Le groupe de Villeurbanne – Lyon 6ème propose Le vendredi 16 mars 2007 à 20h00 au C.C.O 39 rue Georges Courteline 69 100 Villeurbanne Une soirée projection-débat « France : terre d’asile ? » Projection du film documentaire « France, terre d’exil » de Elsa CHABROL suivie de l’intervention de Jean-François DUBOST de Amnesty International France et Denis CAGNE de Forum Réfugiés. © Xavier Merckx / Cimade « Devant la persécution, toute personne a le droit de rechercher asile en d’autres pays » Extrait de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme Cette soirée est organisée au profit d’Amnesty International et de ses actions en faveur de la défense des Droits de l’Homme dans le monde. Amnesty International 1 Soirée Ciné Débat « France, terre d’asile ? » France, terre d’asile ? L’arrivée d’un nombre record de personnes aux frontières de l’Europe, témoigne de l’importante détresse de milliers d’hommes et de femmes à la recherche de protection ou de conditions de vie meilleure. Peut-on encore parler de respect du droit d’asile en France au regard des politiques françaises et européennes qui consistent à renforcer les contrôles aux frontières et à renier la notion spécifique d’asile en l’intégrant dans la politique globale de « gestion des flux migratoires » ? Projection documentaire: « France, terre d’exil » Documentaire de Elsa Chabrol – 57 mn L’exil des Russes a toujours été essentiellement politique. Et la France a toujours été pour les Russes une terre de prédilection. Le film montre, à travers des personnages des trois vagues d’émigration russe : les Russes blancs, les dissidents et les "post-soviétiques" – y compris les Tchétchènes –, l’évolution de la politique d’asile en France. Aujourd’hui, la France encore dissimulée derrière un prestige d’humanisme politique basé sur son passé, bafoue quotidiennement la convention de Genève qu’elle a pourtant signée et dont elle se revendique : la France n’est plus une terre d’asile. Avec la participation de : Jean-François DUBOST, Responsable du service Migrants de Amnesty International France Juriste en droit public et droit international (droit international des droits humains et humanitaire), responsable des activités d'Amnesty France sur les questions des personnes déracinées. L'objectif de sa mission est de coordonner les actions des membres d'Amnesty sur les questions d'asile, de refuge et à terme de migrants. Ces actions se traduisent à la fois par un travail sur des cas individuels, sur des actions de lobbying auprès des autorités et instances compétentes en matière d'asile en France, par des formations auprès des membres d'Amnesty International et d'autres associations. Denis CAGNE, Adjoint de direction à Forum Réfugiés Cette association sans but lucratif œuvre pour l'accueil des réfugiés et la défense du droit d'asile. Basée à Lyon, elle a été créée en 1982 à l'initiative de plusieurs associations (Secours Catholique, SSAE, Cimade, Fédération de l'Entraide Protestante, Centre Pierre Valdo, Sonacotra) qui ont choisi de lui donner un rôle spécifique dans ce domaine. Elle est ainsi devenue un interlocuteur reconnu et privilégié capable de prendre, au sujet de l'exil, toutes initiatives jugées nécessaires. Son champ d'action s'est élargi au fil du temps aux questions juridiques et à l'accueil, avec le souci d'accompagner le plus complètement possible ceux qui circulent sur la "chaîne" de l'asile. Vous pourrez également découvrir lors de cette soirée à partir de 19h00: - L’exposition « Ceci n’est pas une prison » conçue par la Cimade et parrainée par le photographe et cinéaste Raymond Depardon. Chaque année, plus de 30 000 étrangers sans-papiers séjournent dans des centres de rétention. Les clichés d’Olivier Aubert, David Delaporte et Xavier Merckx font le point sur les conditions inhumaines et dégradantes qui régissent ces lieux. La Cimade, service œcuménique d’entraide, est la seule association présente dans les lieux de rétention administrative. A une époque où se mélangent discours, mesures, et pratiques sur l'immigration, elle souhaite faire connaître la réalité de l'enfermement des étrangers sans-papiers. Cette manifestation s’intègre dans le cadre de la Campagne « Assez d’humiliation, les migrants sont notre monde » lancée par la Cimade. Amnesty International 2 Soirée Ciné Débat « France, terre d’asile ? » - Une table d'information du Groupe Amnesty International de Villeurbanne sur l’activité du groupe et sur l’évolution du droit d’asile en France. - Quelques plats froids, gourmandises et boissons seront proposés sur place. Cette soirée est organisée par le groupe d’Amnesty Villeurbanne-Lyon 6ème Prix des places : 8 euros (Plein tarif) 6 euros (Tarif réduit) Contacts pour tout renseignement : Liliane Dago : 04 78 68 83 97 / mail : [email protected] AMNESTY INTERNATIONAL - Groupe 188 de Villeurbanne Maison BERTY ALBRECHT - 14 Place Grand Clément - 69100 Villeurbanne. http://ai188.free.fr La position d’Amnesty International sur le Droit d’Asile en France A l'heure où, selon une tradition malsaine, la campagne électorale va utiliser l'immigration en jouant sur les peurs multiples, à l'heure où des citoyens se mobilisent face à des directives qui font fi de toute considération pour les droits humains, à l' heure ou l'on ramasse des cadavres par dizaines sur les côtes sud européennes, nous avons voulu éclairer cette question du droit d'asile qui est au coeur non seulement des législations nationales mais aussi des relations internationales. La France est-elle encore une terre d'asile ? Dans quel cadre juridique s'applique le droit d'asile? Un cadre international d'abord, à travers la Déclaration universelle des droits de l'homme (1848) et la Convention de Genève(28/07/51) qui définit le réfugié : « toute personne qui,craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques... ». La France a ratifié ces deux textes et se doit donc de les appliquer par le biais de sa législation nationale sur la mise en pratique des principes énoncés. Naturellement, il s'inscrit aussi dans le cadre communautaire, en particulier depuis le traité d'Amsterdam (1997) non seulement signé par la France mais accepté par un référendum; il prévoit que les questions d'immigration et d'asile relèvent de la compétence communautaire, chaque pays devant rapprocher sa législation des directives communes . La convention de Schengen de 1990 qui prévoit la suppression des contrôles aux frontières intérieures, a été remplacée en ce qui concerne l'asile par la convention de Dublin de 1997complétée en 2003 : celle-ci précise dans quel Etat doit se faire la demande d'asile , et elle fixe aussi les critères d'acceptation. L'UE est naturellement signataire de la convention de Genève. Cependant, l'arrivée massive de réfugiés liée aux déstabilisations politiques a amené l' Union à une attitude défensive se donnant comme priorité un système européen d'information sur les visas; prioritaires aussi des accords de réadmission et la coopération pratique avec les pays d'origine ; mais en fait la mesure la plus active est la mise en place de l'agence FRONTEX qui gère et coordonne la surveillance des frontières extérieures de l'Union. Dans ce contexte général, les principaux textes nationaux fixent les procédures : - l’ordonnance du 2/11/1945 sur les conditions d'entrées sur le territoire et les zones d'attente aux frontières... - La loi du 25/07/52 crée l' OFPRA, office français de protection des réfugiés et des apatrides et la commission des recours des réfugiés (CRR) en se référant à la Convention de Genève. Mais depuis 2003, le paysage de l'asile en France aura été profondément modifié; d'une part pour se rapprocher de la législation européenne, d'autre part, du fait de l'orientation du gouvernement Amnesty International 3 Soirée Ciné Débat « France, terre d’asile ? » en place à partir de 2002, en ce qui concerne l'asile et plus généralement l'accueil des étrangers: - Le 10/12/2003, création d'une «protection subsidiaire», pour un an, renouvelable, droits réduits - Le 26/11/2003, loi relative à la maîtrise de l'immigration qui affiche pour objectif de «doubler en année pleine, le nombre de reconduites à la frontière » Des notions nouvelles aboutissent à réduire le nombre de demandes : telles que « des autorités de protection » qui seraient à même de protéger le demandeur chez lui ( autres que l'Etat) ; il en est de même pour la notion « d'asile interne » et de « pays d'origine sûr » le dispositif d'accueil des demandeurs est modifié; mais la situation manque de lisibilité; Dans ce contexte qui révèle pour le moins l'absence d'une politique maîtrisée, la situation des populations concernées est devenue dramatique. Les déstabilisations multiples que connaît le monde gonflent sans cesse les flux migratoires : que ce soit pour échapper à la terreur politique, religieuse, à la détresse économique, c'est ainsi par exemple que les remous de l'effondrement du système soviétique sont loin d'être apaisés en ce qui concerne les déplacements de population ; la mondialisation économique sauvage se nourrit en partie de flots continus de gens à la recherche d'un mieux vivre. Chacun s'accorde – politiques, économistes- à prévoir une amplification de ce type de réalités. L'Europe, sa richesse, son confort attire peut-être plus encore plus encore parce qu'elle est, sur les autres continents, considérée comme un espace respectueux des droits de l'homme, la France bénéficie ainsi dans le monde de cette image qu'elle entretient sur la scène internationale mais qui, dans les faits, a grand besoin d'être nuancée. Le nombre des premières demandes auprès de l'OFPRA a quasi doublé entre 1993 et 2003 ( de 27 à 52 000), et il est évident qu'une bonne partie de ces demandes est liée au besoin d'échapper à une situation économique sans issue, mais cette utilisation de la demande d'asile est due à l'absence d'une politique d'immigration sur le long terme claire et affichée ; on a organisé la venue massive d'individus, en lien avec la reconstruction du pays sans dire ouvertement la nécessité de cette migration économique; au coup par coup, on a légalisé, le regroupement familial, par exemple sans chercher à mesurer les effets ni sur la population immigrée ni sur la population des nationaux. De lucratives chaînes de passeurs se sont constituées jouant à la fois sur la détresse humaine d'un côté et sur la rapacité de certains employeurs qui se satisfont parfaitement d'une main d'oeuvre invisible dans les statistiques et pour le fisc. Avec la détérioration du marché du travail, les conditions de vie de cette population légalement invisible sont devenues sordides et totalement inacceptables dans un pays de droit. Mais ces drames humains dont l'actualité quotidienne est de plus en plus souvent émaillée, ont des effets dramatiques sur la population française, dont une partie, aux prises elle même avec les angoissantes incertitudes du lendemain, prête une oreille complaisante aux thèses extrémistes et simplistes, alors que partout un racisme rampant, pourrit les relations sociales. Sans oublier les fonctionnaires, nationaux et locaux, chargés en principe d'étudier les dossiers, de façon personnalisée, qui sont maintenant dans une situation d'implosion permanente, pris en tenaille entre les principes de la convention de Genève, les décisions des pouvoirs publics qui les contredisent, les situations individuelles qu'ils ont à connaître. En effet, la réaction des pouvoirs publiques est très claire depuis 2002. Elle peut se résumer dans les conclusions d'un Comité Interministériel de Contrôle de l'Immigration du 5/12/2006 énoncées par le par le premier ministre : « l'immigration légale reste stable depuis 2 ans, autour de 200 000 personnes. Le succès de la politique du gouvernement se manifeste notamment en matière d'asile et de lutte contre l'immigration illégale. La demande d'asile est en forte baisse( 15% en 2005 et 40% sur les dix premiers mois de 2006) », on est passé de 42 578 demandes d'asile en France en 2005 à 26 278 (données provisoires de l'OFPPRA fin 2006) . Le ministre a raison de se féliciter. Sauf que cette efficacité proclamée aboutit à la quasi disparition de l'asile, puisque l'essentiel de la politique d'asile est fondé sur un raisonnement dissuasif. On n'analyse plus la situation des personnes, mais celle des flux globaux; de plus on relève de nombreux dysfonctionnements dans l'application et la mise en oeuvre de la procédure d'admission provisoire par les services préfectoraux concernés. Amnesty International 4 Soirée Ciné Débat « France, terre d’asile ? » Certes, il est du rôle de l'Etat, de connaître, d'encadrer , de contrôler les flux migratoires sur son sol, mais c'est pour ne l'avoir pas fait clairement que nous sommes dans la situation présente. Faut-il pour résorber une situation devenue intolérable dans un pays de droit, sacrifier un principe de base des sociétés civilisées : le droit d'asile ? Dans ce contexte, Amnesty International milite pour que, sur le territoire national : - les accès à la procédure d'asile soient équitables et satisfaisants - les procédures garantissent véritablement la protection des individus en danger en appliquant les principes fondamentaux qui se fondent sur des normes internationales - les demandeurs d'asile ne soient pas mis en détention C'est ainsi que, constatant que la procédure d'asile en France ne respecte pas les principes fondamentaux d'égalité et d'équité, ce qui conduit des personnes à être déboutées de leur demande d'asile alors même qu'elles risquent d'être exposées en cas de retour dans leur pays à des violations graves de leurs droits humains, Amnesty International demande au ministère de l'Intérieur de mettre fin aux disparités et illégalités constatées en ce qui concerne : - l'absence ou la tardiveté de la notification de la décision motivée, entravant la possibilité de recours - l'absence ou la tardiveté de la transmission des dossiers de demandes d'asile à l'OFPRA par les préfectures - l'absence d'examen individualisé de la situation des personnes - l'usage abusif et illégal des motifs de refus d'admission au séjour. Au niveau national donc , Amnesty International , surveille et commente les orientations et mesures prises par les pouvoirs publics en matière de protection des réfugiés et demandeurs d'asile. Au niveau de l'UE, dans les Etats membres, les sections suivent le calendrier de rapprochement des politiques d'asile et de contrôle de l'immigration. Il apparaît de plus en plus évident que le principe -non avoué- de chaque pays soit de reporter sur le voisin la gestion des demandeurs; pire, l'UE s'est déchargée sur les voisins du Sud, du Maroc à la Libye, en passant par l'Algérie du soin de filtrer, de repousser tous ceux qui rêvent d'Europe. Amnesty International recommande à l'UE et aux états membres « qu'ils garantissent que les droits des migrants et des réfugiés soient entièrement respectés dans la lutte contre l'immigration irrégulière et que le retour des ressortissants de pays tiers en situation irrégulière ait lieu dans la sécurité et la dignité. » Mais à quoi servent nos protestations indignées devant les mauvais traitements infligés à des gens désespérés ? Il est malheureusement clair que les droits des hommes ne sont pas la priorité des Etats, les migrants constituent seulement une monnaie de discussion, de chantage au niveau des gouvernants. Non seulement l'Europe , et la France avec elle, est en train de perdre son âme, mais elle est en train de perdre toute crédibilité dans le monde. La France ne peut retrouver la stabilité sociale dont elle a besoin pour affronter les formidables défis de l'avenir qu'à travers la stricte application des principes de droit qui ont bâti notre histoire; c'est aussi le seul moyen de retrouver un réel prestige dans le monde ; en particulier en se faisant le champion, dans le cadre européen, d'une politique volontariste de migrations de travail qui exigerait des responsables politiques de chaque pays- ici et là-bas – d'assumer leur responsabilités vis à vis de leurs citoyens. Car la France n'a jamais « accueilli toute la misère du monde », à l'échelle européenne , elle se trouve au 10ème rang dans l'accueil des étrangers....à l'échelle du monde, les migrations les plus fortes se font du Sud vers le Sud, en Asie et en Afrique (sources HCR) Quant au droit d'asile il doit demeurer un principe intouchable, c'est par lui , que depuis longtemps les sociétés se sont protégées de la barbarie. Liliane DAGO Secrétaire du Groupe Amnesty Villeurbanne Tel : 04 78 68 83 97 / mail : [email protected] Amnesty International 5 Soirée Ciné Débat « France, terre d’asile ? »