© Hervé BERNARD 1980-2006
INTRODUCTION
L’IMAGE
Physiquement, l’image est un amas, un treillis de points lumineux collecté par la rétine,
dans ce sens le monde est toujours une image pour l’homme car toute notre perception
visuelle devient une image au fond de l’œil.
Étymologiquement l’image est ce qui imite, “ qui prend la place de ”, dans le sens de
remplacer ; tandis que le sens latin de ce mot désigne la statue. Mettre en image, c'est
donc immobiliser, figer et regarder une chose à la place d’une autre.
Que l'on photographie filme ou peint, on fige non seulement les évènements : objets,
personnages (…) mais aussi le point de vue physique adopté. Cette immobilisation est
donc spatiale et temporelle. Doublement spatiale : prise de position physique qui donnera
l’angle et “ prise ” de champ visuel en fonction de la focale. Ces deux immobilisations
spatiales produiront le cadre qui, en tant que découpage ou encore fenêtre sur la réalité
–ce n’est encore qu’une question de point de vue– est lui aussi, un échantillonnage
spatial. Ces deux questions sont, à mon sens, commune à la peinture qu’elle soit
figurative ou abstraite comme je le montrerais dans la première partie.
Selon le Petit Robert, en français, le premier sens du mot image (1170) est :
« reproduction inversée qu’une surface polie donne d’un objet qui s’y réfléchit ».
Toujours selon ce dictionnaire, le second sens (1597) est : « reproduction exacte ou
analogique d’un être, d’une chose » et c’est seulement au XVIe siècle que ce mot
désignera la « représentation mentale d’origine sensible ».
Plus généralement donc, l’image désigne tout ce qui appartient au domaine de la
représentation, vaste domaine, d’une imprécision totale quant aux modes, aux moyens de
cette représentation. Ainsi, le domaine de l’image concerne aussi bien la peinture, le
dessin que la photo, la télévision ou encore, une image mentale ou verbale comme
l’allégorie. Une image figure donc une chose différente d’elle-même, mais pourtant, cette
représentation se fait avec le minimum de similarité –avec l’objet ou l’idée exprimée–
nécessaire à l’identification qui, dans ce cas là, est du type A=B ou A=±B. Ces deux
égalités extrêmement restrictives écartent toutes les autres définitions et notamment les
images verbales. Elles sont même erronées comme le montre David Marr pour qui une
image, ne représente jamais la réalité (cf. deuxième partie de cet ouvrage).
Cette réplique, dans le sens copie de la réalité, n’existe pas car elle passe toujours par le
filtre d’un système d’interprétation :
- la perspective,
- le noir et blanc, la couleur…
- le réalisme, la poésie ou la langue… Cette dernière est d’ailleurs extrêmement
imprécise quand il s’agit de décrire les couleurs.
Leurres supplémentaires, quelques uns de ces filtres, comme le noir et blanc et la couleur
auraient, selon certains praticiens de l’image, des valeurs naturelles. Où peuvent se situer
les valeurs naturelles du noir et blanc qui n’existent pas, isolée, dans la perception
visuelle humaine, sauf déficience visuelle, tandis que les valeurs de la couleur changent
avec l’éclairage ambiant et la technique de reproduction…
À ces filtres viennent s’ajouter les grilles de lecture appliqués sur l’image par des
professions : physiciens, médecins, chercheurs ou encore par les différentes cultures et
époques.
Pourtant, bien souvent, ce mot (image) dans le cas de la photographie sous-tend une
reproduction exacte de la réalité. N’oublions pas que selon étymologie, l’image imite et
qu’une imitation, comme le montre le métier d’imitateur n’est qu’une copie plus ou
moins caricaturale et donc par conséquent une seconde version.
Nous rencontrons donc une infinité d’image. Mais, quel est le point commun entre une