théâtre qu’ils ont inventée, dans la petite salle de classe aménagée pour l’occasion qui n’accueille pas plus de 25
spectateurs, et ceci à raison de 3 séances de 20 mn durant l’après-midi.
Cette technique a l’avantage de faire plus jouer ses élèves, mais aussi cela confère un caractère beaucoup plus intime à
la communication. Autres avantages : moins de trac, pas de problème de voix, bref, des enfants plus disponibles et
détendus dans leur représentation, et un public plus attentif ! P. P.
École P. Brossolette de Esquerdes (62)
Du texte au jeu.
Du jeu au texte
La guerre de cent ans sans Shakespeare.
Au cours d'un stage des instits tirèrent comme sujet de création une phrase extraite d’une BT: "En Auvergne, les paysans excédés
tendent des embuscades aux Anglais." Il sembla d'abord impossible de tenir 10 minutes avec un sujet aussi mince. Puis sur décision
syndicale sans doute, on représenta :
- des paysans et des paysannes ; ces dernières jouèrent le ras le bol de la soldatesque anglaise - et de leurs hommes s’entraînant à
taper..., le carton. Passa le seigneur, beau parleur (on eut dit le conseiller général).
- des anglais ; dont la maigre troupe fut comiquement rossée avec prime de horions pour l'adjudant ; passèrent des images de rugby.
Dans l'enthousiasme deux paysans se prirent à parler patois (applaudissements).
Le re-travail permit de forcer les caractères (râleur, timorés,...) les aspects physiques, le bègue, la pin-up... de préciser le scénario et
de resserrer les dialogues.
On convint que l'imagination historique se nourrit du vécu : modèles physiques et moraux, tours de langue. Jean-Marie Boutinot
Des pistes... des idées en vrac...
- la malle à déguisement (habits et accessoires) ;
- un espace scénique délimité, éclairé (projo sur pied), décoré (grand fil tendu pour accrochage, papier blanc, gros pinceaux) ;
- rejouer un événement raconté à l’entretien ;
- rejouer une situation vécue (à l’école, à l’extérieur,...) ;
- mettre en scène des phrases poétiques ou un écrit marquant (événement historique ou d’actualité ;
- se mettre à la place de... (animal, objet,...)
- lire un poème, un texte, en se roulant par terre, par deux, en mimant une action ;
- un outil : de grands tissus... pour se rouler, l’envelopper, bouger dessous,...
- le défilé de mode : avec des tissus et en musique ;
- des masques... ça aide à mieux s’exprimer par le corps ;
- des marionnettes... à doigt ou géantes ;
Marcelle Fontaine
Improviser, cheminer vers une expression personnelle :
le rôle du groupe.
La plupart du temps, les premiers essais d’improvisation sont un peu décevants. On se trouve en présence de situations
très stéréotypées. Les enfants reproduisent les scènes de la vie de tous les jours ou s’inspirent de ce qu’ils voient à la
télévision. Ils livrent des sentiments assez superficiels. Ils doivent sentir qu’il est risqué de révéler leur monde
intérieur. Le stéréotype les protège.
Toutefois, il s’agit d’un passage obligé qu’il serait dommage de court-circuiter.
Ce n’est que dans un milieu sécurisant, où l’on ne juge pas, où l’on ne critique que pour construire, que les enfants
tentent de dire ce qu’ils ressentent profondément. Ensuite c’est au groupe à soutenir cette expression, à l’aider, à lui
apporter les moyens d’être la plus fidèle possible, en posant des questions, en montrant des exemples, en échangent
avec celui qui parle pour l’amener à expliciter ses dires.
A l’écrit, on appelle cela le maillage du texte que l’on tend à rendre, ensemble, dense, serré comme la texture d’un
tissu. A l’oral le travail est semblable.
C’est à ces seules conditions que l’expression prend de la valeur, ne reste pas en surface, s’étoffe et, ce faisant, libère
l’enfant. Monique Ribis Extrait de la revue « Création », Avril 1994.
Légende photo : c’est au groupe à soutenir cette expression, à l’aider, en échangeant avec celui qui parle pour l’amener à expliciter ses dires. M.R.