presque au moment où elle se fait ” dit Jean-Luc Marion ; Publication de la thèse de doctorat (3è
cycle) : Théorie de l’intuition dans la Phénoménologie de Husserl. C’est Emmanuel Lévinas
qui initie Sartre, Ricœur, Merleau-Ponty et Derrida à la phénoménologie
Lévinas est naturalisé français. La France : “ une nation à laquelle on peut s’attacher par l’esprit et le
cœur autant que par des racines ”
1932 : Retour en Lituanie pour épouser Raïssa Lévy
28 février 1935 : naissance de Simone, fille d’Emmanuel et Raïssa Lévinas
1935-1938 : Lévinas lit Franz Rosenzweig ; Rencontre avec Jacques Maritain
1938 : De l’évasion (article paru en 1935)
1940-1945 : Prisonnier militaire en stalag, où les soldats juifs, soumis à un statut à part, étaient
néanmoins protégés de la déportation dans les camps de la mort ; Sa femme et sa fille sont
cachées par les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul en France ; Sa famille en Lituanie est
massacrée par les nazis
1947 : De l’existence à l’existant (écrit partiellement en captivité) ; Collaboration avec le
collège philosophique de Jean Wahl ; Directeur de l’Ecole Normale Israélite Orientale, Il forme
des maîtres pour les écoles de l’Alliance Israélite Universelle du bassin méditerranéen ;
rencontre avec M. Chouchani, “ un maître prestigieux et impitoyable ” auprès de qui il étudie le
Talmud
1947 : Le temps et l’autre
18 avril1949 : naissance de Michaël, fils d’Emmanuel et Raïssa Lévinas
1957 : Première des lectures talmudiques présentée au Colloque des intellectuels juifs de
langue française
1961 : Totalité et Infini : essai sur l’extériorité (thèse de Doctorat ès Lettres) ; Lévinas est
nommé professeur à l’université de Poitiers
“ Une expérience aiguë de l’humain enseigne, au XXe siècle, que les pensées des hommes sont portées par
les besoins, lesquels expliquent société et histoire ; que la faim et la peur peuvent avoir raison de toute
résistance humaine et de toute liberté. De cette misère humaine – de cet empire que les choses et les
méchants exercent sur l’homme – de cette animalité – il ne s’agit pas de douter. Mais être homme, c’est
savoir qu’il en est ainsi. La liberté consiste à savoir que la liberté est en péril. Mais savoir ou avoir
conscience, c’est avoir du temps pour éviter et prévenir l’instant de l’inhumanité. C’est cet ajournement
perpétuel de l’heure de la trahison – infime différence entre l’homme et le non-homme – qui suppose le
désintéressement de la bonté, le désir de l’absolument Autre ou la noblesse, la dimension de la
métaphysique. ”
1963 : Difficile liberté : essais sur le judaïsme
1967 : Lévinas est nommé professeur à l’université de Nanterre
1968 : Quatre lectures talmudiques
1972 : Humanisme de l’autre homme
1973 : Lévinas est nommé professeur à la Sorbonne ; il enseigne la pensée juive à l’Université
de Fribourg
1974 : Autrement qu’être, ou au-delà de l’essence
“Après la mort d’un certain dieu habitant les arrière-mondes, la substitution de l’otage découvre la trace –
écriture imprononçable – de ce qui, toujours déjà passé – toujours “ il ” - n’entre dans aucun présent et à
qui ne conviennent plus les noms désignant des êtres, ni les verbes où résonne leur essence – mais qui,
Pro-nom, marque de son sceau tout ce qui peut porter un nom. ”
De 1975 à 1995 Emmanuel Lévinas publie de nombreux ouvrages. Il est décédé à Paris, le 24
décembre 1995. C’est Jacques Derrida qui prononça son éloge funèbre :
“ Depuis longtemps, si longtemps, je redoutais d’avoir à dire Adieu à Emmanuel Lévinas.
Je savais que ma voix tremblerait au moment de le faire, et surtout de le faire à voix haute, ici,
devant lui, si près de lui, en prononçant ce mot d’adieu, ce mot “ à-Dieu ” que, d’une certaine façon, je tiens
de lui, ce mot qu’il m’aura appris à penser ou à prononcer autrement... ”
Jacques Derrida, Adieu à Emmanuel Lévinas