sous-traitance où la discussion sur les prix prime celle de la qualité et du contenu en
innovation des produits proposés. Cette dégradation tient encore à la financiarisation
croissante, que nous évoquions à l’instant, qui a fait disparaître la majeure partie des
entreprises grandes et moyennes véritablement indépendantes, emportée dans le tourbillon des
filialisations et des politiques de rachats systématiques dont l’unique objet était non d’assurer
la croissance des entreprises, mais la recherche de la rentabilité maximale et immédiate.
La création d’un instrument tel que la BPI, destiné à soutenir les investissements des PME et à
densifier le réseau inter-entreprises, va par conséquent dans la bonne direction.
À cet égard, nous ne pouvons que saluer les améliorations apportées au texte à l’initiative de
notre rapporteur, Guillaume Bachelay et de tous les groupes qui composent la majorité.
Alors que, dans sa rédaction initiale, le texte du projet de loi se contentait de dire que la BPI «
est un groupe public au service du financement et du développement des entreprises », les
amendements adoptés en commission ont permis d’en préciser l’objet, en soulignant qu’elle
agira en vue de soutenir la croissance durable, l’emploi – absent dans la première version – et
la compétitivité de l’économie et apportera son soutien à la politique industrielle de l’État,
notamment pour soutenir les stratégies nationales de développement des filières, en se fixant
pour priorité les très petites entreprises, les PME et les ETI, en particulier celles du secteur
industriel.
C’est une avancée. Mais il reste que la doctrine d’intervention de la BPI sera fixée par le
conseil d’administration ; permettez-moi à ce propos de m’interroger sur la cohérence de la
politique économique conduite par le Gouvernement.
L’économiste Christian Chavagneux parle à juste titre de « politique de l’écartèlement ».
Comment ne pas souscrire à ce constat lorsque, d’un côté, l’on s’efforce de préciser par voie
d’amendement les missions d’intérêt général de la BPI et que, de l’autre, le Gouvernement
propose une réduction massive de 20 milliards d’euros des charges aux entreprises sans la
moindre contrepartie tangible ? Ce choix est d’autant plus incohérent que la BPI va
préfinancer le crédit d’impôt aux entreprises qui le demandent, là aussi sans contrepartie. Est-
ce de bonne politique que de détourner immédiatement la BPI de son rôle initial ?
Nous sommes, pour notre part, favorables, vous le savez, à la constitution d’un grand pôle
financier public. Nous défendons en effet depuis des années la mise en réseau des
établissements financiers publics et semi-publics, avec une déclinaison territoriale, afin de
développer les moyens d’une maîtrise nouvelle du crédit bancaire, d’une réorientation du
crédit visant à imposer le respect de critères sociaux et environnementaux – développement et
la sécurisation de l’emploi, développement de la formation et de la recherche, financement de
la transition écologique. Chacun s’accorde à dire que notre pays recèle de talents qui ne
demandent qu’à s’exprimer.
Le projet de loi que vous nous proposez ne va pas jusque-là, même si l’architecture de la BPI
n’est pas arrêtée et pourrait permettre éventuellement à celle-ci d’exercer une activité
bancaire. En l’état, l’instrument présenté recèle une fragilité majeure : ce n’est pas une banque
de plein exercice.
Pour commencer, la Banque publique d’investissement est tout d’abord très insuffisamment
dotée. Au regard de l’enjeu du redressement productif et économique, la dotation de 42
milliards d’euros paraît trop faible, surtout qu’il n’y aurait que trois à quatre milliards non
engagés. Il suffit de la comparer aux quelque 815 milliards d’euros de crédits alloués aux
entreprises par le secteur financier, dont 213 milliards pour les seules PME.