
Enfin, la masse monétaire a un caractère exogène, c’est-à-dire que les quantités de monnaie en circulation
résultent non pas de la demande des agents mais des décisions des autorités monétaires -qui, si elles mènent des
politiques inadaptées, sont responsables de la dégradation de la situation économique (cf. crise des années 30)-.
La demande de monnaie
Pour un agent économique, la monnaie (+ les actions, les obligations, les biens matériels, le capital humain) est un
moyen de détenir de la richesse. Opérant des choix rationnels, la demande de monnaie d’un agent dépend donc du
rendement comparé de la monnaie avec celui des autres actifs (actions, obligations, biens matériel et capital
humain).
La théorie quantitative de la monnaie: la reformulation de Friedman
Une modification de la quantité de monnaie en circulation conduit les agents à modifier la structure de leur
patrimoine entre les différentes catégories d'actifs: si la masse monétaire augmente trop, les agents économiques
diminuent leur demande de monnaie en achetant à la place d'autres actifs (biens, obligations, actions) afin de
conduire à la diminution de la masse monétaire et à la déflation , et inversement.
A court terme, l'augmentation de la masse monétaire engendre une hausse de la production puisque les agents
augmentent leur consommation (effet sur l'économie réelle); mais à long terme, elle n'affecte plus que l'inflation
car les producteurs adoptent leurs prix à la nouvelle situation d'augmentation des dépenses des consommateurs
(effet sur l'économie nominale).
L'inflation et la politique monétaire
La variation des taux d'inflation a des effets déséquilibrants et négatifs car elle conduit à une perte de pouvoir
d'achat pour les agents ayant des revenus fixes (# indexation des revenus). Il est donc nécessaire de stabiliser le
taux d'inflation de l'économie; pour cela, Friedman retient comme solution l'institution d'un dispositif
réglementaire fixant l'évolution de la masse monétaire à l'intérieur d'une fourchette donnée.
III. Le retour des libéraux
La notion de revenu permanent
Le revenu permanent est la moyenne pondérée des revenus futurs qu'un agent anticipe pour les périodes à venir.
Selon Friedman, la consommation courante n'est pas déterminée par le revenu courant (thèse de Keynes) mais par
le revenu permanent: lorsque les agents anticipent un avenir stable, ils éprouvent un moindre besoin de conserver
une partie de leurs avoirs sous forme de monnaie et peuvent augmenter leur consommation, et inversement
lorsqu'ils anticipent un futur instable.
La remise en cause du rôle de l'État
Pour que l'action de l'État ne soit ni déstabilisante ni inefficace, il doit créer l'environnement le plus stable
possible pour les agents, en assurant une croissance régulière de la monnaie et une indexation généralisée des
revenus. De plus, il doit faire respecter l'ordre et régner la loi, en exerçant un pouvoir "dispersé" (décentralisé) par
un souci de préservation de la liberté. Il préconise aussi l'intervention de l'État dans la redistribution avec un impôt
négatif pour les plus démunis.
Les systèmes monétaires internationaux
Il montre les avantages d'une monnaie unifiée (ex: étalon-or au niveau international car chaque monnaie nationale
représente une quantité d'or): pas de déséquilibre de la balance de paiement (ex: le déficit, caractérisé par une
sortie d'or, réduit la masse monétaire en circulation et l'inflation, ce qui améliore la compétitivité-prix des
produits nationaux et résorbe le déficit initial). Un système de change flottants présente les mêmes avantages que
la monnaie unifiée car toute tendance à l’excédent ou au déficit de la balance des paiements se traduit par une
évolution du taux de change qui va corriger le déséquilibre (ex: un excédent entraîne une hausse de la demande
pour la monnaie du pays et donc une amélioration de son taux de change qui rend les marchandises étrangères
moins chères, d’où augmentation des importations et diminution des exportations, et donc disparition de
l’excédent). De plus, le flottement des monnaies est le système le plus favorable aux échanges et permet une
autorégulation sur le marché des changes.
IV. Les anticipations des agents et le taux de chômage naturel de l'économie
Les causes du chômage durable
Outre le manque de flexibilité et l'existence de salaires minimums supérieurs au salaire d'équilibre (cf. analyse
libérale), le principal facteur de persistance du chômage est l'accélération de l'inflation: la variation des prix
entraîne une variation inverse du chômage. Si les prix augmentent, les producteurs l'interprètent comme une
hausse de la demande qui nécessite une hausse de la production et donc des embauches, et inversement. Mais la