Il faut, c'est certain, que les Africains se jettent à bras le corps dans la bataille du
développement et du commerce, se rassemblent pour être forts plutôt que de se laisser
aller à l'émiettement. Comme l'Asie le fait si bien, l'Afrique a besoin de faire de la
croissance de son PIB une obsession permanente. Les pays du Nord, quant à eux, doivent
en finir avec un libéralisme à sens unique et une fausse solidarité.
Dans les secteurs où l'Afrique est forte, en agriculture tout particulièrement, et le cas du
coton à cet égard est exemplaire, les subventions données à leurs agriculteurs par les
tenants du libéralisme le plus orthodoxe ruinent les efforts des paysans africains.
Dans d'autres secteurs où, pour devenir compétitive, l'Afrique a besoin de
protection, les mêmes la lui refusent au nom des principes de l'économie de marché.
Ce libéralisme ambigu, sinon hypocrite, va de pair avec une solidarité qui ne s'en
donne pas les moyens. Pour s'en convaincre, il suffit de prendre en compte la
diminution générale observée, ces dernières années, de la part du PNB des pays du
G8 consacrée à l'Aide publique au développement.
Je voudrais vous dire que si l'Afrique blessée des guerres et des massacres, de la
corruption et du sous-développement existe bien comme le ressassent certains médias, il
existe aussi une Afrique qui change, qui tourne la page, qui mue et renaît. Nous devons
nous attacher, et les médias avec nous, à faire connaître, à mettre en lumière la
restructuration politique, économique et sociale de l'Afrique qui est en marche et
contribuer ainsi à l'amélioration de son image.
Je voudrais vous dire encore, puisque je m'exprime aujourd'hui en France, que nos destins
sont structurellement et intimement liés. L'Afrique est, en effet, votre Sud incontournable
: un Sud géographique, un Sud que vous avez colonisé en mêlant exploitation et
assistance. Votre Sud religieux aussi où se côtoient, comme en Europe aujourd'hui; la
Chrétienté; l'Islam et le Judaïsme. Votre Sud d'immigration, une immigration qu'il nous
faut maîtriser dans l'intérêt bien compris de chacun.