- Maîtrise orale de la langue, genre débat
- Education à la citoyenneté
- Articulation oral-écrit
- Statut et rôle du maître dans la discussion philosophique
- Façon dont on peut mettre en scène théâtralement des idées à partir de la discussion philosophique, à
partir d’analyses de vidéos.
Dans le 1er ouvrage qui va paraître, j’ai identifié quatre courants :
1) Premier courant, que je nomme psychanalytique…
Protocole où pendant 10 mn, les enfants parlent entre eux d’un sujet existentiel, le maître n’intervenant
absolument pas.La discussion entre enfants est enregistrée sans intervention du maître. Celui-ci repasse
ensuite la vidéo aux enfants et à ce moment là conduit une discussion où on réfléchit, on réagit …
Il me semble que J.Lévine travaille sur l’amont, les conditions de possibilité d’une discussion philosophique ;
il cherche que l’enfant fasse l’expérience existentielle d’une pensée., qu’il s’autorise à parler à haute voix
dans un groupe de pairs, donc une parole publique, qui se vit comme pensée. Ce fait, de faire l’expérience de
l’être qui parle et pense serait selon l’idée de J.Lévine, fondamental pour la construction , l’élaboration de
l’identité . J’ai beaucoup discuté des fondements théoriques de cette méthode. J. Lévine dit : « l’enfant fait là
l’expérience du cogito » , c’est-à-dire du « je pense » : je pense, donc je suis un homme, un être humain. A.
Pautard est représentative de ce courant.
2) Deuxième courant
Ensuite, vous avez un deuxième courant, qui est plutôt de type maîtrise orale de la langue. Comme on
considère maintenant l’oral comme l’une des priorités dans l’enseignement primaire, comme mission
fondamentale, beaucoup de gens pratiquent maintenant celui-ci, et commencent à le pratiquer dans son genre
« débat ». Il y a donc toute une démarche, qu’on appelle l’oral réflexif, c’est-à-dire, pas un oral où l’on parle
seulement pour parler. C’est certes intéressant de s’exprimer, par exemple en pédagogie Freinet (le quoi de
neuf ?), d’avoir un petit moment, le matin, pour parler, où l’enfant raconte et « se raconte ». On va un petit
peu plus loin dans l’oral réflexif : on ne parle pas pour parler, bien que ce soit très intéressant de parler pour
mettre en avant le vécu, et que ce vécu soit écouté par d’autres . On ne peut nier les vertus structurantes,
pédagogiques de l’oral au niveau du contenu de l’apprentissage langagier, mais on peut aller plus loin, non
pas simplement parler pour parler et être écouté, mais parler pour penser, donc avoir une posture par rapport
au langage, qui n’est pas seulement un moyen de communication, donc utilitaire, pour entrer en contact, se
faire comprendre, produire des effets sur autrui, mais pour penser, se penser, penser son rapport à soi, son
rapport à autrui, son rapport au monde. Il y a tout un travail fait par certains instituteurs sur la façon dont on
peut, en travaillant ainsi le langage, travailler la pensée, et articuler aussi l’oral et l’écrit .
Il y a par exemple une institutrice qui enseigne depuis 26 ans, qui vient de faire avec moi un mémoire en
Sciences de l’éducation, en CE1, à partir du protocole suivant : elle demande à partir d’un sujet choisi par les
enfants d’écrire ce qu’ils pensent par rapport à cette question, et ensuite vient la discussion . Elle demande
ensuite aux enfants d’écrire 3 ou 4 phrases pour savoir où ils en sont . On analyse ensuite la différence qu’il y
a entre le premier écrit et le deuxième, on repère dans la discussion, dont on a fait le script, les idées émises
par d’autres enfants, qui n’étaient pas dans le premier écrit, et qui sont dans le second écrit . En terme un peu
pompeux, j’appelle cela un « indicateur d’intégration de l’altérité » . C’est très intéressant car on se donne là
les moyens de voir comment une pensée d’enfant a été altérée, au sens de modifiée, au sens où on a intégré
«l’ alter », l’autre . Aprés 26 ans d’enseignement, l’institutrice a dit : « mon regard sur les enfants vient de
changer ! ». E. Auriac-Peyronnet travaille en ce sens à l’Iufm de Clermont-Ferrand.
3)Troisième courant, que je dirais démocratique : l’entrée étant ici la question de la citoyenneté .L’éducation
à la citoyenneté étant une seconde mission de l’école primaire avec l’enseignement de l’oral, beaucoup de
professeurs d’école se sentent très concernés par cette éducation ; civilité et citoyenneté sont tout un travail
nécessaire à l’école sur le lien social et le lien politique. Certains n’ont pas attendu que l’institution dise qu’il
faille éduquer à la citoyenneté ! Je pense précisément à tous ceux qui travaillent avec la pédagogie
institutionnelle, au niveau des méthodes actives de l’école nouvelle, à ce qu’ont apporté tous les grands
pédagogues de la fin du XIXème siècle et du XXème siècle,et qui ont mis en place des structures
démocratiques dans leurs classes , essayant d’introduire la démocratie au coeur même de l’acte d’apprendre.
Dans ces classes, on a une structure démocratique, que les enfants ont acquise par tout le travail qui est fait :
président de séance, secrétaire, tours de prise de parole, ordre du jour, déroulement suivant des procédures…
On a acquis des « habitus » démocratiques, comme dirait Bourdieu . On a une stucture démocratique qui est
déjà là, et ce qui est intéressant, c’est de mettre à l’intérieur de cette structure des sujets existentiels pour
qu’on débatte démocratiquement de sujets qui sont essentiels pour l’homme. Le problème à ce niveau là,
c’est d’introduire dans cette structure démocratique, des exigences intellectuelles (de problèmatisation, de