Castano Mathias 17/06/2009 Ogawa Yōko – 小川洋子 Pour Mme.Fujimoto Biographie : Ogawa Yôko est née en 1962 à Okayama(岡山).À l’age de 18ans, elle entre à l’université de Waseda. Elle s’est mariée en 1986 puis a commencé sa carrière d’écrivain. Bibliographie : Traduits en français (par Rose-Marie Makino-Fayolle) : Une Parfaite chambre de malade (titre original 完璧な病室).Nouvelle publiée en septembre 1989. Parue en France chez Actes Sud en 2003. La Désagrégation du papillon (titre original 揚羽蝶が壊れる時).Nouvelle publiée en septembre 1989. Parue en France chez Actes Sud en 2003. Un Thé qui ne refroidit pas (titre original 冷めない紅茶).Nouvelle publiée en août 1990. Parue en France chez Actes Sud en 1998. La Piscine (titre original ダイヴィング・プール).Nouvelle publiée en août 1990. Parue en France chez Actes Sud en 1995. La Grossesse (titre original 妊娠カレンダー).Nouvelle publiée en février 1991.Parue en France chez Actes Sud en 1997. Les Abeilles (titre originalドミトリイ).Nouvelle publiée en février 1991.Parue en France chez Actes Sud en 1995. Le Réfectoire un soir et une piscine sous la pluie (titre original 夕暮れの給食室と雨のプール).Nouvelle publiée en février 1991.Parue en France chez Actes Sud en 1998. Amours en marge (titre original 余白の愛).Roman publié en novembre 1991.Paru en France chez Actes Sud en 2005. L'Annulaire (titre original 薬指の標本).Nouvelle publiée en octobre 1994.Parue en France chez Actes Sud en 1999. La Petite pièce hexagonale (titre original 六角形の小部屋).Nouvelle publiée en octobre 1994.Parue en France chez Actes Sud en 2004. Hôtel Iris (titre original ホテル・アイリス).Roman publié en novembre 1996.Paru en France chez Actes Sud en 2000. Parfum de glace (titre original 凍りついた香り).Roman publié en Avril 1998.Paru en France chez Actes Sud en 2002. Tristes revanches (titre original 寡黙な死骸みだらな弔い).Recueil de 11 nouvelles publié en juin 1998.Paru en France chez Actes Sud en 2004. Le Musée du silence (titre original 沈黙博物館).Roman publié en septembre 2000.Paru en France chez Actes Sud en 2003. La Bénédiction inattendue (titre original 偶然の祝福).Recueil de 7 nouvelles publié en décembre 2000.Paru en France chez Actes Sud en 2007. Les Paupières (titre original まぶた).Recueil de 8 nouvelles publié en mars 2001.Paru en France chez Actes Sud en 2007. La Formule préférée du professeur (titre original 博士の愛した数式).Roman publié en août 2003.Paru en France chez Actes Sud en 2005. La Marche de Mina (titre original ミーナの行進).Roman publié en avril 2006.Paru en France chez Actes Sud en 2008. La Mer (titre original 海).Nouvelles publiées en octobre 2006.Parues en France chez Actes Sud en 2009. Livres encore non traduits début 2008 : シュガータイム, publié en février 1991 アンジェリーナ―佐野元春と10の短編, publié en avril 1993. 妖精が舞い下りる夜, publié en juillet 1993. 密やかな結晶, publié en janvier 1994. アンネ・フランクの記憶, publié en septembre 1995. 刺繍する少女, publié en mars 1996. やさしい訴え, publié en novembre 1996. 深き心の底より, publié en juillet 1999. 貴婦人Aの蘇生, publié en janvier 2002. ブラフマンの埋葬, publié en avril 2004. 世にも美しい数学入門, publié en avril 2005. 犬のしっぽを撫でながら, publié en avril 2006. おとぎ話の忘れ物, publié en avril 2006. 小川洋子 対話集, publié en janvier 2007. 物語の役割, publié en février 2007. récompenses : Ogawa Yôko a reçu cinq prix littéraires . En 1988, elle a reçu le prix Kaien avec La Désagrégation du papillon (titre original 揚羽蝶が壊れる時). Puis en juillet 1990, elle remporte le prix Akutagawa grâce à La Grossesse (titre original 妊娠カレンダー). ブラフマンの埋葬 lui vaudra le prix Izumi 2004. Par la suite elle a reçu le prix Yomiuri grâce à La Formule préférée du professeur (titre original 博士の愛した数式). Enfin La marche de Mina (titre original ミーナの行進) lui permit de remporter le PrixTanizaki en 2006. Présentation des œuvres analysées: L'annulaire: Après avoir perdu un bout de son annulaire en travaillant dans une usine de boissons, une jeune femme va vivre en ville. Elle se fait engager en tant qu'assistante-réceptionniste dans le laboratoire du docteur Deshimaru. Ce dernier s'attelle à conserver ce que ses clients lui apportent (même les choses les plus improbables).Petite à petit une romance s'installe entre la jeune femme et le docteur. Un jour, Mr.Deshimaru invite une cliente dans son laboratoire alors même que la jeune femme n'y a pas accès. Jalouse, elle tente d'y pénétrer également. L'annulaire fût le livre par lequel j'ai découvert Ogawa Yôko. J'ai de suite été frappé par le style de l'auteur, que j'ai trouvé très agréable à lire. Par opposition à d'autres auteurs tels que Kawabata Yasunari qui bien que très talentueux ne correspondent pas à mes goûts. Pour ce qui est du récit en lui même, cela m'a rappelé Murakami Haruki alors même que je ne savais pas qu'il était l'auteur préféré d'Ogawa Yôko. Cette maîtrise de l'étrange est commune aux deux auteurs et j'ai beaucoup apprécié ce livre. Tristes revanches: C'est un recueil de 11 nouvelles qui ne sont pas situées ni dans l'espace, ni dans le temps. Les nouvelles comportent des éléments faisant allusion aux autres nouvelles. Tout ces liens forment un univers cohérent que le lecteur découvre au fur et à mesure. 1. Un Après-midi à la pâtisserie Dans une pâtisserie un femme achète deux fraisiers pour son enfant mort à l'âge de 6ans. Alors qu'elle attend pour se faire servir, elle se rappel de son enfant et observe l'apprentie pleurer au téléphone. 2. Jus de fruit Un étudiant se voit proposer par une de ses camarades de l'accompagner à un déjeuner afin qu'elle rencontre son père. En rentrant chez eux les deux jeunes gens découvrent un bureau de poste délabré remplis de kiwis. 3. La Vieille femme J. Une femme écrivain observe le comportement de sa propriétaire depuis son appartement. Petit à petit elles deviennent amies. Dans le potager poussent des carottes en forme de main. 4. L'Esprit du sommeil Alors que son train est bloqué par la neige, un fils se rendant à l'enterrement de sa mère adoptive se remémore les années passés avec elle. Dans le train, une chorale d'enfant chante « l'esprit du sommeil ». 5. Blouse blanches Une maîtresse sait que la femme de son amant est enceinte. Ce dernier est en retard car son train est bloqué par la neige. Lorsqu'elle le retrouve, elle l'assassine ivre de colère. 6. Faufilage d'un cœur Une célèbre cordonnière reçoit la visite d'une femme avec une malformation du coeur. Cette dernière veut un sac pour protéger son coeur. C'est alors que la femme n'a plus besoin de sac car elle décide de se faire opérer du coeur. 7. Bienvenue au musée des Supplices Une apprentie coiffeuse est interrogée par la police car il y a eu un meurtre dans son voisinage. C'est alors que son petit ami la quitte. Elle décide de sortir et tombe alors sur un étrange musée ayant pour thématique les instruments de torture. 8. L'Homme qui vendait des corsets Un garçon se rappel de son oncle. Ce dernier ayant eu une vie mouvementée remplis de projets tout aussi loufoques que voués à l'échec jusqu'à ce qu'il se fasse embaucher dans un musée Le garçon fini par rendre visite à son oncle alors qu'il fait froid dehors. 9. Les Derniers instants du tigre du Bengale Alors qu'elle rassemble son courage pour rendre visite à la maîtresse de son mari, une femme est bloquée dans un embouteillage à cause d'un accident. Elle se retrouve alors par hasard dans une grande maison où elle assiste à la mort d'un tigre. 10. Les Tomates et la pleine lune Un journaliste séjourne dans un hôtel pour un reportage. Il y rencontre une curieuse femme. Cette femme lui raconte qu'il ressemble trait pour trait à l'homme lui ayant sauvé la vie, il y a de ça 30ans. 11. Herbes vénéneuses Une vieille femme finance les étude musicale d'un jeune homme à condition que ce dernier vienne chaque samedi lui faire un compte rendu de ses études. Un jour il décide de ne plus venir. Décontenancée la femme sort et fait face à la mort. J'ai commencé à lire ce recueil de nouvelles sans avoir lu la quatrième de couverture. Je fût donc agréablement surpris en constatant que les nouvelles n'étaient pas réellement indépendantes mais que cela formait un tout. Au début de ma lecture je lisais les nouvelles pour leurs dénouement, tandis qu'a la fin je lisais surtout pour voir comment l'auteur étofferait ce monde. Cela m'a rappelé le recueil de nouvelle après le tremblement de terre Murakami Haruki où l'auteur utilise ce procédé également dans quelques nouvelles, sans pour autant que chaque nouvelle soit lié aux autres comme chez Ogawa. Analyse des œuvres : Style littéraire : Adolescente Yôko a lu le Journal d'Anne Frank. Grâce à ce livre elle a découvert qu’avec des mots simples, usuels et courant, il était possible de véhiculer des émotions fortes. «Avec ce livre, j'ai rencontré les mots. Et la cruauté. Celle de l'holocauste, d'Hiroshima.» (Lire, septembre 2000).Cela se traduit également par un style littéraire sans fioritures et accessible. Les phrases sont courtes et simples et il n’y a pas de descriptions grandiloquentes « A la nuit tombée, il pleuvait toujours. Ni plus ni moins que dans la journée. La pluie continuait sur le même rythme avec la régularité d'un métronome. »(l'annulaire, p59). Cependant le style d’Ogawa Yôko est simple sans être simplet, et est l’aboutissement de beaucoup de travail. Ses textes étaient courts au début de sa carrière (nouvelles de parfois moins d’une centaine de pages) mais se sont par la suite allongés. Les textes d’Ogawa Yôko sont presque toujours écrits à la 1ère personne et souvent le narrateur est une femme (mais il y a des exceptions comme par exemples dans certaines nouvelles de tristes revanches). Toutefois les héros des œuvres d’Ogawa sont détachés de leurs récits, comme si en racontant leurs histoires, ils racontaient les péripéties d’une autre personne « la blessure n'était pas grave. Je m'étais juste arrachée un morceau de chair à l'annulaire de la main gauche. »(l'annulaire, p 11). Les textes d'Ogawa Yôko sont rarement situés, ni dans l'espace, ni dans le temps ce qui donne un coté universel à ses histoires (bien que les protagonistes aient des noms à consonance japonaise quand ils en ont et que les histoires se déroulent plutôt en milieu urbain). Ogawa Yôko semble affectionner les ambiance mystérieuses avec des descriptions d'effets de lumières tamisées « Le soleil n'allait pas tarder à décliner, mais il restait encore suffisamment de luminosité dans la pièce. » (Tristes Revanches, nouvelle Bienvenue au Musée des Supplices, p.144). De même que les lieux anciens et vétustes sont relativement récurrents dans ses récits. L'auteur préféré d'Ogawa Yôko est Murakami Haruki, cela se traduit par une utilisation subtile du fantastique. Tout comme chez Murakami, il y a parfois des éléments fantastiques (par exemple les chaussures qui « avalent » le pied dans l'annulaire) sans pour autant que le récit ne soit situé dans la « fantasy » ou la science fiction. Ces éléments permettent à Ogawa Yôko d'instaurer des ambiances feutrées mais étranges et insolites, soutenues par des intrigues elles aussi surprenantes. Thématiques: Les thématiques récurrentes dans les oeuvres d'Ogawa Yôko qui sont présentées ici sont l'obsession et le souvenir. L'obsession est présente dans L'annulaire avec par exemple l'annulaire de la jeune femme vers lequel sont tournées une grande partie de ses pensées, ou encore les chaussures qui fascinent Mr.Deshimaru. L'obsession est présente dans tristes revanches grâce à des nouvelles comme faufilage d'un coeur dans laquelle la narratrice ne pense qu'a sa cliente et à son coeur, ou encore dans bienvenue au musée des supplices où l'on suit la coiffeuse qui est très préoccupée par les affaires de meurtres dans son voisinage. Il y a également la vieille femme qui semble obnubilée par le jeune homme dans herbes vénéneuses. Pour ce qui est du souvenir il y a bien évidemment l'analepse au début du récit dans laquelle la jeune femme raconte comment elle a eu son accident dans l'annulaire. Mais il y a aussi le laboratoire de Mr.Deshimaru où les client viennent faire naturaliser un objet lié à un souvenir particulier. Dans tristes revanches le souvenir est présent dés la première nouvelle un après-midi à la pâtisserie avec cette femme qui se rappel de son enfant. Mais le souvenir est aussi présent dans l'esprit du sommeil où le narrateur se remémore sa mère. De même que dans l'homme qui vendait des corsets où l'on a la vie d'un étrange homme au travers des souvenirs de son neveu. Il y a enfin la romancière étrange dans les tomates et la pleine lune qui raconte son anecdote 30ans plus tôt. Conclusion: Grâce à son style d'écriture si travaillé et à son univers bizarre, Ogawa Yôko a su s'imposer comme une des auteurs contemporaine japonaise majeure comme le démontrent ses récompenses littéraires. Ses ambiances feutrées, ses descriptions concises et ses thématiques évoquent chez le lecteur une sorte de spleen. Sans aller jusque dans l'excès d'un Murakami Ryû, les livres d'Ogawa Yôko n'en sont pas moins dépaysants. Cette auteur est passée maîtresse dans l'étrange et c'est pour cela que j'apprécie beaucoup ses nouvelles.