Jean-Claude SANDRIER
Député du Cher
Loi de finances rectificative pour 2012 – 1ère lect
lundi 13 février 2012 – 1ère séance
Discussion générale
Monsieur le président, madame la ministre, chers collègues, voilà maintenant quatre ans que
vous courrez désespérément derrière la crise avec des solutions qui, chaque fois, ne font qu’en
aggraver les conséquences pour nos concitoyens : chômage, précarité, pauvreté, hausses des
prix, des tarifs des mutuelles, des transports, des taxes.
La situation économique ne cesse de s’aggraver : 4,8 millions de nos concitoyens sont
désormais inscrits à Pôle emploi, les plans de restructuration s’accélèrent à un rythme effréné,
les déficits extérieurs continuent de se creuser année après année pour atteindre près de
70 milliards d’euros, cela faute d’avoir soutenu, défendu notre industrie. Le pouvoir d’achat
des classes moyennes et populaires ne cesse de se réduire : le prix du café a explosé de 16,1 %
en un an, celui des viandes a grimpé de 4 %, celui des huiles de 11,3 %, etc.
Ces chiffres accablants ne sont pas seulement la conséquence de la crise économique dont vos
choix politiques, économiques et idéologiques portent l’entière responsabilité. Ils sont le fruit
de dix ans d’une politique désastreuse de fuite en avant vers un capitalisme totalement
sauvage, dérégulé, dans lequel la liberté de circulation des capitaux a pris la place de la liberté
de circulation des hommes.
Vous refusez de dresser le bilan de votre politique économique et d’assumer vos
responsabilités. Cela se comprend. Vous préférez tirer prétexte de la dégradation de la
situation économique qui en est le fruit pour imposer des mesures rétrogrades dont l’unique
objet est de réduire à néant notre modèle social, héritage de la Libération et du programme du
Conseil national de la Résistance.
Le déficit de la sécurité sociale est actuellement de 18 milliards d’euros. En y incluant celui
des régimes publics, on arrive à une vingtaine de milliards d’euros. Vous rappelez que
l’assurance maladie et les retraites représentent respectivement 11 % et 13 % du PIB annuel,
cherchant à accréditer l’idée que la protection sociale constituerait un coût manifestement
excessif et un handicap pour notre économie engagée dans la compétition mondiale.
Vous brandissez aujourd’hui ces chiffres, mais oubliez de dire que le déficit de la sécurité
sociale ne représente en réalité que 2 % de la valeur ajoutée brute des sociétés non financières.
Si nous nous reportons aux comptes de la nation, nous apprenons que les sociétés non
financières ont versé 145 milliards d’euros de cotisations sociales et 309 milliards d’euros de
dividendes et intérêts en 2010.
En quinze ans, dans la valeur ajoutée des entreprises, la part des dividendes et des intérêts est
passée de 24 % à 36 %. C’est la preuve qu’existe en France non pas un problème de coûts
salariaux mais un problème de coût financier. Comme le rappelait récemment l’économiste
Jean-Marie Harribey, « un sixième de la rémunération du capital suffirait aujourd’hui à
couvrir les besoins de financement de la sécurité sociale. » Ce qui pèse actuellement sur
l’économie de notre pays, c’est un extraordinaire détournement des richesses vers les
dividendes, les intérêts des banques, la spéculation et les paradis fiscaux.
Plutôt que de vous attaquer à la financiarisation de l’économie, dont la démesure nous a
plongés dans une crise sans précédent, que proposez-vous ? Un projet de TVA dite sociale, à