
À travers le hublot 
Le narrateur a quitté le pays de Galles pour occuper son premier emploi en Tanzanie. 
Il arrive en bateau à Dar es-Salaam. 
Je  bondis  de  ma  couchette  et  me  précipitai  au  hublot.  C'était  mon 
premier aperçu de Dar es-Salaam et je ne l'ai jamais oublié. Nous étions 
mouillés 
au  milieu  d'une  vaste  lagune  dont  les  eaux  bleu  de  nuit 
ondulaient mollement, ourlée de plages de sable jaune pâle, presque blanc, 
où déferlaient les rouleaux et des cocotiers avec leurs petites touffes de 
feuilles vertes se dressaient sur les plages, ainsi que des casuarinas, ces 
arbres gigantesques d'une beauté à vous couper le souffle avec leur délicat 
feuillage gris-vert. Derrière les casuarinas s'étendait ce qui me parut être 
une  jungle,  un  vaste  chaos  de  végétation  vert  foncé,  plein  d'ombres 
mystérieuses et qui devait grouiller, me disais-je, de rhinocéros, de lions et 
de  toutes  sortes  de  bêtes  sauvages.  Sur  un  des  côtés  se  trouvait  la 
minuscule ville de Dar es-Salaam, avec ses maisons blanches, roses et 
jaunes, et parmi les  maisons  j'apercevais l'étroit clocher d'une église, le 
dôme  d'une  mosquée,  et,  le  long  du  rivage,  une  rangée  d'acacias 
éclaboussés de fleurs écarlates. Une flottille de pirogues ramait dans notre 
direction pour venir nous chercher et nous amener à terre, et les rameurs 
noirs chantaient d'étranges mélopées rythmant leurs mouvements. 
Tout  cet  admirable-paysage  tropical  vu  à  travers  le  hublot  est  resté 
depuis lors photographié dans mon esprit. Pour moi, tout était exaltant et 
d'une beauté indicible. 
 
 Mouillés : le bateau est à l’ancre dans la lagune et non amarré dans un port. 
 R. Dahl, Escadnlle 80 [1986], trad.J. Hérisson et H. Robillot, 
  Éd. Gallimard, coll. «FolioJunior», 1998. 
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