
Festival international de Géographie 2009 – Itinéraire 6
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La république de Maurice a dû se tourner vers d’autres partenaires pour sortir du sous-
développement. Pour cela, elle rejoignit l’Organisation de l’unité africaine (OUA)
, la Banque africaine
de développement (BAD) et l’Organisation commune africaine et malgache (OCAM) : le pays s’arrimait
solidement au continent africain auquel il est géographiquement rattaché et dont 30 % de sa population
est originaire. Parallèlement, il s’affilia à l’EMAA (Etats africains et malgaches associés), à l’OCAMM
(Organisation commune africaine, malgache et mauricienne) à présent dissoute et plus tard (1984) à la
Commission de l’océan Indien (COI) qui regroupe Madagascar, Maurice, les Seychelles, l’archipel des
Comores et la Réunion. Ces organisations entendent attirer l'attention du continent noir quant à
l'existence d'îles en son sein et à la spécificité de leurs problèmes.
Cet ancrage africain se manifesta aussi par son adhésion à des organisations économiques
régionales comme le Common Market for Eastern and Southern Africa (COMESA) et la Southern
African Development Communauty (SADC). Ne pouvant vivre en autosubsistance, l’objectif était d’offrir
de nouveaux marchés à l’industrie mauricienne et à son port. Les tarifs préférentiels pratiqués au sein
de ces organisations lui permettent d'accroître sa compétitivité face aux entreprises asiatiques qui n'en
bénéficient pas. En 1995, Maurice s’impliqua dans la création de l'Indian Ocean Rim Association for
Regional Cooperation (IOR-ARC), vaste ensemble qui regroupe des pays africains et asiatiques
riverains de l'océan Indien. L’idée restait la même : poursuivre son développement en dehors de ses
frontières maritimes même si l’IOR-ARC n’est pas encore une réalité économique.
Au sein du continent noir, Maurice fait figure, malgré sa taille réduite et dans un contexte d’Etats
faibles et d’économies peu développées, de pays leader allant jusqu’à représenter l’Afrique au Conseil
de sécurité des Nations unies en tant que membre non permanent (2001-2002). Par ailleurs, le pays
aspire à jouer un rôle économique et politique important en s’imposant comme le porte-parole et le
défenseur sur la scène internationale de la cause des petits Etats insulaires. Enfin, il fait entendre sa
voix dans les grands forums organisés par le Fonds Monétaire International (FMI), la Banque mondiale
et l’Organisation mondiale du commerce (OMC)
.
Désormais lié à l’Afrique, Maurice garde de solides attaches avec ses deux anciennes tutelles
coloniales
. Toutefois, la France et la Grande-Bretagne ne veulent plus ou ne peuvent plus soutenir
l’Afrique comme par le passé : les Accords de partenariat économique (APE) que l’Union européenne
(UE) proposent aux pays africains ne leur apportent pas les mêmes avantages que les régimes
préférentiels issus de l’accord de Cotonou car ces APE reposent sur un partenariat d’égal à égal ce qui
n’est pas le cas en pratique. La disparition des régimes préférentiels (protocole sucre et accord
multifibres) signifie pour Maurice la fin des niches qui firent le succès de son modèle de développement.
Le pays en tire les conséquences en mettant en avant son intérêt géopolitique et en se tournant vers
l’Inde et la Chine, pays émergeants à fort potentiel de développement.
Les relations que Maurice entretient avec l’Asie sont très étroites pour des raisons à la fois
historiques et culturelles : 60 % des Mauriciens sont originaires d’Inde, 2,5 % d’entre eux de Chine. En
faisant venir des travailleurs d’origine indienne, la colonisation britannique amena Maurice et l’Inde à
nouer des relations solidaires (l’Inde suivit avec attention le processus de décolonisation mauricien) :
l’Inde qui souhaite faire une percée en Afrique en profitant du recul de la présence européenne entend
se servir de Maurice comme tête de pont. Le partenariat sino-mauricien prend quant à lui une nouvelle
envergure : en février 2009, le président Hu Jintao se rendit à Maurice au terme d’un périple qui l’avait
conduit dans quatre autres pays africains. Pour les Mauriciens, ce fut un geste politique fort, peu d’Etats
africains pouvant se targuer d’une telle visite. L’événement souligne l’importance que la Chine accorde
à Maurice pourtant dépourvu de matières premières, mais qui présente un intérêt géopolitique dans son
approche du marché africain : c’est pour cette raison que le pays figure avec la Zambie et le puissant
Nigeria parmi les trois premiers pays africains choisis pour accueillir une zone de coopération
économique et commerciale chinoise (ZCEC).
Dans ce nouveau contexte, les échanges sud-sud apparaissent comme étant complémentaires
des flux sud-nord : les importations de Maurice proviennent d’Asie tandis que ses exportations sont
tournées vers l’Europe et les Etats-Unis. Toutes se font par la mer qui constitue ici un trait d’union et
Premier ministre de Maurice, Sir Seewoosagur Ramgoolam fut élu président de l’OUA en 1976.
Elle y joua un rôle important lors de la conférence de Cancun (2003) en représentant le « G90 » qui regroupait
les pays les plus pauvres au sein de l’alliance UA-ACP-PMA (Union africaine, pays Afrique-Caraïbes-Pacifique et
Pays les moins avancés).
Avec les Seychelles et le Cameroun, Maurice est à la fois membre du Commonwealth et de l’Organisation
internationale de la Francophonie.