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1. Introduction
Quand le roman Notre-Dame de Paris – 1482 parut le 16 mars de 1831, il lui fut témoigné
immédiatement un grand intérêt. C’est dans le mois de décembre de l’année suivante que le
roman paraît déjà dans la huitième édition, augmentée par trois chapitres inédits jusqu’à ce
point-là. Cependant, les avis sur le roman de Victor Hugo sont partagés. Des hommes de
lettres connus réagissent avec réserve ; c’est ainsi que Sainte-Beuve formule par exemple des
critiques à la représentation de l’église : « Vous nous avez peint surtout le côté violent,
sombre, déchirant, la face lugubre du catholicisme. »
Pour Lamartine, c’est la moralité du
roman qui est douteuse : « c’est immoral par le manque de Providence »
. Le jugement de
Balzac – prononcé déjà trois (!) jours après la parution du livre – est encore plus écrasant:
Je viens de lire Notre-Dame. Ce n’est pas de Monsieur Victor Hugo auteur de
quelques bonnes odes, c’est de Monsieur Victor Hugo auteur d’Hernani – deux belles
scènes, trois mots, le tout invraisemblable, deux descriptions, la belle et la bête, et un
déluge de mauvais goût – une fable sans possibilité et par-dessus tout un ouvrage
ennuyeux, vide, plein de prétention architecturale, voilà où nous mène l’amour-propre
excessif.
D’ailleurs, c’est aussi Goethe qui se n’exprime pas du tout de manière positive: « C’est le
livre le plus abominable qui ait été écrit »
. Peu de gens témoignent leur admiration comme
par exemple Sue: « [...] vous êtes un grand dissipateur [...]. Mais de tout temps les génies
supérieurs ont excité une basse et étroite jalousie, force sales et menteuses critiques. »
De
l’autre côté, Lamartine trouve également des mots positifs: « C’est le Shakespeare du
roman.»
Malgré les voix critiques des ses contemporains, Hugo compte parmi les grands écrivains
nationaux français aujourd’hui et Notre-Dame de Paris fait partie des romans internationaux
les plus populaire et les plus lus.
Pour Hugo, la cathédrale de Notre-Dame devait constituer le centre du roman ; cela est déjà
indiqué dans le titre et c’est ainsi que Cellier interprète à tort un vers du poème Quatre Vents
de l’esprit: « J‘aime la cathédrale et non le Moyen Age. »
. Pourtant, Notre-Dame de Paris est
souvent réduit à l’histoire d’amour malheureuse entre le laid sonneur de cloches et la belle
Esmeralda, réduit à ce trait féerique de „la belle et la bête“. Les titres des traductions anglaises
Lettre à Hugo, 14.4.1831, dans: Victor Hugo: Notre-Dame de Paris. 1482. Paris: Pocket Classiques, 1998,
p.605.
Lettre du 1.3.1831, dans: Victor Hugo: Notre-Dame de Paris. 1482. Paris: Pocket Classiques, 1998, p.605.
Honoré de Balzac, lettre à Samuel-Henry Berthout, 19 mars 1831, dans: Victor Hugo: Notre-Dame de Paris.
1482. Paris: Pocket Classiques, 1998, p.XLI.
Victor Hugo: Notre-Dame de Paris. 1482. Paris: Pocket Classiques, 1998, p.605.
Eugène Sue, 9 mars 1831, dans: Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie. Tome II, p.311.
Hugo, Victor: Notre-Dame de Paris. 1482. Paris: Garnier Flammarion 1967, p.24
Léon Cellier dans: Victor Hugo: Notre-Dame de Paris. 1482. Chronologie et préface par Léon Cellier, Paris:
Garnier-Flammarion 1967, p.20.