Seconde partie
Application à l'étude
des structures
industrielles
La première partie avait démontré que pour répondre aux questions que pose l'objet ostensible de cette thèse,
il fallait abandonner l'approche scientiste, pseudo-expérimentaliste qui en est logiquement incapable ;
qu'au contraire, s'agissant de questions normatives, il fallait en revenir à une approche réaliste, c'est-à-dire
raisonner en imaginant les actes qui sont en cause et le jugement moral à porter sur ces actes : en effet, le Droit
et la théorie économique réaliste, a fortiori normative ont pour objet commun l'action humaine. Elle avait même
développé des raisonnements de philosophie politique pour souligner le caractère paradoxalement idéaliste,
sans rapport avec les faits de l'action humaine et donc factuellement et logiquement inapplicable, des prétendues
normes issues du mécanicisme scientiste. L'idée constante qui guidait cette présentation est qu'un économiste
invité à raisonner en termes d'action humaine alors qu'il n'est pas autrichien depuis belle lurette, et qui voudrait
se prêter à ce jeu, n'en serait pas moins poussé par ses habitudes mentales à retomber dans des considérations
étrangères à l'action humaine si on ne le maintient pas constamment dans le cadre conceptuel de la pensée,
de la volonté et de l'action.
Ayant démontré que la norme d'action justifiée est la même en économie et en Droit (et même que cette norme
est celle de la non-agression), on ne pourra pas mieux faire, pour contraindre l'économiste à demeurer dans
le même cadre conceptuel au moment il s'agit d'appliquer celui-ci à l'analyse des "structures industrielles"
c'est-à-dire où il risque le plus de retomber dans les ornières mentales que les mécanismes de la "concurrence
pure et parfaite" ont creusées dans l'esprit de tout économiste que d'attirer d'abord l'attention sur
les incohérences de cette analyse traditionnelle en démontrant que les "normes" juridiques qu'on a prétendu
en tirer sont arbitraires : que l'incohérence du droit prépare à admettre l'incohérence du raisonnement économique.
En effet, et je l'ai découvert avec quelque surprise en assistant au cours de Frédéric Jenny sur cette question,
ce qu'on n'appelle en économie l'étude des "structures industrielles" n'est pas une étude des contrats qui
constituent les entreprises et définissent leurs relations avec fournisseurs et clients, incarnant les arbitrages entre
rivalité et coopération, ou entre contrats éphémères et à long terme, qui organisent l'activité productive, et n'est
même pas vraiment un guide pour "stratèges" d'entreprise. L'étude des "structures industrielles" vise
essentiellement à étudier, par des pseudo-mesures, certains aspects de la "concurrence", afin de leur attribuer
des conséquences qu'elle n'a pas, et d'en tirer des conclusions qui n'en découlent pas, dans le but ultime
de rationaliser, et de guider les "politiques de concurrence". Rétablir le lien entre une étude des "structures
industrielles" et la réalité tangible de l'action humaine, impliquera donc de réexaminer cette approche
traditionnelle. Nous en déduirons l'absurdité de l'approche, l'inanité des pseudo-mesures qu'elle inspire, et
en déduirons que les interventions de l'état qu'elle prétend rationaliser sont en fait arbitraires. Bref, que
les politiques de concurrence ne sont jamais justifiées.
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