Festival international de Géographie 2009 – Itinéraire 2
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Globalement, le poisson a assuré à plus de 2,9 milliards de personnes au moins 15 pour cent de leur
apport en protéines animales. La production officiellement débarquée plafonne à 85 millions de tonnes
depuis quelques années. En effet, 80 % des stocks de poissons sont exploités au maximum ou
surexploités. Et pourtant, les pêches et l’aquaculture, que ce soit de façon directe ou indirecte, jouent
un rôle essentiel dans les moyens d’existence de millions de personnes dans le monde. Selon la FAO,
en 2006 on estime que 43,5 millions de personnes se livraient directement à la production de poisson,
et que 4 millions d’autres personnes s’y livraient de manière occasionnelle.
Les premières constatations de surexploitation datent d’il y a plus de 50 ans. Dés 1946, on s’inquiète
de la surexploitation des ressources en mer du Nord. En 1972, l’une des premières pêcheries du
monde, celle de l’anchois du Pérou, s’effondre brutalement, suite à la conjonction d’un événement
climatique - El Niño - et d’une forte exploitation. La morue de l’Atlantique Nord-Ouest, elle, a
pratiquement disparu entre 1970 et 1992. Malgré les mesures de restriction de la pêche, ses stocks
ne se reconstituent pas. En effet, aucune place ne reste vacante dans un écosystème. La niche
écologique de cette espèce est occupée par d’autres…
L’augmentation de l’effort de pêche et une mauvaise gestion publique peuvent contribuer à la
surexploitation des ressources halieutiques. Selon un rapport publié en 2009 par le Centre d’Analyse
Stratégiques français, des estimations de la Banque mondiale ont permis d’évaluer le manque à
gagner par rapport à l’optimum, si les pêches étaient bien gérées. Il serait de 57 milliards de dollars, à
comparer avec un produit de la pêche s’élevant à 85 milliards de dollars. Globalement, la perte
annuelle serait égale à 64 % de la valeur du poisson débarqué.
L’aquaculture elle, augmente considérablement. Elle alimente déjà 30 % de notre consommation de
produits de la mer. Mais elle pose un certain nombre de problèmes. D’une part, les poissons et les
crustacés d’élevage sont souvent nourris avec des granulés à base de poissons issus de la pêche.
D’autre part, l’aquaculture a parfois des conséquences environnementales mal maîtrisées, comme
celle liés à l’emploi d’antibiotiques ou à la pollution qui contamine le milieu naturel.
La vie marine et côtière a une importance économique et sociale considérable qui n’est pas seulement
liée à l’approvisionnement en ressources alimentaires. Cette biodiversité est aussi une véritable
banque de gènes et de molécules nouvelles pour l’industrie pharmaceutique ou chimique.
La valeur des services offerts par la biodiversité marine est également rarement prise en compte. Des
calculs ont cependant été effectués pour évaluer ces services. La valeur économique d’une mangrove
est évaluée entre 200 000 et 900 000 dollars par km² et par an et celle des récifs de 100 000 à
600 000 dollars par km²/an. Or, protéger un km² de récif ne coûte que 1 000 dollars par an !
L’Océan, c’est aussi de gigantesques gisements de métaux et de minéraux. L’homme exploite depuis
longtemps le sel, les graviers, l’or, le diamant ou l’étain dans les eaux peu profondes. Les nodules
polymétalliques riches en fer, manganèse, cuivre ou nickel qui reposent entre 4 000 et 6 000 m de
fond sur les plaines abyssales intéressent plusieurs pays. Mais leur extraction ne s’est pas
développée car n’est pas actuellement rentable. Les océanographes ont aussi constaté sur les
volcans sous-marins du Pacifique, entre 400 et 4 000 m de fond, la présence d’encroûtements
minéraux à base de cobalt qui renferment également de nombreux métaux très recherchés : titane,
nickel, platine… Les dépôts de sulfures polymétalliques qui se forment autour des cheminées
hydrothermales sont encore plus riches en éléments convoités par l’industrie, tels que l’or, l’argent, le
cuivre, le chrome, le mercure, le plomb ou le zinc… Il faut que le prix de ces matières soit très élevé
pour que l’exploitation rapporte des bénéfices. Mais quelles seraient les conséquences sur
l’environnement ?
L’homme extrait depuis longtemps le pétrole et le gaz en mer. Aujourd’hui, l’océan profond est un
nouvel Eldorado qui cache d’immenses gisements d’énergie suffisants pour assurer le développement
d’une humanité en pleine croissance pendant des siècles… Les plates-formes offshores représentent
environ 22 % des réserves mondiales en pétrole et 37 % de celles de gaz. Aujourd’hui, on extrait du
pétrole à 1 650 m de profondeur dans le Golfe du Mexique et au large du Brésil. Le prix de l’or noir
augmente et il devient rentable de pomper de plus en plus profond. On envisage aujourd’hui une
extraction entre 3 000 et 5 000 m ! Pour s’approprier ces trésors énergétiques, plusieurs pays ont
demandé une extension de leurs Zones Économiques Exclusives. Quant aux gisements d’hydrates de
méthane des fonds océaniques, ils représenteraient une source potentielle de carbone deux fois plus