François Garczynski
Grenoble, août 2007
e-adresse : f.garczynski@wanadoo.fr ; site internet : http://perso.orange.fr/f.garczynski/
Notes de lecture – mots et expressions en caractères gras présupposant la dégradation de l’environnement
au Moyen-Orient, précisément en Egypte et Syrie, depuis le début de notre ère – sur :
John Romer
La Bible et l’Histoire
Traduit de l’anglais par Geneviève Jackson Vernal/Philippe Lebeaud 1990
Chapitre IV Jésus et le Nouveau Testament
L’air du temps
-p. 194 : Pendant les 2 premiers siècles de notre ère, la prospérité était plus ou moins générale et la
vraie crise économique ne viendra que plus tard, sous les règnes des derniers empereurs christianisés,
amenant un accroissement sensible du nombre des esclaves et de la paupérisation.
Le dossier archéologique
-p. 223-224 : Les plus anciens fragments des Evangiles (…) viennent de découvertes faites en Egypte
dans les villes hellénistiques de la grande oasis du Fayoum et dans les monastères installés aux franges du
désert en bordure du Nil. Il y a 200 ans, ces cités gisaient encore sous la poussière accumulée des
siècles, et leurs ruines formaient des taches noirâtres à la surface des dunes dans l’immensité
sablonneuse. Pendant des générations, les paysans de la région, assez sagaces pour avoir remarqué les
vertus fertilisantes de cette poussière, étaient venus avec leurs ânes jusqu’à ces buttes pour les
transporter, par petites hottées, jusqu’à leurs champs. Très vite, les agronomes comprirent que le sol
poudreux sous lequel était enterrés les antiques villes offrait, avec son mélange de poussière, de suie et
d’excréments d’animaux, un engrais naturel à haute valeur de nitrate susceptible de répondre
parfaitement aux besoins des paysans locaux par ses propriétés providentielles, à un moment où (…) les
rendements agricoles étaient maigres, le sol ayant été considérablement appauvri par les grands
travaux d’irrigation des anciens empereurs. Les autorités gouvernementales se mirent donc à exploiter
systématiquement les ressources qu’offraient les habitations des anciennes villes, assurant le transport de
l’engrais par caravanes de chameaux jusqu’à des centres ferroviaires créés à cet effet. Aux environs de
1890, un archéologue estimait que le volume (…) de “ sebakh coufri ” – (…) poussière nitrée – variait
entre 100 et 150 tonnes par ville et par jour de travail. Ainsi furent éventrées et anéanties la plupart des
villes de l’Antiquité ; une fois concassée, la boue séchée de leurs murs fut dispersée sur tous les
champs d’Egypte. Jusqu’à la Première Guerre mondiale, des manuels de science agricole, ouvrages de
compilation signés de savants britanniques, dissertaient allègrement des avantages et des inconvénients
qu’il y avait dans l’exploitation des villes hellénistiques comme mines d’engrais. Les auteurs notaient
au passage que les clignotants étaient au rouge et que cette belle terre noire (…) pourrait bien, un jour
prochain, venir à manquer !
En portant le pic au cœur des villes enfouies, les carriers – ou “ sebakhim ” - n’ignoraient pas qu’ils
pouvaient bien tomber sur quelque trésor, mais seuls quelques rares collectionneurs savaient que les
drôles de petits objets que livrait le sol égyptiens, verres, bronzes, poteries ou papyrus, représentaient les
vestiges de toute une civilisation. Cette archéologie “ sauvage ” tourna bientôt au pillage (…). En
Angleterre, une petite équipe de spécialistes d’histoire ancienne, misant sur l’intérêt de découvertes
susceptibles d’enrichir les études bibliques (…), entreprit des fouilles sur le (…) Fayoum (…) avant que
tout ne disparaisse.
-p. 225 : Leurs compétences n’étaient pas toujours sans reproche. Reste qu’ils ont été les pionniers de
l’archéologie égyptienne même s’ils n’ont pu empêcher que la quasi-totalité des villes établies depuis de
milliers d’années sur le territoire nord de l’Egypte ne retombent en poussière à cette même époque. Outre
des vestiges des civilisation gréco-romaines, le marché des antiquités en Occident offrait des quantités de
papyrus (…) dont l’éventail allait de documents officiels aux chefs-d’œuvre des dramaturges grecs ou
romains que l’on croyait perdus à jamais (…). De jeunes chercheurs (…) venaient à la chasse aux
papyrus et en trouvèrent à foison : textes jadis déchirés ou jetés au rebut, chassés par les vents et enfouis
au plus profond des dunes, précieux copeaux de papyrus dispersés dans les anfractuosités des anciennes