ENSEIGNER L’ORTHOGRAPHE EN CLASSE DE SIXIEME
Principes et acteurs de la recherche-action
Depuis plusieurs lustres, l’enseignement de l’orthographe au collège n’inspire plus guère la réflexion didactique.
Dans le même temps, tous les indicateurs dont nous disposons, notamment les évaluations nationales à l’entrée
en Sixième, soulignent l’importance des difficultés que les élèves, dans leur ensemble, éprouvent dans ce
domaine. Or une insuffisante maîtrise de l’orthographe, outre qu’elle témoigne d’une relation défaillante à la
langue française, constitue toujours un handicap scolaire et social très pénalisant. Pour cette première raison, il
faut s’intéresser à l’enseignement de l’orthographe si l’on veut servir l’intérêt des élèves.
D’autre part, la question de l’orthographe soulève des questions pédagogiques et didactiques dont la portée et
l’intérêt dépassent assez largement ce seul domaine de compétence.
Tout d’abord en effet, l’orthographe soulève des problèmes fondamentaux de construction de compétences,
beaucoup plus que d’acquisition de connaissances ; on ne cherche pas à former de petits linguistes savants, mais
des adolescents écrivant correctement le français. La maîtrise orthographique passant fondamentalement par une
automatisation de l’application des « règles », son enseignement doit s’inscrire dans le cadre de pratiques
d’écriture fréquentes, diversifiées, régulières et contrôlées et, d’autre part, les processus d’appropriation par les
élèves des fameuses règles d’orthographe doivent être repensés. On est bien obligé de constater que de telles
orientations ne sont pas majoritaires dans l’enseignement du français.
Ensuite, l’orthographe pose nécessairement la question d’une approche individualisée de son enseignement et
d’une diversification des objectifs didactiques. D’une part, le professeur ne saurait ignorer les difficultés
orthographiques les plus prégnantes dans la classe et se voit contraint d’opérer des choix. D’autre part, dans le
domaine de l’orthographe tout particulièrement, la diversité des degrés de maîtrise chez les élèves à l’entrée en
Sixième est tellement évidente que l’on ne peut concevoir les mêmes objectifs et les mêmes approches pour tous ;
apparaît ici notamment la nécessité d’une gestion dialoguée de l’erreur et de la difficulté.
Les principes de l’action
Tout d’abord, il ne s’agit pas de mettre en place une situation d’enseignement « en laboratoire ». Les 5
professeurs de lettres qui ont accepté de participer à cette réflexion concrète exercent dans des situations très
représentatives de la diversité de nos collèges et de nos classes de Sixième ; mobilisant la diversité de leurs
goûts, de leurs lectures et de leurs idées, ils ne se sont pas impliqués dans une « expérience scientifique », mais
ont poursuivi leur métier d’enseignant dans les conditions habituelles, même si les choix effectués se fondent
souvent sur les travaux de N. Catach ou de Michel Gey qui font autorité pour l’enseignement de l’orthographe.
Ce qui fonde la cohérence de notre entreprise, c’est le respect des principes fondamentaux suivants.
Priorité aux compétences d’écriture
Chaque professeur consacre un tiers de l’horaire hebdomadaire de français à des activités d’écriture qu’il décide,
accompagne ou conduit. Ce tiers temps ne suppose évidemment aucun emploi du temps hebdomadaire figé et
doit s’entendre à l’échelle de la séquence. Les activités d’écriture sont elles-mêmes très diversifiées et ne
sauraient se limiter aux exercices traditionnels de la dictée et de la rédaction….
Enseignement spécifique de l’orthographe
45 minutes hebdomadaires seront, en moyenne sur le temps global de chaque séquence, consacrées à
l’orthographe. Cela ne signifie nullement qu’une plage horaire fixe soit assignée à l’orthographe. Le professeur
ne se contente évidemment pas d’évaluer l’orthographe de ses élèves à partir d’un nombre plus ou moins grand
de dictées ; il met en œuvre un véritable enseignement de l’orthographe. Ceci suppose que soient définis, à partir
d’une évaluation initiale commune, des objectifs précis pour chaque classe, voire pour certains groupes
particuliers d’élèves ; ceci suppose qu’un temps suffisant soit consacré à l’observation de la langue, à la