KALÉIDOSCOPE Recherche en homéopathie de Christian Boiron Dr Daniel Scimeca Les réflexions d’un lecteur A peine plus de 140 pages parcourues presque en un souffle car le style est léger, fait de ces phrases qui ne s’encombrent pas trop d’adverbes et vont droit au but. Je suis dans le TGV et je reviens de la région lyonnaise où Christian m’a lui-même offert son dernier ouvrage consacré à la recherche. Cela fait trente-trois ans que je suis médecin homéopathe, plus une dizaine d’années auparavant de patient étudiant passionné. Cela fait donc beaucoup de temps passé dans une atmosphère de justification. Toujours il fallait faire la preuve, toujours il fallait lutter contre les rires gras de ceux qui se déclaraient cartésiens sans avoir jamais lu Descartes. Toujours les discussions et toujours les mêmes impasses : « Il n’y a pas de preuve à ce que tu dis. » « Si ! Les études existent, tu les as lues ? » Depuis plusieurs années déjà, je fais partie des gens qui n’acceptent plus la justification. Depuis longtemps, je ne rate pas une occasion de dire que la recherche de la preuve n’est plus à l’ordre du jour. Pas un cours ou une conférence où je ne refuse de rentrer dans la discussion byzantine. L’homéopathie est un fait thérapeutique, et les faits sont têtus. Le livre de Christian Boiron est à ce qu’il me semble dans une double idée qui personnellement me va bien. La recherche existe en homéopathie depuis 70 ans, et peu ou prou, avec les moyens de chaque époque et les exigences de niveau de preuve de chaque époque, depuis 70 ans, elle est en faveur de l’action de nos médicaments. Seul le mécanisme de cette action est encore insuffisamment élucidé. Il en va de même pour un grand nombre de faits scientifiques, qui ne font aucun doute, mais dont le mécanisme reste flou. Le livre est surtout un médicament à double action : Ce livre permet aux professionnels de santé, peut-être aux patients curieux et éclairés de s’approprier tout ce que la recherche a accompli en homéopathie. Trop souvent cela est ignoré et je suis toujours envahi de tristesse lorsque je vois que des confrères homéopathes sont trop ignorants des recherches existantes et se font, par méconnaissance, trop facilement déstabiliser par des détracteurs, qui eux aussi ont peu lu sur le sujet. Ce livre permet de distinguer les différents axes et niveaux de recherche. • La recherche fondamentale examine l’action des hautes dilutions et est du domaine des laboratoires de recherche. De nombreux travaux, bien explicités dans l’ouvrage ouvrent des pistes quant au mécanisme intime de l’action biologique. • La recherche clinique étudie l’efficacité d’un ou de plusieurs médicaments sur une pathologie ou une série de symptômes. Ces études sont nombreuses et très en faveur de l’efficacité. Christian Boiron insiste sur la nécessité de tenir compte des spécificités de l’approche individualisée de l’homéopathie pour que de futures études soient encore plus explicites. • La recherche épidémiologique et plus particulièrement-pharmaco épidémiologique : à cet égard, l’étude EPI 3 est un tournant historique par l’ampleur de l’échantillonnage et le reflet de l’exercice de la médecine générale en France. Sur les trois plus grandes catégories de pathologies impactant le plus la qualité de vie des patients, l’homéopathie soigne aussi bien, avec moins de iatrogénie et moins de pathologies induites, sans perte de chance. Au fond je me dis que trois niveaux de preuves sont en jeu : • Les hautes dilutions ont-elles un effet (soigner le tube à essai !) ? • Le médicament homéopathique a-t-il une efficacité clinique (soigner la maladie) ? • L’approche homéopathique soigne-t-elle le patient (soigner l’humain) ? Je termine l’ouvrage et j’arrive à la gare de Lyon. Métro… demain matin mes patients. Eux ont un niveau de preuve qui ne trompe pas. Ils vont mieux et ils reviennent. Ce livre est disponible sur demande auprès du Service Information Boiron : 0810 809 810 CAHIERS DE BIOTHÉRAPIE - N°254 - DÉCEMBRE 2016 71