Séminaire
Les activités économiques en milieu populaire :
Quelle viabilité économique ? Quelle efficacité sociale ?
11-12 juin 1999
Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD)
Frères des Hommes (FdH)
Les questions travaillées lors de ce séminaire, réalisé conjointement par Frères des Hommes et le CCFD,
sont au cœur même des actions soutenues par ces deux organisations de solidarité internationale pour le
développement.
Pensé initialement dans le cadre de deux programmes en cours, l’un par Frères des Hommes en Afrique,
l’autre d’éducation au développement en France et en Europe mené conjointement par le CCFD et
Frères des Hommes, le séminaire s’est élargi, dans un souci de “ rentabiliser ” cette opportunité et d’en
faire profiter d’autres partenaires du Sud et aussi de l’Europe, même si le “ poids ” des analyses tendait
plus vers les situations au Sud.
La mixité d’acteurs aux origines et aux approches aussi diverses et ayant des pratiques conditionnées par
leurs contextes locaux, a présenté à la fois une difficulté et un intérêt. En effet, la spécificité des
contextes et des cultures locales modifie les conditions de conception et de mise en œuvre des
expériences d’un pays à l’autre (actions de micro crédit; appuis directs aux activités économiques,
formations techniques, formation organisationnelle, soutien à des espaces de concertation entre acteurs
publics et privés, lobbying pour des politiques publiques plus favorables aux secteurs concernées, etc.).
Mais, les expériences sont portées par des partenaires qui ont des préoccupations communes et qui
placent leurs actions dans une perspective de surmonter l’exclusion sociale et la pauvreté, s’inscrivant
ainsi dans une démarche de développement et de (re)construction démocratique. Et c’est précisément
que réside l’intérêt de l’initiative, en décloisonnant les réflexions et les questionnements, dans une
recherche de solutions adéquates et durables.
Les questions de viabilité économique et d’efficacité sociale des activités économiques sont plus
complexes qu’elles ne paraissent, en particulier au vu des tensions générées par les rapports entre la
logique sociale et la logique économique. Ces tensions concernent directement la réalides acteurs et se
projettent dans les actions des structures d’appui et des ONG de coopération. Chacune de ces questions
a sa propre complexité, compte tenu aussi de l’hétérogénéité qui préside le monde économique
populaire, en particulier au Sud. Cependant, les activités économiques populaires sont imprégnées de ce
cette double logique, ce qui amène à travailler la relation entre la viabilité économique et l’efficacité
sociale de façon indissociable.
Certainement le séminaire n’a pas abordé ces questions de façon exhaustive. Cela serait une tâche
inabordable. Il a voulu surtout faire partager et confronter les analyses des uns et des autres, permettant
à chacun de réexaminer ses propres stratégies et méthodes. Et cela était un autre d’intérêt pour la
réalisation ouverte de ce séminaire.
Tous les acteurs sociaux présents à cette initiative ont apporté une richesse et une qualité de réflexions
qui est exposée dans un rapport synthétique produit ultérieurement.
Frères des Hommes
CCFD
Paris, 2000
Introduction au rapport synthétique sur le Séminaire
document intégral disponible sur demande à :
Le séminaire Les activités économiques en milieu populaire -Viabilité économique et
efficacité sociale ” (11-12 juin 1999) s’inscrit dans un flux permanent d’actions et d’échanges.
Ce flux concerne Frères des Hommes et le CCFD d’une part, et d’autre part un certain nombre
de ceux qui, en Europe comme dans l’hémisphère sud, intègrent la dimension économique
dans un objectif de développement humain multidimensionnel. Pour eux il ne s’agit pas d’un
rêve inaccessible ; il ne s’agit pas non plus d’une simple coloration de l’action économique,
comme les tenants de l’éthique des affaires (business ethics) le proposent . S’ils adoptent et
cultivent cette perspective, cette utopie mobilisatrice du développement humain, c’est comme
cadre et repère de leur action quotidienne : l’élaboration, à l’échelle d’un territoire ou dans des
échanges plus larges (financiers, commerciaux), de pratiques économiques, souvent
participatives, permettant ou facilitant la promotion humaine et la réponse aux besoins sociaux
les plus criants. Car vouloir une économie autre ”, ce n’est pas se livrer à une argumentation
théorique. C’est, dans de nombreuses situations, tout simplement crier justice, chercher les
moyens d’accéder à un revenu minimum, vouloir sauver sa famille, sa communauté, son pays,
d’une pauvreté d’avoir qui empêche l’accès aux droits essentiels, ou d’une pauvreté d’être,
d’une absence de liens sociaux, qui elles aussi sont des obstacles fondamentaux à la
promotion humaine.
Ce défi d’une pratique économique “ pour le peuple et par le peuple ”, s’il est déjà concrétisé
dans un certain nombre d’initiatives, reste très complexe. Et les différences culturelles, les
situations politiques, les histoires propres à tel ou tel peuple rendent difficiles la
compréhension mutuelle et la nécessaire coordination des actions, en contexte mondialisé,
entre les entreprises des uns et des autres. Tout ceci justifie l’instauration d’échanges plus ou
moins formels, souvent bilatéraux, vécus entre organisations proches par la géographie ou le
secteur d’activité qui est le leur ; mais parfois ces échanges ont à devenir multilatéraux, plus
intensifs, plus structurés. Ce séminaire original a été proposé en ce sens, pour affermir, par la
concertation, par la réflexion sur les expériences des uns et des autres, le contenu de cette
visée commune qu’est l’économie au service du développement collectif, et non de l’intérêt
privé..
Les pages qui suivent restituent l’essentiel des échanges que ce séminaire a permis, le plan
adopté étant identique à celui du déroulement des travaux :
- Quelle efficacité sociale ?
- Quelle viabilité économique ?
- Les relations entre viabilité économique et efficacité sociale.
- Quelles interpellations à la coopération ?
- Perspectives
- Postface
Ce plan est cohérent avec la conception de l’économique qu’ont les organisateurs du
séminaire et ceux qui les ont rejoints : l’économique est perçu comme une dimension très
importante de la vie collective, une source de richesses, et un registre de motivation des
individus et des groupes, voire dans certains cas un moyen privilégié de changement social.
Mais cet économique valorisé est aussi relativisé.
En effet, Frères des Hommes et le CCFD ont depuis leur origine une conception de l’action
économique comme levier de développement. C’est souvent à travers des coopérations dans
le domaine agricole et alimentaire, puis progressivement dans une plus grande diversité de
domaines, que cette approche s’est concrétisée. Les divers protagonistes du séminaire
récusent donc toute conception du marché ou de l’économie comme exerçant une suprématie
sur les autres registres de la vie collective. D’où l’insistance de leur part sur la notion
d’“ efficacité sociale ”, comme complémentaire, ou même comme dimension nécessaire à la
légitimité de la viabilité économique (Cf. tables rondes 1, 2, 3). Quant au thème de la 4ème
table ronde, et également au chapitre perspectives ”, ils sont pour rappeler que ce
séminaire n’a pas comme finalité celle d’une construction intellectuelle sur l’économie
populaire, soit-elle de qualité ; ce séminaire vise une actualisation et une amélioration de la
qualité globale ” de la coopération Nord-Sud.
Dans le même esprit de coopération, le déroulement du séminaire a fait alterner temps
d’exposés et de débats, les exposés étant préparés et présentés à due proportion par des
intervenants d’Europe ou du “ Sud .
Au vu de la diversité des participants et des pratiques de chacun, diversité aussi des contextes
spécifiques qui modulent l’action, le séminaire aura représenté implicitement une expérience
de travaux pratiques et de propositions sur les multiples paramètres du développement
humain, y compris sur certains d’entre eux que l’Indice de Développement Humain néglige.
Pas plus que les initiatives d’économie populaire n’atteignent rapidement tous leurs objectifs,
les résultats de ce minaire ne peuvent être considérés comme achevés et définitifs. Le
courant de concertation et de solidarité internationale entre acteurs de développement qui les
a fait naître se poursuit dans de multiples modalités. Ce séminaire aura pourtant été, à tout le
moins pour ses participants et les organisations qu’ils représentent, une étape marquante
dans ce dialogue nécessaire, et utile, entre praticiens d’une action économique rendue à ses
finalités humaines, personnelles et collectives.
La mise au point de ce document a été conçue à leur service. Sa diffusion vise aussi à élargir
le cercle de ceux qui tireront profit des clarifications, des enrichissements mutuels entre
expériences, et aussi de cette dynamique de fraternité, moins tangible mais bien réelle, qui ont
été les points forts de ce séminaire international.
Ont apporté leur concours à la réalisation de cette publication : Pierre Michel Rosner,
consultant chargé de la coordination du séminaire et de la rédaction des actes, Catherine
Gaudard et Rosa Miriam Ribeiro, dans la révision du document et sa mise en forme, Vincent
Barthez, dans la réalisation des entretiens.
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