
Chapitre 7 : Intégration européenne et politiques économiques et sociales (d'après http://brises.org/) 1 / 11
CHAPITRE 7 : Intégration européenne et politiques économiques et
sociales
Introduction
Nous avons vu, dans le chapitre précédent, comment la mondialisation s'est développée. En particulier, la création d'Unions
régionales a favorisé le développement des échanges au sein d'une zone.
Vous vous souvenez sans doute aussi que ce libre échange est censé apporter un surcroît de croissance économique. C'est pour
cela que des Unions régionales ont vu le jour, comme la CEE devenue Union Européenne mais aussi comme d'autres Unions
régionales comme l'ALENA qui regroupe le Canada, les États-Unis et le Mexique), le MERCOSUR en Amérique Latine ou
l'ASEAN en Asie.. Vous n'avez pas oublié aussi que le libre échange s'est épanoui dans le cadre du GATT puis de l'OMC dans
lesquelles les négociations se déroulent entre États. Et, si un principe bien connu veut que l'union fait la force, cela peut être vrai
aussi dans les négociations économiques internationales. On peut en effet penser que lorsque des pays se regroupent pour
négocier, ils auront plus d'influence si ensembles ils représentent une part plus importante du commerce international, des IDE,
etc. C'est aussi un des aspects qui peut expliquer l'intégration poussée de l'Union européenne.
Cependant, l'Union européenne n'a pas été construite uniquement pour des raisons économiques et les raisons économiques ne se
résument pas aux bienfaits supposés du libre échange et de la spécialisation internationale. S'il est vrai comme le dit Montesquieu
que « partout où il y a du commerce, il y a des mœurs douces », l'objectif de paix entre les Nations européennes, car c'était cela
l'objectif fondamental des « pères de l'Europe », pouvaient passer par des échanges plus libres pour rapprocher les peuples.
Mais il faut préciser que la construction européenne s'est faite aussi par une coopération entre États dans des domaines d'activité
clés à l'époque (énergie : charbon ; agriculture ; etc.) montrant la volonté des États européens de nouer des liens forts susceptibles
de rendre nécessaires leur bonne entente. Les politiques communes, vous l'approfondirez dans ce chapitre, ont donc accompagné
dès le début le développement de l'Union européenne. Aujourd'hui, les questions essentielles que posent ces politiques communes
concernent plus particulièrement les contraintes liées à cette coopération économique, les difficultés et les moyens de cette
coopération mais aussi les bénéfices possibles d'une coopération réussie. La paix étant une réalité au sein des pays de l'Union
européenne, l'économique de simple moyen est devenu l'enjeu principal des discussions européennes : quelles politiques
budgétaires, quelle politique monétaire, quelle politique de concurrence, etc. Avec bien sûrs tous les enjeux sociaux et politiques
qui en découlent !
1 - L'Union européenne et la dynamique de l'intégration régionale.
L’idée d’Union Européenne est ancienne, et avait souvent été invoquée comme remède aux sempiternelles guerres qui
ravageaient le continent. Elle s’est imposée avec plus d’évidence après 1945, quand l’Europe dévastée s’est retrouvée sous la
domination des deux super-puissances issues de la seconde guerre mondiale.
Mais la construction ex nihilo d’une fédération européenne s’est vite révélée trop difficile dans une Europe encore politiquement
divisée et travaillée par les méfiances entre nations, surtout après l’échec de la Communauté Européenne de Défense (1954). Les
partisans de l’unification européenne ont donc pris le parti d’une construction progressive et originale : initier des coopérations
entre les États, tout particulièrement au niveau économique où elles sont mutuellement profitables, pour développer la solidarité
et rendre nécessaire la création d’institutions européennes, lesquelles constitueraient la base d’une future fédération européenne.
C’est ce processus que nous allons étudier maintenant, en examinant d’abord les différentes étapes de l’intégration économique
européenne, avec ses justifications économiques, pour ensuite étudier comment cette intégration suscite la création d’institutions
communautaires. Pour finir, nous essaierons de comprendre pourquoi l’étape finale de ce processus – la création d’une Europe
politique – est à la fois plus nécessaire que jamais et toujours aussi difficile à concrétiser.
1.1 - L'intégration économique en Europe : le choix de la libéralisation des échanges.
La coopération entre états européens a parfois pris la forme de projets industriels (on pense notamment à Airbus ou Arianespace),
mais l’intégration économique s’est surtout faite par la libéralisation des échanges économiques entre les nations d’Europe –
c’est-à-dire par l’instauration progressive d’un libre échange presque total. Voyons d’abord les étapes de cette libéralisation et les
avantages que l’on en attendait.
1.1.1 - Les pays européens ont progressivement libéralisé leurs échanges économiques …
Le premier pas de l’intégration économique fut la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) : La RFA, la
France, l’Italie, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg supprimaient toutes barrières douanières et toutes formes de
protections dans les secteurs du charbon et de l’acier – secteurs symboliques s’il en était puisqu’à l’époque ces deux matériaux
constituaient le « nerf de la guerre ». Mais très vite, l’intégration européenne a gagné en profondeur et en envergure.
• La Communauté Économique Européenne. Le traité de Rome de 1957 instaure une union douanière : suppression des
barrières tarifaires entre les pays signataires et instauration d’un tarif extérieur commun. Une entité internationale – la
Communauté Économique Européenne (CEE) – est créée avec des institutions (Commission, Conseil et Parlement
européens) afin de piloter cette union. Elle reçoit en plus une compétence exclusive sur les politiques agricoles, des
transports et sur la politique commerciale extérieure, qui seront donc désormais des politiques européennes et non plus
nationales. La CEE passe de 6 membres en 1957 à 12 en 1986, en intégrant le Royaume-Uni, le Danemark et l’Irlande
(1973), la Grèce (1981, l’Espagne et le Portugal (1986).
• L’Acte Unique et le Grand Marché. Adopté en 1986 par les pays membres de la CEE, l’Acte Unique est en fait l’ensemble des
règlements qui permettent la réalisation du Grand Marché, c’est-à-dire l’abolition définitive de toutes formes de barrières
entre les pays membres permettant une libre circulation des marchandises, des services, des capitaux et des hommes (les « 4