Amnesty International 4 Soirée Ciné Débat « France, terre d’asile ? »
en place à partir de 2002, en ce qui concerne l'asile et plus généralement l'accueil des étrangers:
- Le 10/12/2003, création d'une «protection subsidiaire», pour un an, renouvelable, droits
réduits
- Le 26/11/2003, loi relative à la maîtrise de l'immigration qui affiche pour objectif de
«doubler en année pleine, le nombre de reconduites à la frontière »
Des notions nouvelles aboutissent à réduire le nombre de demandes : telles que « des autorités de
protection » qui seraient à même de protéger le demandeur chez lui ( autres que l'Etat) ; il en est
de même pour la notion « d'asile interne » et de « pays d'origine sûr »
le dispositif d'accueil des demandeurs est modifié; mais la situation manque de lisibilité;
Dans ce contexte qui révèle pour le moins l'absence d'une politique maîtrisée, la situation des
populations concernées est devenue dramatique.
Les déstabilisations multiples que connaît le monde gonflent sans cesse les flux migratoires : que ce
soit pour échapper à la terreur politique, religieuse, à la détresse économique, c'est ainsi par
exemple que les remous de l'effondrement du système soviétique sont loin d'être apaisés en ce qui
concerne les déplacements de population ; la mondialisation économique sauvage se nourrit en
partie de flots continus de gens à la recherche d'un mieux vivre. Chacun s'accorde – politiques,
économistes- à prévoir une amplification de ce type de réalités.
L'Europe, sa richesse, son confort attire peut-être plus encore plus encore parce qu'elle est, sur les
autres continents, considérée comme un espace respectueux des droits de l'homme, la France
bénéficie ainsi dans le monde de cette image qu'elle entretient sur la scène internationale mais
qui, dans les faits, a grand besoin d'être nuancée.
Le nombre des premières demandes auprès de l'OFPRA a quasi doublé entre 1993 et 2003 ( de 27
à 52 000), et il est évident qu'une bonne partie de ces demandes est liée au besoin d'échapper à
une situation économique sans issue, mais cette utilisation de la demande d'asile est due à
l'absence d'une politique d'immigration sur le long terme claire et affichée ; on a organisé la venue
massive d'individus, en lien avec la reconstruction du pays sans dire ouvertement la nécessité de
cette migration économique; au coup par coup, on a légalisé, le regroupement familial, par
exemple sans chercher à mesurer les effets ni sur la population immigrée ni sur la population des
nationaux. De lucratives chaînes de passeurs se sont constituées jouant à la fois sur la détresse
humaine d'un côté et sur la rapacité de certains employeurs qui se satisfont parfaitement d'une
main d'oeuvre invisible dans les statistiques et pour le fisc. Avec la détérioration du marché du
travail, les conditions de vie de cette population légalement invisible sont devenues sordides et
totalement inacceptables dans un pays de droit.
Mais ces drames humains dont l'actualité quotidienne est de plus en plus souvent émaillée, ont des
effets dramatiques sur la population française, dont une partie, aux prises elle même avec les
angoissantes incertitudes du lendemain, prête une oreille complaisante aux thèses extrémistes et
simplistes, alors que partout un racisme rampant, pourrit les relations sociales.
Sans oublier les fonctionnaires, nationaux et locaux, chargés en principe d'étudier les dossiers, de
façon personnalisée, qui sont maintenant dans une situation d'implosion permanente, pris en
tenaille entre les principes de la convention de Genève, les décisions des pouvoirs publics qui les
contredisent, les situations individuelles qu'ils ont à connaître.
En effet, la réaction des pouvoirs publiques est très claire depuis 2002.
Elle peut se résumer dans les conclusions d'un Comité Interministériel de Contrôle de l'Immigration
du 5/12/2006 énoncées par le par le premier ministre : « l'immigration légale reste stable depuis 2
ans, autour de 200 000 personnes. Le succès de la politique du gouvernement se manifeste
notamment en matière d'asile et de lutte contre l'immigration illégale. La demande d'asile est en
forte baisse( 15% en 2005 et 40% sur les dix premiers mois de 2006) », on est passé de 42 578
demandes d'asile en France en 2005 à 26 278 (données provisoires de l'OFPPRA fin 2006) . Le
ministre a raison de se féliciter. Sauf que cette efficacité proclamée aboutit à la quasi disparition
de l'asile, puisque l'essentiel de la politique d'asile est fondé sur un raisonnement dissuasif. On
n'analyse plus la situation des personnes, mais celle des flux globaux; de plus on relève de
nombreux dysfonctionnements dans l'application et la mise en oeuvre de la procédure d'admission
provisoire par les services préfectoraux concernés.