HUBBLE SPACE TELESCOPE 25 ANS DANS L'ESPACE Crédits photos Nasa, Observatories of the Carnegie Institution of Washington, ESA, STScI, BBC Sky at Night magazine, JPL, University of California, Berkeley 2 HUBBLE SPACE TELESCOPE 25 ANS DANS L'ESPACE 3 4 SOMMAIRE LA GENESE - De la vision à la réalisation 6 8 LES MISSIONS - Une longue attente - De la déception à l'espoir - Servicing Mission 1 - Servicing Mission 2 - Servicing Mission 3A - Servicing Mission 3B - Servicing Mission 4 LA FICHE TECHNIQUE - Coupe du télescope - L'instrumentation 22 28 DE HUBBLE A HUBBLE - L'Univers lointain - L'Univers plus proche - Qui est Edwin P. Hubble L'APRES HUBBLE - Le James Webb Space Telescope 5 34 LA GENESE De la vision à la réalisation L e Hubble Space Telescope est le fruit d’une collaboration entre la Nasa (EtatsUnis) et l’ESA (Europe). Il s’agit d’un télescope conçu pour observer l’Univers dans les longueurs d’ondes allant de l’ultraviolet à l’infrarouge depuis une orbite autour de la Terre. Utiliser un télescope dans l’espace ne remonte pas à l’ère de l’astronautique moderne. C’est en 1923 que l’idée est émise pour la première fois. Le scientifique allemand Hermann Oberth publie un article dans lequel il propose l’utilisation d’un télescope depuis une orbite terrestre. Vingt-trois ans plus tard, l’astrophysicien américain Lyman Spitzer explique dans l’article "Astronomical advantages of an extraterrestrial observatory" les avantages que les astronomes pourraient tirer d’un tel instrument. Débarrassé des inconvénients liés à la présence de l’atmosphère et de la pollution lumineuse, il peut observer le cosmos dans toutes les longueurs d’ondes possibles, offrant une perspective nouvelle de notre Univers. Dans les années 70, en parallèle avec le développement de la navette, la Nasa entame les premières études pour la construction d’un télescope spatial de grande taille baptisé alors le « Large Space Telescope ». Deux comités sont mis en place afin de déterminer les caractéristiques d’un tel engin ainsi que les objectifs scienti- Polissage du miroir primaire 6 fiques. En 1974 les fonds alloués à l'étude du télescope spatial sont entièrement annulés. Mais trois ans plus tard, le Congrès américain adopte le projet et lui alloue un budget pour réaliser les premières études détaillées des instruments susceptibles d'être embarqués et développer les premiers composants de la partie optique. Les fonds alloués étant inférieurs à ceux demandés, la Nasa invite l’agence spatiale européenne à se joindre à elle. En contrepartie, les scientifiques européens pourront disposer de 15% du temps d'observation. Dès 1978, les premiers astronautes débutent leur entraînement en vue du déploiement du télescope ainsi que pour les missions liées à son entretien. En 1979, l’entreprise Perkin-Elmer, spécialisée notamment dans l’optique, commence le long et fastidieux travail de polissage du miroir primaire de 2,4 m de diamètre. De son côté, Lockheed Martin se charge de la fabrication de la structure du télescope ainsi que l’intégration de l’optique. Les deux industriels n’en sont pas à leur première collaboration. Ensemble, ils ont conçus les satellites espions KH-9 et KH-11 qui ont largement inspiré l’architecture du Large Space Telescope. Ils sont placés sous l’autorité du Marshall Spaceflight Center situé à Huntsville en Alabama. En 1981, le Space Telescope Science Institute (STScI) est implanté au campus de l’Université de John Hopkins à Baltimore dans le Maryland. L’institut est placé sous l’autorité de l’Association of Universities for Research in Astronomy qui est en charge de la gestion du programme pour le compte de la Nasa. Il a pour tâche d’accompagner les projets d’observation depuis la demande d’utilisation jusqu’à la distribution et l’archivage des données collectées. La gestion du télescope et de ses instruments se fait en étroite collaboration avec le Space Telescope Operations Control Center (STOCC) qui pilote le télescope depuis le Goddard Spaceflight Center à Greenbelt dans le Maryland. Les données collectées par le télescope sont vérifiées au STOCC avant d'être retransmises au STScI. La même année, les industriels impliqués dans le programme font face à des retards dans la réalisation de certains composants entraînant des surcoûts. La Nasa annule la réalisation du miroir primaire réalisé par les sociétés Kodak et Itek pour limiter les dépenses. En 1983, l’agence spatiale demande au Congrès une rallonge de 700 millions $ qui s’ajoutent aux 475 millions $ attribués au départ. Celui-ci accepte mais des audits poussés sont réalisés pour déterminer les raisons de cette envolée. Il s’avère que la difficulté de concevoir un tel projet a été sous-estimée dès le départ. Conçu pour être entretenu par la navette, le télescope spatial voit le nombre de ses pièces destinées à être remplacées lors des missions d’entretien passer de 120 à 49. En octobre 1983, le Large Space Telescope est rebaptisé Hubble Space Telescope, en hommage à Edwin P. Hubble. L’astronome américain est connu pour avoir prouvé l’existence d’autres galaxies et découvert la preuve de l’expansion de l’Univers. 7 LES MISSIONS Une longue attente L a Nasa publie le 05 avril 1985 le manifeste de ses prochains lancements. On y apprend que la navette Atlantis embarquera Hubble lors d’un vol programmé en août 1986 avant d’être repoussé à octobre de la même année. L’explosion de Challenger le 28 janvier 1986 cloue au sol la flotte des navettes et chamboule le calendrier initial. Lors de la reprise des lancements en septembre 1988, priorité est donnée aux missions militaires, à la mise sur orbite des sondes Galileo et Magellan ainsi qu’à la poursuite de la construction du réseau de satellites TDRS. Le télescope spatial doit être stocké dans un bâtiment en atmosphère contrôlée avec surveillance des systèmes jusqu’en 1990 pour un coût de 6 millions $ par mois. Hubble au Kennedy Space Center 8 Le 06 octobre 1989, le télescope spatial Hubble arrive au Kennedy Space Center à bord d'un C5A et est conduit dans le bâtiment Vertical Processing Facility. Quelques jours plus tard, il est « réveillé » pour une série de tests et les ultimes vérifications qui s’étaleront sur 40 jours. En décembre, la Nasa commence les préparatifs de la mission STS-31, confiée à la navette Discovery. Elle est transportée sur le pas de tir moins d’un mois avant le décollage fixé pour le 10 avril 1990. A quatre minutes du lancement, un problème technique sur une valve défectueuse oblige les responsables à repousser le vol de deux semaines. Finalement, le 24 avril à 12 heures 33 minutes et 51 secondes TU, Discovery s’élance dans un grondement assourdissant pour rejoindre son orbite. Deux jours plus tard, les cinq astronautes à bord déploient Hubble sur une orbite culminant à 611 km sur une inclinaison de 28,5°. Equipage de Discovery / Lancement de la navette Discovery / Déploiement de Hubble 9 LES MISSIONS De la déception à l'espoir D ans les semaines qui suivent, le télescope est contrôlé et ses instruments testés. Tout se passe conformément à ce qui est prévu jusqu’au 25 juin 1990. Les visages des équipes au sol se défont à la réception des premières images. Hubble voit flou ! Dans les jours qui suivent, une commission d’enquête (Hubble Space Telescope Optical Systems Board of Investigation) est mise en place afin de déterminer l’origine du problème. Il s’avère que le miroir primaire est trop plat à sa périphérie de 2 microns. La tuile lorsqu’on sait que c’est pour ainsi dire l’une des seules pièces du dispositif optique qu’il est impossible de changer. A la lumière des auditions, on apprend que le défaut de courbure était connu par les responsables de Perkin-Elmer depuis les tests finaux réalisés avec des instruments de contrôle mais qu’il avait délibérément ignoré considérant que les résultats obtenus s’expliquaient par les instruments eux-mêmes. Bien que l’enthousiasme soit largement retombé, les équipes en charge du télescope ne se laissent pas démonter. Maintenant que l’on a identifié la source du problème, il faut voir ce qui peut être fait pour la corriger. Dans la théorie, ça parait simple puisqu’il suffit de modifier la focale des instruments pour retrouver la netteté sur les images. Dans la pratique, il en va autrement puisque les instruments ont été conçus pour une courbure de miroir bien définie. Il faut donc mettre en place un dispositif correcteur baptisé COSTAR (Corrective Optics Space Telescope Axial Replacement). Il comprend plusieurs miroirs qui interceptent et corrigent le flux lumineux dirigé vers les instruments FOC, FOS et GHRS. Pour l’installer sur Hubble , il faut sacrifier un instrument. Le HSP (High Speed Photometer) est le moins utilisé et sera débarqué à la mission d’entretien. Galaxie M1 00 avant et après l'entretien de Hubble en 1 993 10 LE MIROIR PRIMAIRE Le miroir primaire, pièce maîtresse du télescope, mesure 2,4 m de diamètre pour une masse de 830 kg. Il a fallu deux années de travail pour polir ce bloc de verre avec une précision telle que s’il avait la taille de la Terre, les plus grandes de ses bosses n’excèderaient pas 15 cm. Le miroir a ensuite été enfermé dans une chambre à vide et sa surface recouverte d’une couche de revêtement épaisse de 70 millionièmes de millimètre. L’opération contrôlée par 9 ordinateurs n’a duré que 4 minutes. Une couche protectrice transparente de fluorure de magnésium a été rajoutée pour protéger la surface. Vérification du miroir primaire 11 LES MISSIONS Servicing Mission 1 L e 02 décembre 1993, la navette Endeavour s’envole de Cap Canaveral avec à son bord un équipage de 7 astronautes qui portent les espoirs de nombreux astronomes à travers le monde. Objectif, effectuer le premier entretien du télescope spatial Hubble mais surtout lui rendre la vue. Depuis sa mise sur orbite en 1990, le nombre de tâches à accomplir pour les astronautes ne cessent d’augmenter. Non seulement, il faut installer le dispositif COSTAR qui va corriger l’aberration sphérique du miroir primaire mais il faut également remplacer deux puis trois des gyroscopes chargés de contrôler son orientation, les panneaux solaires à l’origine d’oscillations lors du passage de l'ombre de la Terre au Soleil et qui réduisent la précision du pointage du télescope, corriger les problèmes électriques qui affectent les instruments GHRS et FOC et remplacer deux des mémoires de masse de l'ordinateur embarqué qui sont tombées en panne. Aux dires de la Nasa, il s’agit de la mission la plus complexe réalisée par une navette spatiale. Pour minimiser les risques, l’agence spatiale a testé certains aspects de la mission lors de vols précédents. Après une course poursuite de 3 jours, Hubble est agrippé par le bras robotisé de la navette et acheminé vers la plate-forme de travail installée dans la soute. Hubble avant sa capture par la navette Endeavour en 1 993 12 Le programme de la mission STS-61 prévoit 5 sorties qui vont s’enchaîner à un rythme d’une par jour qui sont chacune effectuées par un duo d’astronautes Date Duos Durée Objectifs Remplacer les gyroscopes, un bloc de commande ainsi que huit fusibles 05/12/1993 Musgrave/Hoffman 07:54 06/12/1993 Thornton/Akers 06:36 07/12/1993 Musgrave/Hoffman 06:47 Remplacer la caméra WFPC, deux magnétomètres 08/12/1993 Thornton/Akers 06:50 Remplacer le GHSP, installer le COSTAR 09/12/1993 Musgrave/Hoffman 07:21 Entretien de Hubble en 1 993 Remplacer les panneaux solaires Remplacer un tableau électronique commandant le déploiement des panneaux solaires Entretien de Hubble en 1 993 13 LES MISSIONS Servicing Mission 2 L a seconde mission d’entretien du télescope spatial est réalisée en février 1997. Elle s’inscrit dans le cadre des missions de remise à niveau de Hubble. Elle est réalisée par un équipage de 7 astronautes à bord de la navette Discovery. Elle consiste avant tout à effectuer toute une série de travaux de remise à niveau, notamment concernant le système de guidage et de pointage du télescope, d'une partie des systèmes de communications et de transmission de données. Une partie de l'isolant thermique est remplacée sur les compartiments d'équipements électroniques et télémétriques. Lors de la seconde sortie, les astronautes découvrent qu'une partie de l'isolant thermique du télescope est endommagée en raison des écarts rapides de température lors du passage face au Soleil et à une exposition permanente à l'oxygène moléculaire que l'on trouve dans la partie supérieure de l'atmosphère. Une cinquième sortie extravéhiculaire est décidée pour réparer les zones endommagées. Hubble avant sa capture par la navette Discovery en 1 997 14 Le programme de la mission STS-82 prévoit 5 sorties qui vont s’enchaîner à un rythme d’une par jour qui sont chacune effectuées par un duo d’astronautes Date Duos Durée 14/02/1997 Lee/Smith 06:42 15/02/1997 Harbaugh/Tanner 07:27 16/02/1997 Lee/Smith 07:11 17/02/1997 Harbaugh/Tanner 06:34 18/02/1997 Lee/Smith 05:17 Entretien de Hubble en 1 997 Objectifs Remplacer deux spectrographes par le STIS et NICMOS Remplacer le FGS et l'ESTR par des versions plus performantes, optimisation du système de guidage Remplacer un DIU, d'un RWA et d'un autre ESTR Remplacer un SADE et réparer différentes protections thermiques Installation de plusieurs matelas d'isolation thermique Entretien de Hubble en 1 997 15 LES MISSIONS Servicing Mission 3A P rogrammée pour juin 2000, la troisième mission d’entretien de Hubble est avancée de 6 mois après que trois des six gyroscopes servant au pointage du télescope aient rendu l’âme. Pour être pleinement opérationnel, il en a besoin de trois. Hors un quatrième tombe en panne durant l’année 1999 provoquant l’interruption des observations. Devant l’ampleur de la tâche, la Nasa décide de scinder la mission en deux. La première partie (3A) servira à remplacer les gyroscopes et à effectuer une partie de la remise à niveau du télescope tandis que la seconde (3B) servira à achever les travaux. La Servicing Mission 3A est réalisée par un équipage de 7 astronautes à bord de la navette Discovery du 20 au 28 décembre 1999. Lancement de la navette Discovery en 1 999 16 Le programme de la mission STS-103 prévoit 3 sorties qui vont s’enchaîner à un rythme d’une par jour qui sont chacune effectuées par un duo d’astronautes Date Duos Durée Objectifs 22/12/1999 Smith/Grunsfeld 08:15 Remplacer tous les gyroscopes et installation du VIK 23/12/1999 Foale/Nicollier 08:10 Remplacer le FGS et installation du NAC 24/12/1999 Smith/Grunsfeld 08:08 Installation du SSAT et du SSR Entretien du télescope Hubble en 1 999 17 LES MISSIONS Servicing Mission 3B L a troisième mission d’entretien de Hubble s’est échelonnée sur deux missions après la perte des gyroscopes indispensables au pointage du télescope. En 1999, lors de la mission STS-103, les astronautes de Discovery se sont attelés à leur remplacement et ont entrepris la première phase d’entretien. La seconde phase se déroule en mars 2002 avec la navette Columbia. En plus des travaux de maintenance, deux tâches importantes et délicates sont au programme. Les astronautes doivent remplacer les anciens panneaux solaires par de nouveaux. Les panneaux solaires installés en 1993 sont de larges voiles qui génèrent des vibrations en raison des écarts de températures lors du passage face au Soleil, réduisant la précision du pointage du télescope. Les nouveaux panneaux solaires sont rigides et doivent résoudre le problème. La seconde tâche et sans doute la plus délicate est sans conteste le remplacement de l’unité qui gère la puissance électrique. Pour réaliser cette opération, il est nécessaire de débrancher électriquement le télescope, une première à haut risque. Une fois l’unité changée, les premiers tests se sont avérés concluants, ce qui a rassuré les responsables de la Nasa. Entretien de Hubble en 2002 18 Le programme de la mission STS-109 prévoit 5 sorties qui vont s’enchaîner à un rythme d’une par jour qui sont chacune effectuées par un duo d’astronautes Date Duos Durée 04/03/2002 Grunsfeld/Linnehan 07:01 05/03/2002 Newman/Massimino 07:16 06/03/2002 Grunsfeld/Linnehan 06:48 07/03/2002 Newman/Massimino 07:18 08/03/2002 Grunsfeld/Linnehan 07:32 Entretien de Hubble en 2002 Objectifs Remplacer le premier des deux panneaux solaires et de couvertures thermiques sur des instruments Remplacer le second panneau solaire et de l'un des quatre PCS Remplacer le PCU après le débranchement électrique complet temporaire de Hubble Remplacer le FOC par l'ACS et préparer l’installation d’une unité de refroidissement Installation de l'ESM Entretien de Hubble en 2002 19 LES MISSIONS Servicing Mission 4 A près l’accident de Columbia en 2003, la Nasa doit revoir un certain nombre de critères autorisant un lancement d’une navette dans l’espace. A l’époque, la construction et le ravitaillement de la station spatiale sont l’objectif majeur de la flotte des navettes. Si un équipage se trouvait dans l’impossibilité de revenir sur Terre avec son vaisseau, il pouvait rester à bord de l’ISS en attendant qu’une autre navette vienne le rechercher. Hors dans le cas de Hubble, il est impossible de rallier l’ISS qui circule sur une orbite différente. La Nasa n’avait pas d’autres choix que d’annuler toutes les missions liées à l’entretien du télescope. Devant le tollé général, tant de la communauté scientifique que du grand public, l’agence spatiale s’est ravisée et a mis en place un processus exceptionnel qui permettait de secourir les astronautes le cas échéant en préparant en parallèle une seconde navette qui pouvait partir dans les jours suivants. La mission STS-125 est la cinquième et dernière mission d'entretien du télescope spatial Hubble. En plus des travaux de maintenance et de mise à niveaux des équipements scientifiques, les astronautes ont pour tâche de fixer à l’arrière du télescope le dispositif de capture SCM (Soft Capture Mechanism) qui permettra à un vaisseau automatique de s’amarrer en vue de le désorbiter en fin de vie. Programmée pour octobre 2008 la mission d’entretien est repoussée à mai 2009 suite à un dysfonctionnement grave. Le SDF (Science Data Formatter), chargé de recueillir les données des instruments, de les formater et de les envoyer au sol, est tombé en panne après 18 ans de service. Hubble doit basculer sur celui de secours avec le risque que celui-ci tombe également en panne. D’urgence, la Nasa doit modifier le plan de vol et concevoir un nouveau SDF destiné à remplacer celui qui est tombé en panne. Equipage de la navette Atlantis 20 Lancement de la navette Atlantis Le programme de la mission STS-125 prévoit 5 sorties qui vont s’enchaîner à un rythme d’une par jour qui sont chacune effectuées par un duo d’astronautes Date Duos Durée 14/05/2009 Grunsfeld/Feustel 07:20 15/05/2009 Massimino/Good 07:56 16/05/2009 Grunsfeld/Feustel 06:36 17/05/2009 Massimino/Good 08:02 18/05/2009 Grunsfeld/Feustel 07:32 Entretien de Hubble en 2009 Objectifs Remplacer la caméra WFPC-2 par la WFPC-3, le SIC/DH, installation du dispositif de capture SCM Remplacer trois unités gyroscopiques RSU, installation du premier module de batteries Remplacer le COSTAR par le COS, réparer la caméra ACS Réparer le STIS Installer le second module de batteries et du FGS-2, remplacer quelques couvertures thermiques 21 LA FICHE TECHNIQUE Coupe du Télescope 3 4 2 5 7 6 9 8 10 22 1 HUBBLE EN CHIFFRES Dimensions Longueur : 15,9 m Diamètre : 4,2 m Masse Totale : 11 100 kg Type Télescope Ritchey-Chrétien d’une focale de 57,6 m Diamètre miroir primaire : 2,4 m Diamètre miroir secondaire : 0,3 m Puissance Puissance fournie par deux panneaux solaires de 7 m de longueur Début de mission : 5 680 W Communications Deux antennes de communications qui envoient les données au Space Telescope Operations Control Center (Greenbelt – Maryland) et Space Telescope Science Institute (Baltimore – Maryland) via le réseau de satellites TDRS 1 Porte de protection 2 Magnétomètres (2x) 3 Antennes haut gain (2x) 4 Panneaux solaires (2x) 5 Miroir secondaire 6 Miroir primaire 7 Equipement optique 8 Equipement électronique, capteurs de guidage 9 Equipement scientifique 10 Antenne faible gain 23 LA FICHE TECHNIQUE L'instrumentation CONFIGURATION AU LANCEMENT FOC (Faint Object Camera) Maître d’œuvre: Dornier GmbH (Allemagne) / Matra Espace (France) Objectifs: Caméra conçue pour l'observation des objets faiblement lumineux fonctionnant dans des logueurs d'onde allant de l'ultraviolet au visible. WFPC 1 (Wide Field/Planetary Camera 1) Maître d’œuvre: Calthec Institute (USA) Objectifs: Caméra fonctionnant suivant deux modes, le mode à grand champ (Wide Field) et le mode petit champ ou planétaire (Planetary Camera). Elle enregistre des images via une sélection de 48 filtres couleurs. La qualité du WFPC en ont fait l'instrument le plus utilisé sur le télescope. GHRS (Goddard High Resolution Spectrograph) Maître d’œuvre: Nasa Goddard Spaceflight Center (USA) Objectifs: Spectromètre à haute résolution dédié à l'étude du spectre ultraviolet. HSP (High Speed Photometer) Maître d’œuvre: University of Wisconsin (USA) Objectifs: Photomètre rapide utilisé pour mesurer très précisément l'intensité lumineuse des étoiles. FOS (Faint Object Camera) Maître d’œuvre: Martin Marietta Corporation (USA) Objectifs: Caméra dédiée à l'étude des objets faiblement lumineux, sa bande spectrale d'analyse est plus large que celle du GHRS. CONFIGURATION APRES SERVICING MISSION 1 WFPC 2 (Wide Field/Planetary Camera 2) Maître d’œuvre: Calthec Institute (USA) Objectifs: Remplace WFPC 1 COSTAR (Corrective Optics Space Telescope Axial Replacement) Maître d’œuvre: Ball Aerospace Corp. (USA) Objectifs: Prend la place du HSP pour corriger l'abérration sphérique du miroir primaire par un système de 10 petits miroirs, 12 moteurs de réglage et 4 bras mobiles. 24 CONFIGURATION APRES SERVICING MISSION 2 STIS (Space Telescope Imaging Spectrograph) Maître d’œuvre: Goddard Space Flight Center (USA) Objectifs: Spectromètre imageur fournissant des données avec une qualité supérieure à celles du GHRS et du FOS. Il fonctionne dans une longueur d'onde allant de l'ultraviolet à l'infrarouge pour obtenir les spectres des galaxies. Il prend la place du GHRS. NICMOS (Near Infrared Camera and Multi-object Spectrometer) Maître d’œuvre: Steward Observatory/University of Arizona (USA) Objectifs: Spectromètre imageur fonctionnant dans le proche infrarouge pour observer les objets très lointains et en déterminer le spectre électromagnétique. Il prend la place du FOS. Il n'est plus fonctionnel depuis 2013. CONFIGURATION APRES SERVICING MISSION 3A Aucune modification n'a été opérée sur le package scientifique du télescope. Lors de cette mission, les astronautes se sont principalement concentrés sur la partie technique et électronique de Hubble. CONFIGURATION APRES SERVICING MISSION 3B ASC (Advanced Camera for Surveys) Maître d’œuvre: Ball Aerospace & Technologies Corp (USA) / Goddard Space Flight Center (USA) Objectifs: Instrument constitué de trois caméras (une à grand champ, une à haute résolution et une fonctionnant dans l'ultraviolet). Elle est utilisée pour déterminer la distribution des galaxies et des amas ainsi que pour réaliser des images à très haute résolution des régions où se forment les étoiles et leurs planètes. Il prend la place du FOC. CONFIGURATION APRES SERVICING MISSION 4 COS (Cosmic Origins Spectrograph) Maître d’œuvre: Ball Aerospace & Technologies Corp (USA) / University of Colorado (USA) Objectifs: Spectromètre ultraviolet destiné à l'étude des grandes structures de l'Univers et la composition des nuages de gaz et des atmosphères planétaires. Il prend la place de COSTAR devenu inutile. Les instruments montés sur Hubble depuis 1999 sont équipés de leur propre système de correction optique, rendant le COSTAR inutile. 25 LA FICHE TECHNIQUE L'instrumentation WFC 3 (Wide Field Camera 3) Maître d’œuvre: Ball Aerospace & Technologies Corp (USA) / Goddard Spaceflight Center (USA) Objectifs: Caméra de nouvelle génération fonctionnant dans les longueurs d'ondes de l'ultraviolet et du proche infrarouge. Elle remplace la WFPC 2. LA PARTIE OPTIQUE DE HUBBLE La partie optique du télescope Hubble, OTA (Optical Telescope Assembly), utilise une architecture de type Cassegrain dans la variante Ritchey-Chrétien qui se caractérise par des miroirs primaire et secondaire hyperboliques. Avec un tube de 6,4 m de long, il est possible d'obtenir une grande longueur focale (57,6 mètres dans le cas présent). Le principe de fonctionnement du télescope Hubble est simple. La lumière émise par les astres dans le cosmos est réfléchie par le miroir primaire de 2,4 m de diamètre vers le miroir secondaire de 30 cm de diamètre avant de passer par un orifice au centre du miroir primaire pour atteindre le plan focal. Le faisceau lumineux est alors dirigé par un système de miroirs vers les différents instruments scientifiques. 26 27 DE HUBBLE A HUBBLE L'Univers lointain D epuis sa mise sur orbite en avril 1990, le télescope spatial Hubble a engrangé un nombre considérable de découvertes qui ont permis une avancée majeure en astronomie, astrophysique et cosmologie. S’il est impossible de les citer toutes, certaines ont une importance capitale dans la compréhension de notre Univers. Jusqu’à l’avènement du télescope spatial, l’avis était unanime dans la communauté scientifique pour dire que l’âge approximatif de l’Univers était de 15 milliards d’années. Aujourd’hui, grâce aux observations réalisées par Hubble, les astronomes ont réussi à préciser l’âge de l’Univers. Il serait de 13,7 milliards d’années. Non seulement Hubble a pu déterminer l’âge de l’Univers mais il a pu confirmer la théorie de l’astronome Edwin Hubble selon laquelle il serait en expansion (Constante Hubble). Pour cela, les astronomes ont observé les Céphéides, type d’étoiles variables ayant des variations très stables et un éclat prévisible. La période de variation dépend directement des propriétés physiques de l’étoile (magnitude absolue). En observant leur fréquence, il est possible de déduire leur brillance et par conséquent leur masse et leur distance. Après huit années d’observations, les astronomes sont parvenus à la conclusion que l’expansion augmente de 70 km/seconde tous les 3,26 millions d’années lumière. Il existait une théorie selon laquelle le centre des galaxies hébergerait un trou noir. En observant la galaxie M87, Hubble a pu fournir des preuves concluantes de l'existence de trous noirs supermassifs au centre des galaxies. Hubble a confirmé la présence de matière sombre dans l’Univers. La première présomption de son existence remonte aux années 30. L’astronome Fritz Zwicky voulait étudier un petit groupe de sept galaxies composant l’amas de Coma avec comme objectif de déterminer la masse totale de l’amas en étudiant la dispersion des vitesses des sept galaxies. En se basant sur les lois de Newton, il pouvait déduire la masse dynamique et la comparer avec la masse lumineuse. Le résultat a été que la masse dynamique était plus importante que la masse lumineuse. D’autres astronomes ont fait ce même genre de constat pour d’autres observations d’amas. L’explication la plus logique serait la présence d’une matière invisible constituant 90% de la masse totale de la galaxie. Plus on regarde loin et plus on remonte le temps. Avec l’œil perçant de Hubble, les astronomes ont pu observer des proto-galaxies, nuages de gaz à l’origine de la formation des galaxies, qui se sont formées 1 milliard d’années après la naissance de l’Univers. Hubble est à l’origine de plusieurs images devenues les plus emblématiques et les plus poignantes dans l’histoire du télescope spatial. Parmi elles, les Piliers de la Créations, structure située dans la nébuleuse de l'Aigle qui prend la forme de larges 28 colonnes de trois années-lumière de long où naissent les étoiles. Il y a également le Hubble Deep Field. Elle couvre une région dans la constellation de la Grande Ourse, couvrant à peu près un 30 millionièmes de la surface du ciel. Aussi petite puisse t’elle paraître, la région photographiée compte pas moins de 3 000 galaxies Les Pilliers de la Création - Version haute définition de 201 4-201 5. 29 DE HUBBLE A HUBBLE L'Univers plus proche L e télescope Hubble a été mis à contribution pour des évènements plus proches de nous. En juillet 1994, il était aux premières loges pour observer l’impact des fragments de la comète Shoemaker-Levy 9 sur Jupiter. Pour la première fois, des astronomes avaient l’occasion de suivre en direct un cataclysme de grande ampleur. Pendant des mois, Hubble a pris des clichés montrant l’évolution des impacts dans la couverture nuageuse. On doit à Hubble la découverte de nouvelles lunes orbitant autour de la planète naine Pluton. Jusqu’en 2005, on ne lui connaissait que Charon découverte en 1978, mais depuis la petite famille s’est agrandie avec Styx, Nix, Hydra et Kerbéros. Evolution des impacts G (droite) et L du jour 1 (en bas) au jour 5 (en haut) 30 Le spectromètre WFC-3 de Hubble a permis de mettre en évidence la présence de certains composants dans l’atmosphère de planètes orbitant autour d’une autre étoile autre que le Soleil. En 2001, il détecte la présence d’hydrogène, d’oxygène et de carbone dans l'atmosphère de HD 209458b puis du dioxyde de carbone dans celle de HD 189733b en 2008. La même année, il réalise la première photographie d’une exoplanète située à 25 années lumière de la Terre. Fomalhaut b gravite à 17 milliards de km de l’étoile Fomalhaut. Sa masse est estimée à 3 fois celle de Jupiter. En 2013, Hubble réussit à déterminer pour la première fois la couleur d’une exoplanète. HD 189733b serait d’un bleu profond qui aurait pour origine la forte présence de silicate dans son atmosphère qui disperse la lumière bleue. L'environnement de l'étoile Fomalhaut et de sa planète Fomalhaut b 31 DE HUBBLE A HUBBLE Qui est Edwin P. Hubble E dwin P. Hubble est un astronome américain à l’origine de la théorie selon laquelle l’Univers est en expansion qui lui vaudra une renommée mondiale. Hubble naît à Marshfield dans le Missouri le 20 novembre 1889. Alors qu’on s’attendait à ce qu’il se dirige vers une carrière sportive, Hubble est un grand amateur de boxe, il s’inscrit à l’Université de Chicago d’où il sort diplômé en 1910 en mathématique et en astronomie. Il décroche une bourse au Queen's College d'Oxford où il obtient un Master of Arts en droit avant d’obtenir un doctorat à l'observatoire Yerkes en 1917. L’entrée de l’Amérique dans le premier conflit mondial retarde le démarrage de sa carrière professionnelle. Il se bat en France et ne revient du front qu’en 1919. Hubble accepte une offre d’emploi de George Ellery Hale, le fondateur et directeur de l'observatoire du Mont Wilson en Californie, en tant que chercheur. Il est l’un des premiers à pouvoir utiliser le télescope Hooker de 250 cm, le plus puissant télescope à l'époque. En combinant avec des observations réalisées à l’aide d’instruments plus petits, il comprend que les « nébuleuses » qu’il peut voir ne font pas partie de notre galaxie mais sont des galaxies très éloignées. A partir de là, Hubble décide de classifier les galaxies selon leur morphologie. La classification, toujours utilisée de nos jours, comprend quatre catégories de galaxies (lenticulaires, elliptiques, spirales et irrégulières). Edwin P. Hubble 32 Le télescope Hooker En collaboration avec Milton Humason, autre astronome américain, il réalise des études spectroscopiques sur les galaxies. Des résultats obtenus, il établira ce que l’on appelle aujourd’hui « la constante de Hubble » qui décrit l’expansion et qui corrobore la théorie du « Big-Bang » dictée par le chanoine catholique belge Georges Lemaître. « La constante de Hubble » explique que plus la lumière spectrale d’un objet tire vers le rouge et plus il s’éloigne à une vitesse approximativement proportionnelle à leur distance. Autrement dit, plus une galaxie est loin de nous, plus elle semble s'éloigner rapidement. Hubble poursuit sa carrière au Mont Wilson jusqu’à sa mort en septembre 1953. Au cours de sa carrière, il reçoit la Médaille Franklin pour ses travaux sur les nébuleuses et la médaille d'or de la Royal Astronomical Society. C’est en hommage à cet astronome, à l’origine du bouleversement de nos connaissances sur l’Univers, que le Space Telescope sera baptisé de son nom. 33 L'APRES HUBBLE Le James Web Space Telescope L a durée de vie initiale du télescope spatial Hubble était de 15 ans, moyennant des entretiens réguliers avec la navette spatiale. Il fût même un temps question de le ramener sur Terre pour le remettre entièrement à neuf avant de le relancer dans l’espace. Il fût également envisagé de le ramener sur Terre pour l’exposer dans un musée, probablement le National Air and Space Museum près de Washington. L’accident de Columbia en 2003 change la donne et la Nasa doit revoir la fin de carrière du plus célèbre télescope spatial. Ne disposant plus de sa flotte de navettes, il est impossible de le ramener sur Terre ou même d'effectuer les entretiens nécessaires pour le maintenir en fonction. Hubble sera utilisé le plus longtemps possible jusqu’à ce que ses équipements rendent l’âme les uns après les autres. L’agence spatiale espère pouvoir exploiter le télescope jusqu’en 2020 au moins. Après quoi, il se désintégrera en rentrant dans les hautes couches de l’atmosphère. Pour l’heure, aucun plan n’est encore fixé sur la manière dont l’opération se déroulera. Soit, elle se fera naturellement comme pour la majorité des satellites sur orbite, soit un engin motorisé s’accouplera au télescope pour le pousser vers son plongeon mortel dans une zone déterminée. Si Hubble est en fin de vie, son successeur est proche de sa rampe de lancement. Le James Webb Space Telescope devrait prendre la route pour l’espace en 2018 à bord d’une fusée Ariane 5. Il sera équipé d’un miroir de 6,5 m de diamètre composé de 18 éléments hexagonaux et sera spécialisé dans l’observation du spectre infrarouge. Le faisceau lumineux capturé par les miroirs se dirigera vers le miroir secondaire qui le répartira vers les quatre instruments embarqués : NIRCam: Caméra proche infrarouge NIRSpec: Spectromètre grand angle proche infrarouge MIRI: Spectrographe imageur moyen infrarouge FGS/NIRISS: Spectrographe imageur proche infrarouge Contrairement à son aîné, il ne sera pas placé sur orbite terrestre mais au point Lagrange L2 à 1,5 million de km de notre planète. L’orbite particulière du JWST ne permettra aucune mission d’entretien. Il est prévu de l’utiliser pendant au moins cinq ans. En 2005, le coût total du projet était estimé à 4,5 milliards de dollars avant de passer à 8,8 milliards en 2011. La complexité du concept est la raison principale de l’explosion du coût. Le JWST échappe de peu à l’annulation par le Congrès qui demande à la Nasa de lui fournir une évaluation mensuelle de l'évolution de l'avancement du projet et de son coût. 34 Le James Webb Space Telescope 35