, mais des parties mécaniques du monstre. De même, chez Céline, cette transformation est clairement décrite, car l’ouvrier subissant le système fordiste s’animalise ou se chosifie. Ainsi, le chef d’entreprise déclare au héros : «c’est de chimpanzés dont nous avons besoin… » (l.4) ce qui montre clairement que les ouvriers ne sont plus considérés comme des êtres humains. Le personnage reconnaît de lui-même qu’il a perdu son humanité au contact des machines : « on en devenait machine soi-même à force » (l.13). La nuisance des machines est donc établie : certes elles facilitent le travail des hommes, mais elles contribuent également à rendre ses tâches plus mécaniques et par conséquent plus éprouvantes et déshumanisantes. Par ailleurs, les machines constituent une autre forme de nuisance : elles tendent désormais à se substituer à l’homme dans le monde du travail. Comme l’annonçait déjà Edgar Morin dans l’article de Label France, la croissance économique repose de plus en plus sur une automatisation du travail, ce qui risque d’entraîner des licenciements, car l’homme n’est alors plus indispensable, puisqu’une machine peut le remplacer et même être plus rentable. Ainsi Edgar Morin déclare-t-il : « je crains que la voie de la compétition économique accélérée et amplifiée ne nous conduise qu’à un accroissement du chômage » (l.48-49). Certes, le progrès technique génère de nouveaux produits de consommation, ce qui peut entraîner la création de nouveaux métiers et favoriser a priori l’embauche de travailleurs. Cependant, selon Jules Méline dans un livre datant de 1900 cité par Jacques Marseille, ce processus est loin d’être évident et il présente une vision de l’avenir économique beaucoup plus sombre. Selon lui en effet, la naissance de nouveaux besoins n’entraînera pas forcément la création de nouveaux postes, cela risque même en effet d’être l’inverse : « Sans doute des besoins nouveaux surgiront, […] Mais cela ne prouve nullement qu’il faudra plus de bras pour suffire à ces exigences nouvelles. Plus on avance, plus la concurrence est redoutable pour le travail humain ». Déjà au début du XX°s, l’auteur pressentait le processus néfaste à l’homme qui se mettrait en place par la suite : le système économique est devenu un cercle vicieux où l’homme est pris au piège malgré lui. L’homme est donc bien la principale victime des conséquences néfastes du progrès technique, mais la société subit elle aussi les répercussions de ce phénomène. *** En effet, à l’origine, le progrès technique représentait une manne inépuisable de nouvelles créations et de profits pour la société et paraissait n’apporter que des bienfaits. Ainsi, Edgar Morin évoque les nombreuses améliorations apportées par le progrès technique ; il cite les inventions de la voiture, des progrès en science dans le domaine de la génétique, de l’industrie. Cependant, il ajoute aussitôt que chaque progrès a apporté une nuisance plus ou moins directe. En effet, il déclare que « l’individualisme […] s’accompagne de plus en plus de phénomènes d’atomisation, de solitude, d’égocentrisme, de dégradation des solidarités » et que « l’industrie, qui satisfait les besoins d’un large nombre de personnes, est à l’origine des pollutions et des dégradations qui menacent notre biosphère » (l.12). Comme il l’ajoute ensuite, ce n’était qu’un « mythe » (l.18), c'est-à-dire une croyance vaine de croire que le progrès technique serait la solution du futur. Jacques Marseille abonde dans ce sens, puisqu’il montre même que l’impact du progrès technique sur la croissance économique n’est que limité : « la croissance moyenne annuelle du produit intérieur brut (PIB) de l’ensemble des pays industrialisés n’a guère dépassé 1% durant ces cent ans, ce qui, dans le court terme, est quasiment imperceptible » (l.11). Les bénéfices retirés du progrès technique par la société ne semblent donc pas probants, alors même que ses nuisances sont tout au contraire évidentes. Ainsi, la société tout entière et non plus seulement l’individu, est prise au piège de ses propres créations, puisque le progrès technique constitue un processus inéluctable. Le constat est aujourd’hui amer et pessimiste concernant notre avenir ; EdgAr Morin et Jacques Marseille affirment en effet tout deux que la société n’a pas les moyens à l’heure actuelle pour lutter contre ce processus délétère. Edgar Morin déclare que ce sont les modes de pensée qui sont à revoir entièrement si l’homme veut pouvoir faire face : « La tragédie, c’est que nous n’avons pas de clé pour en sortir. Nos outils de pensée, nos idéologies, […] ont faire la preuve de leur échec » (l.49-52). Jacques Marseille est plus critique encore, car il soutient que la situation ne va faire que s’aggraver dans l’avenir : « A la fin du siècle, la diffusion du chronométrage et la parcellisation des tâches rendra encore plus mutilante la division du travail et plus aliénante la condition du « prolétaire » (l.53). Les conditions de vie et de travail ne vont faire que se détériorer et cela constitue un véritable défi pour l’homme de lutter contre ce fléau. Il est d’autant plus difficile de résister à ce processus qu’il est désormais devenu mondial. En effet, la mondialisation est un obstacle majeur à toute tentative de résolution du problème : comment combattre un ennemi sur autant de fronts ? C’est d’ailleurs le problème soulevé par les propos de Edgar Morin et Jacques Marseille. Ils font tous deux le constat impuissant de cette uniformisation des sociétés. Le premier déclare que « cette situation est celle du monde » (l.27) et que le progrès technique est devenu « comme une sorte de machine » (l.29). Autrement dit, c’est un processus qui sera particulièrement difficile à arrêter, car il touche tout le monde. Jacques Marseille, dans son bilan critique, dresse le même constat pour l’ensemble des pays industrialisés, ce qui montre bien que nul n’est épargné : « l a croissance moyenne annuelle du produit intérieur brut de l’ensemble des pays industrialisés n’a guère dépassé 1% » (l.11-13). Ainsi, l’avenir de toutes les sociétés industrialisées paraît menacé par le progrès techniques qu’elles génèrent. (Concl) Le progrès technique s’avère donc être une menace non seulement pour l’être humain, mais aussi pour les sociétés industrialisées, car il déshumanise et entraîne de multiples nuisances. L’économie mondialisée ne permet pas de réguler ce processus, ce qui augure mal de l’avenir. Peut-être est-ce plus que jamais le moment de lutter contre cette influence néfaste en période de crise économique ?