Résumé
La citoyenneté européenne est aujourd’hui davantage un objet de recherche en
sciences sociales qu’une réalité sociologique. La confrontation des réalités juridique et sociale
semble mettre en évidence l’existence de plusieurs entreprises concurrentes de construction
sociale de ce concept.
L’Union européenne (UE) et notamment la Commission (CE) déploient depuis plus de dix ans
des relais et réseaux d’information sur l’Europe, répartis régionalement et dont la mission est
d’être les vecteurs, au travers une information dont la dimension performative est plus ou moins
évidente, d’une identité et d’une citoyenneté européennes comprises et acceptées.
La première partie de ce travail sera consacrée à la présentation et l’étude générale du
réseau Info-Points Europe (IPE), sa genèse, ses présupposés contractuels, ses réalités
sociologiques. On amorcera également la mise en perspective plus spécifique d’un IPE : le
Centre d’Information sur les Institutions Européennes (CIIE) de Strasbourg en procédant
d’abord à la description de l’action et du positionnement sociologique de cette structure.
Dans la seconde partie, on poursuivra cette étude de cas afin de cerner les motivations
des acteurs des IPE et de comprendre leur investissement dans la diffusion de l’idée
européenne. Les entretiens réalisés auprès de cette population révèlent qu’elle est en fait la
première à être conquise par les idées qu’elle véhicule. En effet, le réseau IPE constitue
lui-même un site de construction de leur propre citoyenneté européenne.
Pour autant, plus généralement et du point de vue des usagers de ces IPE, les conceptions
parcellaires de la citoyenneté européenne véhiculées et parfois retenues continuent de se heurter
à une méconnaissance lourde et semble-t-il originelle, du projet européen.
Si les IPE sont donc bien des sites de construction sociale de la citoyenneté européenne
en ce qu’ils travaillent à la compréhension théorique de cet enjeu, les lieux d’expression de cette
citoyenneté de complément semblent désormais faire défaut pour rendre le concept intelligible
et concret.
N.B. L’IEP n’entend donner aucune approbation ou improbation aux opinions émises
dans ce mémoire. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur.