050923174003LA VOIX

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LA VOIX EST-ELLE LE REFLET DE NOTRE PERSONNALITE ?
Trouble dans l’acquisition du langage oral
Troubles d'articulation
Appelés couramment défauts de prononciation, ces troubles consistent en une difficulté au
niveau de la réalisation individuelle des éléments phoniques (sons de la langue). Ceux-ci
peuvent être absents, déformés ou remplacés. Les troubles sont dus à une mauvaise
position des organes phonatoires.
Déviation dans le processus d'écoulement d'air :
- sigmatisme latéral ou chuintement. L'air s'échappe sur le côté de la bouche ; défaut
de prononciation se caractérisant par la substitution du son "ch" à la lettre "s".
- sigmatisme interdental ou zozotement : la langue vient buter contre les incisives
supérieures où se place entre les dents ; le zozotement est caractérisé par
l'impossibilité de prononcer correctement la lettre "s". Le zozotement apparaît lorsque
la langue se place entre les deux arcades de dents. Le "s" est alors prononcé comme
un "th" anglais, la langue contre les dents de devant.
Traitement : des séances d'orthophonie peuvent faciliter l'apprentissage du positionnement
de la langue au moment de la prononciation des mots. L'orthophonie peut débuter à partir de
la section moyenne de la maternelle. Bien entendu, plus on tarde pour la rééducation, plus le
défaut est difficile à corriger. Mais il faut insister : ces problèmes ne sont pas irréversibles.
S'il y a plusieurs troubles d'articulation, on parlera de dyslalie universelle.
Les différentes pathologies
Les cancers "O.R.L."
Les cancers ORL en France sont dus, dans leur grande majorité, à l'ETHYLO-TABAGISME.
L'infection bucco-dentaire chronique et les causes professionnelles d'irritation locale des
muqueuses (vapeurs irritantes ou poussières) s'associent aux goudrons du tabac dans
l'étiologie des cancers O.R.L.
Dans notre pays, les cancers des voies aéro-digestives supérieures occupent la cinquième
place parmi tous les cancers.
Environ 90 % des cas surviennent chez les hommes.
Au sein de la population masculine, les cancers des lèvres, de la cavité buccale et du
pharynx et du larynx sont les deuxièmes cancers les plus fréquents après le cancer du
poumon en termes d'incidence et de mortalité.
En France, 12 623 nouveaux cas de cancers des lèvres, de la cavité buccale et du pharynx
ainsi que 4 303 nouveaux cas de cancer du larynx ont été répertoriés en 1995. Ces tumeurs
malignes ont entraîné, respectivement, 5 166 et 2 362 décès. Dans plus de la moitié des
cas, les malades meurent prématurément, c'est-à-dire avant l'âge de 65 ans.
Une augmentation de l'incidence dès la trentaine
Les taux d'incidence de ces cancers commencent à augmenter à partir de l'âge de 30 ans,
pour atteindre un pic chez les personnes de 65 ans et plus. Dans cette tranche d'âge,
l'incidence des cancers des lèvres, de la cavité buccale et du pharynx est de l'ordre de 125
pour 100 000 hommes et celle du cancer du larynx de 64 pour 100 000 hommes.
En baisse chez les hommes, en hausse chez la femme
Depuis une vingtaine d'années, on note un recul de ces cancers chez les hommes... Une
évolution inverse a malheureusement été constatée chez les femmes, qui sont de plus en
plus touchées. Le nombre de nouveaux cas féminins est, en effet, passé de 1 072 en 1975 à
1 741 en 1995, ce qui correspond à une augmentation de l'incidence de 3,8 à 4,9 pour 100
000 femmes.
Le cancer du larynx a connu une évolution comparable : en baisse chez les hommes avec
une incidence de 14,5 pour 100 000 en 1995 (18,1 pour 100 000 en 1975) et en légère
hausse chez les femmes (0,6 à 0,7 pour 100 000).
Ce phénomène s'explique par les modifications des habitudes de vie (tabac, alcool).
Si les Français des deux sexes boivent de moins en moins d'alcool, il n'en est pas de même
pour le tabac. Alors que le nombre de fumeurs de sexe masculin diminue, les femmes
fument davantage. Cette évolution des habitudes de vie explique la proportion croissante de
femmes victimes de ces cancers et la diminution de l'écart avec les hommes.
La France détient le triste record européen de la fréquence de ces cancers, qui est le double
de celle observée en Italie et en Espagne, et quatre fois plus élevée qu'au Danemark et en
Hollande. L'incidence de Cancers O.R.L.est la plus élevée dans le monde avec un taux de
plus de 40/ 100 000.
On peut admettre que l'éthylo-tabagisme multiplie par 15 le risque de cancer O.R.L.
Les signes d'appel
1. l'enrouement persistant
2. une douleur persistante au niveau de la gorge
3. des difficultés à respirer
4. une douleur dans l'oreille
5. une toux persistante
6. la modification de la voix -voix bitonale7. des crachats sanglants
8. une masse anormale au niveau du cou
Les moyens de traitement
CHIRURGIE, RADIOTHÉRAPIE, CHIMIOTHÉRAPIE seront utilisées, soient seules soit en
association.
Les résultats :
Le taux de survie à 5 ans varie considérablement d'un cancer à l'autre, et pour une "bonne
localisation" telle que le cancer du larynx, on peut passer de 90 % à 30 % si l'on perd un an
sur la mise en oeuvre du traitement.
La rééducation est une phase importante du traitement d'un cancer du larynx quand
l'importance de la lésion n'a pas permis d'éviter la laryngectomie.
Le patient laryngectomisé est alors un "mutilé de la voix", cette mutilation doit être prise en
compte dès la décision chirurgicale. Le patient doit être préparé à l'effort qu'il aura à faire
pour récupérer une fonction vocale satisfaisante sur le plan relationnel, il doit comprendre
que cette rééducation est efficace dans la plupart des cas et que l'évolution des techniques
de prothèse est permanente.
Le bégaiement
Il s'agit de répétitions et de blocages au cours de l'émission du langage. Le bégaiement ne
doit pas être confondu avec le bredouillage (parole indistincte) et le balbutiement (parole mal
articulée). Le bégaiement est un problème de communication, pas seulement un problème
d'élocution ou de langage. C'est le fait d'interrompre la parole ou de changer la façon
naturelle de l'exprimer. Il peut être accompagné de spasmes respiratoires et/ou mouvements
involontaires du visage et du corps. On distingue :
- le bégaiement clonique : répétition plus ou moins prolongée du même phonème, en
général le premier mot : "pa,pa,pa,pa,pa,pa,pa, papa m'a donné un bonbon..." ;
- le bégaiement tonique, ou blocage de l'émission s'accompagnant de mouvements
parasites de la face, des membres, du corps entier, de difficultés respiratoires, de
rougeur du visage avec sueurs etc...
Des troubles du langage sont parfois associés : lapsus, emploi de mots impropres,
mauvaise syntaxe etc... Le bégaiement est fréquent et banal chez l'enfant de 2 à 3
ans. On commence à s'inquiéter lorsqu'il persiste au-delà de 3 ou 4 ans. Le garçon
bégaie plus souvent que la fille et on trouve souvent des antécédents familiaux.
Les personnes souffrant du bégaiement se sont souvent elles-mêmes limitées dans leur
développement et leur façon de vivre : études, travail, relations humaines. C'est un handicap
non visible quand on ne parle pas, mais combien lourd à porter.
Bégaiement : les chiffres
Aujourd'hui en France, 600 000 personnes (soit un pour cent de la population) seraient
concernées par le bégaiement. Les hommes seraient trois fois plus touchés que les femmes.
Le bégaiement apparaît en général entre 3 et 7 ans. La plupart des bègues en sont atteints
dès leur prime enfance, néanmoins des adultes peuvent en souffrir après un accident ou un
choc émotionnel, alors qu'ils n'ont jamais bégayé auparavant.
Quelles sont les causes ?
Les causes, le pronostic et le traitement sont mal connus.
Cela peut avoir des origines diverses dues à des causes psychologiques : choc émotionnel,
environnement stressant, (hyperémotivité, angoisse etc... Certains travaux laissent penser
que les facteurs déclenchants pourraient aussi être d'ordre non-psychologiques : génétique,
malformations physiologiques... Les manifestations qui en résultent sont notamment une
mauvaise respiration, le blocage de certains muscles (bouche, gorge) et un diaphragme en
conflit. Les experts eux-mêmes ayant des avis partagés, nous tiendrons uniquement compte
que ces causes existent, et qu'elles sont différentes pour chacun.
On a également détecter des facteurs qui vont favoriser l'apparition du bégaiement : retard
de parole, climat familial tendu, anxiété... De plus, il existe souvent un événement
"déclencheur" du trouble : l'arrivée d'un petit frère ou d'une soeur, un déménagement...
Ce sont souvent des enfants émotifs, hyper-affectifs et il est banal que le bégaiement
s'accentue lorsqu'ils sont impressionnés ou énervés. C'est une source d'anxiété pour eux qui
peut aller jusqu'à la phobie de la parole et parfois le mutisme.
Evolution et traitement
Dans la très grande majorité des cas, le bégaiement disparaît spontanément en quelques
mois. Lorsque le bégaiement persiste au-delà de 5 ans, il est utile de consulter un
orthophoniste pour entreprendre une rééducation.
Mais la psychothérapie est en effet nécessaire si les troubles affectifs associés sont
importants.
Des bègues célèbres : Moïse, Démosthène, Aristote, Jean-Jacques Rousseau, Darwin,
Somerset Maugham, Paul Valéry, Louis Jouvet, Winston Churchill...
La dysphonie spasmodique
La dysphonie spasmodique est une altération de la voix due à un spasme des cordes vocales.
Cette maladie débute en général vers l'âge de 30 ou 40 ans et présente une nette
prédominance féminine.
Le début de la maladie se fait le plus souvent de façon progressive mais peut, parfois, survenir
à la suite d'un choc psychique ou physique.
L'altération de la voix peut s'exprimer de deux façons :
- la dysphonie spasmodique en adduction : la voix est perturbée par des arrêts involontaires, le
rythme des phrases est haché, le patient ne peut s'exprimer de façon normale et est obligé de
se contenter de phrases courtes ; il présente, par ailleurs, des difficultés respiratoires et
semble manquer d'air lorsqu'il essaie de parler. Il peut même ressentir une gêne douloureuse
au niveau du cou et ceci correspond aux tensions musculaires qui accompagnent l'effort de
phonation.
- la dysphonie spasmodique en abduction : la voix peut, au contraire, être extrêmement faible,
voire inaudible ; on a l'impression que le patient chuchote ou murmure, ce qui rend sa
communication avec les autres quasiment impossible. Parfois, le patient perd sa voix de façon
complète.
Quel que soit le type d'atteinte, la communication avec autrui est très perturbée, notamment
dans les relations du patient avec sa famille, bien souvent le patient ne peut assurer une
activité professionnelle de façon normale.
Ces altérations de la voix peuvent être variables dans le temps, elles s'accentuent
généralement tout au long de la journée et deviennent très importantes en fin de journée.
Les communications téléphoniques deviennent quasiment impossibles, les patients ne
peuvent plus du tout chanter. On constate qu'ils peuvent communiquer normalement
lorsqu'ils sont en colère ou lorsqu'on leur demande de crier très fort.
Lorsque les patients consultent leur oto-rhino-laryngologiste, l'examen des cordes vocales
est souvent considéré comme normal, car on ne retrouve ni polype, ni kyste, ni tumeur des
cordes vocales.
En fait, des examens spécialisés (fibroscopie des cordes vocales, vidéostromboscopie,
électromyographie des cordes vocales) vont permettre de diagnostiquer la maladie.
Malheureusement, la dysphonie spasmodique étant une pathologie rare, elle est souvent
méconnue et considérée comme une maladie d'origine purement psychologique.
Le traitement
Le traitement le plus efficace est, actuellement, l'injection de Toxine Botulique dans les
muscles du larynx.
L'amélioration est spectaculaire dans 90 % des cas de dysphonie spasmodique. Elle est
obtenue 8 à 15 jours après l'injection mais s'estompe progressivement au bout de 4 à 6
mois.
Claude FUGAIN
ORL Phoniatre
Spécialiste de la voix, du langage, de la parole et de la surdité, Claude Fugain dirige l'unité
de la voix de l'hôpital Foch et le département de phoniatrie de l'hôpital Saint-Antoine.
Qu'est-ce qu'un phoniatre ?
C'est un médecin ORL spécialisé dans le laryngologie. Il étudie les cordes vocales, leur
fonctionnement et la fonction vocale, c'est-à-dire comment la personne utilise sa voix. Il va la
juger selon 3 paramètres : la hauteur (aigue ou grave), l'intensité (forte ou faible) et le timbre
(voilé, pauvre, riche, chaud...). Pour cela, il dispose d'un certain nombre d'instruments,
notamment des analyseurs multiparamétriques sur ordinateur. Mais la voix c'est également
la traduction d'un vécu, elle véhicule des choses qui sont derrière nous et le phoniatre,
quand il juge une voix, doit prendre en compte la fonction sociale et professionnelle de la
personne qui est en face de lui. A partir de ces données, il dresse un bilan, c'est-à-dire qu'il
fait un diagnostic et propose un programme thérapeutique, (une rééducation) associé ou non
à un geste chirurgical.
En quoi consiste la rééducation ?
La bonne voix, c'est la voix adaptable. Autrement dit, une voix comme vous la voulez, que
vous soyez au travail ou à la maison avec vos enfants. Pour atteindre cet objectif, je peux
intervenir sur chacune des fonctions de la voix :
- la respiration (apprendre à contrôler son souffle) ; - la vibration (veiller à ce qu'il n'y ait pas
d'effort au niveau du larynx) ;
- les caisses de résonance (modifier le timbre de la voix) ;
- le système articulatoire (parler clairement).
Je mets en place des exercices de respiration, des exercices vocaux (diction), on travaille la
voix chantée, la voix conversationnelle, la voix projetée (d'action sur autrui), la voix lue, le
moment de la prise de parole… J'oblige aussi les patients à regarder leur interlocuteur en
face parce que si on regarde ses pieds, même si on a une bonne voix, elle restera faible. Il
ne faut pas oublier que la voix est un morceau du corps et que maîtriser sa voix c'est d'abord
maîtriser son corps.
Peut-on changer totalement de voix ?
Non, il faudrait une chirurgie trop lourde. Il y a des données anatomiques que l'on peut
difficilement modifier. Par exemple, la hauteur de la voix (grave ou aigue) dépend de la
longueur des cordes vocales. Il est parfois possible d'affiner les codes vocales pour
maintenir une voix dans les aigues, notamment chez les transexuels, mais on ne peut pas
modifier la forme du visage et donc les caisses de résonances (gorge, bouche, cavités
nasales) qui donnent son timbre à la voix. Alors on essaye de féminiser la voix en se
rapprochant d'une articulation féminine, plus antérieure, en utilisant davantage la bouche
comme caisse de résonance (les hommes utilisent plus la gorge). Et puis la voix est une
vitrine, elle reflète ce qu'on a dans le cerveau : vous ne changerez pas une voix bête si la
personne n'a pas de neurone !
Est-ce qu'il y a des phénomènes de mode ?
Oui. Aujourd'hui ce sont les voix graves et voilées qui plaisent, mais il n'y a pas si longtemps,
on les aurait trouvées pathologiques car la mode était aux voix claires et légères. On écoutait
Mireille et Tino ROSSI au lieu de Patricia KAAS et Garou. Les goûts changent et les voix
changent. On se sert aussi de sa voix de façon différente, les femmes en particulier ont des
voix plus graves qu'autrefois parce qu'elles travaillent, conduisent leur voiture, fument, bref
se masculinisent dans le social et au niveau vocal. On sait implicitement que la voix c'est la
puissance et que la puissance c'est masculin. Par exemple, quand Edith CRESSON, alors
qu'elle était premier ministre, a parlé d'une voix aigue à l'Assemblée Nationale, on l'a traitée
d'hystérique et elle a beaucoup perdu en crédibilité.
D'où viennent les problèmes de mue faussée ou de voix enfantine ?
Chez le garçon, il est exceptionnel que la mue ne se fasse pas en raison d'un déficit
hormonal. Le problème se situe le plus souvent dans les relations mère-fils. La maman ayant
du mal à voir son fils lui échapper peut avoir tendance à l'infantiliser. C'est pourquoi, quand il
s'agit d'un adolescent, il faut aussi discuter avec la maman. Ensuite, il faut l'aider à trouver
une voix plus grave en lui expliquant comment ça marche et en lui montrant. Ca peut aller
très vite, parfois même il suffit d'une séance.
Chez la femme il peut y avoir un problème anatomique (cordes vocales trop petites), mais le
plus souvent c'est comportemental : la femme qui a gardé sa voix enfantine joue à la petite
fille.
Certains problèmes de voix relèvent-ils de la psychologie ?
Oui. Il y a des problèmes purement mécaniques ou purement fonctionnels (par exemple, les
difficultés d'articulation), mais aussi des problèmes d'ordre psychologique. D'ailleurs on peut
dire que la plupart des problèmes de voix, de façon mineure (ou majeure quand il s'agit par
exemple d'aphonie par inhibition), relèvent du domaine de la psychologie. Et c'est logique
car la voix traduit ce qu'on ressent. On sait à qui on a affaire en regardant quelqu'un et en
écoutant sa voix. Elle est sensible à tout ce qui nous entoure : le stress, les émotions
agissent directement sur elle. Le cas le plus représentatif est celui des gens qui perdent leur
voix à la suite d'un choc affectif ou d'un harcèlement professionnel. Inconsciemment, ils
suppriment leur voix pour ne pas se trahir ou dire tout haut ce qu'ils pensent tout bas.
D'où vient le bégaiement ?
Quand on a un gros coup de stress, on a tous tendance à bégayer. C'est presque
physiologique. En général, le bégaiement ne s'installe pas, sauf s'il y avait déjà des
problèmes psychologiques sous-jacents (difficultés relationnelles, troubles de la
communication...) Pour la dysphonie spasmodique (gens qui parlent fort et doucement en
alternance),comme pour le bégaiement, on suppose qu'il existe peut-être un phénomène
neurologique associé qui reste à découvrir
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