d'autres arrêtent en cours de route
en raison d'effets secondaires devenus insupportables. Pour certains cancers, ce
n'est pas la priorité. Par exemple, dans
le protocole pour traiter le cancer du
sein, les chimio sont assez courtes,
6 cures « seulement » : les femmes
vont généralement au bout sans trop
de problèmes. Mais pour un cancer
du côlon évolué, par exemple, il y
a 6 à 10 cures, et en plus elles sont
nettement moins bien tolérées : rou
geurs au niveau des mains, des pieds, picotements... Cela peut sembler étrange d'arrêter un traitement vital à cause de
picotements au bout des doigts, mais à un certain moment, cela devient invivable, même si c'est bénin. Or, on peut atténuer,
voire éliminer, ces effets secondaires grâce à l'homéopathie!
RS - Comment s'est passé le premier contact avec les cancérologues ?
Dr K - Ils étaient méfiants. Ils craignaient que je cherche à soigner les patients avec des granules, que je les détourne de
leurtraitement ou encore que l'homéopathie interfère avec. Je leur envoyais systématiquement un courrier : « Je vois votre
patient M. XXX, il est sous chimiothérapie. Je lui prescris en parallèle un traitement homéo », j'expliquais pourquoi, je précisais qu'il
n'y avait aucun risque d'interaction avec la chimio pour les rassurer (certains ne savaient pas du tout ce que c'était que
l'homéopathie). Ils se sont aperçus que leurs patients toléraient mieux les soins, qu'ils étaient plus en forme, qu'il y avait une
amélioration de la qualité de vie.
Au bout de quelques années, les cancérologues nous ont demandé d'ouvrir une consultation d'homéopathie à l'hôpital. C'est
ce que j'ai fait, à Reims.
RS - Y a-t-il aussi un bénéfice pure-ment psychologique ?
Dr K - C'est extrêmement satisfaisant de voir les patients (volontaires) à l'hôpital, ils sont dans un état d'esprit combatif « Je
me prends en main, je fais tout ce que je peux de mon côté pour me soigner ». Ce côté volontaire, démarche personnelle « en + »
pour se soigner, est essentiel. Moralement, c'est important que le patient soit impliqué dans son traitement, ça améliore
nettement les chances de guérison. Et en plus, en limitant les bouffées de chaleur chez les femmes traitées pour un cancer
du sein, les nausées, les douleurs, les paresthésies (sensations bizarres), les syndromes mains-pieds (rougeurs), l'acné...
l'homéo leur change vrai-ment la vie.
RS - En somme, traiter un cancer, c'est un travail d'équipe ?
Dr K - Exactement, et dans laquelle l'homéopathie a son rôle à jouer. Le Pr Curé, oncologue médical, Professeur de
cancérologie (Reims), préfacier de mon livre (1), s'est lui aussi aperçu de l'intérêt de cette démarche. Il dit que « le cancer est
une maladie trop sérieuse pour être confiée aux seuls cancérologues ». J'aime bien aussi son idée de convoquer tous les
soignants et aidants au chevet du malade, que l'on pratique l'allopathie ou l'homéopathie. C'est pragmatique, sans aucun
dogme, il n'y a qu'un seul but : aider le malade.
RS - Comment avez-vous mis au point cette « bible » de l'homéo en cancérologie ?
Dr K - Il y a d'abord les médicaments homéo qui correspondent exactement au protocole chimio : à chaque molécule
utilisée, ses effets secondaires connus. Mais, dans les familles de chimio, il y a des effets secondaires différents, et de même
pour les sous familles. Tel anticorps monoclonal n'aura pas forcément les mêmes effets secondaires que tel autre. Donc, j'ai
fait une grille en prenant les médicaments un à un, j'ai regardé les effets secondaires sur le Vidal (« fréquents/ très fréquents
»), et j'ai obtenu des dizaines de fiches. Je les ai montrées à mes collègues homéopathes/ oncologues qui m'ont dit « c'est
très intéressant, passe-moi tes fiches, je vais essayer » et ils se sont aperçus en consultation que ça marchait très bien sur leurs
patients, et c'est parti comme ça.
RS - En cas de cancer, quand faut-il consulter un homéopathe ?
Dr K - Dès que le diagnostic est posé. Ne pas attendre les traitements lourds ni les effets secondaires, c'est l'idéal. Mais, bien
sûr, mieux vaut plus tard que pas du tout... Je recommande une consultation avant la cure médicamenteuse anticancer
(pour un protocole d'accompagnement « probabiliste », car on sait bien quels vont être les effets secondaires de tel ou tel
médicament), puis une consultation
après chaque cure, pour adapter le traitement homéo aux « nouveaux » besoins, en fonction de la façon dont le malade
réagit précisément.
(1) « Traitements de support homéopathiques en cancérologie », Dr Karp et F. Roux. Éditions CEDH 2011, 29 €.
Le Dr Karp propose des consultations en ville depuis plus de 20 ans, et plus récemment au centre hospitalier de Troyes, service de
cancérologie.
Quelques exemples tirés du vre : Si traitement avec l’Alentuzumab
Cancer : leucémie lymphoïde chronique