26 novembre 2007 PROGRAMME DE RECHERCHE EN SANTE PUBLIQUE (2007-2010) D’un point de vue quantitatif, la recherche en Santé Publique est insuffisamment développée en France. Si des travaux importants sont réalisés dans des domaines tels que l’épidémiologie, l’analyse et la quantification des risques, les risques émergents, la modélisation, l’économie et la sociologie de la santé, il n’existe pas suffisamment de recherches réalisées sur le fonctionnement et la gestion du système de santé, les politiques publiques et les interventions sociales, l’analyse des besoins de santé, la participation des professionnels et des citoyens, l’évaluation. En outre, certains acteurs étatiques dans le domaine de la santé expriment des besoins en recherche pour élaborer les politiques publiques. Dans un objectif de mutualisation des compétences et des moyens, il est proposé qu’un Programme de Recherche en Santé Publique (PReSP), portant entre autres sur une partie de ces derniers thèmes, soit coordonné par l’Institut de Recherche en Santé Publique (IReSP) et financé conjointement par ses partenaires, selon une répartition qui fera l’objet d’un accord entre eux1. Une programmation pluriannuelle pourra être mise en place à partir de 2008. Ce programme sera destiné à soutenir, de façon pérenne et récurrente, la recherche sur objectifs et le développement des moyens scientifiques sur lesquels peut s’appuyer la recherche en Santé Publique en France, en liaison étroite avec les besoins des financeurs et décideurs de ce secteur. L’un de ses principaux objectifs sera de participer à l’organisation de la recherche en Santé Publique en France, en contribuant à l’émergence de nouvelles équipes de recherche dans ce domaine, par un soutien spécifique et complémentaire aux actions entreprises dans les organismes de recherche (EPST, Universités, grands établissements). Cette modalité de soutien à la recherche en Santé Publique prendra place à côté d’autres modes de financement coordonnés par les EPST et les universités (création et financement récurrent d’unités de recherche, soutien aux jeunes équipes, recrutement de personnels), par l’ANR et certains financements spécifiques provenant d’administrations, d’agences et d’opérateurs actifs dans le champ de la Santé Publique L’ensemble du programme sera réalisé dans une perspective européenne et internationale. Les aspects concernant les relations Nord/Sud seront en particulier favorisés. Première étape : un état des lieux de la recherche en Santé Publique Avant toute chose, il apparaît nécessaire de réaliser un état des lieux concernant la recherche en Santé Publique en France. Il sera ensuite indispensable de le mettre à jour régulièrement. Il s’agira de répertorier les équipes de recherche travaillant dans le domaine de la recherche en Santé Publique, toutes institutions confondues, y compris les équipes qui sont des acteurs occasionnels de ce domaine. Les sources possibles sont : les bases de données qui existent dans les EPST et les agences, la liste des équipes qui répondent aux appels à projets, des études bibliographiques. Une structure de recherche, le Centre de Sociologie des Organisations, a débuté cette investigation. Ceci rejoindra les efforts actuellement entrepris par différents organismes (Inserm en particulier) et le ministère de la recherche (avec la plateforme Futuris de l’ANRT). Cette étude pourra donner lieu à un véritable travail de recherche qui permettra de comprendre les éléments qui ont conduit à la situation qui prévaut à l’heure actuelle et d'en tirer des enseignements utiles à une réorganisation éventuelle de ce champ de la recherche. Dans un deuxième temps, il pourra être envisagé de faire un état de la question sur les différentes thématiques de recherche en Santé Publique qui font à l’heure actuelle l’objet de travaux en cours. Ces données se trouvent majoritairement dans la littérature grise et ne sont pas accessibles. L’IReSP fera en sorte de rendre ces données disponibles aux chercheurs et aux décideurs. L’organisation d’un colloque avec les partenaires de l’IReSP est envisagée en 2008, ce qui permettrait plus facilement d’organiser cet état de la question, en lien avec l’objectif de la recherche sur la mise en place d’un système d’intelligence scientifique mentionné ci-dessous. Cette démarche permettrait dans un deuxième temps d’identifier des thématiques insuffisamment couvertes et de faire émerger des sujets pour la poursuite du PReSP. 1 Cf. Communiqué de presse du 13 février 2007 Les thématiques de recherche à soutenir dans les trois prochaines années (2008-2010) : A la suite de ce double bilan, on sera en mesure de proposer des thématiques de recherche pour un programme de travail pluri-annuel pour l’IReSP. De premières pistes peuvent néanmoins être évoquées à partir de l’ensemble des thématiques suggérées par les partenaires de l’IReSP en 2007. Les thèmes déclinés ci-dessous doivent être considérés dans une perspective comparative internationale. A noter que le terme santé s’entend au sens large et inclut les dimensions liées à la perte d’autonomie. 1) Fonctionnement du système de santé Ce domaine de recherche (Health Services Research dans les pays anglo-saxons), qui met en relation le fonctionnement des services de santé et la production de santé, est insuffisamment développé en France. Il concerne les besoins, la demande et l’offre sanitaire, ainsi que les structures, les acteurs, les procédures et l’évaluation du système de santé, dans les domaines de la prévention, du diagnostic et de la prise en charge des pathologies. Au niveau macroscopique, ceci concerne l’organisation du système de santé et la stratégie (politiques de santé, programmes, conditions d’élaboration et de mise en œuvre, etc.). Au niveau local, il s’agit de comprendre les modes d’accès et d’organisation au système de santé pour les usagers, les modalités d’arbitrage, la question du comportement des acteurs. L’un des objectifs prioritaires de cette recherche opérationnelle est d’apporter des éléments utiles aux décideurs dans l’allocation des ressources. 2) Politiques publiques et santé L’ensemble des politiques publiques, même si elles ne concernent pas directement la santé, peuvent avoir des effets directs ou indirects sur la santé. On peut donc s’interroger sur la façon dont les politiques publiques, les modes d’organisation sociale et les institutions qui en découlent sont susceptibles d’avoir un impact (positif ou négatif) sur la santé des populations. On peut également, à partir de connaissances sur l’état de santé de la population, s’interroger sur la façon dont les politiques publiques existantes sont adéquates ou doivent évoluer. Il sera important de prendre en compte les conditions d’émergence et d’élaboration de ces politiques. 3) Déterminants de la santé La recherche en Santé Publique est, traditionnellement, menée au niveau populationnel selon une approche « réductionniste », induite par les disciplines qui sont mobilisées (l’épidémiologie s’est essentiellement consacrée aux déterminants biologiques et médicaux, la sociologie aux professions et déterminants sociaux de la santé, etc.). Des approches transversales, prenant en compte les interactions entre les différents déterminants, à partir des territoires, des risques émergents ou du développement socio-économique pourraient permettre d’analyser conjointement les effets sur la santé des différents déterminants biomédicaux, environnementaux, comportementaux, sociaux et sanitaires. Il est proposé, en première analyse, que les programmes annuels de l’IReSP déclinent ces problématiques (recherche opérationnelle et recherche populationnelle, développement des outils nécessaires) de façon partielle et plus ciblée. Un calendrier des appels à projets programmés jusqu’en 2010 devrait être élaboré, afin que les chercheurs aient une plus grande visibilité des thématiques soutenues. La pérennité des actions entreprises sera l’une des bases du PReSP, de façon à proscrire les soutiens trop limités dans le temps. Propositions de thématiques pour l’année 2008 : En 2008, deux thèmes seront choisis parmi les trois grandes thématiques citées plus haut. A titre d’exemple, ces thèmes pourraient être les suivants : Fonctionnement du système de soins : analyse du rôle et de l’articulation des différents acteurs, de leurs pratiques et des modes d’évaluation de ces pratiques, y compris le dépistage (en s’attachant particulièrement aux soins ambulatoires). Cela nécessite l’accès aux bases de la CNAMTS et à d’autres bases de données. Ce programme sera mis en place avec la HAS, la CNAM-TS, la DREEES, l’Inserm, la CNSA et les autres partenaires intéressés. Territoires et santé : analyse des effets produits par les changements dans l’aménagement du territoire (notamment en lien avec l’économie) sur la définition et la mise en œuvre des politiques de santé; organisation socio-géographique et santé ; urbanisation et santé... (HAS, DGS, InVS, DREES, etc.) Qualité de vie des malades atteints de maladies chroniques et de handicaps. Une action sur ce thème transversal pourra être mise en place en 2008 Par ailleurs, les actions entreprises en 2007 concernant les recherches en prévention et les recherches sur le handicap seront poursuivies, éventuellement sous la forme de groupes de travail (action concertée). Modalités de soutien à la recherche Le PReSP soutiendra la recherche en Santé Publique selon six modalités d’intervention : 1. Financements de recherches sur des thématiques intéressant les partenaires de l’IReSP a) Appels à projets Ces appels à projets peuvent être précédés d’une phase active d’identification et de sensibilisation des équipes ou des personnes susceptibles d’y répondre. Les appels à projets peuvent soutenir : - Soit des projets de recherche « classiques » ; - Soit des colloques ou séminaires de recherche ; - Soit des contrats de définition d’études et de recherche, des études pilotes ou de faisabilité, pouvant comporter des « points sur la recherche … » ou « état de la question » ; Modalités d’élaboration de ces appels à projets : En régime de croisière2, l’IReSP procèdera à la consultation de la communauté des chercheurs en Santé Publique pour dresser un premier bilan des domaines devant être considérés. A l’occasion d’un séminaire annuel rassemblant l’ensemble des partenaires de l’IReSP, des problématiques de recherche seront proposées. Ces problématiques seront formulées en termes de questions de recherche par le COS. Ces thématiques seront soumises au CS pour les hiérarchiser, puis au Comité Directeur annuel qui valide le programme de l’année suivante. Sur cette base, des appels à projets de recherche seront élaborés. Les projets financés (pour une durée de trois ans le plus souvent) seront retenus selon les procédures décrites dans le règlement intérieur de l’IReSP. La gestion financière et administrative des projets sera assurée soit directement par l’organisme financeur, soit par l’Inserm, organisme gestionnaire support de l’IReSP. Cette dernière modalité de mutualisation sera celle privilégiée dans le cadre de l’IReSP, dont l’un des objectifs est la mutualisation des moyens pour la recherche en Santé Publique. Dans tous les cas, une convention sera établie entre l’organisme gestionnaire et l’organisme d’accueil de l’équipe de recherche. Le suivi scientifique des projets sera assuré par l’IReSP selon les modalités qui lui sont habituelles (cf. règlement intérieur de l’IReSP), en liaison avec les publications scientifiques émanant des équipes soutenues : réunion à mi-parcours des équipes financées, évaluation du rapport intermédiaire, mise à disposition des résultats auprès des financeurs, mise en ligne des publications issues des recherches entreprises, compte-rendu synthétique des travaux entrepris et éventuellement publication d’un ouvrage et colloque scientifique ouvert. b) Contribution à l’organisation de la recherche Objectif : Dans plusieurs domaines, il y a à l’heure actuelle plus de moyens disponibles que de forces de recherche mobilisables (cf. les réponses à certains appels à projets de l’ANR et aux appels à projets de l’IReSP en 2007 dont la totalité des fonds disponibles n’ont pas été consommés, du fait du nombre insuffisant de projets de qualité adéquate), alors que d’autres domaines sont peu ou mal couverts (recherches sur le fonctionnement du système de santé par exemple). Le PReSP doit être l’un des instruments d’évolution de cette situation préoccupante, en contribuant à l’organisation de la 2 Des modalités transitoires sont mises en place pour 2007 et 2008, période de montée en charge du PReSP. recherche par le soutien à des équipes émergentes ou déjà constituées, ainsi que par l’attrait qu’il pourra constituer pour des chercheurs ou des équipes susceptibles de s’installer en France. Plutôt que de financer « à la marge » des équipes de recherche, il serait important de contribuer prioritairement à l’organisation de la recherche en Santé Publique et d’accompagner l’émergence d’équipes nouvelles. Il ne s’agit pas de devenir opérateur de la recherche (il n’y aura pas d’équipe labellisée « IReSP »), mais d’accompagner le soutien des acteurs institutionnels à la création et au fonctionnement d’équipes dans le champ de la recherche en Santé Publique, sur les thèmes de recherche présentés ci-dessus. Ceci implique de permettre le financement de thésards, post-docs, et techniciens pendant 3 ans à 5 ans (essentiellement par des CDDs). Un modèle est constitué par les contrats « Avenir » de l’INSERM, ou leur équivalent européen de soutien aux structures émergentes, par l’attribution de financements importants, sur le moyen et le long terme, à un tout petit nombre d’équipes soigneusement sélectionnées. On pourrait éventuellement songer à poursuivre cette logique jusqu’à l’affichage, par certains partenaires de l’IReSP, d’un soutien à certaines opérations innovantes (par exemple, la création de chaires de recherche en Santé Publique soutenues par des partenaires). Modalités d’élaboration Les chercheurs responsables d’équipes potentiellement impliqués dans une telle stratégie devront être sollicités après une prospection très fine du milieu. Selon les thématiques jugées prioritaires, ils seront approchés et invités à éventuellement soumettre un programme pluri-annuel de recherche. Ces projets seront ensuite évalués par le Conseil Scientifique de l’IReSP en faisant éventuellement appel à une expertise extérieure. Le financement sera proposé pour 3, 4 ou 5 ans. Les équipes sélectionnées seront ensuite suivies de façon très rapprochée par l’IReSP, de façon à établir un véritable partenariat. 2. Aide à la mise en place et à l’exploitation de grandes enquêtes (cohortes et grandes études) et de grandes bases de données Objectif : Ceci concerne principalement le soutien qui pourra être apporté à des études jugées indispensables pour répondre à de grandes problématiques de Santé Publique et nécessitant de recourir à la méthodologie des grandes enquêtes, destinées à recruter et à suivre des échantillons de grande taille, ou à la constitution de grandes bases de données. Ces méthodologies imposent des contraintes particulières, concernant en particulier la durée des études, qui dépasse très souvent la durée habituelle des recherches en Santé Publique, ainsi que le rassemblement de plusieurs partenaires institutionnels. Voici quelques exemples d’études de cohortes existant en France : - cohorte ELFE (GIS Ined, Inserm, InVS, Insee, CNAF, DGS, DREES, DEPP) La cohorte ELFE, représentative au plan national, rassemblera 20 000 enfants qui seront suivis de la naissance à l’âge adulte dans une approche pluridisciplinaire. Cette étude longitudinale constituera une source unique de données permettant d’analyser le développement de l’enfant dans son milieu, avec le souci d’étudier les différents facteurs en interaction tout au long du parcours jusqu’à l’âge adulte (facteurs familiaux, sociaux, environnementaux, scolaires, comportementaux, sanitaires, nutritionnels …) et de comprendre l’impact des situations traversées durant l’enfance sur la santé, le développement physique, psychologique, social et professionnel des personnes. - cohorte GAZEL (Inserm Unité 687, EDF-GDF, CCAS, CNAMTS) La cohorte Gazel regroupe environ 20.000 volontaire employés d’Electricité de France et Gaz de France, entré sous observation en 1989, dont la majorité est actuellement à la retraite. Les données recueillies concernent les caractéristiques socio-familiales, la situation professionnelle l’état de santé, l’absentéisme médical, l’incidence des cancers et des cardiopathies ischémiques, la mortalité et les et cause de décès, le mode de vie, la consommation de soins et les conditions de travail. Ceci permet de s'intéresser à de nouvelles questions de santé liées au passage à la retraite ou au vieillissement. - cohorte CONSTANCES (Inserm Unité 687, CNAMTS) Cette cohorte recrute parmi les consultants des Centres d’examen de santé, un échantillon de quelque 200.000 personnes de plus de 18 ans, représentatif de la population générale de même tranche d’âge, volontaires, qui s’engageront à être suivis pendant plusieurs décennies, et jusqu’à leur décès, de façon régulière. Une telle cohorte rend accessible les données de surveillance générale sur les antécédents, physiques psychiques et sociaux, sur les signes cliniques des diverses pathologies rencontrées, sur le processus de soins etc. Au fur et à mesure de son évolution et comme la cohorte Gazel, cet échantillon constituera une plate forme ouverte à des recherches nouvelles, épidémiologiques ou cliniques, observationnelles ou évaluatives, qu’il sera possible de greffer sur le tronc principal. Constances sera un instrument excellent pour la description des processus de santé (notamment pour l’étude des déterminants de la bonne ou mauvaise santé) ou pour la description et l’évaluation des processus de soins et de prise en charge réels d’une pathologie donnée par exemple3. - cohorte SIRS (Inserm Unité 707, Centre Maurice Halbwachs, ville de Paris, INED) La cohorte francilienne « Santé, inégalités et ruptures sociales » (SIRS) étudie les interrelations entre, d’une part, les situations sociales des individus (au sens le plus large : aussi bien individuelles conditions de vie, insertion et ruptures sociales, caractéristiques psychosociales que contextuelles environnement et contexte socio-économique de résidence dont l’offre de soins) et, d’autre part, leurs états, perceptions et comportements de santé, ainsi que leurs stratégies et modes d’utilisation du système de soins. Après plusieurs enquêtes et études transversales menées depuis 2001, cette cohorte a été constituée en 2004-2005 et inclut 3 000 personnes réparties entre 60 îlots IRIS d’Ile-de-France . Modalités d’action : Il s’agira dans un premier temps de faire un état des lieux des cohortes existantes (en complétant le premier état des lieux entrepris en 2004 par l’Inserm, éventuellement actualisé en 2007). Ceci devrait durer six mois environ. A l’occasion d’un séminaire de l’IReSP, certaines des problématiques exposées pourront être formulées en termes de cohortes ou de constitution de grandes bases de données. Si les études correspondantes existent, le PReSP pourra participer à leur financement, aux côtés des financeurs habituels (ministères, ANR, EPST, etc.). Dans le cas contraire, des groupes de travail seront mis en place afin de permettre l’émergence de ces études. C’est, par exemple, de cette façon que l’IReSP procède actuellement pour la question du risque sanitaire des nanotechnologies. L’IReSP pourra également soutenir des actions visant à la mise à la disposition de la communauté scientifique de données d’études déjà exploitées (ex. de l’étude NHANES aux USA) par la constitution d’une « méta-base de données », accessible à l’ensemble des chercheurs selon des conditions préalablement définies. On envisagera également les possibilités d’inclure les préoccupations de chercheurs en Santé Publique dans les grandes études statistiques nationales (enquête santé/HID, baromètres santé, enquête SPS de l’IRDES, etc.) 3. Plateformes scientifiques et techniques pour la recherche en Santé Publique Il s’agit de mettre en place des outils d’intérêt collectif, au même titre que les grandes études et bases de données. Cette étape devra être précédée par un bilan de ce qui existe déjà dans ce domaine. 3.1. Utilisation des bases de données médico-administratives Objectif : Les aspects opérationnels liés à la réalisation d’enquêtes épidémiologiques de grande ampleur en termes d’effectifs, de sources de données et de durée, font appel à des ressources scientifiques, techniques et organisationnelles complexes et de haut niveau de compétence. Ces ressources dépassent largement les moyens disponibles au sein des équipes françaises d’épidémiologistes, quelque soit leur organisme d’appartenance. Nous proposons la mise en place d’une structure interorganismes qui serait une plate-forme scientifique et technique pour l’aide à la gestion de cohortes et de grandes enquêtes épidémiologiques (plate-forme Plastico). Modalités d’action: Certaines activités de la plate-forme sont nouvelles en France, notamment l’appariement des données d’enquêtes individuelles avec les bases de données médico-administratives nationales, et font actuellement l’objet d’études exploratoires et de tests, sans avoir encore véritablement été mises en œuvre dans des études épidémiologiques dans notre pays, sauf de façon très ponctuelle. C’est Le budget prévisionnel de fonctionnement de la cohorte Constances en année pleine est d’environ 1,1 M€ ; il est co-financé par la CNAMTS et par la DGS à hauteur de 300 000 € par an. Par ailleurs, le coût annuel des examens réalisés dans les Centres d’examens de santé de la Sécurité sociale pour les sujets de la cohorte est estimé à environ 4 M€. 3 pourquoi on envisage dans un premier temps la mise en place d’une structure de préfiguration de la plate-forme Plastico. Cette structure de préfiguration temporaire pourrait faire l’objet d’une simple convention entre les partenaires concernés. Son objectif doit explicitement être la mise en place de Plastico, sous une forme pérenne. Sa durée devrait être de 24 mois, ce qui permettrait d’accumuler l’expérience suffisante, à la fois sur le plan scientifique, technique et des ressources à réunir, et sur le plan des modalités institutionnelles et de gestion. Des structures de direction et de pilotage adéquates pourront alors être définies, et la plate-forme configurée selon ses besoins stabilisés. Il s’agit dans un premier temps de réunir l’équipe qui formera le noyau permanent de la plate-forme. Les qualifications requises sont les suivantes : épidémiologistes, statisticiens, médecins nosologistes, informaticiens spécialistes (gestion des bases de données, gestion des réseaux et de la sécurité informatiques, analyse et programmation), techniciens de saisie et de vidéo codage, personnel administratif de soutien. Une dizaine de personnes est nécessaire pour que la plate-forme soit pleinement opérationnelle. Les moyens techniques de la plate-forme sont des équipements spécialisés de LAD (scanners haut débit), et des moyens informatiques (serveurs de bases de données, micro-ordinateurs, systèmes de sauvegarde automatique, etc.) d’un haut niveau de sécurisation, avec une architecture garantissant l’intégrité des données et l’étanchéité des réseaux internes, et des accès sécurisés aux réseaux de la CNAMTS et de la Cnav. Les locaux également doivent être hautement sécurisés. L’atelier de LAD requière des espaces et un aménagement permettant la manutention de grandes quantités de questionnaires. Au moins 500 m2 sont nécessaires. Dans le cadre de la préparation de la cohorte Constances, une petite équipe de préfiguration a été réunie, un début de plate-forme a déjà été mis en place dans des locaux appropriés, et des travaux exploratoires entrepris en s’appuyant sur des données disponibles dans des cohortes existantes afin de mettre au point et tester certaines procédures. Il sera donc aisé de développer la plate-forme Plastico à partir de cette petite structure déjà partiellement opérationnelle. 3.2. Constitution d’un outil de conception et de réalisation d’études et d’enquêtes de Santé Publique. Objectif : De très nombreux laboratoires de recherche et opérateurs de Santé Publique ont recours à des sociétés de service pour la réalisation d’enquêtes, d’études et de recherches. Les méthodologies les plus variées sont utilisées : enquêtes qualitatives et/ou quantitatives, en face-à face, postales, par téléphone, etc. La qualité du service fourni est très variable. Il est donc proposé de mettre en commun le savoir-faire (méthodologique en particulier) acquis par les équipes de recherche dans ce domaine pour constituer un « service commun » de réalisation d’enquêtes, au service du domaine public de la Santé Publique. Ceci permettrait à la fois de réunir des qualités méthodologiques adéquates et d’autre part de réaliser des économies d’échelle par la mise en commun de savoir faire. Modalités d’action : Après concertation avec ses différents partenaires, l’IReSP procèdera à une évaluation des besoins dans ce domaine, des questions juridiques et financières posées par cette proposition. On devra néanmoins examiner attentivement la question de respect des règles du marché et de la concurrence dans un domaine qui relève à l’heure actuelle exclusivement du secteur privé (des solutions juridiques existent, en particulier si cette activité est conçue à l’intérieur du GIS-IReSP et n’est accessible qu’à ses partenaires). Un partenariat pourra éventuellement être utilement envisagé avec les secteurs « enquêtes » de l’INED et de l’INSEE. Une analyse de la situation sera présentée au Comité directeur de l’IReSP. Les modalités de mise en œuvre éventuelle seront alors précisées. 3.3. Autres mutualisations d’outils pour la recherche en Santé Publique La mise en commun peut concerner d’autres outils pour la recherche en Santé Publique, pour lesquels un savoir faire important existe chez les partenaires de l’IReSP : banques de matériels biologiques moyens de calcul, logiciels méthodologies (analyse génomique fonctionnelle, etc.) 4. Recherche sur la mise en place d’un outil d’intelligence scientifique Objectif : L’alerte et la surveillance peuvent reposer soit sur la constatation de l’émergence de phénomènes inattendus, nouveaux et constituant un risque potentiel pour la santé, soit sur l’existence d’hypothèses ou de résultats préliminaires de recherche qui justifient la mise en place d’un dispositif particulier, visant à prévenir la survenue de tels phénomènes ou à en limiter les effets. Les EPST (et dans une moindre mesure les agences sanitaires) sont producteurs de connaissances scientifiques, publiées ou non (parmi les connaissances non publiées : la « littérature grise », les informations échangées lors de congrès, les contacts informels, les données préliminaires …). La principale difficulté est de rassembler ces informations, de les trier de façon à en extraire les éléments pertinents, à les organiser et en permettre l’utilisation, et ceci en garantissant des niveaux de sensibilité et de spécificité acceptables. L’objectif est d’entreprendre des recherches visant à la mise en place un système d’ « intelligence scientifique » qui permettrait ensuite de participer à l’alerte des décideurs sur l’émergence possible de nouveaux risques sanitaires et qui pourrait ultérieurement déboucher sur la mise en place de nouvelles surveillances. On aura recours par exemple aux méthodes du « data mining » et à d’autres méthodologies développées dans ce type d’approche appliqué à d’autres domaines (intelligence économique, etc.) Modalités d’action : Plusieurs institutions partenaires du GIS-IReSP ont déjà organisé une veille scientifique et technologique ciblée sur leurs préoccupations (Afsset, InVS, Afssaps, etc.). Nous souhaitons pour débuter ce projet faire, avec nos partenaires, un état des lieux des systèmes de veille qui existent en France et à l’étranger (CDC européen et OMS en particulier). Nous comptons organiser à cet effet début 2008 un séminaire auquel participeraient nos partenaires et des intervenants d’autres pays ou organismes internationaux. 5. Constitution de groupes de travail sur des sujets émergents ou pour l’évolution des thématiques de tavail (actions concertées) Objectif L’IReSP n’étant pas un opérateur de la recherche, il est particulièrement bien placé pour réunir des groupes de travail pour réfléchir à la mise en place éventuelle de nouvelles recherches sur des questions de Santé Publique émergentes. Ceci est par exemple le cas en 2007 sur la possibilité de construire une cohorte sur l’analyse des risques sanitaires éventuels liés aux nanomatériaux (suivant en cela les recommandations du CPP et de l’AFSSET). Cette modalité de concertation pourra également être utilisée pour la mise en place et/ou le suivi d’actions sur des thèmes particuliers (par exemple sur les handicaps physiques, psychiques et sensoriels à la suite de l’appel à projets 2007). Ceci concernera un nombre restreint de sujets, portant sur des problématiques de recherche et non pas de surveillance. Modalités d’action : Saisi par l’un de ses partenaires, ou s’auto-saisissant, l’IReSP organise la réflexion autour de nouvelles questions en Santé Publique en instituant une action concertée sur le thème. Si, à l’issue du travail entrepris, une proposition de mise en place d’une nouvelle recherche émerge, elle est soumise aux instances de l’IReSP, (puis éventuellement à une instance extérieure) pour évaluation scientifique et financement. 6. Valorisation et communication Objectif Le recherche en Santé Publique souffre, en France, d’un manque de visibilité, aussi bien de la part du public, que des décideurs. L’IReSP contribuera de façon active à la valorisation et à la communication des recherches en Santé Publique en France, qu’elles soient menées par ses partenaires ou par d’autres équipes Modalités d’action : Dans cet objectif, deux directions sont actuellement en chantier : - Participation aux activités de la Cité de la santé, au sein de la Cité des Sciences et de l’Industrie (expositions, séminaires, conférences) ; Publication d’un trimestriel accessible en ligne de 4 pages (sur le modèle de « Population et Société »), intitulé « « Questions de Santé Publique ». Le premier numéro est prévu pour le dernier trimestre 2007. Conclusion La mise en place d’un Programme de Recherche en Santé Publique adossé à l’IReSP constitue une opportunité nouvelle pour rapprocher la sphère des chercheurs en Santé Publique de celle des acteurs et des décideurs de la santé en France. En effet il permettra à ces acteurs de mobiliser des chercheurs sur des sujets correspondant à leurs préoccupations et leurs besoins, et il permettra également aux chercheurs d’être en phase avec les besoins de la société et, par la mutualisation des moyens, d’échapper au morcellement de l’offre et d’accéder à des financements plus importants et pérennes. Des règles de fonctionnement simples et transparentes doivent donner une grande lisibilité à cette initiative. A Spira et N de Parseval Ce texte a été approuvé par l’ensemble des partenaires de l’IReSP en novembre 2007.