
Université d’été Attac Arles 2003
Filière 7 : les Médias, auxiliaires du néolibéralisme et cibles de sa contestation – 7a : Cours
Prises de notes par Stéphane (stephane_heinrich@hotmail.com), exactitude des propos respectée dans la mesure du possible.
Mais Le Monde s’apprête à passer de média indépendant à média côté en Bourse, avec
le passage d’obligations en actions. Pour l’instant, 20% sont privatisés. Comment ce
journal restera-t-il indépendant par rapport aux marchés financiers et à leurs logiques ?
Attac a ici un rôle à jouer.
2. Patrick CHAMPAGNE
Sociologue, Centre de Sociologie Européen
La critique des médias a toujours existé.
C’est consubstantiel à l’existence des médias et au poids de l’économie. Et il y a eu pire !
Par exemple, la presse de l’entre deux guerres.
Les critiques depuis toujours sont :
la dénonciation d’une dérive économique
la critique partisane
Pour autant, n’y a-t-il rien de nouveau ? Si, car il existe des formes nouvelles, une
intensité plus forte.
Un peu d’histoire :
1918 : les dérives de la presse pendant la guerre 14-18 entraînent la mise sur pied de
la charte des journalistes.
1945 : mise à l’abri de la production de l’information du grand capital (mouvement
général dans l’économie française).
Il s’agit donc de faire une critique en posant les limites au sein desquelles se tient le
journalisme, et il faut évidemment plus réfléchir sur le système que sur des personnes
précises.
La production de l’information a 3 caractéristiques :
1. l’information est une propriété de l’esprit, qui se rapproche d’une activité
intellectuelle.
2. c’est une production intellectuelle qui doit être VENDABLE, il y a une dimension
économique inévitable : pas de public pas d’info.
3. dimension politique : l’information alimente le jeu et les luttes politiques.
Il y a donc un triangle des contraintes de la production journalistique. Selon les époques,
les journaux, les rubriques …, la production journalistique se déplace dans ce triangle.
Exemple : Le Monde, période Hubert Beuve-Méry. La dimension politique dominait, le
journal se voulait l’encyclopédie du temps. Il existait donc un journal de faits et
d’opinions affichées, de commentaires de ces faits. Tout en étant un journal qui se vend.
Le succès du livre de Péan/Cohen, « La Face Cachée du onde », montre qu’il y a bien eu
un changement au Monde, et un malaise évident.
Le danger est que, si un journal réussit trop bien, il tend à devenir une machine
économique, dépendant donc de lois économiques. Et ça peut entraîner des erreurs
économiques, comme le Monde au début des années 90, voire tendre vers des journaux
purement économiques et vers la presse marketing, où le seul objectif est de vendre
(Voici, Gala … par exemple).
Quels changements par rapport aux situations précédentes ?
1. La publicité : un journal se vend aux annonceurs, en plus des lecteurs (ou des
auditeurs, ou des téléspectateurs).
2. les années 80 : concentration, groupes étrangers entrent en concurrence avec la
presse française « il faut concentrer pour pouvoir résister », voir le cas Vivendi.
Conséquence : arrivée du néolibéralisme dans la presse et, concrètement,
faire cracher ce qu’on veut aux journalistes, car les emplois sont précarisés