L`océan sous pression :

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Festival international de Géographie 2009 – Itinéraire 2
L’océan sous pression : quel avenir pour l’homme ?
Philippe VALLETTE
Directeur général de NAUSICAA, Coprésident du Réseau océan mondial
A. Le fonctionnement de notre planète bleue
Tous les océans communiquent entre eux ; en fait, il existe un seul océan mondial qui couvre près des
trois quarts de notre planète. Et la France a une responsabilité particulière dans la gestion de la
Planète Bleue. En effet, son territoire maritime est le deuxième du monde après celui des États-Unis.
Ce monde aquatique d’une profondeur moyenne de 3 800 m, en trois dimensions, et d’une densité
supérieure à celle de l’air est en mouvement perpétuel. Les grands courants parcourent le globe en
surface, mais aussi en profondeur. Au cours de ses déplacements, l’Océan échange en permanence
des gaz, de l’eau et de la chaleur avec l’atmosphère et les continents. Il joue donc un rôle majeur
dans la machine climatique planétaire et il détermine les conditions qui règnent à la surface de la
Terre. Ainsi, l’Océan est à la base du système qui permet la vie sur notre planète.
L’océan régule les températures terrestres et le cycle de l’eau. La formidable quantité d’énergie
provenant du Soleil se répartit à la surface du globe. L’océan possède une grande inertie thermique : il
absorbe et restitue l’énergie solaire très lentement, constituant ainsi un immense réservoir de chaleur
dont la capacité de stockage représente 1 200 fois celle de l’atmosphère. L’eau emmagasine de la
chaleur au niveau des tropiques et la restitue à l’atmosphère dans les hautes latitudes, modérant les
variations de température à la surface du globe. Il limite aussi le réchauffement en stockant le gaz
carbonique émis par les activités humaines. 27 % des émissions anthropiques de CO2 sont absorbées
par l’Océan.
L’année 2010 sera l’année de la biodiversité dans le monde. Qu’en est-il de la biodiversité marine ?
Aujourd’hui, seules 230 000 espèces ont été répertoriées dans tous les océans de la planète, or,
selon les spécialistes, le milieu océanique abriterait entre un et dix millions d’espèces ! 2 % seulement
des très grands fonds marins ont été explorés, et on ne sait presque rien de la faune abyssale.
Certains écosystèmes marins, comme les régions d’upwellings, les récifs coralliens ou les zones
humides littorales, possèdent une biodiversité et une productivité exceptionnelle. Cette réserve de vie
océanique est une source de nourriture essentielle pour de nombreuses populations dans le monde
qui tirent la majeure partie de leurs protéines animales des produits de la pêche.
En plus de la production de ces ressources, les écosystèmes marins assurent un certain nombre de
services écologiques. Le phytoplancton qui produit plus d’oxygène que toutes les forêts terrestres
réunies et qui fixe le carbone par le processus de la photosynthèse influence la composition de
l’atmosphère. Les espèces vivantes et les écosystèmes contribuent à dépolluer l’eau et les sédiments.
Ainsi, les zones d’estuaires jouent un rôle dans l’épuration des eaux continentales. Des animaux
comme l’holothurie ou l’arénicole nettoient le sable en se nourrissant des particules organiques qu’il
contient. Les espèces marines jouent également un rôle dans le maintien des sols le long du littoral.
Les mangroves et les récifs sont un rempart contre les vagues qui assaillent le littoral, les végétaux
fixent les plages et limitent leur érosion, les barrières récifales et les forêts de mangrove protègent les
îles contre l’assaut de la mer lié à la montée des eaux et protègent les côtes lors des ouragans…
Cette biodiversité joue un rôle essentiel dans l’équilibre écologique global de la planète : plus elle est
importante, plus le milieu marin sera résistant aux perturbations – comme le réchauffement
climatique – et plus il sera apte à jouer son rôle de régulateur dans la machine climatique mondiale.
Cette capacité de résilience est essentielle pour maintenir la capacité de l’océan à résister aux
changements importants dus aux activités humaines, notamment le changement climatique.
B. L’homme et l’océan
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Aujourd’hui, l’un des bouleversements majeur auquel doit faire face la planète est celui du
réchauffement climatique. D’ici à 2100, un accroissement de température entre 1,8 et 4 °C est prévu
selon les modèles. Une étude du MIT publiée en mai 2009 évoque même la probabilité d’une hausse
de la température moyenne à la surface de la Terre de 5,2 °C ! C’est une perturbation majeure de
l’ensemble du milieu naturel à laquelle nous devons nous préparer. Le milieu océanique s’est déjà
réchauffé jusqu’à 3 000 m de profondeur.
Déjà la répartition des espèces se trouve perturbée : certaines se déplacent vers des latitudes plus
froides, d’autres gagnent des zones plus profondes, d’autre encore s’adaptent ou disparaissent.
L’accroissement du CO2 absorbé par les eaux augmente aussi l’acidification de l’océan et des
organismes comme les coraux, mais également les coquillages, ou même le phytoplancton, ne
peuvent plus édifier leur squelette calcaire ; des écosystèmes entiers sont ainsi menacés.
L’eau est également un enjeu important auquel l’homme doit faire face. La quantité d’eau disponible
pour les fonctions vitales des êtres vivants est limitée sur terre. Seul 0,001 % de toute l’eau sur terre
est facilement utilisable par la biosphère et par l’homme ! Actuellement, 25 % de la population
mondiale manque d’eau et 40 % ne possède pas de système d’épuration. L’océan, par son rôle
primordial dans le cycle de l’eau est un acteur majeur de l’équilibre hydrique sur la planète.
Mais il n’est pas l’abri des pollutions de toute sorte, loin de là ! Comme le reste de la planète, il subit
de plein fouet les atteintes à l’environnement, car il est le réceptacle de toutes nos activités. 80 % de
la pollution marine est d’origine terrestre. Ces polluants proviennent parfois de très loin à l’intérieur
des continents. Ils sont transportés par l’eau ou l’air. Les bassins versants collectent les eaux des
rivières et les eaux de ruissellement qui se déversent dans l’océan. Et les vents emportent les
substances toxiques émises dans l’atmosphère qui voyagent sur de grandes distances avant de se
déposer sur le sol ou en mer. Emportés par les courants, ces polluants voyagent au bout du monde…
Et cette pollution souvent invisible a un impact sur les milieux marins, mais aussi sur la santé
humaine : les maladies causées par la pollution des eaux côtières coûtent chaque année 13 milliards
de dollars !
Près de 150 « zones mortes » existent dans l’océan mondial, soit deux fois plus qu’en 1990. Leur
formation est liée à l’arrivée massive d’engrais et de polluants chimiques dans l’océan par le biais des
rivières. Très pauvres en oxygène, ces régions sont désertées par les poissons et autres espèces
marines. Même les abysses ne sont pas à l’abri de nos déchets. Des millions de déchets en plastique,
en verre ou autre matériaux s’accumulent au fond des mers. Dans les eaux froides et obscures des
abysses, ils se dégradent difficilement et peuvent subsister pendant plusieurs centaines d’années !
Une histoire d’eau : de la rivière à l’océan, tout va à la mer
En 2003, Jean-Michel Cousteau entreprend une expédition sur la lointaine île de Kure – dans les îles
du nord-ouest d’Hawaï. Des paysages magnifiques, une faune extraordinaire et un parfum de « bout
du monde »…Mais l’expédition révèle des surprises inquiétantes… certains rivages d’îlots isolés sont
jonchés de milliers de déchets en plastique provenant du monde entier… cette région est une zone
de convergence des courants et se comporte comme une « autoroute » de la pollution pour tout le
Pacifique Nord. Ces débris en plastique sont couverts d’œufs de poissons et les albatros les avalent
puis les régurgitent dans le bec de leurs poussins qui en meurent. La pollution n’a ni nationalité, ni
frontière…
Les côtes, à l’interface de la terre et de la mer, sont particulièrement exposées aux dégradations liées
aux activités humaines. Une grande partie de nos activités sont concentrées sur le littoral qui abrite les
trois-quarts des plus grandes villes du monde ! C’est là que vit environ la moitié de la population
humaine. D’ici environ 30 ans, cette population va doubler.
La pression due à la pêche, le trafic maritime, l’urbanisation, le tourisme, le développement
d’installations industrielles est déjà trop forte, mais elle va encore s’intensifier. Pourtant, les zones
côtières sont les régions où se concentre 90 % de la vie marine
C. Gérer l’océan et ses ressources
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Globalement, le poisson a assuré à plus de 2,9 milliards de personnes au moins 15 pour cent de leur
apport en protéines animales. La production officiellement débarquée plafonne à 85 millions de tonnes
depuis quelques années. En effet, 80 % des stocks de poissons sont exploités au maximum ou
surexploités. Et pourtant, les pêches et l’aquaculture, que ce soit de façon directe ou indirecte, jouent
un rôle essentiel dans les moyens d’existence de millions de personnes dans le monde. Selon la FAO,
en 2006 on estime que 43,5 millions de personnes se livraient directement à la production de poisson,
et que 4 millions d’autres personnes s’y livraient de manière occasionnelle.
Les premières constatations de surexploitation datent d’il y a plus de 50 ans. Dés 1946, on s’inquiète
de la surexploitation des ressources en mer du Nord. En 1972, l’une des premières pêcheries du
monde, celle de l’anchois du Pérou, s’effondre brutalement, suite à la conjonction d’un événement
climatique - El Niño - et d’une forte exploitation. La morue de l’Atlantique Nord-Ouest, elle, a
pratiquement disparu entre 1970 et 1992. Malgré les mesures de restriction de la pêche, ses stocks
ne se reconstituent pas. En effet, aucune place ne reste vacante dans un écosystème. La niche
écologique de cette espèce est occupée par d’autres…
L’augmentation de l’effort de pêche et une mauvaise gestion publique peuvent contribuer à la
surexploitation des ressources halieutiques. Selon un rapport publié en 2009 par le Centre d’Analyse
Stratégiques français, des estimations de la Banque mondiale ont permis d’évaluer le manque à
gagner par rapport à l’optimum, si les pêches étaient bien gérées. Il serait de 57 milliards de dollars, à
comparer avec un produit de la pêche s’élevant à 85 milliards de dollars. Globalement, la perte
annuelle serait égale à 64 % de la valeur du poisson débarqué.
L’aquaculture elle, augmente considérablement. Elle alimente déjà 30 % de notre consommation de
produits de la mer. Mais elle pose un certain nombre de problèmes. D’une part, les poissons et les
crustacés d’élevage sont souvent nourris avec des granulés à base de poissons issus de la pêche.
D’autre part, l’aquaculture a parfois des conséquences environnementales mal maîtrisées, comme
celle liés à l’emploi d’antibiotiques ou à la pollution qui contamine le milieu naturel.
La vie marine et côtière a une importance économique et sociale considérable qui n’est pas seulement
liée à l’approvisionnement en ressources alimentaires. Cette biodiversité est aussi une véritable
banque de gènes et de molécules nouvelles pour l’industrie pharmaceutique ou chimique.
La valeur des services offerts par la biodiversité marine est également rarement prise en compte. Des
calculs ont cependant été effectués pour évaluer ces services. La valeur économique d’une mangrove
est évaluée entre 200 000 et 900 000 dollars par km² et par an et celle des récifs de 100 000 à
600 000 dollars par km²/an. Or, protéger un km² de récif ne coûte que 1 000 dollars par an !
L’Océan, c’est aussi de gigantesques gisements de métaux et de minéraux. L’homme exploite depuis
longtemps le sel, les graviers, l’or, le diamant ou l’étain dans les eaux peu profondes. Les nodules
polymétalliques riches en fer, manganèse, cuivre ou nickel qui reposent entre 4 000 et 6 000 m de
fond sur les plaines abyssales intéressent plusieurs pays. Mais leur extraction ne s’est pas
développée car n’est pas actuellement rentable. Les océanographes ont aussi constaté sur les
volcans sous-marins du Pacifique, entre 400 et 4 000 m de fond, la présence d’encroûtements
minéraux à base de cobalt qui renferment également de nombreux métaux très recherchés : titane,
nickel, platine… Les dépôts de sulfures polymétalliques qui se forment autour des cheminées
hydrothermales sont encore plus riches en éléments convoités par l’industrie, tels que l’or, l’argent, le
cuivre, le chrome, le mercure, le plomb ou le zinc… Il faut que le prix de ces matières soit très élevé
pour que l’exploitation rapporte des bénéfices. Mais quelles seraient les conséquences sur
l’environnement ?
L’homme extrait depuis longtemps le pétrole et le gaz en mer. Aujourd’hui, l’océan profond est un
nouvel Eldorado qui cache d’immenses gisements d’énergie suffisants pour assurer le développement
d’une humanité en pleine croissance pendant des siècles… Les plates-formes offshores représentent
environ 22 % des réserves mondiales en pétrole et 37 % de celles de gaz. Aujourd’hui, on extrait du
pétrole à 1 650 m de profondeur dans le Golfe du Mexique et au large du Brésil. Le prix de l’or noir
augmente et il devient rentable de pomper de plus en plus profond. On envisage aujourd’hui une
extraction entre 3 000 et 5 000 m ! Pour s’approprier ces trésors énergétiques, plusieurs pays ont
demandé une extension de leurs Zones Économiques Exclusives. Quant aux gisements d’hydrates de
méthane des fonds océaniques, ils représenteraient une source potentielle de carbone deux fois plus
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importante que toutes les réserves connues au monde de gaz naturel, de pétrole et de charbon ! Mais
leur exploitation intensive pourrait dégrader les pentes du talus continental. De plus, ces composés
sont très instables ; or le méthane est un gaz à effet de serre dix fois plus efficace que le CO2 !
L’Océan représente également un intérêt stratégique, militaire et une voie de communication
essentielle. 90 % du transport international de marchandises s’effectue par voie des mers. Les enjeux
économiques du fret maritime sont très importants. Mais la recherche d’une rentabilité maximum
entraîne des risques considérables : pour les personnes, pour les navires et leurs cargaisons et pour
l’environnement. Une autre menace est prise très au sérieux par l’OMI : l’invasion d’espèces
étrangères par le biais du transport maritime. Chaque année, les navires qui circulent d’une mer à
l’autre transportent 3 à 5 milliards de tonnes d’eau de mer de ballast contenant jusqu’à 7 000 espèces
marines différentes. Ces organismes une fois relâchés loin de leurs eaux d’origine, peuvent entrer en
compétition avec des espèces locales et les éliminer.
Pourtant, le transport maritime est un moyen de transport relativement peu polluant par rapport au
transport routier car il contribue faiblement aux émissions de gaz à effet de serre (à la tonne
transportée). L’amélioration des normes du transport (âge des navires, augmentation des pétroliers à
double coque) et des technologies d’extraction a permis de faire des progrès considérables en limitant
le nombre et l’ampleur des accidents et des fuites, mais il reste difficile de faire appliquer les
réglementations et de remonter des chaînes de responsabilités complexes et opaques.
De tout temps, les hommes ont combattu entre eux pour la maîtrise des mers. Les pays puissants se
devaient d’être de grandes nations maritimes afin d’assurer leurs routes commerciales et leur
suprématie militaire sur la planète. L’océan mondial est toujours un enjeu géopolitique majeur. Si
quelques pays développés tentent d’imposer leur loi sur les mers, le développement d’accords et de
conventions internationales permet de réguler l’accès, la sécurité et l’appropriation de ce milieu d’une
telle importance stratégique. La souveraineté d’un État s’étend sur ses eaux et une frange d’eau
côtière de 12 milles marins maximum de large. Les ZEE, ou Zones Économiques Exclusives,
s’étendent jusqu’à 200 milles des côtes au moins et 350 milles au plus : les États peuvent en exploiter
les ressources et y conduire des recherches. Elles couvrent environ 40 % de la surface océanique.
Au-delà, s’étendent les eaux internationales. Le domaine maritime français, qui couvre plus de
11 millions de km2, est le deuxième du monde (après les États-Unis).
La mer est indispensable à la survie matérielle de l’humanité, mais pas seulement… Source
d’inspiration, elle a nourri l’imaginaire et les rêves des peuples du monde. Espace de liberté, de plaisir
et d’aventure, elle participe aussi à nos loisirs, à nos cultures… Pour toutes ces raisons, l’Océan joue
un rôle majeur dans notre vie, même si nous habitons loin des côtes.
D. Agir pour la planète bleue
La surexploitation et la dégradation des milieux sont rapides : ce n’est pas seulement les espèces,
mais des écosystèmes tout entiers qui disparaissent : 30 % des récifs du monde sont très dégradés et
60 % pourraient l’être d’ici 2030. 35 % des forêts de mangroves ont été coupées (jusqu’à 80 % dans
certains pays). La plupart des côtes sont touchées par l’érosion. Les conséquences sont
environnementales, mais aussi sociales et économiques. La pauvreté et la baisse des ressources
alimentaires augmentent dans les pays du Sud.
La mise en place de zones de gestion intégrée au travers des réseaux d’Aires Marines Protégées est
essentielle pour la production de nourriture et l’économie locale pour les régions côtières (estuaires,
marais littoraux, mangrove, récifs, herbiers). On compte environ 4 600 Aires Marines Protégées dans
le monde correspondant à moins de 0,6 % de la surface des océans (2,2 millions de km2) ! Par
comparaison, 9 % des surfaces terrestres sont protégées.
Le réseau de Large Marine Ecosystems (Grands Écosystème Marins) permet une protection globale
des zones fragiles en prenant en compte leur rôle dans la régénération de la biodiversité et des
ressources vivantes dans l’ensemble de la région. Pour l’instant, une cinquantaine de pays dans le
monde participent à ce projet conduit en collaboration par les Nations Unies et de nombreux
partenaires comme la COI (Commission Océanographique Intergouvernementale/ UNESCO), le
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PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement), l’UICN (Union Internationale pour la
Conservation de la Nature) et la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration).
L’accès aux ZEE constitue souvent une importante monnaie d’échange entre nations : certains pays
vendent des droits de pêche dans leurs eaux. Les États y instaurent des mesures de préservation et
des règlementations mais les 60 % restant de la surface des océans sont soumis à une législation
internationale insuffisante pour garantir son exploitation raisonnée. Pourtant c’est là que se trouvent
l’essentiel des richesses vivantes, des ressources minérales et énergétiques qui excitent la convoitise
de nombreux pays.
La pression sur les océans ne fait que croître. La convention sur la Pêche et la conservation des
Ressources Biologiques de Haute Mer ainsi que la convention sur l’Exploitation des Espèces
Migratrices ont posé les bases d’une gestion des ressources vivantes, mais ne protègent pas les
grands fonds où les guyots sont ratissés par les chaluts qui détruisent les coraux et exterminent des
populations entières de poissons particulièrement fragiles… La mise au point d’une convention
internationale sur la pêche en eau profonde est en discussion actuellement et elle est soutenue par de
nombreux pays dont la France.
La Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer, qui pose un cadre juridictionnel pour
l’utilisation, l’exploitation et la préservation des océans et de leurs ressources née en 1982 est entrée
en vigueur en 1994. La plupart des pays l’ont signé et chaque année se tient à l’ONU un processus
consultatif informel sur le droit de la mer.
Aujourd’hui, les instances intergouvernementales militent pour la mise en place d’une gouvernance de
l’océan. Seule une gestion trans-sectorielle et internationale peut être efficace à long terme, comme
par exemple la Politique maritime intégrée adoptée l’année dernière par la Commission européenne.
Mais la sauvegarde du milieu marin n’est pas exclusivement une affaire de spécialiste ou celle des
habitants du littoral. C’est notre affaire à tous. D’où l’importance d’informer et de sensibiliser le grand
public. Car ce sont les citoyens qui consomment, agissent chaque jour et élisent les décisionnaires. La
mise en place d’un mouvement mondial, comme le Réseau océan mondial, qui rassemble des
institutions et organisations en contact avec le public, a pour objet de faire changer les comportements
individuels, et ainsi d’agir massivement et globalement
La préservation de l’océan mondial passe aussi par plus de moyens pour la recherche publique, et
davantage d’implication des entreprises privées. L’information transmise au public -mais aussi aux
décideurs politiques qui doivent prendre des décisions - doit être utile et pertinente ce qui exige une
meilleure compréhension des mécanismes de la vie dans l’océan ; le secteur privé a aussi un rôle à
jouer dans les décisions de gestion du patrimoine maritime qui doivent être prises. Le Forum global
pour les océans, côtes et îles rassemble tous les acteurs impliqués.
Partout dans le monde, de grands progrès ont été réalisés ces dernières années au niveau de la
préservation de l’ensemble de l’océan mondial que soit au niveau de la gestion internationale de la
pêche, la protection du littoral, l’augmentation de la sécurité en mer, ou encore la diminution des
émissions polluantes pour de nombreux produits dangereux… La prise de conscience récente de
l’importance, mais aussi de la fragilité du milieu marin a permis d’entreprendre ces efforts importants
pour l’avenir de la Planète Bleue. Mais ce n’est que très récemment que les politiques ont commencé
à prendre en compte la nécessité d’une approche globale, internationale qui intègre tous les secteurs
d’activité liés à l’Océan. Les hautes mers et les grands fonds sont encore trop peu protégés, les
problèmes d’environnement majeur comme le réchauffement sont également particulièrement
inquiétants.
Pourtant il y a urgence. Les décisions qui seront prises dans les années à venir pour gérer, l’océan
mondial, patrimoine commun de l’humanité seront déterminantes pour les générations futures. Nous
sommes tous Citoyens de l’Océan et nous pouvons tous agir pour que la mer continue à nous assurer
une planète habitable demain.
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