Vous ne pouvez servir deux maîtres : Dieu et Mammon

Série : Le marxisme.
Conférence : II - «Vous ne pouvez servir deux maîtres : Dieu et Mammon».
Il ne peut être question d'analyser en une seule conférence ce que j'appelle les
admirables supercheries intellectuelles de la philosophie marxiste. Il y
faudrait une série de cours à des auditoires initiés. Néanmoins, il n'est pas
impossible d'extraire une dominante de la philosophie marxiste, afin de saisir
l'usage tricheur qu'elle en fait selon les besoins du parti.
Dans le marxisme, en effet, les éléments philosophiques apparemment les
plus inamovibles comme la négation formelle du spirituel et l'affirmation de
la matière absolue ne sont inamovibles comme les dogmes que pour être
servis et défendus par les entourloupettes intellectuelles les plus
contradictoires, qui détacheraient spontanément les catholiques de leurs
dogmes si les théologiens en faisaient autant, et qui attachent passionnément
les intellectuels communistes au marxisme car ces entourloupettes sont l'aveu
tacite qu'avec la philosophie de marx, on a le bénéfice de conserver une
indépendance de pensée allant jusqu'au mensonge et la contradiction, plus
importants pour le succès du parti que les affirmations et les négations de
marx. Ces dernières n'ont un caractère inamovible que pour maintenir
l'intelligence dans la possibilité de se dégager de tout impératif de conscience.
Première caricature du catholicisme par le marxisme : affirmations
philosophiques, dogmatiques qui autorisent à affirmer les contraires si le
succès en dépend.
Prenons une dominante marxiste; seuls les faits concrets décident de tout.
Tout le matérialisme est là.
Ouvrons le Larousse : Fait : action réalisée chose réellement existante. Le
dictionnaire est déjà plus compréhensif que marx il ne classe pas le fait en
chose existant concrètement par l'intermédiaire de la nature. Il spécifie qu'il
est une réalité existante, sans préciser si c'est avec ou sans la matière.
Identifier fait à concret, ne serait-ce pas déjà une supercherie, révélant
l'arrière-pensée a priori sous-jacente à toute la philosophie communiste : en
aucun cas et pour personne l'immatériel ne peut être envisagé comme existant.
Pourtant, en dehors du concret, il y a des faits d'importance des réalités
indiscutables :
L'hypothèse est un fait sans preuve matérielle, sans quoi elle ne serait pas une
hypothèse et c'est un fait scientifiquement utilisé.
Les miracles de Lourdes sont un fait : concret dans ses effets, immatériel dans
sa cause, inexplicable par la science, et pourtant cette cause est l'étrange
réalité.
Le désir irréalisable d'un mourant espérant l'impossible guérison est un fait
adversaire du concret, puisqu'il s'en prend au concret de la maladie mortelle.
Une souffrance morale violente (deuil etc...) est une réalité et un fait si
caractéristique qu'il se manifeste aux dépens du concret par la maladie et
parfois la mort.
Il ne faut donc pas nous en raconter. Les faits ne sont pas seulement concrets.
Mais le marxisme les sélectionne en faits qui servent son a priori matérialiste
et en faits sur lesquels le silence opère l'inattention ou l'oubli du naïf.
Toujours la caricature : la réalité sans matière est gênante, on appellera donc
réalité le seul fait concret.
Pourquoi cet escamotage ?
Pour respecter l'a priori philosophique, disons la consigne primordiale :
supprimer le fait de la personne humaine en le noyant et en l'étouffant dans le
fait concret des collectivismes obligatoires.
Là aussi, le marxisme triche avec la présentation de son programme : il nous
convie au collectivisme à grand renfort de discours annonçant l'indépendance
de l'homme. Traduisez "indépendance" par oubli forcé de ce qui compose un
homme isolé avant toute option pour un groupe : sa personne sa conscience
ses devoirs envers DIEU ses appels à une restauration morale sa liberté
de penser en chrétien, de croire, d'espérer et d'aimer en chrétien. En effet, le
collectivisme reçoit sa liberté et son indépendance de la manière dont on veut
bien la lui accorder : manière strictement économique et matérialiste, et dans
une liberté adroitement orientée, dosée et surveillée, afin que l'homme
personnel n'échappe jamais à l'emprise matérialiste, collectiviste. Au fond, le
marxisme donne à l'homme la liberté de ne pas bouger ni protester. Les
hongrois en savent plus long que nous sur ce chapitre. Appelons cela : la
liberté de s'abstenir d'exister.
Aussi le marxisme sélectionne-t-il les faits en "valables" et "non valables",
suivant qu'ils servent ou desservent le programme secret des stratégies
secrètement prévues. Seule la naïveté ignorante et volontiers séduite par le
facile immédiat applaudit les progrès matériels du communisme qui ne
relèvent absolument pas de sa philosophie. Ils ne relèvent que de l'intelligence
de l'ingénieur ou du chimiste qui peuvent être, sans le dire, des monarchistes
ou des républicains.
Les progrès matériels sont le paravent derrière lequel le marxisme fait
progresser le recul humain, en nous déshumanisant par son matérialisme.
Il nous parle sans cesse des faits collectifs :
- l'économie, avec la productivité et le capital;
- les classes sociales, avec les oppositions qu'il y développe;
- les politiques, avec les avantages qu'il en tire.
Mais on aimerait qu'il sorte un homme du collectif et qu'il prenne conscience
de ce qu'il est sans le collectivisme : conscience désirs rêves sentiments
religieux foi idées de la souffrance, de la mort, de ses responsabilités
morales, de sa vie future, etc..., plus l'homme aux prises avec le CHRIST,
avec l'Homme-Dieu, avec le Rédempteur, le Sauveur en un mot avec
l'homme VERITABLE, avec l'homme sorti de la périphérie des faits collectifs
et soudainement devenu LUI.
Qu'en dirait marx ?
Lui, dont la philosophie n'entre en mouvement qu'en raisonnant sur tous les
mouvements collectifs sociaux historiques sans même pouvoir stopper
trente secondes son raisonnement au profit de l'homme étranger à tout
mouvement et à cause de cela auteur de tous les mouvements, sans pour
autant s'identifier à un seul d'entre eux.
Le marxisme prétend partir du fait de l'homme tel qu'il est. Et ce faisant, il ne
parle que de l'homme tel qu'il prétend le faire devenir, et tel qu'il le voit là où
il est le moins lui-même : dans les mouvements collectifs. La psychologie des
foules nous prouve combien le collectivisme déforme et change la
personnalité de l'homme.
Le marxisme place l'homme dans un paradis de mécanique pour lui faire
accepter un enfer psychologique de surveillances et de contraintes collectives.
Et si l'homme torturé par cet enfer dont la nature est de lui interdire la liberté
se révolte contre lui, le marxisme inverse les données : le paradis mécanique
des bien-être cède la place à l'enfer de la mécanique qui torture et détruit, afin
de s'assurer la durée et la conservation du collectivisme qui est la principal
pour empêcher l'homme d'être lui-même.
L'homme est un fait comme les autres faits qui n'a pas le droit à la liberté mais
seulement au déterminisme que la vie collective mécaniquement organie
veut bien lui accorder pour prendre son billet avec une propagande
déterminée participer aux fêtes et aux plaisirs qu'on lui organise dans un
sens déterminé il est en fait tenu en laisse par les pouvoirs qui ne lui laissent
que la liberté conditionnelle : celle de ne pas s'apercevoir qu'il n'a pas de
liberté, faute de quoi il redeviendrait un homme, c'est-à-dire un être
dangereux pour le marxisme. Car l'homme apprécié avant tout lavage de
cerveau et toute laïcisation organisée est dangereux pour le matérialisme il
dispose spontanément d'une liberté naturelle qui va spontanément au-delà du
matériel. Ne pas dépasser le matériel donne la mesure de la déshumanisation
d'un être.
Lorsqu'il est conscient de sa liberté, l'homme voit au-delà du social seulement
organisé, au-delà du matériel seulement utilisé, au-delà de l'état nullement
considéré comme un absolu. Il voit tout cet appareil extérieur à l'homme
comme n'étant pas l'homme mais la périphérie de l'homme. Car il le voit avec
des puissances de pensée, des précisions de conscience, des pressentiments
spirituels qui lui révèlent qu'il est le centre de cette périphérie, un centre
responsable de se décider d'abord pour la pleine valeur et le plein
épanouissement de ce central humain qu'il est, valorisation sans laquelle il
fabriquera, sur ordre matérialiste, une périphérie sociale et étatique, peut-être
matériellement organisée, mais humainement désorganisatrice de par son
ignorance volontaire de ce centre libre et autonome qui est l'homme.
Le marxisme élimine a priori les problèmes les plus personnels à l'homme,
alors que le catholicisme a le courage de les mettre en première ligne, car sans
ces problèmes-là, les autres problèmes ne peuvent pas faire aboutir l'homme,
même s'ils font aboutir des situations d'homme.
libérément, le marxisme fait le silence sur le central humain, et ne reste
qu'à la périphérie des problèmes qui sont des problèmes humains, mais pas
des problèmes d'homme.
En cela, il nous plait beaucoup, car instinctivement nous avons mauvaise
conscience de délaisser les problèmes d'homme. Et nous y remédions par
l'attention passionnée, portée à des problèmes humains où le matérialisme
dominant utilise nos initiatives ou nos préférences sans engager nos exigences
supérieures d'homme, puisque, par définition, le matérialisme les nie.
Je connais l'objection : le matérialisme nie les problèmes d'homme parce qu'il
s'est aperçu que ces problèmes de conscience, de morale, de crainte de DIEU,
d'éternité, sont eux-mêmes matériels : produits de l'émotion sensible, de la
peur instinctive, du cerveau fabriquant de la matière supérieure appelée
pensée. Supercherie supplémentaire : si ces problèmes sont matériels, au lieu
de se démentir en les niant, le matérialisme devrait les considérer comme une
production matérielle admirable, à laquelle il faut faire scientifiquement
confiance. Et il devrait abandonner l'homme à cette explosion matérialiste
supérieure qui consacre la valeur de l'homme devant le concret. Si le
matérialiste estime que ces valeurs ne répondent pas à ce qu'il attend de
l'homme dans la société, de deux choses l'une; ce qu'il en attend est digne de
la matière, qu'il respecte ces valeurs ou bien ce qu'il en reçoit est d'un autre
ordre que celui de la matière, qu'il dise pourquoi.
Tout se révèle comme une supercherie intellectuelle et intelligemment
combinée. Affirmation brutale que les premiers principes n'existent pas, sans
aucune démonstration. Et cette affirmation devient subtilement un nouveau
premier principe.
Affirmation naïve que l'origine du monde s'explique par un concours de
forces aveugles, sans nous montrer quelle est l'origine de ces forces et
comment, étant aveugles, elles aboutissent à une création organisée et
ordonnée.
Affirmation que l'homme apparu sur terre on ne saurait trop dire comment,
pris de peur devant tant de mystères, s'est apaisé en appelant les mystères :
Dieu. Puis il s'est aperçu, aidé de la science, qu'en résolvant les mystères,
DIEU disparaissait.
Chose curieuse : aucun mystère n'est scientifiquement résolu et DIEU apparaît
de plus en plus indispensable et nécessaire.
En réalité, plus l'homme connaît DIEU, moins il a peur. Plus il L'aime, moins
il redoute les persécuteurs. Et plus il se laisse envahir par DIEU, plus les
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